Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Bruno Retailleau. Bonjour Sonia Mabrouk. Et bienvenue à la grande
00:03interview sur CNews Europe 1. Ministre de l'Intérieur, vous êtes au coeur de
00:07l'actualité brûlante et d'immenses défis. L'un de ces défis concerne
00:11l'immigration et les régularisations. Dans cet objectif, Bruno Retailleau, vous
00:14avez annoncé ou vous comptez modifier et remplacer la fameuse circulaire VALS.
00:19Circulaire, je le précise, qui permet aux sans-papiers de demander sous
00:22certaines conditions une admission sur la base du travail ou de la situation
00:25familiale. Vous allez donc la remplacer par une autre circulaire. D'abord, quand
00:29est-ce que ce sera effectif et est-ce que vous pouvez nous préciser le mot
00:32d'ordre de la nouvelle circulaire ? C'est très simple, les préfets l'ont reçu
00:36hier soir et est applicable dès aujourd'hui.
00:38Elle s'appuie sur des lois qui ont été votées, notamment la dernière, c'était en
00:44janvier 2024. L'objectif, je le dis, pour répondre à l'aspiration des Français,
00:48c'est de diminuer l'immigration, de lutter contre l'immigration, notamment
00:52illégale, puisque des clandestins, c'est bien l'immigration illégale, et de ne pas
00:58régulariser à tour de bras, parce que si on veut diminuer cette immigration,
01:01notamment illégale, il faut ne pas régulariser de façon trop
01:07quantitative, parce que, alors, on donne une prime d'ailleurs à l'irrégularité, à
01:12ceux qui ont fraudé, bien sûr, et puis en plus, ça rend impossible l'intégration,
01:17l'assimilation. C'est-à-dire que vous dites, c'est fini, le droit à la
01:21régularisation, stop, c'est le message que vous envoyez ce matin ? Il n'y a pas de droit, c'est ce
01:24que j'ai envoyé au préfet, il n'y a pas de droit à la régularisation.
01:28Un préfet, et c'est à sa main, sur des critères qui ont été strictement
01:33resserrés, peut être souverain, c'est le droit de l'État souverain d'ailleurs,
01:38d'admettre ou de ne pas admettre, sur son sol, qui il souhaite admettre ou non,
01:42mais je l'ai rappelé qu'il n'y avait pas de droit systématique, de droit
01:46automatique, de droit opposable à la régularisation.
01:49Ça veut dire que l'exception était devenue la règle, est-ce vrai Bruno
01:53de Retaillé, comme le disent certains fonctionnaires, qu'il est plus facile
01:55parfois d'entrer illégalement sur notre sol et d'obtenir ensuite les papiers,
01:59que d'entrer légalement et de suivre ce parcours classique et légal ?
02:03C'est ce que je ne voulais pas.
02:04Mais c'était la réalité ?
02:05C'était parfois la réalité, pas toujours, mais je ne le voulais pas,
02:08puisque quand, pour obtenir des papiers, il est plus facile de les obtenir par la
02:13voie de l'irrégularité, de la clandestinité, c'est choquant par rapport
02:17à des étrangers qui viennent et qui eux vont respecter nos règles, pour avoir
02:21accès à notre travail.
02:23Ça, ça ne se peut pas.
02:25Et donc, je l'ai rappelé au préfet, avec des règles qui seront beaucoup,
02:28beaucoup plus strictes, notamment sur les métiers en tension.
02:31Je leur ai demandé de regarder l'effectivité du travail parce qu'aujourd'hui,
02:34avec le numérique, c'est très facile de tricher.
02:37C'est très facile de produire des faux bulletins de paye.
02:40Ensuite, vérifier cette effectivité, c'est nous donner l'occasion, nous,
02:44avec les préfectures, de détecter des filières de travail clandestin où on
02:48utilise des quasi-esclaves.
02:50Ça, ça n'est pas possible.
02:51Ensuite, il y a aussi l'insertion sociale.
02:54Le travail pour s'intégrer, ça ne suffit pas.
02:56Moi, je veux que les préfets vérifient, par exemple, qu'on respecte nos modes
03:00de vie, les principes républicains et qu'il n'y ait pas de trouble à l'ordre
03:04public. Quelqu'un qui a commis, par exemple, un délit, hors de question
03:09de le régulariser. Une politique de fermeté, enfin.
