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Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics était l'invitée du Face à Face d'Apolline de Malherbe ce vendredi 31 janvier. Elle est revenue sur l'absence du budget et le risque de censure. 

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00:008h32 et vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Amélie de Montchalin.
00:06Vous êtes ministre du budget et au fond c'est entre vos mains que se joue peut-être même le premier ministre François Bayrou
00:14qui pourrait tomber d'ici mercredi. Je rappelle juste le calendrier. Depuis hier, les députés et les sénateurs ont commencé à discuter un budget commun.
00:20C'est la fameuse commission mixte paritaire. S'ils se mettent d'accord d'ici ce soir, le budget pourrait être débattu à l'Assemblée nationale en début de semaine prochaine
00:27avec ou sans 49.3, avec ou sans censure. Sauf que vous vous retrouvez presque dans un dilemme. Soit vous perdez les socialistes, soit vous perdez les patrons.
00:36Vous choisissez quoi ? Moi, je choisis la France. En fait, on est dans un moment d'urgence absolu. Ceux qui nous mettent la pression aujourd'hui, c'est d'abord les Français.
00:44C'est les agriculteurs, les patrons de PME, les artisans, les ménages qui disent qu'est-ce qui va se passer ? Comment cette année va se dérouler ?
00:53Et donc moi, depuis que François Bayrou m'a proposé d'avoir ce rôle de ministre des Comptes publics avec Eric Lombard, avec tout le gouvernement,
01:02on a un objectif. Que notre pays ait le plus vite possible un budget parce que la censure et l'absence de budget nous coûtent cher et surtout créent de l'immobilisme.
01:12Alors, on va voir comment vous faites pour trouver justement l'équilibre et faire en sorte que vous n'ayez pas de censure face à vous.
01:18Je dirais d'abord que vous répondiez aux patrons. Les patrons, c'est quand même le nerf de la guerre.
01:22Je suis totalement d'accord.
01:23C'est aussi la question de l'emploi. Vous avez entendu évidemment les propos de Bernard Arnault, le patron d'LVMH, qui cinsurge contre la hausse des taxes en France
01:31et qui dit qu'il revient des États-Unis où c'est exactement l'inverse. Et il dit même, pour pousser à la délocalisation, c'est idéal.
01:38À cela, vous aviez à rajouter les propos du patron d'EDF, qui dit que c'est un enfer d'investir en France.
01:44Les patrons de Michelin, les patrons de Seb et le patron du Medef, Patrick Martin, qui hier dit que les patrons qui peuvent partir partent et ils ont raison.
01:54Alors, d'abord, quand on écoute tous ces hommes, beaucoup d'hommes et aussi beaucoup de femmes entrepreneurs, entrepreneuses, Bernard Arnault, c'est la voix d'un artisanat français qui a conquis le monde.
02:05Donc il faut entendre. Ce que j'ai à leur dire ce matin, c'est que nous sommes dans un moment exceptionnel et que ce qui est sur la table n'aurait jamais été proposé si ce n'était pas exceptionnel.
02:14Ce que j'ai à leur dire, c'est que nous prenons conscience collectivement au gouvernement de l'effort que nous leur demandons dans un moment collectif d'effort.
02:23Mais ce que j'ai surtout à leur répondre, c'est que ce moment n'est pas inutile.
02:28Qu'en contrepartie, le gouvernement prend aussi l'engagement exceptionnel de voir comment nous pouvons leur assurer les conditions de leur innovation, de leur présence, de la création d'emplois et de ce qui fait notre prospérité collective.
02:41Ce que j'ai à leur dire, c'est qu'en 2025, nous allons, et c'est la ministre des PME par exemple, qui va relancer le très grand chantier de la simplification des normes, des procédures pour les entreprises.
02:54Eric Lombard, au niveau européen, qu'est-ce qu'il voit ? Il voit Ursula von der Leyen, grâce à la France en engagement, lancer un très grand plan de simplification et de soutien à l'industrie.
03:05Moi, je peux vous parler en tant que ministre des Comptes publics. 2025, c'est l'année où nous avançons l'équivalent de ce qui va être presque le prélèvement à la source pour les entreprises.
03:13Ça s'appelle la facturation électronique. Ça va pré-remplir les déclarations de TVA que tous les patrons de France connaissent comme étant très coûteuse, très pénible et d'ailleurs source de fraude pour l'État.
