Avec Paul-Émilien Toucry, Inspecteur de l’environnement et secrétaire général adjoint du SNAPE-FO
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NewsTranscription
00:00Je parle des agents de l'Office français de la biodiversité.
00:04Ils étaient en grève dans toute la France hier.
00:06Ils s'estiment être les boucs émissaires de la colère agricole.
00:10On en parle avec l'un d'eux, Paul-Emilien Toucry, bonjour.
00:13Oui, bonjour.
00:14Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
00:16Vous êtes inspecteur de l'environnement et secrétaire général adjoint du SNAP Force ouvrière, le syndicat.
00:23Alors, je le disais, tous les agents ou presque de l'Office français de la biodiversité étaient en grève hier.
00:28Vous le confirmez ?
00:29Effectivement, on a suivi un mouvement syndical hier avec une journée de grève qui a été massivement suivie sur toute la France.
00:37Alors, avec d'ailleurs le soutien, si j'ai bien compris, de votre directeur qui a pris votre défense,
00:43vous vous estimez être en quelque sorte les boucs émissaires du malaise agricole.
00:48Comment vous le vivez très concrètement sur le terrain ?
00:53Alors, je pense que le terme de se sentir boucs émissaires est un petit peu exagéré.
00:59La réalité, c'est que le sentiment des agents, c'est d'être face à des accusations qui sont un peu infondées,
01:07c'est-à-dire qui circulent sur fond de méconnaissances de notre établissement et de nos métiers.
01:13Alors, justement, on va revenir exactement sur ce qui vous est parfois reproché
01:17et aussi sur ce que vous faites très concrètement.
01:20Un agent de l'Office français de la biodiversité, ses missions très concrètes sur le terrain, c'est quoi ?
01:27Alors, on va parler du coup de la répartition de ses missions et de leur volume dans le temps de travail d'un agent.
01:34En moyenne, un agent réalise 60% de police sur son temps d'activité.
01:38Pour les autres, 40%.
01:39Ça peut être des missions d'appui technique auprès des services instructeurs des préfectures
01:44ou des élus locaux ou des porteurs de projets.
01:48Donc, c'est vraiment du conseil.
01:50Du conseil, tout à fait.
01:52Et après, il y a aussi toute une partie de mission de connaissance,
01:54donc de recueil de données, de suivi d'espèces.
01:59De vérifier, par exemple, si telle ou telle espèce qui avait disparu revient,
02:03si elle niche bien au bon endroit, par exemple,
02:05si les conditions sont favorables à ce qu'elle prolifère.
02:08Parlons maintenant de vos missions de police, parce que ce sont souvent celles-là qui sont pointées du doigt.
02:13Quand on parle de mission de police d'un agent de l'Office français de la biodiversité,
02:16très concrètement, ça veut dire quoi ?
02:18Ça veut dire que vous inspectez des exploitations agricoles
02:20et que vous regardez si les normes, par exemple, en faveur de la protection de la biodiversité sont bien respectées ?
02:26Alors, la réalité, c'est que ce n'est pas vraiment ça.
02:30Parce que c'est l'image qu'on en a, justement.
02:32Oui, on entend que les inspecteurs de l'environnement débarquent dans les cours de ferme, etc.
02:37Ça n'arrive quasiment jamais.
02:39Sur un département, on a 15 inspecteurs de l'environnement en moyenne,
02:43c'est-à-dire 1 700 pour l'ensemble de la France, rapportés aux 67 millions d'habitants.
02:47Je vous laisse faire le ratio de ce que ça représente.
02:50On est vraiment à dose homéopathique.
02:53Du coup, on entend que les inspecteurs de l'environnement contrôlent.
02:57C'est presque faux.
03:00Les inspecteurs de l'environnement interviennent plutôt sur des signalements
03:04ou sur des constats d'infractions flagrantes.
03:08Donc ça veut dire que ce n'est pas vous qui allez...
03:10Attendez, je me permets de terminer.
03:12Pour la profession agricole, on s'aperçoit que c'est moins de 5% de notre activité de police.
03:17Si on regarde le nombre de procédures réalisées par un service en fin d'année,
03:20on s'aperçoit qu'il y a moins de 5% de ces procédures qui visent le monde agricole.
03:24Ça me permet de dire qu'on ne cible pas spécifiquement les agriculteurs dans notre activité.
03:30Notre travail, c'est bien de préserver la biodiversité.
03:35Ce n'est pas de cibler une profession ou une catégorie d'usagers.