03:13Faut-il sortir de cette situation ubuesque où le demandeur d'une régularisation
03:16a testé parfois de l'ancienneté de sa présence sur le sol français en produisant
03:20le papier daté de son OQTF ?
03:23Alors, voilà un exemple qui, si les Français le savaient,
03:28ça les choquerait. Donc, au-delà des métiers d'intention, ce que j'ai voulu
03:31aussi, c'est resserrer d'autres conditions.
03:34Par exemple, pour exiger sept années de présence de résidence sur le
03:38territoire.
03:38Sept années au lieu de cinq.
03:39Sept années, exactement. Et puis aussi, pour faire en sorte que lorsqu'une
03:43personne est frappée d'une décision pour l'éloigner, une obligation de quitter
03:47le territoire, évidemment, ça n'est pas possible.
03:50Ou on veut faire respecter la loi française.
03:53Un individu qui a une OQTF doit quitter le territoire et ne doit pas être
03:57régularisé. C'est le bon sens.
03:59Il faut maîtriser l'immigration.
04:01Et je l'assume. C'est mon objectif.
04:03Vous l'assumez avec, dès ce matin, des premiers craquements.
04:06Une majorité qui se lézarde, mais ça ne vous surprendra pas.
04:09Roland Lescure, qui est député macroniste et vice-président ensemble pour la
04:12République à l'Assemblée nationale, qui parle de caricatures concernant ce que
04:15vous faites. Que lui répondez-vous ce matin ?
04:18Je lui réponds qu'il ne faut pas caricaturer les Français.
04:20Je lui réponds que plus de 70% des Français sont derrière cette politique
04:24de fermeté. Je lui réponds que désormais, ce ne sont pas seulement les
04:27Français de droite. Ce sont aussi une majorité de Français de gauche
04:31qui sont pour cette politique de fermeté.
04:33Et vous savez, parmi ces Français, c'est toujours les mêmes.
04:36C'est d'abord les Français les plus modestes, ceux qui n'ont pas les moyens
04:39d'habiter les beaux quartiers, de tracer entre les conséquences du
04:43désordre migratoire et eux-mêmes une frontière invisible.
04:46C'est ces gens-là qui ont de l'argent pour mettre leurs enfants dans des
04:50bonnes écoles où là non plus, ils ne subiront pas les conséquences de ces
04:54désordres migratoires.
04:56Donc, le travail que je fais, la politique que je mène, elle correspond
05:00un, à une aspiration majoritaire des Français.
05:03On est quand même encore dans une démocratie.
05:05Démocratie, c'est le peuple qui gouverne.
05:07Deuxième chose, elle correspond aussi aux aspirations des Français les plus
05:11modestes, pour les classes populaires, pour les classes moyennes.
05:14Nouvelle circulaire, circulaire Rotaillot sur les régularisations et une
05:18prochaine circulaire également sur les naturalisations à venir, avec le
05:22même objectif de fermeté.
05:23Vous pouvez donner déjà l'analyse.
05:25Même objectif. Non, ce que je veux dire, c'est qu'il faut guider les préfets.
05:29Moi, j'y tiens. Je ne suis pas, comment dirais-je, dans une sinécure à Beauvau,
05:33enfermé sur Beauvau. On a, si j'ose dire, un bras armé que sont les
05:38préfets dans chaque département et je souhaite leur donner un certain nombre
05:41d'orientations et parfois même d'instructions.
05:44Là encore, vous savez que le concept d'assimilation, on en parle de moins en
05:48moins parce qu'on a une panne de l'intégration.
05:50On ne réussit même pas à intégrer.
05:52Mais le code civil, il est clair pour la naturalisation.
05:55Il parle, l'article notamment 21, etc.
05:59Il évoque le mot assimilation.
06:00Il évoque le mot assimilation.
06:02Assimiler des valeurs, assimiler les valeurs de liberté et de croire ou ne pas
06:06croire, d'égalité, hommes et femmes, par exemple.
06:08La fraternité, qui n'est pas une fraternité religieuse.
06:11Mais républicaine, c'est-à-dire civil.
06:13Comment vous pouvez vous assurer d'une telle adhésion à ces valeurs ?
06:16Avec des critères assez simples, avec des critères assez simples.
06:19Je pense que, par exemple, on va aussi augmenter le niveau qu'on demande pour
06:24la connaissance du français.
06:25Maîtrise de la langue française, signature aussi d'un contrat pour respecter
06:28les valeurs et les principes.
