Artiste à multiples facettes, embrassant divers registres, diverses cultures et animée par le souci du monde, Camélia Jordana revient sur son parcours, ses influences, ce qui nourrit son imagination, ses engagements, ses questionnements.
Enregistré le samedi 25 janvier 2025 au festival Un État du monde, au sein de la Carte blanche à Camélia Jordana.
Animé par Zeynep Jouvenaux, programmatrice au Forum des images.
Festival Un état du monde, 15e édition. Cinéma en débat(s). Du 24 au 31 janvier 2025.
Infos : https://www.forumdesimages.fr/un-etat-du-monde-edition2025
Forum des images
https://www.forumdesimages.fr/
Enregistré le samedi 25 janvier 2025 au festival Un État du monde, au sein de la Carte blanche à Camélia Jordana.
Animé par Zeynep Jouvenaux, programmatrice au Forum des images.
Festival Un état du monde, 15e édition. Cinéma en débat(s). Du 24 au 31 janvier 2025.
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00:00:00Bonsoir, Camélia, bonsoir, nous sommes très très heureuses, très heureux vraiment que
00:00:17vous ayez accepté notre invitation, c'est vraiment une joie et un honneur de vous recevoir
00:00:23et tout particulièrement dans le cadre de ce festival Un État du Monde, ça nous tenait
00:00:29vraiment à cœur de vous entendre aussi dans le cadre de ce festival-là et le hasard de
00:00:35la programmation fait bien les choses, parfois les choses qu'on conçoit se répondent souterrainement
00:00:41par la suite sans qu'on ait prévu des liens, donc il se trouve que dans cette édition
00:00:45aussi on a un hommage à la cinéaste Nourit Aviv qui travaille beaucoup sur les langues,
00:00:54le fait de parler plusieurs langues, d'habiter les écarts entre plusieurs langues, donc c'est
00:00:59des choses aussi qui vous concernent, qui vous travaillent, qui travaillent votre oeuvre et donc
00:01:07par ailleurs voilà on a une très belle expo aussi qui s'appelle Le Murmure de la Mer en
00:01:14collaboration avec SOS Méditerranée, donc je vous invite aussi en sortant à découvrir les planches
00:01:20de cette très belle bande dessinée, donc c'est un dessinateur hypolite qui a embarqué à bord d'un
00:01:28navire d'SOS Méditerranée et qui a participé au sauvetage et qui en a tiré une BD, donc SOS
00:01:36Méditerranée c'est aussi le titre d'une chanson que vous avez faite, donc voilà donc du coup il y a
00:01:41beaucoup de corrélations comme ça, enfin voilà il y a beaucoup d'échos, beaucoup de résonances, donc
00:01:46vous nous avez fait le plaisir donc de choisir quatre films, très beaux films, donc dont on va
00:01:52parler et ensuite on va parler aussi de ce qui vous nourrit, de ce qui vous questionne, de votre
00:02:00regard sur le monde, effectivement on vous a connu très jeune et on vous a suivi avec grand intérêt,
00:02:07avec passion et ça a été un plaisir de vous voir déployer vos ailes et donc d'embrasser aussi la
00:02:14complexité du monde, de votre expérience, donc voilà nous sommes vraiment très très heureuses, très
00:02:20heureux. Merci, moi aussi je suis ravie d'être là, je suis honorée de cette invitation, je suis ravie
00:02:25de faire partie du coup un petit peu du festival et je vous félicite parce que ça a l'air magnifique
00:02:29vraiment, donc c'est moi qui suis très honorée d'être là, vraiment merci pour votre invitation.
00:02:34Merci beaucoup, donc je voulais au fait qu'on commence à travers un film donc qui va passer là
00:02:42ce soir, qui fait partie de votre carte blanche, donc il s'agit de Randa de Barbara Louden, mais
00:02:49donc avant d'en parler et peut-être d'en voir des images aussi, donc voilà je voulais qu'on dise
00:02:55un mot parce qu'on va parler de féminisme, donc voilà c'est quelque chose que vous revendiquez,
00:03:01qui fait partie de vos préoccupations, de vos combats, donc je propose tout de suite qu'on
00:03:07commence par un extrait, ce sera aussi une découverte pour Camélia, voilà et aussi pour la
00:03:13salle, donc est-ce qu'on peut voir l'extrait numéro 3, je vais juste le situer un petit peu, donc il
00:03:20s'agit d'une émission de parodie, au fait c'est une émission de satire politique à la BBC et
00:03:31donc cet extrait, bon malheureusement on l'a qu'en anglais avec des sous-titres en anglais, mais c'est
00:03:37très facile à comprendre je pense, et donc ça s'appelle un message de la part des femmes partout
00:03:43dans le monde, l'extrait numéro 3, Mathilde, merci beaucoup.
00:04:07Nathan Muir a été en train de déterminer la réaction parce qu'apparemment un homme est la meilleure personne à rapporter cette histoire.
00:04:37Bon alors c'était un choix de ma part,
00:05:08donc voilà c'est un sketch qui a été diffusé il y a six ans, donc c'est une émission qui s'appelle
00:05:16Match Report, mais je voulais qu'on démarre effectivement par cet extrait, notamment parce
00:05:21qu'il est question de toutes ces injonctions faites aux femmes, d'être ceci, d'être cela, de ne pas être
00:05:28ceci, de ne pas être cela, donc comment est-ce que ces injonctions, enfin à quel moment pour vous, vous vous êtes dit
00:05:37mais qu'est ce qui se passe, toutes ces injonctions de toutes parts, comment ça se situe, comment est-ce que
00:05:41le féminisme vous a aidé à vous y retrouver ? J'adore ce sketch en fait, je savais pas que c'était
00:05:47celui-ci, mais j'en étais dingue à l'époque, je l'avais envoyé à peu près à tout le monde autour de moi,
00:05:51j'avais beaucoup ri. Ces injonctions-là, en fait je crois qu'il m'a fallu beaucoup de temps avant
00:06:00d'être en mesure de les identifier et de voir comment ces injonctions-là avaient infusé
00:06:07chaque endroit de ma vie. Il m'a fallu plusieurs années de travail et de documentation et de
00:06:18déconstruction pour moi-même me rendre compte de tous ces angles morts en fait qui me faisaient
00:06:25et qui me composaient et du coup je me suis rendu compte aussi, ça m'a permis de réaliser
00:06:32que j'étais faite aussi de beaucoup de contradictions, que j'étais pleine de paradoxes. Alors il y en a
00:06:40que j'embrasse et puis d'autres sur lesquelles je continue de travailler, il y en a certains dont
00:06:45j'ai réussi à m'émanciper aussi, c'était beaucoup de boulot, d'autres pour lesquels c'était
00:06:49vachement plus facile. Mais je crois que c'est plutôt l'éducation et la culture que
00:06:57j'ai essayé d'acquérir comme ça avec le temps, parce qu'en plus moi j'ai pas mon bac donc j'ai
00:07:01un peu ce complexe-là dans la vie de me dire bon j'ai pas fait d'études et tout. Donc quand j'aime
00:07:06bien un sujet, j'aime bien y aller pour de vrai, pouvoir un peu consommer tout ce qui s'en approche
00:07:12et puis les cercles concentriques et l'univers font bien les choses, donc généralement un peu
00:07:17comme aujourd'hui avec SOS par exemple, c'est généralement les mêmes énergies appellent
00:07:21les mêmes énergies et donc j'ai essayé en effet de m'intéresser très sincèrement et très
00:07:30franchement au patriarcat, au féminisme, à la domination masculine et à ces injonctions-là.
00:07:37Voilà c'est toujours en cours je crois, ces histoires. Et donc l'un des films que vous
00:07:44avez choisi pour votre carte blanche, c'est Onda de Barbara Lohoden, un très beau film qui passe
00:07:51ce soir à 20h30. C'est le seul et unique film de Barbara Lohoden qui est décédée peu de temps
00:07:59après. Barbara Lohoden était aussi actrice, elle avait fait des mises en scène de théâtre mais
00:08:05elle était aussi actrice et notamment elle était aussi l'épouse du cinéaste Elia Kazan. Alors
00:08:12pourquoi le préciser ? Parce qu'effectivement il y a peut-être aussi un phénomène, parce que par
00:08:18exemple je voyais une émission de télévision à l'époque de la sortie de Onda et donc c'est Yoko
00:08:25Ono et John Lennon qui étaient invités, qui avaient voulu inviter Barbara Lohoden pour parler
00:08:29d'Onda. Et le journaliste ne lui parlait que d'Elia Kazan en lui disant est-ce que votre mari
00:08:36vous a aidé ? Est-ce qu'il a relu ? Est-ce que qu'est-ce que vous en pensez ? Et après il posait
00:08:42des questions et il disait mais peut-être vous jouerez aussi dans les films et elle dit mais
00:08:46je joue dedans. Et lui il dit ah mais j'ai pas vu le film. Donc c'était assez extraordinaire.
