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00:00Punchline, 18h-19h, Thierry Cabane sur CNews et Europe 1.
00:0818h36, c'est la dernière ligne droite pour votre Punchline Week-end sur CNews et sur Europe 1.
00:16Noémie Allure est toujours avec moi, Nathan Dauver, Véronique Jacquier, Michel Aubouin et Gautier
00:20Lebret. On va prendre la direction, si vous voulez bien, de Montpellier maintenant, puisqu'on évoquait
00:25le narcotrafic avec la prise de position du maire de Grenoble, maire écologiste, il faut se rappeler,
00:31là, c'est le maire socialiste de Montpellier qui a donc décidé de s'attaquer au blanchiment
00:36d'argent lié au narcotrafic. Écoutez ce reportage de Jean-Luc Thomas, assez édifiant, il faut bien le reconnaître.
00:42Dans certains quartiers de beaucoup de villes françaises, on trouve en grand nombre des épiceries de nuit,
00:48des barbiers, des bars à chicha ou des kebabs. Souvent, ces commerces sont liés au blanchiment d'argent
00:54dû au narcotrafic. Ex-député Renaissance de l'héros Patrick Vignal a travaillé longuement sur ce sujet.
01:01Je voudrais qu'on m'explique qu'en un territoire, vous avez 5 épiceries de nuit, une à côté de l'autre,
01:06il n'y a jamais de clients et qui décartent des recettes, ça pose un débat. Donc arrêtons, faisons une vraie
01:11décentralisation, les maires doivent avoir du pouvoir.
01:14À Montpellier, le maire aimerait pouvoir s'opposer à l'ouverture de certains commerces douteux.
01:19Les syndicats de police approuvent.
01:21C'est un outil supplémentaire dont on ne devrait pas se priver. Le narcotrafic est aujourd'hui un cancer pour la société
01:29et je pense qu'il faut l'attaquer à la racine.
01:32Ce local appartenait, il y a quelques années en arrière, à une chaîne de restauration rapide.
01:38La mairie a préempté le bail, tout simplement pour éviter que les narcotrafics et le blanchiment d'argent
01:47puissent servir ici place de la comédie, puisque nous sommes au cœur de Montpellier.
01:52Les commerces, il y en a qui sont visibles, d'autres qui le sont moins.
01:56C'est pour ça que ça demande beaucoup d'investigation, qu'elle soit administrative ou judiciaire.
02:02Ces commerces du blanchiment sont parfois collés les uns aux autres, comme dans cette rue.
02:06En 2005, Montpellier compte alors 20 épiceries de nuit, elles sont 200 aujourd'hui.
02:13Edifiant, Michel Auboy, ce reportage.
02:16C'est vrai qu'une fois que je suis allé chez un barbeur, on ne va pas être mis tous les barbeurs,
02:19ce n'est pas l'objet qu'ils n'ont plus, mais c'est vrai qu'à un moment donné, au moment de payer,
02:22il y a, non, pas de machine, du liquide.
02:26Du liquide, j'ai trouvé ça étrange, mais non, on n'a pas de machine.
02:29Il y a des coiffeurs qui utilisent aussi les machines, mais c'est vrai,
02:35c'est un phénomène qui est assez répandu et depuis déjà un peu de temps,
02:38parce qu'en fait, le gros problème de logistique des marchands de drogue,
02:42c'est l'argent liquide, parce qu'on ne peut pas les déposer à la banque,
02:45tout le monde a compris.
02:46On peut quand même difficilement aujourd'hui les déplacer d'une frontière à l'autre avec des malettes.
02:50Donc, il faut trouver un autre système.
02:52Et ces petites boutiques servent à établir des comptes en liquide
02:58pour des produits qui n'ont pas été vendus.
03:00En fait, c'est comme ça que les choses fonctionnent.
03:02Et si vous les multipliez, évidemment, vous multipliez les sources de blanchiment possibles.
03:07Et d'ailleurs, je parle de blanchiment, c'est drôle,
03:08parce qu'il y a aussi les blanchisseries dans les blanchisseuses.
03:12Mais donc, ça se multiplie beaucoup et surtout, c'est très visible
03:16parce qu'effectivement, vous passez, vous et moi, devant des restaurants
03:19où il n'y a jamais de clients et qui restent pourtant toujours ouverts
03:22et qui ne font pas faillite devant.
03:24Donc, je pense que c'est à bon droit que le maire de Montpellier a souhaité prendre position.