06:29Bien sûr, là encore, ça fait partie des conditions que j'ai demandées pour que
06:32chacun, les étrangers qui seraient régularisés, puissent s'engager,
06:36signer un papier d'engagement qui respecte nos valeurs, nos principes
06:40républicains.
06:41Bruno Retailleur, on voit bien que vous utilisez tous les leviers
06:43réglementaires à votre disposition, que vous sonnez également la mobilisation
06:47générale des préfets.
06:48Mais quand il va s'agir de toucher, je prends un exemple pour nos auditeurs et
06:51téléspectateurs, très concrètement, à l'aide médicale d'État, l'AME.
06:56Dans le PLFSS, vous considérez d'ailleurs l'AME comme étant, je cite,
06:59un encouragement à la clandestinité.
07:01Est-ce que vous aurez la même fermeté et aurez-vous le soutien du Premier
07:05ministre alors que les socialistes préviennent que ce sera un motif de
07:09censure ?
07:10Moi, mon objectif, c'est faire en sorte qu'en France, on soit dans la
07:13moyenne des pays européens.
07:15Or, en France, il faut que les Français le sachent, l'AME, l'aide médicale
07:18d'État, plus le titre qui nous permet de donner à des étrangers
07:23malades un titre étranger malade, c'est unique au monde.
07:25C'est unique au monde.
07:26Moi, je voudrais qu'on ne fasse pas moins bien que les autres, mais qu'on
07:29ne fasse pas mieux, parce qu'alors, on crée des appels d'air.
07:31Donc, vous ne reculez pas sur ce sujet, malgré la menace de censure ?
07:34Je ne recule pas, l'AME ne dépend pas, l'AME ne dépend pas, d'ailleurs.
07:38Strictement, on parlait de PLFSS, de loi de financement de la sécurité
07:42sociale, mais du budget, voilà.
07:44Les sénateurs, d'ailleurs, ont commencé à encadrer cette AME et je
07:47pense que ça va dans le bon sens.
07:49C'est ce que je demande pour ne pas créer d'appel d'air.
07:51Pourquoi est-ce qu'on demande quand même des efforts aux Français et
07:55qu'on ne demanderait pas aux clandestins ?
07:56Parce que l'AME, ça concerne les clandestins, ceux qui nous ont
07:59fraudés. Je n'ai pas demandé à supprimer, j'ai demandé à ce que
08:03ce soit comme les autres.
08:04Le panier de soins, comme l'Allemagne, comme la Suède.
08:07Mais ce n'est pas entendu par une partie du spectre politique qui,
08:10aujourd'hui, quand même, a un droit, si je puis dire, de regard sur la
08:14suite de la survie de votre gouvernement.
08:16C'est dommage. Voilà des questions qu'on pourrait mettre au référendum,
08:19comme la question, par exemple, du délai de carence.
08:22À partir de quand un étranger qui vient peut percevoir des prestations
08:26sociales non contributives, les allocations familiales ?
08:29Est-ce qu'il doit travailler pour les percevoir ?
08:32Est-ce qu'on doit lui demander 2 ans, 2, 3 ans de présence sur le
08:36territoire ? Ça pourrait être, d'ailleurs, l'objet d'un référendum.
08:39Et c'est dans l'article 11, le fameux périmètre des questions
08:43du champ du référendum, permettrait d'ailleurs d'organiser sur ces
08:47questions-là un référendum.
08:48Moi, je pense qu'il est temps, vraiment, de donner la parole aux
08:50Français sur ces questions-là.
08:52Je le vois en Europe. Vous savez, en Europe, quand je siège avec mes
08:55autres collègues qui sont ministres de l'Intérieur, je n'arrive même
08:58plus, sur la base de leurs propos sur l'immigration, je n'arrive même
09:01plus à distinguer celui ou celle qui appartient à un gouvernement de
09:04gauche ou de droite.
09:05Tellement...
09:06Vous prenez des sociaux-démocrates qui ont avancé sur ce sujet et on
09:08peut aller plus loin quand vous regardez.
09:10Les Allemands, les Danois, je peux vous donner une liste.
09:12Et lorsque vous voyez, Bruno Taïo, Donald Trump, quoi qu'on pense du
09:16personnage, quoi qu'on pense de ces metteurs, dans quelques heures, il
09:18a pu décliner sur l'immigration ses paroles, ses paroles en actes.
09:21En quelques heures, il a fait passer plein de décrets.
09:24Qu'est-ce que vous vous dites ?
