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Grand Air

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00:00Musique
00:24Allez, respirez à fond, c'est Grand'Air, le magazine de la montagne et des sports de pleine nature de Télé Grenoble.
00:29Dans cette émission, je vous propose de partir en expédition dans un des endroits les plus sauvages de la planète, en Alaska,
00:35où se trouve la montagne la plus haute du continent nord américain.
00:39Et pour nous guider dans cette aventure, j'ai trois aventuriers sur le plateau.
00:44L'un est skieur de pente raide, très raide, très, très raide, même parfois.
00:48Aurel Laradi, bonjour.
00:49Salut Thibaut.
00:50Bienvenue.
00:51En face de vous, deux guides de haute montagne, Alexandre Marchesso et Christophe Tricou.
00:56Bonjour à tous les deux.
00:57Bonjour Thibaut.
00:58Bienvenue. Vous aussi, vous appréciez les degrés d'inclinaison dans la pente.
01:02Oui, mais on ne le dit pas.
01:03Elles nous ont perdus seulement.
01:04Oui, je crois qu'Alex, vous le faites même en monoski, les pentes raides.
01:09Oui, je m'y essaye, je m'y essaye depuis quelques années.
01:13Mais cet expé en Alaska, c'était la première fois en 15 ans que je partais avec des skis au pied et non pas avec un monoski, en effet.
01:20Ça vient d'où cette résurgence de garder les monoskis au pied ?
01:23Ça vient d'un film qui a conditionné tout le reste de mon approche de glisse.
01:30C'était Apocalypse Now, le premier en 1982.
01:34Bon, je n'étais pas né, mais grâce au DVD, j'ai pu voir la rediffusion.
01:38Alors vous allez peut-être reconnaître quelqu'un que j'ai eu sur ce plateau à votre place il y a peu de temps.
01:44On va voir l'image.
01:46Est-ce que vous le reconnaissez ?
01:49C'est Régis Roland.
01:50Ah voilà, c'est Régis Roland.
01:51Je ne sais pas si Aurel l'aurait reconnu.
01:53Le héros qui a le secret de la glisse dans Apocalypse Now et qui essaye de le garder face aux méchants monoskiers
01:59qui veulent s'emparer du secret pour aller plus vite que le snowboarder.
02:03Les monoskiers n'arrivent pas à le rattraper et Régis Roland devient l'icône du snowboard.
02:07Et il est un peu responsable de la mort du monoski d'ailleurs.
02:10Oui, on peut le dire comme ça. C'est lui qui a flingué, on va dire, la discipline.
02:14On va dire qui a fait exploser le snowboard plutôt.
02:18On vous voit sur un monoski, c'est aussi à l'aise dans la pente raide que des skis ?
02:24Ça dépend des conditions de neige.
02:26Là, on est sur des conditions de neige poudreuse.
02:28Mais en pente raide, sur des pentes beaucoup plus raides, avec de la neige beaucoup plus dure,
02:32c'est sûr qu'on est moins à l'aise qu'en ski où on a deux quarts, forcément.
02:37Donc c'est pour ça que pour cette expédition, j'avais choisi de partir en ski
02:40parce que je savais qu'il y avait des passages en neige dure, plus ou moins raide, mais en neige dure.
02:44Du coup, il fallait que j'assure l'itinéraire, la durée du trip.
02:47Aurel, sur des monoskis, ça donne quoi ?
02:50Je n'ai pas d'image.
02:51Je n'ai jamais essayé, et à mon grand désespoir, je n'ai même jamais vu Alex faire du monoski.
02:57Donc j'espère que c'est toi qu'on prend rendez-vous et que tu me montres, tu m'expliques.
03:01Et vous qui êtes d'une autre génération, Apocalypse Snow, ça vous parle ou pas ?
03:05Alors effectivement, le nom, il me parle forcément.
03:07Mais pour être très honnête, je n'ai jamais vu ce film.
03:09J'en ai toujours entendu parler, mais je n'ai jamais vu.
03:12Voilà une petite séquence.
03:14Ouais, alors le maquillage, ça par contre, on est bon.
03:16Celui-là, on l'a, on a les paillettes.
03:17Après, c'est Régis Roland, le snowboarder.
03:19Et derrière, on a les mauvais, les méchants monoskiers qui vont être exterminés.
03:23C'était vraiment la crème de la crème.
03:25On voit Alex derrière.
03:27Je te vois là-haut, tu tombes.
03:28Non, mais par contre, en 2006, Didier Lafon avait fait le quatrième épisode avec Aurélien Ducrot.
03:35Et du coup, là, j'avais 17 ans à l'époque et je faisais partie de l'escadrille
03:39qui essayait de le rattraper sur le domaine des Grands Montets.
03:42Alors ça, c'est une très belle anecdote.
03:44Non, mais là, il y a un très beau jeu d'acteur.
03:46Quand les monoskiers se font shooter en l'air et qu'ils miment le fesse de te faire attaquer.
03:50Ils n'en rajoutent pas trop.
03:52Bon, vous, Christophe, vous êtes plutôt dans le camp des survivants.
03:56C'est plutôt le snowboard qui est votre engin de glisse de prédilection.
03:59Non, moi, c'est les skis aussi.
04:01Ah ouais, je ne fais pas de monoski, mais je fais plus du ski que du snowboard.
04:06Ouais, du snowboard.
04:07Christophe est un skieur généraliste.
04:09Moi, j'aime bien un peu tout, oui.
04:12Toutes les glisses sont représentées par du monoski, du snowboard et puis du ski.
04:16Mais si vous êtes tous les trois, ce n'est pas pour refaire la guerre
04:19entre le monoski et le snowboard, mais c'est pour effectivement parler de cette aventure
04:23que vous avez vécue en 2023 et qu'on peut découvrir dans un film qui s'appelle
04:27Les Jours sauvages, qui a été présenté aux Rencontres Cinémontagnes de Grenoble
04:32cette année, une aventure qui a duré
04:34près de deux mois entre plaine et montagne jusqu'à l'océan.
04:39L'objectif de l'expédition, c'était le Dénali.
04:42Alexandre, quel point culminant de l'Amérique du Nord?
04:45L'objectif principal, c'était de se perdre pendant 50 jours
04:49avec quatre amis d'infortune au fin fond de l'Alaska
04:53et d'imaginer une traversée esthétique du massif du Dénali
04:56en passant par le point culminant, donc le sommet du Dénali à 6300 mètres,
04:59puis le Mont Foraker, qui est le deuxième sommet à 5300 mètres,
05:02de continuer jusqu'à la fin des glaciers, de monter sur notre petite embarcation
05:06et de rallier l'océan Pacifique.
05:08Alors cette montagne, le Dénali, elle a une particularité,
05:12c'est la plus grande du monde.
05:13Alors moi, j'avais appris bêtement que c'était l'Everest.
05:15Ce n'est pas vrai, Aurèle.
05:17Alors non, effectivement, le Dénali est la montagne la plus grosse
05:19en termes de dénivellation, c'est-à-dire que de sa base,
05:22disons, elle a rimé des glaciers pour atteindre son sommet.
05:25En face nord, il y a jusqu'à 5000 mètres de dénivelé,
05:28ce qui est juste gigantesque.
05:29Et même en Himalaya, on ne trouve pas ça.
05:30Donc, c'est vrai que d'avoir fait en plus de ça le tour un petit peu
05:33de cette montagne dans notre approche depuis le nord,
05:36de l'avoir contournée et puis d'être allé jusqu'à son sommet,
05:39tout ça en tirant des poulkas à 110 kilos chacun
05:42depuis le départ à une cinquantaine de kilomètres de la montagne.
05:46C'était juste exceptionnel et on a passé beaucoup de journées dessus
05:49et des journées fantastiques.
05:51Christophe, Alex le disait, l'objectif, ce n'était pas forcément le sommet,
05:54c'était de se perdre dans cette nature sauvage avec des poulkas
05:58qui ne sont pas forcément toujours faciles à tirer.
06:01Pas forcément, toujours nos amis.
06:03Non, des fois, on leur crache un peu dessus,
06:05mais bon, elles emmènent tout notre matériel avec nous.
06:09Et oui, l'objectif, c'est vraiment l'arrivée, le point d'aboutissement.
06:15Là, on peut voir vraiment cette neige très, très légère
06:21qu'on peut rencontrer des fois en France ou un peu dans les Alpes,
06:25mais c'est très, très rare parce qu'en fait,
06:26on est lié vraiment au climat de l'océan qui est très proche.
06:30Et donc, on a une neige qui est très, très légère
06:32et donc, des fois, on met les pieds en dessous
06:35et on n'a aucune cohésion, aucune portance jusqu'à des fois 50, 60 centimètres.
06:40Donc, on s'aide.
06:42Vous avez fait combien de kilomètres dans ces conditions
06:44avec les poulkas derrière vous ?
06:46Ça, c'est Alex qui chiffre.
06:48En vérité, tout ce qui est chiffre, alors on sait que c'est 50 jours,
06:52mais en termes de kilomètres purs,
06:54on n'a même pas sorti la traje GPS.
06:55Enfin, tu sais, Aurélien ?
06:56Je crois qu'on a 200 kilomètres de rivière.
06:58OK.
06:59Donc, on a dû faire 300 kilomètres de poulkas
07:02et de tirages en tous genres ou de portages.
07:04Voilà. Donc, on a fait 300 kilomètres.
07:06Alors, vous étiez quatre dans cette aventure.
07:08Vous êtes trois sur ce plateau. Il en manque un.
07:10C'est Elias Mirou, qui est actuellement en séjour linguistique
07:14pour parfaire son anglais.
07:33Vous voulez que je vous explique ce que c'est ?
07:34Oui, j'aimerais...
07:36Comme des conditions ?
07:38Des conditions, mais aussi une autre chose.
