Dans le grand entretien nous recevons le navigateur et vainqueur de la 10e édition du Vendée globe, meilleur temps de l’histoire de la compétition, Charlie Dalin, Yoann Richomme, navigateur, skipper du bateau “Paprec Arkéa”, arrivé deuxième et Violette Dorange, navigatrice toujours en course.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Le grand entretien d'Inter avec Marion Lourdes, nous avons le bonheur d'accueillir deux invités,
00:06deux invités exceptionnels, on les a suivis ces, j'allais dire, derniers mois, derniers
00:11jours, les deux premiers du Vendée Globe Challenge, ils ont mené un duel absolument
00:18historique et mythique avec une arrivée spectaculaire mardi au Sable d'Olonne, Charlie Dalin et
00:24Johan Richaume, bonjour, et bienvenue, merci infiniment d'être avec nous, les auditeurs
00:30d'Inter peuvent vous questionner, vous interroger, Dieu sait qu'on a des questions à vous poser
00:36au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France, c'est extraordinaire de vous voir
00:43en chair et en os et de vous avoir imaginé pendant tous ces jours où finalement on n'avait
00:49que des petits aperçus de vos visages de temps en temps, une image grâce à un drone
00:54quand il ne faisait pas trop mauvais et qu'on vous a suivis, c'est quelque chose d'assez
01:00frappant, vous avez l'air reposé tous les deux et quasiment serein.
01:03Non, c'est qu'une façade, la fatigue est clairement présente.
01:07Félicitations en tout cas à tous les deux et dans quelques minutes nous serons avec
01:12la navigatrice, la Benjamine de la compétition Violette d'Orange et vous l'interrogerez
01:17justement et lui donnerez peut-être quelques conseils, on lui demandera en tout cas où
01:21elle en est elle dans sa course, c'est bon, vous êtes revenus sur terre, les choses
01:26ont repris leur cours ou pas encore ? Charlie Dalin, Yoann Richaume.
01:30Moi je continue à planer sur mon petit nuage suite à cette victoire, je continue à savourer
01:35chaque minute.
01:36Yoann ?
01:37On plane un peu, on enchaîne entre nos soirées respectives pour fêter ça quand même, l'arrivée
01:43de Sébastien Simon troisième hier matin, puis venir ici faire une petite tournée média
01:47à Paris.
01:48Tant qu'on n'est pas chez nous, on ne redescendra pas.
01:50Vous avez conscience d'avoir mené, alors c'était un duel historique, mais vous n'êtes
01:55plus en compétition aujourd'hui, comment est-ce que vous vous regardez l'un l'autre ?
01:58Yoann, est-ce que vous avez félicité Charlie ou est-ce que pendant 64 ou 65 jours vous
02:05le maudissiez en lui disant non non mais je vais finir par te rattraper et te passer devant ?
02:09Un peu de tout, sur l'eau forcément c'est un concurrent comme un autre, mais après
02:16j'étais content, on se connait depuis tellement longtemps, j'ai aussi un petit peu en tête
02:21l'histoire de Charlie il y a quatre ans où les bonifications lui avaient enlevé la victoire
02:26parce que je pense quand même qu'il l'avait gagné sur l'eau, il l'avait clairement
02:29gagné sur l'eau mais il le méritait surtout et donc là c'est un peu un juste retour
02:34de l'histoire pour lui et donc je suis heureux pour lui.
02:36Et Charlie, il y a de l'amitié malgré la compétition, qu'a fait rage entre vous ?
02:40Oui, effectivement comme le disait Yoann à l'instant sur l'eau, Yoann c'est un concurrent
02:45comme un autre mais c'est vrai qu'on se connait depuis 20 ans avec Yoann, j'ai un
02:51profond respect pour lui, on a été collègues d'écurie chez Skipper Massif, on a fêté
02:55des nouvelles ensemble, on était colocataires à l'époque du Super-Eau, on se connait
03:00quand même très bien.
