Pierre de Vilno reçoit Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.
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00:00Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1, c'est News Les Echos.
00:05Bonjour Laurent de Saint-Martin.
00:06Bonjour.
00:07Merci d'être avec nous, c'est votre Grand Rendez-vous ce dimanche.
00:09Vous êtes le ministre délégué au commerce extérieur et aux Français de l'étranger.
00:13Vous étiez le ministre des Comptes publics dans le gouvernement précédent, le gouvernement Barnier.
00:20Vous êtes donc assez concentré sur des sujets comme le budget 2025,
00:25que le Premier ministre promet désormais de faire adopter par l'intermédiaire de l'article 49.3.
00:30Vous n'avez pas été sourd au commentaire acide de Bernard Arnault sur la surtaxation des entreprises françaises en France.
00:37Nous vous demanderons aussi comment vous aborder les échanges avec Donald Trump.
00:40La course aux droits de douane a commencé.
00:43Et enfin, un mot de l'intelligence artificielle, elle occupe nos vies.
00:46Et Emmanuel Macron pilote un événement cette semaine sur le sujet.
00:50Êtons là aussi dans une course avec l'Amérique.
00:53Pour vous interroger ce matin, Stéphane Dupont-Déséco, bonjour Stéphane, et Mathieu Bocoté, bonjour Mathieu.
00:59Nous y sommes après un roman feuilleton entre François Bayrou et le Parti socialiste.
01:05Une série de concessions chiffrées par le Premier ministre à 5 milliards faits aux socialistes.
01:10Une ligne de crête toujours plus étroite avec le RN.
01:12Nous y voilà.
01:14Le Premier ministre annonce faire passer le budget par 49.3.
01:17Est-ce que c'était inévitable ?
01:19Oui, je le crois.
01:20La question était devenue, depuis maintenant plusieurs semaines,
01:24de savoir quelle force politique était prête à ne pas censurer le gouvernement
01:28à l'issue, justement, de la présentation de la responsabilité du gouvernement,
01:32dit autrement, utilisait l'article 49.3.
01:35Donc c'était une surprise pour personne, ce n'était pas un suspense.
01:38Et les discussions qui ont eu lieu, notamment avec le Parti socialiste,
01:41menées par le Premier ministre, mais aussi par Éric Lombard,
01:44beaucoup, le ministre de l'Économie,
01:45avaient pour objectif de trouver un compromis sur le texte
01:49permettant de rassembler plus largement,
01:52avec notamment les députés du groupe socialiste,
01:55pour qu'ils ne censurent pas le gouvernement au dépôt de la motion de censure.
01:59Donc on y croyait ? On croyait à une coalition, à une entente cordiale ?
02:05Vous avez l'assurance qu'ils ne vont pas censurer les socialistes ?
02:08Vous avez l'assurance ?
02:08Parce que vous dites qu'on a trouvé un accord, mais ce n'est pas si clair que ça.
02:11Non, je n'ai pas dit cela.
02:12J'ai dit que, d'abord, la commission mixte paritaire,
02:15qui n'est pas le gouvernement,
02:17la commission mixte paritaire, ce sont les députés et sénateurs qui s'entendent entre eux.
02:19Non, mais c'est la représentation de la France.
02:21Exactement, et c'est donc déjà quelque chose de très important.
02:23Ils se sont mis d'accord sur un texte qui n'est pas tout à fait celui du gouvernement.
02:26Il en est proche.
02:28Ce qui va se passer, c'est qu'effectivement,
02:30le gouvernement va prendre acte de cet accord
02:33et va engager sa responsabilité devant l'Assemblée nationale,
02:36suite à quoi il y aura très probablement le dépôt d'une motion de censure
02:41par le groupe La France Insoumise, comme d'habitude,
02:43puisque eux, c'est un réflexe pavlovien que de vouloir censurer, quel que soit le fond.
02:46Et là, la question est de savoir effectivement si le groupe socialiste, cette fois-ci,
02:50mais aussi le groupe du Rassemblement national, cette fois-ci,
02:53vont vouloir censurer le gouvernement.
02:54Je ne dis pas que j'en ai l'assurance, ce serait un peu présomptueux de ma part.
02:57Je dis que je crois qu'ils ne le censureront pas,
03:00parce que je crois que le compromis,
03:02et ce que l'on comprend quand même des sorties médiatiques,
03:06des responsables notamment du groupe socialiste à l'issue de cette commission mixte paritaire,
03:10me donne confiance sur la capacité à ce qu'il n'y ait pas de censure.
03:14Mais au fond...
03:14Confiance sur quel sujet, Laurent Saint-Martin ?
03:16Sur le fait qu'ils ne censureront pas.
03:17Oui, globalement, c'est-à-dire pas forcément sur un sujet plutôt qu'un autre.
03:20C'est une non-censure qui va coûter très cher, Pierre le disait,
03:23ça va coûter, le Premier ministre parle de 5 milliards.
03:25Mais vous savez combien a coûté la censure elle-même ?
03:28La censure, elle a coûté plus de 12 milliards d'euros.
03:30Mais ce n'est pas une raison pour que ça recoute 5 milliards de plus.
03:32Non, mais chaque jour qui passe, c'est plus de 100 millions d'euros
03:35qui ne sont pas dans du service public, qui ne sont pas au service de nos concitoyens.
03:40Les Français et les représentants des Français les plus raisonnables, les plus responsables,
03:44je mets évidemment les socialistes dedans.
03:46Le RN aussi ?
03:46On comprit.
03:47Mais le RN, pour l'instant, je ne comprends pas très bien
03:49quelle est leur stratégie sur cette motion de censure.
03:51J'entends davantage ces derniers jours, et j'en suis heureux,
03:54les responsables du groupe socialiste qui, l'ont dit très clairement,
03:58ils ne souhaitent pas, ils ne souhaitent pas censurer à nouveau.
04:01Sinon, ils ne seraient pas rentrés dans les négociations.
04:03Est-ce que c'est le début d'une rupture au sein du NFP, selon vous ?
04:04C'est-à-dire la capacité de détacher les socialistes
04:06et de les ramener à la proximité du bloc central ?
04:09Je le crois.
04:10Il y a eu vraiment un changement d'attitude notable
04:13à partir du moment où il y a eu cette première censure.
04:16Je crois que les socialistes qui sont des députés de gouvernement,
04:20qui connaissent la responsabilité des affaires,
04:23ont compris quand même le coût, d'abord au sens financier,
04:25mais aussi politique, que représentaient la censure
04:27et l'instabilité politique.
04:29Et donc, ils se sont dit sur le gouvernement dirigé par François Bayrou,
04:32on va rentrer dans des discussions, d'abord pour faire évoluer le texte.
04:35Et ça, moi, je le salue, puisque c'est le principe du compromis,
04:38c'est le principe d'une culture de coalition qui n'existe pas en France
04:40et que nous sommes en train péniblement,
04:42mais petit à petit, de construire.
04:44Ils se sont dit, cette fois-ci, nous allons participer,
04:46et participer pas au sens gouvernemental,
04:48mais participer au débat d'idées et à la construction du texte.
04:51Mais le compagnonnage avec Jean-Luc Mélenchon est pardonné, en quelque sorte ?
04:54Ce n'est pas que il est pardonné, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
04:56le Nouveau Front Populaire existe toujours,
04:58mais on voit bien une différence énorme, maintenant,
05:02entre l'attitude des députés socialistes
05:04et l'attitude des députés, notamment, insoumis,
05:07qui sont, encore une fois, je le disais, dans un réflexe pavlovien,
05:09de chaos, de recherche d'instabilité.
05:11Et je ne peux que saluer l'attitude des députés socialistes,
05:15qui a évolué entre cet automne et cet hiver.
05:18Et c'est tant mieux pour le pays, tout simplement.
05:20Au final, quand même, le texte qui est issu de la commission mixte paritaire,
05:22c'est plus de dépenses et plus d'impôts.
05:25Ça va nous coûter de l'argent, quand même.
05:27Non, d'abord, il faut quand même remettre le texte là où il est.
05:30C'est d'abord un texte de réduction du déficit public de notre pays.
05:34Pas beaucoup, oui.
05:34Si, c'est quand même, d'abord, un texte où on va réduire la dépense publique.
05:38Je le sais, puisque c'est un texte qui est issu des discussions
05:41que nous avions eues déjà lors du gouvernement Barnier.
05:44Et il y a des prélèvements obligatoires,
05:46mais qui sont davantage des prélèvements obligatoires
05:48liés à de la justice fiscale qu'à de la hausse d'impôts.
05:51Les classes moyennes françaises qui travaillent
05:52n'auront pas de hausse d'impôts à travers ce budget.
05:54La justice fiscale et les hausses d'impôts, selon vous ?
05:56Prenez l'exemple, par exemple, d'une contribution qui s'appelle,
05:59pardon pour la technique, différentielle sur les revenus.
06:02C'est tout simplement s'assurer qu'on ne puisse pas éviter l'impôt
06:05de façon excessive.
06:06En gros, un impôt minimum pour les contribuables les plus fortunés.
06:10J'appelle ça de la justice.
06:11Ils ne le payaient pas déjà ?
06:13Ils en payaient, mais par mécanisme d'optimisation,
06:16ils pouvaient descendre à un taux moyen extrêmement bas,
06:193, 4, 5 %.
