Emplois, salaires, désinflation : l’économie française redémarre-t-elle enfin ?
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00:06 - Bienvenue dans les informés de l'écho, votre rendez-vous hebdomadaire pour décrypter l'actualité économique et sociale
00:10 avec le Cercle des économistes sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT.
00:16 Bonjour Emmanuel Kuini. - Bonjour à tous.
00:18 - Merci de m'accompagner. Nos informés du jour, c'est Patrice Joffron, membre du Cercle des économistes,
00:23 professeur à l'université Paris-Dauphine. Bonjour Patrice. - Bonjour.
00:27 - Et à vos côtés, Olivier Redoulesse, économiste, directeur des études de l'Institut de Conjoncture, Rexecode.
00:33 Au programme, une question. Comment allons-nous ? Comment allez-vous ? Emploi, salaire et désinflation.
00:39 Est-ce que finalement, l'économie française ne serait pas en train de redémarrer enfin, Emmanuel ?
00:44 - Alors, excellente question car plusieurs indicateurs ont été publiés cette semaine un peu dans ce sens.
00:48 Tout d'abord, les salaires en France aujourd'hui, les salaires progressent plus vite que l'inflation.
00:53 Sur le premier trimestre et sur un an, on est à +3,3% d'augmentation du salaire de base dans le secteur privé, je précise,
01:00 alors que l'inflation est à +2,1%. Et puis, autre nouvelle, toujours au premier trimestre, elle concerne cette fois l'emploi.
01:08 Il y a eu 50 000 postes créés au premier trimestre dans les entreprises privées, encore une fois.
01:13 Et sur un an, ce sont plus de 101 000 postes qui ont vu le jour dans le secteur marchand.
01:19 Alors, on le sait, au nom du pouvoir d'achat, l'emploi et les salaires, préoccupation évidemment du débat en France,
01:24 préoccupation politique avec chacune et chacun ses solutions.
01:29 Voici ce qu'en disait sur France Info le 1er mai, fête du travail évidemment, le président LRDO de France
01:35 et ancien ministre en charge du dossier, Xavier Bertrand.
01:38 - Quand vous êtes à, allez, 1 500 euros par mois, 1 500, 1 600 euros net par mois, mais comment vous faites ?
01:44 Vous pouvez pas vous en sortir. Donc, il y a plusieurs choses. Il y a déjà la rémunération du travail.
01:49 Deuxième sujet, et ça n'est pas un sujet qui parle seulement aux jeunes, qui parle à tout le monde, c'est aussi la progression dans le travail.
01:55 Si vous voulez aujourd'hui qu'il y ait davantage pour les salariés, il faut qu'il y ait davantage de qualifications.
02:02 C'est la formation initiale, c'est la formation continue. Il faut investir dans la qualification des salariés
02:08 pour qu'ils puissent progresser dans leur travail.
02:10 - Voilà, donc les salaires, l'emploi, le pouvoir d'achat au menu des débats.
02:15 Et nous l'avons vu dans l'émission de la semaine dernière, précisément, la France est pour la 5e année consécutive
02:22 le pays qui attire le plus les investisseurs étrangers, donc dans l'Hexagone.
02:27 Et puis, alors, c'est toute la question, est-ce une hirondelle de printemps ou une réelle tendance de fonds ?
02:33 C'est ce que nous allons voir. Ça tombe à point nommé, en tout cas, parce que la semaine prochaine,
02:36 le gouvernement organise un grand séminaire sur le travail en France.
02:40 Et puis, il y a le sommet Choose France pour attirer, justement, tous ces investisseurs.
02:44 - Bon, on entend bien votre enthousiasme, Emmanuel, mais quand même, assiste-t-on à une réelle embellie de notre économie ?
02:50 Olivier Rodoulez, quel est votre regard sur la situation actuelle ?
02:54 - On a eu une surprise positive sur la croissance au premier trimestre.
02:58 C'est quelque chose... Mi-mars, l'INSEE attendait toujours 0% de croissance, c'est-à-dire une forme de stagnation au premier trimestre.
03:06 Finalement, on arrive à avoir une croissance un peu plus dynamique.
03:09 On attend maintenant autour d'un acquis, ce qu'on appelle acquis, c'est-à-dire la croissance qui est déjà acquise à la fin du premier trimestre,
03:16 autour de 0,5% de croissance, ce qui rend les prévisions du gouvernement, qui étaient jusqu'à présent perçues comme très optimistes,
03:22 comme, pour reprendre les mots du premier président de la Cour des comptes, pas forcément hors d'atteinte.
