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00:00Europe 1, matin, week-end. 6h-9h, Lénaïque Monnier.
00:06Europe 1, 8h13, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1, matin, week-end.
00:10Et après la décision du PS de ne pas censurer le gouvernement Bayrou,
00:13Lénaïque Monnier, vous recevez le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Caner.
00:17Oui, est-ce qu'il y a de la friture sur la ligne ? Est-ce qu'on est vers la fin du NFP ?
00:21Même si, on le rappelle, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste,
00:25a maintenu que son parti restait dans l'opposition.
00:27On ne peut pas dire que ça n'est vraiment plus à Jean-Luc Mélenchon.
00:29Bonjour, Patrick Caner.
00:30Bonjour, madame Monnier.
00:32Vous présidez le groupe socialiste au Sénat.
00:34Première chose, sur quel levier et à quel moment vous avez décidé, au Parti Socialiste,
00:39de ne pas censurer le gouvernement Bayrou ?
00:42Sur la base des négociations et de leurs résultats.
00:45Vous savez, quand on arrive à préserver la hauteur des pensions
00:50pour nos retraités 17 millions de Français,
00:54quand on arrive à supprimer la suppression des 4 000 postes dans l'éducation nationale,
01:00ou quand encore on augmente fortement les crédits de la santé,
01:04pas suffisamment, diront certains, mais c'est quand même 18 000 postes
01:07qui sont ainsi créés ou maintenus,
01:10ou encore quand on supprime les trois jours de carrosse
01:12qui avaient été imaginés par M. Barnier,
01:14et je pourrais vous faire une liste encore bien plus longue,
01:16j'estime qu'à un moment donné, on a sous-pesé ces résultats,
01:20on a estimé qu'il y avait un rapport de force qui a été utile pour les Français,
01:25parce que nous sommes effectivement dans l'opposition,
01:27nous ne sommes ni des partenaires, ni des alliés du gouvernement,
01:31mais nous agissons pour les Français, nous voulons être utiles,
01:34et une opposition utile, c'est mieux qu'une opposition infertile.
01:37Voilà, c'est comme ça qu'on peut résumer les choses.
01:39Alors, qu'est-ce que c'est qu'une opposition utile, justement ?
01:42Une opposition utile, c'est une opposition qui considère
01:45qu'elle doit être exigeante vis-à-vis d'un gouvernement,
01:47qui ne souhaite pas le chaos et rajouter du chaos au chaos dans le pays,
01:51il faut un budget pour ce pays, et nous allons nous battre,
01:55déjà nous le faisons au Sénat depuis maintenant 48 heures,
01:58puisque le budget a repris au Sénat,
02:00il y aura aussi des débats à l'Assemblée Nationale avec nos collègues députés,
02:04donc la première force parlementaire à gauche,
02:07puisque députés et sénateurs socialistes, c'est 130 parlementaires,
02:11nous agissons pour faire bouger les lignes, en fait.
02:14Alors après, on peut toujours rester spectateur,
02:17on peut estimer qu'on est dans l'opposition par principe,
02:20on censure par principe, c'est une position que je respecte,
02:23mais qui n'est pas la nôtre, très concrètement,
02:26et donc moi, encore une fois, c'est une décision d'une gauche sérieuse,
02:32d'une opposition sérieuse, qui est en responsabilité,
02:36et qui, par cette responsabilité, prend une crédibilité
02:39qui lui permettra, je l'espère un jour, de revenir au pouvoir.
02:41Alors Patrick Caner, est-ce que ça veut dire qu'Olivier Faure a franchi,
02:44si l'on peut le dire ainsi, le parti socialiste de LFI ?
02:48On n'est pas dans une question de soumission,
02:51je sais que peut-être Jean-Luc Mélenchon, y compris par ses tweets,
02:55ses posts incendiaires, ses déclarations incendiaires,
02:59pour ne pas dire insultantes,
03:01souvent lui ou ses proches considèrent que les socialistes doivent être,
03:06voilà, devant lui à genoux et attendre la bonne parole de sa part.
03:10Non, ça a pu être à un moment donné le cas, peut-être, en tout cas c'est terminé.
03:15C'est terminé, M. Mélenchon doit rester à sa place,
03:17c'est-à-dire qu'il est l'un des membres de cette alliance électorale et politique
03:21qui est le Nouveau Front Populaire,
03:23mais en aucun cas, il ne peut nous donner des consignes.
03:25Alors je sais que c'est dur pour lui, manifestement,
03:28mais il faut qu'il s'y habitue, c'est comme cela, donc,
03:31et nous, nous le respectons, nous lui demandons simplement de nous respecter.
03:35Si nous faisons des choix différents,
03:37eh bien, ce n'est pas pour autant que nous serions devenus, entre guillemets,
03:40des alliés du gouvernement que nous continuons à combattre.
03:43Alors, est-ce que ça veut dire, néanmoins, malgré ce que vous nous dites ce matin, Patrick Cannaire,
03:46que le NFP, là, c'est terminé ?
03:48Ou est-ce que c'est une petite brouille temporaire ?
03:51Oh, il y a une turbulence !
03:52Mais, regardons bien les choses.
