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Télématin reçoit le comédien Jacques Weber à l'occasion de son retour sur scène au Théâtre de la Renaissance pour la représentation de "L'injuste".

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Transcription
00:00Notre invité est à, j'ai compté, J-6 avant une nouvelle aventure théâtrale.
00:06Bonjour Jacques Weber.
00:07Je ne vous mets pas la pression, vous avez vu.
00:09Je ne vous mets pas la pression du tout, Jacques.
00:11Non, non, pas du tout, j'ai vu, tout va bien.
00:12Soyez bienvenu.
00:13On va saluer Benoît Lagalle également, qu'on va retrouver dans quelques minutes,
00:16qui s'est plongé dans vos faits d'armes.
00:18On y reviendra dans quelques instants.
00:19Cette aventure, Jacques Weber, ça s'appelle L'Injuste,
00:22au théâtre de la Renaissance, aux côtés d'Élodie Navarre.
00:26On va dire deux mots.
00:28Je démarre vous compléter, Jacques.
00:30Elle, Élodie Navarre, c'est une jeune journaliste israélienne
00:33qui, après moult tentatives, a obtenu une interview
00:37de votre personnage dans un bunker.
00:39Nous sommes en 1993.
00:41Qui est votre personnage, Jacques ?
00:43Ce personnage, d'abord, il faut préciser immédiatement qu'il a existé.
00:46Si vous voulez en savoir plus long sur lui,
00:48vous tapez Wikipédia, François Genoux,
00:50et là, vous tombez des nus puisque ce personnage est mort,
00:53c'est un bel mort dans un lit,
00:55lors même qu'il a été celui qui s'est occupé
00:58des droits de Mein Kampf,
01:00ensuite qui a édité Goering, Goebbels,
01:02ensuite qui a financé plus ou moins les attentats de Munich.
01:05C'était un banquier suisse.
01:07Et ensuite que l'on retrouve dans toute la construction
01:11de l'Algérie algérienne avec le FLN,
01:14ensuite avec les...
01:15Alors, après, il parle d'un autre côté,
01:16les Brigades Rouges, la Banda Banda.
01:18Bref, une sorte, en effet, de génie du mal.
01:21Et ce qui est totalement troublant et très très fort
01:25parce qu'on n'a pas ce...
01:27Comment dirais-je ?
01:28Cette chose qui nous écarte un peu de la réalité féroce
01:31des rois shakespearkins.
01:32C'est un type qui parlait encore il y a quelques années
01:36et au moment même où c'est vrai que ce fameux problème
01:40israélo-palestinien est là,
01:42boum, au plein milieu du monde
01:44et que c'est catastrophique, malheureux, désespérant,
01:47en même temps, aujourd'hui, au moment où on parle,
01:49il y a un petit espoir qui se relève
01:51et qui nous renvoie à la force de la pièce
01:54qui situe ce débat avec cet homme
01:57au moment où il y a les accords d'Oslo
01:59qui ont été les seuls moments
02:00où il y a eu une forme de paix envisageable
02:03entre ces deux peuples
02:05qui sont tout aussi respectables, bien sûr, l'un que l'autre.
02:08Est-ce que, Jacques, vous avez employé les mots
02:10de génie du mal pour décrire votre personnage ?
02:12On parle donc d'un banquier nazi
02:14qui est ouvertement antisémite.
02:15Est-ce que vous avez hésité, ne serait-ce qu'une seconde,
02:17avant d'endosser, d'accepter ce rôle ?
02:19Je vais vous dire toute la vérité rien qu'il y a de la vérité,
02:21je le jure.
02:22Tout dépend de qui vous propose de jouer Hitler
02:25ou de jouer le personnage le plus abominable du monde.
02:28Voilà.
02:29Il y a une éthique dans notre métier, Dieu merci,
02:33j'espère que vous en avez eu une, vous aussi, je crois.
02:36Mais vous savez, ce qui m'a fait le plus peur,
02:38c'est presque vous.
02:39Pourquoi ?
02:40C'est presque le rapport polémique
02:43évident qu'il peut y avoir sur cette pièce
02:46qui met en confrontation une Israélienne et un pro-nazi
02:51au moment même, et naturellement,
02:53qui lui dit comment ça marche,
02:55le nazisme et l'extrême gauche,
02:57comment vous mettez ça en accord ?