09:25Qu'on a deux systèmes très différents, parce que nous, un président
09:27de la République ne peut pas signer ce qu'on appelle là-bas des
09:30executive orders, c'est-à-dire que le président fait des lois.
09:34Mais je me dis qu'en France, en tout cas, la leçon que j'en tire, c'est
09:37que les hommes et les femmes politiques doivent écouter leur peuple.
09:41Parce que quand les dirigeants n'écoutent pas leur peuple, dans les
09:43urnes, il y a des révoltes.
09:45Là, vous envoyez un message clair au président de la République.
09:48Non, parce que ce n'est pas lui qui, aujourd'hui, comment dirais-je, me
09:52limite en matière législative.
09:55Je pense que ceux qui se réclament de la droite et du centre doivent
09:59écouter le peuple français.
10:01C'est ça, l'essence de la démocratie.
10:03Je pense qu'il y a cette grande question de l'État de droit qu'on doit
10:07respecter, faire évoluer quand les règles ne protègent plus.
10:10C'est ce que je crois.
10:11Il y a un certain nombre de règles...
10:12Faire évoluer l'État de droit, qui est évolutif.
10:14Les règles, bien sûr, les règles de droit sont évolutives.
10:17Et quand elles ne protègent pas, regardez l'affaire de la jeune
10:19Philippine, il faut qu'on puisse, dans les crades, dans les centres de
10:22rétention, retenir plus longtemps ceux qui sont dangereux, puisque ce
10:26jeune assassin a été libéré beaucoup trop tôt.
10:28Il l'a violé, il l'a assassiné.
10:30Donc, quand une règle de droit est insuffisante, on la bouge.
10:32Évidemment, on la bouge pour protéger la société.
10:35On l'entend. Et est-ce que vous avez les marges de manœuvre suffisantes ?
10:37Autre exemple et autre dossier, puisque vous dites, Bruno Retaillou,
10:41qu'il ne faut rien laisser passer.
10:42Il s'agit des messages de haine des influenceurs algériens.
10:45Vous avez annoncé en début de semaine une nouvelle interpellation de
10:48cette influenceur qui a appelé sur TikTok à commettre des actes
10:52violents sur le territoire français.
10:54C'est un fait assez inédit.
10:55Le parquet a déploré, je cite, une communication prématurée de votre
10:59part. Selon le ministère public, vous vous êtes précipité.
11:02Que répondez-vous à ce qui ressemble quand même à un recadrage ?
11:05De quoi parle-t-on ? On parle d'individus algériens qui sèment
11:09la haine sur notre territoire via les réseaux sociaux, via TikTok.
11:13Je vous rappelle que ces individus appellent au meurtre, au crime,
11:17à la torture parfois, avec des propos aussi antisémites.
11:21Donc, à chaque fois, je signale, je ne laisse rien passer.
11:24À chaque fois, la plateforme Pharos, pour supprimer les vidéos,
11:28je signale à l'autorité judiciaire et je demande à mes policiers,
11:31aux gendarmes, de les interpeller, y compris chez eux.
11:34Là, mon tweet était pour féliciter les forces de l'ordre.
11:38Que peut-on me reprocher ? Je n'ai rien dévoilé de la procédure judiciaire.
11:43Il m'appartient d'encourager les hommes et les femmes qui sont sous
11:46mon autorité quand ils font du bon travail.
11:48Quand je vois, voyez, ce qui s'est passé, Vierzon, où j'ai cru
11:52vraiment, vraiment, quand j'ai vu que le sort qu'on réservait à ce chef
11:55d'entreprise, avec un doigt...
11:56David Balland, un cofondateur de la start-up Ledger, enlevé avec sa femme,
12:00torturé à un doigt coupé.
12:01Torturé à un doigt coupé. Très franchement, j'ai eu très, très peur.
12:03Cette affaire, je l'ai suivie d'heure en heure.
12:05Vous vous rendez compte ? Et je veux les féliciter.
12:07D'heure en heure, vous avez suivi l'intervention du GIGN ?
12:09Absolument. La gendarmerie, le GIGN, en 48 heures,
12:13ils ont mis la main sur ces dix malfrats.
12:16C'est exceptionnel.
12:17Il faut que les Français d'abord le sachent parce qu'on nous reproche
12:19de ne pas avoir de résultat.
12:21Mais si on ne dit rien, les Français ne sauront rien.
12:24Ils verront les exactions, mais ils ne verront pas les efforts
12:26des policiers et des gendarmes au péril de leur vie.
