Avec Fabrice Epelboin, Enseignant à Sciences po, entrepreneur et Laurent Buanec, directeur, France X/ TWITTER.
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru
Retrouvez Le Numérique pour tous avec Vanessa Pérez tous les dimanches à 14h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://
ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles :
https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————
☀️ Et pour plus de vidéos du Numérique pour tous :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDR4AnvSdAZjJkIhzXsyJ9fd
##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2025-02-02##
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru
Retrouvez Le Numérique pour tous avec Vanessa Pérez tous les dimanches à 14h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://
ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles :
https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————
☀️ Et pour plus de vidéos du Numérique pour tous :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDR4AnvSdAZjJkIhzXsyJ9fd
##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2025-02-02##
Catégorie
🤖
TechnologieTranscription
00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au numérique,
00:07à l'innovation et à la tech responsable.
00:10Vous l'avez sûrement entendu parler, le réseau X, anciennement Twitter,
00:13est en train de faire vibrer le monde des médias et de la politique
00:16à cause de ses nouvelles règles de modération.
00:19C'est pourquoi aujourd'hui nous allons tout vous expliquer sur ces nouvelles règles,
00:22pourquoi elles génèrent tant d'émoi au sein de la classe politique et médiatique
00:25et enfin quel est l'impact de la génération d'informations
00:29sur le métier de journaliste, avec au programme aujourd'hui un invité de marque
00:32puisque nous aurons le plaisir d'accueillir le directeur France de Twitter, X,
00:37en exclusivité sur le plateau du numérique pour tous.
00:40Le numérique pour tous spécial Twitter X, c'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:44Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:48Et aujourd'hui dans le numérique pour tous spécial Twitter X,
00:51nous avons le plaisir de recevoir Laurent Boinec.
00:54Laurent, bonjour, vous êtes directeur France du réseau Twitter X.
00:58Merci de nous faire l'honneur d'être parmi nous en plateau.
01:01Également avec nous, le décodeur des réseaux sociaux,
01:04j'ai nommé Fabrice et Paul Boinec, et néanmoins entrepreneur et enseignant à Sciences Po.
01:09Messieurs, bonjour. Alors tout d'abord je vais m'adresser à Laurent.
01:12On va partager avec vous quelques éléments de contexte
01:14en quoi consiste cette révolution en termes de vérification de l'information sur votre réseau, Laurent.
01:20Alors déjà merci pour l'invitation Vanessa.
01:22Alors il faut d'abord comprendre ce qu'était Twitter et ce qu'est aujourd'hui X.
01:27C'est probablement la source la plus rapide en termes d'information.
01:32Et du coup ça a aussi les qualités de ses défauts ou en tout cas les défauts de ses qualités.
01:36C'est-à-dire que l'information circule très vite.
01:38Potentiellement la désinformation peut aussi circuler très vite.
01:42Mais la magie en fait de la plateforme c'est qu'elle est publique
01:45et que du coup historiquement il y avait moyen de débattre,
01:49d'apporter des éléments de contradiction dans les commentaires.
01:51La nouveauté c'est que grâce à l'outil Community Notes ou les notes de communauté,
01:57il y a moyen de faire remonter ce contexte à l'intérieur des publications.
02:01Alors expliquez-nous très concrètement ces notes de communauté.
02:04Qui va les alimenter et comment fonctionnent-elles ?
02:07Alors tout le monde peut rentrer dans le programme de Community Notes.
02:11Tout le monde a quelques exceptions près.
02:12C'est-à-dire qu'en fait il faut être éligible.
02:13Il y a tout un tas de critères qui sont publics au moment où vous voulez rentrer dans le programme.
02:17Donc pour vous en citer quelques-unes,
02:19il faut ne pas avoir contrevenu à nos règles.
02:24Il faut avoir un compte depuis plus de six mois, etc.
02:26Il faut avoir également un numéro de téléphone depuis un opérateur qui soit reconnu.
02:30Donc il y a beaucoup de garde-fous on va dire à l'entrée.
02:33Ensuite dans un premier temps vous allez faire partie des gens
02:36qui vont être en mesure d'évaluer les notes qui sont proposées.
02:40Vous ne pouvez pas en proposer vous-même.
02:42Et puis au fur et à mesure justement d'un score qui vous est attribué,
02:45vous allez à un moment débloquer la capacité à proposer des notes de contexte
02:49qui pourront être évaluées par les autres.
