Le net recul de l'inflation en septembre s'explique par des baisses de prix de plus en plus nombreuses et sensibles. Pourtant, certains produits comme le riz ou encore le chocolat ont des prix qui restent malgré tout élevés.
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00:007 minutes pour comprendre et pour respecter la chaîne du froid pour les produits de Gaëtan, on en parle ce matin donc avec Gaëtan Mélin et avec Emmanuelle Fourney, bonjour.
00:12Bonjour.
00:12Vous êtes la directeure commerciale chez Nielsen IQ et spécialiste de la consommation en cette journée spéciale pouvoir d'achat et inflation sur BFM TV.
00:20D'abord Gaëtan, il faut rappeler un chiffre, tout bête, celui de l'inflation.
00:24Oui, 1,3% en décembre et si on regarde sur l'ensemble de l'année 2024, on est à 2%. Juste pour rappel, en 2023, on était à 4,3% et 5,2% en 2022.
00:38La tendance est à la baisse ou au ralentissement de la hausse ?
00:40Alors la tendance est bel et bien à la baisse.
00:42À la baisse, à la baisse.
00:43Oui, parce qu'en janvier, on avait une inflation qui était à 3,1%. Donc vous voyez, on est passé de 3,1% en janvier à 1,3%.
00:51Mais attention, baisse de l'inflation ne veut pas dire baisse des prix et c'est là toute la nuance.
00:56On va regarder un peu les courses parce que c'est les courses de cette année.
01:00Prenons quelques produits. Quels sont ceux, par exemple, qui ont baissé ici ou ceux qui n'ont pas baissé ?
01:06Alors ceux qui ont baissé, l'huile d'olive. Vous vous souvenez, quand on a commencé à l'acheter en mai 2022, le prix était juste abordable.
01:13On était à 10 euros. Tout d'un coup, ça a monté à 15, 20 euros. Là aujourd'hui, on est à 14 euros.
01:19Mais ça reste encore très cher, effectivement.
01:21Donc ça baisse, mais les prix restent très élevés.
01:23De toute façon, tout ce panier, on voit bien la différence, c'est qu'on ne retrouve pas les prix de mai 2022.
01:30On est au-delà d'un à deux euros parfois sur certains produits.
01:34On nous l'avait dit, que les prix allaient augmenter, qu'ils n'allaient jamais revenir à leur niveau initial.
01:39C'est la preuve, effectivement.
01:40Bon, quels sont les autres produits qui baissent, spectaculaires ou pas d'ailleurs ?
01:45Parce que celle-là, c'est une petite baisse.
01:47On a les pâtes qui baissent, donc ça c'est une bonne nouvelle.
01:50Mais en revanche, dans les féculents, le riz est bel et bien en hausse, toujours en hausse.
01:55Pourquoi ?
01:56Parce qu'on a des problèmes de production et de récolte.
01:59Donc on a une rareté et le prix est en hausse.
02:02On a une progression également toujours sur le prix des œufs, sur la viande aussi, et puis le lait.
02:12Le lait, alors il n'a pas progressé depuis plusieurs mois maintenant.
02:15Mais en mai 2022, cette brique de lait, on l'a payée 99 centimes.
02:19Aujourd'hui, elle se vend à 1,27 euros.
02:22Emmanuel Fourney, il y a deux choses en fait.
02:25Il y a l'inflation quand même encore là, 2%.
02:28Donc les prix qui ne reviendront jamais au prix d'avant.
02:32Et ça, c'est vrai que Nicolas Doze nous le dit très souvent.
02:34Mais dans le même temps, les salaires ont augmenté.
02:36Donc pourquoi est-ce qu'aujourd'hui persiste chez les Français ce sentiment ?
02:41Ils sont 65% dans l'enquête Elabe qu'on publie ce matin.
02:4465% ce sentiment que le pouvoir d'achat a continué de baisser ces derniers mois.
02:48Est-ce qu'ils ont raison ?
02:50En fait, il y a une perception, on a parlé des chiffres de l'inflation de manière générale.