07:41Permettez-moi.
07:42Sur le permis.
07:44OK. Quel est votre nom dernier ?
07:47Mon nom dernier est Millerux.
07:49M-I-R-L-E-R-U-X.
07:58Millerux.
08:00O-U-X.
08:02Millerux.
08:05Je suis français, j'ai un accent très mauvais. Désolé.
08:09Ce n'est pas très sympa de se moquer de son accent.
08:12C'était obligatoire, en fait.
08:14C'était tellement spontané
08:17et il était tellement bon et mauvais à la fois
08:19qu'on a explosé de rire.
08:20Mais pour sa défense, il est au Canada,
08:22au Banff Festival en ce moment.
08:24Il y a une très belle séquence de la remise d'un prix
08:29de Snow Sport
08:31qui a été décerné au Banff Festival la semaine dernière.
08:34Il y a une très belle séquence de lui en anglais sur la scène
08:38et qui a été filmée et qui est extraordinaire.
08:40Il faudra la retrouver.
08:43Le jour où il viendra ici en plateau.
08:47Aujourd'hui, la tendance des XP
08:51c'est d'être léger, rapide,
08:53comme Benjamin Védrine, par exemple, peut le faire en Himalaya.
08:56Vous avez donc choisi l'inverse.
08:58Lourd et lent ?
08:59On n'a pas choisi.
09:01C'est juste qu'on ne peut pas faire du fast and light
09:03au niveau de Benjamin Védrine.
09:04On n'a pas le niveau, donc on se cache derrière
09:07une soi-disant éthique.
09:11Mais en fait, c'est parce qu'on ne peut pas s'aligner physiquement.
09:13Il faut les tirer quand même les poules K.
09:15Oui, il faut les tirer, mais on est vraiment
09:16dans une forme d'alpinisme, de contemplation
09:20où à l'inverse du fast and light,
09:23nous, on est dans le heavy and slow.
09:24Donc on s'est inspiré un peu de ses pionniers.
09:27Par exemple, le Denali a été gravi en 1913
09:30par une équipe qui était extrêmement lourde,
09:33avec des traîneaux comme nous, mais en 1913,
09:35avec toute la nourriture pour deux mois d'expès dans l'inconnu.
09:38Donc, ils avaient utilisé à peu près le même itinéraire
09:40au début de leur expédition.
09:42Et nous, on s'est inspiré de ces pionniers
09:45qui allaient à l'exploration comme ça
09:47et qui passaient plusieurs mois sur place.
09:49Pionniers et en même temps, style léger,
09:52comme on peut l'être aujourd'hui avec notre matériel.
09:54Donc, on peut appeler ça du style alpin pionnier.
09:56En quelque sorte.
09:57Il y avait quoi dans ces poulkas, Aurèle ?
10:01Vous étiez en autonomie complète pour ces 50 jours ?
10:03Alors, ça faisait partie du pari.
10:04C'était d'être en autonomie complète,
10:05ce qui signifiait, par exemple,
10:07on savait très bien qu'on allait avoir
10:08entre 7 et 10 jours de rivière à la fin,
10:10potentiellement, de navigation.
10:12Donc, ça impliquait, en autonomie complète,
10:13d'avoir, dès le début, dès le départ, au jour 1,
10:16des kayaks et des pagaies dans nos luches.
10:19Et puis, de mémoire, je pense que ce qui prenait le plus de place,
10:21c'était tout simplement la nourriture.
10:22On avait, sur nos luches, 50 kilos chacun de nourriture
10:25pour subvenir à nos besoins sur les 50 jours d'expédition.
10:29Et donc, là, pour la petite anecdote, au niveau des lyophilisés,
10:32il a fallu les ouvrir tous un par un, par goût,
10:34et les mettre dans des grands sacs qu'on voit ici,
10:37ce qui nous a permis de gagner forcément beaucoup de place.
10:41Et ça a été quelque chose d'assez intense
10:43et assez différent, en fait.
10:45Je n'avais jamais eu l'habitude d'ouvrir autant de lyophilisés.
10:48Et puis, à la fin, en fait, au niveau des saveurs,
10:50on n'en pouvait plus.
10:51Tout se ressemble, j'imagine, au bout de 5 ans.
10:53Tout est mauvais, rien n'est bon, tout est bon, voilà, on ne sait plus.
10:57Mais en même temps, on a besoin d'énergie,
10:59beaucoup d'énergie chaque jour,
11:00donc on est aussi content de les manger tous les soirs.
11:03Oui, parce que ces poulkas d'une centaine de kilos,
11:05je crois, à peu près, à tirer,
11:06on a vu que sur le plat, c'était compliqué, Christophe,
11:09mais ce n'est pas tout plat pour aller jusqu'au pied de ces montagnes.
11:13Donc en pente, c'est encore plus costaud.
11:15C'est encore plus costaud.
11:17Et à des moments, on a même été obligés de les tirer à quatre.
11:20On s'est accrochés tous les quatre à une poulka
11:23pour pouvoir passer une partie du glacier, en fait,
11:27un peu avant le Khait-Napas,
11:30où là, on a passé une journée complète,
11:32simplement, en fait, à faire 300 mètres de dénivelé,
11:35avec toutes les poulkas.
11:37Et sinon, oui...
11:40On sent, là, sur ces images, que...
11:43C'est lourd.
11:44J'avais un autre terme, mais...
11:46C'est parfois interminable, et puis...
11:48Et puis c'est vrai que quand la neige était mauvaise,
11:51ce qu'il fallait faire, c'était de laisser la luge sur place
11:53et puis d'aller faire une trace au préalable,
11:56donc en étant léger, sans charge,
11:59et puis revenir par la suite chercher la luge.
12:01Et puis là, comme disait Christophe, c'est le moment,
12:03on tirait ces luges au niveau du premier icefall
12:06qui nous permettait de rentrer vraiment, comme dit Alex dans le film,
12:09dans les portes de l'haute montagne, je crois que tu dis.
12:12À la descente, c'est plus simple à gérer, la poulka ?
12:14Pas forcément.
12:16Mais au bout d'un moment, on commence à la dompter.
12:18On arrive un petit peu, en fonction de la neige, à la dompter,
12:21mais c'est pas facile, parce qu'elle se retourne quand même souvent,
12:24et si elle commence à partir en tonneau, alors là, il y a tout qui part.
12:27Là, on vous voit, justement, pour descendre une pente plutôt raide,
12:31il fallait les attacher, un peu comme un rappel pour un être humain ?
12:35Oui, c'est ça. Là, on a fait un corps mort,
12:37et puis on mouline les poulkas.
12:39On a deux fois 60 m de cordes, donc on les met bout à bout,
12:42et en fait, on arrive à faire un rappel...
12:45Oui, à mouliner un petit peu sur 120 m de long,
12:48et puis voilà, on les voit là, qui guident les luges,
12:51parce qu'elles sont pas forcément bien équilibrées avant la grande chute.
12:56On comprend bien le concept du lent et lourd sur ces images
13:01pour quelques mètres de descente.
13:03Effectivement, sur cette scène, vous frôlez la catastrophe, Aurélien.
13:07Oui, là, on a eu chaud, c'était le 12e jour,
13:09c'était même pas le 13e jour, comme quoi.
13:12Et en fait...
13:13Maléfiction est partout.
13:14Oui, c'était vraiment un moment un peu important,
13:17c'était le premier crux du voyage,
13:18c'était le moment où on passait le col qui nous permettait vraiment
13:20de venir chercher le glacier de la voie normale du Dénali
13:23pour ensuite, voilà, aller au camp de base,
13:26faire une cache, laisser nos affaires,
13:27et puis commencer à aller sur les montagnes Dénali,
13:30par lesquelles on a commencé.
13:32Et effectivement, on a eu un moment très, très chaud,
13:35avec des lumières bien rouges fluo,
13:36où, avec Elias, on est tombé dans une crevasse ici,
13:41il y a un pont qui a cédé, et c'est dans une situation
13:44où derrière, il y avait trois ou quatre jours de mauvais temps,
13:47et on a pris tous une bonne baffe au visage.
13:50Et voilà, ça fait partie de la montagne,
13:53ça fait partie de l'autonomie complète,
13:56ça fait partie d'un voyage en itinérance en haute montagne.
13:59Et là, effectivement, on a quand même eu pas mal de chance,
14:01et on s'en est réjouis,
14:03et puis derrière, on a vu les choses différemment,
14:05et on a essayé de mettre en place un peu plus de sécurité.
14:10Une petite alerte sans dégâts,
14:11de toute façon, sur des expéditions comme ça,
14:13la prise de risque, elle est obligatoire, Alexandre ?
14:15Elle est inhérente à ce genre d'activité,
14:17d'autant plus que sur une expédition,
14:19par rapport à nos pratiques journalières
14:21dans le massif du Mont-Blanc, et d'ailleurs,
14:22on a tendance quand même à relever le curseur de l'engagement,
14:25parce qu'on sait que c'est qu'une fois
14:27qu'on sera ici dans notre vie, probablement.
14:3050 jours, tous les quatre, c'est pas trop pesant,
14:32cette solitude à quatre, Christophe ?
14:35Non, pas du tout.
14:37C'est comme dans la vie active avec un couple,
14:39avec des frères et sœurs, on se pique le nez,
14:41on se prend le chou, on a des idées un peu divergentes à des moments,
14:45mais voilà, comme je disais tout à l'heure,
14:47à chaque fois qu'on retournait dans la tente le soir,
14:49en fait, il y avait cette routine qui s'était mise en place,
14:53il y en a un qui s'occupe de la nourriture,
14:55l'autre qui met en place le camp et tout ça,
14:57et en fait, tout se remettait plus ou moins à zéro.
14:59Vous avez un petit rituel aussi surprenant,
15:02Aurél, celui des paillettes.
