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00:0013h, 14h, l'Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Euro 20. Merci de nous rejoindre. Il est 13h20, l'heure d'accueillir votre chroniqueur pour décrypter l'actualité de ce lundi 13 janvier. Céline, le chroniqueur politique Olivier d'Artigolle et le journaliste Yvan Rioufol.
00:14Bonjour les amis, ravi de vous retrouver en ce début de semaine. Bienvenue dans ce studio d'Europe 1 13h. Alors on va évidemment revenir pour commencer si vous le voulez sur cette interview.
00:24Marine Le Pen qui se livre pour la première fois depuis le décès de son père. La présidente des députés du Rassemblement National à l'Assemblée Nationale a donné une interview confession à nos confrères du JD News qui paraît donc mercredi.
00:37Elle parle de Mayotte, d'Emmanuel Macron, mais surtout de sa relation avec Jean-Marie Le Pen. Et Sébastien Chenu, député Rennes du Nord, qui était l'invité d'Europe 1 soir week-end, s'est dit ému par les confidences de Marine Le Pen.
00:50Quand elle dit papa, moi aussi je crois que c'est la première fois que je l'entendais, en tout cas que je la lisais dire papa. Et elle m'a ému. Elle fait toujours passer l'intérêt politique et l'intérêt de notre mouvement avant son intérêt personnel.
01:04Ça lui a probablement parfois coûté, et notamment dans sa relation avec Jean-Marie Le Pen, quand elle dit je ne me le pardonnerai jamais. Elle ne se pardonne pas de l'avoir fait souffrir. Elle dit dans cette interview je lui ai causé beaucoup de douleur et de peine.
01:17Mais l'intérêt politique de ce mouvement était, parce qu'il y avait des dissensions politiques très profondes avec Jean-Marie Le Pen, et elle le dit, et il n'arrêtait pas. Et il n'était pas prêt de s'arrêter, c'était de faire ce choix politique qui lui a coûté.
01:31Voilà, Sébastien Chenu sur Europe 1, soir, week-end avec Pascal Delatour-Dupin. Hier, Yves-Henri vous folle, c'est vrai que ces déclarations, cette confession quelque part sur ce côté, je ne me le pardonnerai jamais d'avoir exclu son père, est forte.
01:46Oui, c'était vraiment une confession, il y a beaucoup de sensibilité en effet, et en effet le fait maintenant de l'appeler non plus Le Pen comme elle le faisait d'habitude, mais de l'appeler papa, son père, montre bien sûr qu'elle a été blessée par sa décision politique qui a été de rompre avec lui.
02:04Qui était inéluctable aussi.
02:06Qui était inéluctable, mais il me semble que là elle prend acte précisément d'une libération physique de la part de son père, de la part de sa mémoire, et il me semble que cela donnera moins prétexte maintenant à ses opposants, qui à chaque fois rappelaient la figure du père et la présence du père, pour essayer de démonétiser ses propres discours.
02:26Donc je pense qu'elle prend acte de cette rupture naturellement physique, pour maintenant s'affirmer encore davantage comme femme politique, mais comme femme politique éminemment courageuse, parce que derrière effectivement cet aveu d'une culpabilité qu'elle porte, il y a aussi quand même ce diagnostic qu'elle a porté également, et que nous étions nombreux à porter sur les outrances paternelles,
02:52qui rendait impossible d'avoir à aborder correctement les sujets qui étaient ceux qu'il fallait aborder de la part de Le Pen.
02:59Ce qui est malheureux, dit-elle dans cette interview, excusez je le rappelle du JD News apparaître mercredi, c'est qu'il, donc Jean-Marie Le Pen, se soit enferré dans ses provocations.
03:08Son côté rebelle et provocateur a fini par prendre le dessus sur tout le reste. Le problème c'est qu'il recommençait, et c'est là où moi j'ai dit stop, parce que ce n'était plus possible.
03:16Prendre cette décision a été l'une des plus difficiles de ma vie.
03:20Moi je suis très respectueux de ce qu'une personne peut ressentir à la mort d'un être cher.
03:27Mais je ne suis pas d'accord politiquement avec l'analyse qui est faite sur des dérapages, sur des polémiques.
03:37Non, non, quand Jean-Marie Le Pen est exclu, ce qu'il a réitéré sur le point de détail, c'est qu'il a donné un entretien au journal Rivarol, journal d'extrême droite antisémite, sur Pétain, sur la nature de la collaboration de l'occupation allemande.
03:56C'était aussi la période concernant Bruel, on va en faire une fournée. Je m'en arrête là.
