Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00On va parler de l'impact des taxes Trump sur le champagne.
00:04On est avec Vitalie Tétinger.
00:06Merci d'être avec nous, vous êtes présidente du groupe Tétinger.
00:09Alors, avec ce qui se passe en France, en Russie, aux États-Unis,
00:12est-ce que pour vous, chef d'entreprise, l'inquiétude monte ?
00:16Alors, je ne dirais pas l'inquiétude, mais en tout cas, nous sommes très attentifs.
00:20Et bien sûr, rien n'est fait pour l'instant.
00:23Et nous comptons beaucoup sur le dialogue
00:26entre, bien sûr, l'Union européenne et la nouvelle administration Trump.
00:32Pour nous, c'est capital que les choses soient très apaisées
00:36et que nous puissions construire ensemble les conditions
00:39d'un échange assez libre et fructueux pour les uns et les autres.
00:42Pour l'instant, le champagne aux États-Unis, il est taxé déjà ?
00:45Il est taxé, mais il est taxé raisonnablement, comme dans beaucoup de pays.
00:49Et surtout, je pense que le champagne, comme en général les vins espiritueux,
00:54représentent une jolie partie.
00:56En tout cas, les espiritueux et les champagnes et les vins importés
01:01représentent une belle partie aussi du secteur là-bas.
01:04Donc, y compris pour ceux qui les distribuent,
01:07ils sont une source de richesse et de développement.
01:10Donc, je pense que voilà, c'est un échange réel
01:13qui doit y avoir entre les États-Unis et la France pour un intérêt commun.
01:18Mais pour vous, marque française, il y aura un impact important
01:21si les taxes, on parle de combien, 20% peut-être, 30% ?
01:24On ne sait pas, on ne sait pas.
01:26Et oui, il y aurait un impact, forcément.
01:29Et l'impact serait ressenti par les consommateurs américains en premier,
01:34mais bien sûr aussi par les distributeurs, puis par nous.
01:37Vous seriez obligés de renoncer aux marges, peut-être,
01:40pour éviter que les prix augmentent là-bas ?
01:42Ce serait une nouvelle façon de fonctionner.
01:45Je ne sais pas si nous pouvons vivre en renonçant aux marges,
01:48que ce soit nous ou vous.
01:50Je pense qu'après, nous sommes dans un monde qui nous pousse à être agiles.
01:54Donc voilà, nous devrions faire preuve d'agilité.
01:57Mais là, on sent que les patrons, le patronat en général, s'alarment, s'inquiètent.
02:01Même Patrick Martin le dit, il est en colère aujourd'hui
02:04parce que tout est figé, l'économie est au ralenti.
02:07C'est quand même un moment clé pour les entreprises.
02:10C'est un moment clé pour les entreprises,
02:12mais pas que pour les entreprises, pour les Français en général.
02:15En tout cas, si nous parlons de la France, nous avons besoin de visibilité.
02:19Nous avons besoin de stabilité.
02:21Or, c'est vrai que depuis quelques années, on sent que les choses changent très souvent.
02:26Et pour nous, c'est difficile de s'ajuster.
02:30En fait, il y a un enjeu qui n'est pas que français.
02:33Il y a un enjeu qui est international, qui est un enjeu de compétitivité.
02:37Et cette compétitivité, elle est importante pour tous.
02:40Donc voilà, c'est vrai qu'aujourd'hui, nous regardons l'actualité comme le lait sur le feu
02:46et que nous avons certes des inquiétudes,
02:50mais surtout, nous avons beaucoup d'attentes, d'espoirs.
02:53Et nous avons envie de se voir construire un monde dans lequel nous soyons positifs,
02:57nous puissions travailler avec le sourire.
02:59Ça, ce sont des mots formidables.
03:01Mais est-ce que vous êtes d'accord avec ce que dit le patron de LVMH, Bernard Arnault,
03:05qui lui dit, attention, on va trop loin sur les impôts ?
03:07Vous rejoignez son idée ?
03:09Oui, bien sûr que je rejoins son idée.
03:11Toujours dans cet esprit de compétitivité, il ne faut pas se tromper de combat.
03:15Aujourd'hui, les gens sont libres d'aller là où ils veulent.
03:19Et je ne parle pas de moi qui suis très attachée d'un point de vue patrimonial à ce pays.
03:25Mais je pense qu'aujourd'hui, il y a de plus en plus des modèles de business
03:28qui ne nécessitent pas un ancrage en France.
