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Chères lectrices, chers lecteurs,

Voici la captation de la rencontre des journalistes Mortaza Behboudi et Marine Courtade autour de leur ouvrage Femme Vie Liberté, paru cet hiver aux éditions du Rocher.

Dans le cadre de nos Mardis de L'écume, la discussion est animée par Hélène Bihèry-Dupuy.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

Depuis la mort de Mahsa Amini, survenue le 16 septembre 2022, trois jours après son arrestation pour non-respect du port du voile, un cri retentit en Iran : « Femme, vie, liberté. » Un mouvement inédit dans l'histoire contemporaine de ce pays.

Au coeur de cette révolte, une majorité de jeunes gens de moins de trente ans, issus de milieux sociaux divers. Ils s'allient pour organiser des manifestations, distribuer des tracts, taguer les murs, notamment ceux de Téhéran et d'Ispahan. Ils s'engagent malgré les menaces et la répression violente mise en place par les autorités.

Mortaza Behboudi, qui a vécu plusieurs années en Iran, fut le seul journaliste européen à se rendre alors sur place, pendant les événements, au péril de sa vie. Sous son regard franco-persan se dessine le portrait d'un pays tiraillé entre conservatisme et soif de liberté. Au plus près de cette génération qui se réunit dans des lieux secrets, des cafés clandestins, refuse de porter le voile, soigne des blessés, il nous fait découvrir ces femmes et ces hommes qui se battent, risquant l'emprisonnement, la torture, la mort.

Mortaza Behboudi est grand reporter et réalisateur indépendant. Fait prisonnier par les talibans le 7 janvier 2023, il est libéré neuf mois plus tard. Son travail a été récompensé par le prix Bayeux des correspondants de guerre en 2022. Il a été finaliste du prix Albert Londres en 2024 pour son film Nous, jeunesse(s) d'Iran, réalisé avec Solène Chalvon Fioriti.

Marine Courtade est grand reporter et réalisatrice indépendante. Finaliste, en 2016, du prix Albert Londres pour son film sur les enfants nés des viols du génocide rwandais. Son reportage sur les révoltes contre l'oppression des Iraniennes, réalisé avec Élodie Pakosz pour l'émission « Sept à Huit » (TF1), a été particulièrement remarqué.

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Transcription
00:00:00Bonsoir à tous, merci d'être avec nous ce soir, d'avoir parlé de froid, merci particulièrement
00:00:12à vous, Morteza Beboudine, et à vous, Marine Cotard, d'être nos invitées, on est très
00:00:17heureux de vous recevoir, on vous reçoit parce que vous publiez à 80 un livre qui
00:00:23s'appelle « Femmes, liberté » qui vient de paraître aux éditions du Rocher, et vous
00:00:28allez nous expliquer comment vous avez fait ce livre ensemble, pour quelles raisons vous
00:00:31l'avez fait ensemble, je vais vous présenter brièvement, Morteza Beboudine, vous êtes
00:00:35née en Afghanistan, il y a à peine 30 ans, vos parents ont fui les talibans en 2 ans
00:00:42après votre naissance, et vous avez grandi en Iran, vous avez passé votre enfance, votre
00:00:47adolescence en Iran, ce qui fait que vous parlez évidemment des personnes, que vous
00:00:51connaissez cette culture des personnes, vous êtes ensuite repartis faire vos études à
00:00:55l'école, et puis assez tôt, je crois, la temptation du journalisme vous a prise,
00:01:01vous me raconterez peut-être une petite anecdote qui est dans le livre et que j'aime beaucoup,
00:01:04il y a 15 ans vous participez déjà à une manifestation, vous êtes aujourd'hui franco-afghan,
00:01:10vous êtes réfugié en France en 2015, vous avez là une nationalité française depuis
00:01:142020, on s'en félicite, on est ravis que vous soyez français.
00:01:17Ah bon, on retaille !
00:01:20Oui, Marine Portail, vous êtes française, vous êtes né en Iran, grand porteur, journaliste,
00:01:26tous les deux indépendants, documentariste, vous avez beaucoup travaillé sur les viols
00:01:31comme arme de guerre, on y reviendra aussi, c'est aussi un des sujets de votre livre,
00:01:35vous avez fait un très beau film consacré aux enfants, mais de viols après le génocide
00:01:40au Rwanda qui s'appelle Un an des souvenirs, plus récemment vous avez fait un autre film
00:01:44toujours sur les viols, cette fois en Ukraine, qui s'appelle Viol en Ukraine, documenté
00:01:48d'horreur.
00:01:49On voit que vous êtes des jeunes gens engagés, courageux, qui n'hésitaient pas à vous rendre
00:01:54dans des terrains très douloureux, difficiles, au péril de vos vies, on reviendra sur un
00:02:00épisode plus dur de votre existence plus récente.
00:02:04Et on va venir tout de suite au sujet de votre livre, Famille, liberté, qui est ce
00:02:09écrit qui a jailli d'Iran trois jours après l'arrestation et le décès de cette jeune
00:02:14femme, Amasa Hanoumi, le 13 septembre 2022, elle a 22 ans, elle est kurde, elle y rend
00:02:21visite à des amis intolérants, à sa famille, et puis on estime que les gardiens de la révolution
00:02:26ou la police des meurtres, je ne sais plus très bien, la police des meurtres, trouvent
00:02:30qu'il y a une mèche de cheveux qui dépasse un peu trop de son grand, elle s'est fait
00:02:33arrêter et elle ne survivra pas à cette arrestation.
00:02:36Ça va créer en Iran un mouvement de révolte absolument unique, Iran qui a déjà connu
00:02:42beaucoup de soulèvements, beaucoup de révolutions, cette jeunesse qui a déjà souvent essayé
00:02:46de se libérer du joug de ce régime religieux extrêmement répressif, surtout à l'endroit
00:02:52des femmes, on y reviendra.
00:02:54Qu'est-ce qui le rend unique ce mouvement et qu'est-ce qui fait que vous, très vite,
00:02:57tout de suite, vous avez eu envie d'aller documenter cette révolution ?
00:03:05Bonsoir à toutes et à tous, merci beaucoup d'être là.
00:03:10Au début, on a regardé ces images sur les réseaux sociaux de manifestations, de grandes
00:03:15manifestations, sur les réseaux après la mort de Massa Amini le 16 septembre 2022.
00:03:21On a partagé ces images, on a utilisé ces images pour en faire un reportage à la télé
00:03:27parce qu'aucun journaliste n'était autorisé à aller en Iran.
00:03:30Donc moi, j'étais un peu, je me suis senti très frustré parce qu'à chaque fois, c'est
00:03:37mon truc de m'infiltrer, en fait, quelque part, je me suis infiltré dans un camp de
00:03:42réfugiés en Europe, un peu partout.
00:03:45Cette fois, c'était très, très dangereux.
00:03:47C'était l'Iran où le risque était omniprésent et la peine de mort, j'ai risqué d'être
00:03:55pendu par les gardiens de la révolution.
00:03:58Et donc, j'ai pris la décision de me rendre en Iran avec un visa touriste.
00:04:03Une fois sur place, j'ai commencé à contacter mes amis iraniens avec qui j'ai tissé des
00:04:10liens pendant mon adolescence et même après ou avant.
00:04:13Et donc, on a changé même son salon à elle en salle de rédaction.
00:04:18À Téhéran.
00:04:19À Téhéran, on a envoyé des images, des photos, voilà, des vidéos.
00:04:23Pour les médias français, notamment Libération, on a fait la une d'Ibé, Libération, pour
00:04:31les JT 20h de France 2, un envoyé spécial, un film, d'autres et d'autres.
00:04:36Et donc, en fait, l'envie est venue de voir ces images publiées sur les réseaux sociaux.
00:04:43Et donc, pourquoi on ne peut pas y aller sur place?
00:04:47Pourquoi, en fait, on est bloqué?
00:04:49On ne nous donne pas de visa.
00:04:51Aller sur place, faire un reportage.
00:04:53Et donc, en fait, c'était pareil pour toi, non?
00:04:57Il fait les questions et les réponses.
00:04:59Vous allez voir.
00:05:04En fait, le projet, il est né.
00:05:10Il y a vraiment au moment où le mouvement commençait en 2022.
00:05:15Mortaza, il a décidé d'aller s'infiltrer sur place.
00:05:20Et moi, à cette époque là, je travaillais pour l'émission 7 à 8 sur TF1.
00:05:25J'ai réalisé un reportage pour eux sur ça.
00:05:28Et moi, pour le coup, c'était vraiment la première fois où je ne pouvais pas aller sur place
00:05:33parce qu'on m'a refusé le visa.
00:05:36Et c'est vrai que parfois, quand on refuse le visa, on peut y aller de manière clandestine.
00:05:41Mais là, les risques étaient beaucoup trop importants.
00:05:44Donc, moi, j'ai vraiment travaillé avec les images que je recevais d'Internet
00:05:50et avec des Iraniens et des Iraniennes qui étaient particulièrement courageux
00:05:53et qui ont accepté de filmer pour moi
00:05:55et de m'envoyer ces images avec tous les risques que ça comportait.
00:05:59Et c'est vrai que Mortaza, lui, il était sur place.
00:06:03Et quand il est rentré et qu'on en a discuté, etc.,
00:06:07l'idée d'en faire un livre est venue assez naturellement
00:06:12parce que Mortaza, il est rentré aussi quelque part frustré
00:06:18de ne pas avoir pu tout filmer
00:06:20parce que les risques étaient trop importants pour les personnes qui l'avaient pu suivre.
00:06:25Et il y avait plein, comme ça, de personnages, de combattants de l'ombre
00:06:32dont on avait envie de raconter l'histoire, mais il n'y avait pas d'image.
00:06:35Et nous, on vient du monde de l'image.
00:06:37Et donc, voilà, c'est comme ça qu'on s'est dit, en fait, il y a un livre à faire
00:06:42pour raconter les parcours de ces personnes
00:06:46pour mettre en lumière leur manière de résister,
00:06:50leur manière de... tout ce que ça implique, même personnellement,
00:06:54en fait, au niveau des familles, etc.
00:06:56Il y en a qui cachent, qui ont caché à leur famille qui participait au mouvement.
00:07:00Et donc, voilà, du coup, on a réalisé des entretiens ensemble
00:07:04de ces quelques personnages que Mortaza a choisis
00:07:07qui l'avaient particulièrement marqué quand il était sur le terrain.
00:07:11Alors, en effet, votre livre nous fait vivre la révolution de l'intérieur.
00:07:15On voit les images à la télévision.
00:07:17On est tous absolument sidérés de ce qu'on apprend, de ce qu'on observe.
00:07:20On voit ces femmes brûler leurs vieilles jambes.
00:07:22On voit ces jeunes filles se couper des mèches de cheveux.
00:07:24On voit aussi beaucoup les garçons les rejoindre dans la rue.
00:07:26Ça, ça nous réjouit évidemment énormément.
00:07:28C'est un des aspects de cette révolution sur lequel on reviendra.
00:07:31Mais j'aimerais, parce que je trouve ça très passionnant,
00:07:33parce qu'on ne sait pas du tout comment ça se passe,
00:07:35et vous nous racontez un peu dans votre livre,
00:07:37mais comment on s'organise, comment on arrive là-bas et comment on se faufile.
00:07:42Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu votre cuisine préparatoire
00:07:45à l'infiltration et à l'arrivée sur place ?
00:07:49Alors, au début, j'étais contacté par Élise Doucet et son équipe.
00:07:54Elles m'ont dit qu'à Mortazan, on a besoin d'un envoyé spécial sur l'Iran.
00:07:57Je leur ai dit que je pouvais y aller, oui, aucun souci.
00:08:00Et donc, au début, le premier voyage, il n'y avait pas énormément de préparation.
00:08:05J'ai dit OK, d'accord.
00:08:07En effet, peut-être même que mon contrat n'a pas été signé, je suis parti.
00:08:12Donc, on m'a donné tout, on m'a fait confiance,
00:08:15parce que je connaissais l'Iran, c'est là où j'ai grandi.
00:08:17J'ai même fait plusieurs réunions avec Élise Doucet, avec plusieurs journalistes.
00:08:21Tout va bien, je connais plusieurs personnes.
00:08:24Dans les manifestations, on sera avec les jeunes.
00:08:28Dans l'année, en fait, l'Iran...
00:08:34Alors, c'était quoi le titre de l'envoyé spécial ?
00:08:36L'envoyé spécial dévoilait...
00:08:38Femme iranienne, la liberté dévoilée, voilà.
00:08:42Il est toujours en réflexion française.
00:08:45Quel est le sac à dos du parfait journaliste infiltré ?
00:08:49En fait, c'était un petit sac à dos avec un iPhone, seulement un iPhone,
00:08:54et avec quelques habits.