06:20Vous ne trouvez pas ça normal ?
06:21Les Français payent en moyenne des taux d'imposition
06:24pour ceux qui sont imposables à impôts sur le revenu,
06:25bien supérieurs.
06:26Donc ça s'appelle un plancher, ça s'appelle s'assurer
06:28qu'il n'y ait pas de la sur-optimisation.
06:30Ça, c'est bien, ça s'appelle de la justice fiscale.
06:32Il faut le faire.
06:33Donc il n'y a pas de hausse d'impôts pour les Français
06:36de la classe moyenne qui travaillent dans ce budget.
06:38Il faut le répéter.
06:39Il y a des mesures de justice et de lutte
06:41contre l'optimisation et contre la fraude fiscale.
06:43Et ça, c'est très bien.
06:44Mais permettez-moi, c'est Éric Lombard qui a eu
06:45cette formule assez forte.
06:46Il a dit qu'en France, il n'y a pas trop d'impôts,
06:48il n'y a pas trop de fonctionnaires,
06:49il n'y a pas trop de règlements.
06:50En fait, il manque d'entrepreneurs, dit-il.
06:52Est-ce qu'on ne pourrait pas renverser la formule en disant
06:54que c'est parce qu'il y a trop de règlements,
06:55c'est parce qu'il y a trop d'impôts, trop de fiscalité
06:57que finalement les entrepreneurs, soit ne se découvrent pas
06:59ou vont ailleurs ?
07:00Oui, je vous rappelle que l'impôt sur les sociétés
07:02était à 33% en 2017 à la sortie du quinquennat
07:05de François Hollande.
07:06On l'a ramené à 25%.
07:08On a baissé les impôts de production,
07:10on a allégé le code du travail.
07:12On a fait en sorte qu'entreprendre en France
07:14devenait enfin intéressant.
07:15Et ça a marché, on a plus d'entrepreneurs,
07:17on a plus d'investissements directs étrangers
07:18dans notre pays.
07:19On est le pays le plus attractif d'Europe.
07:21Tout ça, on le conserve dans ce budget-là.
07:22Non, justement, vous faites l'inverse.
07:24Puisque vous allez taxer de 8 milliards
07:26les grandes entreprises,
07:27vous allez augmenter les charges sur le travail
07:29pendant deux ans.
07:30Est-ce que l'impôt sur les sociétés
07:32augmente dans ce budget ?
07:33Non.
07:34Pour les grandes entreprises ?
07:36Non, ce n'est pas l'impôt sur les sociétés
07:38qui augmente.
07:38Permettez-moi d'être précis là-dessus.
07:39Alors, dites-nous.
07:40Il y a un prélèvement exceptionnel et temporaire
07:43lié effectivement au profit des très grandes entreprises,
07:46celles qui font un chiffre d'affaires
07:47au-delà d'un milliard d'euros.
07:49On ne parle quand même pas de la PME régionale, pardon.
07:51Et donc ?
07:51On est sur le grand compte.
07:53Il n'y a pas d'augmentation dans le code des impôts
07:56du taux d'impôt sur les sociétés.
07:57C'est important.
07:58Il y a un prélèvement.
07:59C'est une participation.
08:00Donc quand on dit que l'IS augmente de 25 à 40
08:02pour ceux qui font plus de 3 milliards de bénéfices,
08:04c'est un raccourci ?
08:05C'est un raccourci parce qu'il n'y a pas techniquement
08:07de hausse de l'impôt sur les sociétés.
08:08Sinon, ça s'appliquerait.
08:09Mais M. Arnaud, qui est un des premiers concernés
08:12justement par cette hausse stratosphérique,
08:15on passe de 25 à 40, dit,
08:17c'est toujours pareil avec les impôts,
08:19on dit que c'est provisoire, ça devient durable.
08:20Qu'est-ce que vous voulez répondre ?
08:21D'abord, moi, Bernard Arnaud,
08:23il faut toujours l'écouter.
08:25C'est un de nos chefs d'entreprise
08:26qui fait rayonner la France à l'international.
08:29Je suis ministre du commerce extérieur
08:30et j'y suis extrêmement sensible.
08:32Et s'il a réussi, c'est aussi parce qu'il a permis
08:36à faire grandir les multiples sociétés de son groupe
08:39décennie après décennie.
08:40Et il emploie 160 000 personnes.
08:41Absolument.
08:43Donc moi, j'entends ce qu'il dit.
08:44Il a raison de rappeler,
08:46en tout cas, ce n'est pas ce qu'il dit directement,
08:47mais ce que sous-tend son propos,
08:49c'est qu'on doit créer de la richesse
08:51avant de la redistribuer.
08:52Ça, moi, je l'ai toujours dit.
08:53Donc, il ne faut pas oublier dans notre pays
08:55qu'au moment où on touche à la fiscalité,
08:57il peut y avoir effectivement des effets contre-productifs
08:59sur la création de valeurs.
09:01Et on peut perdre du capital
09:02et on peut perdre de la production dans notre pays.
09:04C'est pour ça que ce budget a été construit
09:05avec beaucoup d'attention là-dessus.
09:07On demande...
09:07Mais qu'est-ce que vous lui répondez ?
09:08Parce que, pour reprendre ce que disait Mathieu tout à l'heure,
09:11lui, je ne pense pas qu'il ait la même définition
09:13de la justice fiscale que vous, M. Saint-Martin.
09:15Je réponds à l'ensemble des entrepreneurs
09:17et pas à un seul entrepreneur.
09:18Je réponds à l'ensemble des entrepreneurs
09:20que notre pays est un pays qui sait protéger ses entreprises.
09:23On l'a vu, notamment, pendant la crise sanitaire,
09:25pendant la hausse des coûts de l'énergie.
09:27Les boucliers...
09:27En taxant les plus grandes.
09:28Attendez, attendez.
09:29Mais lui, M. Saint-Martin,
09:31lui, il en a un autre qui dit
09:32que vous encouragez les délocalisations.
09:34C'est le contraire.
09:35Moi, je l'ai aussi entendu dire
09:36qu'il n'était pas question pour lui de délocaliser
09:37et que ça avait été très mal interprété là-dessus.
09:40Et je le crois.
09:41De toute façon, il ne peut pas délocaliser.
09:42Il fait du made in France.
09:42Et je le crois.
09:43Mais il aime la France, surtout.
09:45Non, mais il fait du made in France.
09:46À nous de l'aider à continuer.
09:48À nous de l'aider à continuer
09:49à faire prospérer son groupe
09:51au service de l'image de la France.
09:53Ce que je dis,
09:53puisque je réponds à votre question initiale,
09:55c'est qu'est-ce qu'on veut demain ?
09:56Un pays fort, prospère,
09:58capable de continuer à protéger sa nation
10:00pendant les moments les plus difficiles,
10:01comme on l'a vu pendant la crise Covid.
10:02J'étais rapporteur du budget à l'Assemblée nationale
10:04pendant la crise Covid.
10:06Vous vous souvenez
10:07le nombre de mesures de protection
10:09qu'on a mises pour nos entreprises ?
10:10Vous vous souvenez de l'activité partielle ?
10:12Vous en avez vous-même peut-être bénéficié.
10:14Vous vous souvenez des prêts garantis par l'État
10:16à hauteur de plusieurs centaines de milliards d'euros de garantie ?
10:18Est-ce que vous vous souvenez
10:19des fonds de solidarité exceptionnels ?
10:21Pardon, je termine là-dessus
10:22parce que c'est très important.
10:23Pour pouvoir avoir un pays qui protège fort,
10:26il faut un pays qui assainit ses comptes.
10:27Les grandes entreprises
10:29ne sont pas le bouc émissaire du budget,
10:31mais elles sont une partie de l'équation
10:33et contribuent, et c'est normal.
10:35Et vous savez quoi ?
10:35Donc c'est une partie des boucs émissaires ?
10:37Non, mais il n'y a pas de bouc émissaire, monsieur.
10:38Parce que si vous voulez être protégé demain
10:41par votre pays,
10:42en cas de forte turbulence,
10:43et croyez-moi, il va y en avoir,
10:44on va en parler.
10:46Turbulence financière.
10:47Si vous voulez une nation qui soit capable
10:48du jour au lendemain de dire
10:50loi d'urgence,
10:51on va protéger les salariés,
10:52on va protéger le niveau social de notre pays,
10:54eh bien il faut un pays qui soit solide financièrement.
10:56Pour être solide financièrement,
10:57il faut réduire son déficit.
10:58Pour réduire son déficit,
10:59il faut que tout le monde contribue.
10:59Laurent Saint-Martin,
11:00ministre du Commerce extérieur
11:01et l'invité du Grand Rendez-Vous,
11:02on se retrouve dans un instant.
11:06Retour sur le plateau du Grand Rendez-Vous
11:08Europe 1, CNews, Les Echos avec Laurent Saint-Martin.
11:11François Bayrou qui donc décide,
11:13il l'annonce dans la tribune dimanche ce matin,
11:15de faire adopter le budget par l'article 49.3.
11:18François Bayrou qui, cette semaine,
11:20a également parlé de
11:21« submersion migratoire »
11:23pour décrire la situation de la France.
11:26Opinion nettement partagée par les Français.