00:08:54Et je crois que bon ça c'était dans les années 70 mais je crois qu'on est encore là. Donc ce que
00:09:02je vous propose de voir donc là tout de suite on va regarder la bande annonce de Onda. Donc c'est
00:09:08une bande annonce où il n'y a pas les sous titres en français non plus. Je suis vraiment désolée mais
00:09:13c'est la seule qu'on ait trouvé de bonne qualité. Et puis tout de suite après on va enchaîner
00:09:22avec une mise en perspective d'une scène qui est issue du film La fièvre dans le sang
00:09:32d'Elia Kazan dans lequel Barbara Loden a joué. Donc c'est un film de 1961 et Onda est un film
00:09:39de 1970. Et donc il y a deux scènes qui sont mises bout à bout. Donc vous allez vraiment faire la
00:09:47différence laquelle est laquelle. Et ce rapprochement là, cette mise en écho en fait ça vient pas de
00:09:55moi. Ça vient de la brillante critique de cinéma Camille Nevers qui a fait un cours de cinéma ici
00:10:05chez nous qui s'appelait AAA des actrices autrices anonymes où elle a parlé effectivement de comment
00:10:15les actrices prennent aussi le pouvoir en étant elles-mêmes des agentes vraiment de leurs
00:10:20propres oeuvres parfois en tournant parfois en ne tournant pas. Donc c'est un film, c'est un cours
00:10:26de cinéma que je vous invite aussi à regarder sur notre site. Donc c'est elle qui avait fait
00:10:31cette mise en écho de ces deux scènes et c'est assez saisissant. Donc tout de suite l'extrait
00:10:38numéro un d'abord La bande annonce de Wanda et ensuite l'extrait du cours de cinéma de Camille
00:10:44Nevers. Merci beaucoup Mathilde.
00:11:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:12:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:12:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:13:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:13:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:14:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:14:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:15:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:15:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:16:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:16:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:17:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
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00:18:14La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:44La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:46La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:48La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:50La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:52La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:54La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:56La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:18:58La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:19:00La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:19:02La bande annonce de Wanda et ensuite le cours de cinéma de Camille Nevers.
00:19:04Vous pouvez parler de votre découverte de Wanda et comment ça a joué pour vous dans le cheminement, dans le féminisme ?
00:19:06Vous pouvez parler de votre découverte de Wanda et comment ça a joué pour vous dans le cheminement, dans le féminisme ?
00:19:08Vous pouvez parler de votre découverte de Wanda et comment ça a joué pour vous dans le cheminement, dans le féminisme ?
00:19:10Vous pouvez parler de votre découverte de Wanda et comment ça a joué pour vous dans le cheminement, dans le féminisme ?
00:19:12Avant de découvrir le film, j'ai découvert une oeuvre de Nathalie Léger qui s'appelait « Supplément à la vie » de Barbara Lauden qui m'a renversée.
00:19:14Avant de découvrir le film, j'ai découvert une oeuvre de Nathalie Léger qui s'appelait « Supplément à la vie » de Barbara Lauden qui m'a renversée.
00:19:24C'est un livre dans lequel Nathalie Léger, l'autrice, nous parle de son rapport à elle, à Barbara Lauden, de son rapport à Wanda.
00:19:36Elle nous parle aussi du rapport de Barbara Lauden à Wanda.
00:19:40Il y a une espèce de triangulaire de personnages féminins et assez sorores.
00:19:48On découvre aussi la fabrication de Wanda.
00:19:52C'est un homme qui devait réaliser ce film, qui a quitté le projet.
00:19:56Les studios hollywoodiens ont renoncé à produire le film.
00:20:02Pour Barbara Lauden, c'est ce qu'écrit Nathalie Léger, c'était trop important pour elle cette oeuvre.
00:20:10Elle s'est dit, tant pis, je vais l'accoucher moi toute seule, je vais me charger de la gestation aussi, all by myself.
00:20:18Il y a cette sororité entre Nathalie Léger, Barbara Lauden et Wanda qui m'a beaucoup frappée.
00:20:30C'est comme ça que j'ai découvert le film.
00:20:36J'avais déjà l'analyse de Nathalie Léger quant au regard de Barbara Lauden sur son personnage.
00:20:42Puis le regard de Nathalie Léger quant au personnage qu'interprète Barbara Lauden.
00:20:50C'était assez bouleversant déjà de me retrouver.
00:20:58Il est sorti il y a pas mal d'années, il y a peut-être dix ou douze ans ce bouquin.
00:21:04A l'époque, j'entendais pas forcément parler de female gaze, mais c'était un peu la première fois que je me retrouvais avec un point de vue féminin aussi prononcé,
00:21:14qui lui-même était parler d'un autre prisme féminin sur un personnage féminin.
00:21:20Je me disais, c'est marrant, il n'y a rien qui ressemble à ce que je connais là-dedans.
00:21:24Et puisqu'elle décrivait justement cette solitude de Wanda, pour vous la faire un peu courte,
00:21:32en gros, ce qu'on sait dès le début du film, c'est que Wanda, c'est une femme qui est complètement inadaptée à la société,
00:21:40à ce que la société attend d'elle en tant que femme, en tant que mère, en tant qu'épouse.
00:21:45Et en fait, elle est condamnée, elle quitte le foyer, elle est condamnée, parce qu'elle fait plein de choses que je ne vais pas vous raconter.
00:21:55Et quand elle est condamnée à une certaine peine de prison assez lourde, elle répondra merci à la juge.
00:22:04Parce que c'est une femme, si vous voulez, qui est tellement inadaptée et qui ne veut pas le devenir,
00:22:11qui simplement ne sait pas être ce qu'on attend d'elle, ce que la société attend d'elle.
00:22:15Elle ne veut pas répondre à ses injonctions parce qu'elle en est incapable.
00:22:19Pour elle, finalement, quand on choisit, pour elle, de la mettre dans une boîte, dans une cellule pendant de longues années,
00:22:26elle se dit qu'en fait c'est peut-être ça la solution. Elle en est là.
00:22:30Et en fait, c'est vrai que ce moment de bascule-là, dans le livre de Nathalie Liéger comme dans le film,
00:22:36je me suis dit, mais quel est ce monde en fait ? Quel est le monde qu'on crée pour les femmes ?
00:22:42Et c'est vrai que ça a été l'un de mes premiers éveils à la condition féminine, particulièrement en Occident,
00:22:50dans le monde en général, mais en l'occurrence, là, il s'agissait de l'Occident.
00:22:53Et je me disais, mais comment ça fonctionne ? Comment on en est arrivé à cet endroit-là ?
00:22:59Parce que pour que Wanda existe, pour que Barbara Lauden la fasse exister, pour que Nathalie Liéger écrive ce qu'elle a écrit à leur sujet,
00:23:11je me suis dit, elles ne sont pas que trois dans cette histoire, en fait.
00:23:15C'est une chose qui est... Parce que c'est intime, qu'en fait c'est beaucoup plus global que ce qu'on croit.
00:23:25Ces œuvres existent justement et elles se répondent justement parce que je pense qu'elles doivent parler à beaucoup plus de femmes que ce qu'on aimerait.
00:23:33Et oui, ça a été le début d'un premier fil à attirer.
00:23:38Et donc vous parliez de Sororité.
00:23:40Sororé, c'est aussi le nom d'un album qui est sorti en 2021, où vous chantez avec Amel Bent et avec Vita.
00:23:53C'est vrai qu'à partir de toute cette mise en commun, de ces expériences féminines, il y a un fil qui se dessine justement de la sororité.
00:24:07Qu'est-ce que la sororité représente pour vous ?
00:24:11Je vous ai entendu aussi dire des choses très très belles à propos d'un livre qui s'appelle My Body.
00:24:18Donc peut-être que vous allez en parler.
00:24:22La sororité, est-ce que ça représente pour moi un trésor précieux dont on m'a privée pendant de longues années dans ma vie ?
00:24:32Parce que la société dans laquelle j'ai évolué est faite de la sorte.
00:24:39Et c'est vrai que j'ai découvert la sororité avec des amis musiciens pour la première fois.
00:24:46Je me suis dit que c'est possible, on peut être ensemble, on peut être alliés.
00:24:53Et du moment où j'ai découvert, où j'ai pris conscience de ça, ça m'a fait réaliser cet angle mort qui était en moi,
00:25:01qui était une espèce de concurrence et de rivalité féminine permanente partout où j'allais.
00:25:06J'ai réalisé que je me posais la question, ce qui est quand même fou parce que je le faisais même à une époque où je n'avais absolument pas confiance en moi,
00:25:13où je ne me trouvais pas belle et tout. Mais le premier réflexe que j'avais, c'était de me dire,
00:25:18quel est l'ordre de qui est la plus belle l'une après l'autre sur les femmes qui sont dans cette pièce, dans ce bus,
00:25:25ce qui est quand même un niveau de pollution important.
00:25:28Mais on est conditionnés comme ça.
00:25:31Mais on est complètement conditionnés comme ça, ce qui est terrible.
00:25:34Et ce qui ne m'empêche pas aujourd'hui de regarder la beauté des femmes,
00:25:40autant si ce n'est plus, mais pas du tout sous le même angle.
00:25:44Aujourd'hui, si je vois une femme magnifique, je vais lui dire et je vais la regarder.
00:25:48Je vais lui dire pourquoi je la trouve magnifique.
00:25:51Mais c'est vrai qu'après avoir découvert la sororité avec mes sœurs de vie et de cœur musiciennes,
00:26:02ça a été à peu près la même période où j'ai commencé à me documenter sur le féminisme
00:26:07et sur la condition féminine à travers le monde et à travers le temps.
00:26:13Et j'ai pris conscience du degré systémique, très simplement.
00:26:20Et du coup, j'ai choisi d'en faire un outil politique, la sororité.