03:23Donc, ce que j'ai à leur dire, oui, c'est exceptionnel, mais nous serons à la hauteur de ce moment exceptionnel pour ne pas vous cibler. Les entreprises ne sont pas des cibles. Les entreprises sont nos alliés, sont nos ancres, sont nos...
03:36Ça, c'est des mots. Quand Bernard Arnault, il va plus loin, il dit même, au fond, on sait que quand il y a des taxes, dans un sens, on nous dit que c'est exceptionnel, mais en fait, il ne vous croit pas que vous la relèverez, que ça ne durera qu'un an ?
03:49Eh bien, moi, je le dis et je le dis à vous, je le dis à tous les patrons français. Je suis arrivée le 23 décembre. Nous sommes arrivés avec ce gouvernement, avec Eric Lombard, avec François Bayrou, le 23 décembre.
04:00Nous avions un objectif, faire en sorte que le pays reparte, qu'il ait un budget, un budget qui soit un budget de compromis, et nous devons, et je m'engage à faire beaucoup mieux, beaucoup mieux en 2026.
04:12Ce que j'ai aussi à dire aux patrons, une seconde, c'est que oui, nous leur demandons un effort, mais en contrepartie, l'État fait le plus gros effort d'économie qu'il n'a jamais fait depuis 25 ans.
04:23Nous allons baisser la dépense de l'État dans des proportions qui sont inédites depuis plus de 15 ans. Nous avons baissé sa dépense en valeur, ce qui est inédit depuis plus de 10 ans.
04:38La Cour des comptes, le Haut conseil aux finances publiques, voient que nous faisons un effort sur notre fonctionnement, sur notre fonctionnement de l'État, qui est inédit.
04:46Mais vous savez ce qu'elle dit aussi, puisque vous le citez, le Haut conseil aux finances publiques, il dit aussi que l'effort que vous portez, il tient à 9 sur 10, 9 pour la hausse des impôts, 1 seulement, proportionnellement, 1 seulement sur la baisse des finances.
05:04Les impôts, c'est 20 milliards, les baisses de dépenses, c'est 30 milliards. Sur les 30 milliards de baisses de dépenses, il y en a 24 milliards pour l'État. C'est un effort inédit.
05:11Vous parlez d'ajustement structurel, moi je vous parle de ce qu'il y a dans le budget, que les députés et les sénateurs sont en train de regarder aujourd'hui.
05:20On est bien d'accord qu'ils disent, et il est bien écrit, que l'effort est fait 9, c'est les impôts, 1 en termes de proportion, c'est les baisses des dépenses.
05:30Je pourrais, et ça va être un débat super technique, ce que dit la Cour des comptes, c'est que 1, nous avons l'impératif de faire 5,4% déficit, c'est ce que les députés et les sénateurs regardent aujourd'hui.
05:39La Cour des comptes, elle dit une deuxième chose, c'est pas que 2025 qui compte, c'est comment on désendette notre pays et qu'on a 3% de déficit d'ici 2029.
05:47Et donc je prends l'engagement, et je le redis, l'effort jusqu'en 2029, et d'ailleurs vous le voyez dans le budget, il ne passe pas par des hausses d'impôts à tous azimuts, dans tous les sens, aucun impôt pour les classes moyennes, et c'est un choix.
06:01Mais moi je vous dis, en 2026, l'engagement que je prends devant vous, c'est que nous allons faire beaucoup mieux, nous allons faire différemment, et nous allons faire en sorte surtout que 2025 soit une année utile, utile pour l'économie de notre pays.
06:11Mais pour ça il faut que ça tienne, Amélie Monchalin, vous parlez de 2026, on sait même pas si vous serez là la semaine prochaine, pardon de le dire comme ça, mais c'est vrai que c'est ça ce qui se joue ce matin, et je voudrais vous interroger aussi sur les propos des socialistes et du RN.
06:22Mais Patrick Martin il dit cette phrase précisément, il dit les patrons qui peuvent partir partent et ils ont raison. Bernard Arnault il dit pour pousser à la délocalisation c'est idéal, est-ce que c'est une menace de délocalisation, est-ce que c'est une forme de chantage ? Dans ce cas vous n'avez pas joué au chantage avec eux puisque vous nous redites ce matin qu'il n'est pas question de revenir sur cette taxation exceptionnelle.
