Femme, vie, liberté ! Ce mouvement, symbole de l’opposition au régime iranien, lutte contre des lois restreignant les libertés fondamentales des femmes. Porté par les Iraniennes, il a émergé après la mort de Mahsa Amini, donnant lieu à des manifestations à travers le pays et le monde.
Mortaza Behboudi, qui a grandit en Iran, est le seul journaliste européen à avoir couvert ces événements. Il raconte la naissance de ce mouvement de révolte et de sororité, ainsi que les risques encourus pour en témoigner.
Son livre "Femme, vie, liberté", co-écrit avec Marine Courtade, vient de sortir aux éditions du Rocher.
Mortaza Behboudi, qui a grandit en Iran, est le seul journaliste européen à avoir couvert ces événements. Il raconte la naissance de ce mouvement de révolte et de sororité, ainsi que les risques encourus pour en témoigner.
Son livre "Femme, vie, liberté", co-écrit avec Marine Courtade, vient de sortir aux éditions du Rocher.
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00:00Ahu Daryaï, la jaune fille,
00:01c'est dévêtu en plein campus à l'Université d'Azad Islamique
00:06dans le nord de Téhéran.
00:07Donc aujourd'hui, elle est dans un hôpital psychiatrique.
00:10Le régime iranien n'arrive pas à appliquer leur projet de loi
00:13sur le hijab et chasteter.
00:15On voit le pouvoir de ce mouvement Famille Liberté en Iran.
00:20L'Iran, c'est le pays où j'ai grandi.
00:22Mes parents, à l'arrivée des talibans,
00:24le premier régime des talibans en 1996,
00:26sont partis d'Afghanistan
00:28parce qu'on fait partie de la communauté Hazara,
00:31persécutée à la fois par les talibans et les membres de Daesh.
00:33Et puis après, j'ai commencé à travailler sur plusieurs aspects
00:38parce que je parle persan
00:39et j'ai tissé des liens avec les Iraniens et les Iraniens.
00:43Ce mouvement a déclenché après la mort de Massamni,
00:45qui avait 22 ans,
00:46qui dépassait en fait une mèche de chevaux,
00:49qui a été arrêtée en présence de son frère
00:52et puis après décédée à l'hôpital Khasra de Téhéran.
00:56Quelques jours après cet événement,
00:58les manifestations se sont déclenchées
01:01et j'ai décidé d'y aller.
01:02J'étais le seul journaliste européen sur place.
01:03Le mouvement s'est déclenché depuis les facs,
01:06dans une salle de classe,
01:08avec des gestes simples.
01:09Quand le professeur disait
01:11« Porte ton foulard ! »,
01:14en criant en fait sur cette étudiante,
01:16donc elle, elle sortait de la salle.
01:19Et donc on voyait, jour après jour,
01:22qu'en fait il n'y a plus d'étudiants.
01:23On voyait aussi les cantines séparées des hommes et des garçons,
01:27enfin des garçons et des filles, séparées,
01:30mais en fait préférées manger dans la cour de l'université
01:35ou dans les halls,
01:36et ne pas manger en fait dans la cantine séparée par le régime.
01:40Quand elles ne portent pas le foulard,
01:42ces filles et ces femmes,
01:44elles risquent d'être arrêtées,
01:46emprisonnées, voire même torturées,
01:48et puis ensuite envoyées dans les centres de rééducation.
01:51Étudier la charia, étudier encore l'islam.
01:54On a vu avec le cas d'Ahou Daryaï,
01:57la jaune fille,
01:59dévêtue en plein campus à l'université d'Azad Islamique
02:02dans le nord de Téhéran.
02:03Donc aujourd'hui, elle est dans un hôpital psychiatrique.
02:06Parfois, porter le foulard, c'est aussi un combat.
02:09C'est aussi faire la résistance.
02:11Pourquoi ?
02:11Parce qu'en fait, quand je monte dans un taxi,
02:15elle monte dans un taxi, cette Iranienne,
02:18donc elle ne veut pas mettre en danger le chauffeur de taxi.
02:24Parce qu'en fait, le chauffeur risque de recevoir une amende,
02:27d'être arrêté.
02:28C'est pour ça qu'en fait,
02:29elles ont toujours un châle, un foulard dans le sac.