00:26:29Et ce qui est formidable, c'est que j'ai la chance d'évoluer dans un milieu très privilégié,
00:26:34très bourgeois, fait de gens pour la majorité, pas tous ni toutes,
00:26:42mais pour la majorité aussi très privilégiés et bourgeois.
00:26:45Et du coup, généralement très cultivés, très éduqués et donc très au fait sur ces sujets-là,
00:26:51qui commencent quand même à se populariser de plus en plus.
00:26:55Ça fait depuis Me Too quand même, ce sont des sujets dont on entend parler régulièrement dans les médias.
00:26:59Mais enfin, leur traitement n'est pas forcément à la hauteur, je dirais, des causes concernées.
00:27:06Mais du coup, c'est vrai que le fait d'évoluer dans un milieu artistique, créatif et tout ça,
00:27:11j'ai eu la chance de pouvoir être au contact de plusieurs femmes, de beaucoup même de femmes,
00:27:16de plus en plus de femmes qui elles-mêmes sont au fait, qui elles-mêmes ont lu les bouquins
00:27:21qui, moi, m'ont renversée, qui ont changé tout mon système de valeurs en fait,
00:27:27qui ont fait que tout a, le plus possible en tout cas, tout a été réévalué.
00:27:32Et ça continue parce que je me rends compte qu'on n'arrête jamais vraiment d'être raciste,
00:27:36on n'arrête jamais vraiment d'être misogyne, on n'arrête jamais vraiment d'être validiste, etc.
00:27:40C'est des choses qui sont ancrées.
00:27:42Donc moi-même, parfois, je me surprends à penser des choses et je me dis,
00:27:46oulala, mais n'importe quoi, ça va pas du tout. Il y a encore du boulot.
00:27:53Et donc, justement, je voulais juste citer le propos d'une actrice, Maisie Williams,
00:28:05qui jouait Arya Stark dans Game of Thrones, pour la situer.
00:28:11Et j'ai lu dans une interview qu'elle avait dit quelque chose,
00:28:15et je vous ai entendu dire à peu près la même chose, enfin, à peu près les mêmes propos.
00:28:21Donc Maisie Williams disait qu'elle ne voulait pas se définir comme féministe,
00:28:26parce qu'elle dit, mais il n'y a pas besoin d'avoir un mot pour ça,
00:28:30de même qu'on ne dit pas non-raciste, mais on dit raciste.
00:28:34Donc elle dit, bah, en fait, on est féministes d'office, quoi, n'est-ce pas ?
00:28:38Donc il faut désigner plutôt les personnes qui ne sont pas féministes,
00:28:42de même qu'on désigne les racistes, en fait.
00:28:45Et vous disiez aussi que c'était aussi simple que ça,
00:28:50c'est-à-dire le féminisme et de revendiquer les égalités et la fin des discriminations,
00:28:55que c'est quelque chose de très, très simple, en fait.
00:28:58J'ai envie de dire, mais désignons plutôt ceux qui ne sont pas pour cette égalité-là, au fait.
00:29:06Alors, je comprends son raisonnement, mais je ne me sens pas complètement alignée avec ce discours-là,
00:29:13parce qu'en effet, je pars du principe que, dans la définition du dictionnaire,
00:29:19être féministe, en effet, c'est simplement être pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes,
00:29:23et potentiellement se battre pour.
00:29:26Mais là où je ne suis pas complètement d'accord avec cette déesse de comédienne et de femme,
00:29:34c'est que je pense que...
00:29:38Vous savez, j'ai beaucoup eu cette conversation avec des amis hommes et acteurs racisés,
00:29:43qui justement me disaient, mais moi, je n'ai pas envie de me définir comme racisée.
00:29:48Je respecte, parce que je trouve ça formidable d'être à une époque
00:29:52où chacun et chacune est libre de se définir comme il ou elle le souhaite,
00:29:56néanmoins, c'était le raisonnement qui allait derrière, avec lequel je ne matchais pas du tout,
00:30:02parce que la réflexion, c'était de me dire...
00:30:05En fait, les potes en question disaient, par exemple, à tel festival, j'ai été invitée pour parler de tel sujet,
00:30:10et justement, me poser des questions, toi, en tant qu'acteur racisé, est-ce que je ne sais pas quoi ?
00:30:14Et ils me disaient, je n'ai pas envie qu'on me pose la question en tant qu'acteur racisé,
00:30:17j'ai envie qu'on me pose la question en tant qu'acteur.
00:30:20Et je disais, mais j'entends, mais en fait, t'en es pas là, et j'en suis pas là, et on n'en est pas là.
00:30:25Et donc, en fait, c'est comme quand on parle de féminisme ou d'antiracisme,
00:30:29et qu'on me dit, non, moi, je ne suis pas féministe, je suis humaniste.
00:30:33Mais c'est problématique, du coup.
00:30:35Enfin, c'est problématique.
00:30:37Du coup, même si je comprends le raisonnement, on ne s'en rend pas compte, mais on fait partie du problème, du coup.
00:30:42Parce que, après, ça, c'est mes croyances, mais je pars du principe que pour pouvoir,
00:30:49comme dans la vie, d'ailleurs, pour pouvoir avancer sur des choses,
00:30:53comme quand il y a un conflit dans une relation, pour pouvoir grandir,
00:30:56et pour pouvoir évoluer et essayer de faire mieux,
00:30:58parce que je pense que c'est un peu ce qu'on essaye tous et toutes de faire tous les jours,
00:31:01faire un peu mieux tous les jours,
00:31:03on est obligé de nommer les choses.
00:31:06Et si on nomme pas le féminisme et qu'on parle d'humanisme,
00:31:14ça veut dire qu'on ne considère pas les égalités entre les humains qui se considèrent hommes et les humains qui se considèrent femmes.
00:31:21Et ça, c'est problématique, parce qu'il y en a un paquet.
00:31:24Les hommes tuent les femmes.
00:31:27En fait, c'est aussi simple que ça, à mes yeux.
00:31:31Donc oui, c'est vrai que...
00:31:33Mais par ailleurs, oui, c'est très important.
00:31:35Là où c'est délicat, en effet, c'est que...
00:31:37Bon, après, il s'agirait de faire un petit effort et de lire un ou deux bouquins
00:31:40pour pouvoir avoir simplement les outils,
00:31:42ou même regarder deux, trois interviews sur YouTube
00:31:44de deux, trois personnes qui ont les bons éléments de langage,
00:31:47et ce serait très facile à comprendre.
00:31:49Mais malheureusement, contrairement à misogyne,
00:31:53ce qui est très clair en termes de racines et d'étymologie,
00:31:57c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes
00:32:00qui n'y connaissent pas grand-chose au féminisme,
00:32:02mais qui, par, comme dirait Rokhaya Diallo,
00:32:05par paresse intellectuelle,
00:32:07vont se contenter de s'arrêter à la porte de...
00:32:12Oui, mais pourquoi féministe, ça veut dire ça,
00:32:14et masculiniste, ça veut dire ça ?
00:32:18Et en fait, il faut évidemment reprendre toutes les bases
00:32:22et parler d'un système, et parler d'inégalité de quotidien
00:32:27et de la notion systémique et patriarcale
00:32:31du monde dans lequel on évolue.
00:32:33Donc il faut tout reprendre au début,
00:32:35quand on est face à ce discours-là.
00:32:37Mais malheureusement, sur le papier,
00:32:39c'est hyper dur de réussir à faire comprendre à quelqu'un...
00:32:42C'est comme s'il me disait,
00:32:44mais femme et homme, du coup, ça ne veut pas dire la même chose.
00:32:49Un homme ne définit pas un homme, et une femme ne définit...
00:32:51Ou un homme définit un homme, et une femme ne définit pas une femme.
00:32:55Je dois avouer qu'en termes de sémantique,
00:32:59on s'est un peu fait plier.
00:33:03Justement, en parlant de sémantique,
00:33:05vous me donnez un enchaînement parfait,
00:33:08parce que je voulais qu'on voit un extrait
00:33:11d'une théoricienne émilitante,
00:33:15Bell Hooks.
00:33:17Je sais que vous l'aimez beaucoup,
00:33:19et qu'elle compte pour vous.
00:33:22Là, c'est un extrait.
00:33:24Encore une fois, toutes nos excuses.
00:33:26C'est avec des sous-titres en anglais,
00:33:29et elle parle en anglais.
00:33:33Je vous propose de voir l'extrait,
00:33:35et ensuite, on va discuter de tout ce que ça met en jeu,
00:33:39parce qu'on va enfin arriver aussi à un féminisme intersectionnel.
00:33:43L'intersectionnalité, parfois, en France,
00:33:46qui est perçue comme un gros mot,
00:33:48qui pourtant est un outil très pratique
00:33:53pour embrasser la complexité de nos expériences.
00:33:57Mathilde, s'il te plaît,
00:33:59est-ce qu'on peut voir l'extrait numéro 4 ?
00:34:02C'est Bell Hooks qui parle, et elle parle de mots.
00:34:19C'est un mot qui nous rappelle continuellement
00:34:23les systèmes d'interlocution de la domination
00:34:27qui définissent notre réalité,
00:34:29et non pas juste une seule chose,
00:34:32comme le gendre soit l'issue importante,
00:34:35la race est l'issue importante,
00:34:37mais pour moi, l'utilisation de cette phrase jargonistique
00:34:40était un moyen de dire
00:34:43que toutes ces choses fonctionnent simultanément
00:34:47dans notre vie,
00:34:49et que si je veux vraiment comprendre
00:34:51ce qui se passe pour moi,
00:34:53en ce moment dans ma vie,
00:34:55en tant que femme noire d'un certain âge,
00:34:58je ne pourrai pas le comprendre
00:35:01si je ne regarde qu'au point de vue de la race,
00:35:03je ne pourrai pas le comprendre
00:35:05si je ne regarde qu'au point de vue du gendre,
00:35:07je ne pourrai pas le comprendre
00:35:09si je ne regarde qu'à ce que les blancs me voient.
