• avant-hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast ici des Archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57Tommy Andrews retira l'une de ses mains du volant pour donner une claque sur la cuisse de son passager et tous deux éclatèrent de rire.
01:07Une lourde voiture, seule dans la rue, arrivait à gauche au carrefour.
01:12Tommy l'aperçut et rit de plus belle.
01:16« Walt, regarde ! »
01:18Walt était croquevillé dans son blouson de cuir noir.
01:22Il essaya de se redresser au moment où Tommy appuyait à fond sur la pédale d'accélération.
01:28La secousse le renvoyait en arrière contre le siège.
01:30Sa tête heurta le montant de la vitre.
01:33Tommy s'était rédit dans l'attente du choc.
01:36Le bolide bondit en travers du carrefour tandis que ses pneus laissaient en crissant des traces de fumée sur l'asphalte.
01:43« Hé, Tommy, tu veux nous tuer ou quoi ? »
01:47« Non, Walt, simplement donner une leçon à ce vieux dans son vieux taco. »
01:52« Tais-toi et passe-moi une bière. »
01:54« Ben, il en reste que deux. »
01:56« Deux ? Les deux paquets de six sont déjà finis ? Qu'est-ce que t'en as fait ? »
02:01« Ben, il est onze heures et demie, Tommy. Tu te figures que douze malheureuses boîtes de bière peuvent durer toute la nuit ? »
02:07« Oh, tais-toi, Walt. Allez, ouvre-les. »
02:10Walt s'exécuta.
02:14De la mousse gicla sur son genou dès qu'il eut ouvert la première boîte.
02:19Tommy s'en saisit de la main droite tout en manœuvrant le volant avec l'index de la main gauche.
02:26Au feu rouge suivant, Tommy reçut une secousse au moment où il avalait une gorgée de bière.
02:32« Vise la bagnole, Walt ! »
02:35Walt regarda la conduite intérieure venue s'arrêter à leur droite.
02:40Le conducteur de la grosse voiture fixait les deux garçons avec des yeux pleins de haine.
02:46Walt lui tira la langue et ricana.
02:50Le feu passa au vert.
02:53Tommy appuya à fond sur l'accélérateur, laissant la conduite intérieure derrière lui.
02:59En face d'un immeuble, une vieille femme descendit du trottoir.
03:04Le bolide passa en trompe devant elle en effleurant son manteau.
03:08Les deux garçons eurent l'air de rire en voyant la femme demeurer sur place, la main sur le cœur.
03:14Ils franchirent les trois feux suivants.
03:17Tommy ralentissait juste assez pour boire sa bière sans en renverser sur lui.
03:23« Hé, Tommy ! Je crois que cette voiture nous suit. On est repérés.
03:27Hé, souviens-toi de ce que le juge a dit, hein ! On nous retirera notre permis pour de bon !
03:32Alors, papa, on se promène ? »
03:35cria Tommy à l'adresse de l'autre voiture.
03:39Aucune réponse, sinon le même regard glacé et lourd de dégoût.
03:46Les mains de l'homme se crispèrent sur le volant.
03:49Le cuir de ses gants se tendit à l'endroit des jointures.
03:53« Qu'est-ce qu'il y a, grand-père ? T'as froid aux mains ? »
03:56Trusquement, l'homme retira ses mains du volant.
04:00Il prit quelque chose à côté de lui sur le siège.
04:03Alors, en quelques secondes, trois choses se produisirent.
04:08D'abord, le feu passa au vert.
04:10Ensuite, Tommy appuya sur l'accélérateur et l'homme au volant de la grosse voiture jeta quelque chose par sa portière.
04:16Ce quelque chose atterrit avec un bruit sourd sur le plancher du bolide au moment où celui-ci démarrait.
04:22« Hé ! » s'exclama Tommy affolé en regardant le plancher de la voiture entre ses jambes.
04:28« Qu'est-ce que c'est que ça ? »
04:30Se pencha, palpa la chose du bout des doigts.
04:34« C'est pas, Tommy, c'est pas… On dirait une… »
04:38C'est alors que la grenade lui explosa au visage.