03:32Après, c'est beaucoup plus compliqué parce qu'en fait,
03:34on voit bien que tout ça n'est pas de la compétence du maire,
03:36ce qui ne peut pas interdire l'installation d'un commerce.
03:38Ça, c'est absolument interdit par la loi.
03:40Il ne peut pas préjuger du fait que ce sera pour blanchir de l'argent
03:43parce qu'après tout, ça peut être une fleuriste qui a envie de vendre des fleurs.
03:47Et donc, ce qui nous manque, c'est quand même aujourd'hui des services de contrôle
03:53qui sont capables de descendre dans les magasins, de vérifier la comptabilité réelle,
03:58de faire de l'investigation et surtout de...
04:02Parce que derrière tout ça, pour rebondir sur ce que disait Nathan tout à l'heure,
04:07il y a un autre élément qui est important,
04:08c'est que tout ça, c'est sans charges sociales, sans impôts.
04:12Donc, c'est des manques à gagner pour les caisses de l'État de dizaines de milliards d'euros.
04:17Ah oui, ça monte vite.
04:18Et oui. Donc, des redressements fiscaux,
04:24des saisies sur ces magasins, etc.
04:26C'est aussi une façon de réalimenter le dispositif et de dire
04:29bon, on ne peut pas en France faire un commerce sans jamais payer de charges.
04:34Véronique Jacquet.
04:36Oui, je crois qu'il ne faut pas être naïf dans cette affaire.
04:38Et c'est bien de voir que la mairie de Montpellier se réveille
04:41parce qu'effectivement, ce n'est pas un phénomène qui est nouveau,
04:43mais on a laissé faire.
04:45Alors, sans doute parce que ces locaux commerciaux,
04:49les bottes de ces locaux commerciaux sont à la charge de propriétaires privés.
04:54Mais quand on vient vous proposer un énorme pas de porte,
04:58alors que votre local n'est pas forcément sur un bon emplacement,
05:02vous pouvez peut-être vous dire qu'il y a anguille sous roche
05:04et vous pouvez peut-être vous dire que les 50 000 euros,
05:07ce n'est pas forcément de l'argent qui est blanc bleu.
05:09Et donc, je pense qu'il y a une forme de charge morale,
05:12je vous le dis parce que j'ai vu ça dans certains centres-villes
05:14où vous voyez la physionomie de certains centres-villes changer,
05:16mais où c'est, ah non, je prends l'argent,
05:18mais surtout, je ne regarde pas ce qui se passe.
05:20Non, ça, ce n'est pas grave.
05:21Ce n'est pas grave si effectivement, derrière, on blanchit de la drogue.
05:24Moi, ce que je veux, c'est rentrer mon argent et je veux que mon loyer soit payé.
05:27Donc, il y a aussi une forme de lâcheté collective
05:29par rapport à ce qui s'est installé il y a quelques années
05:32par rapport à, effectivement, ce blanchiment d'argent.
05:35Et les maires ouvrent les yeux, c'est bien,
05:37mais c'est vrai qu'ils ne peuvent pas, en théorie, faire grand-chose,
05:40si ce n'est, comme vous l'avez dit, peut-être faire des contrôles
05:45et ensuite alerter des propriétaires, mais sans doute sera-t-il trop tard.
05:48Gauthier Lebret, comme quoi, même quand on est de gauche,
05:53on peut prendre des mesures radicales versus ce qui se passe à Grenoble.
05:56Oui, mais le maire de Montpellier est d'une gauche républicaine.
06:00Je rappelle que c'est lui qui avait signalé l'un des influenceurs algériens à Bruno Rotailleau.
06:05Le troisième, il me semble, celui d'ailleurs qui n'a pas pu être expulsé,
06:10enfin, qui est arrivé sur le tarmac d'Alger avant de repartir aussitôt
06:13parce que les Algériens avaient refusé de le prendre malgré son passeport.
06:17Donc, il n'y a pas de surprise sur le maire de Montpellier,
06:21qui est de la gauche républicaine, d'une gauche qui pourrait être celle de Manuel Valls,
06:26même si pour la France insoumise, ces hommes-là ne sont plus de gauche.
06:31À partir du moment où vous luttez contre le narcotrafic,
06:33contre la montée de l'islamisme, que vous demandez plus de sévérité,
06:36que vous n'insultez pas les policiers tous les quatre matins,
06:39mais au contraire que vous les félicitez.