03:29 Donc, maintenant, on a vraiment eu une bonne surprise au premier trimestre.
03:34 La question, c'est est-ce que c'est solide ou est-ce que c'est quelque chose qui sera remis en cause dans les mois à venir ?
03:41 Vous avez cité l'emploi. Effectivement, l'emploi, ça fait partie des facteurs positifs, de même que la consommation.
03:47 Mais des facteurs un peu plus sombres, il y a bien sûr le secteur du logement, qui va de moins en moins bien, qui est autour de -20%/-30% de ce qu'il était avant crise.
03:57 On a des niveaux de mise en chantier ou de permis de construire au plus bas, et donc des destructions d'emplois de la construction.
04:04 On a le sujet aussi des effets des hausses passées de taux d'intérêt, qui ne sont pas forcément complètement diffusées au reste de l'économie.
04:13 Et puis on a les baisses nécessaires de dépenses publiques qui vont venir devant nous et qui vont pas être forcément sans effet sur la conjoncture,
04:20 vu les montants qui sont annoncés. Quand on a déjà mis 10 milliards, qui étaient peut-être pas complètement 10 en baisse nette,
04:25 mais on annonce 10 milliards de plus, ça aura sans doute des effets sur la conjoncture.
04:29 – Alors, Patrice Geoffron, de fait, stable ou fragile, cette économie française ?
04:34 – J'avais dit la semaine dernière à propos des investissements étrangers qu'on était autorisés à déboucher le champagne,
04:40 mais avec modération. Il me semble que c'est également le cas. Donc c'est plutôt, Olivier l'a dit, une bonne surprise.
04:45 Maintenant, si on veut faire entendre le contrepoint, on peut par exemple regarder le rapport tout récent de France Travail,
04:53 qui annonce des créations d'emplois plutôt sous tension en 2024, avec notamment moins de CDI.
05:00 Et puis par ailleurs, il y a toute une série de problématiques, si on regarde les choses plutôt sur une base sectorielle,
05:05 avec le BTP qui reste en berne, avec un emploi industriel qui est plus dynamique, mais avec des difficultés en termes d'embauche.
05:13 Et puis par ailleurs, si on regarde plus spécifiquement cette fois la question des gains de pouvoir d'achat,
05:19 si on compare l'inflation à l'évolution des salaires, on revient finalement à une situation qui était assez banale,
05:27 simplement dans les années 2010. La situation qu'Emmanuel a décrite au tout début, c'est ce qu'on a vécu,
05:33 à l'exception de mémoire de l'année 2018, pendant pratiquement toute une décennie. Donc on a une période d'atterrissage
05:38 au sortir de plusieurs années qui ont été pour le moins exceptionnelles, avec par ailleurs sur le marché du travail...
05:44 Ce sera un point extrêmement important à la perspective de 2027, des modifications structurelles qui sont liées
05:53 aux changements dans les règles relatives aux retraites et qui vont mettre sur le marché du travail plusieurs centaines de milliers de personnes,
06:01 donc avec des tensions naturellement dans la perspective d'une atteinte d'un taux de chômage de 5 %, qui était la promesse présidentielle.
06:08 — Bon, un acquis de croissance à 0,5 %, mais on entend évidemment votre prudence tous les deux. Emmanuel, vous en parliez tout à l'heure.
06:14 Les salaires qui augmentent plus vite que l'inflation, comment est-ce qu'on interprète ce phénomène ?
06:18 — Alors il y a déjà un phénomène. C'est la désinflation qui est générée par la baisse des prix de l'énergie.
06:24 La baisse de la... Bon, pas de la baisse des prix, mais la baisse de la hausse des prix, ça s'explique tout simplement
06:31 par un ralentissement net, on l'a vu, des prix de l'énergie en tant que tel. Je rappelle le chiffre. Donc hausse du salaire
06:37 +3,3 % salaire de base dans le privé, alors que l'inflation est à 2,1 %. Donc sur un an, en euro constant, le salaire de base
06:44 a augmenté en net de 1,1 %, alors qu'on était à +0,2 seulement au quatrième trimestre 2023. Il y a eu les négociations
06:53 salariales, évidemment, dans les entreprises à la sortie du Covid, et puis la revalorisation du SMIC, le salaire minimum,
07:00 le 1er janvier 2024. Donc on rattrape finalement un petit peu le retard, mais est-ce que c'est suffisant ? C'est toute la question.
