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Avec Etienne Blanc, sénateur LR et rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-01-03##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04– Étienne Blanc, bonjour, allô, allô, allô, Étienne Blanc.
00:12– Allô, allô, allô.
00:13– Oui, oui, oui, Étienne Blanc, vous êtes sénateur LR,
00:16rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic, bonjour.
00:22– Bonjour, Monsieur Bourdin.
00:23– Bien, merci d'être avec nous, Étienne Blanc.
00:26Hier, je voulais parler de cela parce que moi, j'aime bien les déclarations,
00:30mais j'aime bien aussi quand elles sont suivies d'effets.
00:33Hier, le ministre de la Justice, nouveau garde d'Essoe, Gérald Darmanin,
00:38qui connaît bien Marseille, il y était souvent lorsqu'il était ministre de l'Intérieur,
00:42est revenu à Marseille et a affirmé vouloir taper au portefeuille les narcotrafiquants
00:49qui, dit-il, ont désormais assez de moyens pour corrompre les agents
00:53ou les menacer assurant vouloir mettre les moyens contre le blanchiment d'argent.
00:56Bon, il faut taper au portefeuille, a donc déclaré le ministre,
01:02confisquer les biens mal acquis, l'argent, les voitures, les biens immobiliers.
01:05Mais comment, Étienne Blanc, comment ?
01:08– Alors, d'abord, sur le principe, on ne peut qu'acquiescer à cette déclaration.
01:14Et on le dit souvent, maintenant, le chiffre est connu par tous,
01:17c'est un peu plus de 6 milliards de chiffres d'affaires, le narcotrafic,
01:19si on n'en saisissait que 20%, ça réglerait pas mal de problèmes de moyens
01:24pour les enquêteurs, pour la police,
01:26et c'est plus d'un milliard d'euros qui pourraient être disponibles.
01:29Alors ça, c'est le principe.
01:31Il y a une déclaration qui est faite, moi je l'enregistre,
01:33elle s'inscrit parfaitement dans le rapport sénatorial
01:36et je crois que c'est une très bonne chose.
01:37Puis après, il y a la mise en œuvre.
01:39Vous savez, le problème de la France, c'est un problème d'exécution,
01:41des déclarations, on en connaît depuis longtemps,
01:44ensuite l'exécution, c'est un peu plus compliqué.
01:46C'est la thèse de David Lysnard qui explique qu'aujourd'hui,
01:48on a une véritable difficulté d'exécution.
01:51On va avoir le ministre au pied du mur.
01:52Comment est-ce qu'il va s'y prendre ?
01:54Il faut qu'il aille puiser dans notre rapport,
01:56il y a toute une série de propositions,
01:58par exemple une enquête patrimoniale systématique
02:01dans toutes les affaires de stupéfiants.
02:03C'est pas le cas aujourd'hui, la police n'a pas les moyens.
02:05Il faut associer les services fiscaux, des services spécialisés,
02:09qui s'affairent parce que c'est leur métier.
02:11Ensuite, faciliter la saisie, c'est-à-dire bloquer l'argent.
02:15Dès qu'il y a une enquête et dès qu'il y a une suspicion,
02:18on bloque l'argent.
02:19On peut même vendre, confisquer,
02:22et ensuite, s'il y a une difficulté, on rend l'argent.
02:25Mais faciliter et accélérer les procédures de saisie et de confiscation.
02:30Et puis la troisième chose, beaucoup d'avoirs sont à l'étranger.
02:34Donc la saisie et la confiscation,
02:36elle passera par des accords internationaux.
02:38Et là, c'est beaucoup plus compliqué.
02:40Je croyais comprendre que le ministre se rendait à Dubaï.
02:43Oui, il y a à Dubaï des narcotrafiquants qui vivent grand train
02:47avec de l'argent qui est de l'argent sale, qui a été blanchi.
02:51Et il faut s'attaquer à ce problème.
02:52Et il n'y a pas, hélas, qu'à Dubaï.
02:54Voilà, il n'y a pas qu'à Dubaï.
02:55On a identifié les lieux où vivent justement tous ces narcotrafiquants.
03:00On le sait, on les a identifiés.
03:03Enfin, on sait où ils sont.
03:05Ils sont dans le monde entier.
03:07Ils ont vu la France parce que souvent, ils ont des mandats d'arrêt.
03:10Ils sont dans le monde entier.
03:11Et on a, avec certains pays, des difficultés.
03:14D'abord pour les extrader.
03:15Et puis ensuite, pour arriver à confisquer leurs avocats.
03:18– Voilà, ces narcotrafiquants,
03:21bon, c'est bien beau dire, il faut taper au portefeuille,
03:23mais on les connaît.
03:25On sait qui sont aujourd'hui,
03:27parce qu'on parle beaucoup du trafic de stupéfiants en France.
03:29Est-ce qu'on sait aujourd'hui quels sont les gros narcotrafiquants ?
03:34Est-ce qu'ils sont tous identifiés ?
03:36– Tous, je ne sais pas, je ne pense pas.
03:38Mais un grand nombre sont identifiés.
03:41Les services de renseignement, les services de police et de justice sont là.
03:45Donc on en connaît un grand nombre.
