Haïm Korsia, grand Rabbin de France, était l'invité d'Apolline de 9 à 10 ce vendredi 10 janvier.
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00:00Je voulais vous demander si vous vous sentiez seul. On regarde la une de Libération hier, c'était la solitude des Juifs de France.
00:08La une du journal Le Monde que nous montre là, Laurent Neumann avec Paris, l'amertume et la solitude des Juifs de France,
00:17dix ans après l'hypercaché, et on pourrait rajouter treize ans après Toulouse. Est-ce que vous vous sentez seul, Fraym Korsia ?
00:25Ce sont des faisceaux. En sociologie, soit vous avez des preuves, soit vous avez, théorie des fagots, des petits faisceaux d'indices.
00:33Par exemple, regardez le nombre de journalistes qui ont présenté notre situation en France aujourd'hui, nous avons eu deux professeurs assassinés.
00:41Samuel Paty, Dominique Bernard. Pourquoi on oublie Jonathan Sandler, qui était professeur, qui a été tué dans son école, pourquoi on l'oublie ?
00:50Pourquoi ? Parce que le fait qu'il soit juif était finalement normal. Bon, il a été tué parce qu'il était juif, pas parce qu'il était professeur, mais il était professeur.
00:56Quand Marceline Loridan, le lendemain de la grande marche du 11 janvier 2015...
01:02Marceline Loridan, c'est cette figure, grande amie de Simone Veil, qui avait partagé sa condition dans les camps pendant la guerre.
01:12Marceline Loridan va sur une radio, le matin, le lendemain, et elle dit, est-ce que la France se serait mobilisée autant s'il n'y avait eu que les victimes de l'hypercachère ?
01:23Le simple fait qu'elle pose la question, et que nous ne sachions pas répondre réellement, même si la mobilisation était universelle, parce que c'était un temps de fraternité
01:34qui a été assez extraordinaire, qui nous a presque donné ce goût de paradis qu'on espère retrouver en permanence.
01:40Mais cette union de la nation, on ne la retrouve pas systématiquement.
01:44Parce qu'il y a toujours des gens qui considèrent qu'après tout, vous êtes trop visibles, enlevez vos mésousas, enlevez votre collier avec un khaï, enlevez votre kippa.
01:54En fait, on renvoie à ceux qui subissent la plus grande violence, la plus grande haine, on renvoie cette culpabilité sur eux.
02:03Et à un moment, cette sorte d'indifférence de la population qui dit, bon ben voilà, en fait c'est votre lot, c'est votre destin.
02:10Mais ce n'est pas notre lot en tant que citoyens français.
02:12Notre destin en tant que citoyens français, c'est de partager les espérances, la confiance que toute une société peut produire.
02:18Et elle ne peut le produire que dans l'unité et la fraternité. C'est ce qui nous manque.