15:03On ne s'attend pas à ça dans une expé au fin fond de l'Alaska.
15:07Oui, alors les paillettes, pour tout dire,
15:09c'est quelque chose qui vient plutôt d'Elias et Alexandre,
15:13qui, au cours de leur premier voyage un petit peu dans ce genre-là,
15:18sur le mont Logan au Canada,
15:20ils avaient un petit peu découvert ce monde de la paillette et des strass
15:24qui leur va très bien, aux teints qui sont vraiment magnifiques,
15:26c'est un plaisir de partager une ascension avec eux.
15:29Et en fait, c'était un petit peu notre rituel
15:31la veille ou le jour même d'une ascension pour avoir du beau temps,
15:34et puis pour aller chercher le sommet
15:37et le partager encore plus fort que ce n'est en réalité.
15:41Il y avait un peu de poids superflu alors quand même, dans votre cas, non ?
15:44Tout le monde rigole de cette anecdote,
15:46mais en réalité, avec Elias, on est convaincus
15:48que ça a un intérêt météorologique réel et indispensable
15:51pour créer les plus hauts sommets de la Terre.
15:53C'est pour faire venir le beau temps.
15:54On part du principe que si on est beau en montagne,
15:56la montagne le ressent et sera belle avec nous.
15:59Mais sache qu'ils ne le font pas dans le massif du Mont-Blanc.
16:01Ça ne marche pas dans le Mont-Blanc, ça marche qu'en Alaska.
16:03Ils sont au-dessus de 5000 mètres.
16:05Donc la paillette, elle a des effets...
16:07Dans le massif du Mont-Blanc, on a trop d'informations sur la météo,
16:09ça ne sert à rien.
16:11Si on n'y va pas, là-bas, quand tu y es, tu dois juste prier.
16:14C'est sûr, on peut croire à la magie de la paillette,
16:17ça ne coûte rien de toute façon.
16:19C'est vrai que quand tu vas en Himalaya ou quoi,
16:21là-bas, ils font des prières, ils ont tous ces grands temples
16:23et toutes ces choses-là, et là-bas, c'était différent.
16:26Pour passer le temps, quand on est comme ça, perdu en Alaska,
16:29il y a aussi la chasse à l'ours,
16:30qui est une activité qui peut être détendante.
16:33On vous voit là avec une rencontre, j'imagine, un peu stressante.
16:38Je dirais que c'est plutôt la chasse par l'ours.
16:40C'est dans l'autre sens.
16:41La chasse de l'ours.
16:42Parce que là, il vient vers vous, c'est Elias qu'on entend crier comme ça ?
16:45Là, en fait, on était tous les quatre, et on nous avait prévenu,
16:48on nous avait dit, les gars, attention, les black bears,
16:50ils sont curieux, ils peuvent être méchants.
16:53Et évidemment, on sort des glaciers, on arrive dans les moraines
16:56et puis on se retrouve petit à petit dans la nature à nouveau.
16:59Et puis, voilà, ni une ni deux,
17:00la veille, je crois qu'on avait croisé une trace,
17:02et puis ce jour-là, l'ours est venu vers nous.
17:05Et on a fait une petite trace au fond du slip quand même.
17:09On ne fait pas les malins à ce moment-là ?
17:10Non, on crie, en fait, parce qu'on nous a informés
17:14qu'une des seules chances qu'on avait face à un ours,
17:17c'était de lui faire croire qu'on pouvait être plus fort que lui.
17:21Donc, ça reste dans le domaine du cinéma, on est d'accord.
17:24Donc, en fait, quand l'ours arrive, on se regroupe comme un seul homme
17:28et on fait des gestes en criant le plus fort possible,
17:30en espérant qu'il n'aura peur.
17:31Là, pour le coup, ça a fonctionné,
17:32mais s'il avait commencé à traverser la rivière,
17:35nous, on avait juste un petit bear spray,
17:36c'est une espèce de petite bombe lacrymo au poivre
17:39à destination des ours, qu'on n'avait jamais utilisée.
17:41Donc, on ne savait pas si ça allait fonctionner.
17:43Pour nous, il était inenvisageable de posséder une arme.
17:48Du coup, on est parti juste avec ça.
17:50Finalement, l'ours est ensuite parti,
17:52mais je n'aurais pas aimé avoir à actionner le bear spray
17:54alors qu'il nous fonce dessus quand même.
17:56On dort serein derrière quand on est dans la tente et qu'on sait qu'il y a...
18:01C'est vrai qu'aussi, on est en début de saison, en fin d'hiver,
18:04en toute fin d'hiver.
18:05Et donc, on nous dit, tout le monde nous dit avant...
18:07Ils ont faim.
18:07Les ours, ils ont faim.
18:08Les ours, ils sortent de la neige.
18:12Et oui, ils ont faim, donc ça fout un petit peu la trouille.
18:15Mais après, je crois, à partir de ce moment-là,
18:17le premier ours qu'on a croisé, on s'est dit OK,
18:20là, on était vraiment un peu dans la pinette, dans la toundra,
18:22dans des grandes branches.
18:25Et on s'est dit OK, on va essayer de rester quand même un tout petit peu ensemble.
18:28Parce qu'à des moments, on s'éloignait un peu,
18:30on était vraiment un peu étirés sur des centaines de mètres.
18:34Et à partir de ce moment-là, on s'est dit OK,
18:36on va garder un piolet pas trop loin.
18:37Et en même temps, on va essayer d'être pas trop trop loin les uns des autres.
18:41Vos cris, en tout cas, ont été efficaces, puisque l'ours s'est enfui.
18:45Je ne sais pas s'il sait qu'il est célèbre dans un film qui est diffusé
18:48dans les grands festivals un peu partout dans le monde.
18:50Sur Instagram, s'il se reconnaît, d'ailleurs.
18:52Il va peut-être demander les droits d'auteur.
18:54C'est possible.
18:56Bon, il y a peut-être encore plus un congru dans votre aventure
19:00que cette rencontre avec l'ours.
19:02C'est le retour à la civilisation imprévu.
19:05Comme ça, au milieu de la montagne, vous tombez sur un aérodrome d'altitude
19:10assez surprenant.
19:11Vous le saviez que vous alliez atterrir, enfin atterrir,
19:14tomber sur ce lieu ?
19:17Eh bien, oui, en fait, c'est un petit peu la règle et la loi du Dénali.
19:20On savait très bien comment ça fonctionnait.
19:23Ça, en fait, pour expliquer assez simplement,
19:25ce sont ou des alpinistes qui viennent se faire poser au pied du Dénali,
19:29parce que le Dénali et ce massif est quand même très reculé.
19:31Il est loin de la civilisation, tout simplement.
19:34Et donc là, pour la petite anecdote, les gens qu'on voit là,
19:36ce n'étaient pas des alpinistes.
19:38C'est des gens qui venaient se faire poser sur le glacier.
19:40Ils faisaient vraiment trois selfies, trois vidéos.
19:43Il restait dix minutes et puis l'avion redécollait par la suite.
19:46Et puis là, on voit au fond le Mont Foraker,
19:49qui a été la seconde montagne qu'on a eu la chance de gravir et de skier.
19:53C'est un peu deux mondes qui se croisent quand même.
19:55Vous avec vos poulkas et vos jours de marche.
19:57Et puis, nous, quand on arrive au camp de base,
20:00ça fait une petite vingtaine de jours, 16 jours, 17 jours
20:04qu'on est déjà dans la montagne.
20:06Donc, on s'est vraiment acclimaté au wild, à l'aspect sauvage.
20:11Et du coup, on arrive sur ce terminal d'aérodrome
20:15où il y a des gens, ils débarquent sur le glacier.
20:17Le matin même, ils étaient à l'hôtel en Corée,
20:19en train de boire un café et manger un croissant.
20:21Et du coup, cette rencontre où eux ont l'impression
20:23de vivre une aventure exceptionnelle et ils sont hyper chaleureux,
20:26ils nous accueillent, mais ils pensent qu'on arrive comme eux depuis un avion.
20:29Et du coup, quand on essaie de leur expliquer notre itinéraire
20:31avant d'arriver jusque là, on se rend compte qu'ils ne percutent pas du tout.
20:34Et c'est là qu'on se rend compte du fossé culturel.
20:37Ce n'est même pas sportif, c'est culturel entre les deux approches
20:40de la haute montagne.
20:41Il faudrait qu'ils voient vos images des jours précédents
20:45où les conditions météo, malgré les paillettes,
20:47elles n'ont pas forcément été les plus clémentes.
20:50Non, non, pas toujours, c'est sûr.
20:51Mais bon, on s'adapte.
20:52L'alpinisme, c'est un sport d'adaptation de toute façon.
20:54Ça mine le moral, Christophe, quand la météo, le vent, notamment,
20:59est persistant ?
21:01Le vent, c'est dur pour le moral, oui.
21:03Quand le vent n'arrête pas et en plus, après, quand on se met dans la tente,
21:07il faut mettre les bouchons dans les oreilles pour pouvoir réussir à dormir.
21:12Mais en fait, j'ai l'impression quand même,
21:14on a toujours eu beaucoup de difficultés à avancer sur certaines parties,
21:19mais par contre, on a toujours avancé.
21:21On a toujours avancé et ça, je crois qu'on ne s'en est pas forcément
21:24rendu compte sur le coup parce qu'on voyait vraiment la difficulté des fois.
21:30Mais par contre, après le coup, je crois, à la fin, on s'est dit
21:32mais en fait, on a toujours avancé et ça s'est toujours plus ou moins ouvert
21:35devant nous, donc il n'y a pas grand chose à dire.
21:39Il y a bien des moments où vous avez eu le vent dans le dos quand même.
21:42Plus souvent de faces que dans le 49e jour, moi, j'ai vu le vent dans le dos.
