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##SOYEZ_LIBRES-2025-01-22##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Maxime Liédo, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques. Bonjour à tous.
00:06— Merci d'être avec nous. Ce matin, vous avez choisi un pas de côté. Vous faites un pas de côté.
00:11Vous avez choisi de nous parler de Bernard Blier. Bertrand Blier, Bernard Blier. Bernard Blier, c'était son père.
00:17— Oui. — Bertrand Blier, le cinéaste... — Le talent était très bien.
00:21— Oui, il était à bonne école, hein. — C'est ça. — Bertrand Blier. Bertrand Blier qui est décédé à 85 ans.
00:27— Vous me dites que vous venez de faire une nuit blanche. Pourquoi ? — Bah oui, parce qu'il est 8h15 et j'ai envie de vous demander...
00:32On n'est pas bien, là ? Paisible, à la fraîche, décontracté du gland. Bref, la voiture enchaîne les virages, les mots claquent comme des gifles.
00:39À l'écran, Devers s'ennuie. Miu-Miu subit l'ambiance. Et Depardieu règne sur tout ça, un Ergognar vissé au visage.
00:46Les valses s'hostilent du film. On est en 1974. Derrière la caméra et les répliques cultes, un nom déjà, Blier, déjà connu,
00:53et un prénom qu'il est beaucoup moins, Bertrand. Et hier, à 85 ans, l'homme qui ne pouvait pas s'en passer sur les tournages a cassé sa pipe.
01:00Blier, c'était le bougon génial. L'homme qui riait en coin, un pied dans l'impolitiquement correct, l'autre dans la tendresse.
01:06Et les deux, solidement ancrés dans une liberté la plus totale. En interview, il confessait le politiquement correct.
01:12« Je m'en fous. Ce que j'ai fait avec les valseuses, c'est ignoble et grossier. Et j'adorais ce côté mal élevé, brutal et tendre,
01:19insolent et indispensable, qu'on l'aimait aussi. Son côté insolent et tendre, quand il est derrière la caméra, notamment pour tourner les acteurs en 2004,
01:26avec cette brochette de talent qui est époustouflante. Belmondo, toujours heureux de jouer, Delon, crépusculaire, qui se confie sur sa gueule à silence.
01:34Jean-Pierre Mariel, inquiet de ne plus avoir la voix qu'il porte pour demander un pot d'eau chaude dans un restaurant.
01:39Villeré, encourageant un acteur à boire, mais à ne jamais être ivre. Claude Riche, se confiant sur sa tête gentille et son sourire ininterrompu.
01:46C'est-à-dire, dit-il, que j'ai tellement été heureux, toujours, j'ai tellement eu de sang, je me suis demandé, pourquoi, pourquoi moi ?
01:52Même quand je ramassais, putain, je me disais, quel vénard. »
01:55Oui, pourtant ce n'est pas votre génération, Bertrand Blier, mais vous avez l'air touché.
02:00« Ben oui, parce que c'est ça, mon problème. Né trop vieux, dans un monde trop jeune, on a des nostalgies qu'on n'est pas censé avoir.
02:05Comment ne pas regretter le cinéaste qui a transformé Delon en peau serpière devant Nathalie Baye dans Notre Histoire, César du Scénario en 85,
02:13ou qui, avec Buffet-Froid, nous donnait un trio immortel quand même.
02:15Souvenez-vous, son propre père, Bernard Blier, l'ogre tendre qui bouffait les scènes comme on s'en pif' de cassoulet.
02:21Jean Carmé, auteur quand même de cette brève mythique, 40% des accidents sont provoqués par l'alcool.
02:27Ce qui veut dire que 60% des accidents sont causés par des buveurs d'eau. C'est énorme.
02:31Puis Gérard Depardieu, évidemment, sur qui, justement, son jugement a été très simple, c'est un génie.
02:36Alors, on ferme sa gueule et on le filme.
02:38Mais lorsqu'il découvre Carole Boutquet, qui, cite, n'est que belle et pas encore connue comme étant une grande actrice en 1990,
02:44il tourne Trop belle pour toi, et avec ça, il rafle César du meilleur scénario, du meilleur film et du meilleur réalisateur.
02:50Billiard, c'est le cinéma qu'on ne peut pas ne pas aimer, mais que l'époque ne peut pas s'empêcher de condamner ou détester.
02:56C'est grossier sans être vulgaire, c'est élitiste sans être condescendant, c'est populaire sans être rabaissant,
03:01c'est travailler tout en étant improvisé et insolent, c'est profond sans être emmerdant.
03:05Et ce sens du dialogue ?
03:07Épatant, on les a tous en mémoire sur un concerto de clarinette de ce bon vieux Mozart qui n'a jamais rêvé de lâcher un grand putain.
03:14Le mec qui joue à la clarinette, c'est pas un manchot, tu m'étonnes.
03:17À l'heure où l'on parle d'isolement carcéral, de grandes prisons pour les délinquants du narcotrafic, de places de prison en plus,
03:22comment pas penser au bon sens du commissaire Blié dont buffet froid ?
03:25Et vous arrêtez des coupables, vous ? Oh, le moins possible.