03:00Et au moment même où justement,
03:02nous sommes en plein dans l'horreur
03:04de la montée du Front National
03:06et de l'autre côté dans ce problème israélo-palestinien,
03:11c'est vrai qu'on a peur du discours polémique rapide
03:15auquel vous nous obligez parfois,
03:16on est obligé d'être rapide sur des sujets extrêmement complexes
03:19et sur lesquels nous n'avons pas forcément toute la compétence.
03:23Nous sommes un peu pulsionnels,
03:25plus que de traduire une opinion.
03:27Cet homme, vous, vous le connaissiez, Jacques Weber,
03:30avant de...
03:31Très honnêtement, pas du tout.
03:32Moi non plus.
03:33Quand on me dit François Genoux, je dis tiens, c'est un drôle de nom.
03:35François Genoux, vous ne connaissez pas du tout.
03:36Pas du tout.
03:37Et paf, on me dit, regarde Wikipédia.
03:39Je dis, ah bon ?
03:40Et là, je tombe sur un interview de trois quarts d'heure
03:43où un type vous balance.
03:45Non, écoutez, quoi, les camps de concentration ?
03:48Mais non, arrêtez vos incubations.
03:50C'est quoi ?
03:51C'est trois dents en or, quelques montres.
03:54Tout ça n'a pas existé.
03:55Vous êtes là, vous dites, mais c'est pas possible.
03:58C'est invraisemblable.
04:00Alors, ça fait froid dans le dos, mais n'oublions pas,
04:03et c'est ça qui est très important,
04:05c'est que le support inventé par l'auteur Alexandre Amiel
04:08est une espèce de thriller très intense,
04:10très public,
04:11qui permet d'ouvrir ce schéma polémique et complexe
04:16vers un grand grand public.
04:18Pourquoi est-ce utile de recevoir cette journaliste ?
04:21Que vient-elle chercher ?
04:22On ne répond pas.
04:23Vous allez le découvrir à partir de jeudi prochain.
04:25Ah, vous avez vu, hein ?
04:26Suspense, bravo !
04:27Au Théâtre de temps, le très beau théâtre de la Renaissance.
04:30On va jouer un peu, Jacques, s'il vous plaît.
04:32On vous soumet quelques photos
04:34qui font référence à des moments de votre vie
04:36et vous allez comprendre pourquoi.
04:38On va un peu loin.
04:39Regardez, une cour d'école, un collège,
04:41voilà, des petits gamins.
04:43Où vous trouvez des trucs comme ça ?
04:45On cherche, Jacques, on cherche.
04:46Question, vous, l'amoureux des mots,
04:48vous qui êtes un de nos plus grands comédiens,
04:50comment expliquer que vous étiez nul à l'école, Jacques ?
04:52Parce que je m'y emmerdais.
04:54C'est une bonne réponse.
04:56Non, mais parce que je crois qu'il faut faire...
04:58C'est très très très complexe,
05:00ce problème de l'éducation nationale.
05:02C'est vrai que le cadre de l'éducation nationale
05:04tel que je l'ai connu,
05:05c'est-à-dire déjà, ça remonte,
05:07n'était pas du tout approprié pour mon cas.
05:09Et en plus, je pense que l'esprit de compétition
05:11dans lequel on nous avait mis
05:13était absolument dégoûtant.
05:14Vous savez que je me suis retrouvé, moi,
05:16dans ce qu'on appelait les classes d'adaptation.
05:18Donc, c'était ni plus ni moins mettre tous les crétins ensemble.
05:20Donc voilà, vous avez devant vous
05:22un crétin rescapé.
05:24Et vous avez été viré plusieurs fois, je crois.
05:26Ah, moi, j'ai été viré, oui.
05:27Mais je connais pas mal de lycées parisiens.
05:29C'est bien, au moins.
05:30Et alors, ce qui est bien,
05:32c'est que j'ai connu ceux qui étaient uniquement pour les mecs
05:34et puis après, les lycéistes.
05:37Révolution.
05:38Vous vous en sortez très bien, en tout cas, Jacques Lébert.
05:40On va continuer à jouer ensemble.
05:42On va regarder un montage avec plusieurs personnes
05:44qu'on va voir.
05:46Robert Hossein, mais aussi Maria Callas.
05:48Ça vous inspire quoi ?
05:50Ça vous rappelle quoi ?
05:51Ça, c'est savoureux comme anecdote, Jacques.
05:53Alors, c'est magnifique.
05:55D'abord, Robert était un personnage absolument inimaginable.
05:58C'était un passionnariat incroyable
06:00qui pleurait à la moindre...
