Avec Nicolas de Sambucy, agriculteur à Arles
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00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:076h39 sur Sud Radio, la vie en vrai, nous sommes donc à moins d'un mois de l'ouverture du Salon de l'Agriculture.
00:12Ce sera le 22 février prochain, Sud Radio Isra, d'ici là Sud Radio se mobilise chaque semaine à cette heure-là.
00:18Nous recevrons un agriculteur et ce matin un producteur de blé dur, de riz, de colza, de pois chiches, Nicolas De Sambussi, bonjour.
00:26Bonjour Benjamin.
00:28Et merci d'être avec nous, vous êtes agriculteur dans les Bouches-du-Rhône, je disais tout à l'heure, du côté de Darl.
00:32Et comme 75% des agriculteurs, vous faites partie d'une coopérative agricole Nicolas De Sambussi.
00:39Qu'est-ce que ça vous apporte concrètement à vous ?
00:42Écoutez, ça nous permet de conjuguer tous nos efforts pour pouvoir commercialiser ensemble.
00:49On met tous les intérêts en commun pour pouvoir avoir un outil économique performant,
00:56pour pouvoir peser face à la grande distribution quand il faut aller négocier avec elle.
01:00On segmente l'offre pour répondre à la demande de nos clients.
01:06C'est l'ombre qui fait la force, notamment dans ces négociations.
01:10Est-ce que le fait d'être en coopérative agricole, ça aide vraiment pour avoir un prix peut-être un peu au-dessus,
01:17en tout cas pour se faire respecter à ce niveau ?
01:20Le grand malaise en France aujourd'hui, c'est qu'on a le moral en berne,
01:26parce qu'on a un côté politique où on attend beaucoup de choses de nos politiques,
01:30mais aussi on est confronté au marché et nous sommes dans une Europe
01:34qui signe des traités avec le Mercosur, qui signe des traités avec d'autres.
01:38Et l'agriculture est surtout la variable d'ajustement de ces traités.
01:42Donc on a besoin de compétitivité et l'intérêt de ces coopératives,
01:47et comme on met toutes nos forces ensemble, on arrive à avoir des gains de productivité,
01:50parce que le volume fait masse et donc nous aide à négocier dans les meilleures conditions.
01:55Et puis mutualisation également d'un certain nombre de machines,
02:00c'est vrai que c'est aussi un plus quand on voit le prix de certains de ces équipements, j'imagine ?
02:06Tout à fait, depuis 10 ans, le prix des machines a doublé,
02:11parce que l'augmentation de l'électricité, l'inflation, l'augmentation des matières premières
02:16vous savez qu'aujourd'hui un tracteur c'est le double du prix d'il y a 8 ans, c'est une horreur.
02:21Donc c'est pour ça qu'on a des coopératives qui s'appellent des CUMA,
02:24qui permettent de mettre du matériel en commun,
02:26et ça, ça permet des gains de productivité et d'être compétitif.
02:30Bah oui, on le comprend effectivement, c'est impressionnant ce prix qui a explosé.
02:34L'agriculture en crise, bien évidemment, vous en avez parlé déjà Nicolas de Sambussi,
02:39agriculture en crise, la colère qui couvait bien évidemment avant,
02:43mais qui a éclaté il y a plus d'un an au visage des Français.
02:46Le gouvernement à l'époque avait fait un certain nombre de promesses,
02:50est-ce qu'il en a tenu d'ores et déjà quelques-unes ?
02:54Écoutez, c'est en cours, vous n'êtes pas censé savoir qu'on a changé beaucoup de gouvernements ces temps-ci.
03:00La dissolution n'a pas aidé, la censure non plus, oui.
03:03Exactement, ça n'a pas aidé du tout, ça a retardé beaucoup de choses,
03:06on a beaucoup d'attente du terrain, les agriculteurs sont un peu dans l'impasse aujourd'hui,
03:10parce qu'on a un poids réglementaire qui est énorme.
03:15Aujourd'hui, si on peut prendre une image, c'est que mon exploitation,
03:18c'est à peu près un appartement de 100 mètres carrés,
03:20et que les lois européennes, avec les lois françaises et parfois la surtransposition,
03:24c'est que je ne peux utiliser que 60 mètres carrés sur ces 100 mètres carrés.
03:29Ça limite fortement ma croissance.
03:31À quel motif ?
03:32Parce que ce sont des règlements qui limitent ma croissance et mes productions.
03:37J'ai moins de solutions phytosanitaires, je dois utiliser moins d'engrais dans certaines zones,
03:43et ça contraint complètement ma production.
03:47On en parlait dans le journal tout à l'heure, d'ailleurs, Nicolas de Sambussi,
03:51les agents de l'OFB qui se mettent en grève aujourd'hui,
03:54c'est l'Office français de la biodiversité,
03:56ils dénoncent une multiplégation des actions violentes de la part d'agriculteurs contre leurs locaux.
04:02Qu'est-ce que vous en pensez, vous, et que pensez-vous de l'inquiétude
04:06de ces agents de l'Office français de la biodiversité ?
04:10Ça me concerne aussi parce que c'est un des corps de contrôle qui me contrôlent.
04:15La violence ne résout absolument pas les problèmes et je ne cautionnerai jamais la violence.
04:20Par contre, on est la seule profession au monde, je pense,
04:23où on a un satellite tous les 7 jours qui prend une photo de votre exploitation,
04:27qui est gérée par une IA,
04:31donc il photographie notre exploitation pour savoir ce qu'on fait sur notre exploitation
04:35tous les 7 jours.
04:36Qui photographie ?
04:37Donc si on y conforme, l'État.
04:39L'État.
04:40L'État.
04:41Et donc, si on a un problème sur notre exploitation,
04:44où il dirigeant un contrôle par l'OFB ou par l'ASP pour venir voir sur place.
04:50Moi, il y a deux mois, comme j'ai aussi des oliviers en AOP Vallée des Beaux,
04:55pour faire de l'huile d'olive,
04:57j'ai eu un contrôle parce que le satellite ne reconnaissait pas l'herbe qui était entre les arbres.
05:01Donc on a passé une matinée avec un contrôleur
05:03pour faire le tour de toutes mes parcelles,
05:05pour voir s'il y avait de l'herbe entre mes arbres.
05:07Donc c'est unique.
05:09Complètement unique.
05:10Je comprends votre colère en tout cas, Nicolas De Sambussi.
05:12Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
05:14C'était important aussi de vous entendre.
05:16Je pense qu'on n'a pas tous conscience de ce que vous vivez également au quotidien.
05:19Merci d'avoir été avec nous.
05:20Je vous souhaite une belle journée, Nicolas De Sambussi.
05:22Merci à vous.