04:46« J'ai une affaire pour vous, McClary ! »
04:49dit Daniels, le chef de la brigade criminelle.
04:52« Ah oui ? De quoi s'agit-il, chef ? »
04:55« Deux gosses ont été tués dans leur bolide la nuit dernière.
04:58On les a fait sauter avec une grenade, selon le laboratoire. »
05:03Le détective Paul McClary siffla entre ses dents.
05:06« Ah ! Les revolvers vont pas tarder à être démodés, chef. »
05:10« Aucun indice ? Non. Les nôtres des gosses, Tommy Andrews et Walter King,
05:15ils appartenaient à un club automobile, le Piddle Jokers.
05:19Allez d'abord voir les parents et furetez aux alentours. »
05:24McClary chercha tout d'abord la demeure des Andrews,
05:28une maison décrépie avec une charpente en bois
05:31qui aurait dû être repeinte depuis vingt ans.
05:34Il frappa à la porte.
05:36« Mme Andrews ? »
05:38« Détective Paul McClary. »
05:40La femme eut un mouvement de tête qui pouvait bien être une invitation à entrer.
05:45« Je sais combien cela vous est pénible, Mme Andrews,
05:48mais je dois vous poser certaines questions. »
05:51« Mon Dieu ! Qui a pu faire une chose aussi terrible, monsieur ? Le savez-vous ? »
05:55« Je suis ici pour le découvrir, madame.
05:58Savez-vous si votre fils avait eu des ennuis dernièrement ? »
06:02« Oh ! Avec lui, il y en avait toujours. Mais c'était un bon garçon, monsieur. »
06:06« Non, je voulais dire quelques bagarres sérieuses. »
06:10« Je ne sais pas, monsieur. Je ne sais vraiment pas. »
06:14Chez les Keynes, qui habitaient le pâté d'immeubles voisins,
06:18McClary interrogea la mère de Walt.
06:21Son père était mort depuis cinq ans.
06:24« Walt a-t-il été mêlé à des bagarres de bande dernièrement, Mme Keynes ? »
06:29« Non, pas que je sache. »
06:31« Et vous ne voyez personne qui ait voulu se venger de lui ? »
06:36« Non, je ne vois pas, monsieur. Depuis l'accident, il se tenait tranquille. »
06:41« L'accident ? Quel accident, madame ? »
06:44« Il y a trois mois, avec le jeune Andrews, Walt conduisait. »
06:49« Ils ont reversé une petite fille qui roulait à bicyclette. »
06:52« Elle s'est précipitée sur leur voiture. Il n'a pas eu le temps de freiner. »
06:56« Et la petite fille est morte sur le coup. »
07:02Paul McClary enquêta dans le voisinage.
07:05Les membres du Paddle Jockey et ceux des Trèvleurs avaient eu une bagarre deux semaines auparavant.
07:11C'est tout ce qu'il put découvrir.
07:14Il revint au bureau au moment où le chef s'en allait.
07:17« Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une affaire de bandes rivales, chef. »
07:21« Aucun ne ferait de mal à une mouche. »
07:23« En plus, aucun de ces garçons n'a fait son service militaire. »
07:27« Il ne saurait donc pas manipuler une grenade. »
07:29« Je me suis renseigné sur leur précédente bagarre. »
07:32« Aucun revolver. »
07:33« Rien que des trucs de jeunot, tels que coup de poing américain, chaîne et bâton. »
07:38« Pas d'autre idée, McClary ? »
07:40« Si. Et une, chef. »
07:42Les deux garçons, Andrews et Kane, ont eu un accident il y a trois mois environ.
07:47Ils ont tué une petite fille.
07:49« Je verrai le père de la petite fille demain. »
07:52« Peut-être est-ce une vengeance ? »
07:54« Ou simplement le geste d'un fou, parle. »
07:59Paul McClary avait essayé de ne pas envisager cette possibilité.
08:04C'était le genre d'affaire le plus difficile à résoudre.
08:09Jusqu'ici, un seul suspect.