02:33Nous, on a cherché à aller dans chaque classe populaire,
02:37la classe moyenne, plusieurs personnages.
02:39On a vu par exemple, cette famille religieuse,
02:43ils étaient contre la fille qui ne portait pas le foulard.
02:47Malgré ça, ils soutenaient quand même le combat de sa fille.
02:52Elle comprenait la mère, sa mère, elle comprenait notamment,
02:55moi j'ai plusieurs images, la photo,
02:57où on voit une mère avec le foulard,
03:01tient les mains ces deux jeunes filles qui ne portaient pas le foulard.
03:05Elles marchent dans les rues, c'est le signe de soutien.
03:08Et on voit ça aussi parmi même les gardiens de la Révolution,
03:10les familles religieuses,
03:12leurs enfants font leurs études à l'étranger, à Paris, ailleurs.
03:15Donc en fait, malgré tout, ils ne laissent pas la jeunesse iranienne libre.
03:20Et partout en Iran, pas seulement dans les grandes villes,
03:22mais aussi dans le sud, dans le nord, de plus en plus,
03:26ces gestes continuent à nous montrer que le mouvement Famille Liberté est vivant.
03:32C'est un pays dirigé par les Mollahs.
03:34Aujourd'hui, pourquoi l'Iran n'arrive pas à appliquer le projet de la loi,
03:38le hijab et chassoter ?
03:39Parce qu'en fait, ils ont peur.
03:41Ils ont peur que ça leur arrive,
03:44que c'est ce qui est arrivé à Bachar Al-Assad,
03:46la chute du régime Bachar Al-Assad.
03:48Donc le prochain, ce sera le régime iranien.
03:50Donc ils ont peur de ça.
03:51C'est pour ça qu'en fait, de plus en plus, on voit les femmes,
03:53les jeunes filles sortent dans les rues sans le foulard, sans le hijab.
03:57Cette jeunesse ne souhaite pas quitter l'Iran.
04:00Elles veulent rester.
04:01Elles veulent rester en Iran et voir le pays libre.
04:05La République Islamique d'Iran recrute des agents partout.
04:08À l'université, une personne normale peut être,
04:12la personne peut être un informant du régime.
04:14Et donc en fait, dans cet auberge où je dormais,
04:17un voyageur simple m'a balancé au régime.
04:19Il est venu vers moi.
04:20Il m'a dit, je sais qui tu es et ce que tu es en train de faire.
04:23Je t'ai déjà balancé.
04:24Moi, j'ai pris mon sac à dos.
04:26J'ai curé, en fait, dans les rues de Téhéran.
04:27Je me suis caché dans le nord de Téhéran.
04:29Puis après, j'ai appelé ma boîte de prod qui m'ont beaucoup aidé.
04:31Et donc, en fait, j'ai pris un dernier vol à 4 heures du matin.
04:35On n'était pas sûr, en fait.
04:36J'ai dû jeter plusieurs choses, mes matériels dans les poubelles
04:40pour ne pas être repéré à l'aéroport.
04:42Je n'étais pas sûr de prendre le vol ou pas.
04:44L'ambassade de France même ne m'a pas rappelé.
04:47On m'a réservé, ma boîte de prod, un vol pour Dubaï.
04:50Donc, en fait, j'étais très stressé.
04:53Puis chaque contrôle était aussi pour moi.
04:56Je me suis dit, ben non, là, maintenant, je serai arrêté.
04:58J'ai effacé tout sur mon portable
05:00parce que j'avais envoyé mes images, mes interviews dans le drive.
05:03Puis, en fait, ils ont été téléchargés déjà.
05:05Donc, il n'y avait aucune information sur mon portable.
05:08J'ai participé, en fait, dans le mouvement Famille Liberté.
05:10En passant quatre contrôles, une fois j'étais dans le vol,
05:14j'ai commencé à pleurer au téléphone avec une amie.
05:17Et donc, je dis, ben voilà, c'est bon, on décolle.
05:20Et donc, je ne suis plus en danger.
05:23Après toutes nos enquêtes, reportages dans ces pays de guerre,
05:27une fois repérés, malheureusement, on ne peut plus y aller.
05:29Il faut attendre la chute de Bachar al-Assad.
05:32Il faut attendre la chute des talibans ou la chute du régime iranien
05:37pour ensuite retourner voir ces pays.