03:01Ce qui est assez incroyable, et pour tous les deux d'ailleurs, c'est que vous avez
03:04battu le précédent record, celui d'Armel Le Cleac'h, entre 9 et 10 jours chacun.
03:11Comment c'est possible ça Charlie Dalin, 10 jours, 9 jours et demi ?
03:15Il y a plusieurs raisons.
03:16Il y a un, les vitesses des bateaux ont progressé, leur fiabilité.
03:21Grâce aux foils qui volent en fait.
03:23Oui qui volent, même si Armel avait déjà des foils en 2016, mais ils étaient beaucoup
03:27plus petits, beaucoup moins puissants.
03:28Maintenant les bateaux ont beaucoup progressé à ce niveau là.
03:31On a appris, les skippers à manier, à dompter ces bateaux, parce que ce n'est pas simple
03:37à gérer.
03:38Ça vous a pris du temps vous Charlie ?
03:39Apprendre à gérer ce bateau, ça fait 6 ans que je suis sur le circuit, et je continue
03:44à apprendre, je continue à comprendre, c'est des monstres de puissance qui sont
03:49capables d'aller, on navigue presque tout le temps plus vite que la vitesse du vent.
03:52Quand il y a 20 km heure de vent, on est souvent à 40 km heure.
03:54C'est assez compliqué à s'imaginer, mais c'est la réalité des choses.
03:59Et aussi on a eu une très bonne météo, à partir de l'équateur, on a passé seulement
04:0423 jours à faire Cap de Bonne Espérance, Cap Horn, et aussi il y a eu ce duel dont
04:11on parle depuis tout à l'heure, qui nous a stimulés, qui nous a forcés à donner
04:14le meilleur de nous-mêmes.
04:15Yohann Richam, ce qui est amusant, c'est que Jean Le Cam, qui est vraiment le doyen
04:18de la course pour le coup, il s'est exclamé quand il a entendu l'arrivée de Charlie,
04:22mais sans doute la vôtre aussi, puisque vous êtes encore une fois à presque 9 jours
04:25en dessous du record précédent.
04:26Il y en a pour 20 ans au moins pour battre ce record, à moins qu'on mette des réacteurs
04:31sur les IMOCA, donc sur votre type de bateau.
04:33C'est vrai ? Vous le pensez aussi ? Où Sky est de limite, on peut aller encore plus
04:38loin que ça ?
04:39On est dans un domaine qui progresse en permanence, on a des prototypes entre les mains, chaque
04:43génération est meilleure que la génération précédente.
04:45Vous croyez qu'on peut faire encore moins ?
04:46Ah, on fera encore moins, il n'y a aucun doute.
04:48Et pas dans 20 ans ?
04:49Alors ça, je ne sais pas, parce que le scénario météo est quand même assez propice, et
04:53avant de le répéter, ce n'est pas évident, je crois que pour nous deux, on a eu une
04:57seule tempête de tout le tour du monde, c'est juste improbable.
05:00Moi je fais 18 nœuds de moyenne, Charlie il est allé un peu moins vite au tour du
05:04monde, en moyenne, il a un peu moins de distance aussi, mais c'est des bateaux absolument
05:10exceptionnels.
05:11Moi je découvrais, j'avais un peu de retard sur Charlie là-dessus, c'est des machines
05:16de guerre.
05:17En fait, c'est des bateaux qu'on est capables, nous, d'auto-détruire quasiment.
05:19D'auto-détruire ?
05:20Bah ouais, parce qu'en fait, il y a tellement de puissance qu'on est capable de les casser.
05:23En allant trop vite ?
05:24Ouais.
05:25D'ailleurs, c'est vous qui avez fait une fissure dans votre bateau ?
05:26Comme si on allait trop vite avec une voiture ?
05:27Exactement, ouais.
