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Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 expliqués par Thibaut Arthaud et Charles Bal.

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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Qui c'est qui connaît,
00:09consacré aujourd'hui aux Jeux Olympiques et aux grands événements sportifs à venir et passer sur 2024.
00:14Et pour cela, nous avons deux invités de choix, à savoir Charles Ball et Thibaut Arthaud.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
00:23Avant de rentrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous dire quel est votre rôle au sein du groupe AVAS
00:28et plus particulièrement au sein d'AVAS Play ?
00:30Je commence.
00:36Moi, je suis Thibaut Arthaud.
00:39Mon rôle chez AVAS Play est d'être directeur du développement,
00:43c'est-à-dire, assez prosaïquement, d'aller chercher des nouveaux clients pour l'agence.
00:49C'est un rôle que j'occupe depuis trois ans à l'agence,
00:51donc depuis avant la séquence finalement des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024,
00:56qui consiste à répondre à des appels d'offres pour nos clients,
01:01à aller prospecter aussi des marques avec lesquelles on ne travaille pas encore
01:06et avec lesquelles on aimerait bien travailler,
01:08et puis à coordonner plus globalement toutes les expertises de l'agence
01:12dès lors qu'on est dans des logiques de développement commercial.
01:16Donc, ça peut être les équipes créatives, les équipes stratégiques
01:20et les expertises de différents métiers qu'on peut avoir à l'agence,
01:23les relations presse, le social media, l'événementiel,
01:27le partenariat média et le brand content, les études,
01:31pour faire en sorte finalement qu'on propose la meilleure réponse d'agence possible sur ces appels d'offres.
01:36Et donc moi, je suis Charles Ball,
01:38je suis récemment devenu Chief Strategy Officer chez AVAS Play,
01:45qui a un métier qui intègre trois dimensions.
01:50La première, c'est de définir et de faire comprendre la stratégie de la marque AVAS Play
01:56et de voir comment ça ruisselle sur nos différents métiers,
01:59qu'est-ce qui nous distingue sur le marché en tant qu'agence
02:02et en tant que somme d'expertise parmi celles que décrivait Thibault.
02:06La deuxième dimension, c'est de superviser le planning stratégique de l'agence
02:11pour qu'on puisse être en mesure de dérouler les meilleures stratégies possibles pour nos clients,
02:16pour ensuite mettre les créatifs sur les bons rails,
02:19pour aller dérouler les meilleures idées pour nos clients, etc.
02:22Et la troisième dimension, c'est celle de l'innovation.
02:25S'assurer qu'on ait un point de vue sur les grands enjeux,
02:29les grandes innovations qui définissent notre métier, notre secteur,
02:32et puis voir aussi qu'est-ce qu'on en fait chez nous,
02:35comment est-ce qu'on se les approprie et comment est-ce qu'on met tout ça en place dans l'agence.
02:39Alors justement, quelles sont les spécificités et expertises un petit peu particulières d'AVAS Play ?
02:44AVAS Play s'est construit autour d'une vision qui est celle qui consiste
02:52à connecter les marques aux communautés à travers les passions.
02:56C'est-à-dire qu'en tant que consommateur, en tant qu'individu d'ailleurs,
03:01avant même d'être des consommateurs, on est régi par des choses qui nous animent.
03:05Des centres d'intérêt, des passions, des sujets de préoccupation.
03:10Et en fait, ces trois choses font qu'on va former des communautés,
03:14sans forcément le savoir toujours.
03:16Mais on va être, on va appartenir à la communauté des runners
03:21parce qu'on court le dimanche matin pour être en bonne santé.
03:24Et puis on va aussi faire partie de cette communauté le jour où on va participer à une première course,
03:28et puis ensuite une deuxième, une troisième, etc.
03:30Et ce qui est vrai sur le running, il y a des gens qui font partie de la communauté,
03:35de ceux qui suivent Koh-Lanta, etc.
03:37Et en fait, chacun, à partir du moment où on forme communauté,
03:40on a une façon d'interagir les uns avec les autres qui diffère.