00:35:12Pour moi,
00:35:14il y a un dérèglement important
00:35:17dans mon travail et celui des autres,
00:35:20c'est l'appel à l'utilisation du terme
00:35:22d'oppression blanche
00:35:24sur le racisme,
00:35:26car le racisme en lui-même
00:35:28n'a pas vraiment permis
00:35:30un discours de colonisation
00:35:32et de décolonisation,
00:35:34la reconnaissance du racisme internalisé
00:35:37dans les gens de couleur,
00:35:40et c'était toujours, en un sens,
00:35:42de garder les choses
00:35:44au niveau auquel les blancs
00:35:46et les gens blancs restaient
00:35:48au centre de la discussion.
00:35:50Dans ma classe,
00:35:52je dirais aux élèves
00:35:54que quand on utilise le terme
00:35:56d'oppression blanche,
00:35:58ce n'est pas seulement
00:36:00l'évocation des gens blancs,
00:36:02c'est l'évocation d'un monde politique
00:36:04que nous pouvons tous nous rapprocher.
00:36:06Et je pense que j'ai pu le faire
00:36:08parce que je me suis élevée,
00:36:10encore une fois,
00:36:12dans l'apartheid racial,
00:36:14où il y avait
00:36:16un système de la couleur.
00:36:18Donc, évidemment,
00:36:20je savais que,
00:36:22grâce à mon propre réalité expérience,
00:36:24ce n'était pas seulement
00:36:26ce que les gens blancs
00:36:28faisaient aux gens blancs
00:36:30qui faisaient des blessures et des dommages
00:36:32à nos vies.
00:36:34Je savais que,
00:36:36dans ma voisine blanche,
00:36:38qui s'appelait Blacky
00:36:40parce qu'elle avait du bleu
00:36:42et qu'elle avait des cheveux bleus,
00:36:44et que ma soeur s'assoit dans un coin
00:36:46et pleurait ou ne voulait pas aller là-bas,
00:36:48je savais qu'il y avait un système
00:36:50qui blessait cette petite fille
00:36:52qui n'était pas directement
00:36:54touchée par la personne blanche.
00:36:56Et la suprématie blanche
00:36:58était ce terme
00:37:00qui permettait à quelqu'un
00:37:02de reconnaître notre collusion
00:37:04avec les forces
00:37:06du racisme et de l'impérialisme.
00:37:08Et donc, pour moi,
00:37:10ces mots étaient très
00:37:12à propos du souvenir constant
00:37:14des constructions institutionnelles.
00:37:16On ne parle pas
00:37:18des constructions personnelles
00:37:20dans le sens de « Comment tu te sens
00:37:22en tant que femme ? » ou « Comment tu te sens
00:37:24en tant que personne blanche ? »
00:37:26Mais ils me semblent vraiment
00:37:28évoquer un apparatus plus grand.
00:37:30Et je ne sais pas pourquoi
00:37:32ces termes se sont tellement
00:37:34marqués par les gens.
00:37:36Parce qu'en fait,
00:37:38au-delà de simplifier les questions,
00:37:40je pense qu'en les mélangeant ensemble,
00:37:42ils compliquent vraiment
00:37:44les questions de la liberté et de la justice
00:37:46mondialement. Parce que cela signifie
00:37:48qu'il faut regarder
00:37:50ce que les gens noirs font
00:37:52à l'un à l'autre au Rwanda.
00:37:54Et on ne peut pas juste dire
00:37:56« racisme » ou autre chose.
00:37:58Il faut problématiser le nationalisme
00:38:00de toutes sortes de manières.
00:38:02Et je pense qu'il y a une
00:38:04énorme réluctance, particulièrement
00:38:06aux Etats-Unis, à avoir
00:38:08un compte plus complexe
00:38:10d'identité.
00:38:12Alors,
00:38:14qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:38:16Je sais que vous aimez bien
00:38:18les travaux de Bell Hooks.
00:38:20Et là c'est vrai qu'elle articule
00:38:22effectivement plusieurs problématiques,
00:38:24à savoir que les différents
00:38:26systèmes de domination,
00:38:28de repression, que ce soit basé
00:38:30sur la race, sur la classe,
00:38:32sur le genre, sont toujours
00:38:34intimement intriqués.
00:38:36Et qu'on ne fait pas jouer l'un par rapport
00:38:38à l'autre.
00:38:40Et il me semble que
00:38:42dans votre démarche et dans votre
00:38:44cheminement intellectuel,
00:38:46le féminisme intersectionnel a compté
00:38:48aussi dans ce sens-là pour vous ?
00:38:50Oui, beaucoup, parce que
00:38:52c'est
00:38:54en effet, notamment grâce à Bell Hooks,
00:38:56d'autres autrices formidables aussi, évidemment,
00:38:58qui l'évoquent, mais...
00:39:00C'est vrai que
00:39:02suite à...
00:39:04Si vous voulez,
00:39:06c'est comme...
00:39:10J'ai été assez étonnée,
00:39:12j'avoue, de voir certaines réactions
00:39:14quand j'ai pris la parole sur certains sujets,
00:39:16parce que
00:39:18complètement déformée ou mal interprétée,
00:39:20enfin bon, peu importe. Toujours est-il que
00:39:22j'ai compris
00:39:24que ce qui posait problème, c'était pas ce que j'étais en train de dire,
00:39:26parce que ce que je disais avait été dit par
00:39:28énormément de gens avant moi.
00:39:30Ce qui posait problème, c'était le fait que ce soit moi
00:39:32qui dise ces choses-là.
00:39:34Et je me suis dit, mais pourquoi,
00:39:36dans ce cas précis,
00:39:38mon identité qui est la question ?
00:39:40Quel est le problème avec mon identité ?
00:39:42Donc au début,
00:39:44je me suis dit, bon, ok, alors c'est parce que
00:39:46je suis racisée, ou...
00:39:48Après je me suis dit, non, c'est parce que
00:39:50je suis trop jeune pour parler de ça.
00:39:52Je me suis dit, non, c'est parce que
00:39:54j'avais une chanson qui était numéro 1
00:39:56à ce moment-là, donc c'était peut-être dangereux.
00:39:58Après je me suis dit, non, c'est tout ça
00:40:00en même temps. C'est le fait que je sois racisée,
00:40:02c'est le fait que je sois une femme,
00:40:04c'est le fait que je sois
00:40:06issue d'un pays qui a été colonisé
00:40:08par le pays dans lequel je grandis
00:40:10qui est mon pays.
00:40:18Donc si vous voulez,
00:40:20je dis souvent en interview
00:40:22quand on me dit, oh mais quand même,
00:40:24vous êtes très engagée et tout ça,
00:40:26si vous voulez, c'est la vie que je mène
00:40:28qui me montre que je me dois
00:40:30de l'être pour la simple et bonne raison que
00:40:32au bout d'un moment, quand vous subissez des micro-agressions
00:40:34au quotidien, vous êtes obligés de vous interroger
00:40:36sur pourquoi. Plus que
00:40:38vos potes, par exemple.
00:40:40Enfin, c'est tout con, mais...
00:40:42Un jour, j'ai une amie qui m'a dit, si tous les jours
00:40:44de ta vie, tu sors de chez toi, et à chaque fois
00:40:46que tu sors de chez toi, tu te prends un seau d'eau glacée,
00:40:48si
00:40:50dans 5 ans, on t'apprend
00:40:52qu'il y a une communauté de gens qui, dès qu'ils sortent
00:40:54de chez eux,
00:40:56se prennent un seau d'eau glacée
00:40:58et ce, depuis la nuit des temps,
00:41:00tu vas dire, bah non.
00:41:02Et puis c'est tout.
00:41:04Et en fait, la question de la race,
00:41:06c'est exactement la même.
00:41:08C'est-à-dire que, quand on parle de discrimination
00:41:10qu'on ne subit pas, à des gens
00:41:12qui certes, ne les subissent pas,
00:41:14ne les voient pas, n'en entendent jamais
00:41:16parler, n'en sont jamais témoins,
00:41:18le jour où ça leur parvient,
00:41:20qui plus est, d'autant que moi, en plus,
00:41:22je suis arrivée un peu par la grande porte
00:41:24et puis moi-même, j'étais encore en construction
00:41:26quand je débarquais.
00:41:28J'étais toute jeune, j'étais une enfant, j'avais 16 ans
00:41:30et j'étais encore
00:41:32moi-même dans un...
00:41:34J'étais encore à un stade
00:41:36d'assimilation quand même,
00:41:38très forte.
00:41:40Donc il m'a fallu beaucoup de temps,
00:41:42ce qui fait que du coup, le regard
00:41:44qu'on a posé sur moi était
00:41:46d'autant plus violent parce que
00:41:48c'est ça qui m'a appris qu'en fait, je n'étais
00:41:50pas perçue comme tout le monde.
00:41:52J'en avais pas conscience au départ.