00:08:56Au début, je prenais toujours mes chemises.
00:08:58Je vais voir mes amis, rendre visite à mes proches.
00:09:02Les chemises particulières.
00:09:05Je vais vous raconter petit à petit.
00:09:07L'achat des chemises, c'est quand même intéressant.
00:09:09Oui, oui.
00:09:10En fait, l'envoyé spécial, je n'avais pas de chemise.
00:09:12Je suis allé comme ça, sans chemise, sans rien.
00:09:15Parce que c'était un voyage court et rapide,
00:09:17parce qu'il faut publier le documentaire assez rapidement.
00:09:21Mais après, en fait, pour Libération et d'autres,
00:09:24on a fait...
00:09:25Enfin, c'était quand même sacré, parce qu'on m'a formé.
00:09:28On m'a formé comment utiliser la caméra cachée.
00:09:31Elle est là, le lit ?
00:09:32Voilà, elle est là.
00:09:33Voilà le lit.
00:09:34Merci.
00:09:35Nous sommes dans la salle des spécialistes de la caméra cachée.
00:09:37Je sais que ça intéresse.
00:09:38Des formations seront données à l'issue de cette rencontre.
00:09:40Elle m'a formé comment mettre la caméra cachée,
00:09:43comment marcher avec ma petite chemise.
00:09:45Évidemment, j'avais acheté des chemises,
00:09:47et j'avais mes chemises préparées pour aller une fois sur place,
00:09:50et comment mettre le bouton, et comment filmer à travers.
00:09:53Et donc, en fait, oui, on a préparé le reportage,
00:09:56à la fois les chemises, aller à Barbès, ailleurs,
00:10:00pour aller acheter une chemise.
00:10:02Et à côté, les saurates.
00:10:04C'est important aussi, les saurates.
00:10:06Un petit coran dans la poche.
00:10:08Tu sais que vous en portez un coran que votre mère vous a offert
00:10:10quand vous étiez enfant ?
00:10:11Je ne le gardais jamais.
00:10:12Alors qu'en fait, c'est toujours dans ma chambre.
00:10:14C'était comme un cadeau, un souvenir de ma mère.
00:10:16Alors là, c'est du type...
00:10:17Ah, là, ça sert à quelque chose.
00:10:19Ça peut aussi servir à quelque chose.
00:10:21Ah oui, alors là, c'est...
00:10:22Oui, oui, bien sûr.
00:10:23Je prends ça, mon sac à dos rempli de tout.
00:10:26Je prépare.
00:10:27Voilà, j'atterris pas à Téhéran.
00:10:29J'atterris dans une autre ville
00:10:30pour ne pas être identifié par les gardiens de la Réusson.
00:10:34Qui je suis parce qu'ils tapent souvent, en fait,
00:10:36les voyages à l'étranger, notamment.
00:10:38Ils regardent leur profil.
00:10:39Qui sont ces gens ?
00:10:41C'est facile.
00:10:42Tapez.
00:10:43C'est direct.
00:10:44Et donc là, c'était très important d'aller ailleurs.
00:10:50Atterris pas directement à Téhéran
00:10:51parce qu'il y a des vols directs de Paris-Téhéran.
00:10:53La compagnie iranienne.
00:10:55Mais là, moi, j'ai pris un vol.
00:10:59J'ai pris un vol pour partir à Dubaï.
00:11:01Dubaï, encore, voilà.
00:11:03Dans une autre ville.
00:11:04Je ne dis pas dans l'autre.
00:11:05Et donc, une fois que je suis allé chez les amis,
00:11:09je n'ai pas commencé tout de suite à filmer.
00:11:11Parce qu'en fait, c'est important.
00:11:13Parce qu'au-delà d'être suivi,
00:11:15même depuis l'aéroport, il ne faut pas...
00:11:17Il faut regarder derrière.
00:11:18Moi, j'étais comme un vrai espion.
00:11:20C'est ça.
00:11:21Sauf qu'en fait...
00:11:22Alors, ce qui est étonnant, justement,
00:11:23c'est que les gardiens de la Réusson,
00:11:24le régime, sonnent.
00:11:26Vous, les journalistes, les reporters,
00:11:28et souvent ceux qui se retrouvent en prison,
00:11:30sont accusés d'espionnage.
00:11:32Mais vous, vous comportez quasiment
00:11:33comme un espion dans la télé.
00:11:35Vous avez les mêmes qualités qu'espion.
00:11:37On vous demande les mêmes qualités.
00:11:38On a regardé les séries sur Internet.
00:11:41Bureau des légendes.
00:11:43On connaît comment ça marche.
00:11:44Sauf qu'on l'a publié, nous,
00:11:46dans les journaux, à la télé, ailleurs.
00:11:49Notre but, c'était en fait
00:11:51de raconter ce mouvement depuis l'intérieur.
00:11:54Et là...
00:11:55Comment vous approchez les gens ?
00:11:57Comment vous allez pour la première fois
00:11:58dans une manifestation ?
00:11:59Par quels biais ?
00:12:01Et surtout, comment vous gagnez
00:12:02la confiance de cette jeunesse qui,
00:12:04on le sait, vous le racontez dans votre livre,
00:12:06on le sait par ailleurs,
00:12:07se méfie terriblement de tout et de tous.
00:12:10Puisqu'on sait que les gardiens de la Révolution
00:12:12infiltrent les mouvements étudiants aussi.
00:12:14Et que, comment savoir
00:12:16si vous êtes un gentil garçon,
00:12:18un sympathisant,
00:12:19ou un horrible basiji,
00:12:21comme on est nommé,
00:12:22auquel vous ressemblez
00:12:24avec vos chemises de Barbès.
00:12:26Voilà.
00:12:27C'est-à-dire qu'à la fois,
00:12:28ça vous protège,
00:12:29parce que ça vous permet
00:12:30de passer inaperçu.
00:12:31Et en revanche,
00:12:32auprès de cette jeunesse révoltée,
00:12:35ivre de liberté,
00:12:37vous passez pour un type
00:12:38pas forcément très fréquentable.
00:12:39Comment vous jouez
00:12:40avec cette double image ?
00:12:42Après, il faut savoir qu'en fait,
00:12:43l'Iran, c'est un des pays
00:12:44les plus méfiants
00:12:45envers les journalistes étrangers.
00:12:47Alors là, c'est un journaliste,
00:12:48vous êtes un journaliste,
00:12:49le reste, non.
00:12:50Surtout pour les basijis
00:12:51et les proches des gardiens de la Révolution.
00:12:53Et donc, pour moi, c'était...
00:12:56Enfin, moi, je connaissais l'école, hein.
00:12:57Comment parler,
00:12:58comment saluer la personne,
00:12:59comment aller rapprocher aux jeunes,
00:13:01comment s'habiller.
00:13:02Quand on parle de jeunes,
00:13:03comment s'habiller,
00:13:04comment on s'invite dans une fac,
00:13:05à l'université, par exemple,
00:13:06dans le nord, à Azaté Islamique,
00:13:08ou à Oudhariye,
00:13:09c'est déshabillés,
00:13:10enfin, débêtués,
00:13:11en plein campus,
00:13:12dans la même fac.
00:13:13Dans la même fac, oui.
00:13:14Voilà.
00:13:15Et donc, moi, je connaissais l'école,
00:13:16comment s'approcher.
00:13:17Mais les jeunes iraniens,
00:13:18aujourd'hui,
00:13:19ils sont très ouverts,
00:13:20enfin, ils sont très...
00:13:22amicals.
00:13:23Leur relation,
00:13:24c'est-à-dire, en fait,
00:13:25quand un afghan...
00:13:26Enfin, ils connaissaient.
00:13:27Moi, je connaissais Montbiselle.
00:13:28Moi, je suis un afghan.
00:13:30En Iran,
00:13:31l'Iran accueille plus de 3 millions
00:13:32de réfugiés afghans,
00:13:33notamment des Hazaras.
00:13:34Vous voulez dire
00:13:35que quand vous arrivez en Iran,
00:13:36on vous considère comme un afghan ?
00:13:37Ah ben, un afghan direct, oui.
00:13:38D'accord.
00:13:39Ben, très bien.
00:13:40Enfin, un afghan
00:13:41qui vient voir sa famille.
00:13:42Alors là, ça n'a pas de souci.
00:13:43Il n'est pas journaliste.
00:13:44De toute façon,
00:13:45il travaillait dans l'usine.
00:13:46Je ne sais pas.
00:13:47Déjà, on n'est pas repérés.
00:13:48Du tout.
00:13:49Et donc, une fois sur place...
00:13:50Enfin, moi,
00:13:51je suis allé dans un parc.
00:13:52J'ai rencontré ce couple
00:13:53qui aidait les cliniques clandestines.
00:13:54Donc là,
00:13:55je lui ai dit,
00:13:56est-ce que vous connaissez
00:13:57un resto sympa dans le coin ?
00:13:58Comme ça.
00:13:59Je me suis d'abord lancé comme ça.
00:14:00Puis après,
00:14:01ce n'était pas du tout mon but,
00:14:02en fait,
00:14:03d'aller en faire un reportage
00:14:04avec ce couple.
00:14:05Pas du tout.
00:14:06Parce que j'ai vu
00:14:07qu'en fait,
00:14:08ils sont sympas,
00:14:09qu'ils m'ont donné l'adresse,
00:14:10comment on allait être assis,
00:14:11boire un café.
00:14:12Et puis après,
00:14:13c'est eux-mêmes
00:14:14qui voulaient raconter,
00:14:15en fait,
00:14:16leur réaction.
00:14:17Ils m'ont dit,
00:14:18très bien,
00:14:19vous faites quoi en France ?
00:14:20Moi, je suis journaliste.
00:14:21Ah d'accord,
00:14:22vous êtes là pour les mouvements.
00:14:23Parfois,
00:14:24moi,
00:14:25j'ai fait confiance.
00:14:26Bien sûr,
00:14:27il faut faire confiance.
00:14:28J'ai d'accordé
00:14:29un million de fois sa confiance.
00:14:30Bien sûr,
00:14:31parce que moi,
00:14:32je voyais la fille
00:14:33qui ne portait pas de foulard
00:14:34et de jean,
00:14:35qui prenait les mains.
00:14:36Ça veut dire
00:14:37qu'ils ne sont pas
00:14:38des gardiens de la Réunion déjà.
00:14:39Donc,
00:14:40ils ne sont pas les proches
00:14:41des gardiens de la Réunion.
00:14:42Et c'est comme ça
00:14:43qu'on peut faire la confiance
00:14:44avec la Jeunesse iranienne.
00:14:45Notamment,
00:14:46dans les auberges de Jeunesse
00:14:47où il y a beaucoup de gens
00:14:48qui s'organisent,
00:14:49dans l'ombre,
00:14:50dans les cafés clandestins,
00:14:51dans les cafés
00:14:52et aussi devant les théâtres,
00:14:53dans le parc.
00:14:54Le théâtre,
00:14:55c'était le cœur
00:14:56de ce parc à Téhéran.
00:14:57C'est vrai
00:14:58qu'on vous entend aussi,
00:14:59Marine,
00:15:00sur ce projet.
00:15:01Est-ce que,
00:15:02pendant que Morteza
00:15:03est à Téhéran,
00:15:04à Isfahan,
00:15:05à l'Épublique,
00:15:06j'ai le nom génial.
00:15:07Karaj.
00:15:08Karaj,
00:15:09merci.
00:15:10Vous,
00:15:11vous êtes à Paris
00:15:12ou en France.
00:15:13Vous êtes derrière
00:15:14votre ordinateur.
00:15:15Vous recevez
00:15:16des images,
00:15:17des captations vidéo,
00:15:18des petits films.
00:15:19Vous recevez
00:15:20des témoignages,
00:15:21des audios,
00:15:22peut-être.
00:15:23Et vous compulsez
00:15:24tout ça.
00:15:25Vous avez un rôle
00:15:26d'archiviste.
00:15:27Qu'est-ce que vous faites
00:15:28pendant que vous êtes
00:15:29sur le terrain ?
00:15:30Du coup,
00:15:31on communique pas mal
00:15:32tous les deux
00:15:33par signal.
00:15:34Donc,
00:15:35c'est une messagerie
00:15:36critée
00:15:37où on discute
00:15:38pas mal
00:15:39sur ce biais-là.
00:15:40On a des discussions
00:15:41plus d'ordre sécurité
00:15:42que sur le fond
00:15:43parce que,
00:15:44en fait,
00:15:45ces discussions-là,
00:15:46voilà,
00:15:47Mortaza,
00:15:48il est sur place,
00:15:49on ne sait jamais
00:15:50ce qui peut se passer.
00:15:51Et en général,
00:15:52quand on se fait arrêter,
00:15:53il vaut mieux
00:15:54qu'il n'y ait pas grand-chose
00:15:55dans nos téléphones.