03:46On a une façon d'interagir avec l'objet de ce qui nous rassemble,
03:50c'est-à-dire qui nous intéresse, qui nous passionne ou qui nous préoccupe,
03:52qui va être assez codifié.
03:54Et on a aussi une façon d'interagir avec les marques en fonction de ça.
03:58Et nous, notre rôle chez Avasplay, c'est d'aller décrypter ces communautés
04:01et d'aller trouver le meilleur rôle pour les marques au sein de ces communautés.
04:06Comment leur être utile pour ensuite aller capter cette audience et l'engager.
04:10Alors, on ne peut pas commencer cette interview sans parler d'un événement majeur
04:15qui a eu lieu en 2024, les JO de Paris.
04:18Quel a été le rôle de Avas, notamment d'Avasplay, dans l'organisation et dans cet événement ?
04:23Avas a été le groupe de communication le plus intégré, le plus actif
04:28autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024,
04:32depuis longtemps, en fait.
04:34Depuis 2017 et la phase de candidature.
04:37Pendant 7 ans, on a accompagné cette aventure Paris 2024 à différents niveaux.
04:43On a accompagné directement le comité d'organisation de Paris 2024 sur plusieurs leviers.
04:49On les a accompagnés notamment via W. Conrad Design,
04:52sur tout ce qu'on a appelé le look des Jeux,
04:55c'est-à-dire l'identité graphique de Paris 2024, la mascotte notamment.
05:01Et puis tout le design, plus globalement l'identité graphique.
05:05On a accompagné aussi chez Avasplay le comité sur la stratégie social-média, réseaux sociaux.
05:12Donc ça a été non seulement un travail de mise à disposition de profils de chez nous,
05:18de l'agence, Charles a été particulièrement impliqué directement
05:21pour accompagner le comité pendant la phase des Jeux,
05:25donc en soutien opérationnel.
05:27Mais ça a été aussi un travail stratégique de longue haleine pendant plus de 2 ans
05:32pour se dire comment est-ce qu'on va accompagner le comité pendant les Jeux,
05:37comment est-ce qu'on anticipe déjà ce qui va se passer dans 2 ans,
05:40comment est-ce qu'on anticipe déjà ce qu'on va pouvoir publier tel jour, après telle épreuve, etc.
05:46Parce qu'il y a une volumétrie telle à anticiper
05:49que ça a supposé de travailler très en amont sur ces sujets-là.
05:53Et puis l'autre grand volet pour lequel le groupe a été particulièrement actif sur les Jeux,
05:58c'est l'accompagnement de partenaires.
06:00On a accompagné une vingtaine de marques partenaires des Jeux,
06:04certaines qu'on a accompagnées vraiment du début à la fin,
06:07c'est-à-dire de la négociation même du partenariat avec Paris 2024 jusqu'au déploiement,
06:14d'autres qu'on a accompagnées plus spécifiquement sur certaines campagnes
06:17ou certaines missions autour du partenariat.
06:20Parmi les marques qu'on a pu accompagner dans le groupe, je citerais LVMH, Orange,
06:24Sanofi, Accord, Danone, Toyota, parmi d'autres,
06:28puisque comme je le disais, il y en a une vingtaine.
06:31Mais ça a beaucoup occupé l'agence, ça a beaucoup occupé le groupe depuis plusieurs années
06:37pour pouvoir faire en sorte de maximiser au mieux et d'activer au mieux ces partenariats.
06:42Justement, vous évoquiez les marques,
06:44pourquoi de telles marques s'engagent dans des événements de ce type ?
06:48Pourquoi c'est si important pour elles et comment est-ce qu'Abbasplay les accompagne ?
06:51Déjà, dans l'univers des événements sportifs, il faut mettre de côté les JO,
06:58les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques,
07:01pour une raison toute simple, c'est que c'est le seul événement sportif
07:06dans lequel il n'y a pas de visibilité de marque.
07:09Il n'y a pas de partenaire le long des terrains, le long des pistes d'athlète, etc.
07:14Ça crée une différence fondamentale par rapport à toute l'industrie de l'événement sportif
07:21parce que tout l'écosystème est construit sur la visibilité que ces événements
07:28peuvent offrir aux marques qui en sont partenaires.