12:29Donc moi, j'assume le fait de féliciter les hommes et les femmes
12:33qui prennent des risques pour les Français.
12:34Alors évidemment, il faut les féliciter.
12:36Et vous assumez jusqu'où certaines prises de position,
12:39Bruno Retailleau, sur la relation entre la France et le régime algérien ?
12:41Vos mots, d'ailleurs, ne souffrent pas d'ambiguïté lorsque vous dites
12:44que l'histoire ne peut donner à l'Algérie le droit d'offenser la France.
12:48Et après, on a envie de vous demander, Monsieur Retailleau,
12:50est-ce que vous êtes favorable ?
12:52Est-ce que le ministre est favorable ?
12:53Parce qu'il disait il y a quelques semaines, quelques mois
12:55ou quelques années même sur l'abrogation,
12:58plutôt la remise en cause des accords dérogatoires de 68.
13:00Vous me connaissez.
13:02Quand j'ai une conviction, je la garde, je la tiens.
13:04J'ai déposé au Sénat, ça devait être en 2018 ou 2019,
13:08une résolution pour abroger cet accord de 68,
13:12qui est totalement dérogatoire et qui fait qu'on a une immigration
13:15algérienne de peuplement, d'installation très familiale,
13:18quand vous la regardez par rapport, par exemple, à celle qui vient du Maroc.
13:23Donc, moi, j'assume tout.
13:24Et moi, je pense qu'il faut...
13:25Qui n'assume pas tout, alors ?
13:27Mais en tout cas, je suis ministre de l'Intérieur.
13:28Est-ce que la diplomatie et puis le haut sommet de l'État
13:30ne veulent pas aller loin ?
13:31En tout cas, vous savez parfaitement qu'un ministre de l'Intérieur,
13:34il a un périmètre ministériel.
13:36Et moi, je ne suis ni le quai d'Orsay, ni le Premier ministre,
13:38ni le président de la République.
13:39Simplement, j'ai dit au président de la République
13:42qu'il y avait un certain nombre d'instruments
13:43qui sont des instruments d'ordre un peu plus global.
13:46Par exemple, l'accord de 68.
13:47Il y a des échanges de lettres de 2007 aussi,
13:49qui permettent aux diplomates de ne pas avoir Algérien
13:52de venir sans visa.
13:53Et puis, il y a des mesures individuelles,
13:55y compris des mesures d'ordre patrimonial.
13:57Pour l'instant, vous nous confirmez que rien n'est activé ?
14:00Pour l'instant, rien n'est activé.
14:02Je crois qu'il y a un certain nombre d'options,
14:04encore une fois, générales ou individuelles.
14:06Mais il ne m'appartient pas à moi de l'étranger.
14:08Ce que je pense, moi, et je le redis à ce micro,
14:12je pense que le président de la République
14:13a beaucoup tendu la main à l'Algérie
14:15et que l'Algérie, en réalité, a peu donné en retour.
14:19Ou au contraire, elle a augmenté.
14:20En fonction de ce que nous donnions,
14:22nous, son agressivité n'a cessé d'augmenter.
14:25Ça, je ne le comprends pas.
14:26Vous savez, je respecte les Etats, je respecte les peuples.
14:29Et le peuple algérien est un grand peuple.
14:30D'ailleurs, vous parlez du régime algérien.
14:32Et je parle du régime.
14:33Mais j'entends que ce régime respecte la France,
14:36comme vous l'avez très bien dit, les douleurs de l'Histoire.
14:39Et je les connais, ces douleurs aiguës de l'Histoire.
14:41Mais en aucun cas, elles ne peuvent donner une sorte de droit de tirage
14:45à offenser la France.
14:47Ça n'est pas possible.
14:48Et est-ce que dans ces relations, on a aujourd'hui un otage politique
14:51et un prisonnier politique qui s'appelle Boalem Sansal ?
14:54Vous le présentez ainsi, monsieur le ministre de l'Intérieur ?
14:56Bien sûr, c'est choquant.
14:58C'est un otage politique ?
14:59C'est le mot d'otage.
15:01En tout cas, il est détenu.
15:02Un prisonnier politique ?
15:03Il a été arrêté.
15:04Vos mots auront une importance et une résonance importante ?
15:06Bien sûr, mais je pense qu'il est sans doute l'otage.
15:09De cette relation tendue entre les deux pays.