00:41:54Et c'est parce que
00:41:56les gens qui m'ont accepté
00:41:58en me présentant
00:42:00comme parfaitement
00:42:02assimilée, parfait, symbole
00:42:04et exemple d'intégration,
00:42:06réussie et tout ça,
00:42:08qu'au moment où je dis, mais bon, quand même, les amis,
00:42:10il y a 2-3 petits machins qui déconnent, on va pas se mentir,
00:42:12mais en fait, pour eux, c'était
00:42:14un coup de théâtre de dingue.
00:42:16Une grande déception.
00:42:18Ouais, genre, toi, tu oses ?
00:42:20Toi, mais toi, t'es avec nous, normalement.
00:42:22T'es dans notre équipe.
00:42:24Et donc,
00:42:26c'est vrai que ça a été
00:42:28un moyen pour moi, bon, j'avais réalisé
00:42:30que j'étais berbère depuis un petit moment, je vous rassure,
00:42:32mais
00:42:34si vous voulez, la place que ça avait
00:42:36dans ma vie, dans mon identité, dans ma culture,
00:42:38dans mon quotidien et la manière que j'avais
00:42:40moi-même de
00:42:42me nourrir de ça,
00:42:44de toute cette richesse-là,
00:42:46n'était pas aussi importante
00:42:48qu'aujourd'hui et j'espère
00:42:50pas autant.
00:42:52Je sais que c'est une chose
00:42:54qui se développe et qui grandit en moi et qui prendra encore
00:42:56plus de place avec le temps.
00:42:58Mais donc, voilà, tout ça pour dire qu'en effet,
00:43:00mon identité, elle ne se limite
00:43:02pas à ma tête ou à mon nom
00:43:04ou à mon genre, mais c'est le fait.
00:43:06Je veux dire,
00:43:08j'ai des amis rappeurs qui ont déjà dit
00:43:10ce que j'ai dit. Ils n'ont jamais
00:43:12eu un ministre de l'Intérieur qui est venu
00:43:14leur tweeter que leurs propos mensongers
00:43:16et honteux attisaient la haine et que je ne sais pas quoi.
00:43:18Non, mais c'est vrai.
00:43:20Aucun de mes potes rappeurs.
00:43:22Ils disent des dingueries, mes potes rappeurs.
00:43:24Vous sortiez
00:43:26de la place qu'on vous avait assignée
00:43:28et que là, c'était très violent.
00:43:30Tu ne peux pas
00:43:32cracher sur
00:43:34la mère patrie dont tu foules les planches.
00:43:36C'est simplement la reconnaissance,
00:43:38la gratitude à laquelle
00:43:40toi, tu es assignée, à laquelle tu as droit.
00:43:42Ce qui, par ailleurs, n'est pas incompatible.
00:43:44D'ailleurs, moi,
00:43:46je crache sur aucun sol, je tiens à le dire.
00:43:48Enfin, je veux dire
00:43:50que c'est vrai
00:43:52que c'est le fait. Quand je me suis dit
00:43:54mais attends, mais pourquoi, encore une fois,
00:43:56pourquoi moi ?
00:43:58Encore une fois, mes potes rappeurs, ils disent
00:44:00des dingueries. Eux, ils citent
00:44:02des gens, ils disent des noms, ils disent des
00:44:04trucs de ouf. Moi,
00:44:06j'ai dit j'ai peur.
00:44:08Je me dis,
00:44:10bon, sur l'échelle de la
00:44:12violence, on est large quand même.
00:44:14Eh ben non. Et donc,
00:44:16je me suis interrogée et ça a aussi
00:44:18motivé mes recherches
00:44:20et ça
00:44:22m'a permis de comprendre qu'en fait,
00:44:24ce qui posait problème, c'était le combo de tout ce que j'étais
00:44:26en effet. C'était le fait que je sois
00:44:28femme, le fait que je sois
00:44:30alors, berbère, certes,
00:44:32nord-africaine, certes, mais
00:44:34algérienne, particulièrement, parce que
00:44:36c'est encore un autre statut dans notre pays.
00:44:40Descendante de résistants
00:44:42alors là.
00:44:44Cherry on the couscous.
00:44:50Et puis, des deux côtés en plus.
00:44:52Je cherche les problèmes.
00:44:54C'est vos deux grands-parents.
00:44:56Mes deux grands-pères.
00:44:58Ils ne se connaissaient pas
00:45:00à l'époque. Ils ne se connaissaient pas, mais
00:45:02exactement à la même date, ils étaient résistants. L'un avait plus
00:45:04de responsabilité que l'autre.
00:45:06C'est pas des conneries.
00:45:08C'est des ouf.
00:45:10L'un était en charge des finances dans le
00:45:12sud et l'autre, il passait
00:45:14des messages.
00:45:16Et sans se connaître, les deux
00:45:18se sont fait choper la même année
00:45:20dans le même coin.
00:45:22Ont été emprisonnés sans jugement
00:45:24dans le même coin.
00:45:26Ont été condamnés pendant la même
00:45:28durée, pendant trois ans
00:45:30dans le même coin.
00:45:32Et ils ont tous les deux
00:45:34été libérés
00:45:36un an avant l'indépendance
00:45:38de l'Algérie.
00:45:40Avant la victoire du FLN.
00:45:42En fait, ils étaient dans
00:45:44les prisonniers de, si vous voulez, ils étaient dans les
00:45:46négociations entre le FLN et
00:45:48la France.
00:45:50Avant qu'ils en aient un peu trop marre de nous.
00:45:52Voilà.
00:45:56Tout ça pour dire que oui, c'était
00:45:58ce combo-là.
00:46:00Et puis jeune, et puis
00:46:02en plus successful à ce moment-là.
00:46:04Donc en effet,
00:46:06ça n'a pas du tout la même ampleur.
00:46:08Et encore une fois,
00:46:10moi, avant de
00:46:12parler des choses qui me faisaient peur dans mon pays
00:46:14parce que je suis
00:46:16celle que je suis,
00:46:18les gens
00:46:20m'identifiaient comme une gentille petite personne
00:46:22qui passait à la télé, qui chantait des chansons
00:46:24qu'ils adoraient depuis toujours.
00:46:26Puis,
00:46:28je parlais de ma bibliothèque
00:46:30sur France Culture.
00:46:32Donc en fait, il n'y avait pas de
00:46:34danger potentiel
00:46:36dans ce que j'incarnais.
00:46:38Inconsciemment en plus.
00:46:40Moi, j'étais hyper fière d'aller chez France Culture
00:46:42pour parler de ma bibliothèque. Et j'espère que je le referai
00:46:44parce que j'adore faire ça.
00:46:46C'est une très belle émission d'ailleurs. Je recommande cette émission
00:46:48par Marie Richeux.
00:46:50Exactement. Mais c'est vrai, ce sont mes
00:46:52amis algériennes qui me disaient récemment
00:46:54« Mais tu ne te rends pas compte que
00:46:56tu es la seule en fait à être sur FIP. »
00:47:00Et en effet, je ne m'en rendais absolument pas compte.
00:47:02Et du coup,
00:47:04c'est assez inattendu.
00:47:06Ça fait un combo
00:47:08d'identité
00:47:10qui est très riche.
00:47:12Alors moi, je me marre beaucoup.
00:47:14Mais ça ne fait pas rire tout le monde.
00:47:16Ce qui est
00:47:18très chassinant,
00:47:20c'est de vous voir embrasser
00:47:22toute cette complexité, toute cette multitude,
00:47:24ces multitudes.
00:47:26Et comme vous disiez,
00:47:28il n'y a jamais
00:47:30un moment
00:47:32où ça s'arrête.
00:47:34Parce qu'on se nourrit d'autres choses,
00:47:36on s'ouvre à d'autres choses.
00:47:38Donc voilà.
00:47:40Bon, le temps passe.
00:47:42Je vous avais prévenu Zeyna, je suis bavardante.
00:47:44Il faut m'arrêter.
00:47:46Non, mais c'est un plaisir de vous entendre.
00:47:48Donc parmi vos films carte blanche,
00:47:50il y a
00:47:52le très beau film « La bataille d'Alger »
00:47:54qui passe.
00:47:56Je vous invite à consulter,
00:47:58parce que là, je ne me souviens pas des horaires par cœur.
00:48:00Alors vraiment, j'insiste.
00:48:02Les quatre
00:48:04sont dans mes films préférés.
00:48:06Mais j'insiste.
00:48:08« La bataille d'Alger »,
00:48:10rendez-vous disponible et allez-y.
00:48:12Voilà, c'est tout.
00:48:14Je le dis à 17h.
00:48:16C'est un chef d'œuvre absolu.
00:48:18Et si vous avez la chance de pouvoir le voir
00:48:20en plus en salle,
00:48:22avec la musique et tout,
00:48:24vraiment, allez-y.
00:48:26C'est dans une très belle copie,
00:48:28donc restaurée.
00:48:30Je vous propose
00:48:32de voir la bande-annonce
00:48:34de « La bataille d'Alger ».
00:48:36C'était la bande-annonce faite à l'occasion
00:48:38de la sortie,
00:48:40je ne vais même pas dire « ressortie » du film,
00:48:42parce que c'est un film qui date de 1966,
00:48:44qui a remporté
00:48:46à la Mostra de Venise
00:48:48le lion d'or.
00:48:50C'est un film
00:48:52qui se passe pendant
00:48:54ce qu'on a appelé « La bataille d'Alger »,
00:48:56qui est la répression
00:48:58très violente par l'armée
00:49:00coloniale française
00:49:02des soulèvements populaires
00:49:04et du FLN.