06:44Là vous savez les députés et les sénateurs depuis hier ils travaillent, ils travaillent sur le budget, le budget on est en train de le construire, le but c'est qu'il soit adopté et qu'il soit le fruit d'un compromis le plus vite possible, donc non il n'y a pas de retour en arrière, en revanche.
06:56Il n'y a pas de retour en arrière ?
06:58Mais en revanche il y aura un retour en arrière en 2026, ce que les députés et les sénateurs sont en train d'examiner c'est que c'est pour un an et vous avez la parole d'un gouvernement qui dit 2025 doit à la fois être une année utile, digne de l'effort exceptionnel que les entreprises et en particulier les plus grandes vont faire en 2025, mais une année utile pour que l'année prochaine le budget soit construit différemment.
07:19Mais moi j'ai un message à adresser à ceux qui veulent partir, je vais vraiment le dire avec la femme politique engagée que je suis depuis 7 ans.
07:29Depuis 7 ans si on regarde, la France a redonné de la compétitivité à l'emploi en France, la France par ses choix a largement financé l'apprentissage, c'est-à-dire l'accès aux compétences pour les PME et les entreprises.
07:41Vous ne me parlez que de points sur lesquels vous allez justement revenir en arrière ?
07:44Non, sur l'apprentissage, on revient sur les dispositifs de la crise, on ne revient pas sur la réforme de 2018, pas du tout.
07:49Mais vous revenez en arrière par rapport à ce qui était fait jusqu'à l'année dernière ?
07:52Parce qu'on était en crise, parce que ça s'appelait le Covid. En France depuis 7 ans, on a soutenu les entreprises comme nulle part au monde pendant le Covid, avec le prêt garanti, avec le fonds d'urgence.
08:02Le plan de relance en France a été un plan qui a soutenu notre transition énergétique, qui a soutenu les entreprises, qui a soutenu l'innovation.
08:09En France, il y a deux ans, on a soutenu les PME et les entreprises face au choc de l'énergie.
08:14Donc ce que je dis au patron, c'est oui, nous sommes dans des situations difficiles.
08:17Mais si on est honnête, je crois qu'il y a très peu de pays au monde qui, quand on est en crise, fait autant pour protéger les entreprises et les salariés.
08:24Donc les entrepreneurs sont des personnes que je crois engagées, que je crois sincères, que je crois patriotes.
08:30Nous sommes dans un moment difficile, le monde entier vit une situation difficile.
08:34Juste pour qu'on comprenne bien le contour, c'est sur ceux qui produisent en France.
08:38Est-ce que ça veut dire que, par exemple, quand Bernard Arnault s'insurge, oui, LVMH va payer cette taxe,
08:43alors que, par exemple, Total, qui ne produit pas en France, ne payera pas cette taxe ?
08:46Ça dépend de l'activité et des bénéfices faits sur l'activité française.
08:50C'est le principe de l'impôt.
08:51Il y a quand même un problème, vous le comprenez bien.
08:52C'est pour ça que c'est exceptionnel et que LVMH le paye.
08:55C'est pour ça que c'est exceptionnel.
08:56Ça touche les entreprises qui font plus qu'un milliard de chiffres d'affaires.
08:59Et je tiens à dire aussi, vous le savez, c'est qu'on a eu une dynamique de l'impôt sur les sociétés très faible en 2023-2024.
09:05Et donc, c'est bien aussi pour ça que c'est exceptionnel.
09:07Mais vous nous confirmez bien qu'effectivement, dans...
09:10Vous savez, en France, je ne peux pas taxer ce qui se passe à l'extérieur de l'offre.
09:13Dans le modèle extérieur qui est aujourd'hui, ça veut dire que LVMH payera, Total ne payera pas ?
09:15Non, mais Total paye des impôts, les entreprises payent des impôts.
09:18Simplement, moi, je suis ministre des Comptes publics français.
09:20Je ne peux pas, de là où je suis, faire l'impôt des activités qui se passent hors de France.
09:26Et je pense que tout le monde comprend bien, ce matin, la différence.
09:28Vous dites donc, ce matin, à Médine Manchalin, au patron, en gros, tenez bon, merci de l'effort que vous faites.
09:33On tient avec vous. On s'engage avec vous.
09:35On va faire des choses que vous demandez depuis très longtemps, de simplification.
09:38On va faire, et on porte au niveau européen, des choses que vous demandez depuis très longtemps sur l'industrialisation.
