Avec Guillaumes Couderc, journaliste
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NewsTranscription
00:00Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles, beaucoup d'enquêtes aujourd'hui au programme.
00:12Dans la deuxième partie de l'émission, nous parlerons McDo et Buffalo Grill à l'occasion d'un capital spécial alimentation.
00:20C'est assez étonnant, c'est comment se nourrir pour 10 euros.
00:24C'est-à-dire qu'ils sont partis sur cette base-là et ils racontent différentes choses dans trois sujets différents,
00:31d'endroits où on peut manger à 10 euros, mais est-ce que la qualité est là ?
00:34Ce sera tout à l'heure à 10h30.
00:36Guillaume Couder, bonjour, vous êtes journaliste, c'est un document coup de poing,
00:40c'est un document choc à regarder d'un complément d'enquête demain soir sur France 2.
00:45Arnaques à la chaîne, des esclaves du clic, on n'imagine pas parfois ce qui peut se cacher derrière un simple profil.
00:53Salut, comment ça va ? On en a déjà parlé ici, vous êtes allé vous enquêter sur certaines arnaques.
01:03On a beaucoup parlé des arnaques à l'amour, là vous vous êtes intéressé aux arnaques à l'argent,
01:08aux crypto-monnaies en particulier et ça nous emmène très loin en Asie.
01:11C'est ça, c'est-à-dire qu'en fait on est parti, comme vous l'expliquiez, de ces petits textos
01:16qu'on reçoit tous assez régulièrement sur nos téléphones portables.
01:20Ou sur Instagram, j'aime ton profil.
01:23Exactement, sur les réseaux sociaux aussi énormément et en fait on est parti de ça
01:29et en tirant ce fil on s'est rendu compte qu'il y avait toute une industrie en réalité de l'arnaque
01:35qui opérait depuis l'Asie du Sud-Est, donc essentiellement depuis une zone à la frontière
01:41entre la Birmanie et la Thaïlande mais ils sont aussi très actifs dans deux autres pays
01:45que sont le Laos et le Cambodge.
01:48Et ce sont des camps d'esclaves qui toute la journée ont différents clients suivant les fuseaux horaires.
01:56C'est ça, alors en fait il y a toute une gamme de situations,
01:59c'est-à-dire que ce qu'on a pu constater c'est que vous avez à la fois,
02:02en fait déjà c'est organisé comme des entreprises, c'est-à-dire que souvent
02:06quand on pense aux arnaques sur internet, on imagine le brouetteur traditionnel,
02:11donc c'est quelques personnes dans un cybercafé, voilà c'est ça, ou quelqu'un chez lui tout seul.
02:18Là c'est pas du tout comme ça, en fait c'est des dizaines, des centaines, des milliers de personnes
02:23qui travaillent jour et nuit pour arnaquer.
02:25Nuit en état d'esclavage, c'est ce qu'on découvre dans votre enquête, incroyable.
02:28Et en fait une partie, alors il faut faire attention, c'est que tous ne sont pas en esclavage,
02:32c'est-à-dire qu'il y a une partie d'entre eux qui travaillent volontairement dans ces usines de l'arnaque
02:38mais il y a aussi toute une partie, et c'est potentiellement des dizaines de milliers de personnes
02:42qui elles sont trompées en fait par des fausses offres d'emploi,
02:46qui ensuite sont kidnappées finalement, mises dans ces camps fermés où sont installées ces usines de l'arnaque
02:54et qui sont également soumises à des violences très fortes, torturées quand elles refusent de travailler
02:59ou même que les résultats ne sont pas satisfaisants pour les chefs de ces usines de l'arnaque.
03:06On va y revenir dans un instant, mais tout de suite c'est le zapping, que s'est-il passé hier à la télévision ?
03:16Alors Valérie, j'ai plutôt choisi des sujets un peu technologie
03:19parce qu'on va parler un peu de l'IA et de la technologie avec le reportage de Guillaume
03:25mais demain je vous mettrai plus de sujets de ce qui s'est passé hier
03:28parce qu'il y a eu pas mal de choses, il y a eu Cyril Hanouna qui a parlé de Karine Lemarchand
03:32mais il y a également ce matin Éric Ciotti qui a demandé et qui va déposer une motion pour supprimer l'ARCOM
03:41c'est l'annonce qu'il a faite ce matin, donc j'ai pas les extraits mais demain matin on reviendra sur l'actualité.
03:48Là je l'ai fait un peu en fonction de notre invité, je voulais préciser
03:51parce qu'évidemment il y a eu beaucoup de sons hier qui ne sont pas dans ce zapping.
