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00:007h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin Arnaud Bénédéti,
00:04politologue et rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire.
00:07Bonjour Arnaud Bénédéti, la promesse française, c'est le titre qu'a donné en toute fin de discours
00:14François Bayrou à sa déclaration de politique générale.
00:17Promesse française pour que, je le cite à nouveau,
00:20que le découragement cède la place à un espoir ténu mais raisonnable.
00:24C'est la formule qu'il a employée, c'est plutôt modeste on va dire comme ambition,
00:28mais d'une manière générale, on va entrer dans le détail de ce qu'a dit François Bayrou.
00:32Comment l'avez-vous trouvé le Premier Ministre Arnaud Bénédéti ?
00:35Je l'ai trouvé égal à lui-même, sur le fond peut-être un peu moins en position de surplomb
00:41qu'il est d'habitude, parce que tout simplement il a conscience d'une situation parlementaire
00:45qui est certainement la situation parlementaire la plus compliquée de la Ve République depuis 1958.
00:50Après, sur le fond, il a dit assez peu de choses de manière très concrète,
00:56il a fait très peu d'annonces en l'occurrence.
00:58Si ce n'est, en fait, c'est un discours de la méthode sur la manière dont il va essayer de pouvoir éviter,
01:05ce qui est l'objectif principal, une motion de censure rapide.
01:09Il a renvoyé à des commissions, il a renvoyé à des comités,
01:14il a renvoyé en tout cas à des perspectives de dialogue,
01:17ce qui est tout à fait logique pour un centriste,
01:19mais il y avait finalement dans ce discours presque une critique en creux
01:23de la façon dont le Président de la République a gouverné la France durant sept ans,
01:29puisqu'en fait, quelque part, il remet au centre du jeu les partenaires sociaux,
01:34il remet au centre du jeu les parlementaires, il remet au centre du jeu les élus locaux,
01:38il remet au centre du jeu tout ce qui fait partie de l'intermédiaire de la démocratie,
01:43ce que finalement le Président de la République n'avait pas fait, en tout cas aux yeux d'un certain nombre des opposants.
01:49Donc il y avait aussi, si vous voulez, un discours de la méthode,
01:51mais un discours de la méthode qui s'inscrivait presque en creux
01:55comme une critique implicite de l'action de celui qu'il avait désigné Premier Ministre,
02:01façon d'une certaine manière de montrer sa différence avec le Président de la République,
02:05il est obligé de le faire de toute façon,
02:07notamment s'il veut conserver cette alliance avec les Républicains.
02:12Après, on voit bien que l'exercice, et il ne peut pas en être autrement, reste forcément contraint.
02:17Est-ce que vous le voyez condamné par une motion de censure à ce stade des opérations ?
02:21Arnaud Benedetti l'affrontera, sa première motion de censure, ce jeudi, déposée par les Insoumis et co-signée par quelques communistes notamment.
02:27Oui, et puis récemment les Verts vont s'y associer, le Parti Socialiste, on ne sait pas trop,
02:32il y a quand même une évolution du Parti Socialiste,
02:34ils étaient plus ouverts hier en début de journée qu'ils ne l'étaient en fin de journée,
02:39comme si la pression finalement de LFI avait, j'allais dire, refait surface
02:45et quelque part ramené peut-être vers une forme de radicalité du Parti Socialiste,
02:48on verra ça dans les heures qui viennent.
02:50De toute façon, il va affronter une motion de censure qui n'a aucune chance d'être adoptée,
02:54pour une raison très simple, puisque le Rassemblement National ne va pas s'associer à cette motion de censure.
02:59Le Rassemblement National adoptant la position qui avait déjà été la sienne d'une certaine façon
03:04lors du discours de Michel Barnier, de l'entrée en fonction de Michel Barnier.
03:10C'est un député macroniste qui dit ce matin dans les colonnes du Parisien,
03:14en résumé, François Bayrou hier a déçu tout le monde, mais il n'a fâché personne.