21:46Tu l'as bien eu l'année, le 49e jour.
21:4849e jour. Et après, quand on a traversé la rate d'Anchorage pour arriver en face,
21:53on a eu le courant dans le nez.
21:56Ça laisse quelques traces, quelques souvenirs d'être pris dans le vent.
22:01Et oui, c'est rude, ça change des visages, ça change des hommes.
22:04Et comme dit Chris, je le rejoins complètement, c'est que c'est insupportable
22:08en fait, quand le vent vient s'immiscer dans ta capuche pendant des heures
22:11et des heures et qu'il faut avancer dans ces conditions là.
22:13Après, on a quand même écouté beaucoup de musique.
22:16Ça nous a beaucoup apaisés, ça nous a aussi permis de se couper
22:18de ce monde de glace et de froid hostile à l'homme.
22:22Et du coup, aussi bien dans l'attente que dans nos approches et dans nos marches,
22:24on avait tous un petit peu de musique et ça nous a fait beaucoup de bien.
22:28Et puis, au-delà de réunir une équipe techniquement exceptionnelle,
22:31ce qui était le cas de mes amis,
22:35la principale chose pour aborder ce genre d'expédition,
22:37c'est d'y aller avec des potes exceptionnels, avec qui on sait que dans les bons moments
22:41comme dans les mauvais, on sera toujours nous seuls les mêmes équipes
22:43et ils seront là et aussi on sera là pour eux.
22:45C'est la base.
22:48Ils vous filment même en plein effort, en pleine forme à l'arrivée d'un des...
22:54L'alpinisme des années 60.
22:57Exactement.
22:59Quand on est quatre comme ça, on n'a pas forcément tous les mêmes limites physiques
23:02ou les mêmes limites psychologiques.
23:04Alors vous le dites, il faut s'adapter.
23:06Comment se trancher les décisions quand vous n'étiez pas d'accord tous les quatre ?
23:10Déjà, on se posait la question.
23:11Déjà, on en parlait.
23:12Oui, déjà, on ouvrait la discussion.
23:15Ensuite, ça a toujours été très collégial, nos prises de décision.
23:19Donc, chacun argumente, chacun laisse parler l'autre.
23:22Et à la fin, on tranche.
23:23Et puis, on a quand même, j'ai envie de dire, plus ou moins le même background alpin.
23:28Alors, certes, avec des différences, mais on est de la même époque,
23:31on vit dans les mêmes massifs.
23:34Donc, notre approche, elle est assez similaire d'un point de vue culturel.
23:37Mais c'est sûr qu'il y a eu notamment une grosse discussion au Fort Hacker
23:41où le mauvais temps arrivait, ça devenait très engagé.
23:44Et là, il y a eu une petite dissension qui s'est réglée plus tard.
23:47Mais il y a eu quand même des prises de parole assez fermes.
23:52Et surtout, il y a eu un débriefing après.
23:55Donc, je pense que c'est ça aussi, notre force,
23:56c'est qu'on arrive à dire les choses quand elles se passent.
23:58Et quand ça pète, on arrive à désamorcer juste après.
24:01Et c'est aussi une des conditions très importantes dans ce genre de périple,
24:06c'est d'arriver à conserver cette bonne entente, en fait.
24:10Et puis, que personne se barre.
24:11Il aurait très bien pu avoir un moment, un de nous quatre, qui dise
24:15les mecs, là, moi, ça ne me convient plus, que ce soit physiquement
24:18ou alors par rapport à l'ambiance ou n'importe quoi, j'arrête.
24:21Alors que là, en fait, c'est ça aussi qui est vraiment un truc extraordinaire,
24:26c'est de finir à quatre.
24:27Pour mettre en image ce que vous venez de raconter,
24:30j'ai cette petite scène où vous discutez,
24:33vous n'êtes pas forcément tous du même avis
24:35pour aller sur le deuxième sommet de l'expédition.
24:38Le ski ne sera pas bon, mais la montagne, elle est trop belle.
24:41Moi, j'en rêve.
24:44Mais cette météo, avec tout ce qu'on a à parcourir
24:47pour arriver finalement au pied de la ligne,
24:50moi, ça me fait peur.
24:51Faire le sommet dans des conditions un peu qui ressemblent à ça,
24:55on va se faire attacher un peu à la route.
24:57Moi, je suis en sérieux plaisir.
24:59Bon ben, honnêtement, j'ai fait trois fois le dénivelé dans ma vie.
25:01Et t'es magnifique, tu nous en as déjà parlé.
25:03C'est hyper important pour moi.
25:05C'est initialement dans le projet.
25:06C'est initialement un projet hyper important.
25:08On a quatre jours de nourriture.
25:09On a déjà fait le dénivelé, mais on en reste trois.
25:13On peut s'adapter avec la météo.
25:15On peut s'adapter.
25:16Je pense que le ski, il sera maximum.
25:17Comme il était moins vers le dénivelé.
25:20Comme il était moins vers le dénivelé.
25:22Par contre, après, moi, si on descend en bas et qu'on fait du drive,
25:25moi, je dirais que j'ai autre chose.
25:29À tout le repas du trajet, je m'imposerai.
25:32Je ne sais pas ce qu'il y a.
25:34Bon, il y avait un petit peu de vent aussi pour se mêler à la conversation.
25:36Si je résume, vous êtes quatre.
25:38Il y en a trois qui ne veulent pas aller au sommet.
25:39Un qui veut y aller, puis c'est finalement la minorité qui l'emporte.
25:42En fait, je pense, tu me dis, Christophe,
25:45mais je crois qu'il y en a un qui est déterminé.
25:46Il y en a deux qui ne savent pas vraiment.
25:48Et il y en a un autre qui est déterminé, mais dans l'autre sens.
25:49Dans l'autre sens.
25:50On peut dire comme ça.
25:52Moi, j'étais qui ?
25:53Toi, tu voulais aller rider en bas.
25:54Ah ouais.
25:55C'est moi qui ouvre la discussion.
25:57Déjà, c'est moi qui m'arrête.
25:58J'étais devant et je dis OK, là, on s'arrête parce que là, il faut qu'on discute.
26:02Pour remettre un petit peu juste dans l'ordre,
26:04on est en haut du croissant, c'est 2000 mètres de face.
26:07Et ensuite, on doit attaquer une traversée de 13 kilomètres d'une arête.
26:11Et ensuite, on attaque les 2000 derniers mètres de dénivelé
26:15pour arriver au sommet du Four à Coeur.
26:17Et à partir de ce moment-là, c'est un peu le point, pas de non-retour,
26:19mais le point de si on veut revenir en arrière, c'est compliqué.
26:24Donc, en fait, c'est vraiment là où on se pose la question.
26:26On s'engage.
26:28On s'engage, exactement.
26:29Et on ne sait pas la météo.
26:30Et c'est vrai qu'on a passé beaucoup de jours juste en face.
26:32Le Denali, il est juste en face du Four à Coeur.
26:34Donc, on l'a en visuel depuis au moins dix jours.
26:37Et on voit cette arête entre le croissant et le Four à Coeur,
26:39qui est quasiment tous les jours dans le brouillard, en fait.
26:42Il y a le vent qui peigne cette arête et qui la met dans le brouillard.
26:45Et on se dit, imaginons si on se fait prendre dans ce brouillard.
26:48Et bien, en fait, même au GPS, ce serait très compliqué de revenir.
26:51Donc, en fait, on peut avoir, comme le routeur météo nous l'annonçait,
26:54une très belle météo.
26:56Mais par contre, toute cette arête-là, en fait,
26:58elle est prise par le vent qui arrive de l'océan.
27:00Et en fait, elle est tout dans le brouillard.
27:01Et on est dans 100 km heure de vent.
27:04Donc, en fait, il n'y a pas de traces. Il n'y a rien.
27:05Il n'y a pas de traces du GPS.
27:06Donc, en fait, là, c'est très compliqué.
27:09Donc là, c'est le moment où je pense que...
27:11Je ne sais pas si je parle au nom de tout le monde,
27:13mais on a le plus appris les uns des autres.
27:15Et la décision qui a été prise, c'était la bonne.
27:20Et voilà, on en est tous contents aujourd'hui.
27:23Et voilà, on a chacun appris.
27:25Autant Elias a appris par la manière, lui, d'agir et son idée,
27:30que nous, on a appris sur l'idée qu'on en avait
27:33de ne pas forcément aller au sommet,
27:34mais par contre, qu'on allait se mettre quand même
27:36dans des conditions compliquées, mais qu'on allait arriver en haut.
27:39Et vous y êtes arrivé en haut,
27:40parce que ce sont les images qui suivent cette discussion.
27:45Finalement, c'était, comme le dit Christophe, la bonne décision.
27:48Aurel ?
27:50Moi, je trouve que cette séquence de la discussion,
27:51elle est fantastique, parce qu'en fait, on comprend très bien
27:54et ça image parfaitement qui est Elias Miller You
27:57et pourquoi c'est un si grand alpiniste
27:59et pourquoi il a eu un pied à l'édorpe.
28:01Et en fait, ça a été super enrichissant déjà
28:02au niveau de la discussion.
28:04Et puis, pour moi, personnellement,
28:06c'est quelque chose qui m'a enrichi aussi au niveau de l'expérience.
28:09Et aujourd'hui, dès qu'il y a quelque chose de difficile,
28:11dès qu'il y a une épreuve en montagne
28:13et qu'il y a quelque chose pour lequel j'ai des doutes,
28:16eh bien, je vais toujours me souvenir de cette journée
28:17et de ce moment où, effectivement, bon,
28:20tant qu'il n'y a pas trop de risques, qu'on n'est pas déjà au feu rouge,
28:24eh bien, on va voir, on se permet d'avancer,
28:25on a le temps, on n'est pas forcément en danger.