04:03Il ne s'agit pas de dérapage, mais d'une pensée politique marquée par de l'antisémitisme, qui a valu d'ailleurs, à Jean-Marie Le Pen, des condamnations en justice.
04:16Et c'est au nom de cela qu'il a été exclu à l'époque du Front National.
04:22Mais je pense que la semaine qu'on vient de vivre, suite à l'annonce de son décès, parachève en fait la période de dédiabolisation et de normalisation.
04:30Oui, sauf que la manière dont elle peut dire je le regrette, ça ne peut être qu'un regret sur le plan personnel.
04:37Ça ne peut pas être un regret sur le plan politique, il me semble.
04:40Mais il y aura quand même un avant et un après.
04:42Je pondérerai tout de même ce propos qui est assez convenu de dire de Jean-Marie Le Pen que quoi qu'il arrive, il avait assumé ses dérapages qui n'en sont pas, qui étaient d'une conviction profonde.
04:52D'abord je n'en sais trop rien, et puis surtout je remarque que quand vous voulez taire un adversaire, vous l'accusez de la rage, vous l'accusez de tous les maux, et en l'occurrence vous l'accusez d'être fasciste ou d'extrême droite.
05:03Et donc Jean-Marie Le Pen, que je n'ai jamais soutenu quand il était de son vivant et quand il faisait de la politique, malgré tout Jean-Marie Le Pen a aussi souffert de cette caricature qui a été destinée à ne pas vouloir l'entendre du tout.
05:16Et c'est pour ça que je suis toujours très gêné quand j'entends maintenant tous ceux qui remettent des pelletés de terre sur son cadavre en disant que dans le fond il était vraiment infréquentable.
05:28Je pense qu'on peut retenir de lui, certes, moi je continue à dire que c'était des maladresses, des provocations et des dérapages, mais une lucidité qui n'apparaissait pas dans le monde politique par ailleurs.
05:38Il ne peut y avoir aucune lucidité, Jean-Marie Le Pen a eu la possibilité jusqu'au crépuscule de sa vie de s'amender sur la question du détail en disant moi-même je n'ai pas pu en voir, est-ce que c'est une vérité avérée, etc.
05:51Et y compris des compagnons très proches de Jean-Marie Le Pen qui ont témoigné depuis sa disparition ont acté le fait qu'il y avait de l'antisémitisme dans sa pensée politique.
06:02A condition qu'on parle de l'antisémitisme qu'il y a en politique, il y a de quoi faire de votre côté et du côté de la gauche.
06:09Restons, restons !
06:10Du côté de la gauche ?
06:11Oui, du côté de la gauche.
06:12De mon côté, moi, de l'antisémitisme.
06:13Vous êtes à gauche.
06:14Mais vous plaisantez ou quoi ?
06:15Non, mais de votre côté.
06:16Vous ne voyez pas qu'il y a une gauche qui n'est pas justement à Jean.
06:19Si, si, je vois bien.
06:20Mais je vous dis, plutôt que de regarder à droite, regardez à gauche, c'est ce que je veux vous dire.
06:23Si vous ne voulez pas entendre parler de ça, c'est que cela vous regarde.
06:26Restons, si vous voulez bien, les amis, sur cette interview exclusive de Marine Le Pen au magazine JD News à paraître mercredi.
06:33Que retenez-vous de cette interview au-delà des déclarations sur son père et sur son pardon ?
06:40Elle parle de Mayotte, elle met un petit acle appuyé à Emmanuel Macron en disant finalement que l'histoire retiendra aussi son bilan à lui.
06:47Oui, elle parle de Mayotte.
06:49Elle a maté l'interview d'ailleurs justement parce qu'elle voulait parler de Mayotte.
06:51Oui, il y a en effet cette formule sur l'histoire jugera ou elle renvoie justement ce que l'histoire retiendra du mandat d'Emmanuel Macron.
07:00De quoi le macronisme est-il le nom ?
07:02Mais ce qui est intéressant de voir, c'est la manière dont le Rassemblement National va se comporter sur la prochaine séquence parlementaire.
07:08On va en parler dans quelques instants et continuer à décrypter cette interview dans quelques instants avec vous Yves-Henri Youfolle et avec vous Olivier Lartigolle.
07:14Et on se retrouve justement dans quelques instants pour la suite de cette Europe 1 13h.
07:17A tout de suite.
07:18Il est 13h27, vous écoutez Céline Girard sur Europe 1.
07:2113h14, Europe 1 13h.