15:12Boalem, que je connais bien, qui est un ami, est malade.
15:15Il est très malade.
15:16Il est âgé.
15:18Je demande au régime algérien un geste humanitaire.
15:21Et vous voyez, je suis scandalisé de ce qui s'est passé hier.
15:25Je crois que François-Xavier Benhamy
15:26était il y a quelques minutes ici, sur ce plateau-là.
15:30Il a courageusement, je m'en étais entretenu avec lui,
15:32parce que je pense qu'il faut aussi qu'on sorte du face à face.
15:35Et je pense que l'Europe doit nous aider à peser sur l'Algérie.
15:38Et courageusement, François-Xavier Benhamy a présenté une résolution
15:42hier qui a été votée à une très, très grande majorité.
15:46533 sur 600 députés, sauf Mme Rima Assa.
15:49Alors de quoi c'est le symbole ?
15:51Que montre sa position et son vote, selon vous ?
15:53Mais c'est une alliée du régime algérien.
15:58Vous vous rendez compte que cette résolution, de l'en décroître...
15:59Une députée, une eurodéputée,
16:03est un agent d'influence du régime algérien aujourd'hui.
16:05En tout cas, un soutien, un suppôt.
16:08Vous vous rendez compte que cette résolution demandait la libération
16:13immédiate, inconditionnelle d'un homme malade, d'un homme âgé
16:16avec une mission médicale ?
16:18Et Mme Rima Assane, qui appartient aux Insoumis,
16:21dit non, je refuse, je vote contre.
16:24Vous vous rendez compte ?
16:25C'est inhumain, c'est inhumain, c'est scandaleusement,
16:29politiquement scandaleux, évidemment.
16:31Et je demande d'ailleurs à l'FI de se justifier.
16:35Est-ce qu'ils sont derrière ?
16:37Est-ce qu'ils considèrent que ce vote-là représente
16:40ce que leur parti veut porter au niveau français et européen ?
16:44Est-ce qu'il y a d'autres agents d'influence du régime algérien en France ?
16:48Ici même, il y a quelques semaines, l'ancien ambassadeur de France
16:50en Algérie, Xavier Driancourt, avait parlé également de la grande mosquée
16:53de Paris, dont on a appris par le journal L'Opinion que,
16:56mis à part évidemment les interactions religieuses,
16:58il y avait des interactions économiques très fortes avec l'Algérie,
17:01dont un monopole sur la commercialisation du halal.
17:05Y voyez-vous là encore un suppôt pour reprendre vos mots ?
17:08Mais l'islam en France s'est bâti par plusieurs voies.
17:12On sait parfaitement que cet islam qu'on appelle l'islam consulaire,
17:17très influencé par des pays étrangers, a pris racine en France.
17:21Moi, je pense qu'une mosquée, c'est un lieu de culte et j'y suis très attaché.
17:25Ça correspond d'ailleurs à la loi française.
17:27Donc j'entends faire respecter le droit français.
17:31Une mosquée est un lieu de culte, ça n'est pas une ambassade.
17:34Et pour ce qui concerne le halal, j'ai demandé à mes services
17:38de voir, d'examiner les conditions dans lesquelles cette taxe avait été instaurée
17:43et si elle était compatible avec la loi de 1905.
17:47Il y a aussi dans vos défis,
17:49monsieur le ministre de l'Intérieur, la lutte contre les narcotrafics,
17:52avec également ce qui a été annoncé par le garde d'essau Gérald Darmanin hier
17:56sur une police pénitentiaire, sur une prison de haute sécurité.
17:59Il y a le fond, il y a aussi la forme.
18:01Je vais poser une question politique parce que voilà deux ministres
18:03très médiatiques qui marchent sur les mêmes plates-bandes
18:06risquent de se marcher sur les pieds.
18:07Non, mais c'est très important que l'Intérieur et la justice fonctionnent ensemble.
18:13Vous n'allez pas me dire autre chose.
18:15Non, mais je vais vous dire très concrètement ce que je disais à Didier Migaud,
18:18ce que j'ai dit aux premiers ministres successifs et au président de la République.
18:22Ne me demandez pas d'avoir des résultats avec la même politique pénale.
18:26D'accord, donc aujourd'hui, vous avez un allié à la place Vendôme.
18:29Je ne peux pas envoyer des policiers, des gendarmes au feu, au péril de leur vie
18:33si demain, ils arrêtent des individus, des délinquants.