05:28Il y a eu ce tronçon, effectivement, Yohann me talonne à ce moment-là dans le Pacifique,
05:33et en fait je fais 24 heures, ou je fais presque 1200 kilomètres en 24 heures, et en fait
05:37je sens que je vais trop loin, je sens que ça va trop loin, je sens que je fais mal
05:40au bateau, et résultat des courses, deux jours après, je découvre une fissure d'1m50
05:43dans la coque.
05:44Une anecdote, j'envoie un message à mon équipe et je dis moi, j'arrête, je choque, parce
05:48que là, on va tout péter.
05:49Je choque, c'est-à-dire, je lâche la voile pour aller un peu moins vite ?
05:51Je vais un peu moins vite, je lève le pied, parce que je sens qu'on va détruire les bateaux.
05:56On va rejoindre dans un instant Violette Dorange qui est avec nous en duplex, mais vous avez
06:01vraiment frôlé la limite l'un et l'autre, Charlie Dalin, c'est le moment justement
06:05dans le Pacifique où vous avez eu peur ?
06:08Bah, à ce moment-là, j'ai eu peur de casser le bateau, et je sentais que j'allais trop
06:11loin, mais j'avais pas envie de lâcher, j'avais pas envie de lâcher.
06:13Mais on a peur pour le bateau, on a peur pour soi, c'est assez curieux, parce que vous parlez
06:16de la machine, mais vous ne parlez pas de votre propre sécurité.
06:19Ouais, si, là, le moment où j'ai un petit peu eu peur, c'est dans cette grosse tempête,
06:24ce monstre météorologique du Pacifique, où là, en fait, je sais que je suis un peu
06:27sur le fil du rasoir.
06:28Si j'ai le moindre problème technique, je vais me faire littéralement avaler par plus
06:32de 100 km heure de vent, des vagues de plus de 10 mètres.
06:34Voilà, là, on se dit qu'il faut que tout se passe bien.
06:37Yoann Richaume, c'est votre premier Vendée Globe, et vous aussi, vous avez eu un moment
06:40peur, peur véritablement.
06:42Vous disiez que vous avez dû ralentir, mais vous avez craint pour votre vie ou votre sécurité ?
06:47Dans ce passage, effectivement, moi, j'ai choisi une option différente, donc j'ai perdu
06:51énormément de sens.
06:52Décrivez-le, d'ailleurs, ce passage, parce qu'on a du mal à le visualiser.
06:54En fait, il faut savoir qu'on est rattrapé par l'arrière, les dépressions, donc les
06:57tempêtes arrivent de l'arrière, et là, on la voit grossir, grossir sur les fichiers
07:01météo.
07:02Effectivement, en son cœur, je pense qu'on annonce 70, 80 nœuds, donc presque 150 km
07:07heure de vent, en réalité.
07:08Vagues de 10, 11, 12 mètres, alors que ça veut dire qu'il y a des différentes qui
07:12peuvent être encore plus grosses que ça, là, là-dedans, on ne sait pas gérer les
07:15bateaux.
07:16Là, notre vie, elle est en jeu, si on met nos bateaux là-dedans.
07:20Effectivement, Charlie et Sébastien Simon, ils se faufilent en dessous, ils s'en sortent
07:24super bien.
07:25Et vous ?
07:26Moi, je n'ai pas pris la même décision, je ne l'ai pas senti, ce coup-là, et donc
07:29je bifurque au nord.
07:30En réalité, je passe des journées plus difficiles qu'eux, je pense, mais par contre, j'ai
07:35des échappatoires en cas de problème, ce qu'eux n'avaient pas.
07:38Et puis, ça ne vous a pas empêché, malgré tout, de finir deuxième.
07:42On est donc en duplex avec Violette d'Orange.
07:45Bonjour.
07:48Bonjour.
07:49Vous êtes toujours en pleine mer.
07:51Où êtes-vous exactement, Violette d'Orange ?
07:53Vous êtes la benjamine de la compétition.