00:15:56Donc,
00:15:57en fait,
00:15:58on savait
00:15:59que les discussions
00:16:00sur le fond,
00:16:01on les aurait
00:16:02à son retour.
00:16:03Et donc,
00:16:04du coup,
00:16:05c'est effectivement
00:16:06plus des discussions
00:16:07de sécurité
00:16:09une fois qu'il est sur place.
00:16:10C'est quand il revient
00:16:11que là,
00:16:12on va boire un café
00:16:13ou une bière
00:16:14ou etc.
00:16:15Et qu'on raconte
00:16:16plus en détail
00:16:17les personnes
00:16:18qu'il a rencontrées,
00:16:19comment elles se battent,
00:16:20comment elles s'organisent,
00:16:21etc.
00:16:22Et donc,
00:16:23le travail
00:16:24de fond
00:16:25sur l'écriture
00:16:26du livre,
00:16:27etc.,
00:16:28il est arrivé
00:16:29après,
00:16:30en fait.
00:16:31Comment est-ce
00:16:32que vous avez choisi
00:16:33les quatre,
00:16:34c'est-à-dire
00:16:35cinq,
00:16:36parce qu'on coupe
00:16:37les cinq personnages
00:16:38de ce texte
00:16:39au milieu
00:16:40de la foule
00:16:41de personnes
00:16:42que vous avez rencontrées,
00:16:43je pense.
00:16:44Je vais laisser répondre
00:16:45Morteza,
00:16:46mais il y avait quand même
00:16:47une idée
00:16:48de faire en sorte
00:16:49que ces personnes
00:16:50représentent
00:16:51la société iranienne
00:16:52dans son ensemble.
00:16:53Donc,
00:16:54qu'ils viennent
00:16:55de milieux sociaux différents,
00:16:56qu'ils aient
00:16:57entre guillemets
00:16:58des âges
00:16:59un peu différents,
00:17:00des parcours
00:17:01de vie différents,
00:17:02etc.
00:17:03Et donc,
00:17:04par exemple,
00:17:05on a un tatoueur
00:17:06qui s'est lancé
00:17:07dans le tatouage
00:17:08et qui a décidé
00:17:09de tatouer
00:17:10Femme,
00:17:11Vie,
00:17:12Liberté
00:17:13sur le bras
00:17:14de plusieurs femmes
00:17:15qui venaient le voir
00:17:16spontanément pour ça.
00:17:17Lui,
00:17:18voilà,
00:17:19il venait
00:17:20d'une famille
00:17:21très conservatrice
00:17:22et donc,
00:17:23il était dans
00:17:24une espèce
00:17:25de dualité
00:17:26permanente,
00:17:27d'ambiguïté permanente
00:17:28entre la famille
00:17:29de laquelle il venait
00:17:30et cette envie
00:17:31de tout faire sauter.
00:17:32Donc,
00:17:33voilà,
00:17:34il y avait lui,
00:17:35une jeune fille
00:17:36qui vient
00:17:37d'une famille
00:17:38assez pauvre
00:17:39qui,
00:17:40voilà,
00:17:41elle,
00:17:42a décidé
00:17:43de ne pas participer
00:17:44au mouvement
00:17:45en allant dans la rue
00:17:46mais qui,
00:17:47derrière son ordinateur,
00:17:48s'occupait
00:17:49de faire des affiches,
00:17:50de faire
00:17:51des images
00:17:52très percutantes
00:17:53qui allaient
00:17:54ensuite sur la toile
00:17:55parce que,
00:17:56voilà,
00:17:57une des choses
00:17:58un peu inédites
00:17:59dans ce mouvement,
00:18:00c'était aussi
00:18:01cette manière
00:18:02de communiquer
00:18:03sur Internet
00:18:04et d'essayer
00:18:05de faire
00:18:06en sorte
00:18:07que ce mouvement
00:18:08sorte
00:18:09des frontières iraniennes
00:18:10et soit vu
00:18:11et entendu
00:18:12dans le monde entier
00:18:13avec des
00:18:14slogans percutants,
00:18:15des images percutantes,
00:18:16des mots percutants,
00:18:17des manières
00:18:18de communiquer
00:18:19différentes.
00:18:20Et donc,
00:18:21tout ça,
00:18:22elle,
00:18:23elle jouait
00:18:24un rôle
00:18:25très important
00:18:26et pourtant,
00:18:27elle n'a jamais
00:18:28bougé
00:18:29de son appartement.
00:18:30Marjane Satrapi,
00:18:31qui vit en France
00:18:32depuis très longtemps,
00:18:33qui a fait
00:18:34un très bel ouvrage
00:18:35collectif
00:18:36face au mouvement,
00:18:37cette révolution,
00:18:38dit des choses
00:18:39très intéressantes
00:18:40à propos
00:18:41de cette génération Z
00:18:42et nous,
00:18:43les plus âgés,
00:18:44on a tendance
00:18:45à nous priser un peu
00:18:46genre ils passent
00:18:47leur vie
00:18:48à se regarder
00:18:49eux-mêmes
00:18:50sur leurs fameux
00:18:51Black Mirror,
00:18:52les téléphones
00:18:53et elle dit
00:18:54et là,
00:18:55franchement,
00:18:56chapeau.
00:18:57La jeunesse iranienne
00:18:58nous bluffe
00:18:59parce qu'en fait,
00:19:00ils savent
00:19:01utiliser ces outils
00:19:02qui peuvent
00:19:03peut-être,
00:19:04on l'espère,
00:19:05un jour faire
00:19:06basculer le régime
00:19:07et leur faire
00:19:08accéder
00:19:09à ces fameuses libertés.
00:19:10Vous avez observé
00:19:11ça évidemment
00:19:12?
00:19:13Oui,
00:19:14d'abord,
00:19:15sur ces quatre profils,
00:19:16enfin cinq,
00:19:17c'était assez frustrant
00:19:18aussi de nos parts
00:19:19parce que
00:19:20je viens de l'image,
00:19:21je suis,
00:19:22voilà,
00:19:23je suis résidateur,
00:19:24je filme,
00:19:25je suis caméraman,
00:19:26j'y arrive,
00:19:27j'organise
00:19:28un projet d'image,
00:19:29donc mon devoir
00:19:30c'est de filmer,
00:19:31je suis là pour filmer,
00:19:32photographier,
00:19:33filmer.
00:19:34Alors là,
00:19:35on m'a dit,
00:19:36on ne peut pas filmer,
00:19:37on ne peut même pas
00:19:38allumer votre portable.
00:19:39Donc,
00:19:40ça sera difficile
00:19:41mais peut-être
00:19:42qu'on va voir
00:19:43ce qu'on peut faire
00:19:44avec tout ça.
00:19:45Et donc,
00:19:46c'était difficile
00:19:47à la fois en fait
00:19:48ou elles,
00:19:49elles étaient connectées
00:19:50tout le temps
00:19:51sur les groupes Telegram,
00:19:52Signal,
00:19:53ailleurs
00:19:54parce qu'en fait,
00:19:55il y avait des groupes Telegram
00:19:56sécurisés
00:19:57où ils s'organisaient
00:19:58pour aller dans
00:19:59un café clandestin,
00:20:00sortir
00:20:01à Passe-la-Reine
00:20:02dans le nord de Téhéran,
00:20:03aller à Carhage,
00:20:04manifester à Carhage,
00:20:05aider en fait
00:20:06une clinique
00:20:07à porter
00:20:08des VPN.
00:20:09Se donner rendez-vous
00:20:10dans les manifestations.
00:20:11Se donner rendez-vous
00:20:12dans les manifestations,
00:20:13il n'y a pas qu'eux
00:20:14mais aussi,
00:20:15enfin moi,
00:20:16j'ai besoin de quelqu'un
00:20:17qui a été blessé,
00:20:18on a besoin d'argent,
00:20:19de recoller de l'argent
00:20:20pour cette personne,
00:20:21pour sa famille.
00:20:22Il a été arrêté,
00:20:23sa famille,
00:20:24il n'a pas de personne,
00:20:25elle a besoin
00:20:26de moyens de financement,
00:20:27elle a besoin
00:20:28aussi de nourrir sa famille,
00:20:29donc ça passe
00:20:30par les fils de Telegram
00:20:31et les réseaux sociaux,
00:20:32notamment pour envoyer
00:20:33des images.
00:20:34On a reçu
00:20:35sur X
00:20:36l'enseignement Twitter,
00:20:37sur Instagram
00:20:38les images publiées,
00:20:39donc c'était grâce
00:20:40à ces VPN
00:20:41et ces réseaux sociaux.
00:20:42De la même façon
00:20:43que vous,
00:20:44vous avez été formé
00:20:45par vos amis ici
00:20:46pour avoir
00:20:47des caméras cachées,
00:20:48etc.,
00:20:49vous avez à votre tour
00:20:50fait de la pédagogie
00:20:51sur place
00:20:52pour les protéger
00:20:53ces jeunes
00:20:54parce qu'ils n'étaient
00:20:55pas toujours conscients.
00:20:56Je pense justement
00:20:57à ce premier personnage
00:20:58qui a des personnes
00:20:59dans la salle.
00:21:00On l'a appelé plusieurs,
00:21:01on a donné plusieurs prénoms,
00:21:02Sarah,
00:21:03Sogan,
00:21:04dans plusieurs films.
00:21:05D'accord,
00:21:06ça s'appelle Sogan
00:21:07dans le livre.
00:21:08Oui, là c'est Sogan.
00:21:09Elle est étudiante
00:21:10et elle,
00:21:11elle a aussi ce désir,
00:21:12je ne sais pas
00:21:13si elle sera journaliste
00:21:14un jour,
00:21:15mais de documenter
00:21:16cette révolution.
00:21:17Elle filme,
00:21:18elle prend des photos,
00:21:19elle poste
00:21:20et vous lui dites
00:21:21attention,
00:21:22il faut effacer,
00:21:23effacer,
00:21:24protège-toi,
00:21:25vous lui apprenez
00:21:26vraiment à protéger
00:21:27quand j'étais en Afghanistan,
00:21:28je formais
00:21:29les journalistes afghanes
00:21:30comment filmer.
00:21:31Voilà,
00:21:32c'était à mon tour
00:21:33aussi encore,
00:21:34il faut supprimer,
00:21:35il faut,
00:21:36voilà,
00:21:37si vous avez besoin
00:21:38d'un VPN,
00:21:39parce qu'on m'a donné
00:21:40un VPN très,
00:21:41très sécurisé.
00:21:42Oui, j'expliquais,
00:21:43c'était le VPN.
00:21:44Le VPN,
00:21:45c'est en fait
00:21:46pour détourner
00:21:47en fait un réseau
00:21:48et donc,
00:21:49c'est quand
00:21:50dans un pays
00:21:51où WhatsApp
00:21:52ou Instagram
00:21:53est filtré
00:21:54et bloqué.
00:21:55Donc,
00:21:56le VPN,
00:21:57on peut détourner,
00:21:58on peut être en fait
00:21:59géolocalisé ailleurs.
00:22:00C'est-à-dire,
00:22:01moi je suis à Téhéran
00:22:02mais je peux être
00:22:03géolocalisé en France
00:22:04pour détourner
00:22:05en fait le réseau
00:22:06et ce déblocage
00:22:07du régime iranien.
00:22:08Et donc,
00:22:09en fait,
00:22:10moi j'ai donné
00:22:11des formations
00:22:12un peu,
00:22:13des courtes formations,
00:22:14comment utiliser
00:22:15le drive,
00:22:16comment envoyer
00:22:17les images,
00:22:18comment supprimer
00:22:19les images,
00:22:20comment mettre
00:22:21en fait,
00:22:22le message
00:22:23en message éphémère,
00:22:24ça sera supprimé
00:22:25je ne sais pas quand.
00:22:26Mais oui,
00:22:27oui,
00:22:28c'était très important
00:22:29de m'en savoir
00:22:30sur comment utiliser
00:22:31même un VPN.
00:22:32Parce qu'un VPN,
00:22:33on ne peut pas utiliser
00:22:34n'importe quel VPN.
00:22:35Le VPN,
00:22:36on m'a donné un VPN,
00:22:37c'était un reportage
00:22:38sans frontières
00:22:39d'une ONG française
00:22:40qu'on m'a donné
00:22:41gratuitement
00:22:42et donc là,
00:22:43j'ai partagé
00:22:44avec les Iraniens.
00:22:45Est-ce qu'on peut évoquer
00:22:46cette jeune femme,
00:22:47Sogand,
00:22:48qui est-elle,
00:22:49quel est justement
00:22:50son contexte familial
00:22:51et qu'est-ce qu'elle fait
00:22:52à Téhéran ?
00:22:53Elle est étudiante,
00:22:54elle était étudiante.