07:32Dans le cas des JO, il n'y a pas de visibilité.
07:34La question qu'on se pose ici, c'est à quoi ça sert pour une marque
07:38de mettre un chèque conséquent sur un événement sur lequel elle ne va avoir aucune visibilité ?
07:45Ça impose une nouvelle façon d'appréhender le sujet,
07:48et donc de mettre de côté la simple exposition de son logo
07:53pour se dire « Ok, qu'est-ce que cet événement va me permettre de raconter comme histoire ? »
07:57Et c'est là que les JO et les JO Paralympiques prennent toute leur dimension,
08:01puisque ce sont des événements qui ont lieu tous les 4 ans.
08:06Les marques peuvent devenir partenaires 4 ans avant l'édition qui va venir,
08:11ou parfois elles les arrivent juste un an avant,
08:13mais quoi qu'il arrive, ça leur offre la possibilité de construire et de dérouler un narratif sur plusieurs années
08:20qui va aller concerner toutes les audiences qui sont les leurs,
08:25de l'interne jusqu'aux clients, que ce soit des clients B2B, des clients B2C.
08:32Tout le monde, à un moment ou à un autre, est réceptif à un discours,
08:37une histoire autour des Jeux Olympiques et Paralympiques.
08:40On était en droit de se poser la question avec Thibault et à l'agence,
08:43« Ok, est-ce qu'on n'est pas nous dans notre microcosme de gens qui aiment le sport et pour qui les JO sont importants ? »
08:48En fait, on en a eu la preuve par mille.
08:53Le pays s'est arrêté pendant les Jeux, pas que les politiques,
08:57mais tout le pays s'est arrêté pendant les Jeux et ça a été une immense fête.
09:01Tout le monde n'a pas pu y participer physiquement,
09:04mais par le biais de la télé, par le biais des réseaux sociaux, par le biais des médias,
09:09tout le monde, ou presque, en a eu un morceau et a pu s'engager dans ce grand rassemblement,
09:16cette grande communauté des gens qui se sont intéressés aux JO à ce moment-là.
09:20Et c'est vrai que les JO à domicile, ça n'arrive pas aussi souvent…
09:24Comment ?
09:25Pardon ?
09:26Tous les cent ans.
09:27Tous les cent ans !
09:28Alors, quelle a été votre impression sur cette réception faite par la France à domicile de cet événement mondial ?
09:36On est français, donc on râle.
09:38C'est comme ça, on l'a toujours été, on l'a toujours fait et on le fera toujours.
09:42C'est culturel.
09:43C'est culturel.
09:44Ce qu'il faut savoir en revanche, c'est que quand un pays reçoit la responsabilité d'organiser les Jeux,
09:49il reçoit aussi beaucoup d'aide de la part du CIO.
09:52Donc, en l'occurrence, c'est une espèce de mode d'emploi pour comment est-ce qu'on organise les Jeux.
09:57Et dans ce mode d'emploi, le CIO a le recul sur tous les Jeux qui ont été organisés par le passé.
10:04Et donc, c'est un peu le CIO, d'une certaine façon, qui va dicter le tempo des annonces à faire,
10:10à quel moment il faut annoncer que les routes vont être bloquées pour que le marathon ou les épreuves cyclistes puissent avoir lieu,
10:19à quel moment il faut annoncer que les transports en commun vont changer de prix, etc.
10:25Et en fait, tout ça, en réalité, est extrêmement codifié dans le temps.
10:30Et donc, nous, on a eu l'impression, sans être dans les petits papiers de l'organisation des Jeux,
10:36qu'on avait une accumulation de mauvaises nouvelles, etc.
10:39On a même réussi à nous faire croire que Paris, qui est quand même l'une des plus grandes villes touristiques au monde,
10:45n'allait pas être capable de transporter en métro des personnes qui visitent la ville en plein été,
10:51quand les Parisiens l'ont quittée.
10:55En fait, alors que tout ça a été prévu, organisé, et preuve en est, tout s'est passé merveilleusement bien.
11:04Pour compléter ce que tu disais, moi, j'ai senti un changement total de perception à la fin de la cérémonie d'ouverture.