07:2313h32 sur Europe 1, la suite d'Europe 1 13h, vous écoutez Céline Girard.
07:26Et avec vous Céline aujourd'hui, le chroniqueur politique Olivier Lartigolle et le journaliste Yves-Henri Youfolle.
07:31Et vous chers auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutez jusqu'à 14h, on continue à parler de cette interview exclusive donnée par Marine Le Pen au magazine JD News.
07:40A paraître mercredi ces premiers mots depuis la disparition de son père Jean-Marie Le Pen.
07:45Alors la question qu'on va se poser maintenant avec vous Olivier Lartigolle et Yves-Henri Youfolle, c'est la suite, c'est l'avenir.
07:50Quelle stratégie selon vous pour Marine Le Pen, est-ce qu'elle va se réinventer ?
07:55Est-ce que cette disparition peut changer la donne ?
07:58Moi je pense que cette disparition, la disparition de son père la libère, comme je le disais très précédemment.
08:04Et je ne crois pas au plafond de verre, je crois que Marine Le Pen est portée par le vent de l'époque, par l'air du temps.
08:10Elle est portée également par la déréliction de tout ce monde politique qui s'effondre sous nos yeux.
08:16Elle est portée par l'échec de toutes les idéologies que son père avait combattues.
08:20C'est en cela qu'elle est héritière malgré tout.
08:22Et ce combat, elle la poursuit.
08:24Et je remarque que dans le filigrane de son interview, ce qui est intéressant, il y a tout un programme politique.
08:30Parce qu'elle nous dit en fait, Mayotte c'est la France.
08:32Et donc dans son approche de Mayotte, elle nous dit en substance, Mayotte ce sera la France de demain.
08:39C'est peut-être excessif, parce que la situation de Mayotte est vraiment épouvantable.
08:45Mais elle pense ceci, elle le dit avec des arguments qui sont assez convaincants.
08:49D'abord elle dit qu'il faut cesser de regarder Mayotte par hélicoptère.
08:53Elle a été à Mayotte en voiture, elle a vu comment les gens vivaient, comment les gens souffraient.
08:57Elle dit qu'il y a des mensonges d'État sur la population de Mayotte qui est estimée à 350 000 habitants.
09:02Elle, elle dit 500 000.
09:03Et elle dit qu'il faut maintenant pour Mayotte en tout cas s'attacher notamment à résoudre ce problème migratoire
09:09qui est un grand remplacement, même comme Bénédicte l'a dit très récemment dans une émission de télévision
09:14qu'il y avait un grand remplacement à Mayotte.
09:16C'est quand même extraordinaire de l'entendre dire cela.
09:18Et donc qu'il faut remettre en cause notamment le droit du sol.
09:22Et le droit du sol pas simplement pour Mayotte, mais également pour la métropole.
09:25Donc je pense qu'elle est en train d'affiner son programme
09:28qui est de dire qu'il faut en urgence maintenant venir en aide à une France qui s'écroule.
09:32Olivier Dartigolles, est-ce qu'elle peut se réinventer ? Est-ce que ça va la modifier ?
09:35D'abord Marine Le Pen a un rendez-vous judiciaire dans le sens où le rejugement sera rendu le 31 mars.
09:43Avant le 31 mars, il y a très certainement une décision du Conseil constitutionnel
09:48qui a été saisie d'une question prioritaire de constitutionnalité
09:52sur un autre cas concernant l'exécution provisoire.
09:54Mais cela aura un effet important sur la décision du 31 mars.
09:59Premier élément.
10:00Deuxième élément, certes j'entends ce qui est dit sur Mayotte
10:04avec pour moi beaucoup d'excès dans le comparatif qui est fait avec la métropole
10:09puisque rien n'est comparable à l'échelle de ce que vit Mayotte.
10:13Mais je ne sais toujours pas ce qu'est très précisément le programme macroéconomique du RN.
10:20On verra sur les questions budgétaires de 2025 les propositions qu'ils mettent et maintiennent ou pas.
10:26Sont-ils toujours sur une retraite à 60 ans ou pas ?
10:29Nous avons vu sur les dernières législatives les souvenirs de la polémique sur la binationalité
10:35et la manière dont tout cela n'était pas très clair.
10:38Bref, peut-être que la disparition de Jean-Marie Le Pen permettra justement
10:42à certains opposants du RN de ne plus être sur l'antifascisme tel qu'il était énoncé
10:49mais pour établir une opposition plus intelligente, plus créative
10:54concernant le RN, notamment sur son projet pour la France.