06:02Ça va être génial !
06:04Le spectacle va être génial, tu vas voir.
06:06Attends, je vais te montrer comment on fait le général.
06:08Tu vas voir.
06:10Je vais te l'appeler.
06:11Allô, ma Maria, chérie ?
06:13C'est Robert Hossein.
06:14Maria Callas !
06:18Il appelle Maria Callas devant vous, Jacques.
06:20Absolument.
06:22Tu y as un type qui est génial et tout.
06:24Crémé Châtiment, tu vas pleurer.
06:26Et c'est vous, le gars génial.
06:27Allô, oui, machin, t'as Maria Callas.
06:29Et moi, j'étais amoureux fou,
06:31enfin amoureux fou du chant,
06:34ma maman était en larmes,
06:36elle dit
06:38« Bon, Maria, attends, il est froid,
06:40moi, toi, je te la passe. »
06:42Et boum, je me retrouve.
06:44Donc, dix minutes au téléphone.
06:46C'était une femme, c'est ça qui est assez triste,
06:48d'ailleurs, qui s'ennuyait à la fin de sa vie.
06:50Elle était seule et solée à Venue Hoche.
06:52Non, elle était juste derrière le Trocadéro.
06:54Mais vous avez su quoi lui dire ou pas ?
06:56Vous avez su quoi lui dire ou vous vous êtes liquéfiés ?
06:58Elle m'a beaucoup parlé, elle.
07:00« Je nomme alors quand vous entrez en scène. »
07:02Et puis, elle m'a dit
07:04« Je vois le spectacle,
07:06et je vous ferai
07:08critique après. »
07:10Elle a fait critique après ?
07:12Elle a fait la critique après,
07:14et c'était magnifique
07:16de sévérité, mais également
07:18d'une générosité absolument extraordinaire.
07:20Elle était avenue George Mandel
07:22dans le 16ème, Maria Callas.
07:24Une autre rencontre apparemment extraordinaire,
07:26on imagine, Grace Kelly, Grace de Monaco.
07:28Grace de Monaco.
07:30Toujours grâce à Robert, Robert Hossein.
07:36Ma maman, elle était dingue
07:38de Maria Callas. C'était une époque
07:40où on était dingue avec
07:42point de vue image le monde.
07:44Grace Kelly, c'était vraiment
07:46une espèce de mythe absolu.
07:48Et encore, à cause de Robert,
07:50on m'a dit « Viens avec la princesse Grace. »
07:52Elle me dit « Ben, va la chercher toi-même. »
07:54Et donc, je sors de la porte
07:56avenue Hoche, toujours pareil,
07:58grande avenue, je ne sais pas pourquoi.
08:00Et comme un con, j'étais tellement attiré,
08:02je dis « Bonjour » parce qu'il y a un mec
08:04en livret qui m'ouvre la porte. « Monsieur ? »
08:06Et je dis « Bonjour monsieur,
08:08est-ce que je dois voir Madame Grace ? »
08:10Madame Grace !
08:12Et il y a un mec qui me dit
08:14« Son artèste serait lissé. »
08:16Et après, ce qui a été magnifique,
08:18c'est que Hossein,
08:20ce voyou merveilleux que j'adore,
08:22a fait exprès de nous laisser seuls,
08:24nous planter pendant trois quarts d'heure, une heure,
08:26au restaurant.
08:28Et là, on a pu parler et elle me dit,
08:30avec le charme que cette femme avait,
08:32mais sans très peu de maquillage,
08:34pas de l'élégance pure.
08:36Elle me dit « Vous savez,
08:38quand j'ai fait le même métier que vous,
08:40ben oui, oui. »
08:42Et là, il y a une espèce
08:44de moment absolument unique
08:46que j'ai eu l'impression
08:48d'être avec une princesse.
08:50Et là, ce qui fait plaisir, c'est que, regardez votre visage...
08:52Qui s'éclaire !
08:54Qui s'éclaire dans ses souvenirs.
08:56Cher Jacques, vous restez avec nous dans quelques instants,
08:58des surprises avec Benoît Lagann.
09:00On part en pause avec Johnny Hallyday.
09:02C'est formidable ce matin.
09:04Vous êtes à six jours de votre première,
09:06plein de cadeaux pour vous ce matin.
09:08J'écoute Johnny juste avant de jouer.
09:10Toujours, j'écoute Hallyday.
09:12Magnifique.
09:14C'est presque ça, c'est l'envie.

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