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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07La semaine qui s'ouvre, Vincent, est celle de l'épreuve du budget pour François Bayrou. Le texte arrive jeudi à l'Assemblée en commission mixte paritaire.
00:15D'ici là, le Premier ministre poursuit ses négociations pour éviter la censure.
00:19Oui, pendant que la France coule, François Bayrou surnage comme il peut. Les équilibres parlementaires occupent l'intégralité de son temps.
00:26Il négocie avec talent d'ailleurs, un matignon et maquignon, ça sonne pareil, mais tout cela se déroule dans un jeu tellement minuscule que ça en devient microscopique.
00:34La politique française donne l'impression d'être doublement déconnectée.
00:37Déconnectée d'abord des nécessités vitales, la sécurité, l'école, l'immigration, la dette, auxquelles le gouvernement ne peut répondre que par des artifices de communication.
00:46Mais déconnectée aussi des bouleversements du monde.
00:49Donald Trump bouscule la planète alors qu'Emmanuel Macron est politiquement dévitalisé et que son Premier ministre n'a aucune force d'impulsion.
00:56Et pourtant, il faut vivre ou survivre, dit la chanson, et François Bayrou le fait plutôt bien.
01:01Mais le prix à payer de sa survie politique, c'est que tout en France soit à l'arrêt.
01:05Si nous étions dans des temps paisibles et prospères, ce ne serait finalement pas grave.
01:09Mais la France est aujourd'hui en état d'urgence maximale et la puissance publique ne propose qu'un service minimum.
01:14Mais pour le moment, la France, Vincent, n'a pas de budget, c'est quand même la priorité.
01:18Et le budget, c'est le préalable à toute action politique et c'est ce qui justifie l'extrême prudence de François Bayrou sur tous les sujets.
01:23Chez le Premier ministre, comme il y a trois mois chez Michel Barnier, on nous dit qu'après le budget, ça va dépoter, qu'on va voir ce qu'on va voir.
01:29Mais avec Michel Barnier, ce qu'on a vu, c'est qu'on n'a rien vu.
01:32La configuration politique à l'Assemblée, la personnalité du Premier ministre, tout nous dit que même si le budget est adopté, il ne se passera pas grand-chose non plus.
01:40Quant aux initiatives parlementaires, hormis quelques textes intéressants venus de droite, on est condamné aux propositions de loi sur les ascenseurs
01:47ou à l'obsession un peu déroutante des promoteurs de l'euthanasie qui font de la possibilité de donner la mort l'horizon politique absolu.
01:54Que la fin de cycle à laquelle nous assistons se fasse sous le signe de la fin de vie, c'est symboliquement frappant et c'est, disons-le, assez déprimant.
02:01Franchement, Vincent, le tableau est un peu sinistre. La France ne peut pas faire du sur place pendant encore deux ans.
02:07Pourtant, c'est le projet dimitrien. Notre pays est ankylosé dans les ruines du macronisme. La maladie provoquée par la dissolution est incurable.
02:14Alors, combien de temps peut durer le gouvernement Bayrou ? Personne le sait. Mais ce qui est certain, c'est que le pouvoir est plus fragile que jamais.
02:20Il suffit de 26 députés socialistes qui votent une censure avec le NFP et le RN pour que le gouvernement tombe.
02:26Et François Bayrou n'est pas seulement sous la menace des oppositions. Il peut aussi tomber si le bloc central s'effondre sur lui-même.
02:32Et ce bloc, en vérité, n'en est pas un. Les ministres se contredisent publiquement. Quant aux trois parties EPR, Horizons et Modem, personne ne les coordonne.
02:41Et je ne vous parle pas de LR qui, après si peu, se retrouve allié de circonstance de François Hollande.
02:45Vous voyez bien que cette minorité bricolée ne tiendrait pas si la France devait affronter une crise grave.
02:51Mais ce qu'il faut reconnaître, Dimitri, c'est que dans cette situation bloquée, François Bayrou est parfaitement à son aise.
02:58C'est un génie pour reporter, pour diluer, pour embrouiller tous les sujets.
03:02Vous avez en tête la formule très célèbre de Socrate, « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien ».
03:07Et bien dans la période, François Bayrou en tire une interprétation personnelle et pratique pour durer le plus longtemps possible.
03:13On peut la résumer ainsi, « Tout ce que je fais, c'est que je ne fais rien ».

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