03:28Pourquoi ? Parce que tant qu'il est en liberté, au final, il est moins dangereux qu'en prison.
03:31Pourquoi ? Parce qu'en prison, il contamine les innocents.
03:34Et à l'heure où la radio et la télé ne peuvent s'écouter sans qu'on subisse une pub, on en parlait à l'instant,
03:40pour un régime, une alimentation plus saine, les 5 fruits et légumes par jour et les slogans « signer, manger, c'est bouger »,
03:45il est quand même préférable de se rappeler les mots de Jean-Pierre Mariel dans « Canmos » devant une table nocturne uniquement garnie de pâtés en croûts,
03:52de saucissons, de volailles, de tirines et de pains.
03:54Oh, l'admirable cholestérol qu'on va se payer, ça vaut quand même mieux que des barbituriques.
03:59Et puis je vais te dire, quand on mange sain, sans produits chimiques, il n'y a jamais de contre-indication.
04:04C'était ça aussi le cinéma de Blié, des acteurs avec des répliques qui trempaient encore dans le plat aux sauces de la cantine du film,
04:09des coups de fourchette à n'en plus finir et des mastications incessantes, l'impertinence qui dure et la vérité qui grince.
04:15Oui, pourtant, il y a encore des polémiques.
04:18Et je ne sais pas si Blié pourrait faire dire à ses acteurs ce qu'il a fait dire à ses acteurs il y a 20, 30 ou 40 ans, aujourd'hui.
04:28Surtout quand on entend, mais ça c'est typiquement français, à peine est-il mort, qu'on relance le débat sur les valseuses,
04:33pouvons-nous, pourrions-nous encore le tourner ?
04:35Et puis hier, j'entendais quelqu'un qui disait que les valseuses, aujourd'hui, validaient la culture du viol.
04:39Ou que ce cinéaste Bertrand Blié était misogyne, qu'est-ce qu'on n'a pas entendu ?
04:44Franchement, est-ce qu'on peut vraiment penser que ce génie était misogyne quand on voit Josiane Balasco dans « Trop belle pour toi »,
04:50qui n'est pas la preuve du contraire ?
04:51Elle affronte Carole Bouquet, sublime, qui est décontenancée par un mari qui la trompe avec ce boudin
04:56et qui lui lâche comme ça, encore sous la couette dénudée.
04:58Mais une femme qui donne beaucoup d'amour finit toujours par se faire aimer.
05:02Alors forcément, ces réplicas, elles restent, elles hantent les esprits comme des spectres facétieux.
05:05Un homme qui n'aimait pas les femmes, dit-on, mais est-ce qu'il aurait pu écrire cela ?
05:09Tous les hommes sont perdus, s'il n'y avait pas les femmes, on serait dans la forêt à hurler comme des loups.
05:13Je ne crois pas. Alors oui, forcément, il avait raison sur quelque chose.
05:16C'est un vrai problème, les acteurs qui meurent.
05:18Parce que quand eux s'en vont, c'est tout un monde qui disparaît et quelque part, ils nous rappellent qu'on n'est pas si bien là.
05:23Pas si plaisible et pas si décontracté.
05:25Qu'en pensez-vous Jean-François Kévin ?
05:27– Pour vous citer à l'instant, Maxime, merci pour cet édito.
05:32Une scène de Kalmos qui tourne beaucoup sur les réseaux sociaux,
05:35mais qui tournait bien avant le décès de Bertrand Blier.
05:38Vous savez, cette femme dans la rue qui demande à Jean-Pierre Mariel son chemin, il cherche une rue.
05:42– Il l'engueule. – Il l'engueule.
05:44Et Rochefort arrive derrière, il dit, vous ne voyez pas que vous pouvez fouster Hulapé, il est à bout.
05:47Et les deux discutent spontanément dans la rue pour dire, elles nous prennent tout, elles nous emmerdent, enfin en substance.
05:53Donc ça, ce troisième degré-là, effectivement, n'est plus possible aujourd'hui.
05:57Il faut comprendre une chose, c'est que Bernard Blier, le père, c'était l'école Audiard.
06:01Bertrand Blier, le fils, qui faisait jouer son père sans aucune difficulté,
06:04c'est un cran de plus dans le troisième degré.
06:07Ce qui s'est produit par la suite est une forme de régression en réalité.
06:13Il y a une forme de, on va dire, l'indulgence aujourd'hui.
06:16Apprécier ces oeuvres-là, c'est d'être indulgent.
06:19Or, c'est ne pas les savoir apprécier à leur juste titre.
06:22Ce que je veux dire par là, c'est que si cette scène de Kalmos aura tourné sur les réseaux sociaux,
06:26c'est parce qu'il y a une forme d'oralbol aujourd'hui de ce wokisme triomphant qui s'empare de tous les cerveaux.
06:31Cette bien-pensance qui n'est pas partagée du tout par la majorité de la population française.
06:36Voilà, donc Bertrand Blier raconte ça aussi aujourd'hui.
06:39— Bien, merci. 8h21. À tout de suite. Merci, messieurs. À tout de suite.

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