03:19Est-ce qu'il a réussi finalement ? Est-ce que c'était son objectif, pensez-vous, à François Bayrou ?
03:23Encore une fois, son objectif, vous savez, aujourd'hui compte tenu de la situation politique,
03:28de la situation parlementaire du pays, on a des objectifs qui ne peuvent être que très modestes
03:33et qui sont des objectifs, en fin de compte, de survie pour les gouvernements.
03:37C'est à peu près la situation dans laquelle nous nous retrouvons.
03:39C'est un mort-vivant politique comme le dit Michel Barnier.
03:41Il a réussi à déminer, en tout cas, un certain nombre de problèmes qui pouvaient se poser tout de suite à lui.
03:50Notamment le fait qu'il y ait une forme de solidarité organique entre tous les membres du Nouveau Front Populaire.
03:56Rappelons-nous quand même que lorsque Michel Barnier prend ses fonctions,
04:02la solidarité du Nouveau Front Populaire est pleine et entière.
04:05Là, il a quand même réussi à enfoncer un coin,
04:08un coin très ténu pour reprendre son expression concernant l'espoir qu'il souhaite susciter à la France.
04:14Mais il a réussi quand même à dégager les socialistes de l'étau dans lequel ils sont,
04:20même si cela reste encore très incertain.
04:23Alors, il a donné des gages un petit peu à tout le monde sur le plan régalien.
04:27Il a exprimé une fermeté assez surprenante sur la question de l'immigration,
04:32disant que finalement sa conviction profonde c'est que l'immigration, le problème était une question de proportion.
04:37Alors, certains ont noté qu'il s'exprime beaucoup plus librement
04:41sur la question de la submersion migratoire à Mayotte que lorsqu'il s'agit de la métropole.
04:45C'était des gages donnés à la droite, cela ou est-ce que ça exprime une conviction profonde de François Bayrou ?
04:51Pensez-vous, Arnaud Bédé-Déthy ?
04:53Bayrou est pragmatique.
04:55Il sait très bien aujourd'hui que l'opinion publique en France
04:58est favorable à une politique de plus grande fermeté en matière d'immigration.
05:03Et que s'il veut tenir son aile droite avec laquelle il a absolument besoin de travailler,
05:09il est obligé d'envoyer des signaux de ce côté-là.
05:11Du côté des LR, mais aussi du côté du RN, puisque le RN peut à tout moment lui aussi s'associer à une motion de censure.
05:18Donc, moi je ne l'ai pas trouvé, ce n'est pas le moment où il a été le plus convaincant, le dossier régalien.
05:23Quel a été ce moment ?
05:25Tout simplement, pour une raison qui est assez simple, c'est que la tonalité qui était la sienne,
05:30le registre sémantique qui était le sien,
05:32nécessitait vraisemblablement d'autres mots et une autre tonalité pour être convaincant sur le dossier régalien.
05:39Mais ce n'est pas son problème.
05:40Parce que sur le dossier régalien, de toute façon, il va déléguer cela à son ministre de l'Intérieur,
05:44qui au moins du point de vue de la communication politique, fait le job.
05:48Après, je pense que là où il a été le plus à l'aise et le plus convaincant, c'est lorsqu'il en appelle,
05:54mais Barnier avait fait un peu la même chose, à une forme de décrispation du débat politique.
05:59Le fait de ne pas faire en sorte que la conflictualité l'emporte tous les jours,
06:03et notamment lorsqu'il s'adresse à la France insoumise.
06:05Et encore une fois, là, il est dans les pas de Michel Barnier, avec un style un peu différent.
06:11Merci beaucoup, Arnaud Benedetti, d'être venu ce matin sur Europe 1
06:14nous faire ce débrief de la déclaration de politique générale de François Bayron.
06:18On va continuer dans un instant avec Olivier Babaud,
06:21d'en parler notamment sur la question de la réforme des retraites.