18:38Ils les retrouvent quelques jours, quelques semaines dans la rue,
18:41libres, goguenards, sans une journée de prison.
18:44J'avais cité un jour, j'étais allé voir un policier, il s'était fait broyer une main.
18:49C'était un mineur de 17 ans, 17 ans et demi.
18:51Il avait 33 antécédents judiciaires, dont un vol avec torture.
18:56Pas un seul jour de prison.
18:58Ce n'est pas révoltant, ça ?
18:59Ici même, la magistrate Béatrice Brugère a parlé de 40 % aujourd'hui de peine
19:04prononcée et non exécutée.
19:06Elle a raison, mais il faut une révolution.
19:09J'ai lu son livre, c'est un excellent livre.
19:11Tous les hommes et les femmes politiques devraient le lire.
19:14Et j'ajoute qu'on a créé en France un droit à l'inexécution des peines.
19:19Voilà, il faudrait abroger, par exemple, la loi de Madame Taubira de 2019
19:24pour que l'on puisse rendre possible, notamment pour les mineurs violents,
19:27des courtes peines de moins d'un mois.
19:30Alors que là, entre un mois impossible de faire de la prison,
19:33six mois c'est compliqué, jusqu'à un an.
19:35Voilà, donc il faut une autre politique pénale.
19:36Je reviens peut-être au narcotrafic, parce que ce texte, j'y tiens beaucoup.
19:40Je l'ai initié au Sénat, puisque c'est moi qui avais initié la commission d'enquête.
19:44Et c'est les conclusions de la commission d'enquête qui ont fait l'objet
19:48de cette proposition de loi qui va être étudiée.
19:51Nous le ferons au banc, je serai avec Gérald Darmanin, bien sûr,
19:54au Sénat cette semaine.
19:55On va renverser les choses parce qu'on est allé très loin.
19:59Et aujourd'hui, on a une menace existentielle avec la drogue,
20:02avec la corruption en France.
20:03Avec une obligation de résultats, monsieur le ministre,
20:05alors que ça brûle à Macron sur fond de trafic de drogue, avec Marseille,
20:10même si les narcomicides ont baissé, c'est des règlements de comptes sanglants
20:14cette fois-ci.
20:15Mais les résultats, je vais vous dire, les résultats, on commence à en avoir.
20:19Un exemple, la cocaïne, le volume de cocaïne saisit en 2023, 23 tonnes.
20:27L'an dernier, sur 11 mois, 47 tonnes, plus du double.
20:29Le problème, c'est que le prix ne bouge pas,
20:31parce qu'il y en a de plus en plus.
20:32Et donc, il faut qu'on s'organise.
20:34Aujourd'hui, on ne lutte pas à armes égales.
20:36Ce texte-là va créer un nouvel arsenal et on va faire avec le narcotrafic
20:41ce qu'on a fait pour le terrorisme.
20:43Et c'est comme ça qu'on aura des résultats.
20:45On a eu des résultats l'an dernier sur le terrorisme.
20:47On a déjoué neuf attentats, aucun mort.
20:50Il n'y a jamais eu autant de tentatives d'attentats terroristes en 2024.
20:55Et on a eu zéro mort.
20:57Et vous l'avez rappelé lors d'une conférence au Centre de sécurité intérieure
21:00et vous avez salué aussi, lors de cette conférence, le combat.
21:03Et d'ailleurs, vous êtes dit très proche de la présence du collectif identitaire
21:06Nemesis, Alice Cordier, qui vous avait demandé, d'ailleurs,
21:10la dissolution de la jeune garde antifasciste.
21:12Alors, c'est un mouvement d'extrême gauche.
21:13Ça a déclenché des cris d'orfraie, notamment de la France insoumise.
21:16Je cite, par exemple, Clémence Guété, qui dit
21:19« Voilà comment Rotaillot, ministre de l'Intérieur,
21:21s'adresse à un collectif d'extrême droite violent et raciste. »
21:24Alors, je remets les choses au point, puisque quand ces jeunes femmes
21:29m'ont interpellé au milieu d'un feu roulant de questions,
21:32elles m'ont demandé et posé la question sur leur combat,
21:35qui est un combat contre l'islamisme, qui est un combat contre l'antisémitisme.
21:40Et bien sûr, je leur ai dit que je partageais ces combats parce que c'est la vérité.
21:45En revanche, Nemesis ne m'a rien dit sur le moment.