07:58Alors, je suis au large du Brésil, je suis en dessous de Cabo Frio, pas loin de Rio
08:04de Janeiro, et en tout cas, je voulais dire un grand bravo à Charly et Yoann, parce que
08:14c'était quand même impressionnant de mon point de vue, en tout cas, ça fait rêver.
08:20Bravo à vous deux pour votre course, c'était incroyable.
08:23Merci, Violette.
08:24Merci.
08:25C'est Charly qui vous remercie, Yoann également.
08:27Charly, qu'est-ce que vous avez envie de dire à Violette ?
08:30J'ai pas regardé la météo, Violette, comment est-ce qu'il s'annonce le front froid semi-permanent ?
08:34Comment est-ce que ça va aller ? Tu l'as passé déjà, ou comment ça s'est passé ?
08:40Je ne l'ai pas encore passé, cette nuit, je suis dans les orages, pas très loin de la côte,
08:48et je vais m'éloigner petit à petit de la côte brésilienne, donc là, je suis dans
08:52des conditions au près, dans du vent assez fort, et ensuite, je vais avoir le front froid
08:57semi-permanent dans deux, trois jours, et pour l'instant, il a l'air d'être pas trop gênant.
09:04Il faut expliquer, le près, c'est que le bateau est complètement penché.
09:07Oui, c'est une zone difficile que Charly va être à franchir.
09:10Nous, ça a été assez compliqué, ce tronçon, avec des fichiers météo qui sont absolument
09:14inutilisables, des gros orages, à un moment où on est obligé de naviguer à l'ancienne,
09:19avec le faire appel au sens marin, à essayer d'imaginer ce qui se passe au-dessus de nos têtes.
09:24Ça a été un moment assez difficile sur ce tour du monde que ça prête à franchir, Violette.
09:29Qu'est-ce que vous lui dites à Violette, Yoann Richaume ?
09:32Que je la kiffe, moi, je suis super impressionné.
09:34Franchement, on le sait, on la côtoie depuis quelques années maintenant, parce qu'elle
09:40nous avait rejoints sur le circuit Figaro, on a pu suivre sa progression, et quand on
09:44connaît son âge, c'est impressionnant.
09:46On s'entraîne, on est au Pôle France de Port-la-Forêt avec Violette, donc on la côtoie
09:50tout le long de l'année.
09:51Moi, j'avais juste une question pour Violette, il y avait six femmes au départ de la course
09:55sur 40.
09:56Là, on a deux hommes qui arrivent en tête, à quand une femme en tête du Vendée Globe ?
10:02Ben oui, je n'ai pas de réponse, honnêtement, mais c'est vrai que j'espère franchement
10:10qu'un jour, on pourra dans quelques années atteindre ce niveau-là, c'est vrai que je
10:16pense que c'est faisable, c'est un sport qui ouvre la possibilité, c'est vraiment
10:22un sport mixte, où les femmes ont autant leur chance qu'un homme, donc pourquoi pas,
10:27un jour, j'espère.
10:28Évidemment, il y a là pour le coup tous nos encouragements et on vous suit, Violette Dorange,
10:34restez avec nous si ce n'est pas trop compliqué en l'occurrence de nous parler en même temps
10:38que vous pilotez votre bateau, parce qu'on est en ligne avec Robinson, Robinson qui a
10:44dix ans et qui nous appelle, bonjour !
10:46Bonjour !
10:47Bonjour Robinson, tu avais des questions pour nos invités, pour Charlie Dalin, pour Johan
10:53Richaume, pour Violette Dorange ?
10:55Oui, j'avais une question, est-ce qu'il y a eu des imprévus dans votre Vendée Globe,
11:02parce qu'on dirait que ça s'est quand même très bien passé ?
11:05Oui !
11:06C'est une excellente question, parce qu'à vous écouter l'un et l'autre, on a le sentiment
11:11finalement que vous étiez en maîtrise du début jusqu'à la fin, Charlie Dalin !