11:28Sondage CSA, CNews Europe 1 JDD
11:31qui montre que 65% le pensent
11:33contre 35%.
11:35Vous êtes dans les 65% ou dans les 35% ?
11:37Je suis dans le camp de ceux qui veulent avoir
11:38un débat réaliste,
11:41raisonnable sur la question
11:42« est-ce que c'est Dieu possible dans notre pays ? ».
11:44Je pose la question.
11:46Est-ce que l'on peut avoir un débat sur l'immigration
11:49sans tomber dans de la surenchère de postures politiciennes,
11:52d'un côté comme de l'autre, souvent des extrêmes,
11:54sans avoir la capacité à regarder en face ce qui se passe ?
11:57Il y a deux réalités, il me semble,
11:58quand on parle d'immigration en France.
12:00Il y a une réalité chiffrée,
12:02statistique, difficilement contestable,
12:04qui est celle du nombre d'étrangers en France,
12:06qui est à peu près de 11%,
12:07qui est d'ailleurs stable sur ces dernières années.
12:10Ça, c'est une réalité qu'on est très loin
12:13des théories du grand remplacement,
12:15auxquelles je n'adhère absolument pas.
12:16Et puis, il y a une réalité qui existe aussi,
12:18qui est celle que vous décrivez,
12:20qui est celle du ressenti de nos concitoyens,
12:21qu'il faut savoir regarder en face et écouter,
12:24et sur lesquelles répondre.
12:24C'est ce que fait le Premier ministre.
12:26C'est ce que fait le Premier ministre.
12:27Donc, il est clairvoyant.
12:28Donc, vous êtes dans les 65% ?
12:29Pardon, mais...
12:30Non, je pose la question parce que...
12:31Le rôle du chef du gouvernement
12:33n'est pas de mettre sous le tapis des sujets
12:35qui sont réels au sieux des Français.
12:36Il a dit que c'était une expression qui la gênait,
12:38et une autre ministre du gouvernement,
12:41Agnès Pannier-Runacher, sur Europe 1,
12:42mardi soir, a dit qu'elle, elle était dans les 35%.
12:45Je ne pensais pas qu'il y avait une submersion migratoire.
12:47Permettez-moi de vous poser de la question,
12:49si vous êtes dans les 65% ou dans les 35%.
12:51Je suis dans ceux qui écoutent les Français
12:52et qui doivent comprendre leur ressenti,
12:54et c'est le rôle d'un gouvernement.
12:55Et c'est le rôle d'un gouvernement, oui.
12:57La forme de la submersion ne vous gêne pas ?
12:59En tout cas, je trouve...
13:00D'abord, sans revenir sur comment a été sorti du contexte,
13:04parce que c'est toujours comme ça.
13:05Vous savez, les mots, il parlait de maillot,
13:06on a fait une généralité, mais à la rigueur...
13:08Non, il n'a pas parlé que de maillot.
13:09Il a dit maillot et dans d'autres régions.
13:11À la rigueur, peu importe.
13:13Prenons le mot en lui-même, si vous le voulez.
13:15Vous l'y exprécisez sur le budget.
13:16Est-ce qu'il me choque ?
13:18Non, parce qu'il a dit que les Français le ressentaient,
13:20et c'est une réalité, vous venez de le dire vous-même.
13:22Si on n'est pas capable...
13:23Mais vous, est-ce que vous le ressentez ?
13:24C'est la question, vous, comme Français.
13:26Vous ressentez cette submersion ou non ?
13:28Moi, je crois qu'il y a nécessité de prendre ce sujet avec fermeté,
13:31mais aussi avec humanisme,
13:32et de regarder la réalité des statistiques et des chiffres.
13:35Pour reprendre ce que dit Mathieu,
13:36vous, dans le Val-de-Marne, par exemple,
13:37puisque vous avez été élu, est-ce que vous le ressentez ?
13:39Non, la notion de submersion, non.
13:42Par contre, je comprends qu'elle puisse être ressentie
13:44parce que ce n'est pas traité comme cela devrait être traité aujourd'hui,
13:47et je le reconnais volontiers.
13:49On a une nécessité de fermeté,
13:50et c'est ce que fait le gouvernement,
13:52notamment avec Bruno Retailleau,
13:53le ministre d'État, ministre de l'Intérieur.
13:55Il y a une nécessité de fermeté réelle
13:57sur ceux qui ne partagent pas nos valeurs,
13:59sur ceux qui ne doivent pas rester sur notre sol.
14:01Tout ça est une réalité.
14:02Si on ne le dit pas tel quel aux Français,
14:04c'est normal que le sentiment que vous décrivez continue à croître.
14:08Mais il ne faut pas confondre réalité statistique,
14:11je le répète, réalité statistique,
14:12qui ne justifie pas les théories de grand remplacement,
14:16et, je le dis, le ressenti des Français qui doit être traité.
14:19Dans le fait, il y a la proportion d'étrangers,
14:21vous l'avez mentionné,
14:22il y a l'autre dimension que tous comprennent,
14:24c'est qu'il y a la nationalité au plan administratif, juridique,
14:26et il y a le fait que beaucoup de Français,
14:28sur le plan juridique, administratif,
14:30qui ne sont tout autant que les autres,
14:31ne sont pas assimilés culturellement.
14:33Donc la proportion de Français non assimilés culturellement
14:36à l'identité à la culture française est de plus en plus grande.
14:40Ça, est-ce que le sentiment de submersion ne vient pas de là ?
14:42Oui, je crois que vous avez raison.
14:44Donc là, on croit que la question de la seule présence d'étrangers,
14:46c'est une toute autre question ?
14:47Absolument, vous avez raison.
14:48Et il est là, le ressenti.
14:50Il n'est pas statistique, il n'est pas en nombre.
14:52Non, mais je le dis parce que c'est important aussi.
14:55Il ne faut pas confondre la question quantitative,
14:58c'est ça le remplacement auquel je ne crois pas.
15:01Ce n'est pas la question quantitative,
15:02c'est la question de l'intégration.
15:03C'est-à-dire qu'on devient minoritaire chez soi ?
15:05En tout cas, c'est la question de l'intégration
15:07qui est un défi de plus en plus important.
15:08Et là, je vous rejoins.
15:09La question de l'intégration, notamment par le travail.
15:11Moi, je fais partie de ceux qui veulent une immigration du travail.
15:15Je ne suis absolument pas anti-immigration.
15:17Je veux une immigration par le travail.
15:18Ce n'est pas la politique que veut mener Bruno Rotailleau,
15:20puisque là, il veut donner un sérieux tour de vis,
15:23y compris sur l'immigration du travail.
15:24J'ai cru comprendre que vous m'invitiez pour me demander mon avis aussi.
15:27Donc, je suis pour une immigration du travail.
15:30Elle est nécessaire.
15:31On parlait des patrons juste avant la pause.
15:35Allez demander aux patrons sur les métiers en tension
15:37si l'immigration du travail n'est pas essentielle à l'activité
15:40et à la croissance.
15:42Alors ça, juste un mot là-dessus.
15:44Si vous voulez des ministres tous avec le doigt sur la couture du pantalon,
15:47sans opinion différente,
15:48ne comptez pas sur le gouvernement de François Bayrou.
15:51Parce qu'il est bien, il est sain.
15:54Et j'aimerais vraiment que ce soit quelque chose
15:55qui arrive dans notre pays de façon pérenne.
15:57Que des ministres pensent différemment,
15:59mais soient solidaires d'une politique commune.
16:01Est-ce que c'est possible d'avoir des différences d'opinion
16:03entre membres du gouvernement ?
16:04Non seulement je le crois,
16:05mais je pense même que c'est souhaitable
16:06quand on veut aujourd'hui rassembler les forces démocrates.
16:08Si à la fin, quelqu'un a le final cut,
16:10comme on dit en bon français.
16:11Ça s'appelle un arbitrage.
16:12Tout va bien.
16:13Alors justement, c'est la politique de François Bayrou
16:15et on vient de le dire.
16:17Il y a une équipe gouvernementale qui suit le chef,
16:19qui est le Premier ministre.
16:20Par rapport à ça, nous avons un leader de la France insoumise,
16:24Jean-Luc Mélenchon, qui tenait hier un discours
16:27devant la troisième édition des rencontres nationales
16:30des quartiers à Toulouse.
16:31On regarde, on écoute.
16:34Il se trouve que la crise du logement
16:36est la première des crises qui atteint la population
16:39de la ruralité et la jeune génération.
16:42C'est qu'il y a une crise du logement.
16:44Eh bien, ceux qui arrivent sont ceux
16:46qui ayant réussi socialement à l'école
16:49et réussi socialement d'une manière générale,
16:52en tout cas assez pour avoir 3-4 sous,
16:55pour pouvoir acheter la maison dans ton rêve
16:57et y installer sa propre famille.
16:59Eh bien, c'est celles qui arrivent
17:01des quartiers populaires en ce moment.
17:03Cessez donc d'imaginer une France du passé
17:06qui n'est plus là.
17:08Acceptez celle qui est là.
17:10Et dites-vous bien, comme je le dis
17:12à chacun des jeunes gens que je croise
17:15et dont je sais qu'ils sont nés comme moi
17:18au Maghreb ou bien encore ailleurs.
