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Essia Gasmi apporte des soins aux personnes fragilisées par la maladie, la vieillesse ou le handicap. Elle nous explique son métier qui n’est pas seulement "esthétique" mais une vraie réponse à la perte de l’estime de soi et de fatigue physique et/ou mentale. REDIFF

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Transcription
00:00L'esthétique est un outil, mais ça ne définit pas notre métier.
00:04Je peux vous masser le crâne également ?
00:05Je n'ai pas de cheveux.
00:06Mais oui, justement.
00:07Nous touchons des millions de personnes.
00:09Détends-toi, c'est ton moment, à toi.
00:12Je pense qu'il s'agit de santé publique.
00:15Moi, je suis socio-esthéticienne.
00:17Je propose donc des soins des mains, des épilations, des maquillages
00:21à des gens fragilisés par la maladie, la vieillesse, le handicap ou les difficultés de la vie.
00:26L'esthétique est un outil, mais ça ne définit pas notre métier.
00:30On va aller en service de chimiothérapie.
00:33Rencontrer les patients.
00:37On travaille avec des personnes qui ont un rapport au corps, malheureusement, qui est quand même modifié.
00:42C'est, par moments, compliqué d'arriver à faire front à la maladie, de se sentir bien dans sa peau.
00:49Qu'est-ce qui vous ferait plaisir comme couleur de vernis ?
00:51Est-ce qu'on repart sur du bleu, comme ça ?
00:53Non.
00:54J'ai du rose.
00:55Aujourd'hui, vous êtes tout en rose.
00:56Est-ce que ça vous ferait plaisir ?
00:57Oui, oui, oui.
00:58J'ai le même rose que votre pull.
01:00C'est un vernis spécifique au silicium.
01:02Ah, oui.
01:03On reste sur des couleurs vives.
01:05C'est ça.
01:06Joyeuses.
01:06Je peux vous masser le crâne également.
01:10Je n'ai pas de cheveux.
01:11Mais oui, justement.
01:14Alors, ça ne me dérange pas, vous savez.
01:16Ça fait 11 ans que j'exerce et j'en ai massé des crânes.
01:20Je vais fermer les yeux, je crois.
01:21Oh oui, vous avez aussi un raison.
01:27Quand on a de la chimiothérapie et qu'on perd ses cheveux, ses cils, ses sourcils,
01:31je pense que c'est vraiment vital, l'estime de soi.
01:34On ouvre les yeux.
01:35Super.
01:36Ça va de très jeunes, pré-ados, adolescents, à des dames âgées, par exemple.
01:41Je peux être appelée par les EHPAD, la Ligue contre le cancer,
01:45tout ce qui est centres sociaux.
01:47Je peux être aussi appelée à domicile par des patients extérieurs.
01:50À peu près une fois tous les 15 jours, je suis amenée à rencontrer Victor,
01:55jeune garçon de 29 ans qui a vécu un accident de scooter
01:58et qui, suite à cet accident, est devenu tetraplégique.
02:01Comme d'habitude, aujourd'hui, on va faire un soin du visage, un soin des mains.
02:11Voilà, doucement, tu vas pouvoir déplier tes doigts.
02:14Et même si Victor n'est pas en capacité de pouvoir me répondre,
02:18malgré tout, je communique avec lui.
02:21C'est un petit peu froid, mais ça va te faire du bien.
02:24Ça te montre un petit peu aussi la température qu'il fait à l'extérieur.
02:27Détends-toi, c'est ton moment.
02:29À toi.
02:30Voilà, c'est ton moment, Victor.
02:35C'est vraiment un métier à vocation.
02:36Au-delà des compétences théoriques et pratiques et du diplôme nécessaire,
02:41je pense que c'est vraiment un métier extrêmement humain
02:44qui demande beaucoup émotionnellement.
02:46Il peut nous arriver de pleurer avec certains patients ou certains résidents.
02:50Après, il y a aussi des moments où on va rire.
02:52Même dans la maladie, ça arrive.
02:54C'est fou, de suite, votre regard, il s'illumine.
02:57C'est impressionnant.
02:59Tu as bien fait de venir aujourd'hui.
03:01J'ai un clinique qui est d'une beauté.
03:04Oh, un brun.
03:06Un beau gosse, quoi.
03:08Il y a souvent des patients qui me disent
03:10« Ah, mais moi, je ne veux pas voir de psychologue, etc. »
03:11alors qu'ils auraient besoin de voir un psychologue.
03:13Mais moi, quelque part, je n'ai pas cette blouse blanche du soignant.
03:16J'ai cette blouse violette.
03:18On les apaise, on les détend.
03:20Une fois qu'ils sont apaisés et détendus,
03:22le médecin qui doit faire un soin
03:24ou un psychologue qui doit rentrer en contact avec la personne,
03:26le terrain est apaisé.
03:28Et le professionnel, en tout cas, de santé,
03:30peut intervenir beaucoup plus facilement.
03:32Magnifique.
03:34Ah oui.
03:36Ah oui, effectivement.
03:38Vous êtes émue, oui.
03:40Avec plaisir.
03:42Alors.
03:44Ah oui, ça change le thème.
03:46Alors après, pour finir,
03:48si vous voulez, je peux aussi vous faire un petit massage
03:50au niveau des pieds ou des mains.
03:52Ça peut faire partie du package.
03:54Ça ne sera pas plus cher.
03:56Non, je plaisante.
03:58C'est gratuit. Les soins sont gratuits.
04:00Ce sont les structures qui financent,
04:02mais ce n'est pas toujours le cas, malheureusement,
04:04parce qu'aujourd'hui, la socio-esthétique n'est pas remboursée
04:06par la Sécurité sociale, mais par certaines mutuelles.
04:08Je me bats pour que les soins de socio-esthétique
04:10soient reconnus comme des soins thérapeutiques
04:12parce qu'on travaille avec des patients,
04:14donc avec des personnes qui n'ont pas choisi d'être malades.
04:16Les bienfaits, aujourd'hui, auprès des équipes,
04:18ne sont plus approuvés. Même si nous sommes
04:20environ 3 000 en France,
04:22nous touchons des millions de personnes.
04:24Soit soi-même, soit quelqu'un de notre entourage
04:26peut être confronté à la maladie, à la vieillesse ou au handicap.
04:28Et je pense que
04:30il s'agit de santé publique.

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