09:43On va faire, et on porte des choses que vous demandez depuis très longtemps sur l'innovation.
09:46Oui, mais par exemple, vous me parlez de la facturation électronique.
09:48Je veux bien le croire, mais c'était déjà promis par Bruno Le Maire.
09:52C'était déjà Bruno Le Maire qui le prometait.
09:54C'est pas vous qui sortez ça en échange de l'épargne.
09:56Vous savez, ces réformes, vous vous souvenez du prélèvement à la source,
09:59quand Gérald Darmanin a porté un chantier que tout le monde pensait perdu d'avance, très difficile,
10:03et potentiellement, à l'époque où il était ministre du budget, un échec.
10:06Moi, je suis dans la même position que lui.
10:08Dans un an, nous devons mettre en place ce qui sera l'équivalent du prélèvement à la source pour les entreprises françaises.
10:12C'est à la fois moins de fraude, comme le prélèvement à la source, d'ailleurs,
10:15qui a réduit beaucoup de fraude sur la pollution de revenus.
10:17Et c'est, pour les PME et tout le tissu industriel de notre pays, aussi un choc de modernité.
10:22La facturation électronique, c'est un choc de modernité.
10:24La France se met au niveau et elle gagne en compétitivité.
10:26Vous espérez que cela aura convaincu les patrons.
10:29Reste à convaincre maintenant les socialistes et l'ERN.
10:31Les socialistes, d'abord.
10:32Deux demandes en particulier.
10:34L'une sur l'AME, l'aide médicale d'État.
10:36Elle devait être rabotée de 200 millions d'euros.
10:39C'est ce qu'a décidé le Sénat.
10:41Est-ce que vous vous engagez, ce matin, à ce qu'il n'y ait pas de réduction de l'aide médicale d'État ?
10:48Ce matin, ce n'est pas à moi qu'il faut, aujourd'hui, s'adresser sur ce sujet.
10:52C'est un compromis que les parlementaires doivent et vont, et j'espère, vraiment activement...
10:56Oui, mais les parlementaires, la majorité dans cette commission n'en exprime pas les ordres.
11:00Ils ne prennent pas leurs ordres.
11:02Oui, mais ils ne prennent pas leurs ordres au gouvernement.
11:04Nous sommes dans un moment démocratique inédit.
11:06Les députés et les sénateurs, en conscience, en responsabilité, et je veux saluer leur responsabilité,
11:10sont actuellement en train de bâtir ce compromis.
11:12Je leur fais confiance.
11:14Mais sur l'AME, si on veut juste expliquer aux gens de quoi on parle,
11:17il y a d'une part un sujet budgétaire.
11:19C'est le sujet de ce matin.
11:21Quel est le montant de la ligne qui est dédiée à ce sujet ?
11:25Mais il y a un sujet, ensuite, de politique de santé, une politique migratoire.
11:29Vous avez un homme de gauche et un homme de droite,
11:31Claude Évin et Patrick Stefanini,
11:33qui ont proposé, au fond, de gagner en efficacité, de réduire certains abus,
11:37et qui ont fait des propositions.
11:39Ce que je dis, c'est que ces propositions méritent un débat en soi.
11:43Ce n'est pas ce matin, entre le budget de l'écologie et le budget du sport,
11:46que les députés de la commission des finances et les sénateurs de la commission des finances vont régler.
11:50Sauf que les socialistes disent que s'il y a une baisse de 200 millions d'euros, ça fait partie de nos lignes rouges.
11:54Et donc c'est pour ça qu'il y a du travail ce matin.
11:56Ils peuvent obtenir gain de cause là-dessus ?
11:58Mais c'est un compromis. Je ne suis pas dans la pièce.
12:01Je souhaite, pour mon pays, que nous trouvions un compromis sur ce sujet.
12:04Et je dis que, par ailleurs, il y a des sujets qui sont aussi dans le débat,
12:07qui n'ont pas été traités et qui, à mes yeux, ne doivent pas être traités ce matin,
12:10je vous dis, entre le budget de l'écologie et du sport,
12:13qui sont des sujets de nuance et d'efficacité.
12:15Et il y a une question ?
12:16Nuance sur on doit soigner, évidemment,
12:18mais aussi nuance sur le fait que, évidemment, on doit combattre les abus.