02:51Alors pour être très concret, j'ai l'intention de diffuser une fake news sur Twitter.
02:56Ce n'est pas le cas mais voilà.
02:58Comment je vais être freinée en fait dans cette intention ?
03:01Alors c'est pas bien Vanessa de...
03:02Je n'allais pas le faire, c'était un exemple générique.
03:05Eh bien du coup très concrètement, il va y avoir des contributeurs du coup
03:10qui vont proposer une note.
03:12Cette note va être visible par les autres membres du programme.
03:15Je peux vous donner des chiffres si vous voulez.
03:17Rapidement oui, pour bien comprendre oui.
03:19Il y a 850 000 contributeurs dans le monde, dans 197 pays.
03:22Et en France, on est 55 000 contributeurs ces 6 derniers mois.
03:26On est dans le top 5 monde et on est le premier pays en Europe
03:29en termes de contributeurs sur Community Notes.
03:31D'accord.
03:32Voilà.
03:33Et les Community Notes ont été vus 20 milliards de fois entre janvier et août 2024.
03:37Vous en êtes fière, c'est bien, ça fonctionne très bien.
03:39C'est un outil brillantissime effectivement.
03:41Donc la personne qui souhaite envoyer cette fausse information sur les réseaux sociaux,
03:44comment elle est bloquée par ces Community Notes ?
03:47En fait du coup, il y a une note qui va être proposée, qui va être évaluée.
03:52Au moment où il va y avoir un consensus entre des gens qui d'habitude ne sont pas d'accord,
03:56notre système va repérer ça et va mettre en ligne la note.
04:00Et à partir du moment où une note de communauté est inclue à l'intérieur d'une publication,
04:05on constate, et pas que nous, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'études qui ont été menées sur le sujet,
04:09une diminution très très très très forte de cette viralité.
04:12Non seulement parce que la plupart des gens suppriment leur poste,
04:15ou alors il n'est plus republié, il n'est plus reposté.
04:17Vous pourriez nous donner un exemple concret, par exemple,
04:20d'information qui a été bloquée justement par ces notes de communauté ?
04:23Absolument. Je peux vous donner un exemple assez récent.
04:26En fait c'était avec une information qui était fausse concernant Kamala Harris.
04:30Il y a une publication qui a été faite sur la plateforme avec un screenshot d'un article,
04:35soit disant d'un journal. Il se trouve que c'était faux.
04:39Ça concernait quand même un fait grave qui était soit disant un délit de fuite.
04:42Elle aurait écrasé quelqu'un, il y aurait eu un délit de fuite.
04:44En une heure, en fait, un contributeur a vu, a apporté des éléments de contexte là-dessus.
04:49En l'espace de quelques dizaines de minutes, ça a été validé par la communauté.
04:54Cette note a été rattachée à 135 hauts de poste qui repartageaient cette capture d'écran.
05:00Et très rapidement, la note a été vue plus d'un million de fois.
05:03La viralité est retombée directement à zéro.
05:06Et il a fallu, pour du fact-checking qu'on va dire plus classique,
05:10dans un premier temps cinq heures pour les premiers.
05:12Et chez d'autres médias plus traditionnels, il a fallu attendre deux et trois jours
05:16pour démonter cette information.
05:18D'accord, donc vous ralentissez le temps de viralisation d'une fausse information avec ce système.
05:22Exactement.
05:23Très clair. J'ai envie de vous dire, parce que tout le monde fait beaucoup de bruit quand même en France,
05:27on va quelque part vers une information de plus en plus pure.
05:30C'est une idée assez brillante de mettre en place ces Community Notes.
05:33Exactement. Pur, le mot est intéressant parce qu'en fait tout le système de Community Notes
05:39est en open source, à la fois sur l'algorithme et à la fois sur la data et les règles, évidemment.
05:44Donc on est vraiment dans une démarche de transparence algorithmique
05:48qui fait que ça permet de démontrer qu'il n'y a pas de biais
05:50et ça permet aussi à chacun de donner des retours constructifs pour encore améliorer le produit.
05:56C'est un produit sur lequel on investit énormément,
05:58qu'on continue à développer et améliorer.
06:00On n'est pas encore arrivé, mais il produit déjà des effets qui sont très efficaces.
06:04Il faut bien avoir conscience que sur notre plateforme, et là on parle évidemment de nous,
06:08mais c'est un sujet qui concerne absolument tout le monde et toutes les différentes plateformes.