17:20Cette partie du pays est à nous.
17:23C'est notre patrie.
17:24C'est notre pays.
17:26C'est là que naîtront vos enfants.
17:28C'est là que naîtront vos petits-enfants.
17:31Ce pays est à nous tous.
17:33Voilà pourquoi je parle de la Nouvelle-France.
17:38La Nouvelle-France, Laurent Saint-Martin,
17:40qu'est-ce que ça vous inspire ?
17:41Que Jean-Luc Mélenchon dise à ces personnes
17:44qu'elles sont partie prenante de la nation française
17:46et totalement française, bien sûr.
17:49Ce n'est qu'un extrait d'un discours
17:51qui est plus offensif.
17:53Mais la question n'est pas dans ce propos-là.
17:55Le propos problématique de la France insoumise,
17:58mais depuis maintenant au moins 2017,
18:00c'est un discours communautariste
18:02à des pures fins électoralistes.
18:04C'est quelque chose.
18:05Vous avez parlé du Val-de-Marne, je l'ai vu.
18:07Je l'ai vu.
18:08La capacité à aller...
18:09Avec le Bayard.
18:10Par exemple, mais ce n'est pas le seul.
18:12C'est une stratégie de parti.
18:14La France insoumise a quitté
18:16la gauche républicaine, universaliste, laïque
18:20pour se tourner vers...
18:21Je ne sais même pas si c'est une gauche,
18:23mais vers une stratégie politique communautariste.
18:26Mais si cette stratégie fonctionne,
18:27c'est parce qu'une certaine partie de la population
18:28est réciproque d'un discours.
18:30Elle marche, cette stratégie, dans le sens
18:31où elle fait de plus en plus de voix.
18:33Mais je la crois extrêmement nuisible
18:35et extrêmement néfaste au pacte républicain.
18:37Extrêmement nuisible.
18:39Et je pense que nous devons nous battre,
18:41démocrate, du Bloc central et au-delà,
18:44contre...
18:45Et là j'appelle, pardon,
18:46non mais j'appelle vraiment...
18:48On parlait du Parti socialiste
18:49qui se détachait tout à l'heure de Jean-Luc Mélenchon.
18:51Mais que le PS enfin se réveille
18:54sur la stratégie insoumise qui n'a rien à voir
18:56avec la culture du Parti socialiste.
18:58Justement, vous le voyez,
19:00regardez les différences qui s'opèrent
19:02sur certains scrutins municipaux
19:03entre le Parti socialiste et la France insoumise.
19:05Tant mieux.
19:06Et je ne dis pas ça à des fins tactiques.
19:07Je ne dis pas ça pour fracturer le nouveau Front populaire.
19:10Je le dis parce qu'il y a une gauche
19:12universaliste laïque dans ce pays
19:14qui est encore présente au sein du Parti socialiste,
19:16du Parti radical de gauche et d'autres,
19:18qui est radicalement opposée sur ces valeurs-là,
19:21sur ces valeurs de communautarisme,
19:22d'essentialisme avec la France insoumise.
19:25Et ils doivent se séparer.
19:26Mais le communautarisme ce n'est pas seulement
19:26une question de valeur,
19:27c'est une question de démographie.
19:28Jean-Luc Mélenchon disait il y a quelques années,
19:30rappelez-vous à Thinkerview,
19:31dans un interview où il parlait des Etats-Unis.
19:33Il disait quand un pays change de population,
19:34il parlait du sud des Etats-Unis,
19:35avec son hispalisation,
19:37il change de culture et d'identité.
19:38Et Mélenchon disait c'est la même chose pour la France.
19:40Quand on changera la population, la démographie,
19:42on changera la culture et l'identité.
19:44Est-ce que ce n'est pas le raisonnement
19:45qui nous est présenté ici ?
19:46Oui, mais je crois que Jean-Luc Mélenchon
19:48use de stratégie dont je pense au fond
19:51qu'il ne le pense même pas lui-même.
19:52C'est pour ça que je parle de stratégie
19:54électoraliste d'abord,
19:56qui est effectivement d'aller séduire une communauté,
19:59communauté ou décommunauté,
20:01pour les isoler.
20:03Et c'est ce qu'il y a de pire finalement
20:05par rapport au pacte républicain qui doit justement...
20:07Qui doit justement considérer
20:09que tous ceux qui sont français
20:10appartiennent à la même communauté
20:11que la communauté républicaine nationale.
20:12Le pacte républicain, Laurent Saint-Martin,
20:13permettez-moi de revenir dessus.
20:14Gabriel Attal appelait comme d'autres
20:16à voter LFI contre le RN
20:19lors de l'arc républicain
20:21il y a encore quelques mois.
20:22Là, il sort une nouvelle campagne
20:24de communication, on va le voir,
20:26avec un nouveau slogan.
20:27Il y a des affiches.
20:27Il est entouré de Jean-Luc Mélenchon
20:29et de Marine Le Pen.
20:30Et il écrit non au désordre,
20:33ni LFI, ni RN.
20:34Comment est-ce que vous voulez
20:35qu'on y comprenne quelque chose ?
20:37À un moment donné, on a des associations
20:38en disant si on va lutter contre le RN
20:41en faisant passer des candidats LFI,
20:43tant pis, ça sera comme ça.
20:44Et là, c'est ni, ni.
20:45Mais vous voyez bien
20:47que la France Insoumise et le RN
20:49se nourrissent mutuellement.
20:50Mais que fait Gabriel Attal ?
20:52Est-ce que vous approuvez
20:53ce que fait le chef des députés EPR ?
20:55Mais regardons devant nous.
20:56Je trouve que la campagne
20:57que vous venez de présenter, Gabriel Attal,
20:59dit bien les choses.
21:00Non au désordre, ni LFI, ni RN.
21:02Aucun, aucun de ces deux partis
21:04n'apportant de solution crédible
21:06pour notre pays.
21:06Mais après avoir dit
21:07« Welcome l'EFLFI ».
21:09Écoutez, ce qui compte là aujourd'hui,
21:10c'est de considérer...
21:10Vous arrêtez les ambitismes,
21:11parce que ça commence à devenir pénible.
21:12Oui, vous avez raison.
21:14La France Insoumise
21:15est un adversaire de la République.
21:17À ce moment-là, il faut le comprendre.
21:19Le RN l'est tout autant.
21:21Voilà, c'est ma vision, d'accord ?
21:23Ma vision politique.
21:24Est-ce qu'on peut se réunir
21:25au sein d'un grand bloc central
21:28mais qui va aussi avec le PS ?
21:30J'insiste là-dessus.
21:31C'est là où il faut trouver ce détachement à gauche.
21:33Mais donc, le front républicain de juin 2024
21:36était une erreur.
21:37Non, il n'était pas...
21:38Le fait de faire passer des candidats
21:39à l'EFLFI pour contrer le RN,
21:41c'était une erreur, Laurent Saint-Martin.
21:42Il était nullement une erreur,
21:43puisque vous voyez aujourd'hui
21:44la concrétisation de cela.
21:46C'est-à-dire que 1.
21:47Le Rassemblement National
21:48n'est pas à Matignon.
21:492. Nous sommes en capacité
21:50à discuter avec le Parti Socialiste
21:52pour que, justement, un budget puisse passer.
21:54Mais non, puisque l'EFLFI
21:55rattrape les socialistes à chaque fois.
21:58Il me semble que ce ne sera pas le cas
21:58dans les prochains jours.
21:59Nous verrons.
22:00Eh bien, nous verrons.
22:00Laurent Saint-Martin est notre invité.
22:02On se retrouve dans un instant.
22:03On parlera notamment de Donald Trump
22:04et des droits de douane.
22:05A tout de suite.
22:10Invité du Grand Rendez-Vous,
22:11le ministre des délégués
22:12aux commerces extérieurs
22:13et aux français de l'étranger,
22:15Laurent Saint-Martin.
22:16Mardi, Donald Trump appliquera,
22:17comme il l'avait promis,
22:18de nouveaux droits de douane.
22:20Plus 10% pour la Chine,
22:21plus 25% pour le Canada et le Mexique.
22:24Addition salée.
22:25Est-ce que l'Europe est la suivante sur la liste ?
22:28L'Europe n'a pas été mentionnée.
22:30Effectivement, dans la hausse des droits de douane
22:33par le nouveau président américain.
22:36Il faut être vigilant.
22:37Je pense que c'est une vraie possibilité.
22:38D'ailleurs, il l'a menacée.
22:41Il l'a redit à Davos.
22:42Il faut avoir une attitude de vigilance,
22:45mais aussi d'unité européenne.
22:46Ça urge.
22:47Ça urge.
22:49Je ne sais pas ce que Donald Trump fera
22:50et je ne fais pas partie de ceux
22:52qui crient avant d'avoir mal.
22:53En revanche, je dis deux choses.
22:54Il y en a, pourtant.
22:55Oui, je dis deux choses.
22:58L'élection de Donald Trump
23:00et ses propos et la mise en place
23:02de hausse tarifaire pour un certain nombre de pays,
23:04à commencer par ses voisins,
23:05est une alerte.