00:22:55Elle est arrivée en fait
00:22:56à Téhéran,
00:22:57elle s'installait,
00:22:58elle n'avait pas de logement
00:22:59donc elle vivait
00:23:00dans un auberge de jeunesse.
00:23:01Cet auberge de jeunesse
00:23:02à Téhéran,
00:23:03c'était très,
00:23:04je ne vais pas donner
00:23:05l'endroit,
00:23:06mais c'était,
00:23:07il y avait beaucoup de gens
00:23:08qui étaient là
00:23:09qui n'avaient pas
00:23:10les moyens de payer
00:23:11en fait,
00:23:12de donner une caution
00:23:13parce qu'en Iran,
00:23:14comment ça marche
00:23:15en fait de louer
00:23:16un logement ?
00:23:17De donner une caution.
00:23:18C'est pas comme ici
00:23:19en fait,
00:23:20une caution de je ne sais pas
00:23:213 000 euros
00:23:222 mois de loyer,
00:23:23maintenant pas du tout.
00:23:24C'est une caution
00:23:25très importante.
00:23:26Une caution
00:23:27équivalente
00:23:28d'un an de loyer.
00:23:29Et donc là,
00:23:30c'était,
00:23:31enfin voilà,
00:23:32elle ne pouvait pas
00:23:33se loger
00:23:34et donc
00:23:35elle était dans
00:23:36un auberge de jeunesse
00:23:37où elle participait
00:23:38aussi aux activités.
00:23:39Comme ça en fait,
00:23:40elle pouvait payer
00:23:41une partie,
00:23:42une petite partie
00:23:43parce qu'elle nettoyait
00:23:44aussi les lits parfois,
00:23:45voilà,
00:23:46changer les draps.
00:23:47Et grâce à elle,
00:23:48vous réussissez
00:23:49à rentrer
00:23:50à l'université
00:23:52à l'APEC,
00:23:53oui, oui.
00:23:54Elle dit,
00:23:55tu diras que t'es
00:23:56un cousin kurde ?
00:23:57Non,
00:23:58elle m'a dit qu'en fait
00:23:59tu diras que t'es
00:24:00un étudiant à l'Unité.
00:24:01Ah voilà,
00:24:02c'est ça.
00:24:03Vous êtes allé à l'université
00:24:04comme étudiant à l'Unité.
00:24:05Oui.
00:24:06Et là-bas,
00:24:07qu'est-ce que vous avez pu
00:24:08observer justement ?
00:24:09Wow.
00:24:10J'avais très peur au début
00:24:11parce qu'on a pris un taxi
00:24:12et elle me dit,
00:24:13regarde,
00:24:14on va prendre un métro,
00:24:15le métro.
00:24:16Je dis,
00:24:17ben non,
00:24:18pas le métro,
00:24:19on va aller en taxi
00:24:20parce qu'il pleut.
00:24:21Heureusement,
00:24:22il pleut
00:24:23parce qu'en fait,
00:24:24voilà,
00:24:25ils sont moins attentionnés
00:24:26les garçons.
00:24:27L'entrée est déjà séparée,
00:24:28les filles rentrent d'un côté,
00:24:29les garçons d'un côté.
00:24:30Donc là,
00:24:31je fais semblant
00:24:32d'appeler quelqu'un
00:24:33et hop,
00:24:34je suis passé devant la sécurité.
00:24:35Dans les salles de classe,
00:24:36pour que ce soit bien clair
00:24:37pour nous,
00:24:38qui ne vont pas aller en Iran
00:24:39ou qui n'iront pas tout de suite,
00:24:40je crains,
00:24:41les universités sont séparées,
00:24:42les garçons sont assis
00:24:43d'un côté,
00:24:44les filles de l'autre ?
00:24:45En fait,
00:24:46oui,
00:24:47c'était le cas.
00:24:48Mais sauf que maintenant,
00:24:49depuis,
00:24:50en fait,
00:24:51depuis,
00:24:52je veux dire,
00:24:532009,
00:24:54la Révolution verte en Iran,
00:24:55il y avait moins en moins,
00:24:56mais sauf qu'en fait,
00:24:57dans cette université,
00:24:58l'université Azad islamique,
00:24:59alors là,
00:25:00c'était,
00:25:01oui.
00:25:02Tu veux dire
00:25:03l'université libre,
00:25:04je crois.
00:25:05L'université libre islamique.
00:25:06Oui.
00:25:07Libre islamique,
00:25:08je ne sais pas quoi dire.
00:25:09C'était toute relative.
00:25:10Voilà,
00:25:11c'est ça.
00:25:12Et donc,
00:25:13en fait,
00:25:14ça dépendait au professeur
00:25:15parce que le professeur
00:25:16décidait que
00:25:17le professeur décidait
00:25:18alors,
00:25:19si vous mettez séparément
00:25:20ou ensemble.
00:25:21Alors là,
00:25:22ce n'était pas le cas.
00:25:23Donc,
00:25:24on entre dans la classe.
00:25:25Donc,
00:25:26je vois déjà les tags
00:25:27sur les murs,
00:25:28famille liberté,
00:25:29libérer machin,
00:25:30les activistes.
00:25:31Sur le tableau même,
00:25:32quand le prof arrive,
00:25:33d'abord effacer,
00:25:34voilà,
00:25:35le tableau.
00:25:36Et puis après,
00:25:37on est assis.
00:25:38Moi,
00:25:39j'allume ma caméra cachée,
00:25:40voilà.
00:25:41Donc,
00:25:42cette fois,
00:25:43je ne l'ai pas mis dans l'eau,
00:25:44voilà,
00:25:45je l'ai mis dans mon sac à dos.
00:25:46Donc,
00:25:47ça,
00:25:48parce qu'en fait,
00:25:49c'était très important
00:25:50de filmer ça,
00:25:51de voir un prof
00:25:52crier sur une fille
00:25:53porte un foulard.
00:25:54Alors,
00:25:55c'était très fort
00:25:56en fait cette séquence.
00:25:57Et d'un côté,
00:25:58moi,
00:25:59j'étais là,
00:26:00ah,
00:26:01monsieur,
00:26:02vous êtes qui ?
00:26:03Je suis étudiant invité,
00:26:04je viens du nord de Téhéran.
00:26:05Enfin,
00:26:06du nord d'Iran.
00:26:07D'accord,
00:26:08très bien.
00:26:09Et donc,
00:26:10en fait,
00:26:11c'était très choquant
00:26:12parce qu'après ça,
00:26:13on était dans la cantine
00:26:14pour aller manger un verre.
00:26:15Donc,
00:26:16la cantine était totalement mixte.
00:26:17Il y avait beaucoup de gens
00:26:18qui tapaient sur les tables
00:26:19pour manifester,
00:26:20en cycle de manifestation,
00:26:21pour dire,
00:26:22voilà,
00:26:23pourquoi vous nous séparez ?
00:26:24Il y avait un mur
00:26:25entre,
00:26:26même la cantine,
00:26:27enfin,
00:26:28voilà,
00:26:29séparé entre les filles
00:26:30et les garçons.
00:26:31Et certains préféraient manger
00:26:32dans le hall.
00:26:33Dans la cour
00:26:34ou dans le hall
00:26:35pour être ensemble.
00:26:36Donc,
00:26:37c'est ça qui est très surprenant
00:26:38pour nous.
00:26:39En tout cas,
00:26:40ça m'a surpris beaucoup moi
00:26:41en vous lisant,
00:26:42c'est qu'on voit bien
00:26:43que cette révolte,
00:26:44c'est un mouvement
00:26:45massivement dans la rue
00:26:46au péril
00:26:47d'arrestations,
00:26:48de tortures
00:26:49où il faut être
00:26:50question d'arrêter,
00:26:51voire de peine de mort
00:26:52puisqu'on va voir
00:26:53que la peine de mort
00:26:54est pratiquée
00:26:55très,
00:26:56très facilement
00:26:57en Iran aujourd'hui.
00:26:58Donc,
00:26:59ça veut dire
00:27:00que ces jeunes
00:27:01sont un peu inconscients
00:27:02ou ça veut dire
00:27:03que leur ivresse,
00:27:04comme vous le dites
00:27:05en exemple de ce livre,
00:27:06l'ivresse de la jeunesse
00:27:07est plus forte
00:27:08que l'ivresse du juin.
00:27:09Et donc,
00:27:10cette ivresse,
00:27:11elle emporte tout
00:27:12sur son passage,
00:27:13sur sa peur.
00:27:14Je pense que,
00:27:15en fait,
00:27:16ces jeunes,
00:27:17ils sont effectivement
00:27:18très déterminés
00:27:19dans le combat
00:27:20qu'ils mènent
00:27:21et le mouvement
00:27:22Femmes qui Libertés,
00:27:23au départ,
00:27:24c'est un mouvement
00:27:25pour les femmes,
00:27:26pour améliorer
00:27:27le droit des femmes,
00:27:28etc.
00:27:29Et très vite,
00:27:30c'est un mouvement
00:27:31qui devient politique
00:27:32avec cette idée
00:27:33de virer
00:27:34le dictateur en place.
00:27:35Et donc,
00:27:36les femmes sont
00:27:37rejointes par les hommes,
00:27:38les slogans
00:27:39changent.
00:27:40Alors,
00:27:41Femmes qui Libertés
00:27:42ce slogan continuera
00:27:43et il ne cessera
00:27:44jamais de continuer.
00:27:45Mais par contre,
00:27:46voilà,
00:27:47il y a des slogans
00:27:48qui arrivent
00:27:49comme libérer le dictateur,
00:27:50etc.
00:27:51Et donc,
00:27:52il y a une forme
00:27:53d'ivresse
00:27:54et de naïveté
00:27:55dans la manière
00:27:56dont ces jeunes
00:27:57vont essayer
00:27:58de manifester
00:27:59et de se dire
00:28:00qu'il n'y a pas
00:28:01de petit combat,
00:28:02en fait.
00:28:03Enfin,
00:28:04écrire sur les murs
00:28:05de sa salle de cours,
00:28:06ils y mettent
00:28:07la même énergie
00:28:08et la même importance
00:28:09que quand ils vont
00:28:10dans la rue
00:28:11et qu'ils décident
00:28:12d'enlever leurs foulards
00:28:13et de les brûler
00:28:14dans la rue.
00:28:15Et ces jeunes,
00:28:16ils sont aussi
00:28:17le fruit
00:28:18de générations
00:28:19qui se sont battus
00:28:20avant.
00:28:21Et donc,
00:28:22ils sont à la fois
00:28:23portés par
00:28:24les combats
00:28:25qui ont été racontés
00:28:26par leurs parents,
00:28:27etc.
00:28:28sur d'autres mouvements
00:28:29et ils sont aussi
00:28:30très conscients
00:28:31des risques pris
00:28:32parce que
00:28:33leurs parents
00:28:34avaient pris
00:28:35les mêmes risques
00:28:36à l'époque,
00:28:37qu'ils savent très bien
00:28:38parce qu'ils le voient
00:28:39avec leurs amis
00:28:40qui disparaissent
00:28:41tout d'un coup
00:28:42dans un van
00:28:43au milieu de la rue
00:28:44parce que,
00:28:45tout d'un coup,
00:28:46ils ont une amie
00:28:47qui ne répond plus
00:28:48au téléphone
00:28:49et donc,
00:28:50ils sont très conscients
00:28:51des risques pris
00:28:52mais ils sont
00:28:53déterminés
00:28:54à l'idée
00:28:55de pouvoir
00:28:56leur pays changer
00:28:57et d'être
00:28:58les acteurs
00:28:59de ce changement.
00:29:00Ça veut dire
00:29:01que c'est une génération
00:29:02qui est prête
00:29:03à se sacrifier
00:29:04pour la liberté ?
00:29:05Oui,
00:29:06je pense qu'on peut,
00:29:07en tout cas,
00:29:08oui,
00:29:09que les choses changent,
00:29:10que les choses bougent
00:29:11parce que
00:29:12c'est des jeunes aussi
00:29:13qui sont très fiers
00:29:14de leur pays
00:29:15et de leur culture
00:29:16iranienne
00:29:17et de tout
00:29:18ce qui ressort
00:29:19de cette culture
00:29:20que ce soit
00:29:21l'architecture,
00:29:22la littérature,
00:29:23la poésie
00:29:24qui est très importante,
00:29:25la nourriture,
00:29:26enfin,
00:29:27donc,
00:29:28ils sont
00:29:29dans cette ambiguïté
00:29:30à la fois
00:29:31d'être très fiers
00:29:32de leur culture
00:29:33et très
00:29:34déprimés
00:29:35à l'idée
00:29:36de voir
00:29:37que rien ne bouge,
00:29:38qu'ils sont
00:29:39victimes
00:29:40de l'inflation
00:29:41à cause des sanctions
00:29:42qu'on leur inflige,
00:29:43de voir que
00:29:44s'ils ne portent pas
00:29:45leur foulard,
00:29:46ils risquent des choses
00:29:47comme ce qui s'est passé
00:29:48pour cette jeune femme
00:29:49Masha Amini
00:29:50et donc,
00:29:51tout ça
00:29:52fait qu'effectivement,
00:29:53on peut imaginer
00:29:54qu'ils sont prêts
00:29:55à se sacrifier.