06:13Rien que sur la note, il y a à peu près 550 millions de publications chaque jour.
06:17Donc du coup, il faut être capable de pouvoir freiner justement dans un instant T
06:22une propagation d'une fausse information.
06:24Et ça, quoi qu'on en dise, ça nécessite aussi des moyens technologiques.
06:27Et on a réussi avec les notes de Communauté à le faire.
06:30Alors Laurent, comme tous médias, vous avez des annonceurs.
06:33Qu'en pensent-ils justement ? Parce qu'on sait que beaucoup de médias s'étaient retirés
06:36de plateformes ou de réseaux sociaux qui n'étaient pas forcément congruents avec leurs valeurs.
06:40Là, c'est quelque chose qu'ils apprécient ? Ils ont un avis sur ce nouveau système ?
06:45Oui, parce que dans les échanges qu'on a vraiment de façon quotidienne
06:48avec beaucoup d'annonceurs, des plus grands aux plus modestes,
06:51c'est souvent un sujet qui est important pour eux.
06:54Donc le fait qu'on soit engagé là-dessus, quand on prend le temps de s'expliquer
06:57et de montrer des éléments très concrets, ils y sont sensibles.
07:00Il faut savoir aussi que, et c'est aussi un peu la beauté du système,
07:05c'est que personne n'est exempt de prendre une note de Communauté.
07:08Donc ça veut dire que ce soit à la fois des politiques, des médias, notre propriétaire,
07:14moi, vous, tout le monde peut prendre, y compris les marques, parfois une note de Communauté.
07:19Mais aussi, ce qui est intéressant, c'est que, et ça on l'a vu plusieurs fois,
07:23les notes de Communauté sont venues à la rescousse, en fait,
07:26de diffamations ou de fausses informations qui pouvaient être faites contre les marques.
07:32Un exemple, on peut citer peut-être des marques qui se servent justement de notes ?
07:36Parfois, ça ne peut pas être anecdotique, mais j'ai en tête cet exemple
07:39d'une vidéo qui circule sur quelqu'un qui met de la Red Bull sur son pare-brise
07:45et le pare-brise explose, soit disant que le produit serait néfaste.
07:49Et en fait, il est démontré dans la Community Note que, par des signaux qu'on voit sur la vidéo,
07:53c'est juste un choc thermique qui est utilisé et du coup, la marque n'y est absolument pour rien.
07:59Laurent, pour conclure, pour les utilisateurs de votre réseau,
08:02il y a un nouveau petit bouton qui s'appelle Grok.
08:04Et Grok vous permet d'utiliser l'intelligence artificielle pour générer une image,
08:08vous lui dictez ce que vous voulez ou pour générer des questions supplémentaires.
08:12Quel bénéfice vous allez tirer de cette petite touche magique sur le réseau ?
08:16Alors effectivement, Grok, c'est le nom qu'on donne, on va dire, à notre IA.
08:21Et en fait, ce qui est intéressant, c'est qu'elle ne vit pas séparément,
08:25elle est déjà intégrée dans l'expérience qu'on propose sur X.
08:30Et elle permet notamment de donner du contexte ou de l'explication sur plusieurs choses.
08:36Il peut y avoir des sujets qui sont très complexes, que ce soit en politique, en science ou autre.
08:40Et Grok, du coup, va donner des éléments de compréhension,
08:43parfois vulgarisés, parfois pas d'ailleurs.
08:45On peut le paramétrer différemment.
08:47Ça, c'est une première chose.
08:48Ensuite, il y a beaucoup de phénomènes culturels.
08:50Moi, ça m'arrive d'être détaché.
08:51J'avoue qu'au départ, quand j'ai vu certains termes, je ne savais pas de quoi il s'agissait.
08:55Ça remontait en tendance chez nous.
08:57Il s'agissait de K-pop, par exemple.
08:59Ah oui, la K-pop.
09:00La K-pop ou la pop coréenne.
09:02Ou alors, parfois, il y a de la novlangue, donc des nouveaux usages, des mèmes Internet.
09:07Et parfois, moi, ça m'arrive, je suis largué ou autre,
09:09je peux demander à Grok de m'expliquer.
09:10Et à chaque fois, il va m'expliquer de quoi il s'agit.
09:12Merci beaucoup, Laurent Boinec, de nous avoir accordé cette interview.