21:49J'ai vu après que c'était une association qui avait des positions très radicales,
21:53qui avait très brutalement d'ailleurs, par exemple, attaqué Valérie Pécresse.
21:57Et je ne me sens pas du tout proche de cette association en tant que telle.
22:00J'ai répondu sur des combats qui me semblaient être des combats importants,
22:05en tout cas, que je mène depuis très longtemps.
22:07Il y a les combats collectifs, et on va conclure, il y a les combats...
22:09Et l'extrême gauche, bien entendu, c'est du terrorisme intellectuel.
22:12Évidemment, Mme Guété en profite, elle profite de cette confusion
22:16et elle voudrait que je me taise.
22:18Eh bien, je ne me tairai pas.
22:19Et ces combats sur l'islamisme, parce que eux, ce sont des islamo-gauchistes.
22:24Vous ne vous tairez pas, c'est ce que vous dites,
22:25mais est-ce qu'à un moment, vous aurez le choix ?
22:27Monsieur le ministre, la question politique est posée.
22:29Rester ou partir ?
22:30Rester au sein du gouvernement, quitte à être entravé ou partir
22:34et poser un acte fondateur pour la suite ?
22:36Vous y réfléchissez ?
22:38Je suis dans l'action.
22:39Vraiment, je suis dans l'action.
22:40J'agis pour les Français.
22:42Quand je suis rentré au gouvernement avec Michel Barnier,
22:44quand je suis resté au gouvernement avec François Bayrou,
22:47je me suis promis de ne pas me mentir, de ne pas tromper les Français.
22:51Tant que je peux agir, tant qu'on me donne les moyens
22:54pour les combats que j'estime être justes et qui sont soutenus par les Français,
22:59qu'on me comprenne bien, ce ne sont pas des caprices.
23:01Un homme seul peut-il agir dans un écosystème qui lui est parfois défavorable ?
23:04Non, écoutez, le général de Gaulle parlait de la Ve République
23:08comme un régime de la majorité nationale.
23:10Il y a une majorité nationale de droite et de gauche
23:13derrière les propositions que je fais de fermeté.
23:15Et s'il y a une ligne rouge, par exemple, quelle serait-elle ?
23:18François Bayrou s'est prononcé sur un projet de loi sur la fin de vie qui arrive.
23:22Découplé, certes, mais il y aura quand même un projet de loi sur la fin de vie.
23:25On connaît vos convictions. Est-ce que ce sera votre ligne rouge ?
23:28Ah non, je salue ce qu'il a fait, au contraire.
23:30Je salue ce qu'il a fait, puisqu'il va y avoir deux textes de loi.
23:34En réalité, on voyait bien le piège d'un certain nombre de militants.
23:38Le piège, c'était de prendre en otage
23:41les soins palliatifs pour pousser les uns et les autres qui étaient favorables.
23:45Et tout le monde est favorable aux soins palliatifs pour pouvoir
23:48faire des pressions pour voter l'ensemble des textes.
23:51Et sur l'autre texte ?
23:52L'autre texte, ma position ne change pas.
23:54Donc c'est une ligne rouge ?
23:55Je suis contre l'euthanasie.
23:58Et si ça passe ? Et s'il y a une légalisation d'une forme ?
24:00Ah bon, donc si ça passe par le Parlement, c'est bon ce qu'il a ?
24:03Le Parlement, non, pas du tout.
24:05Évidemment que je ne suis pas d'accord sur tout.
24:07Mais ce qui me semble fondamental, c'est qu'il est compris qu'on ne peut pas
24:10prendre sur des sujets de conscience intime,
24:13on ne peut pas prendre les soins palliatifs en otage pour faire passer
24:17de façon trop rapide le texte sur l'euthanasie.
24:21Donc ça, je pense que je veux saluer parce que c'est courageux.
24:24En revanche, ma position n'a pas changé.
24:26Je reste contre l'euthanasie.
24:27Je pense que les gens ont besoin d'être soulagés, de ne pas souffrir.
24:30On le peut avec les soins palliatifs, mais l'euthanasie, c'est autre chose.
24:34Et tous les pays qui l'ont autorisé mettent d'abord des gardes fous.
24:37Mais vous savez, quand vous entrebaillez une porte,
24:40progressivement, ces gardes fous sautent les uns après les autres.
24:43La porte entrebaillée finit par être une porte grande ouverte.
24:46Merci, Bruno Retailleau. C'était votre grande interview.
24:48Bonne journée à vous.
24:49Merci.