03:55Alors on pense avoir vu et entendu beaucoup de choses avec le procès Pélico, l'impensable et des actes les plus abjects
04:02et bien avec l'affaire Skournek on monte aussi d'un cran avec 299 victimes répertoriées par lui-même
04:11et dont certains découvrent qu'ils ont été violés enfants puisqu'ils voient leur nom sur son carnet.
04:17Avant-hier le procès s'est ouvert et les victimes témoignent.
04:21C'était en 91, je me faisais opérer de l'appendicite, j'avais 9 ans.
04:24J'ai un souvenir qui est revenu au moment d'une séance d'hypnose d'un viol de Joël de Skournek en salle de réveil.
04:32J'ai besoin de réponses et j'ai besoin d'être reconnue en tant que victime par la justice.
04:36C'est quand même important, c'est quand même quelque chose de grave étant maman d'une petite fille de 2 ans et demi.
04:41J'aurais fait tout mon possible pour que tout le monde le sache et que ce soit reconnu et jugé.
04:48Son ex-épouse savait si elle avait parlé, il n'y aurait pas autant de victimes.
04:53Les aveux de Marie-France de Skournek permettraient d'accepter de ne pas avoir parlé.
04:59Maintenant, je me dis que c'était certainement la seule personne qui aurait pu nous aider à libérer notre parole.
05:05C'est une affaire incroyable et un procès assez fort.
05:10Avec votre reportage, Guillaume, on voit comment l'IA va totalement changer ce monde,
05:15comment on peut changer un visage, un son, une voix, y compris dans l'empire du crime.
05:21Aujourd'hui, on ne sait plus différencier le vrai du faux.
05:23Et hier, il y a eu un reportage dans le 20h de France 2 suite à une enquête qu'a faite la SACEM.
05:30De plus en plus de musiciens, sans le dire, utilisent l'IA et de plus en plus d'auteurs utilisent l'IA, mais ne le disent pas.
05:39Et résultat, on commence à avoir des chansons faites par l'IA sans le savoir.
05:44Reportage dans le 20h de Anne-Sophie Lapix, hier.
05:47Anne-Sophie Lapix tous les soirs, sur l'écran avec son regard noir.
05:53C'est déjà pas mal, mais j'aimerais l'entendre dans une tonalité un peu plus rap.
05:57Je vais tout simplement lui demander.
05:5820h sur France 2, elle brille sans défaut, blonde et charismatique, classe dans les mots.
06:02Face à la caméra, elle domine le lot.
06:05Lapix, Lapix, la reine des news.
06:08Un tube ? Peut-être pas.
06:10Mais à coup sûr, une révolution dans le monde de la musique.
06:12L'intelligence artificielle s'y banalise.
06:15Chez les professionnels, un auteur de musique sur trois à vous l'avoir déjà utilisé.
06:20Un sur deux chez les moins de 35 ans.
06:23Une sorte d'assistant de luxe.
06:25Et donc, je vais lui demander de générer tout simplement une basse.
06:27Et une nouvelle source d'inspiration.
06:29On va vers peut-être des sonorités qu'on n'aurait pas eues au départ.
06:34Voilà, c'était une des auteurs de chansons.
06:38L'IA est la clé de ces arnaques dans votre reportage.
06:42Alors, c'est l'une des clés.
06:43C'est-à-dire que...
06:45Créer de faux profils, de fausses profils.
06:47Alors, les faux profils ne sont pas nécessairement créés avec de l'IA.
06:50Mais c'est l'image.
06:51C'est-à-dire que souvent, quand on a une discussion avec quelqu'un,
06:54il dit, je peux t'appeler, on peut discuter.
06:56C'est ça, exactement.
06:57C'est-à-dire qu'en fait, dans ce type d'arnaque,
07:00généralement, les premiers échanges se font par écrit.
07:02Donc, c'est beaucoup, beaucoup de tchats, en fait, sur les réseaux sociaux.
07:06Mais en fait, arrive un moment où souvent,
07:08soit les gens ont des doutes, soit comme ils ont sympathisé,
07:11ils veulent discuter au téléphone et faire des appels vidéo, en fait.
07:16Et donc, en fait, au moment où ils font des appels vidéo
07:19pour que la personne qui leur réponde soit semblable aux photos
07:24qu'ils ont vues sur les faux profils,
07:27à ce moment-là, ces criminels, en fait, utilisent l'intelligence artificielle
07:31pour mettre le visage des faux profils
07:33sur le visage de la personne qui va parler à la victime.