11:11C'est assez bluffant.
11:13La cérémonie d'ouverture, on sait, c'était un projet hyper ambitieux.
11:16Le groupe AVAS a été associé à la production de la cérémonie d'ouverture par Paname 24,
11:22qui est un Paris hyper audacieux, qui a été fait par les cinq des plus grandes agences événementielles de France.
11:31Donc, le groupe AVAS, Auditoire, Double 2, Ubibéné et Obo,
11:38qui ont travaillé ensemble, qui se sont dit conjointement,
11:42on ne pourra livrer cet événement qu'ensemble, parce que c'est un événement qui a lieu tous les quatre ans.
11:47C'est probablement la plus grande production événementielle au monde.
11:51Jamais on ne saura la faire.
11:53Et donc, autant travailler ensemble, nous qui sommes concurrents habituellement,
11:57trouver le bon schéma pour le faire ensemble,
11:59pour qu'on puisse livrer cet événement, cette image de la France,
12:04à l'occasion des cérémonies d'ouverture olympiques et paralympiques.
12:07Ça a été une réussite formidable, malgré la météo.
12:10Malgré la pluie.
12:11Ça a été une réussite formidable.
12:13Et j'ai eu un sentiment immédiat de changement total de perception,
12:19de la part non seulement des Français et encore plus spécifiquement des Parisiens,
12:23sur les Jeux vont être incroyables.
12:26Et tous ceux qui sont partis se sont dit, je rentre ou j'aurais dû rester.
12:30Parce que là, on est vraiment entré dans cette séquence.
12:32Et il y a eu un moment assez incroyable qui s'est produit avec cette cérémonie de communion
12:39et qui a lancé cette séquence des Jeux pour de bon,
12:42et dans laquelle vraiment ces Français râleurs sont devenus des Français
12:46qui avaient envie de célébrer cette passion des Jeux.
12:50Il y a un autre élément, pardon, je pense, qui a fini de faire tomber la pièce du bon côté.
12:57Et c'est toute la magie du secteur dans lequel on évolue.
13:05C'est qu'en fait, au bout du compte, on est toujours soumis à la dramatique du sport.
13:11On fait les mêmes Jeux sans la médaille d'or de l'équipe de France de rugby A7,
13:17sans cette équipe qui se met à danser et à enflammer le Stade de France et le Club France.
13:22Ce n'est pas la même chose.
13:23Et donc c'est ça qui est génial en fait, c'est qu'il y a toujours ce truc.
13:26On peut imaginer les plus belles des cérémonies,
13:28on peut imaginer les plus belles des opérations pour les partenaires.
13:32Si le sport n'est pas au rendez-vous, si les athlètes qu'on soutienne ne sont pas au rendez-vous
13:38ou sont surpassés par d'autres athlètes qui sont meilleurs que ce jour-là,
13:42en fait, il ne se passe pas la même chose.
13:44Là, tout s'est aligné parfaitement, sportivement, d'un point de vue événementiel,
13:49émotionnellement, tout le monde était au rendez-vous.
13:52Et moi, je fais partie de ceux qui pensent que la météo a ajouté à la magie de ce moment.
13:58C'est vrai que finalement, on a défié les lois de la météo avec une cérémonie
14:01qui a surpassé toutes les attentes.
14:03À l'image de Paris 2024.
14:05Exactement.
14:06Donc pour vous, c'est un des événements marquants des JO.
14:07Est-ce qu'il y en a eu d'autres ?
14:08C'est vrai qu'il y en a eu sans doute énormément.
14:10Mais est-ce que vous avez d'autres moments marquants en tête ?
14:14Un moment que j'ai eu la chance de vivre directement depuis Paris la Défense Arena pour la natation,
14:19c'est la soirée de la double médaille d'or de Léon Marchand, qui était incroyable.
14:24J'ai jamais vécu cette ambiance dans une salle, un stade.
14:28C'était incroyable, sur la première médaille notamment, où il est derrière sur les trois quarts de la course.
14:35Et donc il y a un peu ce sentiment qu'il ne va pas réussir à gagner.
