Le capitalisme est un rapport social qui repose sur la propriété privée des moyens de production dans les mains d’une minorité et sur l’obligation pour les autres de vendre leur capacité de travail en échange d’un salaire pour vivre, créant ainsi une subordination du travailleur, qu’il soit manuel ou intellectuel, vis-à-vis de son employeur. Et cette subordination, existant maintenant depuis près de trois siècles, a créé l’illusion que le salariat, loin de n’être que la forme prise par le rapport social capitaliste du maintien des travailleurs dans leur situation dominée, apparaît comme la rétribution « normale » de leur contribution à la production, comme le profit ne fait que rétribuer le capitaliste pour l’apport de son capital. [...]
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00:00Le capitalisme est un rapport social qui repose sur la propriété privée des moyens de
00:14production dans les mains d'une minorité et sur l'obligation pour les autres de vendre
00:20leurs capacités de travail en échange d'un salaire pour vivre, créant ainsi une subordination
00:26du travailleur, qu'il soit manuel ou intellectuel, vis-à-vis de son employeur.
00:30Et cette subordination, existant maintenant depuis près de trois siècles, a créé l'illusion
00:37que le salariat, loin de naître que la forme prise par le rapport social capitaliste du
00:42maintien des travailleurs dans leur situation dominée, apparaît comme la rétribution
00:47normale de leur contribution à la production, comme le profit ne fait que rétribuer le
00:52capitaliste pour l'apport de son capital, oubliant ainsi le procès historique de constitution
00:58de ce capital qui s'est fait dans la violence des expropriations de terres communes pour
01:03créer des travailleurs libres et dans la colonisation et l'instauration de l'esclavage
01:09pour que les pays européens bénéficient des richesses des pays colonisés.
01:12Cet oubli conduit à remercier le capitaliste de sa grande générosité à faire travailler
01:18tant de gens, alors que même s'il ne le faisait pas, toute espérance de profit disparaîtrait.
01:23C'est ce que la crise sanitaire de 2020 a parfaitement démontré avec le confinement
01:28des travailleurs et l'arrêt des entreprises.
01:30Le but de ce dernier, c'est de réaliser le maximum de profit, qu'il voit comme l'excédent
01:37de ses recettes sur ses coûts de production, salaire inclus, et pas comme la conséquence
01:42d'un rapport social, historiquement constitué, et n'ayant donc pas le statut d'une loi
01:47naturelle.
01:48Les recettes proviennent de la vente de ces marchandises, qui doivent être achetées
01:52par les consommateurs.
01:53Qu'est-ce qui pousse les consommateurs à rechercher telle ou telle marchandise, bien
01:58ou service ? L'économie néoclassique répond que ce sont ses préférences, et elle s'émerveille
02:04de ce que, alors que l'homo economicus ne s'occupe que de lui, la confrontation des
02:09préférences aboutisse à un équilibre économique.
02:11C'est le miracle de la main invisible, tellement invisible que personne ne peut expliquer comment
02:17elle agit.
02:18Quant à l'équilibre, il n'existe que dans une démonstration mathématique, certes
02:23impressionnante, mais sous des hypothèses extrêmement fortes qui ne sont pas vérifiées
02:28dans le monde réel.
02:29Et les crises qui secouent le fonctionnement de l'économie capitaliste, au fur et à
02:33mesure de son développement, révèlent la vacuité de l'existence de cet équilibre
02:38démontré mathématiquement.
02:40Pourtant, un peu de réflexion nous dit que les préférences sont endogènes à la société
02:45où elles se forment.
02:46Les besoins sont sociaux et historiques, et doivent d'ailleurs être soigneusement
02:51distingués de ce qu'on peut désigner comme des nécessités objectives de développement.
02:55Boire et manger, en sont pour tout être humain, mais ni le Coca-Cola ni la pizza surgelée.
03:00Pourtant, Coca-Cola inonde aujourd'hui le monde parce qu'il a beaucoup investi pour
03:06devenir un besoin, expression de préférences largement répandue.
03:10Et si l'obésité est devenue un problème grave de santé publique, cela n'empêche
03:15pas l'agroalimentaire industriel de continuer à la développer à coût d'additifs sucrés,
03:21soutenus par de nombreuses obèses qui revendiquent leur droit à la différence.
03:26De la même façon, l'industrie automobile cherche aujourd'hui à vendre des SUV, véhicules
03:31plus lourds et moins aérodynamiques que les voitures plus anciennes, donc plus consommatrices
03:36de pétrole, et réduisant les gains d'efficacité à pas grand-chose, malgré une consommation
03:41au kilomètre plus faible.
03:43Elle le fait à grand renfort de publicité, qui tente, et réussit, à convaincre le consommateur
03:49que ses préférences le poussent vers ses SUV au moment où la lutte contre le changement
03:54climatique devient de plus en plus urgente.
03:56Le rapport social-capitaliste sépare ceux qui produisent de ceux qui décident quoi
04:02produire.
04:03Et ces derniers ne le font pas pour l'intérêt social de leur production, mais pour le profit
04:07qu'ils en espèrent.
04:08Et une fois produit, tout est bon pour vendre, même l'inutile.