00:49:06C'est avant
00:49:08l'indépendance.
00:49:10Ça se passe
00:49:12dans la portion de 1954-1957.
00:49:14C'est un
00:49:16très beau film,
00:49:18mais qui a été interdit en France,
00:49:20qu'on a vu en France
00:49:22qu'en 2004. Il y a eu des tentatives
00:49:24de sortie dans les années 70
00:49:26et tout ça,
00:49:28mais il y a eu
00:49:30des annonces, des alertes à la bombe
00:49:32dans les salles de cinéma,
00:49:34etc. Ce film est resté invisible.
00:49:36C'est signé par
00:49:38Gillo Prantecorvo,
00:49:40qui est un cinéaste
00:49:42italien.
00:49:44C'est un film qui a beaucoup inspiré
00:49:46beaucoup de cinéastes, on s'en revendiquait
00:49:48aussi.
00:49:50Un film qui est extrêmement fort
00:49:52sur le plan formel.
00:49:56C'est filmé
00:49:58un peu comme du cinéma
00:50:00vérité, mais
00:50:02tout est vraiment mis en scène,
00:50:04reconstitué.
00:50:06Il y a des acteurs
00:50:08qui ne sont pas
00:50:10des professionnels.
00:50:12Il y a un
00:50:14ancien militant
00:50:16du FLN qui joue
00:50:18son propre rôle.
00:50:20C'est un film qui est extrêmement fort.
00:50:22Le fait qu'on ait pu le voir
00:50:24qu'à partir de 2004
00:50:26en France, ça dit quand même
00:50:28beaucoup de choses. Je vous propose de voir
00:50:30cette bande-annonce
00:50:32où le distributeur a situé
00:50:34tous ces éléments de contexte.
00:50:36Ensuite, on va parler
00:50:38peut-être de
00:50:40la France et de l'Algérie
00:50:42parce qu'il y a une histoire très particulière
00:50:44entre les deux pays.
00:50:46La bande-annonce
00:50:48de la bataille d'Alger, l'extrait numéro 7.
00:50:50Mathilde, merci.
00:50:56Nous sommes arrivés
00:50:58à la moyenne de 4,2
00:51:00attentats par jour.
00:51:04Oui, il faut distinguer
00:51:06les attaques individuelles.
00:51:10Nous disons qu'il y a
00:51:12une minorité qui s'impose
00:51:14par la terreur et la violence.
00:51:16Nous devons agir
00:51:18sur cette minorité dans le but
00:51:20de l'isoler et de la détruire.
00:51:28C'est parti.
00:51:48Allez-y, mon gars.
00:51:58C'est parti.
00:52:28C'était à l'occasion
00:52:30de sa sortie
00:52:32en France.
00:52:34Vous en aviez entendu parler avant ?
00:52:36Je n'en avais jamais entendu parler.
00:52:40Je l'ai découvert il y a
00:52:42un an
00:52:46dans le cadre d'un festival
00:52:48à Saint-Denis dans lequel Adila Benzimrad
00:52:50et Damien Nouri,
00:52:52co-réalisateur et co-réalisatrice
00:52:54de La Dernière Reine,
00:52:56avaient une carte blanche à leur tour
00:52:58et ils ont programmé La Bataille d'Alger.
00:53:00On se parlait avec
00:53:02Damien et Adila sur Insta
00:53:04en attendant de se rencontrer.
00:53:06Damien m'a dit
00:53:08« Viens voir ce film, il faut que tu passes
00:53:10absolument voir ça. »
00:53:12Je ne m'en suis toujours pas remise.
00:53:16En gros.
00:53:20C'est un film
00:53:22très puissant.
00:53:24Je pense que sa puissance
00:53:26est aussi dans sa grande sobriété,
00:53:28dans sa grande maîtrise
00:53:30de la narration.
00:53:36Ça permet aussi de poser
00:53:38des choses qui sont
00:53:40encore vraiment taboues
00:53:42en France notamment.
00:53:44Aussi bien l'histoire coloniale
00:53:46mais bien sûr
00:53:48avec l'Algérie, il y a une histoire
00:53:50très particulière.
00:53:52Il y a l'histoire de la torture,
00:53:54de l'armée coloniale,
00:53:58de toutes les humiliations
00:54:00qui se sont suivies.
00:54:02Je sais qu'il y a un livre
00:54:04que vous aimez beaucoup,
00:54:06c'est l'Art de perte d'Alice Zéniter.
00:54:10Très beau livre qui a remporté
00:54:12le prix Goncourt des lycéens
00:54:14en 2017.
00:54:16Alice Zéniter
00:54:18suit
00:54:20le personnage principal
00:54:22qui s'appelle Naïma.
00:54:24Elle est de la troisième génération.
00:54:26Elle va partir
00:54:28à la recherche,
00:54:30elle est en train d'explorer
00:54:32ses racines algériennes
00:54:34qui ne l'avaient pas préoccupé
00:54:36plus que ça jusqu'à ses 25 ans.
00:54:38Mais comme vous disiez,
00:54:40c'est à partir d'une image
00:54:42qu'on lui renvoie,
00:54:44comme d'une assignation.
00:54:46C'est à partir de la perception
00:54:48qu'on lui renvoie
00:54:50qu'elle comprend aussi
00:54:52qu'elle est perçue
00:54:54comme l'algérienne.
00:54:56En plus, elle vient d'une famille de Harkis,
00:54:58ce qui complexifie encore plus les choses.
00:55:02Une chose qui est très belle,
00:55:04qu'Alice Zéniter dit à plusieurs reprises,
00:55:06là elle vient de sortir un nouveau livre
00:55:08qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:55:10Alice Zéniter dit à quel point
00:55:12l'identité n'est pas quelque chose
00:55:14de monolithique, figée une fois pour toutes,
00:55:16mais que c'est
00:55:18en constante évolution,
00:55:20aussi en fonction des images
00:55:22qu'on se renvoie les uns les autres
00:55:24à partir des places
00:55:26qu'on s'assigne,
00:55:28dans lesquelles on s'enferme,
00:55:30on se chosifie ou pas.
00:55:34Comment est-ce que toute cette
00:55:36conscience de cette histoire
00:55:38et de l'articulation
00:55:40qui s'est faite pour vous,
00:55:42française,
00:55:44comment est-ce que
00:55:46ces choses-là se sont mises en place
00:55:48ou se déplacent ?
00:55:50Oui, je pense qu'en effet,
00:55:52pour rejoindre Alice,
00:55:54il y a une chose qui est certaine,
00:55:56c'est que c'est en constante évolution
00:55:58et que ça se déplace
00:56:00tout le temps.
00:56:04J'adore me sentir
00:56:06contredite,
00:56:08et j'adore pouvoir
00:56:10me déplacer.
00:56:12Un livre peut me changer
00:56:14ma perception
00:56:16de mon identité algérienne,
00:56:18de mon identité française,
00:56:20et c'est une chose...
00:56:22Ma double culture a existé,
00:56:24elle a toujours existé,
00:56:26depuis petite en fait.
00:56:28Moi j'ai toujours vécu en France,
00:56:30je suis née en France, j'ai grandi en France,
00:56:32je suis allée à l'école républicaine française,
00:56:34ma première langue c'est le français,
00:56:36enfin voilà, je suis française,
00:56:38et pour autant,
00:56:40je suis vraiment très algérienne.
00:56:42Je n'y ai pas passé pas tant de temps que ça,
00:56:44quand j'étais gamine,
00:56:46pour autant la langue que j'ai toujours entendue
00:56:48en famille c'est l'arabe, enfin le dalija,
00:56:50l'arabe algérien.
00:56:54J'ai toujours écouté
00:56:56beaucoup de musique algérienne,
00:56:58ça a toujours fait partie
00:57:00de ma culture,
00:57:02il y a toujours eu
00:57:04les traditions aussi,
00:57:06et les coutumes algériennes
00:57:08qui ont rythmé nos vies entières
00:57:10dans ma famille.
00:57:16Encore une fois,
00:57:18pour être honnête,
00:57:20je crois que c'est Charlie,
00:57:22quand il y a eu Charlie,
00:57:24j'étais à l'étranger,
00:57:26j'étais en Croatie, je jouais un opéra,
00:57:28c'était une version contemporaine
00:57:30de la bohème de Puccini,
00:57:32et c'est les croates qui sont venus
00:57:34et qui sont allés acheter des bougies
00:57:36et nous ont emmenés dehors pour allumer
00:57:38des bougies ensemble et être ensemble.
00:57:40Pour nous français, parce qu'on était loin
00:57:42de chez nous et loin des nôtres,
00:57:44ce qui nous avait énormément touchés,
00:57:46et je me suis dit,
00:57:48je ne m'étais jamais interrogée
00:57:50sur est-ce que je suis française ou non,
00:57:52mais je sais que ce jour-là je me suis
00:57:54particulièrement sentie française.
00:57:56Parce que je n'étais pas chez moi au moment
00:57:58où c'était chez moi
00:58:00qu'il se passait des trucs de ouf.
00:58:02Et en fait,
00:58:04quand je suis rentrée
00:58:06de Charlie en avion,
00:58:08je suis sortie dans les premiers...
