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00:00Olivier, j'imagine que vous avez déjà rencontré notre invité, un comédien qu'on a découvert dans
00:04Tout ça pour ça, qu'on a adoré dans Pédale 12, dans Tenue correcte exigée,
00:10Les enfants du marais, le premier jour du reste de ta vie, ou encore le nom des gens où il était
00:16exceptionnel en Arthur Martin. Bonjour Jacques Gamblin, merci d'être là, bienvenue, asseyez-vous,
00:23je vous en prie, enlevez votre manteau, on vous fait un petit café ? Je suis venu en pyjama,
00:28c'est bien, c'est mieux. Est-ce que vous voulez quelque chose à boire ? Oui, de l'eau, c'est très bien, de l'alcool encore.
00:35Bon, quand on fait une liste de films comme ça, comme je viens de le faire, c'est un petit peu...
00:40Ne me demandez pas celui que j'ai préféré. Non, c'est un peu réducteur, c'est plutôt ça qui m'embête,
00:43et j'imagine qu'il y a toujours des films dont on ne vous parle pas et qui méritent d'être vus.
00:48Est-ce qu'il y a un film de Jacques Gamblin, avec Jacques Gamblin, dont on parle pas assez selon vous ?
00:53Vous pouvez réfléchir à la question tranquillement. C'est un film noir, mais c'est un film télévision,
01:05Dissonance, mais la presse en a quand même beaucoup parlé, un film de Jérôme Corneuil,
01:09d'après Interstate, un roman américain, c'est un film très noir, mais très beau,
01:18vraiment un super beau travail de Jérôme Corneuil, qu'on a tourné en Afrique du Sud.
01:23C'est ce qui me vient à l'esprit, là maintenant, on est loin de la comédie, non mais c'est...
01:27Et alors, vous n'êtes pas seulement comédien, Jacques Gamblin, mais aussi auteur,
01:30et vous venez de publier un roman intime, un hommage très très poétique à votre mère.
01:35Mère à l'horizon, c'est le titre de votre livre, Jacques Gamblin, qui est un mélange de légèreté,
01:52de drame, de tendresse et d'humour. Quand est-ce que vous avez commencé à écrire ce livre ?
01:57Vous dites, un mélange, j'aime bien les grands écarts, j'aime bien qu'on puisse sourire, rire,
02:05et puis un changement de cœur, et hop, on plonge, enfin bon, il faut ouvrir l'estomac avant de plonger,
02:13il faut ouvrir les chakras. C'est exactement ce que vous faites avec ce livre, c'est vrai que vous
02:17vous faites passer par toutes les émotions. J'espère qu'il est très colorié, oui. Pardon,
02:21la question ? Quand est-ce que vous avez commencé à l'écrire ? Est-ce que c'est quand votre mère a
02:25commencé à perdre la mémoire, que vous vous êtes dit, il faut que j'écrive ? Non, ça a été en plein
02:31temps, en fait, on peut dire que ça fait des années que je suis sur ce livre. Je l'ai quitté,
02:37je l'ai retrouvé, etc. Et puis surtout, ça a mis du temps à ce que j'accepte que ce soit effectivement
02:46cette personne devenue un peu personnage pour moi, avec pourtant toute la force d'amour qu'on a l'un
02:52pour l'autre, mais néanmoins quelqu'un qui commence un peu à s'effacer, qui perd un peu la parole,
02:58la mémoire. Effectivement, c'est quelqu'un aussi qui devient plus à distance et j'ai mis beaucoup
03:04de temps à accepter que ce soit elle, ce soit ce personnage, mon fil rouge et qui décline comme ça
03:09derrière toute une... Parce que c'est important de dire, là on n'écrit pas, on est à la radio,
03:18de dire que c'est un livre alternance, un dialogue entre des moments passés avec elle,
03:25des moments de dialogue, des moments d'observation, tout ça, et puis hop, ce qui rebondit à chaque
03:30fois sur un autre moment plus personnel, tout ça étant écrit au présent, parce que pour moi c'est
03:35du présent. Je ne parle pas d'une femme qui n'est plus là, elle est là. Une mère qui est absolument
03:40débordante d'amour pour vous, on le ressent tout au long de ce livre, une mère qui vous a donné
03:45confiance, on sent qu'elle a toujours été là pour vous, Jacques Gamblin, et donc vous avez voulu
03:49aussi être auprès d'elle, même si c'était parfois pour la regarder laver la vaisselle propre et
03:55essuyer la vaisselle sale. Vous dites qu'elle vous désespérait, elle vous faisait rire à la fois.
04:01Oui, parce qu'il y a un virage à prendre, c'est-à-dire que quand le silence apparaît,
04:11cette espèce de disparition en présence, la question est simple, qu'est-ce qu'on fait ?
04:23Je ne suis pas tout seul à être dans cette situation, on est nombreux. Qu'est-ce que je fais
04:27de ça ? Soit je suis triste, soit je suis bouleversé toute la journée, soit je prends ça de l'autre
04:40côté, sur un autre axe, et puis je me dis qu'elle a encore des choses à me dire dans ce silence,
04:46elle a encore des choses à m'apprendre, et alors je me dirige là, et ce livre, je veux qu'il me
04:54fasse du bien en l'écrivant, et par rebond, du bien au lecteur, parce qu'on ne sait pas comment
05:03faire, on n'a pas le mode d'emploi dans ces situations. J'entends parfois des gens qui disent
05:09oui, je vais voir ma mère ou mon père, mais bon, il ne me reconnaît plus, je ne sais pas si ça vaut
05:15le coup que j'aille le voir ou l'avoir. La question ne se pose pas en fait, même si c'est une femme,
05:22ce n'est pas le cas de la mienne, mais quelqu'un vous répète 40 fois la même question dans une
05:28journée parce qu'il ne se souvient pas de la réponse, on répond 40 fois, mais on peut aussi
05:33s'amuser à répondre un peu différemment 40 fois, on peut trouver des solutions pour que l'amour
05:37continue, pour que ce ne soit pas seulement gérer une relation et gérer une dépendance,
05:45etc, mais il y a encore, il y a toujours du présent à décliner avec les mains, avec je ne sais pas
05:54quoi. C'est parfois très difficile de se retrouver face à un être qui décline qu'on a aimé. C'est
06:01très difficile. On a pas envie, beaucoup ont pas envie, et en fait ne pas y aller c'est aussi se
06:07dire que ce n'est pas l'image que j'ai envie de garder. Bien sûr, je ne dis pas que c'est facile
06:11pour moi non plus, mais je veux trouver la solution. Et continuer à tisser un lien. Voilà, et de la
06:18joie. Ce livre, il m'a aidé à aller sur ce chemin là qui continue, qui est encore une fois du présent.
06:28Et ce livre, il est rempli de joie aussi, ce livre Mère à l'horizon, qui est disponible
06:34aux éditions Robert Laffont. On va continuer à en parler tout au long de cette émission.