12:21Et ça, c'est un débat en soi. Je n'ai pas peur de ces débats.
12:23Mais ce n'est pas le débat de ce matin.
12:24Vous auriez dit submersion, d'ailleurs, vous ?
12:26Moi, je vois qu'on a un Premier ministre qui a des valeurs.
12:29Il n'a pas dit submersion.
12:30Submersion migratoire, risque de submersion.
12:32Non, il n'a pas dit ça.
12:33Il a dit qu'il y avait un sentiment dans le pays qui devait nous faire ouvrir les yeux.
12:37Et je suis, moi, vous savez, très heureuse et à l'aise.
12:40Je suis très à l'aise, même heureuse,
12:42de participer à un gouvernement où, sous l'autorité de François Bayrou,
12:45vous avez des gens qui ont des sensibilités,
12:47qui ont des convictions différentes,
12:48mais qui sont d'accord sur l'essentiel.
12:49Et l'essentiel, c'est quoi ?
12:50C'est que, dans ce gouvernement, nous n'avons aucune,
12:54aucune difficulté à nous dire que notre priorité,
12:57c'est de lutter contre l'immigration illégale et les trafiquants humains.
13:00Et nous n'avons aucune difficulté à nous dire aussi que, dans notre pays,
13:04quand on travaille, quand on s'intègre,
13:06on doit aussi lutter contre les discriminations et que chacun a sa place.
13:09Et moi, cette ligne-là, elle me convient parfaitement.
13:11Est-ce qu'il y aura, oui ou non, une augmentation du SMIC ?
13:13Mais, là aussi, reprenons les choses correctement.
13:17Le Premier ministre, il y a exactement dix jours,
13:19monte à la tribune de l'Assemblée nationale et dit
13:21« Je vous annonce que ce gouvernement veut ouvrir une conférence avec les partenaires sociaux
13:26sur le travail, sur les salaires et sur les carrières. »
13:29Mais mes confrères des Échos croient savoir, et ils le disent ce matin,
13:33que François Bayrou a fermé la porte à une augmentation de 1% du SMIC.
13:37Non, il n'a pas fermé la porte.
13:38Il n'a pas fermé la porte, vous nous le dites ce matin.
13:40Parce que si vous dites qu'il y a une conférence sur le travail et les salaires,
13:43si la ministre du Travail pilote cette conférence,
13:45et si, déjà, vous dites « Voilà, on a déjà décidé tout ce qui était autorisé,
13:49tout ce qui était interdit, tout ce qui se passerait »,
13:51pourquoi on fait des compromis ?
13:52Moi, je crois à la démocratie sociale.
13:54On y croit sur les retraites.
13:55On y croit sur le travail.
13:56On y croit sur le SMIC.
13:57Je crois aussi à la démocratie représentative.
13:59C'est pour ça que ce moment démocratique,
14:01c'est un moment où, vous voyez, je vous parle très clairement.
14:03Je vous dis ce qu'on voudrait.
14:05Je vous dis ce qu'on a poussé dans le compromis.
14:07Et je vous dis aussi ce qu'on ne veut pas.
14:08Et ce compromis, moi, je suis très fière d'une chose,
14:11c'est que le budget qu'aujourd'hui les sénateurs et les députés,
14:13c'est un meilleur budget.
14:14Il faut aussi que vous-même vous vous engagez là-dessus.
14:17Est-ce que, oui ou non, vous souhaitez, par exemple,
14:19et est-ce qu'on en a les moyens, augmenter d'un pour cent le SMIC ?
14:22Mais si les partenaires sociaux se réunissent,
14:24si le patronat et les syndicats, en regardant le sujet des salaires,
14:27la fameuse dé-smicardisation,
14:31c'est qu'on fasse telle réforme, telle mesure.
14:34Ce n'est pas à moi ce matin, vous voyez, le 31 janvier,
14:36alors qu'on est en train de chercher un budget, de décider ça.
14:38En tout cas, vous nous dites ce matin que la porte n'est pas fermée là-dessus.
14:41Je voudrais vous interroger aussi sur les demandes de l'autre côté,
14:43c'est-à-dire du côté du RN.
14:45On l'a bien compris, sur les deux points qui crispent encore les socialistes,
14:48qui sont la question de l'augmentation du SMIC ou la question de l'AME,
14:51tout est ouvert.
14:52Je peux vous dire quelque chose sur les socialistes ?