03:39Par contre, moins de 5%, c'est très faible.
03:42C'est à mettre en relation avec la surface agricole utile.
03:47C'est-à-dire que les agriculteurs occupent une surface en moyenne, sur l'hexagone par exemple, de 55% du territoire.
03:54Donc il y a 55% du territoire qui est occupé par les activités agricoles,
03:58quand il ne représente que 5% de nos procédures.
04:01Donc on voit qu'on est très loin de l'acharnement.
04:03En un mot, vous visez qui ?
04:05Vos activités de police, elles sont plutôt concentrées sur qui ?
04:09Des entreprises ? Des municipalités ?
04:13Nos activités de police, déjà, font l'objet d'un cadrage très fort par la loi en premier lieu.
04:19Pas la définition, mais puisque ça concerne si peu les agriculteurs, c'est qui alors ?
04:23Après, il y a des ciblages qui se font sur des enjeux,
04:27qui sont après départementalisés, donc partagés en réunion préfectorale avec le préfet,
04:32dans des misennes par exemple.
04:34Il y a des réunions de cadrage, il y a des documents, des stratégies nationales de contrôle, etc.
04:39On exerce une activité très cadrée, et le ciblage se fait en fonction des enjeux.
04:43Donc ce qu'on va chercher à préserver, c'est la qualité du lot,
04:46c'est des espèces qui sont particulièrement menacées,
04:49ce sont des habitats d'espèces qui sont menacées.
04:52Alors effectivement, on peut parler par exemple du castor...
04:55Tout ça est territorialisé, voilà.
04:57On peut parler du castor, on peut parler d'autres espèces qu'on voit beaucoup moins,
05:01c'est pour ça d'ailleurs qu'elles sont protégées,
05:03et ça d'ailleurs, le fait de voir revenir certaines espèces,
05:06est plutôt majoritaire dans l'opinion.
05:08Je vais prendre un exemple, vous en avez sans doute entendu parler,
05:11c'est bien que vous soyez là pour y répondre,
05:13parce qu'on ne vous a peu entendu avant ce mouvement de grève,
05:16et c'est pour ça qu'on est ravis que vous soyez là.
05:18Je prends cet exemple qui a défrayé la chronique d'un agriculteur,
05:21qui a été condamné, vous avez dû le voir il y a deux semaines,
05:24en Saône-et-Loire, pour avoir détruit un barrage de castor
05:28qui provoquait une inondation de ses parcelles.
05:31Il a pointé directement les agents de l'Office français de la biodiversité,
05:34donc vos collègues, vos camarades,
05:36en disant qu'ils étaient, je cite,
05:38« enfermés dans leur idéologie »
05:40et qu'au lieu de venir lui parler,
05:42il l'avait filmé, il l'avait signalé.
05:44Qu'est-ce que vous répondez à ce genre de reproches ?
05:47– Alors, je reviens très rapidement sur les chiffres,
05:50je ne vais pas m'y apesantir,
05:52vous avez compris que c'est très peu de procédures,
05:54sur un département, par exemple, dans le département où je travaillais,
05:57l'année dernière, c'était une dizaine de procédures
05:59à l'encontre d'agriculteurs,
06:01qui visaient surtout l'usage des pesticides.
06:04Ça peut être également des procédures
06:06qui visent des atteintes à des espèces protégées.
06:08Par exemple, on a fait une affaire
06:10qui concernait la destruction d'un nid de buzard cendré.
06:12Le buzard cendré, c'est un animal
06:14qui niche dans les parcelles en culture,
06:16potentiellement des céréales,
06:18le blé par exemple.
06:20Donc il fait son nid, il crée une aire au milieu du champ de blé,
06:22donc ça abîme la culture,
06:24et après il se trouve là avec ses oisillons,
06:26potentiellement en période de récolte.
06:28Si la moissonneuse passe sur le nid de buzard cendré,
06:31il va détruire la couvée.
06:33Donc ce qui se passe,
06:35c'est que l'agriculteur est averti,
06:37il y a des propositions de désommagement qui sont faites,
06:39il y a un balisage qui est mis autour du nid avec du rubalise
06:41pour matérialiser l'emplacement.
06:43S'il se trouve que l'agriculteur
06:45fait le choix après de détruire le nid
06:47alors qu'il en était informé qu'il y a eu des propositions
06:49et des échanges au préalable, nécessairement il sera verbalisé.
06:51Dont acte pour le buzard cendré.
06:53Et ça c'est important de le signaler.