09:16Restez avec nous, je propose de marquer une courte pause
09:18avant de retrouver Fabrice Epelboin,
09:20qui nous expliquera notamment pourquoi la sphère politico-médiatique
09:23est en train de paniquer face à cette évolution des réseaux sociaux.
09:27Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants.
09:29Et c'est sur Sud Radio.
09:34Et pour continuer cette émission spéciale Twitter,
09:36on va se tourner vers vous, Fabrice Epelboin.
09:39Alors, Fabrice, pourquoi, pourquoi, je vous le demande,
09:43ce changement, cette évolution chez Twitter
09:45fait trembler la sphère politico-médiatique ?
09:48Pendant deux ans, parce que ça date maintenant, les community notes,
09:51ça n'a pas vraiment chagriné ni les politiques, ni les médias.
09:55Mais à partir du moment où c'est adopté par l'ensemble des réseaux sociaux américains,
09:59c'est-à-dire l'essentiel des réseaux sociaux à l'exception de Twitter,
10:02ça commence à tailler des croupières sur un monopole de la vérité
10:06qui jusqu'ici était délégué en grande partie aux fact-checkers.
10:09Et les fact-checkers qui étaient grassement payés par les réseaux sociaux,
10:14notamment Meta, aujourd'hui vont se retrouver avec une grosse ressource financière au moins,
10:18mais surtout une perte totale de monopole sur la capacité à dire ce qui est vrai et ce qui est faux.
10:22Donc ça, ça les dérange énormément.
10:24On entend justement beaucoup de bruit de la part des journalistes et des politiques.
10:27Ça veut dire qu'ils ont des choses à se reprocher, Fabrice ?
10:30C'est-à-dire que le monde était plus simple
10:32à l'époque où on était dans un système politico-médiatique,
10:35et où il n'y avait pas les réseaux sociaux,
10:37et où concrètement il suffisait d'imposer une certaine pression sur les médias
10:42pour obtenir une certaine orientation des contenus.
10:45Ça, c'est le monde du XXe siècle, il a disparu depuis belle lurette,
10:48mais jusqu'ici on avait assuré une forme de transition
10:52avec des censeurs, appelons ça ainsi,
10:56qui de façon discrétionnaire arbitraient les élégances sur les réseaux sociaux
11:01et décidaient que tel sujet ne devait pas buzzer,
11:03et que tel autre était susceptible d'être mis en avant.
11:06Et si on en croit et Elon Musk, et surtout Mark Zuckerberg plus récemment,
11:11et tout un tas d'autres pontes de la Silicon Valley
11:14qui ont fini par admettre tout ça par la suite,
11:17très clairement il y avait un biais politique considérable
11:20dans cette façon d'arbitrer les élégances.
11:22Fabrice, donc si on a bien compris le système des community notes
11:25décrit par Laurent Boinec dans la première partie d'émission,
11:28ça veut dire que certaines informations vont être débugées,
11:32je pense par exemple au pangolin qui a généré ce Covid dans les dernières années.
11:37Le pangolin c'est un bon exemple.
11:39Le pangolin, ça a été imposé comme la vérité révélée par les fact-checkers
11:43pendant près d'un an, avant que le doute s'installe.
11:46Mais dans la communauté scientifique, il y a toujours eu un doute.
11:49Et si ça avait fait l'objet d'une community notes à l'époque,
11:52il y aurait eu très certainement un accord
11:55entre des gens qui habituellement ne sont pas d'accord
11:57pour dire qu'effectivement le pangolin c'est une hypothèse,
12:00mais c'est pas la seule, et que l'hypothèse de la fuite du laboratoire de Boine
12:03est tout aussi crédible et tout aussi intéressante à creuser,
12:06et qu'il n'y a absolument aucune raison de taxer de complotistes
12:10tous ceux qui osent évoquer cette hypothèse.
12:12C'est pas comme ça que ça s'est passé, justement parce qu'à l'époque,
12:15le fact-checking était en charge d'arbitrer les élégances
12:19et avait décidé, je ne sais pas sur quelle modalité,
12:22que le pangolin serait la seule et unique vérité
12:25et que toute personne mettant en question la théorie du pangolin
12:28était nécessairement un complotiste qui devait être excommunié de la société.
12:32J'ai envie de vous demander en quoi ce fameux fact-checking,
12:35c'est-à-dire la vérification de l'information, risque de tuer le métier de journaliste ?