28:27Après, ça reste la montagne, il y a toujours cette peur,
28:30elle fait partie du jeu.
28:32Et puis là, le fait d'être quatre,
28:33eh bien, on pouvait vraiment échanger, se soutenir les uns les autres.
28:36Là, effectivement, si t'es seul, t'es en solo,
28:38bon, peut-être que la question, elle se pose même pas
28:40et que le demi-tour, il est déjà fait il y a un moment.
28:42Mais voilà, c'est vraiment quelque chose de marquant,
28:44qui représente bien Elias et qui, je pense, en tout cas,
28:48nous, ou personnellement moi, m'ont vraiment aidé dans ma construction.
28:51Et aujourd'hui, j'y pense tous les jours.
28:53Bon, si l'objectif, c'était pas le sommet ou les sommets,
28:56il y a quand même de l'émotion, Alexandre,
28:58quand on arrive tous les quatre au sommet du Four à Coeur.
29:01Ah bah, surtout au Four à Coeur, le premier sommet, le Denali,
29:05c'est un sommet qui est quand même très parcouru.
29:07Même si on était en tout début de saison, on était seul en haut,
29:09on a quand même croisé des Rangers et du monde sur la voie normale.
29:13Là, le Four à Coeur, pendant quatre jours, on est tout seul
29:15sur une voie qui est techniquement accessible,
29:17mais qui est extrêmement engagée en termes d'ampleur.
29:194000 mètres de face, comme ça, avec 13 kilomètres d'arrêt,
29:21c'est gigantesque.
29:22Et on était la première équipe de l'année à la tenter
29:26et donc à la réussir.
29:27Et là, les images du sommet, quand on arrive en haut,
29:30je me souviens de ce moment où il y a Aurélien qui me rejoint,
29:34on se prend dans les bras.
29:36On ne se connaissait pas avant l'expédition.
29:37Et c'est à ce moment-là qu'on est vraiment devenus frères,
29:40parce que c'était tellement beau, tellement...
29:43Je ne sais pas, t'es en apesanteur, t'es au-dessus du monde,
29:45au-dessus du temps, tout s'arrête.
29:47Il y a eu une espèce d'ambiance mystique.
29:49Et là, je me retourne et je vois Aurélien, les larmes aux yeux,
29:51qui me regarde, moi, je fond en larmes et on se prend dans les bras
29:53et on se dit qu'on s'aime.
29:54Et il y a eu plein de petits moments comme ça dans l'expédition
29:57qui étaient vraiment très intenses et qui font la grandeur de ces projets.
30:025 304 mètres, pour ceux qui ont jeté, ce n'est pas mal comme altitude.
30:08Il y avait un doute sur la qualité de la neige pour la descente,
30:11parce qu'on voit que vous n'étiez que les skis,
30:13donc vous ne les avez pas montés pour rien.
30:14Finalement, ça donnait quoi, cette descente, Aurélien ?
30:18En fait, le gros avantage de ces énormes montagnes,
30:20c'est qu'en fait, vu qu'on était quand même dans une démarche
30:24de traversée, de voyage,
30:25de quelque chose de plus grand qu'une descente elle-même,
30:29on s'est permis de prendre un pied fou à ce qui est des voies normales
30:32et qui sont pour moi, quand on voit ces images de la Sultana,
30:36c'est comme être dans un rêve.
30:37Et je ne crois même pas franchement avoir eu des rêves comme ça
30:40beaucoup dans ma vie.
30:41Et c'est quelque chose de concret qu'on a vécu sur une neige pourrie,
30:45mais au-dessus des nuages, dans le ciel, avec des copains.
30:48Et là, on était à la moitié de l'aventure, quasiment.
30:52Et c'est quelque chose de très, très puissant
30:54et qui restera à tout jamais dans nos têtes.
30:57Et moi, quand je vois ces images, je me dis, mais j'espère, j'espère,
31:01et j'ai hâte de re-re-regarder ce film dans une trentaine d'années,
31:04une quarantaine d'années, et me dire,
31:05avec les copains, on a quand même vécu, et c'était fantastique,
31:08ce qu'on a partagé et ce qu'on a créé, construit ensemble,
31:12c'est inestimable.
31:15Inestimable.
31:18On le conçoit, même si on n'y était pas.
31:21Évidemment, quand on voit ne serait-ce que cette petite séquence,
31:23on sent même dans la prise d'image qu'il y a quelque chose d'un peu magique.
31:27C'est loin d'être les meilleurs virages de notre carrière,
31:31mais ça reste les plus marquants,
31:33parce que pour chaque virage fait durant cette descente,
31:37il y a eu une énergie, une souffrance immense derrière,
31:40et du coup, la saveur de chacun de ces virages est stratosphérique.
31:45Fallait bien en profiter, en plus, Christophe,
31:47parce que derrière ces descentes un peu magiques,
31:50il a fallu reprendre l'époule K avec un peu moins de neige.
31:53Il est rechargé.
31:54Exactement, on a rechargé toutes l'époule K à fond,
31:57et là, on s'est rééloignés de la civilisation,
32:00parce qu'on était au landscape, là, où il y avait les avions,
32:03et en fait, on a redit au revoir à tout le monde pour la deuxième fois,
32:08et là, on est repartis...
32:09Ça donne moins envie, là, les images qu'on voit.
32:11Oh...
32:14Donc là, il y avait deux équipes.
32:15Il y a l'équipe qui tirait l'époule K,
32:17et même dans l'herbe ou alors au milieu des arbustes,
32:21et il y a l'équipe qui les portait.
32:23Deux écoles.
32:24Deux écoles, exactement. Là, ça a été rude, voilà.
32:27On a vécu un petit peu dans l'humidité.
32:29On s'est mis dans les combinaisons sèches à partir de ce moment-là,
32:33et on les a quittés vraiment quand on est sortis de l'océan.
32:37Cette image est fantastique.
32:39Et ce qui est génial dans cette séquence,
32:41c'est qu'on en parle beaucoup,
32:42mais là, on voit vraiment l'ensauvagement qu'on a vécu,
32:46et comme on explique, c'est qu'en fait,
32:48on a eu la sensation de redécouvrir nos sens
32:51et de se foutre de plein de choses royalement
32:53et de se concentrer que sur les bases même d'une vie en nature,
32:57et c'était manger, dormir, aller aux toilettes et avancer.
33:00Et cette sensation-là, elle est juste incroyable.
33:04C'est quelque chose de dingue.
33:06Et je sais pas si on peut vraiment la trouver autour de chez nous,
33:10parce qu'en fait, on est quand même très souvent...
33:15pas très loin, je dirais, d'une ville, d'un village.
33:18On va toujours croiser quelqu'un en montagne.
33:21Et là, c'est vrai que pour le coup, en Alaska,
33:22on a vraiment vécu un ensauvagement très radical
33:24et qui a été magnifique et assez difficile à...
33:27derrière, à vivre une fois de retour à la maison.
33:30Oui, revenir sur une réalité différente, plus quotidienne.
33:34Vous l'avez dit, dès le début, vous aviez mis dans les poulkas,
33:37c'est peut-être pour ça qu'elles étaient si lourdes,
33:39les packrafts qui devaient vous permettre
33:41de finaliser le parcours sur les rivières.
33:45Oui, tout à fait. On avait récupéré les packrafts.
33:47Pour la petite anecdote, ces packrafts
33:48qui nous ont été prêtés par le GMHM,
33:50le groupe militaire d'Haute-Montagne.
33:52Et c'était des prototypes qu'ils avaient.
33:54Et sur le marché, il n'y avait peut-être pas forcément
33:56de kayak à ce moment-là plus léger,
33:58ou en tout cas, il y avait des équivalences,
34:00mais c'était assez difficile à trouver.
34:02Et en termes de poids et de volume, c'était vraiment, vraiment minime.
34:05Ce n'est pas ce qui était le plus lourd dans nos kayaks.
34:08Là, on voit Alex, très heureux, de prendre enfin la voie de l'eau.
34:11Et c'est vrai que ça faisait vraiment beaucoup, beaucoup de bien
34:13de ne plus porter, en fait.
34:14Ça, c'était quelque chose de dingue.
34:15À partir de là, on n'avait plus rien à se mettre sur les épaules.
34:19C'était un vrai soulagement.
34:20Et là, Chris, lui, qui avait une vraie expérience quand même en eau vive,
34:24se faisait grand plaisir.
34:26C'est juste qu'il n'avait pas peur.
34:28Il n'avait qu'à un peu d'expérience.
34:31C'est qui, là ?
34:32Sur les 7 jours de rivière,
34:34la première était classée en catégorie 4.
34:38Oui, je pense 4.
34:39Catégorie 4.
34:40Alors, c'est déjà un certain niveau,
34:42mais pour des kayakis chevronnés, ce n'est pas grand-chose.
34:45Sauf que là, il faut rajouter l'engagement du lieu où on le fait,
34:49avec des bateaux qui sont ultra allégés au minimum,
34:52donc qui risquent aussi de se percer,
34:54qui ne sont pas forcément faits pour naviguer dans ce type de terrain.
34:57Et aussi qu'on ait exténué de 40 jours d'expé.
35:01Donc, ça fait quand même un...
35:02Oui, un beau mélange.
35:04... qui augmente un peu le risque dans ces conditions.
35:07Mais c'était un très bon souvenir.
35:09D'ailleurs, Elias Mirou a prouvé qu'il était plus à l'aise
35:14avec un piolet qu'avec une panier.
35:17C'est lui qu'on voit là-bas au fond.
35:19Il est en train de se baigner, parce que peut-être qu'elle était bonne, l'eau, non ?
35:21Il avait faim et on se doutait qu'il y avait des saumons un peu sous le kayak.
35:25Alors, il s'est dit, je plonge, je vais voir.
35:26Il est allé chercher la main nue.