08:13Mais est-ce une vengeance ?
08:17Ou s'agit-il d'un fou ?
08:20C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
08:31Le détective Paul McClary de la police de Los Angeles
08:35est chargé de découvrir l'assassin de deux jeunes gens qui conduisaient en état d'ébriété.
08:41Trois mois auparavant, ces deux garçons avaient tué une petite fille qui s'était jetée sous leur roue.
08:48L'assassin des jeunes gens a tout simplement jeté une grenade par la portière de sa voiture.
08:55La lune pâle de l'aube disparut derrière un nuage
08:59au moment où la voiture de sport rouge grimpait la route en lacets de Hollywood Hills.
09:05L'appel urgent d'un klaxon sortit Peter Folbrook de la stupeur de l'ivresse,
09:09juste à temps pour réagir au cri aigu de la fille.
09:14Instinctivement, ses doigts se crispèrent sur le volant.
09:17La lumière éblouissante de deux phares arrivait droit sur lui.
09:20Sur la gauche, il le savait, il y avait le vide noir et profond de la vallée.
09:24Sa main tourna le volant vers la droite, cherchant instinctivement la protection de la terre solide.
09:31L'autre voiture passa en trombe.
09:33Folbrook s'arrêta. Il regarda, fasciné dans le rétroviseur,
09:38tandis que le conducteur luttait pour reprendre le contrôle de sa voiture.
09:44Le petit coupé rouge roulait tout au bord de la route.
09:47Ses roues quittaient le sol au-dessus du vide.
09:51Puis la voiture disparut.
09:54La gorge de Folbrook se serra.
09:58Au tournant suivant, la voiture réapparut, maîtrisée.
10:05Folbrook poussa un soupir de soulagement.
10:09Il remit le moteur en marche, roula une cinquantaine de mètres.
10:13Ses mains et ses bras tremblaient.
10:17Il quitta la route pour s'arrêter sur un parking.
10:21Derrière lui, des roues grinçèrent sur le gravier et il sursauta.
10:26Il jeta un coup d'œil dans le rétroviseur.
10:28Il vit, un homme seul dans une voiture, une énorme conduite intérieure vieille de plusieurs années.
10:36Le conducteur en descendit.
10:39Il portait un lourd par-dessus sombre et un chapeau noir.
10:44« Ça va ? » dit-il.
10:47« Oui, oui, ça va, j'ai rien, monsieur, merci. » dit Folbrook.
10:53« J'ai voulu venir voir. Il y a des gens qui ne supportent pas un choc comme celui-là.
10:58Pas trop secoué ? »
11:00« Qui, moi, secoué ? Non, pourquoi ? Je pourrais rouler sur cette route les yeux fermés. »
11:05« Mais c'est ce que vous faites, n'est-ce pas ? »
11:08« Quoi ? »
11:10« Vous pourriez aussi bien avoir les yeux fermés, Yvonne, que vous êtes.
11:14Je vous ai suivi tout le long de la route depuis Sunset.
11:17Vous avez failli tuer ceux que vous avez croisés, probablement quelques jeunes couples innocents,
11:22parce que c'est habituellement les innocents que les ivrognes comme vous tuent. »
11:27« Mais qu'est-ce que ça veut dire, monsieur ? Que voulez-vous ? »
11:31« Railler des routes les hommes de votre espèce de façon radicale. »
11:37Folbrook tenta de démarrer, mais l'homme au par-dessus fut plus rapide que lui.
11:42Sa main gantée sortit de sa poche.
11:44Au creux de cette main, la pierre avait la taille d'une balle de tennis.
11:48Il l'abattit sur le crâne de Folbrook, qui poussa un gémissement et s'effondra sur le volant.
11:54L'homme tendit le bras à l'intérieur et desserra le front à main.
11:58Ensuite, il tapota la veste de Folbrook, trouva la poche qui contenait le portefeuille.
12:05Il le prit, lut le nom de Folbrook sur le permis de conduire,
12:10referma le portefeuille et le remit à sa place.
12:16Le frein desserré, l'homme n'eut pas grand'peine à pousser la voiture qui se mit à rouler.