12:38Parce que, pour la même raison en fait,
12:41on a eu une grosse confusion ces 10-15 dernières années
12:44entre éditorialistes et journalistes.
12:46On a aujourd'hui une grosse confusion entre fact-checkers et journalistes,
12:49et pour cause, les fact-checkers sont des journalistes,
12:51ils sont liés à des rédactions de grands médias,
12:54ce que la droite américaine appelle les legacy media,
12:57et l'esprit de corps des journalistes fait qu'ils sont protégés en tant que journalistes.
13:02Et donc le problème, c'est que c'est un peu le plus petit dénominateur commun
13:06en termes de confiance qui va gagner,
13:08et la confiance que la population accorde désormais envers des fact-checkers
13:12qui sont désormais considérés comme des censeurs est très très très faible.
13:16Est-ce qu'on va avoir peur quand on est journaliste aujourd'hui ?
13:19Oui.
13:20Entre l'effondrement de la crédibilité des fact-checkers
13:23et l'arrivée d'intelligence artificielle,
13:25typiquement comme celle de Grock,
13:27qui sont connectés à l'actualité et aux notes de communauté,
13:30et donc qui sont capables de remplacer une large partie du journalisme,
13:35oui, il y a de quoi avoir peur.
13:37Fabrice, vous ne pensez pas que ces nouvelles règles de modération
13:40risquent d'encourager néanmoins une idéologie
13:42qui va être issue des plus gros générateurs de contenu,
13:44avec une bataille entre les réseaux sociaux ?
13:47Non.
13:48Je pense que ces notes de la communauté redonnent du pouvoir à...
13:52La population, c'est vite dit.
13:5455 000 rédacteurs de notes de communauté en France,
13:57ce n'est pas la population.
13:59Mais en tout cas, c'est beaucoup plus vaste
14:01et beaucoup plus diversifié d'un point de vue idéologique
14:03que ne l'était un carton de fact-checker
14:05qui était de mémoire 130,
14:07qui était sorti de rédactions qui étaient très uniformes
14:10d'un point de vue idéologique.
14:12Et donc ça va laisser la place à des informations
14:14qui auparavant auraient été étouffées
14:16et qui n'étaient pas étouffées pour rien.
14:18Il y avait une volonté politique derrière.
14:20Donc ça va avoir un impact, c'est évident.
14:22Fabrice, ça ne vous a pas échappé, bien évidemment,
14:24ce mouvement HelloQuittX, qui a été créé par le CNRS,
14:27qui propose aux utilisateurs de X de quitter l'application
14:29pour migrer vers d'autres.
14:31C'est ça la seule force de frappe française
14:33face aux agro-américains ?
14:35Ce n'est même pas une force de frappe,
14:37parce qu'une large partie de la gauche sur Twitter,
14:39c'est LFI.
14:41Que LFI a su développer depuis le front de gauche,
14:44ça ne date pas d'hier,
14:46un dispositif militant très impressionnant,
14:48très efficace, très bien rodé,
14:50très bien pensé.
14:52Et évidemment, ils ne vont pas balancer tout ça
14:54à la poubelle sur un coup de tête.
14:56Donc fondamentalement, qui est parti
14:58dans l'opération HelloQuittX ?
15:00Grosso modo, une micro-partie de la gauche
15:02qui s'apparente plutôt aux écologistes,
15:04qui était l'orientation politique de l'initiateur
15:06de HelloQuittX, et qui aujourd'hui
15:08se démène pour qu'on ne regarde pas trop près
15:10qui est derrière cette opération,
15:12et notamment ce que fait ce fameux laboratoire
15:14du CNRS, qui en dehors d'avoir des activités militantes,
15:16ce qui, à titre personnel,
15:18ne me choque pas plus que ça pour le CNRS,
15:20mais en choque beaucoup,
15:22travaille de façon très poussée
15:24sur le calcul de la toxicité des contenus.
15:26Et ce calcul de toxicité des contenus
15:28remplace
15:30la légalité des contenus.
15:32Et c'est là qu'on a
15:34une espèce d'amalgame entre
15:36malinformation, mésinformation, désinformation,
15:38et que passent à la trappe
15:40énormément d'opinions politiques
15:42qui n'ont strictement rien d'illégal.