07:35Et là, on en reparlera après,
07:37ce n'est pas la même personne avec qui vous avez parlé.
07:40Il y a des gens qui ne font que répondre aux appels téléphoniques
07:43et c'est tout le temps la même, mais avec un visage différent.
07:46C'est ça, exactement.
07:47Oui, tout à fait.
07:48Alors, Valérie, restons dans la technologie.
07:50Alors ça, vous allez adorer la NBA.
07:52Vous savez, la National Basket.
07:54Voilà, je me suis lancé l'EA, je ne sais plus ce que ça veut dire.
07:59Américaine, National Basket américaine a lancé le sport du futur.
08:03Alors, vous imaginez, vous êtes chez vous, vous avez votre table basse.
08:06Il y a un match de la NBA en direct.
08:08Et vous le voyez au-dessus de votre table basse en réalité virtuelle.
08:14Et c'est sur votre table basse.
08:15Explication sur BFM Business.
08:17La NBA vient de lancer ces derniers jours une application qui s'appelle Tabletop.
08:22Cette application est incroyable.
08:23Elle a fait pas mal parler sur les réseaux sociaux.
08:25Elle permet, en fait, de voir le match se dérouler non plus sur un écran,
08:29mais directement sur la table basse de son salon.
08:32En gros, vous avez les joueurs qui apparaissent sous forme de mini hologramme,
08:35de mini modélisation 3D qui courent, qui dribblent, qui marquent des points.
08:40Et vous, vous avez une vue en surplomb à la verticale.
08:42J'allais dire quasiment comme si vous étiez un dieu au-dessus du terrain
08:46avec une vue à 360 degrés.
08:48Peut-être ça, le futur du sport à la maison.
08:52Ça vous donne envie, ça ? C'est top.
08:53Oui, je ne suis pas très basket.
08:56On vous mettra d'autres images.
08:58Ça vous inspire quoi ?
09:00Je ne suis pas très basket et pas très sport en général.
09:04Je suis désolé, ça ne m'inspire pas grand-chose.
09:06C'était le bon son, j'aurais dû mettre Cyril Hanouna.
09:08Aujourd'hui, l'homme et la femme sont de plus en plus isolés.
09:12Donc, on en reparlera avec vos docs sur le manque d'amour.
09:15Il se passe alors un phénomène avec une appli.
09:17Est-ce que vous connaissez l'appli Strava ?
09:19On ne s'en m'étonne pas parce que c'est une appli pour les runners,
09:21ceux qui courent et qui font du sport.
09:23Et donc, au début, c'était une appli pour comparer vos performances et les distances.
09:28Et maintenant, comme vous pouvez tchater, on ne parle plus vraiment chrono.
09:32Pour rencontrer leur answer, de plus en plus de sportifs
09:35délaissent les traditionnelles applications de rencontre.
09:37Ils utilisent Strava.
09:39Commentaires ou encore messages privés,
09:41ce réseau social permet d'enregistrer ses performances
09:43et de les partager à sa communauté.
09:45Je documente mes sorties avec de belles photos.
09:47Voilà, de beaux couchers de soleil, ça c'est pour plaire aux filles en quête de romantisme et d'aventure.
09:51De quoi favoriser les rendez-vous amoureux.
09:53Oui, j'ai déjà daté des runners.
09:55Je ne l'ai jamais fait.
09:56Dater, oui, mais trouver l'amour, pas encore.
09:58C'est peut-être une porte d'entrée, du coup, vers plus.
10:01C'est peut-être plus simple si on n'a pas envie de montrer et d'assumer
10:05qu'on est là pour de la drague et pour rencontrer quelqu'un.
10:07C'est un point commun et quel point commun de base.
10:10Donc, on aime le sport et le même sport.
10:13On aime déjà courir, pareil.
10:15Donc, ça rapproche forcément.
10:17Ça permet de s'ouvrir plus facilement.
10:19Autant vous dire que ce n'est pas une appli pour amoureux.
10:21Non.
10:22Vous n'êtes pas runneuse non plus.
10:24Non plus.
10:25Bon, alors, on avait connu le phénomène de Running Out That Hill.
10:27Vous savez, la chanson de Kate Bush dans Stranger Things,
10:30qui avait connu une nouvelle carrière.
10:32C'était une ancienne chanson de Kate Bush et remise au goût du jour
10:35grâce à Stranger Things.
10:37C'est exactement ce qui arrive à notre Nana Mouskouri.
10:41Incroyable, avec sa version allemande de Quand je chante.
10:44Vous savez, quand je chante.
