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00:00Alors manquez plus que ça, alors que tout semble se déliter, plus de cadres, plus de repères,
00:04le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail a augmenté de 3,9% au quatrième trimestre 2024.
00:10C'est la plus forte remontée du chômage en une décennie en dehors de la crise Covid selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Travail.
00:19Et on va écouter tout de suite Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie.
00:23Il était sur public Sénat ce matin. Il estime que cette hausse du chômage est liée à l'instabilité politique.
00:28Non, ça n'est pas effet de gouvernement. Il y a une augmentation. Elle est liée à un certain nombre de facteurs.
00:32Elle est liée à une conjoncture qui est devenue un peu moins bonne, aux difficultés d'un certain nombre de filières,
00:38et en particulier des filières industrielles. C'est l'automobile, c'est la sidérurgie, c'est la chimie.
00:42Mais aujourd'hui, les fondamentaux restent solides. J'en veux pour preuve le nombre de recrutements qui ne sont pas pourvus,
00:48notamment dans l'industrie. Nous avons 70 000 postes qui ne sont pas pourvus dans l'industrie.
00:52Le nombre d'investissements qui, aussi pour des raisons d'instabilité politique, sont suspendus.
00:57Je pense que si on donne à notre pays un peu de stabilité politique, si on permet d'adopter un budget,
01:03si on permet aux entreprises et aux consommateurs aussi de se projeter dans l'avenir, la machine repartira et elle peut repartir très vite.
01:10Optimiste Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie, sur public Sénat ce matin.
01:14On l'est moins, nous, là, tout de suite, Marc-Yvon Bussette. Rien ne va plus.
01:18Est-ce qu'il faut y voir les prémices d'une nouvelle crise économique, Paul Melland ?
01:21En tout cas, il y a un point, moi je suis moins optimiste que lui, mais il y a un point sur lequel le ministre n'a pas tort.
01:26C'est quand même sur l'aspect conjoncturel.
01:28Défaillance d'entreprises, on est à 66 400, record battu.
01:32Oui, c'est ça. Je n'invente pas le fil à couper le beurre ou l'eau tiède en disant que l'économie est un phénomène cyclique
01:39et que nous avons eu des cycles dans les années 90 où le chômage était très important, c'était le premier sujet.
01:44Vous n'aviez pas une campagne législative présidentielle sans qu'on en fasse des caisses là-dessus.
01:47Que là, c'est allé mieux en termes de réduction du chômage ces dernières années.
01:51Vous vous souvenez de la fameuse inversion de la courbe sous François Hollande et que là, ça repart.
01:54Le sujet qu'il évoque par exemple quand il dit il y a 70 000 emplois industriels qui sont non pourvus, ça c'est un vrai sujet.
01:59En fait, c'est pourquoi est-ce que la France n'arrive pas à créer des filières dans lesquelles, des filières académiques, pédagogiques j'entends,
02:06professionnalisantes pour pourvoir à ces emplois parce qu'un emploi industriel, c'est très important, ça crée 4 à 5 emplois autour dans les services,
02:13à la communication, au marketing, du commerce, donc l'emploi industriel c'est ce qu'il y a de plus précieux.
02:18Il y a peut-être plus envie de se remuer ou d'aller faire mal, non ?
02:22Oui, moi je pense qu'il ne faut pas incriminer les jeunes, mais qu'en tout cas il faut leur donner la possibilité très tôt.
02:27Ce sont eux qui sont les plus touchés. C'est les jeunes de moins de 25 ans, la hausse atteint 8,5%.
02:30Mais oui, mais parce qu'il faut, si vous voulez, c'est une question d'orientation.
02:33La promesse de massification scolaire à l'université était une fausse promesse.
02:36On a cru faire une grande politique sociale en disant à tout le monde, vous pouvez tous faire des masters en cinéma, en sociologie.
02:41Non, mais je n'ai rien contre les étudiants en cinéma ou en sociologie.
02:44Mais on n'a peut-être pas besoin de dizaines de milliers de futurs cinéastes.
02:49Par contre, on a besoin de soudeurs, on a besoin de chaudronniers.
02:52Ce que je veux dire, c'est des métiers avec une pénibilité.
02:55Non, mais c'est des métiers qui peuvent aussi bien rapporter, qui sont très précieux.
02:58On peut bien gagner sa vie, c'est des beaux métiers.
03:00Peut-être qu'ils ne le savent pas, vous avez raison, il faut informer.
03:02Il faut informer, puis il faut mieux orienter.
03:04Il faut arrêter de dire à tout le monde, passez un bac général et allez vous mettre sur les bandes de la fac.
03:08C'est un état d'esprit qui date de Bourdieu aussi.
03:11C'est qu'on a voulu massifier l'arrivée au bac, surtout sur une erreur.
03:18Parce qu'on disait, oui, il faut que tout le monde ait accès à l'éducation.
03:23Autrefois, ceux qui passaient le bac, effectivement, il n'y avait pas 80%, il y avait 20%.
03:26Mais les 20%, ce n'était pas que la haute, entre guillemets.
03:29C'était des gens, des petits paysans, des petits ouvriers qui étaient repérés,
03:33que ce soit dans les écoles privées ou par les hussards noirs de la République.
03:37Ils disaient, celui-là, il est malin, il a envie de bosser, on va le faire monter.
03:40Il y avait un assoceur social en France. Et c'était ceux-là qui passaient le bac.
03:44Donc, encore une fois, ce n'était pas une question d'élitisme.
03:46Toutes ces affaires d'héritiers de Bourdieu ont beaucoup troublé, je pense, l'appréhension.
03:51Et puis, vous avez raison, il y a une idée d'équation entre l'offre et la demande.
03:55En Suisse, ils n'ont pas peur de parler des métiers manuels.
03:57Il y en a énormément qui font des métiers manuels.
03:59Ils ne se sentent pas déshonorés. Ils reconnaissent l'intelligence de la main.
04:02Effectivement, on a besoin de soudeurs.
04:05Moi aussi, je vais prendre cet exemple-là, mais tant pis.
04:07On forme des sociologues, on a besoin de médecins.
04:10Moi, j'entends beaucoup de gens me dire qu'il manque de médecins à côté de chez eux.
04:12On a des numerus clausus pour les médecins.
04:14Ils me disent rarement, je suis embêté, je suis très angoissé, je n'ai pas un sociologue dans mon quartier.
04:18En revanche, il n'y a pas de numerus clausus pour les sociologues.
04:22On salue tous nos auditeurs sociologues.
04:24Non, mais pardon, c'est utile aussi les sociologues.
04:26Les sismologues aussi.
04:28On s'occupe des tremblements de terre.
04:30Et puis, on a besoin de reconstruire notre industrie, parce que c'est la poule et l'œuf.
04:33On a aussi notre industrie qui a été quand même laminée.
04:37Disons le laminé.
04:38Parce que là aussi, dans les années 70, on trouvait ça plou.
04:40On aimait bien financiariser l'économie.
04:42Maintenant, on est gros gens comme devant.