11:14Bien sûr qu'il y a des imprévus, c'est vrai que le public nous le reproche souvent,
11:19mais en fait on cache un peu nos soucis techniques, on n'a pas envie de dévoiler notre jeu de
11:23cartes, on a pas envie de dévoiler nos faiblesses aux adversaires, donc voilà, on parlait de
11:27cette fissure dans la coque tout à l'heure, j'ai dû monter aussi au mât, une montée
11:31au mât où je voulais absolument pas ralentir pour pas laisser un mille, un kilomètre à
11:37Johan, donc je me suis fait quand même beaucoup secouer là-haut, j'ai regretté d'ailleurs
11:40une fois que je suis arrivé à l'eau, mais t'es vraiment idiot, t'aurais dû ralentir
11:45pour faire cette réparation, voilà, il y a bien sûr des imprévus, mais il faut pas
11:51se faire déçabiliser par ça !
11:52Johan Richaume, pour répondre à Robinson ?
11:54Déjà, je trouve qu'il parle très bien !
11:56Bravo Robinson !
11:58Écoute, moi, nous on hallucine dans notre équipe, puisque le bateau il revient dans
12:03un état incroyable, ils ont cherché…
12:05Incroyable, c'est-à-dire parfait ?
12:07Parfait, il est prêt à repartir, on n'en revient pas, c'est dingue, j'ai très très
12:11peu de casse, c'est même extrêmement minime, je pense que j'ai bricolé moins de 10 heures
12:17sur un tour du monde de 65 jours, et mon seul événement c'est une voile qui est tombée
12:21à l'eau avec une pièce qui a cassé, voilà, donc ça c'était globalement mon imprévu.
12:25Robinson, tu es toujours avec nous, au bout du fil ?
12:27Oui.
12:28Est-ce que tu as une question à poser à Violette d'Orange, qui elle, est toujours en mer ?
12:32Euh…
12:34Elle aussi, est-ce qu'elle a vécu des imprévus ?
12:36Quand est-ce que t'arrives ?
12:38Quand est-ce que t'arrives ? C'est une excellente question !
12:40C'est vrai ça !
12:42C'est vrai ça !
12:44Robinson ?
12:46Oui ?
12:48Et bien, Violette d'Orange va te répondre !
12:50Quand est-ce que t'arrives, Violette ?
12:52Coucou !
12:54Ah, elle a l'air accrochée !
12:56C'est dommage, on vient de la perdre !
12:58On va la rappeler, ça fait partie des imprévus du Vendée Globe !
13:00C'est bon, elle est là, attends !
13:02Non, non, elle est là, bah écoutez, Violette !
13:04Je vous entends !
13:06Je pense arriver dans à peu près 3 semaines, voilà, je ne suis pas encore prête ici, je suis un petit peu loin !
13:13C'est quelque chose qui se fait assez vite, on a le sentiment que les bateaux, l'un et l'autre, vous allez nous le dire,
13:19sont faits pour remonter le plus vite l'Atlantique,
13:23que c'est finalement comme une sorte de, dans un 100 mètres, les derniers mètres qui comptent,
13:28alors que ce sont des milliers de kilomètres, évidemment, à parcourir,
13:32on pense le bateau en fonction des moments où il va falloir véritablement mettre les gommes et aller le plus vite possible ?
13:40Il faut être polyvalent, globalement, il faut pouvoir passer partout,
13:43parce qu'on ne sait pas quel météo on va avoir,
13:46moi j'ai envie de dire que ce Vendée Globe, je l'ai trouvé particulièrement adapté au bateau de Charlie,
13:50donc j'ai envie de dire qu'il a fait le bon pari, ça n'aurait peut-être pas été le cas dans un autre scénario,
13:54toujours est-il que oui, on fait des études météo,
13:57puis après on fait des études des vitesses des bateaux selon les conditions,
14:00et puis on commence à choisir nos critères, voilà, où est-ce qu'on veut mettre l'accent,
14:03et puis après il y a des critères qui comptent, alors je pense que là-dessus on sera raccord avec Charlie,
14:07c'est qu'il y en a un qui est la descente de l'Atlantique, où il faut arriver dans les mers du Sud en premier,
14:11ce qu'on a réussi à faire tous les deux,
14:13parce que là on engage les tempêtes en premier, et on essaye de créer un système météo d'écart entre nous,
14:17ce qui a été le cas, puisque les trois premiers à sortir de l'Atlantique Sud,
14:21c'est Sébastien, Charlie et moi.