35:28Je crois que ça ne l'a pas trop fait rire.
35:29Non, non, surtout que l'eau est très froide.
35:30Ouais, on s'imagine bien.
35:32Mais ça, c'est encore pas parfaitement goupillé,
35:34parce que moi, j'étais derrière et en fait, boom, j'ai pu...
35:36Parce que là, tu perds vite du matos aussi.
35:38Tu perds vite une pagaie, vite je ne sais quoi,
35:41et du coup, après, t'es embêté.
35:42Tout à fait.
35:44Je suis sûr que ce qui vous avait beaucoup fait rire aussi dans votre expé,
35:47c'est qu'après avoir passé des jours à tirer les luges,
35:52surtout les sols, neige ou autre,
35:53vous vous êtes mis aussi à tirer les pâques rafles.
35:56Alors ça, il faut comprendre.
35:58Oui, ce n'était pas du tout prévu.
36:01Nous, on s'était dit, dans le lac Glacier, au début de la rivière,
36:04on en a fini avec le portage.
36:06Normalement, si nos calculs sont bons...
36:08La preuve.
36:09Si nos calculs sont bons, on devrait réussir à retourner
36:11jusqu'en Corée, jusqu'à la capitale par la voie de l'eau.
36:14Or, quand on arrive dans le Pacifique,
36:16il reste 30 km à remonter dans un fjord.
36:19Donc là, on se dit, on va utiliser les marées.
36:20On attend la marée basse,
36:22on attend que la marée remonte et on remonte avec le flux.
36:24Sauf que quand on attendait cette bascule des deux marées,
36:28le vent du nord s'est mis en place
36:30et du coup, on ne pouvait plus remonter dans le fjord.
36:33Donc là, il a fallu retourner à la terre la plus proche
36:36et au lieu de naviguer, on a dû tirer nos pâques rafles dans la boue.
36:40Alors que ce n'était pas du tout prévu et ça, c'était l'avant-veille d'arriver.
36:43Donc psychologiquement, pour moi en tout cas, ça a été insurmontable.
36:48Je sentais, quand on a commencé à remarcher,
36:50que physiquement, mon corps s'était mis en mode off.
36:52Je n'arrivais plus à marcher dans les pas de mes amis
36:56et je me suis fait distancer, mais hyper rapidement.
36:58Et ça, ça a été la partie la plus dure personnellement.
37:00Mais c'était psychologique aussi, je le sais.
37:02Et là, tu t'es même dit que t'arriverais peut-être pas au bout.
37:06Non, ça, je le savais... Non, ça, j'avais aucun doute.
37:08Par contre, je pense qu'il y avait quelque chose d'un peu égotique aussi à me dire
37:12que mes trois copains sont devant, ils ont l'air de ne pas du tout en chier
37:16et moi, je suis à la limite de la rupture.
37:18Et je pense que j'étais encore dans un mode un peu égotique.
37:24Je le reconnais avec le recul.
37:27Aurel, finalement, c'était dur ou finalement, ce final était tranquille pour vous ?
37:31Ah non, c'était terrible.
37:32Il l'a joué au bluff.
37:34Mais en fait, là, il y a deux équipes...
37:37Il y a deux équipes qui se sont formées à nouveau à la fin.
37:39Ils avaient envie de passer par la voie de l'eau.
37:41Et avec l'expérience du jour précédent, avec ce vent dans le nez
37:44qui ne permettait pas de pailleiller, avec Elias, on a pris le parti de marcher.
37:49Alors oui, ça représentait une journée d'un peu moins de 30 kilomètres à pied à la journée
37:54avec des sacs que je ne saurais même plus te dire le poids.
37:56À ce moment-là, on était peut-être à 30 kilos, 25 kilos, je ne sais plus.
37:59Quelque chose d'assez lourd après 49 jours quand même assez chiant.
38:04On a marre.
38:05Et du coup, des grands plats interminables.
38:07Tu vois Anchorage en plus au bout.
38:09Tu vois les buildings, tu commences à voir les avions qui passent au-dessus de toi,
38:12qui vont poser à l'aéroport d'Anchorage.
38:14Et du coup, pour moi, c'est quand même un souvenir ces derniers jours hyper fort.
38:18Hyper fort, d'une grande valeur, où on s'est fait manger,
38:21rongé par des milliers de moustiques dans la boue.
38:25C'était hyper dur.
38:26On était vraiment comme des cochons dans la boue.
38:28Là, c'était trop bon.
38:29C'était trop bon.
38:30Et le fait de se rapprocher de la fin, eh bien, tu penses à ça.
38:34T'es dans ta misère.
38:35En face, tu sais quel hôtel.
38:36Il y a le retour à la civilisation.
38:38Et c'est un contraste assez étonnant que j'ai beaucoup aimé.
38:43On rentre comment, d'un voyage comme ça, Christophe ?
38:46Différent, ça c'est certain.
38:48T'inquiètes bien.
38:49T'inquiètes bien.
38:51Ah ouais, je pense.
38:52On met du temps à s'en remettre physiquement.
38:54Mais non, c'est 100% positif.
38:58Et puis, non, non, on crée, comme je disais,
39:02on a toute une équipe qui est tournée autour de ce film qu'on présente.
39:05Parce que voilà, ça a été l'aventure.
39:07Et puis ensuite, c'est l'aventure du film parce qu'on rentre.
39:10Et puis, juste en face, à Anchorage, on retrouve Johan et Pascal,
39:13qui sont les deux personnes qui nous aident à tout réaliser.
39:17Le réalisateur et le producteur.
39:18Ouais, et donc, on les retrouve en face.
39:20Et donc là, en fait, on part sur une autre aventure.
39:24Et eux, ils n'ont aucune idée, parce qu'on a très peu de contact avec eux,
39:27de savoir si on a eu...
39:29Ils ne savent pas ce qui s'est passé.
39:30Pas du tout, ils ne savent pas.
39:31Ils ne savent même pas si on a utilisé une caméra.
39:33Ils ne savent pas.
39:34Parce que c'est embêtant pour faire le film.
39:35Exactement, mais du coup, on arrive.
39:37Ensuite, ils ont loué une maison, on se pose à la maison.
39:39Et là, en fait, on commence à leur balancer tout.
39:41Et ils disent ouah, tcha, c'est ouf.
39:43La quantité de matériaux était assez hallucinante sur 40 jours.
39:47On a tous filmé à tour de rôle.
39:48Je pense qu'il y avait plus de 80 heures d'images.
39:51Donc, ça fait long à dérucher.
39:53Le film fait 1h20. Il est très réussi.
39:55On peut réussir une expé, rater son film ou l'inverse, parfois.
39:58Là, vous avez réussi les deux.
40:00C'est plus facile l'inverse.
40:01Rater une expé, réussir un film.
40:03Non, c'était une volonté.
40:05Dès le début du projet, moi, quand j'avais imaginé ce traversé,
40:08j'avais la volonté de ne pas faire une expé et un film,
40:12mais de faire un projet commun où tous les acteurs
40:16sont vraiment partie prenante de la narration
40:20ou alors de l'expédition, etc.
40:22Et avec Johan, c'était très intéressant parce que lui,
40:23il vient du cinéma d'auteur.
40:25Il ne vient pas du tout de la montagne.
40:26Et il a apporté un point de vue qui était beaucoup plus centré
40:28sur les personnages et sur l'évolution des personnages.
40:31Et ça collait parfaitement avec la volonté d'immersion
40:35qu'on avait à travers ce périple.
40:37Oui, c'était très pratique pour lui de prendre quatre personnages
40:40un peu foufous au premier jour et de les récupérer le cinquantième
40:44et puis de voir au fur et à mesure des images,
40:47ce qu'on peut en tirer pour faire un film.
40:49Et donc, je suis vraiment content parce qu'on a vraiment réussi
40:53à faire une expé qui s'est plutôt bien passée, on peut le dire,
40:57et un film qui est en train d'être présenté au monde et qui,
41:00je l'espère, retranscrira ce qu'on a vécu, mais qui surtout
41:04retranscrira nos valeurs, en fait, qu'elles soient aussi bien
41:07dans l'expédition que dans le cinéma.
41:08Et puis, si vous n'avez pas l'occasion de le voir en festival
41:10des Jours sauvages, il sera diffusé aussi sur Télégrenade
41:12dans le cadre des prolongations des rencontres cinémontagnes.
41:15Vous pourrez découvrir cette aventure comme si on y est,
41:17puisqu'on vous suit pendant plus d'une heure dans vos périples.
41:21Je crois, Aurel, en tout cas, j'ai lu ça, que le retour
41:24à la vraie vie était quand même compliqué, pas loin
41:25de la dépression post-Alaska.
41:28Oui, ça a été super dur pour moi.
41:30C'était la première fois que je partais dans un voyage aussi long
41:33et dans une telle autonomie et un tel éloignement du reste du monde.
41:39L'année précédente, on est allé au Kyrgyzstan,
41:41on avait fait 25 jours, mais ce n'était pas pareil,
41:43on était une grosse équipe, on avait fait un ski trip,
41:45on était resté sur place et on avait rayonné autour du camp de base.
41:48Que là, le fait d'être en itinérance, et puis, en fait,
41:50c'est la première fois que je découvrais l'Alaska aussi.
41:52C'est quand même l'endroit de la planète, un des endroits
41:55de la planète les plus sauvages.
41:56Et puis, moi, j'ai complètement été halluciné par la taille de tout,
41:59que ce soit des animaux, des glaciers, des crevasses, des montagnes.
42:03Tout est démesuré et tu te sens très, très humble, très petit.
42:07Et effectivement, 50 jours, ça te retourne.
42:10Et puis, 50 jours, en fait, le fait de les vivre à 300 %
42:13et d'être tous les jours vraiment très conscient de la chance que tu as,
42:17c'est aussi ça qui m'a fait, entre guillemets, du mal.