00:29:56Déjà,
00:29:57en fait,
00:29:58le port de foulard
00:29:59en Iran,
00:30:00j'étais en Iran
00:30:01en 2018,
00:30:02j'ai fait plusieurs voyages
00:30:03pour aller voir mes amis,
00:30:04donc,
00:30:05en 2018,
00:30:06déjà,
00:30:07j'étais en Iran,
00:30:08j'étais dans le ville,
00:30:09en tout cas,
00:30:10à Teheran
00:30:11et donc,
00:30:12arriver à cette fille,
00:30:13cette jeune qui a voyagé
00:30:14depuis Karaj,
00:30:15arriver à Masha Amini,
00:30:16à Teheran,
00:30:17arrêter,
00:30:18c'était vraiment,
00:30:19je pense que c'était
00:30:20le destin aussi
00:30:21de cette jeunesse,
00:30:22de cette révolution
00:30:23parce qu'on a vu
00:30:24en 2009
00:30:25avec la Révolution verte,
00:30:26plus de 300,
00:30:27entre 300-400 filles
00:30:28ont été violées
00:30:29par les soldats
00:30:30en Iran
00:30:31après l'élection
00:30:32de Mahmoud Ahmadinejad.
00:30:33Et donc,
00:30:34en fait,
00:30:35le régime disait,
00:30:36c'était les soldats,
00:30:37c'est pas nous,
00:30:38enfin,
00:30:39c'est les soldats
00:30:40pour calmer
00:30:41les manifestants,
00:30:42notamment.
00:30:43Donc,
00:30:44en fait,
00:30:45oui,
00:30:46ils savaient déjà
00:30:47le risque énorme
00:30:48qu'ils prenaient
00:30:49en sortant dans les rues,
00:30:50en manifestant,
00:30:51aussi,
00:30:52en fait,
00:30:53à la fac,
00:30:54notamment,
00:30:55parce qu'à la fac,
00:30:56vous connaissez les basidi,
00:30:57enfin,
00:30:58qu'est-ce que ça veut dire
00:30:59basidi ?
00:31:00Basidi,
00:31:01c'est des informants,
00:31:02enfin,
00:31:03des informateurs
00:31:04des gardiens de la Révolution
00:31:05qui sont un peu partout,
00:31:06à côté d'une mosquée,
00:31:07dans un quartier,
00:31:08à la fac,
00:31:09à l'université,
00:31:10le Poygor et Basidi,
00:31:11c'est le bureau des Basidi,
00:31:12ce sont des gens
00:31:13qui sont bénévoles,
00:31:14en plus,
00:31:15ils gagnent rien du tout,
00:31:16c'est zéro,
00:31:17zéro.
00:31:18C'est une milice populaire.
00:31:19C'est ça.
00:31:20Volontaires,
00:31:21à la fois,
00:31:22qui peuvent être armés
00:31:23pour,
00:31:24voilà,
00:31:25dans les manifestations,
00:31:26notamment,
00:31:27et informateurs
00:31:28des gardiens de la Révolution,
00:31:29proches des gardiens de la Révolution
00:31:30et donc,
00:31:31en fait,
00:31:32leur rôle,
00:31:33c'est espionner.
00:31:34Pour les reconnaître,
00:31:35vous dites,
00:31:36un Basidi,
00:31:37on le reconnaît assez facilement,
00:31:38il porte une de ces fameuses chemises
00:31:39que vous devez acheter à Barbès,
00:31:40soit blanche,
00:31:41soit noire,
00:31:42boutonnée jusqu'au cou,
00:31:43avec des manches longues
00:31:44et il ne s'adresse jamais aux femmes.
00:31:45Ça va,
00:31:46dommage qu'on n'a pas une télé,
00:31:47je peux vous montrer
00:31:48une photo même.
00:31:49J'ai fait semblant
00:31:50de téléphoner,
00:31:51j'ai pris une photo de lui.
00:31:52Finalement,
00:31:53ils sont assez repérables
00:31:54et toute cette jeunesse,
00:31:55c'est vraiment magnifique.
00:31:56Parce que la barbe
00:31:57et une chemise,
00:31:58c'est très facile
00:31:59d'aller repérer
00:32:00un Basidi
00:32:01ou un Gardien de la Révolution.
00:32:02Moi,
00:32:03j'aimerais qu'on parle
00:32:04de cet aspect assez inédit,
00:32:05me semble-t-il,
00:32:06de cette Révolution,
00:32:07c'est son côté mixte justement.
00:32:08C'est la présence des hommes
00:32:09aux côtés des femmes.
00:32:10Est-ce que vous pouvez nous dire,
00:32:11vous parlez,
00:32:12il y a deux personnages masculins
00:32:13très intéressants,
00:32:14c'est un étatoire
00:32:15dont Marine vient d'évoquer.
00:32:16Je trouve un personnage
00:32:17très intéressant.
00:32:18Qu'est-ce qu'on peut dire
00:32:19sur cette mixité
00:32:20de cette Révolution
00:32:21et de l'effet
00:32:22qu'elle peut produire ?
00:32:23Justement,
00:32:24est-ce que ça peut emporter
00:32:25une solution
00:32:26ou une solution
00:32:27qui peut être
00:32:28une solution
00:32:29ou une solution
00:32:30en général
00:32:31puisque toute la population
00:32:32est réunie ?
00:32:33Au moment
00:32:34où les manifestations
00:32:35ont commencé
00:32:36à devenir mixtes,
00:32:37etc.,
00:32:38ça a créé
00:32:39un espoir immense
00:32:40chez les Iraniens,
00:32:41les Iraniennes
00:32:42dans le pays,
00:32:43ceux qui sont
00:32:44en dehors du pays.
00:32:45Tout le monde s'est dit
00:32:46ok,
00:32:47cette fois-ci,
00:32:48c'est la bonne,
00:32:49on va vraiment y arriver.
00:32:50Et puis,
00:32:51le régime
00:32:52a fait
00:32:53comme il l'a toujours fait
00:32:54et comme il sait
00:32:55très bien faire.
00:32:56La répression,
00:32:57elle s'est accrue.
00:32:58Internet a été bloqué.
00:32:59Des gens ont été arrêtés.
00:33:00Certains,
00:33:01voilà,
00:33:02ont été condamnés à mort
00:33:03pour l'exemple.
00:33:04Et donc,
00:33:05aujourd'hui,
00:33:06on est quand même
00:33:07sur un volcan
00:33:08qui est toujours,
00:33:09c'est toujours un volcan,
00:33:10mais le mouvement
00:33:11s'est essoufflé
00:33:12à cause
00:33:13de cette répression
00:33:14très forte.
00:33:15Et donc,
00:33:16même si les hommes
00:33:17ont rejoint
00:33:18les femmes
00:33:19dans ce mouvement,
00:33:20même si les hommes
00:33:21ont rejoint
00:33:22les femmes
00:33:23dans ce mouvement,
00:33:24même si les hommes
00:33:25ont rejoint
00:33:26les femmes
00:33:27dans ce mouvement,
00:33:28même si les femmes
00:33:29étaient très heureuses
00:33:30de voir les hommes
00:33:31les rejoindre,
00:33:32ça n'a pas suffi.
00:33:33Et donc,
00:33:34ça,
00:33:35c'est vrai que c'était
00:33:36assez désespérant
00:33:37pour les Iraniens
00:33:38et les Iraniennes
00:33:39de se dire,
00:33:40mais qu'est-ce qu'on doit
00:33:41faire de plus
00:33:42pour réussir
00:33:43à gagner ce combat
00:33:44qu'on mène
00:33:45ce coup-ci
00:33:46qu'on a déjà mené
00:33:47au moment
00:33:48du mouvement vert,
00:33:49etc.
00:33:50Et je dirais
00:33:51un peu plus
00:33:52qu'un volcan,
00:33:53en fait,
00:33:54en éruption,
00:33:55mais en fait,
00:33:56aujourd'hui,
00:33:57bon, tant pis,
00:33:58on ne peut pas sortir
00:33:59dans les rues
00:34:00manifester
00:34:01dans les grandes manifestations,
00:34:02mais on peut former
00:34:03d'autres pôles de résistance.
00:34:04Ça veut dire quoi ?
00:34:05Aujourd'hui,
00:34:06on a vu avec Parasol Hamadi
00:34:07qui a chanté sur YouTube
00:34:08son foulard.
00:34:09Elle s'affiche
00:34:10de plus en plus
00:34:11des chanteuses en Iran.
00:34:12Il y a des centaines de...
00:34:13Moi, je connais plusieurs
00:34:14qui s'affichent
00:34:15sur les réseaux,
00:34:16notamment Instagram,
00:34:17YouTube,
00:34:18qui chantent.
00:34:19Cette génération est devenue
00:34:20ingérable par le régime iranien.
00:34:21Pourquoi ?
00:34:22Parce que,
00:34:23pourquoi ingérable ?
00:34:24Parce que là,
00:34:25par exemple,
00:34:26avant le mouvement
00:34:27Famille Liberté,
00:34:28il n'y avait pas
00:34:29de théâtre clandestin
00:34:30à Téhéran.
00:34:31Il n'y avait aucun théâtre
00:34:32clandestin,
00:34:33alors qu'aujourd'hui,
00:34:34il y a une dizaine
00:34:35par nuit à Téhéran.
00:34:36Dans chaque immeuble,
00:34:37il y a un appartement
00:34:38qui boit du vin,
00:34:39qui produit en fait
00:34:40de l'alcool,
00:34:41de la bière.
00:34:42On a même proposé
00:34:43pendant le mouvement
00:34:44Famille Liberté,
00:34:45elle avait commencé
00:34:46depuis une ou deux semaines.
00:34:47Et donc,
00:34:48il y a plusieurs
00:34:49formes de résistance
00:34:50en Iran aujourd'hui
00:34:51parce que c'est plus intéressant,
00:34:52c'est plus marquant
00:34:53en fait.
00:34:54Une fois,
00:34:55après Aouda Riaï,
00:34:56cette jeune fille
00:34:57qui s'est déshabillée
00:34:58en plein campus,
00:34:59aujourd'hui,
00:35:00elle est dans
00:35:01un hôpital psychiatrique.
00:35:02Elle a été accusée
00:35:03par les dirigeants.
00:35:04Elle n'a eu
00:35:05même pas de mari.
00:35:06On parle de son mari
00:35:07alors qu'en fait,
00:35:08elle est célibataire.
00:35:09C'est des Basijis
00:35:10qui ont filmé
00:35:11un autre Basijis
00:35:12en affluté son visage
00:35:13pour dire qu'en fait,
00:35:14c'est son mari,
00:35:15alors que pas du tout.
00:35:16On dit qu'aucune charge
00:35:17n'a été retenue contre elle.
00:35:18Le régime n'a retenu
00:35:19aucune charge contre elle.
00:35:20Donc,
00:35:22à cause de son exposition
00:35:23médiatique.
00:35:24Parce qu'en France,
00:35:25partout,
00:35:26on a parlé d'Aouda Riaï.
00:35:27Partout,
00:35:28on a parlé de Parasto Amadi,
00:35:29de cette chanteuse.
00:35:30Et c'est pour ça,
00:35:31en fait,
00:35:32c'est plus marquant,
00:35:33ce genre de résistance
00:35:34aujourd'hui.
00:35:35Et donc,
00:35:36voilà,
00:35:37on organise
00:35:38des théâtres clandestins,
00:35:39on organise des soirées
00:35:40clandestines,
00:35:41on organise des cafés
00:35:42clandestins.
00:35:43Et donc,
00:35:44voilà,
00:35:45ça continue le mouvement.
00:35:46On parlait des hommes
00:35:47et on parlait de musique.
00:35:48Et moi,
00:35:49j'aimerais bien qu'on parle
00:35:50d'Aouda Riaï.
00:35:51Oui,
00:35:52d'Aouda Riaï.
00:35:53Voilà.
00:35:54Donc,
00:35:55le chanteur,
00:35:56c'est un homme
00:35:57qui a écrit cette chanson.
00:35:58Pour l'écrire,
00:35:59il s'est servi
00:36:00des tweets,
00:36:01d'une trentaine de tweets
00:36:02publiés
00:36:03par les révoltés,
00:36:04par la jeunesse révoltée.
00:36:05Cette chanson,
00:36:06évidemment,
00:36:07on la connaît tous.