14:23Justement sur la vitesse, Charlie Dalin, c'est vrai qu'on a l'impression que vous n'avez presque pas le temps d'en profiter,
14:28vous avez des bateaux très techniques, il y a très peu de relâche, vous ne ralentissez même pas pour monter au mât,
14:33est-ce que vous n'êtes pas plutôt comme des pilotes de F1, vous n'avez pas le temps de profiter de la balade en fait ?
14:38Oui, non, c'est vrai que c'est passé très vite, j'ai le sentiment que le Vendée Globe ne dure que 48 heures,
14:43mais si, il y a quand même des moments de contemplation,
14:46il y a ces albatros, je ne sais pas si vous avez déjà vu voler des albatros,
14:49mais c'est quand même magnifique, il y a même un vol de poissons volants,
14:53un coucher de soleil, un lever de soleil, le Cap Horn, voir le Cap Horn,
14:57c'était un de mes objectifs cette année de le voir, il y a quatre ans c'était très frustrant,
15:01j'étais passé de nuit, je ne l'avais pas vu, et là cette année on est passé vraiment au pied,
15:05littéralement avec Johan à la fin du décart.
15:07C'est particulier de passer au large du Cap Horn ?
15:09Le Cap Horn, c'est le cap le plus mythique de tous les caps,
15:11j'en entends parler depuis que je suis tout petit, et de le voir en vrai, c'était génial.
15:15Bonjour François, et bienvenue sur France Inter.
15:21Bonjour, ma question c'est, les déplacements sur le pont des bateaux,
15:25est-ce que vous êtes systématiquement longé, mousquetonné,
15:30Attaché ?
15:31Attaché, pour jamais risquer de tomber à l'eau,
15:35parce que la petite barrière qui court tout au long du bateau, avec juste deux fils,
15:39j'imagine que ce n'est pas une protection suffisante.
15:42Merci pour votre question, ça fait sourire Johan Richaume.
15:44Oui, mais c'est une bonne analyse effectivement.
15:46Alors ce qu'il faut savoir c'est que les bateaux vont très vite,
15:48et déjà pour aller sur le pont on est obligé de les ralentir,
15:50la plupart du temps, parce qu'à pleine vitesse c'est beaucoup trop dangereux,
15:53alors déjà c'est à moitié, on joue à saut de mouton,
15:55donc là on se ferait éjecter de l'avant du bateau, et on ne peut pas.
15:59Donc la plupart du temps, on ralentit le bateau pour aller devant,
16:02ensuite je pense que la plupart du temps on s'attache,
16:04vu qu'on est très très loin.
16:05La plupart du temps ou systématiquement ?
16:07La plupart du temps.
16:09Ça dépend des conditions, il y en a où on maîtrise quand même à peu près notre sujet,
16:13et on sait qu'on ne va pas tomber, même si en fait c'est idiot de dire ça,
16:16parce qu'on ne maîtrise jamais un accident totalement.
16:19Par contre, il y a une notion de danger, de sauvetage,
16:25et il y a des endroits où on sait que si on tombe à l'eau c'est fini.
16:28Vous n'avez pas répondu tout à l'heure sur le plaisir que vous, vous avez pu prendre
16:32sur le bateau en pleine mer.
16:35Est-ce que vous aussi vous avez eu le temps d'admirer le vol des albatros
16:39et de regarder les poissons volants ?