07:07 — Est-ce que tout ça va permettre de regagner en salaire les pertes de revenus enregistrées depuis le début du Covid ? Olivier Rodoulez ?
07:16 — Alors sur la question des salaires, effectivement, on a un rattrapage. On est dans une situation où les salaires augmentent
07:21 un peu moins vite, d'ailleurs, qu'en 2024, qu'en 2023. Mais l'inflation a beaucoup ralenti. Et donc, en fait, on a ce rattrapage
07:28 en fait sur les salaires réels. L'écart par rapport à avant crise, il reste encore assez important. Il reste l'ordre de 1,5 point de salaire
07:37 réel par rapport à 2019. Si on comprend le salaire moyen par tête et on le déflate par les prix, on prend la progression.
07:45 Il y a sans doute du potentiel de rattrapage dans le sens où, effectivement, les entreprises, elles ont dans un premier temps
07:53 répercuté totalement l'hausse du SMIC. Et puis les hausses qui se diffusent progressivement aux autres niveaux de salaire
08:02 plus dans le temps, elles ont d'ailleurs très souvent dans un premier temps attribué des primes, notamment la prime de partage de la valeur,
08:09 qui représentait 6 milliards sur un an l'an dernier. Mais maintenant, en fait, elles vont passer bien sûr sur des évolutions plus pérennes.
08:20 On a quand même un sujet sur ça, une sorte d'épée de Damboclès, c'est la perte de productivité. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en fait,
08:26 le salaire réel, sur une période normalement, il augmente globalement en ligne avec la productivité. En fait, il a augmenté plus vite
08:32 que la productivité depuis... Ou il a baissé moins fortement que la productivité, pour être très exact, parce qu'on est à -5% de productivité
08:39 horaire entre 2019 et maintenant. Et donc il y a vraiment un sujet de comment l'écart salaire réel et productivité va se résorber
08:46 d'Alzheimer. — Dernière petite question, Patrice Geoffron. Depuis 10 minutes, là, on se dit que finalement, les choses ne vont pas si mal.
08:55 Mais ça n'est pas forcément ce qu'on entend dans les débats, dans la société, dans le ressenti. Comment est-ce que vous expliquez, vous, ce décalage ?
09:02 — Bah il semble que nos concitoyens sont assez lucides. On leur parle par ailleurs d'une dette de 3 000 milliards. On parle de tension géopolitique.
09:10 On sort d'une période dans laquelle on a fait à la fois une démonstration de résilience, mais enfin qui a tout de même été anxiogène
09:17 pendant plusieurs années. Donc le fait qu'il y ait au sortir, si on peut dire, et croisons les doigts, de cette période exceptionnelle
09:23 des tensions, des inquiétudes, c'est bien le moins. On le retrouve d'ailleurs dans l'autodépargne. Il y a un taux d'épargne extrêmement élevé.
09:28 Alors ce qui peut laisser une réserve de croissance pour l'avenir, mais cette épargne à minima de précautions qui s'est accumulée
09:35 notamment durant le Covid, il me semble qu'elle traduit bien des temps incertains.
09:39 — Peut-être... Je vais un coup rebondir sur ça. — Alors très très très vite.
09:42 — En fait, la France est l'un des pays qui a épargné le plus en Europe. Comme il y a de même, on a bien protégé les ménages
09:48 par rapport au choc énergétique. Et l'Europe elle-même... Enfin la zone euro a épargné plus. Alors que si on regarde les États-Unis,
09:54 c'est l'inverse qui s'est produit, où on a eu plutôt une sorte d'effet de vague de confiance, où les ménages américains
09:59 se sont mis à consommer davantage. — Eh ben on va parler des États-Unis dans un instant. Les informés, on se retrouve
10:03 juste après le fil info de Diane Fershitt. Il est 9h51.
10:07 — Une mobilisation aujourd'hui dans le Puy-de-Dôme contre le projet de construction de 2 mégabassines dans le secteur de Billon.
10:13 Une manifestation à l'appel des soulèvements de la terre de la Confédération paysanne et du collectif Bassines non merci.
10:19 Plus de 2 000 personnes sont attendues sur place selon la préfecture. Une nouvelle aide de Washington pour l'Ukraine.
10:25 400 millions de dollars pour porter assistance au pays, alors que l'offensive russe va s'intensifier selon la Maison-Blanche.