00:36:08Elle a été reprise
00:36:09multiples fois.
00:36:10Il y a une scène
00:36:11très, très spectaculaire.
00:36:12Je ne sais plus
00:36:13si c'est au Brésil
00:36:14ou en Argentine.
00:36:15Il y a un concert de Coldplay
00:36:16et tout d'un coup,
00:36:17Belchifte Parani arrive
00:36:18et elle entend
00:36:19la chanson a cappella
00:36:20et c'est dans un stade
00:36:21gigantesque.
00:36:22Si vous avez l'occasion
00:36:23de le regarder,
00:36:24sur les réseaux,
00:36:25franchement,
00:36:26c'est saisissant.
00:36:27Il y a d'autres chanteurs,
00:36:28je pense,
00:36:29j'ai envie de les citer,
00:36:30Thomas Saléhi,
00:36:31Shervin Adjipour,
00:36:32pardon pour l'accent,
00:36:33qui sont des rappeurs.
00:36:34Shervin qui a chanté
00:36:35Barahien.
00:36:36Shervin qui a chanté
00:36:37Barahien,
00:36:38mais ils ont aussi
00:36:39écrit du rap,
00:36:40militant.
00:36:41Ils sont tous les deux
00:36:42en prison.
00:36:43Ils sont tous les deux
00:36:44menacés de la peine de mort.
00:36:45Voilà,
00:36:46il y a cette énergie
00:36:47absolument phénoménale
00:36:48et vous,
00:36:49vous nous avez parlé
00:36:50dans le plaza
00:36:51de quelque chose
00:36:52que moi,
00:36:53je ne connaissais pas.
00:36:54Apparemment,
00:36:55il y a un hymne féministe
00:36:56qui est sorti récemment.
00:36:57C'est ce que vous cherchez ?
00:36:58Oui,
00:36:59c'est ça,
00:37:00oui.
00:37:01Alors,
00:37:02c'est Sorou Desannes.
00:37:03Vous le connaissez,
00:37:04vous peut-être,
00:37:05moi,
00:37:06je ne le connaissais pas.
00:37:07On voit que la musique,
00:37:08aussi,
00:37:09je trouve que c'est
00:37:10quand même très intéressant
00:37:11de voir tout ce
00:37:12sur quoi on peut s'appuyer
00:37:13pour envoyer des messages
00:37:14à travers le monde.
00:37:15Alors,
00:37:16je vous fais entendre
00:37:17un hymne de la femme
00:37:18qui a été créé quand ?
00:37:19C'est très récent.
00:37:20Pendant le Mouvement
00:37:21Famille Liberté.
00:37:22Pendant un mois,
00:37:23une semaine,
00:37:24deux semaines.
00:37:25Vous voyez,
00:37:26c'est…
00:37:27C'est un peu militaire.
00:37:28Voilà,
00:37:29c'est ça,
00:37:30c'est quand même des…
00:37:31ça veut dire,
00:37:32dire qu'en fait,
00:37:33sortez,
00:37:34manifestez.
00:37:35Oui,
00:37:36parce que c'est
00:37:37les trois lumières.
00:37:38Et donc,
00:37:39en fait,
00:37:40dire au nom de toi,
00:37:41au nom de toi,
00:37:42Nassar,
00:37:43qui a déclenché
00:37:44cette manifestation,
00:37:45qui a déclenché en fait
00:37:46cette manifestation.
00:37:47Et au nom de toi,
00:37:48on sort dans les rues.
00:37:49Au nom de toi,
00:37:50en fait,
00:37:51pour qu'en fait,
00:37:52notre voix soit entendue.
00:37:53Pourquoi ?
00:37:54C'est très intéressant
00:37:55de voir en fait
00:37:56ces paroles
00:37:57dans cette chanson
00:37:58devenir l'hymne de…
00:37:59pas seulement l'hymne de la femme
00:38:00mais l'hymne de ce mouvement.
00:38:01Et peut-être un jour,
00:38:02l'hymne iranien.
00:38:03Et on a chanté ça.
00:38:04Si la bascule arrive à se faire.
00:38:05Et ils chantaient ça en fait
00:38:06dans les rues,
00:38:07dans les manifestations.
00:38:08On chantait avec cet ami
00:38:09dans son salon
00:38:10pour se déstresser aussi
00:38:11à la fois.
00:38:12J'ai même chanté
00:38:13dans les manifestations
00:38:14plusieurs chansons.
00:38:15Il n'y a pas que ça.
00:38:16Il y a Baraïé.
00:38:17Baraïé prend aussi
00:38:18plusieurs situations en Iran.
00:38:19Pas que les sanctions internationales,
00:38:20qui prennent aussi en fait
00:38:21la situation de la crise économique
00:38:22et prennent aussi la situation
00:38:23des réfugiés afghans.
00:38:24Enfin on dit,
00:38:25pour toi,
00:38:26pour les enfants afghans
00:38:27dans les rues en Iran,
00:38:28voilà.
00:38:29Alors on l'a dit,
00:38:30Marine,
00:38:31j'aimerais peut-être
00:38:32vous interroger à ce sujet
00:38:33même si c'est un sujet
00:38:34très douloureux
00:38:35mais qui est un peu
00:38:36votre sujet.
00:38:37La répression
00:38:38est très très forte en Iran
00:38:39et le viol
00:38:40est aussi une pratique
00:38:41très commune.
00:38:42Vous avez même
00:38:43dans votre livre
00:38:44cité une phrase
00:38:45du guide suprême
00:38:46qui est le guide suprême
00:38:47depuis 1989
00:38:48donc on a l'impression
00:38:49qu'il ne partira jamais
00:38:50ce Khamenei
00:38:51qui vantait
00:38:52les mérites du viol
00:38:53et qui disait même
00:38:54mais c'est absolument
00:38:55essentiel,
00:38:56nécessaire
00:38:57parce que ces femmes
00:38:58vierges,
00:38:59le jour où on va
00:39:00les exécuter,
00:39:01elles vont aller
00:39:02au paradis
00:39:03et il n'est pas possible
00:39:04que ces femmes
00:39:05qui sont tellement
00:39:06contre l'islam,
00:39:07en tout cas l'islam
00:39:08tel que eux
00:39:09le considèrent,
00:39:10puissent aller au paradis.
00:39:11Terrifiant ?
00:39:12Oui, c'est terrifiant
00:39:13mais c'est malheureusement
00:39:14assez commun en fait.
00:39:15Là, c'est même pas
00:39:16une spécificité iranienne
00:39:17d'utiliser le viol
00:39:18pour briser des mouvements,
00:39:19pour briser des femmes
00:39:20parce que voilà,
00:39:21le viol utilisé
00:39:22comme arme de guerre
00:39:23dans ces manifs
00:39:24c'est aussi une manière
00:39:25de faire taire cette femme
00:39:26et de terrifier son entourage
00:39:27et du coup
00:39:28de faire taire
00:39:29potentiellement
00:39:30les autres femmes
00:39:31autour d'elle,
00:39:32la famille,
00:39:33les enfants
00:39:34les enfants
00:39:35les enfants
00:39:36les enfants
00:39:37les enfants
00:39:38les enfants
00:39:39les enfants
00:39:40les enfants
00:39:41de leur faire
00:39:42à ce point la peur
00:39:43qu'elles ne vont plus
00:39:45manifester
00:39:46et donc
00:39:47voilà c'est une arme
00:39:48redoutable
00:39:49c'est ça,
00:39:50c'est certain.
00:39:51Vous citez l'exemple
00:39:52d'une jeune fille
00:39:53elle a 16 ans
00:39:54donc une très jeune
00:39:55fille
00:39:56qui s'appelle Nikah
00:39:57vous voulez évoquer
00:39:58l'histoire de Nikah
00:39:59peut-être en quelques mots
00:40:00parce que c'est assez terrifiant
00:40:01Nikah Shakarami
00:40:02il y a eu plusieurs
00:40:03yaldas
00:40:04il y a eu plusieurs
00:40:05jeunes filles
00:40:06qui ont été
00:40:07arrêtées d'abord
00:40:08emmenées parce que
00:40:09les garçons
00:40:10emmener parce que les gardiens de la révolution, comment ils font ?
00:40:12Ils vous arrêtent, ils vous emmènent dans un bâtiment,
00:40:14même pas à la police, même pas au siège de renseignement,
00:40:16pas du tout, ils sont dans un appartement.
00:40:18Et là on l'arrête pour quoi, Anita ?
00:40:20Elle a été arrêtée parce qu'elle avait manifesté dans son lycée,
00:40:25et donc en fait, après, elle a été emmenée dans un bâtiment,
00:40:30si je me souviens bien, dans un bâtiment,
00:40:32parce que les gardiens de la révolution, ils l'occupent,
00:40:34ils peuvent occuper en fait un lycée, une école,
00:40:36pour emmener, pour interroger en fait ces manifestants.
00:40:39Donc une fois emmenée dans ce bâtiment,
00:40:41la personne est torturée, violée,
00:40:43plusieurs formes de torture, techniques de torture,
00:40:45pas que du viol.
00:40:47Aujourd'hui en Afghanistan,
00:40:49il y a des frappes, des fouettés sur les seins,
00:40:53les endroits où on ne peut pas montrer aux autres.
00:40:57Et puis après, comme on a vu avec Yalda,
00:41:05qui a été suicidée en fait, après, t'as envie de te suicider.
00:41:08Nika, elle a été abandonnée au bord d'autoroutes,
00:41:11et on a dit à sa famille qu'elle s'était suicidée.
00:41:15On a arrêté son oncle et sa tante,
00:41:17on a fait dire à sa tante, à la télévision officielle,
00:41:20oui, oui, ma nièce s'est jetée du haut d'un immeuble.
00:41:23Le problème, c'est qu'en fait, ces manifestantes
00:41:25ont été arrêtées et jetées à la rue, voilà, parfois.
00:41:27Il y a plusieurs histoires,
00:41:29on ne peut pas confirmer vraiment les faits.
00:41:33Mais en fait, même une fois,
00:41:36la personne emmenée chez les médecins, à l'hôpital,
00:41:40il n'y a pas d'examen en fait.
00:41:42Il n'y a pas d'examen parce qu'en fait,
00:41:43les médecins sont des collaborateurs.
00:41:45On ne fait pas d'autopsie,
00:41:46évidemment, on ne va pas prouver ce qu'on ne veut pas dire.
00:41:48Alors, vous l'avez dit tout à l'heure, Marine,
00:41:50je sens vous assez désespérée par rapport à ce mouvement.
00:41:53Je pense que vous, Mortaza, vous avez envie d'y croire.
00:41:56On a tous évidemment envie d'y croire.
00:41:58Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui en Iran ?
00:42:00Quels contacts vous avez avec vos contacts iraniens ?
00:42:03Et quel espoir vous pouvez encore nourrir
00:42:07d'une reprise de cette révolte ?
00:42:10Quelle est votre analyse ?
00:42:12D'abord, qui croyait la chute de Bachar al-Assad en Syrie ?
00:42:15Personne.
00:42:16Pareil, en Iran aujourd'hui, cette jeunesse révoltée.
00:42:19On a Mohseni, l'ancien candidat présentiel
00:42:23qui aujourd'hui, chez lui,
00:42:25surveillance dans sa résidence.
00:42:28Et pareil en fait.
00:42:30Lui, peut-être qu'il est en contact avec beaucoup de gens
00:42:32qui sont en train de former une armée, des soldats.
00:42:35Est-ce que la chute de Bachar al-Assad en Syrie
00:42:37fait peur aux régimes iraniens ?
00:42:39Beaucoup, parce qu'ils ont perdu un allié.
00:42:43Ça peut les déstabiliser suffisamment
00:42:45pour donner un regain à cette révolte ?
00:42:50Ce qui est sûr, c'est que depuis le début du mouvement
00:42:53Femme, Vie, Liberté,
00:42:54il y a beaucoup de choses qui ont changé
00:42:56quand on regarde la carte géopolitique des choses.
00:42:59La chute de Bachar al-Assad,
00:43:01l'arrivée de Trump au pouvoir.
00:43:03Tout ça, c'est effectivement des choses qui bougent
00:43:06et qui peuvent entraîner potentiellement
00:43:08la chute du dictateur en place en ce moment en Iran.
00:43:11Après, nous, on n'est pas devins, on est journalistes.
00:43:15Donc, on peut difficilement prédire
00:43:18de ce qui va se passer en Iran
00:43:21dans les prochaines semaines,
00:43:22dans les prochains mois, dans les prochaines années.
00:43:24Mais c'est sûr que là,
00:43:26ça va être très intéressant de suivre les choses
00:43:30entre les sanctions qui sont mises en place,
00:43:37la question du nucléaire, l'arrivée de Trump.
