• le mois dernier
Originaire de Font-Vert à Marseille (14e arr.) Bacariane s'investit depuis 2016 dans son espace de loisir et de restauration sur lequel il vit à Mayotte. Un projet écologique, social et solidaire qui a été totalement détruit sous ses yeux lors du passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier.
"La valeur de tout ce que j'ai perdu est inestimable." Le ton grave, Bacariane s'appuie sur ce qui reste de son bar à jus. "Fini les fruits locaux, il reste plus que de l'industriel", déplore-t-il le regard tourné vers des sodas. "On fait ce qu'on peut pour maintenir un minimum d'activité économique", justifie ce Marseillais aux convictions initialement tournées vers les produits bios issus de circuits courts.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Chido, quand il est tombé, lui, il a ramené tout.
00:03Tout était broyé. Les arbres sont tombés l'un sur l'autre.
00:06Ici, tout était démoli. Toute la zone était démolie.
00:09Ça, c'est ce qu'il reste de la cuisine.
00:12Donc, tout a pris l'eau. Tout a été arraché.
00:16Regarde les brochettes de poisson qui se tapent.
00:19Ça, c'est malgré Chido.
00:21L'établissement, en réalité, a été pendant très longtemps partiel.
00:26Partiel parce que j'ai vécu entre deux terres ou deux continents.
00:29Il faut savoir que je suis originaire de Marseille.
00:31En vrai, je suis de fond vert.
00:32Et Big Up le quartier, c'est pour tous ceux qui me reconnaissent.
00:35Maintenant, on est devenu des anciens. Il fait 20 ans qu'on était à l'école primaire.
00:38On était même au collège à Edouard Manet.
00:40On est passé même à Diderot.
00:42On a validé nos bacs. Là, aujourd'hui, on est ici.
00:45Moi, je suis quelqu'un qui a laissé tout ce que je faisais, en réalité,
00:49qui est venu ici.
00:51Je suis assez incompris, en vérité, ici.
00:54Parce que, d'ailleurs, ils m'appellent le Marseillais.
00:57Ça a un sens.
00:59Toujours à Marseille, on t'appelle, tu viens d'eux.
01:01Mais ici aussi, on te recatalogue, en fait, que tu viens d'eux.
01:04Tes repères, en réalité, c'est la famille, les parents, père, mère.
01:07Mais quand t'as perdu cela, tes seuls repères, ça devient un peu les enfants et ton travail.
01:12Et moi, je n'ai pas voulu, moi, rentrer dans le lot en me disant que, oui, je vais chercher du taf.
01:16Je pourrais, mais je crois au développement économique de Mayotte.
01:20À un moment donné, dans le Chido, l'espace là où j'étais, c'était impossible.
01:27Concrètement, c'était impossible. Il fallait sortir de cet espace.
01:31Mon réflexe, c'était déjà de récupérer tout ce qui était utile dans la cabane.
01:35Mes affaires perso, ordinateur, TPE, la caisse, les trucs classiques.
01:40Pour mettre ça dans le conteneur et essayer de m'abriter au mieux possible.
01:45Le temps que je l'ouvre, le vent m'a arraché la porte de la main.
01:49En fait, il a soulevé le conteneur.
01:51Le conteneur, il était centré. Et là, au jour d'aujourd'hui, vous voyez, il l'a déplacé carrément.
01:56Nous sommes nombreux à avoir tout, à repartir à zéro.
01:59Parce que moi, je n'abandonne pas, je repars à zéro.
02:02Et en fait, on ne demande pas, on demande juste nos chiffres d'affaires.

Recommandations