10:45C'est presque la même voix.
10:47Et donc, maintenant, cette chanson qui date des années 70
10:51est popularisée auprès des jeunes avec une série qui s'appelle Cassandra.
10:56Je vous ai mis la version dans la série de la chanson
10:59parce qu'on avait évidemment la version allemande de Nana Mouskouri.
11:02Mais c'est drôle de voir comment ils l'ont un peu modernisée
11:04et le son qu'ils en ont fait.
11:19Alors ça, c'est la version originale du disque.
11:23Vous savez, j'ai un réalisateur qui en fait qu'à sa tête.
11:26Et donc, il n'a pas mis ce que je lui ai mis.
11:29Et donc, ça c'est la version quoi ?
11:31Ça c'est la version du disque et ce n'est pas la version de la série.
11:33Et on n'a pas la version de la série ?
11:35Ah bah non !
11:36Bah pourquoi ?
11:37Bah j'en ai un !
11:38Bah John !
11:39Bon, allez, on va faire appel à Lya, maintenant ça travaillera mieux.
11:42On se retrouve dans un instant avec Guillaume Couder
11:45pour parler de cette enquête que vous ne devez pas manquer.
11:49Allez la regarder si c'est un peu tard.
11:50Complément d'enquête, 23h10, demain soir.
11:53Allez la voir sur le replay de France.TV.
11:57Je vous assure, moi j'ai commencé.
11:59Il arrive parfois, petite confidence, qu'on regarde des docs et qu'on accélère.
12:02J'ai été scotché.
12:04Je suis resté du début à la fin.
12:06Ça dure quoi ? 52 minutes ?
12:08Oui, c'est ça.
12:09C'est absolument vertigineux et je pense que ça parle à tout le monde
12:13parce que l'entrée, c'est la solitude assez souvent.
12:17C'est des gens qui savent comment vous appâter
12:20et vous faire perdre beaucoup d'argent.
12:22A tout de suite.
12:33L'invité du jour, c'est Guillaume Couder.
12:35Vous êtes journaliste.
12:36Vous avez réalisé une enquête vertigineuse.
12:38Je pense que c'est le mot pour complément d'enquête.
12:40Ce sera diffusé demain soir à 23h10.
12:43Arnaques à la chaîne.
12:45Les esclaves du clic derrière ces simples messages
12:48« J'aime bien ton profil »
12:50se cache une véritable industrie.
12:52Une industrie qui peut vous faire perdre beaucoup d'argent.
12:56Ça commence avec ce témoignage d'un homme qui s'est fait avoir.
13:01Oui, tout à fait.
13:02Il s'agit de Norbert qui a perdu en gros 200 000 euros dans cette arnaque.
13:09Ce qu'il faut bien préciser, c'est que c'est dans le cas de Norbert
13:12et c'est souvent le cas.
13:13Ce sont des arnaques au long cours.
13:15C'est-à-dire que ça a duré de peut-être un an et demi.
13:19Les criminels ont vraiment travaillé pour le mettre en confiance.
13:26Il a été appâté sur les réseaux sociaux.
13:29Ça commence par une discussion amicale.
13:32Tout à fait anodine.
13:33Vous le dites dans votre reportage, on cible souvent des personnes,
13:36des hommes de plus de 50 ans dont on imagine qu'ils peuvent être seuls.
13:40Il y a des femmes aussi.
13:41En fait, il y a vraiment un peu tous les profils.
13:44Après, c'est vrai qu'ils ont tendance à viser les personnes un peu plus âgées,
13:48sachant qu'ils regardent quand même les gens qui publient des choses sur les réseaux
13:53et qui leur paraissent avoir un niveau de vie suffisamment élevé
13:55pour avoir des ressources financières.
13:57En plus, les personnes un peu plus âgées considèrent, parfois à tort,
14:01qu'elles sont un peu moins agiles sur les réseaux, sur Internet,
14:05qu'elles sont moins vigilantes et moins au courant de tout ce type d'arnaques.
14:09Alors, il faut préciser que Norbert n'est pas un gogo parce qu'on peut imaginer,
14:13comme on l'a dit dans notre soirée, moi je me ferais jamais avoir.
14:16Oh là là, s'il a 200 000 euros à mettre là-dedans.
14:19En fait, c'est un investissement.
14:21C'est-à-dire qu'on n'est pas dans les histoires amoureuses
14:23où je te donne de l'argent parce que je suis sur un brancard.
14:27Là, on lui dit tu vas gagner beaucoup d'argent.
14:29Et on lui en fait gagner.
14:30Exactement.