42:20Mais je dirais que c'est plus du bien aujourd'hui et du recul.
42:22Et c'est quelque chose qui m'a vraiment, vraiment fait grandir
42:24et fait rencontrer des personnages incroyables et de beauté magnifique.
42:28Intérieure, la beauté intérieure, on ne peut pas dire extérieure,
42:31parce que ça, c'est vraiment ton idée.
42:32C'est subjectif, exactement.
42:34Non, c'est compliqué.
42:35Et beau, le compliment, ils ne le prennent même pas.
42:39Bon, vous êtes retourné, en tout cas, à votre passion première,
42:43le ski de Pantrade, qui n'était pas forcément l'objectif de cet exprès,
42:48mais que vous pratiquez tout au long de l'année sur plein d'endroits différents.
42:52Alors, j'ai pris une de vos descentes.
42:53Il y en a tellement.
42:55Je crois qu'il y a quelques mois, avant l'été,
42:58on est revenu dans le massif du Mont-Blanc.
43:00Ah oui, là, on est plein d'Alaska, on devine Argentière en bas.
43:04Là, effectivement, c'était à la Vire de Lune, au Chardonnay.
43:07Alors, c'est une ligne qu'avaient ouvert Vivian Bruché et Kylian Jornet
43:1012 ans auparavant, et personne n'était repassé sur leur trace.
43:15J'aime vraiment passer du temps.
43:17En fait, la montagne, le ski, je dirais que c'est le prétexte
43:19d'aller passer du temps en montagne et surtout, une fois de plus, le partage.
43:22Et en fait, à chaque fois que tu es en montagne, tu découvres des couleurs,
43:26tu découvres des chardons, tu découvres du granit un peu plus orangé.
43:30Et après, voilà, moi, je vis pour le ski, j'adore ça.
43:32Et le fait de pouvoir glisser, c'est ce qui me rend le plus heureux
43:35dans la vie, tout simplement.
43:3755 degrés, cette descente, par moment, une des plus techniques
43:41de ce que vous avez pu faire dans votre carrière.
43:45On ne s'assure jamais sur des passages comme ça.
43:47Alors là, quand on est au bon endroit au bon moment,
43:50avec les bonnes conditions, et bien généralement,
43:52on a la possibilité de quand même skier une très bonne partie de la descente.
43:56Là, cette descente, en l'occurrence, elle est assez unique
43:58parce qu'en fait, il y a un moment où il y a une vire de lune.
44:00Ça fait une vraie vire au milieu de la descente
44:01où on a une remontée sur corde d'une cinquantaine de mètres à faire.
44:06Ce qui était assez particulier dans cette descente,
44:08c'était surtout l'exposition au vide qui se trouvait en dessous,
44:12qui était permanent de haut en bas.
44:14Et moi, c'est personnellement ce que j'aime beaucoup retrouver à skier.
44:17C'est cette apesanteur, cette idée d'être dans le ciel.
44:20Et là, c'était juste magnifique, avec des condis parfaits.
44:23Mais ce n'est pas facile à avoir.
44:24C'était la troisième fois en un mois que j'essayais d'y aller.
44:27Est-ce que c'est plus engagé que ce que vous avez fait en Patagonie,
44:31justement, avec Vivian Bruchet et Jules Saussier ?
44:34Vous êtes venu aussi présenter ce film aux Rencontres Cinémontagnes cette année.
44:37Cette écharpe de neige dans une paroi granitique.
44:40Là, c'était quand même...
44:42Là, c'est encore autre chose.
44:44En termes d'engagement, on a quand même passé un cap.
44:46On a vécu là-bas quelque chose d'assez puissant, tout comme l'Alaska.
44:51C'était différent, c'était un voyage dans un autre style.
44:53Mais là, on est vraiment allé chercher dans cet itinéraire
44:55un petit peu des limites morales aussi,
44:57parce que ça a été assez insupportable et magnifique à la fois,
45:00avec un vide abyssal sous les spatules.
45:03Là, il y avait 1000 mètres d'exposition avec une pente,
45:06sur le début, assez correcte dans ce pan, autour de 50 degrés.
45:09Et en fait, plus on descend et plus c'est exposé, plus c'est raide.
45:12Et ce qui était assez fort et assez lourd, pesant, dans cette descente,
45:16c'était que cette rampe, tout du long, était exposée vraiment tirée vers le bas.
45:21C'est-à-dire que ce n'était pas une rampe à plat,
45:22c'est une rampe, comme on le voit, qui se déverse droit vers le vide,
45:25droit vers les abîmes.
45:27Et ça, c'était assez insupportable et assez beau à la fois.
45:29Et pour bien imager cette descente,
45:32c'est comme mettre une rampe de 300 mètres de long,
45:34en termes de dénivellation, au sommet des drues.
45:38Donc, ça laisse imaginer quelque chose d'assez aérien et d'assez fort.
45:42Rêve ultime de skieur, c'est comme ça que vous l'aviez qualifié à l'époque ?
45:45Peut-être que depuis, il y a eu d'autres rêves ?
45:47Effectivement, aujourd'hui, j'en ai plein d'autres, des rêves,
45:50et je pense que toute ma vie, ce serait comme ça,
45:52comme les deux loulous qu'il y a en face.
45:54Mais c'est vraiment quelque chose qui m'avait marqué
45:56et j'ai été très, très heureux et très fier de partager ça avec Vivian et Jules.
46:00Et puis surtout, de passer et de répéter cet itinéraire
46:03qui avait été skié pour la première fois par Andreas Fransson,
46:06qui a disparu peut-être deux ou trois ans après.
46:09Le film s'appelle Paintings the Mountain,
46:11présenté aussi au Rencontre Ciné-Montagne 2024
46:14et projeté, diffusé sur Télégranoble dans le cadre des prolongations.
46:18Vous aurez peut-être l'occasion de le découvrir sur notre antenne
46:20à tous les dimanches à 21h.
46:22On consacre notre soirée au film de montagne, à ses belles aventures.
46:26Alors, je voyais Christophe faire l'étonné, on va dire ça comme ça.
46:29Par rapport à quoi ?
46:30Par rapport à ce qu'Aurel racontait sur la pantraide, etc.
46:33Mais vous, vous l'avez dit, c'est plutôt le snowboard,
46:36votre outil de prédilection.
46:38Vous aimez bien aller titiller quand même les pantraides, voir le vertige.
46:43Je savais où vous alliez en venir.
46:44Les gens qui regardent ne savent pas encore.
46:46Ils ne savent pas encore. Les gens, ils se disent, c'est quoi, ces images ?
46:49Je n'ai pas grand-chose sur YouTube, alors je me suis dit...
46:54Je ne sais pas si ça me donne envie, ça.
46:56En plus, je fais des fois du snowboard,
46:59mais oui, c'est l'outil idéal.
47:03Ça, c'est Avoria, c'est chez moi.
47:04C'est un spot organisé, enfin, structuré pour ça ?
47:11La petite rampe, elle n'est pas là par hasard ?
47:13Oui, c'est moi qui l'ai construite, c'est mon tremplin vers le ciel.
47:18Et donc là, je commençais, c'était la première fois où je sautais en snowboard.
47:20Et après, je l'ai refait pas mal de fois.
47:22Et j'ai essayé au maximum de voler dans le ciel avec mon snowboard.
47:26Et ça marche ?
47:27Tirer le parachute le plus tard possible.
47:29Et des fois.
47:30Inspiration Bruno Gouvy, peut-être ?
47:32Exactement, les mains dans le dos, le snowboard,
47:33ça s'appelait du sky surf à l'époque, et il partait d'avion.
47:36C'est vrai, on les voyait voler.
47:37On a l'impression que c'était la planche qui les permettait de rester en lévitation.
47:40Je ne sais pas si c'est vraiment ça.
47:41Ils arrivaient à se déplacer, à avancer, à dériver.
47:43Et donc moi, je me suis dit, pourquoi pas essayer de partir de la montagne.
47:47Est-ce que ça marche bien aussi avec le VTT, cette technique ?
47:51Je te demandais aujourd'hui.
47:52Alors, avec le VTT, ça dérive beaucoup moins,
47:54mais c'est tout aussi, tout autant agréable.
47:57Oui, voilà, c'est le même endroit, c'est la même passerelle.
48:00L'été.
48:01Superman Sydgarde.
48:02Waouh.
48:03Alors, moi, j'ai juste une petite question.
48:04On a compris que vous aviez un parachute dans le dos pour amortir la descente.
48:08Le VTT, lui, qu'est-ce qui arrive après, là ?
48:11Le VTT chéterie.
48:13J'en avais, pour l'anecdote, j'en avais acheté cinq la veille à un monsieur adorable
48:18qui m'avait vanté le fait qu'ils étaient tous remis en état
48:21et qu'il avait graissé la chaîne.
48:25C'était un monsieur qui remettait des vélos en état.
48:27Et voilà, je ne lui ai pas envoyé la vidéo, mais il faudrait que je le fasse.
48:31Donc, voilà, on a tout récupéré.
48:33On a même mis des caméras sur le vélo pour voir comment il allait en bas.
48:38Pour l'histoire, aussi, on a tout bien récupéré et rien pollué.
48:43Le spot est ouvert à tout le monde à Lorient ou c'est un coin secret ?
48:46Non, pas forcément.
48:47On a terminé les dernières images du spot qui vous n'avez pas en toboggan.
48:53On a fait un grand ventriglisse qui fait 50 mètres de long sur ce même spot
48:57et on glisse sur des bouées crocodiles, canards, tout ce que vous voulez,
49:00avec un petit peu de pectitron.
49:02Et on s'envole dans le ciel en slip de bain et avec des masques de piscine
49:07ou des palmes.