12:23L'homme resta sur le bord, légèrement haletant, à regarder la voiture dévaler la pente.
12:32Maclary avait appris que Clarence Budlong, le père de la petite fille tuée à bicyclette,
12:38travaillait pour un certain M. Jeffreys à la Western Company.
12:43Il alla le voir.
12:46Maclary expliqua à M. Jeffreys les raisons de sa visite et demanda quelle sorte d'homme était ce Budlong.
12:54— C'est un garçon tranquille, très intelligent, travailleur, consciencieux.
12:59— Comment a-t-il pris la mort de sa fille, monsieur ?
13:02— Oh ! il a failli en perdre la tête.
13:05— Est-ce qu'il a eu un comportement bizarre dernièrement ?
13:09— Non, je ne trouve pas, étant donné les circonstances.
13:13— Je vous remercie, M. Jeffreys, je compte sur votre discrétion.
13:18De suite après le déjeuner, le téléphone sonna.
13:23Maclary décrocha.
13:27La voix était assourdie comme si on eût parlé à travers un mouchoir.
13:32— C'est au sujet de l'affaire dont vous vous occupez en ce moment, celle de la grenade dans la voiture.
13:39Vous pouvez ajouter quelqu'un d'autre à votre liste.
13:43Hier soir, M. Falbrook est mort pour la même raison que les deux garçons.
13:49— Mais qui êtes-vous, monsieur ?
13:51— Peu importe. Lisez seulement le Daily News du 1er mars.
13:57Un brusque déclic mit fin à la conversation.
14:01Maclary téléphona à la brigade de la circulation.
14:05Ils s'étonnèrent que la nouvelle de la mort de Falbrook ait été connue aussi vite.
14:09Le corps venait juste d'être identifié, et les journalistes n'avaient pas encore été prévenus.
14:16Dans le Daily News du 1er mars, l'une des lettres envoyées au journal disait ceci.
14:23« Le problème de la circulation est une honte pour cette ville, comme pour tout le pays.
14:28Chaque jour, des gens meurent dans nos rues, sur nos routes et nos autoroutes.
14:33J'ai décidé de débarrasser la ville de ce fléau, de ces monstres de métal,
14:38de cette peste infiniment plus insidieuse que celle du 14e siècle.
14:44Désormais, pour que l'on m'identifie, je me ferai connaître sous le nom de l'exécuteur. »
14:52Après avoir lu l'article, Maclary téléphona au Daily News.
14:57Ils avaient dans leur dossier la lettre originale.
15:00Ils avaient reçu aujourd'hui une carte postale revêtue de la même signature qui disait
15:04« Deux gosses ivres dans un bolide, ils ont le ventre plein d'alcool, et la mort pour eux n'est que justice.
15:11Et le riche Falbrook était un idiot et un ivrogne.
15:14Tôt ou tard, par sa faute, un sang innocent aurait coulé. »
15:21Maclary décida de faire suivre Budlong, le père de la petite fille.
15:26« Prenez Gottmeier avec vous ! » dit le chef.
15:31Maclary aimait bien Gottmeier. Ils avaient déjà travaillé ensemble, et ils s'entendaient bien.
15:37« Cette affaire devrait vous plaire, Gottmeier.
15:40Nous avons un fou en liberté qui veut résoudre le problème de la circulation
15:44en exécutant les mauvais conducteurs sur le champ. »
15:48Maclary tendit à Gottmeier les rapports, un par un.
15:53« Jusqu'à maintenant, je n'ai qu'un seul suspect, Clarence Budlong.
15:58Les deux garçons tués dimanche avaient renversé et tué sa fille il y a trois mois.
16:03La presse du matin ne parle pas de Falbrook, car on ne l'a identifié que depuis une heure.
16:08Donc celui qui a envoyé cette carte doit être celui qui a poussé la voiture de Falbrook dans le ravin ! »
16:14dit Gottmeier.
16:16« Oui.
16:18Gott, nous allons prendre Budlong en filature.