23:07Et donc, nous devons,
23:09nous devons, entre Européens,
23:11et je serai demain à Varsovie,
23:12demain et après-demain à Varsovie,
23:14avec mes homologues ministres du commerce,
23:16pour justement réfléchir à la stratégie européenne là-dessus,
23:19nous devons enfin être en capacité
23:21à jouer cette compétition économique mondiale
23:23à la hauteur de ce que notre puissante doit être,
23:26ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui.
23:27Mais il y a deux solutions.
23:28Soit on se barricade, soit on coopère.
23:30Et aussi, être en capacité à répondre
23:33si une guerre commerciale venait effectivement à toucher l'Europe.
23:35Permettez-moi juste de rappeler,
23:37avec un petit pas de recul,
23:38qu'une guerre commerciale n'est bonne pour personne.
23:41Personne.
23:42À commencer par les États-Unis, directement.
23:44Et qui vous dit que Donald Trump veut une guerre commerciale.
23:46Je crois que la mise en œuvre, aujourd'hui,
23:50des droits de douane,
23:51la remise en cause d'un certain nombre de traités de libre-échange,
23:53à commencer par l'Amérique du Nord,
23:55le non-respect des règles de l'OMC,
23:57tout cela présage une future guerre commerciale
24:00que je ne souhaite pas,
24:01que je le pense aucun Européen ne souhaite,
24:04et à nouveau, qui n'est bénéfique pour personne.
24:06Comment vous décryptez la position de Donald Trump ?
24:07C'est une manière de mettre la pression
24:09et d'arriver en position de force pour négocier ?
24:12Ou est-ce qu'il veut vraiment fermer les frontières
24:14et devenir plus protectionniste
24:16et mettre un coup d'arrêt au libre-échange
24:19qui a dominé le monde toutes ces dernières années ?
24:21Je crois que c'est les deux.
24:23Je crois qu'il a une lecture
24:26des rapports de force bilatéraux dans le monde
24:29à l'aune de la balance commerciale d'abord.
24:31Il dit que l'Europe,
24:33et c'est vrai que sur la balance des biens, c'est exact,
24:35est excédentaire commercialement avec les États-Unis.
24:38Et donc, sa réponse, c'est de dire
24:40l'Europe me doit,
24:42puisque je lui achète plus qu'elle ne m'achète.
24:44Par ailleurs, c'est faux pour les services, c'est l'inverse.
24:47On pourrait aussi discuter de la réalité
24:49de cette balance commerciale entre l'Europe et les États-Unis.
24:53Mais je crois aussi,
24:55et là, je vous donne raison également,
24:56que cela fait partie d'une discussion
24:58et d'un rapport de force plus global
25:00que le seul sujet commercial,
25:01à commencer par les sujets de défense en ce qui concerne l'Europe.
25:03Mais justement, vous dites que c'est une alerte.
25:05Mais est-ce que ce n'est pas surtout un changement d'époque ?
25:07C'est-à-dire, manifestement, les Américains,
25:09version Obama ou Biden,
25:11se tournaient vers le Pacifique.
25:12Version Trump,
25:13c'est sur le mode de l'unilatéralisme.
25:16Alors, on regarde ça,
25:18la fracture atlantique dont on parlait il y a longtemps
25:20s'élargit considérablement.
25:22Oui, vous avez raison,
25:23mais là, à nouveau,
25:24l'Europe doit se poser la question
25:26de son avenir elle-même d'abord.
25:28On peut passer notre temps
25:30à se demander comment on va répondre aux États-Unis,
25:32quelles mesures de rétorsion sont possibles.
25:34Il faudra le faire si c'est évidemment nécessaire.
25:37Mais là, la question urgente,
25:38mais urgente en Europe,
25:40c'est de se demander est-ce qu'on veut
25:42devenir la puissance que l'on peut être ?
25:43Est-ce que l'on veut,
25:45enfin, nous battre sur la bataille technologique ?
25:48On va parler de l'intelligence artificielle
25:50qui est quelque chose d'extrêmement stratégique
25:52pour la suite de ce siècle.
25:53Est-ce que l'on veut que l'Europe se protège,
25:55mais au bon sens du terme,
25:57sur la capacité à réindustrialiser
25:59et à produire davantage chez nous,
26:01sur des chaînes de valeurs complètes
26:02qui nous rendent plus compétitives ?
26:03Est-ce qu'on veut enfin que l'Europe
26:05ait une énergie compétitive,
26:07durable, moins carbonée,
26:08ce qui est le cas aujourd'hui,
26:09et en faire une force,
26:10et le faire savoir au monde ?
26:11Est-ce qu'on veut,
26:12juste un dernier point là-dessus,
26:13simplifier la vie de nos entreprises,
26:15je reviens à ce qu'on disait en début d'émission,
26:17et baisser parfois la lourdeur réglementaire
26:20pour que nos entreprises puissent continuer
26:22à davantage produire chez nous
26:23avant de réguler en permanence ?
26:24Ces questions-là,
26:25c'est des questions qui nous concernent,
26:27nous, Européens.
26:27Et la seule chose que je dis là-dessus,
26:29c'est, je crois que ça doit être
26:30un réveil européen,
26:32ce qui se passe dans le monde,
26:33et qu'on doit d'abord se réunir
26:34et être ensemble là-dessus.
26:35Justement, Laurent Saint-Martin,
26:36parce qu'au-delà des droits de douane,
26:37aussi, Donald Trump,
26:38ce qu'il dit aux entreprises,
26:40aux grandes entreprises,
26:41c'est venez investir chez nous.
26:42Et ce discours, il porte.
26:43Les entreprises, notamment françaises,
26:45disent, c'est beaucoup plus facile
26:47d'investir aux Etats-Unis,
26:48il y a moins de réglementation,
26:49il y a moins de normes.
26:50Et tout cet appel d'air,
26:51comment est-ce que vous allez lutter contre ça ?
26:53Parce qu'à les entendre,
26:54ils veulent déjà partir.
26:55D'abord, il y a beaucoup d'atouts en Europe
26:57qu'il n'y a pas aux Etats-Unis.
26:59Je parlais de l'énergie.
27:00C'est en Europe que vous avez...
27:01Elle est plus chère qu'aux Etats-Unis.
27:03Oui, mais elle est moins carbonée,
27:05de très très loin, justement.
27:07Et elle est disponible.
27:10Vous avez aujourd'hui
27:11des atouts structurels en Europe
27:13dont on ne peut-être ne valorise pas assez,
27:15justement, pour garder nos entreprises,
27:17mais elles restent ici.
27:19Et aussi pour en attirer d'autres.
27:20Je rappelle, pardon,
27:21que les Américains investissent en France.
27:23Et que si vous mettez des barrières tarifaires,
27:26ça va pénaliser ces mêmes entreprises américaines
27:28qui ré-exportent.
27:29Ils ne vont pas revenir.
27:30Non, mais attendez.
27:31Ils sont très présents
27:32avec les fonds d'investissement, surtout.
27:34Les Américains.
27:35Surtout de l'argent.
27:36Je sais qu'en France,
27:37on aime bien s'auto-s'aborder.
27:38Mais ce n'est pas mon propos, moi.
27:40Mon propos, c'est l'inverse.
27:41Moi, je regarde la France
27:42comme étant le pays qui a augmenté,
27:43année après année,
27:44pendant 7 ans,
27:45les investissements directs étrangers.
27:47On n'a jamais eu autant
27:48d'investissements américains
27:49sur notre sol
27:50que depuis ces dernières années.
27:51Oui, mais c'est une perte de souveraineté.
27:52Puisqu'aujourd'hui,
27:53la plupart des entreprises...
27:55Vous ne pouvez pas dire le contraire.
27:56On a besoin de produire sur notre sol,
27:58oui ou non ?
27:59Est-ce qu'on a besoin
28:00de réindustrialiser notre nation ?
28:01On n'a pas de capitaux français,
28:02donc on fait appel
28:03à notre capitaux américains.
28:04Vous le savez aussi bien.
28:05On a évidemment des capitaux français
28:06et on a besoin des investisseurs
28:07du monde entier.
28:08Mais vous croyez qu'aux États-Unis,
28:10Majoritairement.
28:11Vous avez eu le formulaire.
28:12Majoritairement.
28:13La dette, elle est chez eux.
28:14La dette française,
28:15elle est aux États-Unis.
28:16La dette américaine,
28:17elle est aux États-Unis.
28:18Mais vous avez eu
28:19une formule étonnante.
28:20Mais là, vous parlez
28:21de la dette souveraine
28:22de l'État français.
28:23Bien sûr.
28:24Ça n'a rien à voir
28:25avec la dette privée
28:26des entreprises.
28:27Moi, ce que je vous dis,
28:28monsieur, juste pour résumer,
28:29c'est qu'on a besoin
28:30des investissements
28:31et des capitaux du monde entier
28:32pour faire justement
28:33de notre continent
28:34un continent
28:35qui sait jouer
28:36la compétition mondiale.
28:37C'est de cela
28:38que les États-Unis,
28:39Chine,
28:40sont dans une compétition mondiale.
28:41La question, c'est
28:42est-ce que l'Europe
28:43va en faire partie
28:44ou est-ce qu'elle veut
28:45être un grand marché
28:46de consommateurs uniquement ?
28:47Il faut qu'elle ait un rôle.
28:48C'est ça la question.
28:49Donc, si elle veut en faire partie,
28:50il faut produire.