00:43:40Il y a beaucoup, beaucoup de blocs qui bougent.
00:43:42Les Iraniens en eux-mêmes,
00:43:44ce qu'ils sont capables de faire, etc.
00:43:46Donc oui, c'est intéressant de suivre les prochains mois
00:43:52comment l'Iran va bouger,
00:43:55comment les choses vont se passer.
00:43:56Mais c'est impossible de prédire ce qui peut se passer.
00:43:59Enfin, on le voit bien avec la chute de Bachar al-Assad
00:44:01où effectivement, on a tous été un peu pris de court
00:44:03quand on a vu la rapidité avec laquelle il appuie son pays.
00:44:07Un exemple concret, pardon.
00:44:09On voit qu'en fait, après la chute de Bachar al-Assad,
00:44:13il y a une désobéissance civile massive en Iran.
00:44:16Pourquoi ? Parce qu'il y a des milliers de jeunes femmes
00:44:18qui ne portent plus de foulard dans les rues.
00:44:20Et à côté, on voit...
00:44:22En Iran, en Syrie.
00:44:23En Iran, on parle de l'Iran.
00:44:25Ah oui, c'est ça.
00:44:26Et donc aujourd'hui, on voit des images sur les réseaux sociaux, partout.
00:44:30Même la police des morts n'arrive pas à appliquer leur projet de loi
00:44:33de hijab et de la chasteté.
00:44:35Et donc, on voit bien que le régime s'affaiblit,
00:44:38qu'il laisse la place, voilà.
00:44:40Alors, la communauté internationale se fait le relais
00:44:43beaucoup de cette revolte.
00:44:44Le prix Sakharov en 2023 a été remis au sud à Bachar al-Assad,
00:44:48à Amini, ainsi qu'au Mouvement Femmes de liberté
00:44:51et à toutes ces femmes iraniennes qui se battent.
00:44:53Le prix Nobel de la paix en 2023 a été remis à cette femme,
00:44:56Narges Mohammadi,
00:44:58qui a fait la une de Elle,
00:45:00qui est un journal en général assez frivole
00:45:02et qui parfois prend des élans politiques.
00:45:06Elle pose évidemment sans voile,
00:45:08maquillée, avec des couleurs vives,
00:45:10elle le dit à l'intérieur d'un entretien.
00:45:12Elle a pu faire cet entretien parce qu'elle est sortie
00:45:14quelques semaines de prison.
00:45:16Elle subit une peine de prison à répétition,
00:45:20en différentes prises et positions.
00:45:22C'est une journaliste militante des droits humains.
00:45:24Elle se bat évidemment.
00:45:25Elle se bat en particulier parce qu'elle voudrait
00:45:27que l'apartheid de genre soit reconnue comme crime
00:45:30par l'ONU.
00:45:31C'est un de ses grands combats.
00:45:32Donc, elle est en prison.
00:45:33Elle est retournée depuis un prison intéhérent.
00:45:35Elle est dans la prison d'Elvin.
00:45:38Vous avez documenté, vous parlez dans votre livre,
00:45:40et on sait qu'il n'était pas bon résidé.
00:45:43Le régime lui a proposé d'amnistier,
00:45:46à condition qu'elle renonce à ses combats
00:45:48et qu'elle rejoigne sa famille en exil,
00:45:50puisque ses enfants, qu'elle n'a pas eu depuis 10 ans,
00:45:52et son mari qui sont allés chercher le prix Nobel pour elle
00:45:54à l'élection, vivent, je crois, en France.
00:45:56À Paris.
00:45:57À Paris.
00:45:58Ses enfants ont maintenant 17 ou 18 ans,
00:45:59peut-être, je crois.
00:46:00C'est des jeunes aujourd'hui, 18 ans.
00:46:03Elle ne veut pas partir.
00:46:04Elle ne veut pas lâcher ses collègues.
00:46:06Elle croit en combat.
00:46:07Elle croit que la révolution peut être menée à son terme.
00:46:11Elle pense que le régime va basculer.
00:46:13Elle dit qu'on n'a jamais été aussi prêts.
00:46:15C'est une figure d'espoir absolue, cette Narges Mahmadi.
00:46:19Malgré les menaces du régime,
00:46:21parce que le régime iranien,
00:46:22comme n'importe d'autres dictatures,
00:46:24ont créé une armée numérique.
00:46:26Comment ça, une armée numérique ?
00:46:28Il y a beaucoup de jeunes,
00:46:30basijis, les basijis volontaires,
00:46:33ont créé de faux comptes
00:46:34pour aller discréditer les voix dissidentes,
00:46:36pour discréditer les manifestants,
00:46:37notamment Narges Mahmadi.
00:46:39Ces enfants, des mineurs,
00:46:41ont reçu des messages de haine,
00:46:43ont reçu des messages de menaces.
00:46:45Ils habitent en France, à Paris.
00:46:47Vous voyez ?
00:46:48Que votre mère est une pute,
00:46:49que votre mère, pardon.
00:46:50Ils ont reçu ces messages-là.
00:46:52Ils m'ont montré.
00:46:53Je suis rencontré avec Narges Mahmadi et son équipe.
00:46:55Elle, pour dire qu'en fait,
00:46:57elle fait partie des royalistes en Iran.
00:46:59Elle ne cherche même pas, en fait.
00:47:01Elle ne soutient même pas le mouvement Famille Liberté.
00:47:03Pas du tout.
00:47:04Donc alors, l'Iran arrive à créer une armée numérique
00:47:07pour discréditer ces mouvements,
00:47:08ces manifestants, ces activistes.
00:47:10Et malgré tout, Narges continue,
00:47:13alors qu'elle est en liberté conditionnelle aujourd'hui.
00:47:16À tout moment, elle peut retourner en prison.
00:47:19Mais elle se dit,
00:47:22aujourd'hui, je suis libre, je me bats.
00:47:25Je sors, je vais devant la prison d'Amachat
00:47:28pour manifester,
00:47:29pour la libération des prisonniers politiques.
00:47:31À Tehran, je reçois les activistes chez moi.
00:47:33Voilà.
00:47:34Et donc, c'est incroyable son courage
00:47:36de voir cette femme continue,
00:47:39même jour et nuit.
00:47:41Elle donne des interviews à la télé en France,
00:47:43ailleurs, partout,
00:47:44pour parler des conditions de vie en prison.
00:47:47Elle a d'ailleurs publié La Tortue Blanche.
00:47:49Oui, j'ai regardé.
00:47:51Des unes comme celle-ci,
00:47:53il y a eu aussi Aoud Arieh,
00:47:54qui avait fait cette une au jour de elle.
00:47:56Je suis désolée, c'est mon impression pas très bonne,
00:47:59mais ça me donne une petite idée.
00:48:01Ça fait la différence.
00:48:02Les Iraniens savent que ces journaux
00:48:06paraissent.
00:48:07Ça leur insuffle une énergie supplémentaire.
00:48:10Ça peut changer la donne, selon vous ?
00:48:13En tout cas, on me dit oui.
00:48:16On m'envoie des messages, ces femmes.
00:48:19J'ai reçu beaucoup de messages
00:48:20de la part des jeunes filles iraniennes.
00:48:22On m'a dit qu'on est très contents
00:48:24que tu partages sur les réseaux sociaux.
00:48:26Voir une publication sur les réseaux sociaux,
00:48:28ça leur donne de l'espoir.
00:48:30On n'est pas oubliés par l'Occident.
00:48:32On n'est pas oubliés par le comité international.
00:48:34Oui, ça change tout.
00:48:35Bravo.
00:48:36Merci pour votre combat.
00:48:38Merci pour votre soutien.
00:48:40À la fin de votre livre,
00:48:42je ne vais pas le raconter,
00:48:44évidemment, je laisse les lecteurs le découvrir.
00:48:46Vous dites qu'évidemment,
00:48:47il n'est plus question pour vous
00:48:48de revenir en Iran aujourd'hui.
00:48:50Nous sommes à l'époque en décembre 2022.
00:48:53Vous partez ensuite en Afghanistan.
00:48:55Vous allez faire un reportage sur les femmes en Afghanistan.
00:48:57Vous allez vous rapprocher des étudiants
00:48:59dans une université.
00:49:01Vous allez être arrêtés.
00:49:02On va évoquer brièvement,
00:49:03peut-être que vous n'avez pas trop envie de revenir sur cet épisode.
00:49:05Vous l'aurez, votre existence,
00:49:06mais vous connaissez vous-même la détention.
00:49:09Vous avez été fait prisonnier pendant dix mois
00:49:11dans une prison afghane.
00:49:13Vous avez subi la torture quotidienne.
00:49:15Vous avez réussi à sortir.
00:49:17Est-ce que la communauté internationale,
00:49:20est-ce que le fait qu'il y ait eu un relais
00:49:22sur votre détention
00:49:24a permis votre libération, vous pensez ?
00:49:26Est-ce que vous la devez à la chance,
00:49:28votre courage ?
00:49:31Vous n'avez pensé ne jamais sortir de cette prison ?
00:49:33Comment est-ce que vous avez fait
00:49:35pour être aussi vivoureux
00:49:37et plein d'énergie encore aujourd'hui ?
00:49:39Je suis très admirative.
00:49:41Merci.
00:49:42Alors, il y a eu plusieurs choses,
00:49:43parce qu'en fait, j'ai promis à ma femme
00:49:45qu'on va aller,
00:49:47après cette mission de dix jours,
00:49:49je suis retourné en Afghanistan, après l'Iran.
00:49:51Voilà, l'histoire vous allez lire dans le bouquin.
00:49:54Puis après, je suis reparti en Afghanistan une semaine,
00:49:56enfin, deux sujets pour digiter 20 heures de France.
00:49:58Sauf parce qu'aucun journaliste aujourd'hui
00:50:00est autorisé à aller en Afghanistan,
00:50:01notamment les journalistes de France Allusion.
00:50:03Puis après, je suis retourné une semaine,
00:50:05puis après, reparti en Afghanistan,
00:50:07le 5 janvier.
00:50:08Le 7, j'étais arrêté devant l'Université de Kaboul,
00:50:10alors que je faisais un reportage sur les jeunes filles
00:50:12qui voulaient obtenir leur diplôme
00:50:14à la fac de Kaboul.
00:50:16J'étais arrêté, accusé d'espionnage
00:50:18pour le compte des services français,
00:50:20torturé,
00:50:22je n'imaginais pas rester vivant.
00:50:24On m'a même mélangé avec des membres de Daesh
00:50:26pendant deux mois.
00:50:28Donc, beaucoup de choses que j'ai déjà racontées
00:50:30partout dans la télé.
00:50:32Les médias m'ont sauvé.
00:50:34Le comité de mobilisation,
00:50:36cette mobilisation en France, partout,
00:50:38notamment en Bretagne, m'a sauvé la vie.
00:50:40Parce qu'un jour, on vient de me frapper,
00:50:42le soldat taliban,
00:50:44l'agent de renseignement,
00:50:46vous savez, parce qu'en Afghanistan,
00:50:48il y a les talibans,
00:50:50mais aussi
00:50:52les haqqani.
00:50:54Ils sont affiliés aux talibans.
00:50:56Ils sont un groupe armé,
00:50:58l'ournement armé, qui sont
00:51:00l'ombre d'Al Qaïda.
00:51:02Plusieurs personnes ont été prisonniers.
00:51:04Guantanamo, dont
00:51:06les haqqani sont très connus en Afghanistan.
00:51:08Ils sont devenus aujourd'hui
00:51:10les ministres talibans.
00:51:12Bref.
00:51:14On peut échapper à cette détention.
00:51:18On vient de me frapper,
00:51:20un agent taliban.
00:51:22En me frappant, on me dit,
00:51:24on ne peut pas vous tuer,
00:51:26parce que vous êtes partout dans les médias.
00:51:28Votre témoignage est essentiel.
00:51:30On voit l'importance de relayer
00:51:32les informations, de ne pas laisser tomber
00:51:34les prisonniers, les journalistes,
00:51:36les rapporteurs.
00:51:38C'est absolument essentiel.
00:51:40Quand vous publiez quelque chose sur les réseaux,
00:51:42sur Instagram ou ailleurs,
00:51:44vous lisez un journal sur
00:51:46les femmes libertés, sur les femmes afghanes,
00:51:48vous commentez quelque chose.
00:51:50Les talibans sont connectés.
00:51:52Le régime iranien est connecté.
00:51:54Ils regardent la mobilisation en France.
00:51:56Ils regardent la mobilisation en Europe.
00:51:58Ils ont peur de ça, pour blanchir leurs images.
00:52:00C'est pour ça qu'ils ont créé cette armée numérique.
00:52:04Aujourd'hui,
00:52:06après tout ce que vous avez traversé,
00:52:08vous semblez avoir une énergie
00:52:10inépuisable.