14:38Et puis sur sa dernière longueur, il fait ce qu'on appelle une coulée,
14:41qui est toute la phase de lancement du début de sa longueur, où il est sous l'eau.
14:46Et puis on le voit qui grignote, qui grignote, qui grignote, et il ressort en tête.
14:50Et là, il y a une espèce d'effervescence incroyable dans la salle,
14:54et je crois que ça a été vraiment un des moments marquants des Jeux.
14:57Est-ce que vous pensez que ces Jeux ont changé la perception que les Français,
15:02ou même l'ensemble des personnes, ont du sport en général ?
15:06Est-ce que vous pensez que ça va avoir des impacts, et lesquels après cet immense événement ?
15:11Ça en a déjà eu.
15:13On a pu observer auprès de beaucoup de fédérations sportives différentes
15:19un pic dans les licenciés.
15:22Ce qui est marrant, c'est qu'il y a une fédération, la Fédération française de football,
15:27qui se demandait si elle n'allait pas, paradoxalement,
15:30souffrir un petit peu des pics de licenciés dans les autres fédérations.
15:34Parce que c'est un jeu à somme nulle.
15:36Normalement, si je ne me licencie pas auprès de la Fédération française de foot,
15:40c'est parce que je suis allé ailleurs.
15:42Donc il y avait cette crainte-là.
15:43Et en fait, même à la Fédé de foot,
15:45qui n'a généralement pas de problème à avoir des licenciés au début d'année,
15:49partout, en fait, il y a eu une élévation.
15:52Donc il y a eu, comme à chaque fois, c'est assez commun,
15:55à chaque fois qu'il y a soit un grand événement sportif en France,
15:58soit une victoire d'une équipe française dans une grande compétition internationale,
16:03il y a toujours un pic de licenciés dans la fédération concernée à la rentrée qui suit.
16:09Après, ce que ça pose comme question, c'est est-ce que les infrastructures sportives,
16:16les infrastructures associatives sont en mesure de suivre ?
16:19Et la question se pose particulièrement pour les sports paralympiques.
16:25Est-ce que les jeux para ont créé plein de vocations ?
16:30Et c'est merveilleux.
16:32Ça a créé plein de vocations chez toutes les personnes
16:35qui étaient elles-mêmes en situation de handicap
16:37et qui ont vu pour certaines des perspectives,
16:41pour d'autres des rôles modèles, etc.
16:44Et en fait, ce qui peut être terrible, c'est,
16:47une fois que ces personnes ont eu envie de se mettre à faire du sport,
16:50d'aller sonner à la porte d'un club ou à la porte d'une fédération
16:54et de se rendre compte que, même encore aujourd'hui,
16:57même après les Jeux, il n'y a pas les infrastructures pour les accueillir.
17:00Donc c'est un énorme challenge à relever pour la France en général
17:04et la France du sport en particulier.
17:06C'est vrai qu'on peut se poser la question de comment profiter
17:09de tout ce qui a été développé, notamment comme moyen d'infrastructure.
17:12Ça pose aussi la question de l'inclusion et de la diversité dans le sport.
17:15Vous pensez qu'il y aura un avant et un après JO Paris 2024
17:19sur cet aspect d'inclusion et de diversité dans l'univers du sport en particulier ?
17:24Il y a eu déjà des audiences télé sur les Jeux para qui ont été au rendez-vous.
17:31C'est circulaire en fait, il faut que tous les acteurs soient au rendez-vous.
17:36Il faut que, sportivement, les athlètes soient performants,
17:41il faut que les médias soient là pour les filmer,
17:44il faut que le public soit là pour le regarder.
17:47Et tout ça s'est aligné pendant les Jeux para.
17:51Après, une chaîne ne tient qu'à la valeur de son maillon le plus faible.
17:56Donc maintenant, il faut que tout le monde continue d'être au rendez-vous.
17:59Il faut que le tissu sportif associatif continue d'organiser des beaux événements,
18:04notamment pour les paras.
18:06Que le public continue d'être au rendez-vous,
18:09que ce soit dans les stades ou à la télé.
18:13Et donc pour ça, il faut aussi que les médias soient là pour continuer de les diffuser.