03:31Et c'est très important que la valeur n'aille pas s'échapper dans d'autres pays
03:35où il fait meilleur vivre d'un point de vue de l'imposition.
03:38Alors, vous êtes un exemple parce que Tétinger était une marque française d'origine.
03:43Passée aux Etats-Unis, il ne faut pas l'oublier.
03:45Et c'est votre père, c'est ça qui a repris l'entreprise aux Américains.
03:49Donc, retour en France, made in France, bien sûr, 100%.
03:52C'est un sacré tour de force, si on peut dire.
03:55C'est un tour de force et c'est un travail considérable depuis 2006.
03:59Parce que, bien sûr, il a ramené cette entreprise en France
04:02avec l'aide du Crédit Agricole du Nord-Est,
04:05qui à l'époque était sorti un peu du modèle bancaire normal.
04:10Et nous avons beaucoup travaillé tous ensemble
04:13pour que cette entreprise puisse se développer en France,
04:16continuer à servir la valeur de la France.
04:19Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je pense que c'est important
04:23de considérer les entrepreneurs comme une force, comme une énergie positive.
04:28Et nous ne sommes pas les ennemis de la France.
04:31Donc, il faut vraiment nous soutenir.
04:34Donc, vous avez de l'emploi en France.
04:36Vous avez toute une filière aussi agricole qui compte.
04:38Donc, vous réunissez à vous seul tous les problèmes que la France a aujourd'hui.
04:42Il y a la fiscalité, les problèmes environnementaux, l'eau,
04:45parfois même la sécheresse ou les inondations.
04:47Le réchauffement climatique.
04:49Nous avons absolument tout le panel, en tout cas,
04:52de problématiques auxquelles le monde peut être confronté aujourd'hui.
04:57C'est passionnant. Et nous sommes les premiers acteurs.
05:00S'il s'était resté aux États-Unis, que se serait-il passé pour t'étinger ?
05:04Alors là, je ne serais pas là pour en témoigner.
05:07Et c'est aussi toute la beauté de l'histoire.
05:10Il y a beaucoup de mystères.
05:12Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, nous nous sommes donnés, en tout cas,
05:15les moyens de construire le monde dans lequel nous voulons vivre.
05:19Une maison dans laquelle nous avons plaisir à partager des valeurs
05:23qui sont des valeurs actuelles, d'agilité, des valeurs où on développe un rêve.
05:29Et moi, j'y crois.
05:30Le champagne se porte bien actuellement en termes de vente ?
05:33Le champagne, il est comme tout. Il est sensible au contexte.
05:37C'est tout ce qui fait sa beauté.
05:39N'oubliez pas que le champagne, c'est aussi un symbole,
05:42le symbole de la joie, de la célébration.
05:44Et qu'il est aussi, quelque part, un bon indicateur de l'humeur du monde
05:49dans lequel on vit.
05:50Donc voilà, nous sommes dans un monde avec peu de visibilité.
05:53Les entreprises, qui sont aussi des très beaux clients...
05:58Ils n'ont pas réduit trop les dépenses ?
06:00Si, forcément.
06:02Quand vous ne savez pas ce qui va se présenter à vous, vous êtes prudent.
06:06Vous ressentez l'impact ?
06:07On ressent bien sûr l'impact.
06:08Il y a une vraie prudence des entrepreneurs, des entreprises en général.
06:12Et je les comprends.
06:13Donc voilà, bien sûr, il y a un impact.
06:15Il y a eu aussi l'épisode russe.
06:16Les Russes ont renoncé au champagne français.
06:18Ça a été mauvais pour vous ?
06:19Alors, ils n'ont pas renoncé au champagne français.
06:22En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'ils ont voulu imposer une norme
06:28sur la contre-étiquette de nos cuvées.
06:33Nous n'avons plus le droit de mettre « champagne scoyé »,
06:36ce qui était la traduction du mot « champagne » en russe.
06:39En fait, ils veulent que ce mot-là leur soit réservé.
06:42Ils veulent nous attribuer la mention « vin pétillant ».
06:47Mais vous pouvez quand même en vendre ?
06:49Alors, on peut bien sûr en vendre.
06:51Et puis, je vais vous dire autre chose.
06:53En fait, tout ça s'est arrêté pour bien d'autres raisons
06:55et des raisons beaucoup plus sombres.
06:57Parce qu'avec le conflit, la guerre en Ukraine,
07:00finalement, nous avons cessé toute exportation en Russie.
07:06Merci beaucoup Vitalie Tétinger, présidente du groupe Tétinger,
07:09d'être venue sur CNews.
07:11Restez avec nous.