10:31 Moscou a lancé une offensive terrestre dans la région de Kharkiv. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky
10:37 fait état de combat un temps sur toute la ligne de front. En Afghanistan, plus de 200 morts dans une seule province du pays.
10:44 Selon l'ONU, l'Afghanistan touché par des crues, subite, provoquée par des pluies saisonnières.
10:50 La finale de l'Eurovision ce soir à Malmö. En suède, la compétition musicale rattrapée par la situation à Gaza.
10:56 Des renforts de police sont mobilisés sur place face à des manifestations après la qualification de la chanteuse israélienne Eden Golan.
11:05 (Générique)
11:15 Retour sur le plateau des informés de l'Eco avec Patrice Geoffroy, membre du cercle des économistes, et Olivier Rodoulez, économiste chez Rex&Code.
11:22 Alors on parle du fait que finalement l'économie française ne se porte pas si mal, Emmanuel Cuny, sauf qu'il y a quand même un élément
11:29 qui est central, c'est qu'on observe actuellement un écart qui se creuse entre les économies européennes et l'économie américaine.
11:36 Oui, fini la convergence des grands pays développés. On se souvient qu'après la deuxième guerre mondiale, l'économie américaine
11:42 s'était vraiment bien développée. L'Europe avait ensuite pris le pas. Mais tout est en train de s'inverser maintenant depuis plusieurs années.
11:48 Le cabinet McKinsey donne ce chiffre vraiment éloquent. Entre 2010 et 2020, l'Europe a enregistré une croissance annuelle moyenne
11:55 de son PIB de 0,8%, la moitié de celle des États-Unis qui, elle, était de +1,7% sur la même période de 10 ans.
12:03 L'Europe voit sa population vieillir. C'est un frein dynamique à la baisse. Il y a une hétérogénéité trop importante entre les pays membres
12:10 de la zone euro. Le temps de travail, on va le voir, est nettement inférieur en France, en Europe, par rapport aux États-Unis.
12:17 Et puis les dépenses en recherche et développement, qui sont beaucoup plus importantes du côté américain que du côté européen.
12:21 Voilà. Donc le gap se creuse. Un petit problème. — Le gap se creuse. C'est quoi ? C'est l'écart de compétitivité qui se creuse
12:27 entre l'Europe et les États-Unis, Patrice ? — Oui, de fait. Et Emmanuel vient de le dire. Sur le long terme, alors, on est particulièrement
12:33 préoccupés en ce début de décennie, qui est de fait très avancé, parce que le retour de la guerre et les tensions telles qu'on les a vues apparaître
12:40 en 2022 créent des contraintes additionnelles. Pour mémoire, l'ensemble des boucliers tarifaires et des soutiens divers qui ont été apportés
12:48 par les pays européens en 2022 a coûté 700 milliards d'euros, 700 milliards d'euros. Évidemment, c'est un fusil à un coup.
12:54 Donc si ces tensions devaient se produire à nouveau, eh bien évidemment, on aurait des difficultés à réagir, en tout cas avec les mêmes outils.
13:00 Et comparativement, les États-Unis sont dans une situation dans laquelle leur autonomie énergétique ou en tout cas les marges de manœuvre
13:06 dont ils disposent sont plus importantes. Et puis par ailleurs, Joe Biden a fait la démonstration de la capacité à agir de manière assez massive
13:13 avec son plan dit de réduction de l'inflation, l'IRA, l'AIRA, qui contraste fortement avec ce qui se passe en Europe, parce que de fait,
13:22 ce sont moins les montants qui sont plus avantageux, si on peut dire du côté américain, que la capacité à les délivrer rapidement,
13:32 à être attractif, y compris d'ailleurs pour une partie de la chimie allemande. Il y a des grandes entreprises très en vue qui sont délocalisées aux États-Unis.
13:39 Donc il y a une attractivité qui est également liée à la taille du marché intérieur. C'est ce que nous dit Enrico Letta dans son dernier rapport il y a quelques semaines.
13:45 — Une attractivité qui est notamment liée aussi avec des contraintes écologiques qui ne sont pas les mêmes. Olivier Redoulez, selon vous,
13:53 on a le rapport dont parlait Emmanuel Kiny, d'un appauvrissement de l'Europe par rapport aux États-Unis.
13:59 Est-ce qu'on est en train de vivre un décrochage ? — On peut regarder le passé et on peut regarder un peu le futur aussi.
14:07 Sur le passé, effectivement, il y a eu une forme de décrochage qui se voit à plusieurs niveaux. Il y a la croissance et aussi la démographie.
