Xerfi Canal a reçu Christophe Haag, professeur à emlyon business school, co-fondateur de Génération QE, pour parler de la plasticité émotionnelle.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Christophe Hague.
00:09Bonjour Jean-Philippe.
00:10Christophe Hague, vous êtes professeur à EMLion Business School, vous êtes cofondateur
00:14de Génération QE, donc on va parler de quotient émotionnel ensemble.
00:18QE, c'est ça que ça veut dire, le pouvoir de la surprise, entre parenthèses, même
00:23mauvaise, point d'exclamation, ouvrage sur un album Michel, une émotion qui nous aide
00:28à nous sentir vivants.
00:291% de la population aurait un QE exceptionnel, donc question double, comment on les repère,
00:37vous l'avez évoqué, et comment on tire les 99% autres, c'est-à-dire davantage de
00:41prendre en compte de l'émotion.
00:42Alors ça c'est une étude qu'on a...
00:43Est-ce qu'on peut les améliorer ?
00:45Alors ça c'est, je vais répondre à la première question, c'est une étude qu'on a menée
00:50avec le soutien du magazine Sciences et Avenir et du magazine de la Santé sur France 5,
00:54je faisais quelques chroniques là-bas depuis une époque, et on a réussi à collecter
00:59des données auprès de milliers de Français et de Françaises, et on a validé comme ça
01:03un test psychométrique, un test dit de performance, c'est-à-dire que ça n'a rien à voir avec
01:07quelque chose d'auto-évaluatif, ces tests auto-évaluatifs souvent sont un peu biaisés,
01:13les gens n'ont pas forcément la lucidité de soi pour se jauger de manière objective,
01:19et souvent on cède au doux champ de la désirabilité sociale, et on veut se montrer plus émotionnellement
01:23intelligent qu'on l'est en réalité. Bref, donc nous on voulait un peu écarter ce type
01:27de test, on a fait un test de performance, comme quand vous allez chez le psy, vous passez
01:30les matrices de Riven, un test de Wechsler, il y a des logiques, il y en a qui les comprennent,
01:36d'autres qui les comprennent un peu moins. Donc on sait aujourd'hui mesurer cette forme
01:41d'intelligence, donc quand on sait la mesurer, derrière on peut faire de la démographie
01:45au niveau de la population, et effectivement vous avez moins d'un pour cent de la population
01:50française qui est catégorisée comme étant experte en intelligence émotionnelle. Alors
01:56le vrai message d'espoir, donc ces personnes-là bénéficient de tout ce que j'ai dit précédemment,
02:00meilleure gestion du stress, meilleure prise de décision, meilleure santé psychique-physique,
02:04moins d'addiction à des drogues dures, moins de troubles psychosomatiques, moins sujet
02:09au burn-out et au bora, enfin bon bref, je vais m'arrêter là parce qu'après ça
02:12peut paraître douteux, mais le vrai message d'espoir c'est que cette forme d'intelligence,
02:18on peut la travailler. Et une des plus grandes découvertes en neurosciences sociales, elle a un
02:22nom, c'est la plasticité cérébrale. Et moi je me souviens d'un discours que j'avais eu il y a
02:26quelques années, j'étais en conférence avec Eric Babola, donc l'équipementier de Raphaël Nadal,
02:32Caraz, etc., et on donnait une conférence, je ne sais même pas comment on s'était retrouvé face
02:38à ce public, mais face à des neuroscientifiques, etc., et donc on parle de tout ça, intelligence
02:44émotionnelle, intuition, et à un moment, parce que j'avais des collègues aux Etats-Unis et aussi
02:49dans la région lyonnaise, qui travaillaient sur cette fameuse plasticité cérébrale, donc cette
02:54capacité à développer des compétences, même quand on a 50 ans, 60 ans, 70 ans, donc avant
03:00dégénérescence cellulaire, etc., bref. Et là, je lançais comme ça une espèce de pavé et je disais,
03:07donc c'était il y a quelques années, vous allez voir dans quelques temps, on va démontrer
03:11métriquement qu'en suivant tel ou tel type de formation sérieuse, on pourra reconfigurer le
03:17cerveau, on pourra même modifier sans doute l'expression de certains gènes. Et là, je voyais,
03:21il y avait deux, trois personnes dans la salle, mais non, c'est pas possible, c'est un processus
03:25extrêmement long, etc. Deux ans plus tard, vous aviez un papier de recherche dans une top revue
03:31en euro qui sortait et qui expliquait qu'il suffisait par exemple de huit heures de formation
03:35en pleine conscience, formation sérieuse, pour modifier l'expression de certains gènes, notamment
03:40certains gènes directement appliqués dans la régulation des émotions. Bref, donc le vrai
03:44message d'espoir, c'est que contrairement à la personnalité, on sait qu'au début du stade adulte,
03:50tout est à peu près arrêté, 60 à 80% des traits de personnalité sont hérités, donc quand on a une
03:56personnalité qui est, on va dire, un peu chaotique, on n'a plus qu'à faire un procès à ses parents ou
04:00à ses grands-parents. L'intelligence analytique, on sait que globalement, à la fin des études,
04:06autour de 25 ans, ça s'ancre un petit peu dans le marbre. Vous refaites un test de QI à 30 ans,
04:1340 ans, 50 ans, à l'écart-type, il est très faible. Le vrai message d'espoir, c'est que sur
04:18l'intelligence émotionnelle, effectivement, on peut développer ça toute sa vie. Il y a des écrits
04:22aujourd'hui qui sortent là-dessus et on parle de plasticité émotionnelle. Donc on peut produire
04:28de nouveaux neurones qui vont être directement ciblés dans les processus de développement des
04:32compétences émotionnelles. Il est là le vrai message d'espoir, parce que sinon, ma démarche de
04:36sensibiliser à tout ça ne servira à rien. Il y a des bons et il y a des pas bons. Vivez avec,
04:43et c'est comme ça. Donc là, c'est vrai qu'il y a cet élan-là qui amène quelque part une émotion
04:49qui est formidable dans la société dans laquelle on vit, qui est l'espoir. L'espoir, ça donne de
04:55l'énergie, ça donne un élan motivationnel pour avancer dans la vie. Le pouvoir de la surprise,
05:00même mauvaise. Merci Christophe Hague. Merci Jean-Philippe.