18:17Et en fait, ce n'est pas un problème franco-français,
18:21parce qu'il y a des pays dans lesquels il y a une vraie économie
18:25autour du sport des disciplines paralympiques,
18:28avec du public, des médias, des athlètes performants, etc.
18:33Je pense aux Pays-Bas notamment,
18:35qui est un des pays qui est le mieux classé aux Jeux paralympiques,
18:38au classement des médailles,
18:40qu'on voit finalement assez peu dans les Jeux olympiques,
18:43très fort sur certaines disciplines, etc.
18:45Mais sur les Jeux paralympiques, ils ont cette capacité,
18:48parce qu'effectivement, toute cette chaîne de valeur du sport paralympique
18:53est très développée au sein des Pays-Bas,
18:57à faire que les athlètes paralympiques sont dans des conditions
19:00qui leur permettent de surperformer par rapport à d'autres pays,
19:03qui sont des très grands pays de sport,
19:05qui sont même parfois des très grands pays en termes de population
19:07et dont on se dit que du coup le visier est plus important,
19:10mais qui n'ont pas forcément les structures pour accueillir très jeunes
19:13et puis pour développer ensuite les talents paralympiques.
19:17Et là, on a vu vraiment ce qu'un pays avec des infrastructures
19:21et une chaîne de valeur développée pouvait produire pour ses athlètes.
19:26Et alors ces athlètes qu'on essaye d'accompagner au mieux
19:29pour qu'ils soient justement très performants,
19:31il y a un point qui m'a un petit peu marqué,
19:34notamment tout ce qui est santé mentale.
19:36Beaucoup d'athlètes se sont ouverts de manière totalement transparente sur le sujet.
19:41Est-ce que vous pensez que c'est bien ?
19:42Est-ce que vous pensez que ça va changer aussi un certain nombre de choses
19:45dans la façon de gérer les athlètes,
19:47même d'être vu par les spectateurs
19:50qui ont une vision du coup d'un athlète pas toujours au top de sa performance ?
19:54Est-ce que cette histoire de santé mentale est importante,
19:57sans en faire non plus des tonnes sur le sujet ?
20:01Mais c'est quand même assez marquant de se dire que des grands athlètes
20:04n'ont pas peur de parler de ce genre de faiblesse, en tout cas de faille,
20:09qui les rend finalement plus humains,
20:11malgré des performances parfois inhumaines,
20:13tellement ils sont bons et ils sont forts.
20:16C'est vrai que depuis quelques années,
20:18et je pense notamment depuis 2020, le Covid, etc.,
20:23il y a eu une libération de la parole des athlètes sur leur santé mentale.
20:29Pendant très longtemps, on a accepté, pardonné, compris
20:34que des athlètes pouvaient être blessés physiquement,
20:37soit par des blessures traumatisantes,
20:39soit par des blessures de fatigue musculaire, etc.
20:42Ça a toujours été accepté.
20:44On n'a jamais reproché à un athlète de s'être fait une élongation,
20:47une déchirure à la cuisse, etc.,
20:49et donc de ne pas pouvoir être disponible pour une épreuve.
20:52En revanche, on ne comprenait pas,
20:54ce n'est même pas qu'on ne l'acceptait pas,
20:56c'est qu'on ne comprenait pas qu'un athlète,
20:58quel qu'il soit, dans quelque discipline que ce soit,
21:01quel que soit son niveau, puisse dire
21:04« Je ne suis pas en mesure de participer à une compétition
21:07parce que ma santé mentale est en souffrance et défaillante. »
21:12Et je pense vraiment que ce qu'a fait Simone Biles,
21:15au moment de Tokyo,
21:17quand elle a dit qu'elle déclarait forfait sur certaines des épreuves
21:21pour revenir ensuite de gymnastique
21:24parce que sa santé mentale ne lui permettait pas,
21:27sur la gymnastique qui est un sport où la santé mentale est fondamentale
21:31pour être en confiance et pour pouvoir réussir ses mouvements,
21:34je pense que ça a participé à changer ce regard.