00:52:12Quels sont vos projets ?
00:52:14Est-ce que vous avez des projets communs ?
00:52:16Qu'est-ce que vous pourriez nous en dire ?
00:52:18Il faut continuer.
00:52:20C'est difficile de voir
00:52:22toutes les semaines
00:52:24deux psychologues et une psychiatre.
00:52:26Mais il faut continuer.
00:52:28Avec Marine,
00:52:30on a plusieurs projets,
00:52:32comme un documentaire pour Arte
00:52:34sur les femmes afghanes.
00:52:40C'est le prochain projet
00:52:42qu'on va commencer dès la semaine prochaine.
00:52:44On va raconter
00:52:46l'impossible voyage
00:52:48des femmes afghanes
00:52:50pour sortir du pays.
00:52:52Malheureusement,
00:52:54pour voyager,
00:52:56pour se promener,
00:52:58elles ont l'obligation
00:53:00d'avoir un homme à côté d'elles.
00:53:02Ce n'est pas n'importe quel homme,
00:53:04c'est leur mari, leur frère, leur père.
00:53:06Quand on est une femme afghane
00:53:08et qu'on veut quitter le pays,
00:53:10c'est très compliqué de pouvoir s'enfuir.
00:53:12C'est très compliqué
00:53:14de survivre au Pakistan,
00:53:16en Iran, etc.
00:53:18Notre prochain projet,
00:53:20c'est de raconter
00:53:22le parcours de ces femmes
00:53:24qui tentent le tout pour s'enfuir.
00:53:26Merci beaucoup.
00:53:28Je vous encourage vivement
00:53:30à découvrir Femmes d'une liberté et le destin
00:53:32de ces cinq personnes que vous êtes allées
00:53:34au péril de votre vie rencontrer pour nous
00:53:36et pour le monde entier.
00:53:38Merci pour tout ce que vous faites
00:53:40et pour tout ce que vous documentez.
00:53:42C'est absolument essentiel pour qu'on ne vive pas
00:53:44dans l'obscurité.
00:53:46Je vais proposer à notre public de poser des questions.
00:53:48Mais avant, j'aimerais qu'on les applaudisse.
00:53:50Applaudissements
00:53:52Applaudissements
00:53:54Applaudissements
00:53:56Applaudissements
00:53:58Vous avez des questions pour nous inviter.
00:54:00Zahra Beloudi et Marine Courtaud.
00:54:02Oui, j'en ai une.
00:54:04Est-ce que la Fondation
00:54:06s'occupe d'un truc qui s'engrosse aujourd'hui?
00:54:08Pardon.
00:54:10Là, vous parlez
00:54:12de tout ce qui se passe essentiellement
00:54:14dans les villes.
00:54:16Est-ce que les gens sont justement
00:54:18connectés? Est-ce que les réseaux sociaux
00:54:20parviennent même dans les campagnes?
00:54:22Ou est-ce que ça reste très
00:54:26particulier?
00:54:28Oui. Alors, le problème, c'est
00:54:30que les télés locales
00:54:32sont de plus en plus surveillées. C'est-à-dire, en fait,
00:54:34le CEDAO Simon en Iran,
00:54:36c'est la chaîne publique
00:54:38en Iran. Là, ils ont des bureaux
00:54:40un peu partout, dans toutes les villes
00:54:42en Iran et même dans
00:54:44les villages, où on voit un reporter candestin
00:54:46qui est là toujours. Et la radio, nous avons.
00:54:48Donc, CEDAO Simon est hyper
00:54:50surveillé. Donc, ils sont informés
00:54:52bien sûr. Ils ont toujours même 4G
00:54:54partout dans les villages. Ils sont connectés.
00:54:56Ils peuvent même voir...
00:54:58Moi, je connais des villageois en Iran
00:55:00et ils postent des choses,
00:55:02des images sur les réseaux sociaux. Ils sont
00:55:04connectés et ils savent comment utiliser les réseaux sociaux.
00:55:06Mais, le problème,
00:55:08c'est qu'en fait... Pourquoi, en fait,
00:55:10le...
00:55:12le...
00:55:14le slogan Famille Liberté, j'en ai
00:55:16déjà dit, c'est un slogan kurde.
00:55:18C'est pas du tout... Enfin, c'est
00:55:20kurde. Il faut le dire. Il faut le dire.
00:55:22C'est kurde. C'est les Kurdes iraniens
00:55:24d'abord, courageux. Aujourd'hui,
00:55:26ils ont manifesté, des grandes
00:55:28manifestations ont commencé dans le nord
00:55:30de Téhéran, dans le nord d'Iran,
00:55:32enfin, à Téhéran, à l'Espérance. Après,
00:55:34ça... Après,
00:55:36petit à petit, ils sont
00:55:38en bas, enfin, à Téhéran, à l'Espérance. Mais,
00:55:40il faut le dire, là, aujourd'hui,
00:55:42on connaît aussi les kolbars en Iran.
00:55:44Enfin, il y a plusieurs...
00:55:46Parce qu'ils sont discriminés à la fois,
00:55:48les Kurdes, les Azeris,
00:55:50il y a plusieurs ethnies en Iran.
00:55:52Ils sont bien connectés, oui.
00:55:54Ils sont bien connectés sur les réseaux sociaux.
00:55:56Mais, malgré tout, ils sont mal informés
00:55:58par les chaînes
00:56:00d'État, des chaînes d'État, où même
00:56:02on a mis, notamment, le cas de
00:56:04Cécile Khodar, qui est aujourd'hui plus de 1000 jours
00:56:06otage en Iran,
00:56:08cette professeure en France.
00:56:10Elle, par exemple, il y avait un documentaire
00:56:12qui était sur place pendant le mouvement
00:56:14Femmes et Libertés. Pour calmer les manifestations, l'Iran
00:56:16a diffusé ce documentaire pendant le mouvement
00:56:18Femmes et Libertés à la télé pour dire qu'on regardait
00:56:20des espions qui viennent, en fait...
00:56:22Et donc, en fait, c'est un documentaire
00:56:24où on voit Cécile...
00:56:26Je ne sais pas comment ils ont réalisé ce documentaire.
00:56:28Où Cécile, avec Jacques, le don,
00:56:30il explique comment ils travaillent pour DGSO.
00:56:32Alors qu'ils ne sont pas du tout espions.
00:56:48Alors, on me retrouve parce qu'en fait,
00:56:50c'est devenu mon port d'attache à Douarnenez,
00:56:52au ministère. Et parce qu'en fait,
00:56:54à chaque fois, je fais des petites blagues
00:56:56un peu partout, parce qu'on me demande,
00:56:58alors que je suis français, mon passeport est marqué
00:57:00français, la ville de naissance Wardak,
00:57:02l'aéroport quand je rentre en France,
00:57:04les policiers me regardent mon passeport,
00:57:06ils zooment et disent
00:57:08Wardak, c'est où Wardak ? Ça ne vous regarde pas,
00:57:10déjà. Je ne dis pas que ça ne vous regarde pas,
00:57:12mais je dis que c'est en Bretagne, au ministère.
00:57:14Ah bon, d'accord, on ne savait pas. Parce que si,
00:57:16pour expliquer, dire que c'est en Afghanistan,
00:57:18alors d'accord, comment vous êtes français aussi,
00:57:20ça prend du temps et je suis fatigué.
00:57:22Douarnenez est une ville
00:57:24que je trouve intéressante,
00:57:26parce qu'à Douarnenez, il y a eu une des premières révoltes
00:57:28de femmes, comme vous le savez peut-être,
00:57:30en 1984, et ce sera d'ailleurs le sujet
00:57:32de ma prochaine rencontre,
00:57:34il se trouve, c'est le hasard, mais ce sera le sujet de ma prochaine rencontre
00:57:36avec la lutte des femmes pour obtenir
00:57:383 centimes d'augmentation sur leur salaire mensuel.
00:57:40Deuxième question.
00:57:54C'est-à-dire créer des faux comptes,
00:58:04sur Instagram, sur Twitter,
00:58:06et commenter
00:58:08sur les publications.
00:58:10C'est-à-dire, Narges Momadi publie,
00:58:12voilà, je tiens, oh non, vous êtes un,
00:58:14vous faites partie des royalistes, non,
00:58:16c'est faux, c'est une image,
00:58:18c'est aussi, en fait, alerter
00:58:20sur cette image le grand réseau,
00:58:22quand, moi, je veux dénoncer quelque chose,
00:58:24je peux bloquer cette publication
00:58:26en allant sur cette
00:58:28publication, sur cette image,
00:58:30comment dire,
00:58:32il y a une option sur le réseau,
00:58:34on peut
00:58:36alerter, comment dire, on peut
00:58:38signaler, on peut signaler
00:58:40cette publication, alors là, il faut bien sûr.
00:58:52Oui, magnifique.
00:59:16Bien sûr, il y a des
00:59:18cinémas clandestins aussi.
00:59:20Il prête son salon
00:59:22pour diffuser un film, bien sûr.
00:59:24L'équipe, moi, je connais très bien
00:59:26l'équipe de ce tournage-là,
00:59:28une qui était à Paris,
00:59:30on a fait un café en même temps,
00:59:32elle m'a dit, Morteza,
00:59:34j'ai prêté mon salon pour faire une projection
00:59:36clandestine chez moi. Et donc,
00:59:38elle est en train de faire la projection un peu partout,
00:59:40donc elle était à Paris, de passage,
00:59:42elle est partie, dommage, malheureusement,
00:59:44mais elle voulait venir, en fait,
00:59:46voilà.
00:59:50Oui.
00:59:52L'amour,
00:59:54ça nous retrouve au sujet de ça.
01:00:00J'ai une question,
01:00:02tous ces jeunes
01:00:04qui ont descendu dans la rue,
01:00:06qui ont manifesté, comment
01:00:08ils traînent
01:00:10les...
01:00:14Les condamnations,
01:00:16enfin, les condamnations internationales,
01:00:18les conditions internationales
01:00:20de l'enfant de payer,
01:00:22est-ce que pour eux, c'est faux,
01:00:24c'est négatif ?
01:00:26Les sanctions.
01:00:28Bien sûr,
01:00:30aujourd'hui,
01:00:32un toman,
01:00:34c'est 95,
01:00:36un euro, c'est 95
01:00:38tomans, c'est énorme.
01:00:40Comment les parents peuvent déjà
01:00:42envoyer de l'argent, financer
01:00:44les étudiants iraniens qui sont à Paris ?
01:00:46Vous voyez ? La sanction,
01:00:48la monnaie aujourd'hui, c'est rien du tout
01:00:50en Iran. Avec 200 euros,
01:00:52vous pouvez vivre pour deux mois en Iran.
01:00:54Ah oui,
01:00:56ça touche beaucoup les jeunes,
01:00:58la crise économique,
01:01:00le salaire.
01:01:02Un étudiant
01:01:04qui travaille dans un bar,
01:01:06c'était le cas de Sogande,
01:01:08elle ne gagnait que 5 millions,
01:01:105 millions de tomans, c'est rien du tout pour elle.
01:01:12À la fois payer ses loyers,
01:01:14se nourrir, elle ne mangeait pas de la viande.
01:01:24En fait,
01:01:26il y a une ambiguïté dans leur
01:01:28manière d'aborder la chose, c'est-à-dire
01:01:30que d'un côté, ils le subissent de plein
01:01:32fouet et ils le
01:01:34subissent à plein de niveaux, c'est-à-dire qu'effectivement
01:01:36ils le subissent au niveau du logement,
01:01:38au niveau de la nourriture, au niveau des
01:01:40médicaments, le fait de se soigner, etc.
01:01:42Mais
01:01:44en fait, ils n'en veulent pas
01:01:46à l'Occident de mettre en place des sanctions,
01:01:48ils en veulent au régime iranien
01:01:50d'être ce qu'il est,
01:01:52ce qui entraîne les sanctions. Et c'est comme ça
01:01:54qu'ils approchent
01:01:56les choses.
01:01:58Un exemple concret,
01:02:00en Afghanistan, malgré les sanctions,
01:02:02malgré tout,
01:02:04on a obtenu quand même un mandat d'arrêt,
01:02:06un mandat d'arrêt à la CPI,
01:02:08contre le leader
01:02:10taliban, Badr al-Khanzada,
01:02:12et le juge de la Cour suprême.
01:02:14C'est assez énorme pour les femmes afghanes
01:02:16d'obtenir ça. Et donc, c'est un
01:02:18mandat d'arrêt malgré la souffrance
01:02:20aux surplaces.
01:02:28Si vous souhaitez vous faire des dictatures
01:02:30et des livres, on a installé une table au milieu de la bibliothèque
01:02:32et vous allez pouvoir vous installer et peut-être avoir un petit
01:02:34moment d'échange avec votre public.
01:02:36Merci à vous.

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