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Le 23 juin 2016, pour la première fois de l'histoire, un pays décide de quitter l'Union européenne. Mais huit ans après, aucune des promesses du Brexit n'a été tenue. Confrontés à une profonde crise économique et sociale, les Britanniques sont nombreux à être passés du Brexit au « Bregret », nouveau néologisme mélangeant les mots « Brexit » et « Regret ». Une sombre colère traverse la société, toutes générations confondues, aussi bien chez ceux qui ont voté pour le Brexit que chez ceux qui ont voté pour rester dans l'Union européenne. Six ans après avoir réalisé un premier film sur le Brexit, le réalisateur franco-britannique Thomas Johnson et le correspondant à Londres du journal Le Monde Eric Albert mènent l'enquête pour comprendre les raisons de ce profond séisme. Ils sont partis à la rencontre des acteurs et des témoins de ce bouleversement politique : l'ancien premier ministre Tony Blair ; des pontes du Parti conservateur ; Michel Barnier, le négociateur européen en chef du Brexit ; Rachel, la soeur de Boris Johnson, et Stanley, son père, devenu français après le Brexit ; ou encore Andy Wigmore, l'architecte de la campagne mensongère de Nigel Farage, le leader de la droite extrême.
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00:00:00...
00:00:1223 juin 2016, une date qui ne s'oublie pas.
00:00:16Pour la première fois de l'histoire,
00:00:18un pays décide de quitter l'Union européenne.
00:00:21...
00:00:24Le Brexit a bouleversé l'Europe, et des années après,
00:00:27son onde de choc continue à traumatiser les Britanniques.
00:00:30...
00:00:45...
00:00:56Reprendre le contrôle, le slogan du Brexit
00:00:59scandé pendant toute la campagne de 2016
00:01:01par l'excentrique Boris Johnson,
00:01:04le Brexiteur en chef du Parti conservateur.
00:01:06...
00:01:11Un slogan repris par Nigel Farage,
00:01:13l'autre vedette de la campagne du Brexit,
00:01:15leader du UKIP, le parti souverainiste.
00:01:18...
00:01:35Quatre ans après le référendum,
00:01:37arrive ce jour-dit de l'indépendance.
00:01:40Il aura fallu quatre années de tumultueuses négociations
00:01:43pour que le Royaume-Uni sorte de l'Union européenne.
00:01:46Le Brexit, mais à quel prix ?
00:01:48...
00:01:53Les avantages du Brexit ?
00:01:56Ça a révélé beaucoup de corruption au sein du gouvernement,
00:01:59c'est assez sûr.
00:02:00...
00:02:04On ne peut pas dire que le Brexit a apporté les bienfaits promis.
00:02:08...
00:02:09Je n'ai jamais rencontré personne qui dise que ça a été un succès.
00:02:14En revanche, il y a des gens, dont mon frère,
00:02:17qui prétendent et prétendront jusqu'à leur dernier souffle
00:02:20que c'était le bon choix pour le pays.
00:02:23...
00:02:29Depuis le référendum, plusieurs premiers ministres succèdent,
00:02:32dont quatre démissionnent avec fracas.
00:02:35Du jamais vu dans l'histoire du Royaume-Uni.
00:02:38Le chaos politique s'installe,
00:02:40le parti conservateur implose,
00:02:43le parti nationaliste s'impose.
00:02:45...
00:02:50La récession économique menace, la pauvreté s'accroît,
00:02:54le pays a perdu sa place de cinquième puissance économique mondiale,
00:02:58le national-populisme défie le pouvoir.
00:03:01...
00:03:04Le problème, c'est qu'on a eu une campagne populiste
00:03:06axée sur le oui ou le non, et pas sur une personne ou un parti.
00:03:10Donc, une fois la décision prise,
00:03:12il est très difficile de revenir dessus.
00:03:15...
00:03:30Six ans après avoir réalisé un premier film sur le Brexit,
00:03:34je retourne au Royaume-Uni pour tenter de comprendre
00:03:36les effets de ce séisme.
00:03:40Né en France d'une mère anglaise et d'un père australien,
00:03:43je reprends le bateau de mon enfance pour retrouver ma famille,
00:03:46qui avait accepté d'être filmée.
00:03:49Comme dans beaucoup de foyers, la déchirure est profonde.
00:03:53...
00:03:55Un de mes cousins ne veut plus entendre parler du Brexit.
00:03:59John, lui, veut bien.
00:04:01Il avait voté pour le Brexit, mais à l'époque,
00:04:03il commençait déjà à le regretter.
00:04:05...
00:04:07...
00:04:17A Southampton, je retrouve Eric Albert,
00:04:21correspondant au journal Le Monde,
00:04:23avec qui j'ai aussi travaillé sur le premier film.
00:04:26Il a depuis pris la nationalité britannique
00:04:28afin de pouvoir continuer de vivre et de travailler au Royaume-Uni.
00:04:32Depuis le dernier film, il y a quatre ans,
00:04:35le Brexit a été signé,
00:04:38le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne.
00:04:41...
00:04:43Et ici, pas grand-chose a changé.
00:04:47Plein de choses, bien sûr.
00:04:49Ce qui est vraiment intéressant, c'est que t'as cette expérimentation
00:04:53grandeur de nature.
00:04:54C'est quoi, un pays qui sort de l'Union européenne ?
00:04:56Tu vois les conséquences.