06:55Pourquoi pas d'ailleurs, je peux le comprendre,
06:57c'est important que vous détailliez l'opération
06:59ou l'intervention type qui correspond
07:01à l'intervention classique pour vous.
07:03Si je reviens sur cette histoire de Castor,
07:05parce qu'elle avait défrayé la chronique,
07:07c'est quoi ? C'est pas de chance pour cet agriculteur ?
07:09C'est un manque de discernement ponctuel ?
07:11Vous l'aurez compris,
07:13à travers mon exemple peut-être un peu subtil
07:15du buzard cendré,
07:17je pense qu'on est exactement dans le même cas de figure,
07:19c'est-à-dire qu'il y a eu, comme toujours,
07:21les inspecteurs de l'environnement font preuve,
07:23je tiens à le souligner,
07:25de professionnalisme,
07:27de tact et de pédagogie sur le terrain.
07:29Je ne compte pas les nombres de cas
07:31où j'ai été confronté à une situation infractionnelle
07:33et où il n'est pas dressé procès verbal,
07:35malheureusement les gens ne viennent pas
07:37s'en vanter dans les médias.
07:39Donc c'est pas de chance pour cet agriculteur ?
07:41Non, attendez,
07:43ce n'est pas ce que je dis,
07:45je vous ai parlé de l'exemple que je connais,
07:47c'est-à-dire le buzard cendré, c'est exactement le même cas,
07:49c'est-à-dire qu'il y a eu une information en amont
07:51qui est faite, il y a eu une tentative de dialogue,
07:53si après on a quelqu'un qui fait le choix
07:55délibéré de passer en force et de ne pas respecter
07:57la réglementation, c'est son choix,
07:59je ne peux pas commenter ça.
08:01Je vous invite peut-être à vous référer à une intervention
08:03qu'il y a eu de mon directeur général
08:05qui est plus en connaissance que moi des détails
08:07de cette affaire et qui l'a longuement détaillée,
08:09je ne sais même pas s'il n'a pas répondu
08:11à cette question très récemment
08:13en commission ou dans une des assemblées.
08:15Effectivement,
08:17on en reparlera en tout cas, on est là aussi pour donner...
08:19Je ne connais pas spécifiquement le dossier,
08:21mais ce qui est certain, c'est qu'il y a eu
08:23des prises de contacts préalables
08:25à but pédagogique
08:27pour traiter cette affaire en bonne intelligence,
08:29en concertation,
08:31et il y a eu un refus, je pense, de l'agriculteur
08:33de choisir cette voie-là.
08:35– Écoutez, à défaut
08:37de pouvoir mettre tout le monde d'accord, ce qu'on fera,
08:39c'est qu'on donnera toujours la parole à tout le monde
08:41sur Sud Radio, et pourquoi pas on vous fera dialoguer,
08:43pourquoi pas vous et cet agriculteur,
08:45un jour on sera au Salon de l'agriculture
08:47à la fin du mois de février,
08:49donc on vous redonnera la parole à vous aussi.
08:51Merci en tout cas.
08:53– Je vais vous couper, mais en fait,
08:55les agents de l'Office français de la biodiversité
08:57sont pour la majeure partie issus du monde rural,
08:59travaillent en milieu rural au quotidien,
09:01donc nous on est sur le terrain
09:03toute l'année, au contact notamment
09:05des agriculteurs, parce qu'ils sont aussi sur le terrain,
09:07et dans la majeure partie des cas,
09:09pour ne pas dire dans tous les cas,
09:11ça se passe très très bien.
09:13En tout cas, nous ce qu'on constate,
09:15c'est que ce qu'on entend dans les médias,
09:17et ce qu'on voit sur le terrain, c'est pas du tout la même chose.
09:19Donc gardez son calme.
09:21– Je crois que tout le monde était calme ce matin en tout cas,
09:23déjà sur Sud Radio.
09:25– Les agriculteurs sont satisfaits du travail de l'OFB,
09:27font parfois appel à nous,
09:29et n'ont pas à se plaindre de nos interventions.
09:31– Comme je vous l'ai dit, on redonnera la parole à tout le monde.
09:33Toujours dans le calme d'ailleurs,
09:35sur Sud Radio, pour qu'on se parle sincèrement,
09:37parlons vrai, c'est notre slogan du jour.
09:39Merci d'avoir pris la parole ce matin,
09:41Paul-Emilien Toucrit. – Merci à vous.
09:43– Sur Sud Radio, inspecteur de l'environnement
09:45et secrétaire général adjoint du SNAP Force ouvrière.