14:54Depuis un mois, il y a eu beaucoup de gens qui vous ont dit
14:57« Ah là là, c'est une négociation, porte fermée, dans le secret ».
15:01Pas du tout.
15:02D'abord, je veux saluer l'engagement de tous les groupes politiques
15:05qui, en responsabilité face aux périls que vit notre pays,
15:08sont venus tous travailler à bâtir un compromis.
15:10Et ce que je peux vous dire, c'est que le texte sur lequel ils travaillent tous ce matin,
15:13et qu'ils ont travaillé hier, c'est un meilleur budget pour les Français.
15:17Parce que les propositions exigeantes des uns et des autres,
15:20des socialistes, des différents groupes, des oppositions,
15:23qui ont été mises sur la table et que nous avons, avec Eric Lombard,
15:25intégrés dans ce qui nous semble être une proposition de compromis,
15:28nous amènent à être dans un meilleur budget pour les Français.
15:31Un meilleur budget pour le futur,
15:33parce qu'on a remis des moyens pour la recherche,
15:36pour la transition écologique.
15:37Un meilleur budget pour nos enfants, parce qu'on a remis de l'argent,
15:40et plus qu'on imaginait dans l'éducation avec les canopiles enseignants,
15:44notamment pour un certain nombre de territoires ruraux.
15:46Un meilleur budget pour notre pays.
15:48Et c'est ça qui, moi, aujourd'hui, m'a guidée.
15:50Et vous pensez, au moment où on se parle, Amélie de Montchalin,
15:52que les socialistes ne censureront pas ?
15:54En tout cas, c'est tout le sujet.
15:56Est-ce que dans notre pays, on peut avoir des groupes d'opposition,
15:59et les socialistes vont rester dans l'opposition ?
16:01Parce qu'on ne leur a jamais proposé un contrat de majorité.
16:03On ne leur dit pas, vous votez le budget.
16:06Voter le budget, en général, ça veut dire rejoindre la majorité.
16:08Mais vous espérez qu'ils ne voteront pas la censure.
16:10Mais on peut, dans notre pays, et je crois que pendant des années,
16:13on a eu des oppositions qui ne bloquaient pas.
16:15On a eu des oppositions qui ne censuraient pas.
16:17Et ce qu'on a voulu chercher, c'est retrouver ce point-là,
16:20ce point d'équilibre, ce point de compromis,
16:22où on peut, dans notre pays, tout à fait être dans l'opposition.
16:25Et c'est un droit légitime, sans aller jusqu'à la censure et au blocage.
16:28Amélie de Montchalin, le RN bloque notamment sur un article du budget
16:32sur les tarifs de l'électricité.
16:34Et ça, franchement, moi j'hallucine.
16:36Parce que ça fait des années maintenant, depuis le début de la guerre en Ukraine,
16:39et de la conséquence notamment sur l'inflation, sur les prix de l'électricité.
16:42J'ai eu devant moi nombre de vos prédécesseurs,
16:45et notamment Bruno Le Maire, qui affirmait qu'il n'était pas question
16:48que la France fasse payer aux Français plus cher l'électricité
16:51qu'on ne la produit, et que c'était un mécanisme de facturation européen
16:55auquel il allait mettre fin.
16:57On est trois ans plus tard,
16:59et il y a toujours cet article 4 dans le budget
17:01qui montre qu'en fait, on va toujours faire payer
17:03l'électricité plus chère aux Français.
17:05Plus chère qu'on ne la produit.
17:07Là aussi, la CMP se tient.
17:09Mais la conviction du gouvernement.
17:11C'est quatre choses très simples
17:13sur lesquelles je crois que nous avons un consensus national.
17:16Le compromis, ce n'est pas le consensus.
17:18Pendant ce temps-là, l'Espagne et le Portugal sont sortis de ce système,
17:21et aujourd'hui, ils ont un système budgétaire
17:23et un équilibre de leurs comptes qui est bien meilleur que le nôtre.
17:25Pas qu'à cause de l'électricité.
17:27Si on regarde ce qu'il y a dans cet article,
17:29le premier point, c'est que nous voulons
17:32continuer à avoir des prix régulés.
17:34Régulés, c'est-à-dire des prix qui ne soient pas
17:37comme ce qu'on voit dans les pays nordiques, notamment,
17:39où tous les matins, vous savez, les gens se lèvent
17:41et regardent le prix de l'électricité.