14:13 Mais si on enlève la démographie, le PIB par tête, c'est-à-dire le niveau de vie par habitant en volume, en pari de pouvoir d'achat,
14:19 a augmenté quand même plus rapidement aux États-Unis qu'en zone euro. Et puis par ailleurs, il y a aussi des effets de valeur.
14:24 Or, certes, aux États-Unis, les prix et les salaires sont plus élevés. Mais quand les Américains viennent en France ou en Europe
14:30 pour faire du tourisme ou pour acheter des entreprises, ils bénéficient d'un pouvoir d'achat qui est nettement élevé.
14:35 Peut-être sur le futur, nous, à Rex & Co, on a fait une analyse assez détaillée justement des stratégies économiques
14:41 en lien avec la transition énergétique, la transition écologique des trois grandes zones. Et ce qui apparaît, c'est que la zone euro est un petit peu...
14:50 Finalement, elle n'a pas de vraie stratégie industrielle, elle a surtout une stratégie environnementale, une stratégie assez contraignante et ambitieuse.
14:56 Mais par rapport aux États-Unis, qui ont mis le paquet finalement sur la croissance, ou la Chine, qui font de la transition écologique
15:02 un instrument de mercantilisme, en fait, nous, on est un petit peu entre les deux. On est dans une zone où on est...
15:09 D'où sans doute d'ailleurs ces rapports. Philippe Joprand a cité le rapport L'État, mais aussi un rapport Draghi,
15:18 qui va venir en fait une réflexion au niveau européen pour réfléchir sur ça.
15:23 — Avec une réflexion sur notre compétitivité, Emmanuel Kuini. — Les Français travaillent beaucoup moins que les autres. Voilà.
15:28 C'est dit de manière abrupte, mais les chiffres sont là. C'est la durée de travail en France la plus faible.
15:34 Derrière la Finlande, sur une année, un salarié à temps complet en France travaille 65 heures de moins qu'en Espagne,
15:39 122 heures de moins qu'en Allemagne, 62 heures de moins qu'en Italie. Alors il ne s'agit pas de dire qu'on ne fait rien en France,
15:45 mais les chiffres sont là. Et la France, bah oui, connaît une vraie chute de productivité. C'est l'un de ses problèmes aujourd'hui.
15:50 — Ces chiffres, ils sont pas contestés parfois, Patrick Joprand, sur la productivité ?
15:54 — Oui. Il y a différentes manières de regarder l'ensemble des heures travaillées sur une vie entière.
16:00 Mais de fait, oui, il y a une énigme sur la stagnation de la productivité. Il y a différentes manières de l'expliquer
16:07 en essayant de regarder un peu la structure des emplois. — Le recours aux apprentis.
16:10 — Le recours aux apprentis. La rétention également. Et ça, c'est plutôt positif au cours de ces dernières années,
16:16 la rétention des salariés. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir mis des salariés au chômage, il y a des entreprises qui ont fait le dos rond,
16:21 si on peut dire, et notamment aidées par l'État, de telle manière à retrouver ces compétences à la sortie.
16:25 Mais de fait, moi, je pense qu'il est intéressant pendant 15 secondes de faire un pas de côté par rapport...
16:30 Si on revient à la comparaison avec les États-Unis, enfin on parle aux États-Unis d'une... Il faut faire un pas de côté
16:35 par rapport à des considérations économiques. On parle d'un grand temps sable à l'intérieur duquel l'espérance de vie
16:41 est en train de baisser, qui sera franchement peut-être en novembre prochain ou en janvier une économie, une démocratie libérale.
16:49 Et donc la comparaison... — Si je résume, c'est qu'ils sont plus riches, mais ils font moins attention à l'environnement,
16:55 ils sont en moins bonne santé, et ils auront peut-être Trump au pouvoir. — Excellent résumé. J'en profite pour signaler que...
17:00 — Allez, très très vite, parce qu'il faut qu'on... — Du 5 au 7 juillet, le Cercle des économistes à Aix organise ses rencontres habituelles.
17:06 Et le thème sera « Relier les mondes », un thème qui est plutôt bienvenu, me semble-t-il.
17:10 — Merci beaucoup, Patrick Geoffron, du Cercle des économistes, Olivier Rodoulez de l'Institut Aix-et-Côte.
17:15 Et merci évidemment, Emmanuel Kuny. On vous retrouve lundi pour des décryptages échos sur France Info à TREIT.
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