28:51Il faut rechercher.
28:52Il faut innover.
28:53Et il faut mettre les moyens
28:54et mobiliser les capitaux là-dessus.
28:55Mais on n'arrête pas.
28:56On n'arrête pas simplement
28:57à chaque fois qu'on innove
28:58et à chaque fois
28:59qu'on devient compétitif,
29:00on n'est jamais à l'aune
29:01de ce que font les Américains.
29:03pour l'Europe,
29:04être en capacité
29:05à mobiliser les capitaux.
29:06On a ce projet
29:07d'union des marchés de capitaux
29:08dont on parle depuis 20 ans.
29:09Il est temps de le mettre en œuvre.
29:10On a beaucoup de projets.
29:11On a le projet
29:12de l'Europe de la défense aussi.
29:13Ça fait 30 ans qu'on en parle.
29:14Ça ne fonctionne pas.
29:15On a ce projet de simplification
29:16pour nos entrepreneurs
29:17qui s'appelle notamment
29:18le projet Omnibus
29:19qui va être porté
29:20par la Commission européenne.
29:21Vous avez sûrement lu
29:22ce qui s'appelle
29:23la boussole de compétitivité
29:24qui a été présentée
29:25par la Commission européenne.
29:26Est-ce qu'il n'y a pas
29:27une volonté immense
29:28machin technocratique là-dedans ?
29:29On peut leur reprocher
29:30bien des choses
29:31mais ils créent
29:32un environnement
29:33de liberté maximale
29:34pour l'entreprise,
29:35pour l'investissement.
29:36On a l'impression
29:37que l'Europe croit toujours
29:38se simplifier en se bureaucratisant,
29:39en se technocratisant.
29:40Est-ce qu'il n'y a pas ce problème ?
29:41Oui.
29:42La simplification
29:43pour les entreprises est clé.
29:44Nous avons des règlements
29:45qui sont des règlements…
29:46On entend ça tous les ans
29:47depuis des années
29:48et il ne se passe pas grand-chose.
29:49Heureusement,
29:50heureusement cher monsieur
29:51que votre défaitisme permanent
29:52n'est pas au cœur
29:53de l'état d'esprit
29:54des États membres
29:55de l'Union européenne.
29:56Croyez-moi.
29:57On a besoin de se battre
29:58justement dans une compétition mondiale
30:00qui devient de plus en plus âpre.
30:02D'accord ?
30:03Donc il faut avoir
30:04cette capacité de combat
30:05et de se mettre ensemble
30:06entre Européens.
30:07Et oui,
30:08ça passe par l'allègement
30:09des normes
30:10ou au moins
30:11réfléchir production
30:12avant régulation.
30:13Ça, ça peut être
30:14un rendez-vous européen nouveau
30:15parce qu'on a quand même
30:16cette fâcheuse tendance
30:17à réguler avant de se demander
30:18comment on investit
30:19et comment on produit.
30:20Vous avez une formule étonnante,
30:21vous avez dit
30:22l'Europe doit se protéger,
30:23dites-vous,
30:24mais dans le bon sens du terme.
30:25Oui.
30:26C'est un réflexionnisme
30:27exsanté,
30:28c'est-à-dire
30:29d'être contre
30:30le multilatéralisme,
30:31le commerce international
30:32sous les règles de l'OMC,
30:33bref, celui porté
30:34par le nouveau président américain.
30:36Et ce n'est pas la vision européenne.
30:37Et si on bascule dans ce monde,
30:38parce qu'il est possible
30:39qu'on y bascule,
30:40est-ce que l'Europe
30:41est prête à s'y adapter ?
30:42Il faudra s'y adapter,
30:43bien sûr.
30:44Il nous faut un agenda positif
30:45pro-commerce international.
30:46Ce sont nos valeurs
30:47et surtout c'est bon
30:48pour le business
30:49et c'est bon pour la France.
30:50Il nous faut aussi être
30:51en capacité à nous adapter
30:52et être naïf.
30:53C'est-à-dire que s'il y a
30:54des mesures douanières
30:56contre les exportations françaises
30:58et européennes,
30:59il faudra être en capacité
31:00d'avoir des mesures de rétorsion,
31:01bien entendu.
31:02On ne va pas se laisser faire.
31:03Si le premier visage
31:04que vous envoyez de l'Europe
31:05vis-à-vis des États-Unis
31:06et de la Chine
31:07et du monde entier,
31:08c'est « Allez-y,
31:09nous ne sommes qu'un marché
31:10de consommateurs
31:11et après tout,
31:12nous ne produirons plus chez nous »,
31:13vous avez perdu
31:14la bataille d'avance.
31:15Les Américains sont encore
31:16des alliés ?
31:17Bien sûr.
31:18De premier plan.
31:19Des alliés compliqués ?
31:21Avec les États-Unis
31:22et l'Europe aussi.
31:24L'Europe présidée
31:25par les Polonais
31:26jusqu'en juin.
31:27Les Polonais
31:28qui sont très atlantistes,
31:29qui achètent
31:30leur équipement militaire
31:31chez les Américains,
31:32qui ont 4,7 %
31:33du PIB consacré
31:34à la défense,
31:35qui achètent des F-35.
31:37Est-ce que ça change
31:38quelque chose,
31:39cette présidence-là
31:40par rapport aux autres ?
31:42Cette présidence-là
31:43doit aussi évidemment
31:44avoir à l'agenda
31:45et prioritairement
31:46ce que je viens de dire.
31:47On peut être atlantiste
31:49pour reprendre votre expression
31:50et réaliser que l'Europe
31:52a besoin d'être forte
31:53comme puissance économique.
31:55C'est un choix politique.
31:57C'est une chose
31:58qui va être discutée
31:59cette semaine à Varsovie
32:00avec les 27.
32:01Dès le début de semaine.
32:02J'avais une question pour vous
32:03en tant que ministre
32:04du Commerce extérieur.
32:05Notre déficit commercial
32:06a atteint près de 40 milliards
32:08au premier semestre 2024.
32:11C'est un bon indicateur
32:12de notre compétitivité.
32:13Est-ce que vous pouvez
32:14nous donner le chiffre
32:15de l'année 2024
32:16dans son ensemble ?
32:17Il sera publié
32:18la semaine prochaine.
32:19C'est le calendrier normal.
32:21Juste un mot sur le déficit.
32:23Ça sera de combien ?
32:2480 milliards ?
32:25La publication sera faite
32:26la fin de la semaine prochaine.
32:27On a un ordre de grandeur ?
32:28Ce que je peux vous dire
32:29c'est que le déficit commercial
32:30est chronique en France
32:31depuis très longtemps.
32:32Depuis le début du siècle.
32:33C'est pour ça que c'est
32:34une question importante.
32:35Pourquoi un déficit commercial
32:36dans notre pays ?
32:37Il y a une seule raison.
32:38Je mets de côté
32:39les sujets énergétiques
32:40qui peuvent varier très fortement.
32:41Structurellement,
32:42c'est parce qu'on ne produit
32:43pas assez chez nous.
32:44C'est parce qu'on a
32:45désindustrialisé notre pays.
32:46C'est ça la réponse.
32:47Je sais bien.
32:48Tant qu'on n'aura pas terminé
32:49cette phase de réindustrialisation
32:50qui est en cours,
32:51mais pardon,
32:52qui a été initiée
32:53depuis quelques années
32:54et qui fonctionne,
32:55mais qui prend une grosse décennie
32:56à être mise en œuvre.
32:57Tant que vous n'aurez pas
32:58davantage réindustrialisé
32:59votre nation,
33:00vous n'aurez pas durablement
33:01un excédent commercial.
33:02Est-ce qu'il est inférieur
33:03à celui de l'année 2023
33:04qui était catastrophique ?
33:05Vous pourriez au point
33:06nous dire ça ?
33:07Je vous dis que les chiffres
33:08seront présentés
33:09en fin de semaine prochaine.
33:10C'est respecter le calendrier
33:11de publication des chiffres
33:12du commerce extérieur.
33:14Ce que je vous dis,
33:15c'est que structurellement,
33:16parce que c'est ça qui compte,
33:17structurellement,
33:18la France aura une balance
33:19des biens commerciaux
33:20excédentaires
33:21quand elle aura
33:22réindustrialisé son pays,
33:23c'est-à-dire
33:24quand elle aura
33:25continué à ouvrir
33:26plus d'usines que de fermetures.
33:27C'est ce que l'on fait
33:28depuis maintenant sept ans.
33:29Une nouvelle pause
33:30et on se retrouve
33:31avec Laurence Saint-Martin
33:32dans un instant.
33:35Dernière partie
33:36du Grand Rendez-Vous
33:37Europe 1C News.
33:38Les échos avec le ministre
33:39délégué au commerce extérieur
33:40Laurence Saint-Martin.
33:41Mercredi,
33:42vous serez à Kiev
33:43notamment pour échanger
33:44avec des responsables ukrainiens
33:45sur la reconstruction
33:46qui est déjà engagée
33:47aujourd'hui.
33:48Vous serez accompagné
33:49d'entreprises françaises.
33:50C'est un peu cynique
33:51de dire cela
33:52mais la question c'est
33:53qu'il faut déjà
33:54parler reconstruction.
33:55Pourquoi ?
