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Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a particulièrement ciblé l'Office français de la biodiversité, qualifiant d'"humiliation" et de "faute" certaines inspections de ses agents dans les exploitations agricoles.

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Transcription
00:00Les agriculteurs, les paysans, le monde dont je viens, avaient jusque il y a peu la certitude d'être les meilleurs connaisseurs et les meilleurs défenseurs de la nature.
00:11Aujourd'hui, on les accuse de nuire à la nature. Et c'est une blessure profonde.
00:17Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter les fossés ou les points d'eau avec une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise,
00:28c'est une humiliation. Et c'est donc une faute.
00:34– Bonsoir Sylvie Gustav-Diduflo, merci d'être avec nous.
00:36Vous êtes la présidente du Conseil d'administration de l'Office français de la biodiversité.
00:41Mardi, devant votre télévision, vous entendez le Premier ministre tenir ses propos, comment réagissez-vous ?
00:48– Bonsoir à vous et bonsoir à vos téléspectateurs.
00:52Écoutez, j'ai fait une interview ce matin pour dire que nous, au niveau de l'Office français de la biodiversité, au niveau de nos agents, nous avons mal.
01:02Nous avons mal lorsque le Premier ministre évoque cet acte d'humiliation et cette faute lorsque la police de l'environnement exerce des contrôles agricoles.
01:16Nous avons mal et ça fait un an et demi que cette pression va crescendo et que nos agents sont soumis à pression.
01:23– Vous demandez des excuses publiques à François Bayrou ?
01:28– Non, en tant que présidente du Conseil d'administration, je ne demande pas d'excuses publiques au Premier ministre.
01:34Je lui demande de nous appuyer, de nous soutenir dans nos missions.
01:40L'Office français de la biodiversité…
01:41– Vos agents demandent des excuses publiques au Premier ministre, vous les comprenez ?
01:46– L'intersyndicale demande des excuses et je veux dire, c'est leur objectif.
01:57Mais moi, en tant que présidente du Conseil d'administration, je suis extrêmement pragmatique, lucide, réaliste.
02:02Et ce que je souhaite, c'est le soutien à l'Office français de la biodiversité et que nos missions soient appuyées.
02:09Lorsque nous exerçons des contrôles, et je le rappelle,
02:12seuls 7,5% des missions annuelles de la police de l'environnement concernent les exploitations agricoles.
02:19Je le dis et je le redis, la probabilité pour qu'une exploitation agricole se fasse contrôler est de une fois tous les 120 ans.
02:27Il y a eu une inspection interministérielle qui a montré qu'il n'y a pas de surcontrôle des exploitations agricoles.
02:35Je rappelle à la population que la police de l'environnement, c'est 1 700 inspecteurs de l'environnement
02:42déployés à la fois sur le territoire hexagonal et les territoires ultramarins.
02:47Nous sommes bien loin des 90 000 forces de l'ordre de police et de gendarmerie.
02:53– Vous faites de la pédagogie là, en quelque sorte, en ce moment même.
02:57Et vous avez raison, d'une certaine manière, parce que l'Office français de la biodiversité,
03:00très méconnu, tout à fait méconnu du grand public.
03:02Mais sur un élément en particulier qui revient régulièrement dans l'actualité,
03:06à savoir que vos agents sont armés.
03:09Est-ce que vous pouvez nous expliquer si c'est vrai et dans quelle mesure et pourquoi ?
03:16– Les agents sont armés parce que c'est une police et c'est une police véritable.
03:22Nos agents ont des jours de formation annuelles tout au long de leur mission.
03:30Nos agents de la police de l'environnement sont armés parce que, comme je l'ai dit,
03:35le contrôle des exploitations agricoles, ce n'est que 7,5% de leur activité annuelle.
03:41Donc tout le reste, nous allons sur des missions de braconnage,
03:45nous allons sur du trafic illégal, que ce soit national ou international,
03:50sur des animaux classés CITES.
03:53Et donc la vie de nos agents sont menacés lorsqu'ils mènent ces missions-là.
03:57Et c'est une nécessité pour qu'ils soient armés et qu'ils défendent leur vie,
04:01surtout que nous avons affaire à des individus sans foi ni loi.
04:04– Mais quand vos agents arrivent sur une exploitation agricole,
04:06ce qui est rare, vous le dites, et les chiffres l'attestent,
04:10est-ce qu'ils ne pourraient pas arriver sans être armés ?
04:12Le message est très mal perçu, vous le savez.
04:15– Oui, mais lorsque nos agents exercent ces contrôles-là, nous ne savons jamais,
04:20puisque nous sommes dans le cadre de contrôle, comment les choses peuvent se passer.
04:25Alors nous avons travaillé avec nos ministères de titel,
04:28le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Environnement
04:32pour un port d'armes plus discret,
04:34puisque les agriculteurs disent ne pas se sentir à l'aise.
04:38Nous travaillons avec les chambres d'agriculture et les organisations syndicales.
04:42Depuis 2023, le dialogue n'a jamais été rompu,
04:46c'est plus d'une centaine de séances de travail
04:49pour aller sur de la formation, de la prévention,
04:53et que finalement les sanctions ne viennent comme un objet ultime.
04:58Et je rappelle aussi une chose,
04:59l'Office français de la biodiversité ne prend pas de sanctions.
05:03La police, elle mène des enquêtes, elle fait l'investigation, fait des rapports,
05:07mais c'est le préfet, lors d'une procédure administrative,
05:11ou le procureur de la République,
05:13lors d'une procédure judiciaire, qui prend des sanctions.
05:16Donc nous ne sommes que le bras opérationnel de ces procédures.

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