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Dans « le grand témoin », Télématin reçoit Lydia Hadjara, ex-esclave du gourou de la secte de Raël, à l'occasion de la parution de son livre "J'étais son esclave".

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Transcription
00:00Dans ce livre, j'étais son esclave, un livre qui vient de sortir aux éditions City.
00:05C'est par le biais de votre mère que vous êtes entrée, si je puis dire, dans cette
00:09secte finalement.
00:10Vous n'avez connu que ça.
00:11Vous n'aviez que 4 ans et vous le dites en fait, j'étais tellement jeune, l'emprise
00:16a commencé tellement tôt que je ne pouvais pas penser autrement.
00:19A quoi est-ce qu'elle ressemblait votre vie de petite fille ?
00:21Ma vie de petite fille, elle ressemblait à une vie lambda avec des gens très gentils
00:27et avec des gens qui vous donnent un principe de vie qui est plutôt positif à la base.
00:31Mais vous viviez avec tous en fait ?
00:33Non, en fait les raëliens ont une vie tout à fait normale comme vous, comme moi, ils
00:36ont un métier.
00:37Et après, par le biais des week-ends et des stages raëliens, ils se rencontrent à ce
00:42moment-là.
00:43Et ça, vous avez souvenance, vous, quand vous étiez petite, de ces stages ?
00:46Alors oui, je me souviens des stages, pas 4-5 ans, je ne m'en souviens pas, mais après
00:49quand j'arrive en primaire, je me souviens de la différence de ce que je vis avec les
00:53raëliens et la maison.
00:55Oui, je m'en souviens très bien de ces stages.
00:57Quelle image est-ce que vous aviez de Raël ? Parce que d'aucuns peuvent dire, tiens, c'est
01:02un type un peu bizarre avec une sorte de pyjama, épaulettes blancs, et pourtant il avait un
01:07pouvoir incroyable pour les plus jeunes qui nous écoutent justement.
01:10C'était qui Raël ?
01:11Non seulement il a un pouvoir incroyable, mais il a encore plus un pouvoir quand on
01:16ne connaît que lui.
01:17Et surtout quand on le rencontre, il vous donne cette impression que vous êtes unique.
01:21Il a une espèce d'aura et une espèce de chose qui fait qu'il est très attrayant.
01:26Et moi on me l'a vendu comme le dernier des prophètes.
01:28Donc moi c'était mon dieu.
01:30Son regard a changé au fil du temps sur vous ?
01:32Plus j'ai grandi, plus il a changé, oui.
01:36Plus je devenais une femme, entre guillemets, plus il m'entrait de l'intérêt.
01:40Et qu'est-ce que vous ressentiez justement face à l'intérêt qu'il était en train
01:43de vous porter ?
01:44J'étais privilégiée, j'avais de la chance, j'étais très heureuse de ça.
01:47C'était vraiment un privilège.
01:51C'était vraiment quelque chose qui m'animait, j'avais une raison d'exister.
01:54Vous cherchiez son regard ?
01:56Complètement.
01:57J'avais envie qu'une chose, c'est qu'il me remarque et que par le fait qu'il me remarque,
02:01les autres me remarquent.
02:02Et votre mère aussi ?
02:03Oui.
02:04Ce qu'il faut le préciser aussi, c'est que quelque part, l'affection de votre mère
02:08était conditionnée au succès que vous pouviez avoir auprès de elle.
02:12Oui, oui.
02:13Alors elle m'a aimée à sa façon, je ne peux pas dire qu'elle ne m'a jamais aimée.
02:15C'est fou, elle m'a vraiment aimée à sa façon mais plus il était proche de moi,
02:20plus il me donnait de l'intérêt, plus elle me considérait.
02:22A l'âge de 13 ans, Lydia, vous avez vécu votre premier drame, si je puis dire.
02:26Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:27Il s'est passé que j'étais avec un guide proche de Raël et qu'il m'a invitée à
02:32lui faire une fellation en me disant qu'il me préparait pour Raël.
02:38Vous préparez pour Raël, c'était ça en fait, l'objet de cette secte.
02:44A votre majorité, vous devenez plume rose, cordon doré.
02:48Et ça, ça n'a rien d'un déguisement.
02:50Ça consiste en quoi ?
02:51Plume rose, cordon doré, c'est-à-dire que je n'avais le droit d'avoir des rapports
02:54intimes qu'avec lui et les Elohim quand ils viendront sur Terre, donc les extraterrestres
02:58qu'ils nous ont créés en laboratoire.
02:59Et j'étais à son service parce que j'étais cordon doré.
03:02Je faisais son ménage, sa nourriture, son attendance et j'étais à sa disposition dès
03:07qu'il le souhaitait.
03:08Vous vous rendiez compte à l'âge de 18 ans que votre vie était conditionnée par
03:12ce rôle-là qui vous avait été assigné ?
03:15Absolument pas du tout, c'était ma normalité.