33:56Pour éviter
33:57de se faire piquer
33:58des marchés publics
33:59de BTP
34:00par les Américains ?
34:01Non, non,
34:02il n'y a aucun cynisme
34:03là-dedans.
34:04Et d'abord,
34:05c'est quelque chose
34:06qui a commencé
34:07depuis plusieurs années.
34:08Il y a cette
34:09expérience
34:10de reconstruction
34:11et il y a
34:12cette nécessité
34:13effectivement
34:14de soutenir l'Ukraine
34:15évidemment sur le front.
34:16Vous connaissez
34:17très bien le sujet
34:18et la position française
34:19qui n'a pas varié là-dessus
34:20mais aussi de réfléchir
34:21économiquement
34:22à comment
34:23investir avec
34:24les Ukrainiens
34:25d'abord pour soutenir
34:26le pays
34:27dans le présent
34:28et puis anticiper
34:29effectivement l'après.
34:30Et c'est cela aussi
34:31la responsabilité
34:32des pays européens.
34:33Il y a le rôle de la France
34:34mais pas le seul.
34:35Évidemment,
34:36nos amis allemands,
34:37italiens
34:38et beaucoup d'autres pays
34:39sont aussi engagés
34:40et ça fera partie
34:41des discussions
34:42que j'aurai acquises effectivement.
34:43Vous parlez de l'après,
34:44vous pensez qu'on arrive
34:45vers une solution politique
34:46en Ukraine ?
34:47C'est de la volonté
34:48de Donald Trump
34:49qui disait qu'il terminerait
34:50la guerre en 24 heures
34:51maintenant c'est plutôt
34:52trois mois ou six mois ?
34:53Mais on ne peut que
34:54tous le souhaiter.
34:55La question c'est
34:56est-ce que cela se fait
34:57avec
34:58les Ukrainiens
34:59et avec
35:00l'Europe ?
35:01Et là aujourd'hui
35:02effectivement
35:03on n'a pas
35:04clairement cet agenda.
35:05Et donc vous voyez bien
35:06que la question
35:07elle n'est pas de savoir
35:08est-ce que l'on veut la paix ?
35:09Tout le monde la souhaite.
35:10Tout le monde la souhaite.
35:11La question c'est…
35:12Vous pensez que
35:13Poutine veut la paix ?
35:14En tout cas
35:15je crois que
35:16ces derniers propos
35:17démontrent qu'il ne se met pas
35:18dans les conditions
35:19de la vouloir.
35:20Il veut la paix
35:21mais sans Zelensky.
35:22Et que donc
35:23tout ça
35:24effectivement
35:25doit être lu
35:26de la façon la plus claire
35:27c'est qu'il ne la souhaite pas.
35:28Et donc il nous faut
35:29avec les Etats-Unis
35:30vous parliez de
35:31est-ce que c'est un pays allié ?
35:32Les Etats-Unis c'est un pays allié
35:33au premier plan
35:34aussi sur la question
35:35de l'Ukraine.
35:36Et donc il nous faut
35:37avoir cette capacité
35:38d'être autour de la table
35:39mais avec le soutien
35:40à l'Ukraine en premier
35:41et en priorité
35:42cette solution-là.
35:43Je vous laisse de côté
35:44le mot cynisme
35:45mais j'en utilise
35:46un autre scepticisme.
35:47Est-ce qu'on entend
35:48dans le discours public
35:49c'est une petite musique
35:50un million donné
35:51un milliard donné
35:52à la reconstruction de l'Ukraine
35:53c'est un million
35:54un milliard
35:55qui n'est pas donné
35:56aux Français qui souffrent.
35:57Est-ce que vous entendez
35:58ce message ?
35:59Non parce que c'est
36:00la question de la souveraineté
36:01et de la sécurité de l'Europe
36:02qui est en jeu.
36:03Donc de celle des Français.
36:04Et ça je crois que
36:05un très grand nombre
36:06de nos concitoyens
36:07pensent que la guerre
36:08est aux portes de l'Europe.
36:09La guerre est sur
36:10le sol européen.
36:11Il ne faut pas se tromper
36:12de combat là-dessus.
36:13C'est un enjeu
36:14d'avenir européen.
36:15Il y a la défense
36:16de l'Ukraine
36:17la souveraineté de l'Ukraine
36:18mais la reconstruction
36:19comme projet.
36:20Cette idée
36:21que plus la France
36:22donne à l'étranger
36:23moins elle donne au sien.
36:24C'est une inquiétude
36:25que vous entendez ?
36:26Non parce que je considère
36:27à nouveau qu'avoir
36:28une Ukraine forte
36:29c'est protéger
36:30notre nation
36:31parce que nous protégeons
36:32notre continent.
36:33Et nous ne pouvons pas
36:34la France n'est pas une île
36:35qui doit être isolée.
36:36La France a besoin
36:37d'une Ukraine
36:38qui réussit
36:39et a besoin
36:40d'une Ukraine
36:41en solidarité
36:42avec les autres pays
36:43et y compris
36:44les Etats-Unis
36:45qui puissent être en capacité
36:46d'avoir ce rebond là.
36:47Mais vous disiez
36:48que Donald Trump
36:49était un allié
36:50et je reprends
36:51ce que dit Mathieu.
36:52On a tous entendu
36:53dans la campagne américaine
36:54dans Make America Great Again
36:55cette phrase-là
36:56de Donald Trump
36:57qui disait
36:58assez donné à l'Ukraine
36:59il faut d'abord
37:00donner aux Américains.
37:01Il n'y a pas
37:02d'où le parallélisme
37:03je pense suggéré
37:04par Mathieu Bocon.
37:05Mais nous sommes ensemble
37:06sur le sujet de la guerre
37:07en Ukraine.
37:08Nous devons le rester
37:09c'est ce que je crois.
37:10Et à nouveau
37:11la position française
37:12n'a pas varié là-dessus.
37:13Soutien indéfectible
37:14à l'Ukraine.
37:15La position américaine
37:16elle, elle a varié
37:17ou elle est en train de varier.
37:18Ils changent quand même
37:19beaucoup la donne
37:20puisque c'est quand même
37:21eux qui sont les premiers
37:22principaux financeurs.
37:23Ils sont, je vous le confirme
37:24une bonne partie de la solution.
37:25Jeudi prochain
37:26s'ouvre un sommet
37:27pour l'intelligence artificielle.
37:29C'est l'Elysée qui pilote.
37:30C'est quoi le but exactement ?
37:32Alors d'abord
37:33c'est un sommet mondial
37:34qui va rassembler
37:35effectivement
37:36beaucoup d'acteurs
37:37beaucoup de chefs d'État
37:38et ça se passe à Paris.
37:39Et c'est pas anecdotique.
37:40C'est comme Choose France
37:41à Versailles.
37:42Oui sauf que là
37:43ce n'est pas que l'enjeu
37:44de l'investissement en France
37:45c'est l'enjeu de montrer
37:46qu'en France
37:47et en Europe
37:48nous savons accueillir
37:49le plus grand sommet
37:50au monde
37:51sur la question
37:52de l'intelligence artificielle.
37:53L'intelligence artificielle
37:54c'est pas une technologie
37:55de plus.
37:56C'est probablement
37:57la technologie
37:58qui peut changer
37:59considérablement le plus
38:01nos sociétés.
38:02Et donc
38:03l'enjeu de souveraineté
38:04de souveraineté
38:05là-dessus se pose
38:06probablement plus
38:07que dans n'importe quelle autre
38:08bataille technologique.
38:09La question est donc
38:10de savoir
38:11est-ce qu'en France
38:12est-ce qu'en Europe
38:13on a les talents,
38:14les cerveaux
38:15la compétence
38:16et le capital
38:17permettant d'avoir
38:18un champion européen
38:19pour jouer cette compétition mondiale
38:20avec J.P.T.
38:21l'américain
38:22et avec DeepCycle chinois
38:23aujourd'hui
38:24puisque c'est une compétition
38:25qui est mouvante
38:26et nous verrons peut-être
38:27d'autres acteurs émergés
38:28là-dessus.
38:29Je suis convaincu que oui
38:30parce que la réponse est oui.
38:31Mais est-ce que le simple
38:32fait de poser la question
38:33c'est pas y répondre
38:34c'est-à-dire les autres forces
38:35elles existent déjà
38:36mais de poser la question
38:37est-ce que dans un monde
38:38est-ce qu'on pourrait peut-être
38:39exister nous ?
38:40Non, c'est pas ce que je dis
38:41on existe déjà
38:42et on est dans la compétition.
38:43Donnez-nous un exemple.