03:54Vous voyez, quand M. Mélenchon, le soir du second tour des élections législatives,
03:59le 7 juillet dit, le programme, tout le programme, rien que le programme,
04:03et quand vous lisez bien les choses aujourd'hui,
04:05c'est plutôt Mélenchon, tout Mélenchon, rien que Mélenchon.
04:08Et j'ai une preuve concrète d'une provocation absolue de la part de la France Insoumise
04:13qui a envoyé aux 35 000 maires de France,
04:1635 000 maires de France,
04:18une lettre pour demander leur soutien
04:20dans le cadre d'une future élection présidentielle
04:24en cas de destitution du Président de la République.
04:26C'est ça le chaos.
04:27C'est ça le chaos.
04:28Et nous, nous ne serons jamais complices
04:30de ce type de manipulation, d'instrumentalisation,
04:34qui, je crois, n'est pas à la hauteur des enjeux
04:36de cette gauche de responsabilité que nous voulons incarner.
04:38Alors que vous voulez incarner, que vous souhaitez incarner,
04:40peut-être à la prochaine présidentielle,
04:42même si on se projette un petit peu.
04:43Auparavant, Patrick Cannaire, il y aura des municipales, justement,
04:47et Jean-Luc Mélenchon, là, il menace clairement le Parti Socialiste,
04:49il veut vous mettre des bâtons dans les roues
04:51en présentant lui-même des candidats.
04:52Donc l'accord, il est un peu... il est scindé, maintenant.
04:55Oui, des candidats aux municipales,
04:57des candidats aux législatives,
04:58s'il y avait une dissolution en juillet prochain.
05:03Si M. Mélenchon et ses proches
05:05considèrent que cet accord à gauche
05:09n'est qu'un accord qui doit aboutir sur des menaces,
05:12sur de la nuisance,
05:13c'est sûr qu'on va avoir une difficulté.
05:15Parce que l'union,
05:17ce n'est pas mettre à genoux
05:19celui qui compose l'union avec vous.
05:22C'est au contraire essayer de se renforcer mutuellement.
05:25Ça montre que nous avons une vraie différence d'appréciation.
05:28Mais vous savez, bon, M. Mélenchon
05:30et les filles, c'est un parti important,
05:33un mouvement important.
05:34C'est même pas un parti,
05:35c'est un mouvement qui n'a pas d'organisation démocratique au passage.
05:39Mais nous sommes un grand parti politique.
05:41Mais qui trouve un écho lors de la présidentielle, par exemple.
05:43Ce qui n'était pas le cas du Parti Socialiste.
05:45Ah ben évidemment, vous savez.
05:46Mais je crois même que M. Mélenchon pense que
05:48la boussole de la gauche et l'horloge biologique de la gauche
05:51s'est arrêtée avec lui
05:52le soir du premier tour des élections en 2022.
05:55Et que donc avant lui, il n'y a rien, après lui, il n'y a rien.
05:58Ben si, avant lui, il y a eu une grande formation politique
06:00à laquelle d'ailleurs il appartenait le PS
06:03qui a amené la gauche au pouvoir 4 fois dans la Ve République.
06:06Nous avons de grandes collectivités
06:08régionales, départementales, communales, qu'il n'a pas.
06:12Et donc il essaie vraiment de conforter son mouvement.
06:15Ce qui est tout à fait logique.
06:16Mais ça ne peut pas être au détriment de ses partenaires politiques.
06:20Sinon, effectivement, nous serons là dans une difficulté majeure.
06:24Mais l'histoire nous le dira.
06:26En tout cas, nous, nous poursuivons notre chemin.
06:28Nous avons une ligne politique.
06:30Celle d'une opposition constructive
06:32et qui doit rester, encore une fois, utile pour le pays et nos concitoyens.
06:36C'est tout l'enjeu des négociations que nous avons menées
06:39et qui se sont traduites par cet accord.
06:41Cet accord de non-censure.
06:43C'est un accord de non-censure ponctuel.
06:45Si le budget est mauvais, nous pouvons toujours déclencher la censure.
06:48Et si la négociation sur les retraites
06:50n'est pas celle que nous souhaitons en termes de résultats,
06:52c'est-à-dire une évolution profonde de la loi Borne
06:55pour ne pas dire une abrogation,
06:57c'est vrai que nous aurons toujours l'arme de la censure.
06:59Que le gouvernement ne pense pas que,
07:01parce que nous avons été constructifs
07:04sur la déclaration de politique générale de M. Bérou,
07:07nous ayons plus envie, en tant que besoin,
07:11pour la France de censurer le pays.
07:13Mais ce n'est pas notre objectif premier,
07:15à la différence, effectivement, manifestement, de M. Mélenchon.
07:17Et quand on est dans l'opposition, on s'en pose, comme dirait l'autre.
07:20Merci beaucoup, Patrick Cannaire, d'être intervenu sur l'antenne d'Europe 1
07:23pour nous parler de cette non-censure.
07:25Non-censure, donc, du gouvernement par le Parti Socialiste.
07:27Merci d'avoir choisi Europe 1, matin, week-end, jusqu'à 9h,
07:30avec Lénaïque Monnier, il est 8h21.