02:53Mais sur les produits de consommation courante, entre 2022 et 2024, les prix ont augmenté de 20%.
02:57Donc certes, ils ont baissé cette année.
02:59Mais en tant que consommateur, on a eu l'habitude, finalement,
03:02s'être installé à l'idée que les prix avaient fortement augmenté.
03:05Donc ce n'est pas parce qu'il y a une baisse de l'ordre de 5% en 2024 des prix,
03:09après 20% d'augmentation sur 2 ans,
03:11qu'on a des prix qui sont revenus, on vient de le dire, au niveau d'avant.
03:14Donc sur 3 ans, on a 15% d'augmentation des prix.
03:16En tant que consommateur, on a tous changé d'habitude de comportement d'achat.
03:20Et ces habitudes se maintiennent.
03:22Et l'idée que les prix sont plus élevés qu'il y a 2-3 ans, c'est une réalité.
03:25Quand vous parlez d'un changement d'habitude qui se maintient, vous pensez à quoi ?
03:28On est allé vers des produits moins chers.
03:30On est allé vers des magasins où les prix sont moins chers.
03:32Les marques distributeurs.
03:33Exactement, en particulier.
03:34Et nous, on mesure qu'il faut à peu près 1 an après la fin de la hausse des prix
03:38pour revenir à un comportement d'achat de pré-crise, finalement.
03:42Et on a vu sur la fin de l'année, vous parliez des marques de distributeurs,
03:44seulement sur la fin de l'année que les marques de distributeurs
03:46commençaient à perdre un petit peu de terrain sur le mois de novembre-décembre.
03:49Donc on va quand même encore avoir un comportement d'achat
03:52de la part des consommateurs qui est dans une logique d'inflation.
03:55Mais est-ce que de la même façon, on va revenir au type de consommation
03:59que l'on avait il y a 2 ou 3 ans ?
04:01Probablement pas complètement.
04:02Je pense par exemple aux marques de distributeurs et au bio, par exemple.
04:05Probablement pas complètement.
04:06Le bio, c'est un bon exemple, effectivement.
04:08Alors il y a d'autres sujets autour du bio qui expliquent la baisse du bio depuis 2-3 ans.
04:11Mais c'est vrai qu'on est allé, en tant que consommateur,
04:13encore une fois, vers des nouvelles habitudes d'achat.
04:15On s'est rendu compte que sur beaucoup de catégories,
04:17les marques de distributeurs pouvaient offrir finalement la même qualité,
04:20la même promesse que ce que certaines grandes marques pouvaient offrir.
04:23Et probablement que par rapport au gain de part de marché des marques de distributeurs,
04:27par exemple, on ne reviendra pas au niveau d'avant.
04:29Il y a aussi des enseignes qui fonctionnent très bien,
04:31qui sont des enseignes qui communiquent beaucoup sur le bas prix
04:33et qui vont continuer à bien fonctionner.
04:35C'est une question importante.
04:36Bas prix, certes.
04:37Mais du coup, est-ce qu'on n'opère pas en qualité ?
04:39Sur beaucoup de catégories, les marques de distributeurs sont maintenant de très bonne qualité.
04:43Il y a beaucoup de travail qui a été fait.
04:44Souvent, ce sont des grandes marques qui produisent également les marques de distributeurs.
04:48Et donc, on est dans beaucoup de cas, c'est pas vrai dans 100% des situations,
04:51mais on est dans beaucoup de cas sur des très bonnes qualités.
04:53Il faut bien faire la différence entre les premiers prix, les marques de distributeurs et les marques nationales.
04:58Parce qu'effectivement, ce qui est décrié aujourd'hui, c'est la qualité nutritive des premiers prix.
05:04C'est ceux qui sont tout en bas dans les rayons.
05:06Oui, tout à fait.
05:07Exactement.
05:08Avec davantage de sucre, de sel.
05:10On l'a vu la semaine dernière avec la publication de Foodwatch.
05:13Il y a plein de chiffres qui sont très intéressants dans le sondage LABFM TV que nous révélons ce matin.