06:40Oui, forcément, le problème aujourd'hui de la gauche,
06:42c'est qu'elle s'est fait, à l'Assemblée nationale du moins,
06:45la gauche républicaine s'est fait vampiriser par la France insoumise.
06:48Donc, la force néphralgique de l'Assemblée nationale à gauche, c'est évidemment LFI.
06:54Et les écolos, j'en parle même pas.
06:56Effectivement, avec Éric Piolle, vous avez la ligne directrice
06:59et les déclarations de Marine Tondelier, souvent sur l'Algérie aussi d'ailleurs,
07:02référent Alger à Paris.
07:04Oui, après, c'est comme dans un village gaulois,
07:07il y a quelques résistants à cette gauche-là.
07:11On en parle. Noémie Allure ?
07:13Oui, je rejoins complètement ce que Gauthier vient de dire.
07:15C'est vrai que ça paraît presque surprenant que la sécurité
07:18soit typiquement vue comme un sujet de droite,
07:20alors même que ce sont souvent les classes populaires qui payent les pots cassés.
07:24C'est souvent auprès des endroits où vivent les classes populaires
07:28qu'il y a ces trafics, qu'il y a ces fusillades.
07:30Et ce sont souvent les pauvres qui payent le prix de façon beaucoup plus fulgurante
07:34que ceux qui peuvent se réfugier dans des tours d'ivoire avec des digicodes
07:38et des endroits où ils sont ultra sécurisés.
07:41Donc, si vous voulez, cette question ne devrait pas...
07:42Elle est devenue et elle est perçue comme une question de droite,
07:45mais au fond, elle devrait être universelle et même la gauche devrait s'en saisir.
07:48La sécurité, c'est une question au fond qui concerne tout le monde.
07:52Et pour revenir sur cette question-là qu'on est en train d'évoquer,
07:54celle du narcotrafic, effectivement, c'est un ensemble d'acteurs
07:58au fond, c'est un système où tout s'entretient.
08:00Là, on parle des kebabs, des commerces, des blanchisseries
08:04qui participent aussi à ce grand système qui alimente le narcotrafic.
08:09Mais il y a en fait, finalement, ça va, il l'avait très bien expliqué Bruno Retailleau,
08:13ça part du consommateur jusqu'au vendeur, jusqu'au dealer, jusqu'au producteur.
08:19Et tout le monde fait partie d'un même système.
08:20C'est pour ça qu'il faut une réglementation
08:23et ou en tout cas, une pénalisation beaucoup plus importante
08:25à tous les niveaux de cette échelle, à tous les niveaux
08:28pour essayer de pallier un petit peu ce problème.
08:31Dernier mot sur le sujet, Nathan Le Verre.
08:33Après, on part en Israël rejoindre notre équipe sur place.
08:36Oui, en effet, quand on est de gauche,
08:38même si on est favorable à la dépénalisation ou à la légalisation,
08:43ce qui est mon cas, par exemple,
08:45on ne peut pas avoir la moindre complaisance vis-à-vis des trafiquants de drogue
08:49parce qu'on parle de mafias criminels qui, encore une fois, font couler du sang,
08:54détruisent la République et, comme vous l'avez dit,
08:56s'attaquent en priorité aux classes populaires.
08:59En tout cas, ceux qui vivent dans des quartiers où ces mafias sont implantés
09:02et qui, au quotidien, ont une vie qui est pourrie par ça.
09:05Il y avait Marx déjà dans la social-démocratie allemande.
09:08Donc, c'est vieux comme le monde.
09:09Il disait que les mafias organisés autour de la délinquance ou de la criminalité
09:14sont des caricatures de tout ce qu'il y a de pire dans le capitalisme.
09:18L'argent énorme, la violence de l'argent,
09:23le fait qu'il y a une connexion directe entre le fait que ces gangs de drogue
09:28brassent des sommes énormes d'argent
09:30et donc qu'elles se sentent, en quelque sorte, émancipées de toute forme de loi,
09:34de toute forme de contrainte, de toute forme même d'obligation morale.
09:38Et donc, en effet, il a été assez grave de voir que certaines personnes de gauche
09:45aient, en quelque sorte, pu valoriser la culture qu'il pouvait y avoir
09:50autour de ces gangs de drogue.
09:52Et j'insiste là-dessus, on peut être favorable à la dépénalisation
09:56tout en étant absolument intransigeant sur le fait de dire qu'en l'État,
10:00évidemment, ce sont des organisations criminelles.

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