17:43Parfois, ça change même la journée.
17:45Parfois, on fait sa machine à laver
17:47en fonction du prix de l'électricité.
17:49Ce n'est pas ce que nous voulons.
17:50On ne le veut pas parce qu'on ne veut pas que ça bouge tous les jours
17:52et on veut aussi que nos entreprises aient de la prévisibilité.
17:54On en a parlé des entreprises.
17:55Une partie aussi de notre compétitivité vient
17:57de cette capacité à avoir des prix d'énergie
17:59prévisibles et faibles grâce au nucléaire.
18:01Donc, un, on croit à la régulation.
18:03Deux, on a tiré les conséquences de la crise de 2022
18:07et le mécanisme que nous proposons,
18:09il est très protecteur
18:11si nous avions à revivre des crises violentes de hausse d'énergie.
18:14Et puis, troisième élément,
18:16le consensus aujourd'hui qui se dégage sur l'importance du nucléaire
18:18parce que c'est une énergie fiable
18:20et c'est une énergie souveraine.
18:22Et cet accord, cet article, il permet aussi à EDF
18:24de continuer à entretenir
18:26et à investir le nucléaire.
18:28Mais donc, ce que j'ai à vous dire, c'est que si on n'a pas cet article,
18:30vous savez ce qui se passe ?
18:32C'est que nous n'avons aucune idée de ce qui se passera en 2026.
18:35Je pense que les Français, les entreprises,
18:37les petites entreprises, les grandes entreprises,
18:39tout le monde a besoin de savoir ce qui se passe en 2026.
18:41J'ai encore deux questions très précises à vous poser, Amélie de Montchalin,
18:43sur la question de la croissance
18:45et sur la question du déficit.
18:47Sur la question de la croissance,
18:49hier, la croissance de la France est passée dans le rouge,
18:51le PIB est en repli de 0,1%.
18:53Au quatrième trimestre.
18:55Est-ce que vous maintenez malgré tout
18:57votre prévision de croissance,
18:59vous la fixez à 0,9% pour 2025,
19:01là où la plupart des économistes
19:03tablent sur 0,7% au mieux ?
19:05Alors, la Cour des comptes,
19:07à qui on a envoyé notre prévision de croissance la semaine dernière,
19:09pas hier, mais la semaine dernière,
19:11nous dit, votre prévision,
19:13elle est un peu optimiste,
19:15mais elle est atteignable.
19:17Et donc, je n'ai pas de raison aujourd'hui
19:19de changer la prévision de croissance.
19:21Ce que je peux vous dire aussi, c'est qu'une partie de la baisse de croissance
19:23qu'on observe, et c'est dans les chiffres d'hier, ça se voit,
19:25c'est que la censure,
19:27l'incertitude, l'absence
19:29du budget pèsent énormément.
19:31Et donc, oui, nous avons,
19:33avec le retour d'un budget clair,
19:35d'un budget qui, je l'espère, sera l'objet d'un compromis,
19:37permettre aux Français
19:39à l'économie de repartir.
19:41Est-ce que vous promettez toujours d'atteindre
19:435,4% de déficit,
19:45ou est-ce qu'il ne serait pas plus réaliste de dire que ce sera 5,5% ?
19:47Ce n'est pas une promesse.
19:49Là aussi, la Cour des comptes nous le dit, c'est un impératif.
19:51Pourquoi on est fixé sur ce chiffre ?
19:53Parce que si on n'a pas
19:55un cap clair, c'est l'endettement.
19:57C'est le sur-endettement.
19:59Et le sur-endettement, vous savez, il y a un homme de gauche,
20:01Pierre Mendes France, qui disait, vous savez,
20:03ceux qui croient au système public,
20:05au service public,
20:07à la redistribution,
20:09à tout ce que les autres s'intéressaient
20:11aux comptes publics. Et moi, je crois que,
20:13parce que nous voulons conserver
20:15un système public français qui fonctionne,
20:17nous devons avoir une stratégie
20:19de désendettement. Elle commence par
20:215,4% en 2025, 3%
20:23de déficit en 2029, et vous avez ma parole,
20:25c'est l'engagement que nous prenons,
20:27c'est le compromis qui est en train de se bâtir, et oui,
20:29le coût du compromis,
20:31il a été intégré dans l'impératif
20:33que nous avons de réduire le déficit.

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