14:31Au début.
14:32Tout à fait.
14:33C'est comme le bonto.
14:35Norbert, vraiment, déjà, c'est quelqu'un d'entouré.
14:39C'est quelqu'un qui a une famille autour de lui.
14:41C'est quelqu'un qui est très structuré, qui sait ce qu'il fait.
14:44Et en fait, au départ, ce n'est pas de l'argent qu'il donne à quelqu'un.
14:47On l'oriente en fait vers une plateforme d'investissement frauduleuse
14:52où tout se déroule en crypto-monnaie.
14:54Et en fait, ça se fait vraiment pas à pas, tranquillement.
14:57C'est-à-dire qu'il y a une relation de confiance qui est établie.
15:02Ensuite, on parle d'argent.
15:03Ensuite, on commence à faire des investissements.
15:05Ensuite, les criminels permettent à Norbert de récupérer une petite mise
15:09parce qu'en fait, il voulait tester s'il pouvait effectivement récupérer une partie de l'argent.
15:13Et en fait, c'est à partir de là où il est en confiance
15:15et où il se dit que l'investissement va être fructueux
15:17qu'il met de plus en plus.
15:19Et tout ça se déroule vraiment sur des mois et des mois.
15:21Et à la fin, il ne va plus pouvoir retirer, évidemment, quand il a mis une grosse somme.
15:24C'est ça.
15:25L'arnaque retombe.
15:27Mais ce qu'on disait, c'est qu'on a un peu le fantasme
15:30de ce que disait Gilles en début, du type derrière son ordinateur en Afrique,
15:34de ces brouteurs.
15:35Sauf que ce que vous avez découvert, c'est une véritable industrie
15:39avec des immeubles, avec des bâtiments, avec des dizaines de milliers de personnes
15:43qui sont organisées pour...
15:46Donc, ça veut dire que ça marche aussi.
15:48Oui, c'est une industrie criminelle qui rapporte énormément d'argent.
15:5312 milliards d'euros.
15:5512 milliards d'euros, ça, c'est uniquement ce qu'on estime pour le Cambodge.
15:59Le Cambodge, par exemple, qui est un pays où de nombreux centres d'arnaque,
16:02usines de l'arnaque ont été identifiés.
16:04Il y a des experts qui estiment que ces usines, en fait,
16:08génèrent 12 milliards d'euros par an.
16:10Mais à l'échelle globale...
16:12Avec plus de 100 000 travailleurs, d'après l'ONU.
16:14C'est ça.
16:15D'après l'ONU, c'est une estimation autour de 100 000 travailleurs.
16:18Et là, encore une fois, rien que pour le Cambodge.
16:21Par exemple, sur la Birmanie, l'ONU estime qu'il y a au moins 120 000 travailleurs,
16:25dont une bonne partie sont des travailleurs forcés.
16:27Ma question, c'est que fait l'ONU, puisqu'ils sont au courant
16:30que 100 000 personnes sont en train d'arnaquer des gens ?
16:33C'est une très bonne question.
16:35C'est assez complexe.
16:37En fait, la principale problématique, c'est que dans cette région frontalière
16:42entre la Birmanie et la Thaïlande,
16:44les usines de l'arnaque sont côté Birman.
16:47C'est une zone qui est sous contrôle de milices armées.
16:50C'est une zone qui est en pleine guerre civile.
16:52L'ONU a assez peu de leviers d'intervention dans cette zone.
16:57Donc là, il y a un jeu diplomatique,
16:59mais c'est très compliqué d'intervenir directement là-bas.
17:03Ce sur quoi vous assistez et ce qu'on découvre dans ce reportage,
17:07ce sont ces cyber-esclaves.
17:09C'est-à-dire des gens qu'on trompe, vous l'avez dit en début d'émission,
17:12à qui on fait miroiter un bon salaire,
17:14qui se retrouvent embarqués dans une voiture
17:16et emmenés dans un sort de camp où ils sont traités...
17:21Ils sont prisonniers.
17:22Oui, ils sont prisonniers.
17:23Oui, tout à fait.
17:24On peut les qualifier de camps de travail.
17:27Et c'est exactement ce que vous décrivez.
17:29Ce qui est vraiment très troublant et très frappant,
17:31c'est qu'on ne parle pas juste de 4 ou 5 personnes
17:34qui sont ainsi kidnappées, trompées et mises dans ces camps.
17:36C'est vraiment, à une échelle massive,
17:38des dizaines de milliers de personnes au fil des années.
17:41Pour se rendre compte, Valérie Guillaume,
17:43on a la bande-annonce.