16:21Allez chez lui et attendez-le. Je vous accompagne jusqu'au parking.
16:24Il faut que je voie la voiture de Falbrook. »
16:28La voiture de Falbrook ressemblait à s'y méprendre à une sculpture de César.
16:34L'intérieur en était complètement calciné et la plus grande partie de la peinture extérieure noircie.
16:40Maclary examina l'asphalte du parking.
16:45Pas de traces fraîches de dérapage.
16:48Il marcha vers le bord du ravin et regarda tout en bas.
16:53Le chemin suivi par la voiture était facile à voir.
16:56Les herbes folles et les arbres risseaux étaient écartés et le couloir ainsi tracé allait jusqu'en bas.
17:03Maclary en conclut que la voiture avait dû être poussée.
17:11Vers cinq heures et demie, au carrefour de Sepulveda et d'Olympique,
17:15un homme barbu dut freiner violemment pour éviter de heurter une voiture blanche conduite par une jeune femme qui tournait à gauche.
17:23Au feu suivant, la jeune femme vint occuper la voie centrale et s'arrêta.
17:29L'homme, à la barbe, se rangea à sa droite et descendit de voiture.
17:35Il ouvrit la portière de l'auto blanche, appuya le canon de son revolver sur la poitrine de la jeune femme et pressa la détente.
17:45Puis l'homme regagna sa propre voiture.
17:49Le feu passa au vert et tout le monde démarra.
17:53La femme pouvait rester là, au milieu de la rue, pendant des heures et des heures avant que quelqu'un eût l'idée de voir ce qui n'allait pas.
18:02À dix heures, le mercredi matin, Maclary terminait l'examen du rapport détaillé du laboratoire au sujet de la lettre et de la carte adressée au Daily News.
18:12Ce rapport indiquait que le papier de la lettre était un papier-machine ordinaire, que la machine à écrire était une vieille portative à caractère élite.
18:21Plusieurs lettres sautaient, en particulier le A et le E minuscules qui paraissaient légèrement plus bas que la ligne d'impression.
18:30Le G majuscule était à peine formé.
18:34À dix heures quinze, le téléphone sonna.
18:38« Allô, détective Maclary ? Je vois qu'on a découvert le cadavre de la femme. C'est moi qui l'ai tuée pour n'avoir pas respecté les priorités. »
18:48Puis l'interlocuteur anonyme raccrocha.
18:52Maclary se mit en communication par radio avec Gottmeier.
18:57« Allô, Gott ? Où êtes-vous ? »
18:59« Dans le parking de la Western Company, Mac. »
19:02« À quelle heure Bud Lang est-il rentré chez lui hier soir ? »
19:05« Oh, six heures et demie, Mac. Il s'est ensuite absenté jusqu'à sept heures ce matin. »
19:10« Surveillez-le de près, Gott. Notre exécuteur a encore tué hier après-midi. Peut-être est-ce Bud Lang. »
19:19L'exécuteur téléphona de nouveau à quatorze heures trente.
19:23« Maclary, les choses sont arrivées au point où l'on me prend enfin au sérieux, hein ? »
19:29« Faites bien attention à ce que je vais vous dire. Il y a une bombe dans ma voiture. »
19:34« Si quelqu'un entre en collision avec moi ou si je décide de tamponner une autre voiture, cette bombe fera sauter un pâté d'immeuble de Los Angeles. »
19:46Maclary regarda fixement l'écouteur. L'exécuteur avait raccroché.
19:53« Dans deux heures, tous les bureaux fermeraient. Trois files de voitures de quinze kilomètres de long mettraient le cap sur la vallée. Toutes les autoroutes seraient combles. »
20:04L'équipe de déminage examina la voiture de Bud Lang, mais ne trouva rien.
20:09Maclary, cependant, n'abandonna pas cette piste. L'histoire de la bombe était peut-être du bluff, ou bien Bud Lang portait cette bombe sur lui.
20:21Tout était possible dans cette affaire insensée.
20:26L'exécuteur donna l'alerte par l'intermédiaire du Daily News. Alors, un vent de panique souffla sur la ville.