03:47Et c'est vrai que si on arrivait à saisir le patrimoine de ces personnes,
03:51on ferait vraiment progresser la lutte contre le narcotrafic.
03:55Il faut ajouter une chose aussi,
03:57c'est que ce trafic, il dure depuis des années.
04:01Donc pendant des années, cet argent, il a été blanchi.
04:04Donc il faut aller rechercher de l'argent blanchi
04:06qui aujourd'hui est dans l'économie réelle, pour être clair.
04:09Et vous avez des narcotrafiquants qui ont acheté des entreprises.
04:12Aujourd'hui, ces entreprises, elles fonctionnent.
04:14Mais il faut remonter dans le temps pour trouver l'origine des fonds.
04:17Et ça, ça va appeler à un travail qui est un travail de très longue haleine.
04:21– Est-ce qu'à l'étranger, il y a des exemples que nous devrions suivre ?
04:26– Les Italiens sont meilleurs que nous à ce sujet-là.
04:29Parce que depuis plus longtemps que nous, ils ont eu le problème de la mafia.
04:33Et c'est vrai que leurs droits devraient nous inspirer.
04:36Il y a deux sujets dans notre rapport sur lesquels on s'inspire des droits italiens.
04:40D'abord, c'est le développement des repentis.
04:42On a en France un système qui permet à un repenti de s'adresser à la police et à la justice.
04:48Il bénéficie d'une réduction de peine.
04:50Il est extrêmement compliqué, il est extrêmement lourd.
04:53Et on a de la peine aujourd'hui à le développer, à le mettre en œuvre.
04:56Pourtant, le jour où vous avez un banquier
04:59dont le métier a été de blanchir de l'argent du narcotrafic,
05:02qui dit, écoutez, maintenant ça suffit, je vais révéler où est l'argent,
05:06comment ça s'est passé, dans quelle entreprise, qui s'en est occupé, etc.
05:09Vous faites tomber des réseaux entiers.
05:11Il faut développer cela.
05:13Puis la deuxième chose qu'il faut faire,
05:15c'est ce que l'on appelle les infiltrés civils.
05:16Pour bien comprendre où va l'argent, il faut rentrer dans le système.
05:20Il faut rentrer dans l'entreprise du narcotrafic.
05:23Aujourd'hui, c'est extrêmement difficile.
05:25Vous êtes policier, vous avez un indicateur, un civil, qui commet des infractions.
05:30Vous dites, bon écoute, on va pouvoir obtenir une réduction de peine,
05:33on va s'engager, mais tu rentres dans le système et tu nous dis comment ça se passe.
05:38Aujourd'hui, le policier, il est en situation juridique fragile.
05:41Il peut être poursuivi pour incitation à la commission de l'infraction,
05:44voire même pire, il peut être poursuivi pour complicité.
05:47Donc il faut régler ces questions-là.
05:49Ça sera au cœur du texte qui sera soumis au Sénat fin janvier.
05:53— Bien, merci beaucoup.
05:55Vous allez soumettre un nouveau texte au Sénat fin janvier.
05:58— Oui, fin janvier. Fin janvier, c'est que l'agenda politique est un peu compliqué,
06:03mais on espère que le texte sera maintenu.
06:06Et ce texte, il va reprendre l'essentiel des travaux de la commission sénatoriale.
06:10— Eh bien, je serai attentif à tout cela, Etienne Blanc, et je pense que nous nous retrouverons.
06:16Parce que c'est essentiel. La lutte contre le narcotrafic, c'est essentiel, Etienne Blanc.
06:21Je sais pourquoi est-ce que vous êtes... Pourquoi ?
06:24Alors tiens, j'avais envie de vous poser une question un peu plus personnelle.
06:28Pourquoi est-ce que vous êtes lancé dans cette lutte contre le narcotrafic ?
06:31Qu'est-ce qui vous a incité à le faire ?
06:35— D'abord, c'est une proposition de Bruno Retailleau qui, comme un grand nombre de sénateurs,
06:39a constaté que ce qui se passait à Marseille constituait une véritable dérive.
06:43Les affaires de meurtre et la violence débridée.
06:46On pourrait en reparler un jour, si vous le souhaitez.
06:48Mais ce que nous avons découvert de violences, c'est quelque chose d'absolument inouï.
06:52Donc je pense que c'est une priorité.
06:53Et la deuxième chose, c'est la situation internationale.
06:56Quand vous voyez comment un certain nombre de pays et des pays européens, voisins d'une autre,
07:01comme la Belgique et la Hollande, ont été impactés au plus haut niveau
07:05par des ministres de la justice, la famille royale de Hollande qui a été menacée,
07:10des avocats assassinés, des journalistes assassinés...
07:14J'ai pensé, comme un certain nombre de mes collègues sénateurs,
07:17que nous étions sur un point de bascule et qu'il était temps de taper très très fort.
07:21C'est pour ça, moi, je suis heureux des déclarations de Bruno Retailleau.
07:25Je suis heureux des déclarations de Gérald Darmanin.
07:28J'espère maintenant que tout ça va se mettre en œuvre.
07:29— Bien. Merci beaucoup, Étienne Blanc. Merci d'avoir été avec nous.
07:33Il est 7 h 46.

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