17:44C'est complément d'enquête.
17:45C'est demain à 23h10.
17:47C'est le genre de message que vous avez tous déjà reçu.
17:50Bonjour, je peux te parler ?
17:52Mon téléphone est mort, c'est mon nouveau numéro.
17:54En réalité, des anonymes qui cherchent à vous piéger.
17:57J'ai été manipulé.
17:58C'est terrible à vivre.
18:00Mais savez-vous vraiment qui se cache derrière ?
18:02Complément d'enquête a remonté la piste de ces escroqueries en ligne
18:05et a découvert une industrie de l'arnaque.
18:08Ici, il y a 10 000, 20 000 personnes qui travaillent
18:1016 à 18 heures par jour pour arnaquer le monde entier.
18:14A l'autre bout de la planète, des usines aux mains de mafias
18:17et des petites mains forcées à vous escroquer sous peine d'être torturées.
18:21Ils me giflaient, me donnaient des coups de poing.
18:24Et après, on passait à la matraque électrique.
18:26Complément d'enquête, présenté par Tristan Wallex.
18:28C'est jeudi soir, juste après envoyé spécial sur France 2
18:32et sur la plateforme France.tv.
18:34Et la plateforme, allez-y, parce que je crois que le document est déjà disponible.
18:38Non, pas encore.
18:40Je ne pense pas.
18:41Non, c'est après.
18:43Après la diffusion.
18:45Vendredi.
18:47Il faut vraiment le regarder, parce qu'on a tendance à dire,
18:51comme pour l'affaire Brad Pitt, elle est débile,
18:53mais moi, je ne me ferais pas avoir.
18:55Sauf qu'ils sont extrêmement sophistiqués.
18:57On a le témoignage de cette jeune femme qui a été prisonnière
19:00et qui raconte que, parce qu'ils ont chacun leur rôle,
19:02elle, elle est là pour entretenir la conversation,
19:05pour dire, tiens, je rentre du marché,
19:07ou je vais prendre une douche,
19:08pour avoir cette espèce de small talk, comme on dit,
19:10ou qui vous fait croire que c'est une amie.
19:12Et c'est très, très, très organisé et très bien fait.
19:16Il y a des dizaines, des centaines de milliers de victimes.
19:19Si cette chose-là existe, c'est que ça marche, encore une fois.
19:22Oui, bien sûr, et ce que vous dites est très juste.
19:24C'est-à-dire qu'en fait, comme ils sont organisés comme des entreprises,
19:27ce qu'ils font, c'est qu'ils font vraiment une division du travail.
19:31C'est vraiment du taylorisme appliqué à l'arnaque,
19:33où en gros, chacun a sa petite tâche à accomplir,
19:36mais le fait, le répète toute la journée, travaille 16 heures par jour.
19:40Et donc, en fait, c'est ce qui leur permet de toucher le plus de personnes.
19:44Et en fait, plus vous touchez de personnes,
19:45plus potentiellement vous allez avoir des gens qui vont se faire piéger
19:50et plus vous allez gagner de l'argent.
19:51Donc, c'est un gros investissement, entre guillemets, au début, mais ça rapporte.
19:55Un auditeur, Stéphane, nous dit, mais il faut mettre en place des modérateurs.
19:59Pourquoi, même sur Sud Radio, effectivement,
20:01on a régulièrement dans le chat des gens qui viennent en disant,
20:04j'aime bien ce que tu écris, je voudrais te parler.
20:06Et il dit, quand on dit à Orange, faites quelque chose,
20:10ils disent, il faut payer pour être protégé.
20:12Donc, est-ce qu'il y a des protections possibles ?
20:15Parce que vous ne traitez pas vraiment de ce sujet dans le...
20:19Si, à la fin, vous dites que vous avez contacté les plateformes.
20:23Alors, en fait, oui, parce que souvent, ça passe,
20:25quand on parle de messages, en fait, c'est plus que des textos.
20:28En fait, c'est pas des textos, c'est plutôt des messages sur les réseaux sociaux,
20:31notamment Instagram, WhatsApp, Facebook, voilà, effectivement.
20:35Oui, oui, on a demandé aux plateformes.
20:37Il se trouve que les plateformes ont conscience de ce problème.
20:39Elles ont conscience de ce problème, même spécifique,
20:42c'est-à-dire de ces centres d'arnaques en Asie du Sud-Est,
20:45qu'elles font ce qu'elles peuvent, en tout cas, nous ont-elles dit,
20:47pour éliminer le plus de faux profils possibles.