00:58:10il y avait
00:58:12mes camarades
00:58:14de la pièce,
00:58:16de l'opéra,
00:58:18et je me rappelle du douanier,
00:58:20donc il y avait le serpent de l'enfer à la douane,
00:58:22qui était vide,
00:58:24et il y avait 2-3 personnes
00:58:26qui me précédaient,
00:58:28et je me rappelle du douanier,
00:58:30quand Charlie cherchait encore une jeune femme,
00:58:32Boumedienne, c'était son nom de famille,
00:58:34qui était exactement le même type que moi,
00:58:36qui avait le même âge,
00:58:38les mêmes cheveux,
00:58:40le même type,
00:58:42et je me souviens qu'au moment où je suis arrivée
00:58:44dans la ligne, le mec ne m'a pas lâché des yeux
00:58:46jusqu'à ce que j'arrive devant lui,
00:58:48que tous mes camarades étaient passés,
00:58:50il avait scanné le passeport et c'était parti,
00:58:52et moi ça avait duré extrêmement longtemps,
00:58:54il avait fait venir des gens,
00:58:56je me suis dit...
00:58:58Et en fait c'est qu'après que j'ai réalisé,
00:59:00c'est quand j'en ai parlé autour de moi,
00:59:02mes potes m'ont dit bah oui tu sais...
00:59:04Et puis après du coup il y a eu le Bataclan
00:59:06et tout ça,
00:59:08et donc c'était une période grave sympa,
00:59:10et c'est le moment où j'ai senti
00:59:12que les regards sur moi ont changé.
00:59:16Et c'est à ce moment-là
00:59:20que je me suis dit,
00:59:22à ce moment-là j'étais très en colère,
00:59:24j'étais hyper fâchée,
00:59:26l'injustice, etc.
00:59:28Et donc j'ai fait de la musique
00:59:30pour exorciser un peu tout ça,
00:59:32essayer de mettre un peu de lumière
00:59:34et de beauté sur les choses bien dark
00:59:36qu'on a tous traversées et toutes
00:59:38à ce moment-là.
00:59:42Et puis ça a été un chemin
00:59:44pendant plusieurs années aussi
00:59:48de moi aussi m'éduquer en fait.
00:59:52M'éduquer mais pas tant sur
00:59:54ce que c'est que le racisme.
00:59:56La question c'était plutôt
00:59:58qu'est-ce que c'est être franco-algérienne ?
01:00:02Parce qu'il n'y a pas de
01:00:04pas de manuel quoi.
01:00:08La double nationalité franco-algérienne
01:00:10c'est la première au monde.
01:00:14Ce qui est quand même surréaliste.
01:00:16On est
01:00:20des millions,
01:00:22des milliers au monde.
01:00:24C'est une diaspora immense.
01:00:28Et je pense qu'il y a autant de franco-algériens
01:00:30que de manières d'être franco-algérien
01:00:32ou algérienne.
01:00:36Et je pense que c'est
01:00:38avec le temps,
01:00:40en m'éduquant, en rencontrant des gens,
01:00:42en rencontrant beaucoup plus de franco-algériens
01:00:44parce qu'évidemment quand on est assimilé,
01:00:46les personnes vers lesquelles on va
01:00:48ne sont pas forcément des franco-algériens spontanément.
01:00:50Et donc en avançant,
01:00:52en travaillant sur moi-même et tout ça,
01:00:54en rencontrant des gens, en retournant enfin
01:00:56en Algérie, en allant dans le village
01:00:58de mes ancêtres, dans les villages
01:01:00de mes ancêtres, en commençant
01:01:02à apprendre le dalija,
01:01:04en me reconnectant
01:01:06à une identité qui m'a été
01:01:08enlevée et
01:01:10qu'on m'a empêchée
01:01:12d'embrasser
01:01:14de manière
01:01:16volontaire et de manière
01:01:18systémique,
01:01:22en me réappropriant tout ça,
01:01:26mon regard
01:01:28sur
01:01:30ma franco-algérianité,
01:01:32mais mon regard aussi sur simplement
01:01:34la manière que j'avais moi de me présenter
01:01:36au monde a changé beaucoup parce que
01:01:38je me suis dit finalement
01:01:40en fait j'en avais marre d'être
01:01:42fâchée,
01:01:44j'en avais marre
01:01:46d'être blessée
01:01:48et du coup
01:01:50voilà, en bossant sur moi
01:01:52et en me documentant beaucoup,
01:01:54j'ai réussi à faire un truc dont je suis assez fière,
01:01:56c'est à dire que
01:01:58j'ai réussi à
01:02:00comprendre
01:02:02le fait que
01:02:04ça n'était pas
01:02:06la manière qu'avaient les gens de me
01:02:08voir ou ce que
01:02:10les gens projetaient sur moi en tant que
01:02:12franco-algérienne
01:02:14qui faisait ce que j'étais en tant que franco-algérienne
01:02:16en France,
01:02:18mais plutôt la manière
01:02:20que moi j'avais de vivre
01:02:24cet endroit de
01:02:26pluriculture,
01:02:28cet endroit multiculturel et de me dire
01:02:30qu'est-ce que je fais de ça, qu'est-ce que je fais de cette richesse-là,
01:02:32comment je la nourris,
01:02:34comment je l'embrasse et quelle place je lui
01:02:36donne, quelle place de choix je lui
01:02:38offre dans ma vie.
01:02:40Et c'est vrai que ça,
01:02:42ça a tout changé, en fait ça a changé
01:02:44ma vie, vraiment.
01:02:46C'est très très beau ce que
01:02:48vous dites là sur la colère
01:02:50et effectivement de qu'est-ce qu'on fait
01:02:52de ça au fait, une fois qu'on est confronté
01:02:54à toutes ces assignations, à tous ces
01:02:56stéréotypes, et comment est-ce
01:02:58qu'on s'en sort et en étant,
01:03:00merci beaucoup,
01:03:02et effectivement comme vous disiez,
01:03:04dans la joie et dans la lumière
01:03:06aussi, donc
01:03:08du coup ça me fait,
01:03:10j'ai envie du coup d'enchaîner
01:03:12avec l'extrait
01:03:14d'un film qui fait partie
01:03:16de votre carte blanche,
01:03:18c'est Le Destin de
01:03:20l'immense cinéaste égyptien
01:03:22Youssef Chahine,
01:03:24donc vous avez aussi choisi
01:03:26ce magnifique film
01:03:28justement qui est
01:03:30fait de lumière, de couleurs
01:03:32et peut-être c'est des choses qui font du
01:03:34bien aussi parce que justement
01:03:36là les temps sont durs,
01:03:38c'est un peu
01:03:40dark, mais
01:03:42du coup
01:03:44il y a quelque chose, il y a un élan
01:03:46de vie très très fort
01:03:48dans ce film
01:03:50qui est
01:03:52qui
01:03:54porte au fait sur
01:03:56le philosophe
01:03:58andalou-musulman
01:04:00Averroës
01:04:02dans le XIIe siècle
01:04:04donc voilà
01:04:06et donc
01:04:08l'histoire au fait
01:04:10c'est l'histoire de la
01:04:12montée des intégrismes
01:04:14en Andalousie
01:04:16avec effectivement
01:04:18le calife
01:04:20El Mansour qui
01:04:22pour des calculs politiciens
01:04:24aussi
01:04:26ordonne
01:04:28l'autodafé des
01:04:30œuvres d'Averroës qui est un immense
01:04:32philosophe qui a énormément compté
01:04:34ensuite aussi pour les philosophies
01:04:36occidentales du Moyen-Âge
01:04:38et
01:04:40donc là l'extrait
01:04:42au fait qu'on va voir et ensuite
01:04:44je voudrais bien que vous nous en disiez
01:04:46un mot
01:04:48donc on va démarrer au fait
01:04:50c'est donc un jeune homme
01:04:52qui est le fils du calife
01:04:54qui s'est
01:04:56radicalisé au fait
01:04:58donc qui a
01:05:00enfin oui
01:05:02on peut dire
01:05:04qu'il a subi comme un lavage de cerveau
01:05:06au fait de la part des fondamentalistes
01:05:08et il y a
01:05:10toute sa communauté autour
01:05:12donc Averroës et toutes les autres personnes
01:05:14donc qui l'entourent
01:05:16qui essayent
01:05:18justement de
01:05:20c'est comme un village
01:05:22comme ça qui l'enlace
01:05:24pour qu'il
01:05:26sorte au fait de cette noirceur là
01:05:28donc est-ce qu'on peut
01:05:30commencer l'extrait numéro 12
01:05:32extrait du destin
01:05:34merci beaucoup Mathilde
01:06:00l'extrait du destin
01:06:30l'extrait du destin
01:07:00l'extrait du destin
01:07:30l'extrait du destin
01:07:32l'extrait du destin
01:07:34l'extrait du destin
01:07:36l'extrait du destin
01:07:38l'extrait du destin
01:07:40l'extrait du destin
01:07:42l'extrait du destin
01:07:44l'extrait du destin
01:07:46l'extrait du destin
01:07:48l'extrait du destin
01:07:50l'extrait du destin
01:07:52l'extrait du destin
01:07:54l'extrait du destin
01:07:56l'extrait du destin
01:07:58l'extrait du destin
01:08:00l'extrait du destin
01:08:02l'extrait du destin
01:08:04l'extrait du destin
01:08:06l'extrait du destin
01:08:08l'extrait du destin
01:08:10l'extrait du destin
01:08:12l'extrait du destin
01:08:14l'extrait du destin
01:08:16l'extrait du destin
01:08:18l'extrait du destin
01:08:20l'extrait du destin
01:08:22l'extrait du destin
01:08:24l'extrait du destin