16:41Oui, alors, c'est facile quand le temps est calme,
16:45parce que dès que ça accélère, et ça accélère très très vite sur nos bateaux,
16:48il y a beaucoup d'eau, beaucoup d'embrun,
16:51et donc on ne peut pas aller vraiment sur le pont,
16:53ou alors il faut s'habiller en étanche et entier,
16:55et on ne peut pas passer des heures à admirer.
16:57Par contre, dans le petit temps, calme, je me souviens notamment à l'entrée de l'Indien,
17:00où il y avait les albatros notamment.
17:02L'Océan Indien ?
17:03Oui, exactement.
17:04On a vécu quelques moments, alors peut-être une journée, une journée et demie,
17:07où à ce moment-là, quand on a fini notre bricolage,
17:10on a fini notre météo, on a mangé, dormi,
17:13peut-être qu'on peut s'asseoir un peu sur le pont et regarder un peu l'horizon.
17:15Quand on a écouté France Inter aussi, vous écoutiez Inter pendant la course ?
17:19C'est un énorme fan de France Inter, donc je suis toujours content d'être ici ce matin.
17:22On est d'énormes fans de ce que vous faites et on est très flattés.
17:24Voilà, donc, pas mal de podcasts, les émissions.
17:28La matinale notamment, de temps en temps, avec l'appli qui est fantastique.
17:32Bravo à toutes les équipes.
17:34C'est vrai qu'elle est fantastique.
17:35Et il y a Lucile qui a 10 ans, elle aussi, qui est avec nous en ligne
17:38et qui a une question à vous poser.
17:40C'est une question évidemment qui est une question qu'on se pose tous.
17:43Bonjour Lucile !
17:45Bonjour !
17:46Et bienvenue sur France Inter, tu as une question pour Charlie Dalin.
17:50Oui, j'aimerais savoir s'il a vu des baleines ?
17:54C'est une très bonne question que je vais vous poser moi aussi Charlie Dalin.
17:57Merci pour ta question.
17:59Et bien non, je n'ai pas vu de baleines.
18:02Mais on préfère presque, non ?
18:03Oui, on préfère presque.
18:04J'en ai vu il y a 4 ans, j'ai vu un gros groupe.
18:06Je ne sais pas si on dit groupe ou je ne sais pas quel est le terme quand on croise une famille.
18:10On essaie de les éviter ?
18:11Oui, on essaie de les éviter.
18:14Lucile a la même date d'anniversaire que vous d'ailleurs Charlie Dalin.
18:17Je me dis mais ?
18:18D'accord, super !
18:20Ça sera d'ailleurs le jour de la remise des prix du Vendée Globe.
18:23Je crois que vous êtes tous les deux architectes navals.
18:26Ça a peut-être aidé aussi dans votre performance.
18:28Ce genre de course, le Vendée Globe, ça permet aussi des progrès techniques
18:32qui vont infuser dans tout le secteur nautique en fait ?
18:36Je pense qu'on l'espère tous un petit peu.
18:38On ne sait jamais trop d'où ça va venir à un moment.
18:41En tout cas aujourd'hui, il y a un gros développement sur les cargos à voile
18:45avec plusieurs technologies différentes.
18:46Ça aide à verdir en fait le transport.
18:48Oui, c'est le but.
18:49Ça va aider à verdir une partie en tout cas du transport.
18:52Et donc il y a eu plusieurs choses.
18:53Il y a à la fois ça.
18:54Il y a des logiciels de routage.
18:55Donc il fait les calculs de route avec la résistance au vent des cargos
18:58face au vent, dos au vent, peu importe.
19:00On met les voiles, on ne met pas les voiles.
19:01On met du moteur ou pas du moteur.
19:03Voilà, pour optimiser tout ça.
19:04Et tout ça, c'est issu clairement de la course au large
19:07parce que c'est le développement qu'on a fait nous.
19:09Enfin nous et Jean Le Cam aussi j'allais dire nos anciens.