20:49Elles utilisent elles-mêmes de l'IA.
20:51– Un moment, il y a un synthèse, c'est 900 000, pratiquement ?
20:54– Alors, 2 millions, juste sur des faux profils l'année dernière,
20:57c'était, je crois, l'année dernière, oui,
20:59ou en 2023, juste sur des faux profils liés à des centres d'arnaques,
21:04donc en Birmanie, au Cambodge et au Laos,
21:07ils ont supprimé 2 millions de profils,
21:09mais sachant qu'il y a évidemment plein de profils qui passent au travers.
21:11– Il y en a encore plusieurs millions.
21:13– Voilà, c'est ça, en fait, là, il y a tout simplement un problème de masse,
21:15c'est-à-dire que c'est tellement facile de faire des faux profils,
21:18et il y a tellement de personnes qui « travaillent » dans ces usines de l'arnaque
21:22que les plateformes, même si elles essayent de façon proactive
21:25de supprimer les faux profils, en faisant de la modération,
21:28elles-mêmes en utilisant de l'intelligence artificielle,
21:31en fait, il y a un tel effet de masse que c'est très compliqué de tous les supprimer,
21:35et d'ailleurs, quand on va nous-mêmes sur des plateformes assez vite,
21:39on tombe sur des profils, quand on a l'œil un peu averti,
21:42on voit bien que c'est des faux profils assez vite.
21:44– Nous, souvent, avec Valérie, on a des versions,
21:46ce qu'ils appellent des copies de travail,
21:48on a rarement le reportage fini et abouti,
21:51et souvent, on les a sans floutage,
21:54et donc, je vous ai posé une question,
21:56parce qu'il y a deux scènes très violentes dans vos sujets,
21:58dont une personne qui se fait électrifier,
22:01nous, la séquence qui, moi, m'a beaucoup perturbé,
22:05qui est très violente, qui n'était pas floutée,
22:07vous m'avez confirmé que la diffusion, elle ne sera pas floutée,
22:10pourquoi ce choix ?
22:11Moi, c'est la première fois que je vois de la torture diffusée,
22:13sans floutage, j'entends.
22:15– Alors, déjà, juste pour expliquer, on passe vraiment quelques secondes…
22:18– Ah, c'est long, quand même, on le voit hurler…
22:22– Oui, mais c'est pour se rendre compte de ce que ça représente,
22:25et par ailleurs, pourquoi est-ce que…
22:27– Ce n'est pas vous qui avez filmé, c'est…
22:29– Non, en fait, ce qui s'est passé, c'est que c'est les criminels
22:32qui eux-mêmes ont filmé avec le téléphone portable
22:34la victime en train de se faire torturer,
22:37parce qu'ensuite, ils ont envoyé la vidéo à ses parents
22:39pour demander une rançon.
22:40Voilà, ça, c'est pour le contexte.
22:42Pourquoi est-ce qu'on a cette vidéo ?
22:43Et donc, en fait, c'est la victime elle-même qui nous a,
22:45un jeune chinois qui s'appelle Néo,
22:47qui nous a confié la vidéo,
22:49et il témoigne à visage découvert.
22:51Donc, en fait, à partir du moment où il témoigne à visage découvert,
22:53sachant qu'il est cadré d'assez loin,
22:56on a pris ce parti de ne pas flouter la vidéo,
22:59mais encore une fois, c'est quand même assez court,
23:01c'est quelques secondes.
23:02– Vous disiez qu'en revanche, la séquence de la vidéo est très longue,
23:05dans la réalité ?
23:06– Oui, dans la réalité, oui.
23:07C'est-à-dire que déjà, il y en a deux,
23:09et ensuite, ça dure…
23:11ça dure, oui, une minute trente, deux minutes,
23:13là, on met quatre, cinq secondes.
23:15– Oui, oui, c'est…
23:17– C'est glaçant.
23:18– Oui, c'est absolument glaçant.
23:19– Et c'est une torture très, très commune dans les camps.
23:21Enfin, il y a beaucoup de témoignages,
23:23ils utilisent typiquement ce type de torture.
23:26– Ce type de torture,
23:28les gouvernements internationaux ne se mobilisent pas,
23:32vous le disiez,
23:33et même, en particulier au Cambodge,
23:35il y a une très longue séquence sur le Cambodge,
23:37on n'a pas envie de se mêler de ça.
23:39Il y a le portrait de Dancassé,
23:41qui est un mafieux,
23:43qui serait en grande partie à l'origine de ces centres,
23:48et qui n'a jamais été inquiété.