03:17Je me rendais compte qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, mais je ne me l'autorisais
03:20pas.
03:21Je disais que ce n'était pas normal, que j'ai un souci avec cette idée-là et je
03:24me culpabilisais de penser à mal.
03:26Vous n'étiez pas toute seule ?
03:27Non, je n'étais pas toute seule.
03:29En tant que plume rose, cordon doré, on était cinq sur la planète.
03:32Vous en parliez ? Vous dites que vous aviez une vie professionnelle, etc.
03:38Vous en parliez à l'extérieur ?
03:39Très peu.
03:40J'en parlais dans le sens où déjà je ne divulguais pas l'intimité parce que j'avais
03:44signé un contrat qui me l'interdisait et j'en parlais pour vendre le mouvement, pour
03:48dire que c'était quelque chose de merveilleux et magnifique.
03:50Justement, ce fameux contrat n'avait pas attiré votre vigilance ?
03:56Absolument pas.
03:57Parce que je pense que quand on est pris dans une espèce de sphère, on n'a pas le recul
04:01nécessaire.
04:02Et moi, quand je signe ce contrat, je suis contente de le faire, je fais même une lettre
04:05de motivation pour justifier de mon envie, en sachant que c'est Raël qui m'a proposé
04:09d'être sa plume rose, cordon doré.
04:10Vous êtes convaincue du bien fondé de la démarche, à ce moment-là en tout cas ?
04:14J'ai été levée là-dedans.
04:15Mais bien sûr, pour moi, c'était ma normalité.
04:18Je n'avais pas d'autre chose.
04:20Pour moi, les autres, c'était eux qui étaient dans le faux.
04:22Lydia, je voudrais qu'on insiste sur quelque chose qui est très important.
04:25C'est que quand on vit ce genre de sévices, même s'il nous apparaît comme quelque chose
04:30de normal, on est là, mais on n'est pas là.
04:32Expliquez-nous, parce que d'aucuns pourraient dire, elle a passé 20 ans dans cette secte,
04:37expliquez justement cette idée de l'esprit et du corps qu'on appelle la dissociation
04:41et qui aide les victimes à subir ce qu'elles subissent.
04:43Alors, la dissociation, en fait, moi, dans mon cas à moi, mon corps était présent.
04:47Comme je suis là avec vous, ma tête n'était pas là.
04:50C'est-à-dire qu'on pouvait faire quoi que ce soit, je pensais à tout, à sauf ce
04:54qui se passait.
04:55Et quand c'était fini, je revenais à une certaine réalité.
04:57Et il faut que les gens comprennent que la pire des prisons, c'est notre cerveau.
05:03Je suis émue, excusez-moi.
05:06Non, mais tout va bien.
05:07La pire des prisons, c'est notre cerveau et que même si on est libre, si dans notre
05:11tête on n'est pas libre, on ne l'est pas et encore pire que si on était derrière
05:15des barreaux.
05:16Parce que moi, ma plus grande prison, ça a été mon cerveau, je pouvais partir quand
05:19je voulais.
05:20Je pouvais dire non quand je voulais.
05:22Ouvrir une fenêtre dans votre esprit et abandonner votre corps à ce que vous étiez
05:26en train de vivre.
05:27Exactement.
05:28Et donc, ces gens-là où on pense qu'ils sont bêtes, qu'ils sont faibles, vraiment,
05:33c'est pas ça.
05:34Quand toute votre vie, on vous a dit que vous allez servir quelqu'un qui va sauver
05:37l'humanité, vous n'osez pas dire non même si vous savez au fond de vous que ce n'est
05:43pas la vérité.
05:44Un jour, Lydia, vous avez eu le déclic, vous avez eu la force aussi de partir et vous êtes
05:49partie aussi grâce à quelqu'un, c'est-à-dire que vous avez osé demander de l'aide.
05:51Oui, j'ai osé demander de l'aide.
05:53À l'époque, c'était un ami qui n'était pas du tout dans ce milieu-là, qui est devenu
05:57par la suite le père de mes enfants et qui est venu me chercher et qui m'a sauvé la
06:00vie.
06:01Aujourd'hui, Raël, il a 78 ans, il est au Japon, vous songez à porter plainte contre
06:05lui ?
06:06Je l'envisage, oui.
06:07De tout cœur avec vous, en tout cas, Lydia Adjara, J'étais son esclave, c'est un ouvrage
06:13publié chez City.
06:14Et puis, je voudrais également vous dire que si vous êtes victime ou vous êtes témoin
06:17d'un endoctrinement sectaire, vous pouvez contacter la Mivilude sur leur site internet
06:23dont voici les coordonnées, www.mivilude.interieur.gouv.fr ou en cas d'urgence, vous appelez le 17, il
06:30y aura toujours quelqu'un pour vous aider.
06:32Merci beaucoup, Lydia.
06:33Merci à vous.
06:34Merci à vous.

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