15:44Fabrice, on a un ovni
15:46chinois qui est arrivé dans le domaine
15:48de l'IA,
15:50une IA low-cost,
15:52comme certains l'appellent. Est-ce qu'il y a une guerre
15:54idéologique qui est désormais devenue numérique ?
15:56Non, c'est une guerre
15:58plus commerciale et technologique
16:00qu'idéologique. L'IA des
16:02chinois a effectivement des biais idéologiques,
16:04tout comme les IA américaines,
16:06c'est pas les mêmes, mais toutes les IA
16:08ont des biais idéologiques. La plupart du temps,
16:10ça peut se faire sauter avec
16:12un peu de promptes malins, mais de toute
16:14façon, le code est public, donc
16:16libre à chacun, et beaucoup l'ont fait
16:18dans la Silicon Valley, pour juger un peu
16:20du genre des chinois,
16:22d'adapter cette IA pour ses propres
16:24besoins. Typiquement, la France, qui est
16:26plus qu'en retard là-dedans,
16:28pourrait tout à fait récupérer le code des chinois
16:30et relancer ses initiatives
16:32d'IA sur la base du code
16:34des chinois. Est-ce qu'on va le faire ?
16:36Ça reste à voir. Mais c'est plutôt
16:38un nouvel enthousiasme,
16:40parce que ça veut dire que l'IA
16:42consommera désormais beaucoup moins d'énergie,
16:44ce qui est plutôt pas mal.
16:46Ça veut dire que l'IA sera beaucoup plus accessible,
16:48parce que pour l'instant, c'est les investisseurs
16:50qui nous payent notre chèque GPT,
16:52mais le jour où on devra vraiment payer le prix,
16:54ça sera totalement prohibitif. Là, on a
16:56des perspectives pour que ça arrive à un coût
16:58raisonnable, donc c'est plutôt une bonne nouvelle.
17:00Ça tombe très mal pour la communication
17:02de Donald Trump,
17:04et le grand plan...
17:06Le plan d'investissement de 500 milliards.
17:08Mais après tout, maintenant que
17:10les méthodes pour faire de l'apprentissage
17:12d'une IA, c'est là que se situe la révolution
17:14introduite par les chinois,
17:16sont beaucoup plus économiques,
17:18avec 500 milliards, on peut faire beaucoup plus de choses
17:20que ce qu'on imaginait pouvoir faire il y a encore une semaine.
17:22Pour conclure, Fabrice,
17:24dans ce monde où le média et la tech
17:26sont un peu le futur d'un monde qui se dessine,
17:28quelle place vous voyez pour l'Europe face aux Etats-Unis ?
17:30C'est une colonie, l'Europe.
17:32On a eu cette nuit,
17:34cette semaine,
17:36Donald Trump qui, dans ses velléités
17:38d'annexer le Groenland,
17:40a expliqué gentiment au Danemark que
17:42s'ils n'étaient pas d'accord, il leur couperait
17:44Amazon, Google et Microsoft.
17:46Très concrètement, si vous coupez
17:48Amazon, Google et Microsoft au Danemark,
17:50c'est à peu près équivalent
17:52en termes de catastrophe économique que si vous leur
17:54coupez l'électricité. C'est un peu moins grave
17:56que si vous leur coupez l'électricité. Mais d'une façon
17:58ou d'une autre, ils reviendront au Moyen-Âge.
18:00Je pense qu'on est en train de réaliser
18:02que les olibrius dans mon genre,
18:04qui parlaient de souveraineté numérique depuis maintenant
18:065 ans, 6 ans, sur tous les plateaux de télé,
18:08avaient un vrai message.
18:10Et malheureusement, on va réaliser
18:12qu'il est bien trop tard, étant donné la situation
18:14dans laquelle s'est foutue la France,
18:16en vendant tous les actifs français,
18:18à commencer par les données de santé,
18:20aux GAFAM.
18:22Merci beaucoup Fabricé Peulboin, merci beaucoup Laurent Bouanec.
18:24Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui.
18:26Je rappelle que vous pouvez retrouver toutes nos émissions
18:28en podcast sur l'application Sud Radio
18:30et sur vos réseaux sociaux préférés.
18:32Merci d'être chaque jour
18:34de plus en plus nombreux à suivre l'émission
18:36et à interagir avec nous.
18:38Il est temps pour moi de vous souhaiter une excellente fin de week-end
18:40et de vous dire à la semaine prochaine.