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Un reportage met en lumière le gaspillage des fonds publics à Pontoise, où des achats exorbitants, comme une cafetière à 200 euros, soulèvent des questions sur les centrales d'achat destinées aux collectivités territoriales. Des économies de 5 milliards d'euros pourraient être réalisées en améliorant les pratiques d'achat des collectivités.

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00:00Nelson Jetten, bonsoir. Alors s'il y a une chose à retenir de ce budget qui pourrait être adopté cette semaine ou pas, l'incertitude demeure, c'est qu'il faut faire des économies, des économies et encore des économies.
00:12Dans votre enquête, ce soir précisément, vous nous montrez un exemple parfait, édifiant de gaspillage d'argent public.
00:20Je vous emmène à la mairie de Pontoise, dans le Val-d'Oise, où on est allé hier après-midi. On avait rendez-vous avec madame la maire.
00:28Tout ce que vous voyez là sur les images d'Hugo d'Orsemen, le mobilier, les fournitures dans son bureau, ça a été acheté à des prix, mais à l'heure des prix, pas du tout cassés.
00:37Cette cafetière que vous pouvez trouver à peu près n'importe où, je pense que beaucoup de vos spectateurs ont peut-être la même, 200 euros, alors qu'on peut la trouver à 60 euros.
00:48Cette bâche, on l'a payée 200 euros. Un particulier, un professionnel privé hors marché public leur a payé 40. Ces bottes, par exemple, qui sont des bottes professionnelles,
01:02puisqu'elles sont coquées, on les a achetées en marché public. Elles ont coûté 145 euros. Vous pouvez trouver les mêmes professionnelles coquées à 36 euros.
01:12– Comment vous qualifiez ces prix-là ? – Pour moi, c'est du racket organisé.
01:17– Où est-ce qu'ils sont pratiqués ces prix ? – Dans les centrales d'achat publique. En fait, c'est comme des gros catalogues, la Redout ou les Trois Suisses dont vous vous souvenez forcément,
01:25où les mairies peuvent commander un peu tout et n'importe quoi, tout ce dont elles ont besoin pour fonctionner. Il y a près de 700 000 références.
01:33Ça va de tous les équipements de bureau aux imprimantes en passant par les véhicules de service pour les mairies et les collectivités.
01:38– Mais 200 euros la cafetière quand même. Donc tout est plus cher que dans le commerce traditionnel ?
01:44– Alors non, pas tout. Il y a même des produits moins chers, notamment les imprimantes. Mais c'est assez rare. Globalement, c'est plus cher que dans le commerce.
01:51J'ai appelé Lugab. Lugab, c'est la plus grosse centrale d'achat public. Eux, justifient ces prix plus élevés en expliquant qu'ils proposent en plus,
01:58notamment un service après-vente et un accompagnement des collectivités au niveau administratif et juridique.
02:04– C'est quoi, du cirage pour les bottes en plastique ?
02:06– Alors pour les bottes en plastique, effectivement, le service après-vente n'est pas très utilisé. Mais pour d'autres produits, ça peut servir.
02:11– Mais les collectivités sont obligées de passer par ces centrales ?
02:14– Non, en dessous de 40 000 euros, les collectivités peuvent acheter où elles veulent. Sauf que de passer par ces centrales, c'est plus simple.
02:22Et c'est surtout une habitude pour des milliers de communes en France.
02:25On va retourner à Pontoise où la maire a voulu nous parler du rideau-gate.
02:30– Ce sont des rideaux très simples. C'est des rideaux que vous pourriez avoir dans votre bureau, dans votre chambre, où vous voulez, chez vous.
02:34On les a payés 200 euros la paire, dans une surface de bricolage grand public.
02:38Si on était passé, puisqu'on avait fait regarder, soit par un marché, soit par une centrale d'achat, on les aura payés 2 000 euros la paire.
02:45– Voilà. Le problème, c'est que d'autres mairies se tournent, elles, vers des sites de revente en ligne américains ou chinois que vous connaissez
02:52et dont la qualité est forcément bien moindre.
02:54– Alors c'est pour cette raison, notamment, que quand les dépenses dépassent 40 000 euros, les communes sont obligées de passer par ces marchés publics.
03:02– Oui, regardez cette ramette de papiers que la maire tient dans ses mains.
03:07La mairie doit en acheter des milliers pour les écoles de la ville, donc pour plus de 40 000 euros.
03:13– On est à 5,25 euros le prix unitaire, soit sur cette commande, 630 euros en marché.
03:19Si vous faites la même commande chez un professionnel, là encore, je ne parle même pas d'une surface de grande distribution ou quoi que ce soit,
03:26vous avez 3,49 euros, je rappelle 5,25 pour les villes.
03:30– Faire appel à des marchés publics, c'est évidemment essentiel, ça permet d'avoir de la qualité et d'éviter une éventuelle corruption,
03:37mais force est de constater qu'il y a des trous dans la raquette.
03:39– Et ces trous, ils coûtent cher, évidemment, vous avez sollicité le gouvernement Nelson
03:44pour essayer d'avoir son son de cloche, des explications.
03:46– Dans un rapport de mai 2024, l'inspection générale de finances rattachée à Bercy a chiffré les économies
03:52qui pourraient être faites juste en améliorant les achats des collectivités, 5 milliards d'euros,
03:575 milliards d'euros d'économies potentielles.
04:00En octobre dernier, le ministre du budget a lancé une mission flash sur les prix des centrales d'achat.
04:04Le ministre, c'était Laurent Saint-Martin, qui est maintenant au commerce extérieur,
04:09donc son cabinet m'a renvoyé vers Amélie de Montchalin, sa remplaçante au ministère du budget.
04:14Son cabinet me dit que la mission est en cours, mais qu'elle ne concerne que les achats de l'État,
04:18pas ceux des collectivités, pour les collectivités locales.
04:21Ils me disent donc de contacter le cabinet du ministre François Rebsamen, qui n'a aucune information.

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