21:37Ça a été ensuite aussi le cas dans d'autres sports,
21:40jusque très récemment, Antoine Dupont, après les Jeux,
21:43qui dit qu'il a besoin de faire un break
21:45et donc qui s'octroie plusieurs semaines de vacances totales
21:50avant de reprendre.
21:53Léon Marchand, très récemment aussi,
21:55qui met un terme plutôt à son année 2024
21:59et qui ne participe pas aux Championnats du monde en petit bassin,
22:02en expliquant qu'il se sent fatigué,
22:06sans préciser si c'est mental ou physique,
22:08mais il se sent fatigué.
22:10Et je pense qu'il y a une compréhension
22:12de plus en plus forte du public aujourd'hui
22:15sur ces sujets de santé mentale.
22:17Et le cas de Simone Biles, il est fondateur
22:20parce qu'elle a montré que cette blessure mentale
22:25n'est pas irréversible.
22:27C'est-à-dire qu'elle a quitté les Jeux de Tokyo
22:30avec comme explication de son retrait de certaines épreuves
22:35une envie de couper pour préserver sa santé mentale.
22:38Et trois ans après, à Paris, elle revient et elle gagne tout.
22:42Et donc, parce que derrière le sujet de la santé mentale,
22:45il y a cette croyance erronée
22:49qui consiste à se dire que c'est irréversible.
22:51C'est bon, il a lâché.
22:53Il n'a plus l'exigence du haut niveau
22:55ou il a craqué sous la pression.
22:57Comme si, en fait, on ne pouvait pas craquer,
23:00se recentrer sur soi-même
23:02et puis revenir et être encore meilleur.
23:04Et en fait, Simone Biles a montré ça.
23:06Ce qui est fantastique même pour tout le monde,
23:08tous les spectateurs, pour les fans,
23:10les fameuses communautés qui suivent,
23:12c'est un enseignement de vie.
23:14Et alors, cette santé mentale,
23:16elle a aussi touché post-JO pas mal de personnes
23:18puisqu'on a parlé du syndrome du blues post-JO.
23:21On l'a tous plus ou moins expérimenté.
23:23Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
23:25Est-ce que vous l'avez vous-même éprouvé, ce sentiment ?
23:28Moi, j'ai eu la sensation de m'être fait larguer après les JO.
23:32Vraiment, j'avais un truc en moins dans ma vie.
23:35Dès que j'avais une fenêtre,
23:37je commençais par regarder par la fenêtre
23:39en me penchant un peu ma tête
23:41et avec la tentation de mettre des musiques tristes.
23:43Vraiment, j'étais dans cet état-là, en fait.
23:45Et puis, quand je me remettais des séquences des jeux,
23:49j'avais les larmes qui commençaient à monter.
23:51Donc, j'arrêtais ça tout de suite.
23:53Mais je suis sérieux.
23:55J'ai vraiment eu cette sensation-là, en fait.
23:57Et je n'ose même pas imaginer
24:00ce que ça doit être pour un athlète.
24:02Et encore plus pour un athlète qui n'a pas réussi,
24:06qui n'a pas atteint ses objectifs sur les JO.
24:09J'ai eu l'occasion d'en parler avec quelqu'un,
24:11avec la mère d'un athlète.
24:13C'était complètement par hasard.
24:15Je ne savais même pas que son fils
24:17était engagé sur les jeux.
24:19Un athlète para,
24:21qui était pressenti pour avoir une médaille
24:24et qui est complètement passé à côté de ses épreuves.
24:28Et en fait, c'est...
24:30Alors, moi, j'ai été bouleversé pour elle.
24:32Alors, il s'avère que, pour lui,
24:34il a été très bien accueilli,
24:36très bien accompagné.
24:38Sur l'instant et dans les jours qu'on suivit.
24:41Et il avait été très bien préparé en amont.
24:43Donc, il semble se relever de ce truc-là.
24:46Mais je n'ose même pas imaginer
24:48ce que ça doit être, en fait,
24:50au fond de soi, comme blessure,
24:52justement, de se dire...
24:55Pendant mes Jeux,
24:57dans mon pays,
24:59avec mon public,
25:01je n'ai pas eu l'objectif que je m'étais fixé.

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