20:34À la nuit tombante, la moitié seulement du nombre habituel de voitures circulait dans les rues.
20:41La circulation se faisait lentement, mais les gens avaient l'impression d'atteindre l'endroit où ils se rendaient plus vite que jamais.
20:49Le jeudi matin, la ville était toujours dans le même état.
20:55Gottmeier revint au bureau à dix heures et demie.
20:58« Vous savez, Mac, cet exécuteur a un bon côté. S'il s'agit de Bud Lang, pourquoi est-ce qu'on ne le laisserait pas faire ?
21:04Il mettrait cette ville au pas, on n'a rien de temps. Peut-être sa façon d'agir est-elle le seul moyen de nous réveiller.
21:11Allons, Gott, allons, allons. Vous êtes policier, vous savez très bien que cet homme est un assassin, un déséquilibré qui a tué quatre personnes
21:18et qui se promène en ce moment avec une bombe, qui peut en massacrer des douzaines. »
21:24Vingt-neuf jours passèrent sans un seul accident de la circulation à Los Angeles. La presse appela cela un « miracle des temps modernes ».
21:35Le trentième jour, Paul McClary, assis à son bureau, souhaitait n'avoir jamais vu l'enveloppe qu'il tenait dans les mains.
21:44Il n'avait aperçu que l'adresse de l'expéditeur, mais c'était suffisant.
21:51Gottmeyer tapait la machine avec le E minuscule sensiblement en dehors de la ligne et un G majuscule à peine visible.
22:05Tout commençait à se mettre en place. Il était facile de retourner en arrière et de se souvenir d'autre chose.
22:12Ainsi, comment Gottmeyer savait-il que la voiture de Fallbrook avait été poussée dans le ravin ?
22:19De plus, il y avait cette défense farouche des agissements de l'exécuteur.
22:25McClary avait toujours pensé que l'exécuteur ne pouvait être qu'un homme témoin de beaucoup d'accidents horribles,
22:32mais le nom de Gottmeyer ne lui serait jamais venu à l'esprit.
22:37McClary l'appela par radio.
22:40« Gott, pourriez-vous venir au bureau ? J'ai quelque chose à voir avec vous. »
22:46Il eut comme une légère hésitation, puis Gottmeyer répondit « Entendu, Mac, j'arrive. »
22:58Gottmeyer avait tué quatre personnes. On devait le considérer comme un fou, mais combien de vies humaines avait-il sauvées ?
23:08McClary, elle, a trouvé le chef.
23:11« Chef, au sujet de Gottmeyer... »
23:14« Ah, vous êtes au courant, Mac ? »
23:16« Au courant de quoi, chef ? La bombe ? »
23:19« Non, non. Gottmeyer vient d'avoir un accident. Il a franchi la ligne médiane de l'autoroute.
23:24Son réservoir a pris feu, on ne l'a même pas pu approcher. »
23:28« Mais comment est-ce que c'est arrivé, chef ? »
23:30« Un témoin a raconté qu'il avait paru perdre le contrôle de sa direction.
23:35Il a frôlé une voiture à plusieurs reprises, presque poussé une autre hors de la route,
23:39et puis il a fait une embardée de l'autre côté et franchi la ligne.
23:43Les voitures qui arrivaient en sens contraire roulaient à près de cent cinquante à l'heure quand elles l'ont heurtée.
23:48McClary espéra que l'on ne découvrirait jamais qu'il y avait eu une bombe.
23:55Il a rompu la trêve.
23:57« Comment ? »
23:59« Vingt-neuf jours sans accident, chef.
24:03Gottmeier est la première victime du mois.
24:07Oui. Mais dites-moi, McClary, si vous n'étiez pas au courant de son accident, que veniez-vous me dire ?
24:14« Oh, ça n'a plus d'importance, chef.
24:17Je venais de recevoir une lettre de Gottmeier.
24:20Il demandait son transfert à la brigade des stupéfiants.
24:24Mais il en avait assez de toute cette routine, des crimes, des meurtres et des accidents de la route.
25:03»

Recommandations