05:1782% des Français disent se serrer la ceinture.
05:21C'est énorme.
05:22Oui, tout à fait.
05:23Et d'ailleurs, il y a une étude qui a été faite la semaine dernière
05:26et qui montre que 3 Français sur 10 sont régulièrement à découvert à partir du 16 du mois.
05:33C'est un jour plus tôt qu'au printemps dernier.
05:37Ça, c'est important.
05:38Et c'est encore plus vrai lorsque vous êtes un ménage pauvre.
05:42Là, on arrive à 41% de la catégorie.
05:4737%, c'est les foyers modestes.
05:4931% dans la classe moyenne.
05:53Et ce qui pèse le plus lourd aujourd'hui dans le budget des ménages,
05:58c'est le loyer, mais également les assurances et tous les abonnements internet téléphoniques.
06:05Mais quand dans l'enquête, ils sont 82% à dire qu'ils se serrent la ceinture,
06:09ils renoncent à certaines dépenses ?
06:11Oui, ils font des arbitrages.
06:12On voit bien que les achats plaisirent.
06:14Les distributeurs l'ont noté.
06:15Vous savez, il y a toujours chez les distributeurs le rayon jardinage, vêtements.
06:21Là, ils ont noté tous une très forte baisse de leurs ventes en volume et en valeur.
06:27Pourquoi ? Encore une fois, parce que les ménages ont priorisé l'alimentation
06:32au détriment de tous ces achats.
06:34Et quand on regarde les chiffres des ventes en volume,
06:37là aussi sur l'année 2024, on a une baisse des dépenses des ménages
06:43de l'ordre de 0,4% au mois d'octobre.
06:46Et encore une fois, ce sont tous ces achats plaisir qui en pâtissent.
06:50Emmanuel Fournier, il se trouve qu'en ce moment, il y a des négociations commerciales
06:53entre les grandes enseignes de la grande distribution
06:55et les fournisseurs, les industriels de l'agroalimentaire.
06:58On nous dit que ces réunions se déroulent à couteau tiré en ce moment.
07:02C'est vrai ?
07:03Je ne suis pas dans les box de négociations avec les marques et les distributeurs,
07:07mais c'est vrai que c'est une réalité annuelle.
07:09Tous les ans, c'est des discussions qui sont très compliquées.
07:13Mais c'est vrai qu'après deux ans, deux ans et demi d'inflation,
07:15c'est d'autant plus important.
07:16Il y a aussi des regroupements dans l'univers de la distribution
07:19qui peuvent faire que le poids des négociations est encore plus important.
07:22On va voir ce qu'il en ressort.
07:23Mais c'est vrai que cette année, il y avait une idée
07:27que ça allait être des discussions assez tendues.
07:29Mais à quelle hausse s'attendent dans les supermarchés
07:30à l'issue de ces négociations ?
07:31C'est difficile à dire, honnêtement.
07:33Puisqu'il y a annoncé d'un côté, ce qui est annoncé de l'autre
07:35et jamais ce qui ressort vraiment dans la réalité.
07:37On a entendu tous les patrons des grandes enseignes
07:38jurer la main sur le cœur que les prix allaient baisser.
07:40Oui, oui.
07:41Et à côté, on a des grandes marques, des grandes groupes
07:43qui expliquent qu'ils ont des hausses de prix à passer.
07:46Et c'est vrai sur certaines catégories.
07:47Si on parle du chocolat, si on parle de l'orange,
07:49si on parle même encore de l'huile,
07:51il y a des matières premières qui continuent à augmenter.
07:53Il y a des problèmes de récolte.
07:54Il y a des problèmes de climat.
07:55Et il y a des catégories où il faut encore s'attendre à des hausses de prix.
07:58Le chocolat, tout au long de l'année 2024,
08:00alors que la moyenne des catégories de produits baissait,
08:02le chocolat a vu ses prix augmenter.
08:03Et pourtant, les produits plaisir dans l'alimentation, malgré tout,
08:06on se prive sur certaines hausses.
08:08Mais le plaisir sur l'alimentation quand même continue à résister.