49:09Alexandre, le base jump, c'est aussi une des disciplines
49:12que vous pratiquez ou pas ?
49:13Pas du tout, pas du tout, non.
49:14T'as fait une fois.
49:15Si, tu m'as fait sauter une fois.
49:16Je t'ai lancé dans mon parapente.
49:17Tu ne l'as pas lancé une fois dans le vide.
49:19Non, mais c'est des sports qui demandent soit beaucoup de toilent,
49:21soit beaucoup de temps.
49:22Et si on se met dedans, il faut en faire à fond parce qu'il ne faut pas penser
49:27à autre chose quand on fait ça.
49:28Et je n'ai ni le temps ni le talent actuellement.
49:31C'est duré, toi.
49:32C'est dur.
49:32Ouais, c'est vrai.
49:33Le temps, pas trop.
49:34Ça viendra.
49:34Mais parce qu'il a acheté une maison aussi, c'est pour ça qu'il n'a pas le temps.
49:38Bon, en tout cas, c'était très sympa de vous avoir comme ça pour nous faire vivre
49:42puisque nous, c'est par procuration qu'on vit ces aventures.
49:45Grâce à tous ces exploits.
49:48On va finir cette émission en feuilletant quelques livres.
49:50Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire pendant vos 50 jours en Alaska,
49:54mais je vous présente quelques nouveautés.
50:01Et puisqu'on a parlé longtemps de ski et d'expé lointaine,
50:07je vous propose des idées pour partir en raide à ski autour du monde.
50:1224 itinéraires testés par Jean Hanquin, qui est un guide passionné.
50:16On se balade avec lui sur tous les continents et dans des massifs montagneux
50:20très différents de l'Arctique à la Patagonie.
50:23Il y a d'ailleurs un itinéraire proposé dans ce bouquin en sept jours
50:26pour rejoindre le sommet du Dénali.
50:28Voilà, ça tombe bien, à partir de l'aérodrome de montagne de Kailtna.
50:32Donc, je pense que c'est celui qu'on a vu.
50:34C'est une autre approche.
50:35Ben voilà, il la propose comme ça parce que les 50 jours avant,
50:39c'était peut-être un peu compliqué pour le bouquin qui est déjà conséquent.
50:43C'est déjà un gros livre, il y a beaucoup de plages,
50:44mais s'il avait fallu mettre 50 étapes au lieu de 7,
50:47il fallait faire un deuxième tome.
50:50En tout cas, voilà, c'est sorti aux éditions.
50:53C'est chez Garin, aux éditions Paulsen.
50:55Il y a même des petits conseils de lecture pour chaque itinéraire
50:59parce qu'on passe aussi beaucoup de temps à attendre.
51:01Vous aviez des bouquins pendant ces 50 jours
51:03dans les packrafts ou dans les luges ?
51:06Aurél avait une liseuse, mais on avait de quoi écrire pas mal sinon.
51:12J'avais un bouquin que je n'ai pas réussi à finir, c'était trop dur.
51:14Ça s'appelle l'expérience intérieure de Georges Bataille.
51:17Il y avait beaucoup de choses.
51:18J'étais pas prêt.
51:19Aurél aussi avait des trucs un peu sur...
51:21Un truc un peu puissant, un peu spirituel.
51:23Développement personnel.
51:25Pour s'élever encore plus longtemps.
51:26Pour aller se chercher.
51:27Non, se chercher déjà.
51:28Avant de s'élever.
51:29Qui es-tu ?
51:31En termes de bouquins,
51:32vu qu'on est là-dedans,
51:33je conseille à tout le monde le dernier de chez Glénat.
51:36Ça s'appelle Une histoire de l'alpinisme au féminin.
51:38C'est Stéphanie et Blaise Agresti
51:39qui retracent l'histoire de l'alpinisme à travers des femmes incroyables
51:43qu'on a pour la plupart oubliées,
51:45qu'ont volontairement été oubliées
51:46parce que l'histoire est écrite par et pour les hommes.
51:50Et donc, je vous le conseille, c'est l'édition Glénat.
51:52Une aventure de l'alpinisme au féminin.
51:55Très bien.
51:56Et puis, Jean-Henri Quint, lui, pour le périple Dénali,
51:59il conseillait le livre de Simon McCartney,
52:02Les fantômes du Dénali.
52:04Je ne sais pas si vous l'avez lu.
52:05Oui, c'est pas mal aussi, mais un peu Tristoun.
52:06Oui.
52:08On ne peut pas toujours avoir des livres qui vont remettre le moral.
52:11Vous le connaissez, Jean-Henri Quint ?
52:13Il était professeur.
52:14Enfin, il est professeur à l'ENSA.
52:15Vous avez été guide de haute montagne.
52:16Vous l'avez peut-être eu comme prof.
52:17Oui, comme prof.
52:19Absolument.
52:20C'est un bon prof.
52:21Pour les voyages et les idées.
52:24C'est sûr que les voyages, visiblement, il s'y connaît un petit peu.
52:26C'est sûrement le guide et même le skieur qui a le plus bourlingué
52:30dans les massifs les plus reculés de la planète.
52:32Ça, c'est certain.
52:34Voilà, si vous voulez suivre ces traces sans forcément y aller.
52:37Mais au moins, c'est un livre qui se feuillette et qui permet
52:40de découvrir ces territoires.
52:42Et puis, chez le même éditeur, Jean-Philippe Lelief signe
52:45Mont Blanc Express, un récit qui revient sur les différents records
52:49de vitesse réalisés sur le toit de l'Europe.
52:51Le premier chrono date du 5 juillet 1787.
52:55Ces trois guides de Chamonix ont été les premiers à se chronométrer
52:58pour la première fois sur l'aller-retour Chamonix-Mont Blanc.
53:01Est-ce que vous savez, à votre avis, combien ils ont bu ?
53:03Quelle année ?
53:041787, c'était un an après la première ascension du Mont Blanc.
53:09Donc, on n'avait pas les mêmes techniques qu'aujourd'hui.
53:11On n'avait pas les mêmes outils.
53:12Je vais mettre une trentaine d'heures depuis Cham.
53:14Il y a de l'idée, il y a de l'idée.
53:1517.
53:1617, 30.
53:18Je vais dire entre les deux, c'est entre les deux.
53:2022.
53:2123.
53:22Le point est à Christophe.
53:2423 heures à l'époque pour faire l'aller-retour.
53:26C'est déjà ultime.
53:28C'est déjà ultime.
53:29Et il partait déjà de l'église de Chamonix,
53:32qui fait un peu office de point de départ et de point d'arrivée
53:36pour ses records.
53:38Ils ont encore un peu de marge pour atteindre les 4h57
53:41de Kylian Jornet en 2013,
53:43ce qui était lui en mode trail,
53:45ce qui lui avait valu d'ailleurs quelques critiques.
53:47Ou encore les 7h25 de la franco-américaine Hilary Gérardis.
53:50Ce sont les images qu'on voit,
53:52qui était venue l'an dernier sur Grand-Terre nous parler,
53:55nous commenter son record féminin,
53:56qu'elle a établi dans le respect, on va dire, des règles de sécurité.
53:59On la voit, elle est en crampons.
54:00Elle était même encordée par moment.
54:02Ce n'est pas très sécu, ça.
54:04Non, peut-être pas.
54:05La luge, c'est pour aller vite aussi.
54:07Ça reste un record.
54:09Pour replacer un peu ce livre et ses extraits
54:12sur l'échelle des Jours sauvages,
54:13c'est absolument l'antithèse de ce que l'on a fait au Dénali.
54:17Ça, ça donne une idée.
54:18Vous n'avez pas couru une seconde.
54:19Je ne pouvais pas.
54:21C'est impossible.
54:22Vous n'avez jamais tenté, tous les trois, un petit chrono ?
54:24En avançant, ça, c'était extraordinaire.
54:26Quand on s'est posé sur les packrafts et des fois, des soirées,
54:29en fait, on s'accrochait les quatre, les uns à côté des autres.
54:32Il y en avait un qui cuisinait au milieu
54:34et puis les deux autres qui dormaient.
54:36Et alors ça, c'était extraordinaire de se sentir avancer
54:38vers notre point de destination sans rien faire.
54:42Sans effort.
54:43Sans effort.
54:44Tout doucement.
54:45On s'est avancé, des fois, dans la rivière à 7 km heure,
54:47je me rappelle.
54:49Oui, tout de même.
54:50C'est pas rien.
54:51C'est pas rien.
54:52Avec zéro calories usées.
54:53À manger des lyophilisés.
54:55Délicieux.
54:56Voilà.
54:57Si vous voulez aller un petit peu plus vite,
54:58vous pouvez lire Mont-Blanc express.
54:59C'est préfacé justement par Kylian Jornet,
55:02qui répond aux critiques qu'il avait subies à l'époque de son record.
55:05On ne critiquait pas son record,
55:06mais on critiquait le fait qu'il y soit allé en tenue de trail,
55:09en basket, sur le sommet du Mont-Blanc,
55:10ce qui n'était pas forcément, vous qui êtes guide de haute montagne,
55:12la bonne image à donner pour les autres pratiquants.
55:16Merci à tous les trois.
55:20On salue Elias.
55:21J'allais le saluer en anglais.
55:22Il faut qu'il puisse comprendre, donc on le salue en français.
55:25Vous êtes méchant.
55:26C'est vous qui avez commencé.
55:28Moi, je ne fais que reprendre.
55:29Moi, si je n'avais pas vu le film, je n'en saurais rien.
55:32Merci.
55:33Ça s'appelle Les jours sauvages.
55:34En tout cas, ce superbe film que je vous conseille d'essayer de voir,
55:38soit en festival, soit à Télégrenoble,
55:40ou quand il sera diffusé sur d'autres supports.
55:42On se retrouve très prochainement dans Grand Air pour d'autres aventures.

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