23:51– À notre connaissance, non.
23:53Dancassé, en fait, c'était un peu l'un des pionniers,
23:56il est effectivement très fortement soupçonné
23:58d'être à l'origine, en tout cas,
24:00l'un des premiers investisseurs dans le centre
24:02où a justement été torturée la personne,
24:05le jeune chinois, Néo,
24:06qui témoigne dans le documentaire.
24:08Mais ce qu'il faut bien dire,
24:09c'est que nous, on s'arrête sur cette figure-là,
24:11parce que, en fait, c'est une figure,
24:13un ancien parrain d'une triade
24:15bien connue en Asie,
24:17mais évidemment, il n'est pas le seul.
24:19Il y a d'autres figures qui sont connues aussi.
24:21Et en fait, surtout, c'était un peu les premiers,
24:23c'était un peu les pionniers,
24:25au début des années 2020-2021.
24:27Et depuis, il y a d'autres acteurs qui sont venus,
24:30mais de façon beaucoup plus souterraine.
24:32Et donc, c'est très compliqué aujourd'hui
24:34de savoir qui se trouve derrière ces camps.
24:36Et généralement, ce n'est pas une seule personne,
24:38c'est plusieurs personnes, c'est des investisseurs.
24:41– Vous êtes plutôt positif à la fin de votre reportage,
24:43mais vous ne pensez pas qu'avec la technologie,
24:45ça va aller de plus en plus loin ?
24:47– De plus en plus loin, parce qu'aujourd'hui,
24:49on voit avec la cocaïne, les banques,
24:52il n'y a plus d'argent dans les banques,
24:54tout est virtuel.
24:56Donc, est-ce que ces arnaques-là vont se multiplier ?
24:59Est-ce que c'est le nouveau crime organisé
25:01qui s'intéresse à ça ?
25:03– Alors oui, mais aujourd'hui,
25:06on en a beaucoup plus conscience qu'avant.
25:08Donc déjà, les gens sont quand même plus,
25:10le grand public est quand même plus éduqué
25:12à ça, sans doute plus méfiant.
25:15Et par ailleurs, en ce qui concerne ces réseaux criminels
25:17spécifiques en Asie du Sud-Est,
25:19là, il y a quand même une évolution parce que
25:21la Chine et la Thaïlande ont décidé,
25:24ces toutes dernières semaines,
25:26de frapper un grand coup et de mettre la pression
25:28sur les milices birmanes
25:30qui permettent à ces criminels chinois d'opérer.
25:33Et donc là, actuellement, ils sont en train,
25:35par exemple, de faire sortir des travailleurs
25:37forcés de ces camps et de les faire repasser
25:39en Thaïlande pour ensuite les renvoyer chez eux.
25:41Donc il y a une évolution significative
25:43juste à l'instant où on se parle, en fait.
25:45– Ça a été un reportage dangereux ?
25:47– Non, non, je ne dirais pas ça.
25:49La zone où on a travaillé,
25:51la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie,
25:53on a pu travailler globalement.
25:55Normalement, après, c'est une zone
25:57qui est très militarisée.
25:59Et donc là, il faut faire attention parce qu'en fait,
26:01on peut avoir des problèmes presque
26:03avec les militaires ou la police thaïlandaise
26:05qui n'aiment pas trop qu'on filme ça.
26:07– Oui, qu'on les fouille un peu.
26:09– Oui, vous arrêtez si vous croisez,
26:11si vous n'avez pas les autorisations bonnes et du forme,
26:13vous prenez votre matériel.
26:15– C'est à voir demain soir, complément d'enquête
26:17sur France 2 à 23h10.
26:19Arnaques à la chaîne, les esclaves du clic
26:21pour comprendre les mécanismes de ces arnaques.
26:23Et dès vendredi matin,
26:25ce sera disponible sur le replay de France.tv.
26:27– Vous allez avoir de la concurrence.
26:29– Merci Guillaume Poudrière.
26:31– C'est le dernier jour de Cyril Hanouna.
26:33– Je ne suis pas sûre que ce soit la même clientèle
26:35qui regarde.
26:37– Il a fait des scores incroyables.
26:39– A nous on propose une contre-programmation.
26:41– Voilà, contre-programmation.
26:43Guillaume Poudrière, merci d'avoir été avec nous
26:45et bravo pour cette enquête.
26:47On se retrouve dans un instant pour parler
26:49de toute autre chose.
26:51Buffalo Grill, à tout de suite.
26:53Le 10h midi, Sud Radio Média
26:55Valérie Expert, Gilles Anzman.