01:08:26l'extrait du destin
01:08:28l'extrait du destin
01:08:30l'extrait du destin
01:08:32l'extrait du destin
01:08:34l'extrait du destin
01:08:36l'extrait du destin
01:08:38l'extrait du destin
01:08:40l'extrait du destin
01:08:42l'extrait du destin
01:08:44l'extrait du destin
01:08:46l'extrait du destin
01:08:48l'extrait du destin
01:08:50l'extrait du destin
01:08:52l'extrait du destin
01:08:54l'extrait du destin
01:08:56l'extrait du destin
01:08:58l'extrait du destin
01:09:00l'extrait du destin
01:09:02l'extrait du destin
01:09:04l'extrait du destin
01:09:06l'extrait du destin
01:09:08l'extrait du destin
01:09:10l'extrait du destin
01:09:12l'extrait du destin
01:09:14l'extrait du destin
01:09:16l'extrait du destin
01:09:18l'extrait du destin
01:09:20l'extrait du destin
01:09:22l'extrait du destin
01:09:24l'extrait du destin
01:09:26l'extrait du destin
01:09:28l'extrait du destin
01:09:30l'extrait du destin
01:09:32l'extrait du destin
01:09:34l'extrait du destin
01:09:36l'extrait du destin
01:09:38l'extrait du destin
01:09:40l'extrait du destin
01:09:42l'extrait du destin
01:09:44l'extrait du destin
01:09:46l'extrait du destin
01:09:48l'extrait du destin
01:09:50l'extrait du destin
01:09:52l'extrait du destin
01:09:54l'extrait du destin
01:09:56l'extrait du destin
01:09:58l'extrait du destin
01:10:00l'extrait du destin
01:10:02l'extrait du destin
01:10:04l'extrait du destin
01:10:06l'extrait du destin
01:10:08l'extrait du destin
01:10:10l'extrait du destin
01:10:12l'extrait du destin
01:10:14l'extrait du destin
01:10:16l'extrait du destin
01:10:18l'extrait du destin
01:10:48merci beaucoup, merci vraiment
01:10:50et donc bon
01:10:52c'est pas pour spoiler
01:10:54mais c'est pour dire que le jeune homme
01:10:56va retrouver le chemin
01:10:58de la lumière et de la joie et du partage
01:11:00à la fin du film
01:11:02donc est-ce que vous pouvez nous parler de ce film
01:11:04de ce qu'il représente
01:11:06et je crois que cette scène vous avez voulu utiliser
01:11:08au fait dans un des clips
01:11:10c'est un film très important
01:11:12c'est l'un des rares
01:11:14films
01:11:16joué en arabe que j'ai vu gamine
01:11:18que ma mère nous montrait
01:11:20avec ma sœur
01:11:22et nous même on reproduisait
01:11:24cette même séquence à la maison
01:11:28avec ma sœur, ma mère et tout ça
01:11:32et en fait c'est marrant parce qu'au début
01:11:34quand je voyais donc
01:11:36madame à côté qui lui jette le tambourin
01:11:38je me disais mais en fait cette joie
01:11:40elle est vraiment culturelle quoi
01:11:42parce que j'ai l'impression avant même que
01:11:44on reproduise cette scène en chantant
01:11:46avec ma mère et ma sœur
01:11:48avant ça
01:11:50en fait spontanément quand il y avait la famille à la maison
01:11:52on se retrouvait forcément à un moment
01:11:54bon c'était pas aussi bien mis en scène attention
01:11:56mais il y avait forcément un moment
01:11:58où l'une d'entre nous prenait
01:12:00ce qu'on appelle en arabe les guessas
01:12:04même la vaisselle
01:12:06des trucs dans lesquels on
01:12:08la vaisselle dans lesquelles on prépare la semoule
01:12:10ou ce genre de choses
01:12:12et qu'on transformait en percussions
01:12:14et on se mettait à chanter, à danser
01:12:16enfin c'est vraiment culturel en fait
01:12:18chez nous la joie et la musique
01:12:20c'est lié, ça va ensemble
01:12:22et d'ailleurs en effet
01:12:24n'importe quel moment de joie
01:12:26auquel je peux penser avec mes tantes
01:12:28avec mes cousines, avec ma mère, avec ma sœur
01:12:30il y en a forcément
01:12:32une qui va se mettre à chanter
01:12:34par rapport à la situation qu'on est en train de célébrer
01:12:36ou qui va se moquer, l'autre qui va se lever, qui va danser
01:12:38qui va lui faire une danse et qui va se moquer d'elle
01:12:40ça fait vraiment partie de la culture
01:12:42donc c'est très important
01:12:44parce que c'est un film que j'ai
01:12:46complètement oublié
01:12:48que j'ai redécouvert il n'y a pas si longtemps
01:12:50justement
01:12:52pour un clip sur lequel je travaillais
01:12:54et je me suis dit
01:12:56Youssef Chahine évidemment, je me disais
01:12:58arabo-andalou, arabo-andalou, arabo-andalou
01:13:00Youssef Chahine
01:13:02le destin
01:13:04et je me rappelais exactement de cette séquence là
01:13:06c'est pour ça que j'étais très heureuse quand j'ai appris que c'était cet extrait là
01:13:08que vous aviez choisi
01:13:10qui est vraiment ma scène préférée du film
01:13:12et en effet
01:13:14elle m'a beaucoup inspirée mais à mon grand regret
01:13:16la séquence qui rendait
01:13:18hommage a été coupée
01:13:20pour des raisons qui sont indépendantes de ma volonté
01:13:24mais c'est tellement beau
01:13:26c'est la grâce, c'est la grande grâce
01:13:28c'est la grosse classe
01:13:30et ouais, ils sont tous
01:13:32d'une beauté folle et puis
01:13:34puis ouais, arabo-andalou
01:13:36cohabitation, tout ça, tout ça
01:13:38c'est la grosse teuf, il y a plein de messages extraordinaires quand même dans ce film
01:13:40et c'est
01:13:42cette idée que malgré tout
01:13:44malgré tout, envers et contre
01:13:46tout, on continue à chanter
01:13:48on continue à danser
01:13:50donc ça fait peut-être
01:13:52beaucoup de bien aussi
01:13:54de voir cette chaleur, cette énergie
01:13:56là, enfin voilà
01:13:58nous entourer
01:14:00voilà, donc le temps passe
01:14:02vraiment très très vite
01:14:04on aimerait vous garder encore
01:14:06pendant longtemps
01:14:08voilà, mais donc
01:14:10on arrive à la fin de la séance
01:14:12ouais, c'est donc
01:14:14ouais, on arrive
01:14:16à la toute fin de la séance
01:14:18alors je suis vraiment désolée pour la salle
01:14:20mais malheureusement on n'aura pas de temps
01:14:22pour prendre des questions, je suis vraiment confuse
01:14:24mais il faut vraiment qu'on libère
01:14:26la salle
01:14:28donc je propose peut-être que
01:14:30vous nous parliez des projets
01:14:32à venir
01:14:34et si vous voulez bien aussi
01:14:36parce que je sais que vous réalisez
01:14:38vos clips là, le tout dernier
01:14:40qui vient de sortir
01:14:42très arabo-andalou aussi
01:14:44donc voilà, est-ce que vous pouvez
01:14:46nous en dire un mot
01:14:48et puis peut-être des projets de réalisation
01:14:50par la suite, comme vous êtes
01:14:52une femme d'image
01:14:54avec des images, entourée d'images
01:14:56on aimerait beaucoup aussi
01:14:58vous voir derrière la caméra pour un film
01:15:00merci, c'est gentil
01:15:02j'y travaille en effet
01:15:04j'ai la chance d'être entourée par une
01:15:06équipe magnifique et d'être accompagnée
01:15:08d'une productrice formidable
01:15:10que j'aime énormément, qui s'appelle Anne-Dominique Toussaint
01:15:12qui avait
01:15:14les films des tournelles
01:15:16pendant longtemps, qui aujourd'hui
01:15:18a tourné l'obvision
01:15:20et en effet on travaille ensemble
01:15:22à créer
01:15:24ce scénario
01:15:26pour que je puisse enfin passer derrière la caméra
01:15:28et en attendant, en effet, je m'amuse
01:15:30à passer derrière la caméra
01:15:32en restant quand même devant la caméra, parce que faut pas déconner
01:15:34avec
01:15:36mes clips
01:15:38je m'étais amusée aussi à faire
01:15:40j'ai eu la chance qu'on me propose
01:15:42de participer au Talent Canada Mi
01:15:44en 2019
01:15:46qui n'avait donc pas été projeté en 2020 puisque
01:15:48c'était le Covid
01:15:50mais donc en 2021, on avait pu les présenter
01:15:52et c'était très joyeux
01:15:54c'était une expérience que j'avais adorée
01:15:56et j'ai confirmé mon grand désir que d'apprendre
01:15:58à faire des films pour pouvoir
01:16:00en faire des biens, j'espère
01:16:02on n'y est pas encore
01:16:04on n'en doute pas que vous en ferez vraiment des magnifiques
01:16:06et vraiment
01:16:08on vous remercie infiniment
01:16:10d'avoir accepté de participer à notre festival
01:16:12merci à vous, c'était un plaisir, merci beaucoup d'être venu
01:16:14un samedi sous la pluie
01:16:16merci beaucoup