19:12Mais il est toujours là.
19:13Il est toujours là et il est très impressionnant.
19:15Il y a un très grand nombre d'auditeurs, navigateurs, passionnés du Vendée Globe
19:19qui écrivent sur l'appli que vous aimez tant.
19:22Johan Richaume, François qui dit j'adore cette course depuis la première édition.
19:27Je me souviens de Titouan Lamazou, premier vainqueur.
19:30Et il y a les félicitations de Philippe, celles de Jean.
19:34Merci de nous avoir fait vibrer.
19:36C'est inspirant, surtout dans le contexte actuel.
19:39Ça nous rappelle qu'on est bien peu de choses face à l'immensité de la nature.
19:43Il faut donc la préserver.
19:46On a vu cette ferveur populaire quand vous êtes arrivé au Sable d'Olonne.
19:50Ça vous a surpris Charles Dalin de voir autant de monde et cette sorte de…
19:54Nathalie Haneta le décrivait parfaitement bien.
19:56D'engouement populaire, de vraie fête spontanée qui a eu lieu à votre arrivée.
20:01C'était un moment incroyable ce jour d'arrivée, ce 14 janvier.
20:04C'est vrai qu'en fait on passe, c'est une transition sans transition.
20:07On a passé 64 jours en mer.
20:09En solitaire.
20:10En solitaire.
20:11On ne sait pas s'il y a 3 personnes ou 3 millions ou 30 millions de personnes
20:14qui suivent la course.
20:15On n'en sait rien, ça ne change rien pendant la course.
20:17Du coup on arrive au Sable d'Olonne et là c'était un moment incroyable
20:20avec beaucoup de bienveillance, beaucoup de joie.
20:22C'était un très bon moment.
20:24Ce qui est exceptionnel c'est qu'on rentre dans un stade en fait.
20:26Il y a des gens des deux côtés du chenal.
20:28Le port !
20:29La configuration elle est juste dingue.
20:31On coupe la ligne et là on enquille le chenal.
20:35C'est génial, il y a un boucan d'enfer, les fumigènes, le feu d'artifices hier pour Sébastien.
20:40Nous on ne vit pas ça, on fait des événements.
20:43Parfois on n'arrive, il n'y a personne au ponton.
20:45Et là, c'est juste une autre dimension le Vendée Globe.
20:47Nous on vous a suivi et on continuera à suivre tous les participants
20:51du Vendée Globe Radio France et partenaires de la compétition.
20:54Ce qui est aussi extraordinaire c'est tous ceux qui jouent en ligne
20:59La Virtuelle Ragata.
21:00La Virtuelle Ragata et ce qui est génial c'est que vous les avez battus.
21:04Vous avez battu ceux qui étaient derrière leur ordinateur.
21:07On en connaît un certain nombre ici.
21:09Il y a 4 ans.
21:10Dans le bocal de France Inter.
21:11Il y a 4 ans ils nous avaient battus.
21:12Il y a 4 ans ils nous avaient battus.
21:13Je suis content qu'on ait pris notre revanche.
21:16Vous êtes les vrais premiers.
21:19Violette, c'est la fin de cet entretien mais ce n'est pas la fin de votre course.
21:24Tout va bien, en tout cas on vous souhaite le meilleur.
21:27Bon vent.
21:30Et bonne course.
21:31Merci beaucoup, c'est gentil.
21:32Merci infiniment d'avoir été avec nous ce matin.
21:36Merci Charline.
21:37Bon courage Violette, termine bien ton Vendée Globe en tout cas.
21:40On t'attend à l'arrivée.
21:41Merci Charline Allain, vous aviez un dernier mot ?
21:44On sera là à ton arrivée.
21:45Merci à tout le public d'avoir suivi.
21:48Ça fait vraiment chaud au cœur tous ces mots, tous ces encouragements.
21:52Félicitations du fond du cœur.
21:55Merci à tous les deux.
21:56Et bon courage Violette.