38:44Mistral
38:45Piquement
38:46prenez ces pépites
38:47françaises
38:48d'autres en Europe
38:49la question c'est
38:50est-ce qu'on se met
38:51ensemble
38:52là encore en européen
38:53pour faire
38:54un outil
38:55puissant
38:56capable
38:57de jouer cette compétition mondiale
38:58avec la mobilisation
38:59des capitaux nécessaires
39:01c'est extrêmement important
39:02ça va être ça
39:03le grand défi
39:04Permettez-moi
39:05Est-ce qu'on peut
39:06juste un mot là-dessus
39:07est-ce qu'on peut aussi
39:08à l'occasion de ce sommet
39:09ce sera aussi
39:10une bonne opportunité
39:11se dire que
39:12quand on est une entreprise
39:13européenne
39:14on choisit une solution
39:15d'IA
39:16européenne
39:17plutôt qu'américaine
39:18par exemple
39:19est-ce que la notion
39:20de préférence européenne
39:21on peut cesser d'en faire
39:22un gros mot
39:23mais d'en faire plutôt
39:24une stratégie commune
39:25ça, ça va être des enjeux
39:26intéressants de ce sommet
39:27Quand vous êtes un grand investisseur
39:28vous avez des capitaux
39:29que vous mettez plutôt en Europe
39:30ou vous les mettez plutôt
39:31aux Etats-Unis
39:32notamment pour financer de l'IA
39:33Et pourquoi ne les mettrez-vous pas
39:34en Europe
39:35si vous avez un potentiel
39:36de croissance
39:37Il faut que le cadre soit
39:38plus favorable
39:39Je suis d'accord
39:40on revient à notre propos
39:41de tout à l'heure
39:42il faut le simplifier
39:43il faut créer une union
39:44des marchés de capitaux
39:45tout l'agenda européen
39:46va dans ce sens-là
39:47donc il faut accélérer
39:48le sujet
39:49de l'agenda européen
39:50mais qui est sur les rails
39:51et il faut l'accélérer
39:52et il faut aussi
39:53être un peu fier
39:54de ce que l'on fait
39:55Vous avez
39:56je cite
39:57Ah ça je pense qu'on est tous
39:58très très fiers
39:59de ce que fait la France
40:00simplement
40:01on est par exemple
40:02très très fiers
40:03de l'avion Rafale
40:04simplement la majorité
40:05des pays qui s'arment
40:06achètent des F-35
40:07alors qu'on a
40:08un avion français
40:09qui est aussi compétitif
40:10que les F-35
40:11et malheureusement
40:12est-ce qu'on risque pas
40:13de voir ça
40:14dans l'IA justement
40:15D'abord ce qui est sûr
40:16c'est que plus vous aurez
40:17cet esprit de défaite
40:18plus ça se réalisera
40:19Depuis tout à l'heure
40:20vous dites que je suis défaitiste
40:21Je viens de vous dire
40:22que je suis justement
40:23très très fier
40:24du Rafale
40:25qu'actuellement
40:26je connais bien
40:28Je me sens plus
40:29combatif et optimiste
40:30que vous
40:31c'est ça que je dis
40:32En même temps vous êtes
40:33aux affaires
40:34Tant mieux
40:35Je voulais vous dire
40:36C'est mieux comme ça
40:37Ce que je veux vous dire
40:38c'est qu'on a
40:39les cerveaux
40:40les technologies
40:41en termes d'intelligence
40:42artificielle
40:43dans notre pays
40:44sur notre continent
40:45d'accord
40:46si on sait mobiliser
40:47le capital
40:48si on sait se coordonner
40:49entre Européens
40:50on peut faire de l'Europe
40:51une puissance
40:52en termes d'intelligence
40:53artificielle
40:54La bataille elle est en cours
40:55ça ne dépend que de nous
40:56par rapport aux Etats-Unis
40:57et aussi par rapport
40:58à la Chine
40:59ça ne dépend que de nous
41:00On est en 2025
41:01qu'à un moment de vérité
41:02la fin de la naïveté
41:03très bien
41:04la capacité
41:05à se protéger
41:06en fonction
41:07de comment va se dérouler
41:08justement cette compétition
41:09commerciale
41:10dictée par d'autres
41:11ça c'est vrai
41:12et puis la technologie
41:13cette compétition technologique
41:14il y a 30 ans
41:15il y avait la compétition
41:16d'internet
41:17elle a commencé avec nous
41:18je vous rappelle
41:19elle s'est déroulée
41:20sans nous commercialement
41:21La question de l'IA
41:22c'est de savoir
41:23est-ce qu'elle commence
41:24avec nous ? Oui
41:25Et donc là
41:26on a un enjeu
41:27qui est absolument considérable
41:28dans les prochaines semaines
41:29et les prochains mois
41:30et vraiment
41:31je crois que
41:32la prise de conscience
41:33des Etats membres
41:34de l'Union Européenne
41:35là-dessus
41:36est réelle
41:37et que ce sommet
41:38va permettre je crois
41:39Tant mieux
41:40Je le consacrer
41:41autant que vous
41:42que ça marche
41:43Vous affichez optimisme
41:44volonté et tout ça
41:45je me permettrai de vous citer
41:46un écrivain
41:47et les écrivains
41:48sont quelquefois
41:49les plus grands sociologues
41:50Michel Houellebecq
41:51qui dans la carte
41:52et le territoire
41:53rappelez-vous dit
41:54que l'Europe
41:55est une forme
41:56de Disneyland planétaire
41:57l'Europe offrira
41:58ses châteaux
41:59l'Europe offrira
42:00son patrimoine
42:01mais l'Europe
42:02ne pèse plus
42:03parce qu'elle s'est laissée
42:04écrasée par l'idéologie
42:05et la technocratie
42:06Est-ce que vous partagez
42:07pas de temps en temps
42:08est-ce que vous nommez
42:09ça de défaitisme
42:10ou est-ce que
42:11c'est pas lucidité ?
42:12Alors ça
42:13c'est le schéma
42:14qui arrivera
42:15si l'Europe
42:16ne se réveille pas
42:17dans le sens
42:18que je décris
42:19Ce qui se passera
42:20c'est que l'Europe
42:21deviendra
42:22un continent de consommation
42:23Il n'appartient qu'à nous
42:24de rester
42:25dans une compétition
42:26où on produit
42:27et on innove nous-mêmes
42:28On a les capitaux
42:29Vous savez qu'il y a plus
42:30d'épargne privée en Europe
42:31qu'aux Etats-Unis
42:32Vous savez que
42:33Vous parlez de ce grand marché
42:34des capitaux
42:35on en parle depuis des années
42:36mais on ne le voit toujours pas
42:37Mais c'est parce que
42:38les Européens sont frileux ?
42:39C'est parce que je crois
42:40qu'on n'avait pas
42:41ces dernières années
42:42réalisé ce qui pouvait
42:43se passer
42:44Merci Trump alors
42:45Mais d'une certaine manière
42:46si vous voulez
42:47je ne suis pas à le dire
42:48Vous savez
42:49ça a été le cas aussi
42:50pour l'OTAN
42:51sur le premier mandat
42:52de Donald Trump
42:53ça a permis un réveil
42:54Oui
42:55Il nous donne un coup de taser
42:56Oui moi j'appelle ça
42:57un coup de pied au derrière
42:58c'est un peu moins violent
42:59mais en tout cas
43:00ça réveille
43:01et donc on a une nécessité
43:02mais ça sera
43:03en fonction de ce que l'on décide
43:04avec ou sans nous
43:05en termes de production
43:06et d'innovation
43:07et de participation
43:08à la guerre commerciale
43:09Je ne dis pas que l'Europe
43:10est terminée
43:11Sachant qu'on est sur une...
43:12Ce sera un marché
43:13de consommateurs
43:14et un musée
43:15Et donc c'est à nous
43:16de décider
43:17qu'est-ce qu'on veut être en Europe
43:18Sachant qu'on est
43:19sur une ligne de crête
43:20parce qu'il ne faut pas
43:21il faut être compétitif
43:22et en même temps
43:23Exactement
43:24ne pas l'être trop
43:25parce que sinon
43:26c'est des droits de douane
43:27ce sont des sanctions économiques
43:28ce sont...
43:29c'est assez particulier
43:30Mais vous n'êtes pas obligé
43:31mais ce n'est pas parce que
43:32vous vous rendez plus compétitif
43:33meilleur sur la compétition
43:34que vous perdez vos alliés
43:35Vous jouez tout simplement
43:36cette compétition-là
43:37avec des alliés
43:38Donc vous vous dites
43:39plus on est compétitif
43:40plus on est fort face à Trump
43:41plus on sera respecté
43:42par Donald Trump
43:43Et bien sûr
43:44et plus on innove
43:45Mais vous noterez
43:46cela veut dire
43:47que les pressants interlocuteurs
43:48de Donald Trump
43:49ne sont pas
43:50les interlocuteurs
43:51de Donald Trump
43:52en Europe pour l'instant
43:53c'était d'abord
43:54Viktor Orban
43:55maintenant c'est
43:56Madame Mélanie
43:57donc essentiellement
43:58des gens qui sont
43:59sceptiques par rapport
44:00à la technostructure européenne
44:01et qui croient davantage
44:02à la souveraineté nationale
44:03Bien sûr
44:04chacun aura compris
44:05qu'il a besoin
44:06de bilatéralisme
44:07pour gagner davantage
44:08en rapport de force
44:09Il ne veut pas
44:10que son interlocuteur
44:11soit un bloc européen uni
44:12Ça ne serait pas
44:13à son avantage
44:14Donc c'est précisément
44:15ce qu'il faut faire
44:16être un bloc européen uni
44:17pour pouvoir jouer
44:18ce rapport de force
44:20Merci beaucoup
44:21Laurent Saint-Martin
44:22d'avoir été l'invité
44:23du grand rendez-vous
44:24Très bon dimanche
44:25A tous sur Europe 1
44:26et sur CNews