00:04:58Et ce que les gens avaient dit,
00:05:00attention, ça va se produire, ça s'est produit, ça s'est pas produit.
00:05:02Tu peux enfin voir, sur le terrain, qu'est-ce qui s'est passé.
00:05:05Plein de bonnes choses.
00:05:06Rien de positif.
00:05:08Ah, merde !
00:05:09...
00:05:16Mon cousin John nous a donné rendez-vous au pub Louis Marchesi,
00:05:20où chaque mercredi soir, il anime un open mic.
00:05:23Tout musicien est invité à prendre le micro,
00:05:25une tradition très britannique.
00:05:28Mesdames et Messieurs, bienvenue au Louie Marchesi,
00:05:31sur mon micro.
00:05:32Acclamations
00:05:36That's right, that's great.
00:05:38And we have a film crew from Paris today.
00:05:41My cousin Tom is here.
00:05:42He's making a film called Post-Brexit,
00:05:46which is How Do We Feel Now ?
00:05:48Rires
00:05:50...
00:05:56There's gonna be a crisis
00:05:58...
00:06:01Yes, there's gonna be a crisis
00:06:04...
00:06:06A crisis in society
00:06:09...
00:06:11A crisis in sobriety
00:06:14...
00:06:16A crisis in the deep blue sea
00:06:20...
00:06:22Yes, there's gonna be a crisis
00:06:24Tu as voté pour le Brexit, maintenant, tu en penses quoi ?
00:06:27Oui, j'ai voté pour le Brexit.
00:06:29Et qu'est-ce que ça a apporté de bien ?
00:06:32Des trucs bizarres.
00:06:34Ça a notamment démontré que nos hommes politiques étaient des incapables.
00:06:39Ça a ouvert les yeux de la population sur leurs incompétences.
00:06:44Parce qu'avant, ils disaient toujours,
00:06:46l'Union Européenne veut ceci, veut cela, c'est pas de notre faute.
00:06:50Mais maintenant qu'ils ont la main sur tout, ils sont totalement nuls.
00:06:55En fait, il n'y a pas eu de bénéfice au Brexit,
00:06:59mais il n'y a pas eu non plus d'inconvénient majeur.
00:07:02Mais on est loin de la situation idyllique annoncée.
00:07:05...
00:07:07Il a dit que son père pleurait toujours,
00:07:10souriant et mentant.
00:07:12Il a deux personnalités,
00:07:15que tu ne voudrais pas rencontrer.
00:07:18...
00:07:19En fait, je suis en colère contre une partie du pays.
00:07:25Je suis déçu qu'on ait fait tout ça pour ça.
00:07:29C'est ce que je ressens aujourd'hui et que je tiens à exprimer.
00:07:32Nul peut nul.
00:07:33...
00:07:46J'ai des ancêtres français et pas mal d'amis européens.
00:07:51Mais c'est devenu difficile de les voir.
00:07:55Tout est plus compliqué.
00:07:57Je discutais avec des potes qui font partie d'un groupe
00:08:00et ils galèrent pour faire entrer et sortir tout leur matos du pays.
00:08:05Les vieux, ceux qui ont voté pour le Brexit
00:08:07et qui ne seront plus là pour en subir les conséquences,
00:08:09ont bien pourri la vie des jeunes, comme moi.
00:08:12Nous, on ne peut même pas voter pour changer notre avenir.
00:08:15C'est vraiment pénible.
00:08:18...
00:08:35Toutes les générations partagent le même sentiment d'échec.
00:08:39On est loin de la promesse du Brexit.
00:08:41...
00:08:44Mais qu'en est-il des acteurs politiques du Parti conservateur
00:08:47comme du Parti travailliste ?
00:08:49Qu'ils défendent le Brexit ou non ?
00:08:52Partagent-ils ce même constat ?
00:08:56L'ancien Premier ministre Tony Blair nous reçoit.
00:08:59...
00:09:01On va parler du Brexit.
00:09:03...
00:09:11Qu'est-ce que le Brexit a apporté de bien à ce pays ?
00:09:14...
00:09:21Je crois que ça a apporté...
00:09:25...
00:09:30une prise de conscience de ce que le pays doit faire pour lui-même.
00:09:34Parce que le Brexit a évidemment rendu les choses plus difficiles.
00:09:40Donc, l'accent est mis sur ce qu'on est obligé de faire.
00:09:44...
00:09:46Ça a aussi accéléré le changement de gouvernement.
00:09:49Ce qui, de mon point de vue, est une bonne chose.
00:09:52Mais comme mes hésitations l'indiquent, c'est un combat.
00:09:56D'après moi, le Brexit n'a apporté aucun avantage.
00:10:01On n'a pas été plus à même de réguler l'immigration,
00:10:04ce qui était l'une des principales raisons
00:10:06pour lesquelles les gens voulaient sortir de l'Union européenne.
00:10:09La pêche, qui avait suscité beaucoup d'émotions,
00:10:12n'a tiré absolument aucun bénéfice.
00:10:14Nos échanges commerciaux ne se sont clairement pas améliorés
00:10:17et notre liberté de circulation a été restreinte,
00:10:20ce qui a eu de nombreuses conséquences négatives.
00:10:23...
00:10:27Première grande promesse du Brexit, sauver les pêcheurs.
00:10:31Dès le début de la campagne de 2016,
00:10:34le souverainiste Nigel Farage est sur la tamise
00:10:37pour apporter son soutien aux pêcheurs
00:10:39venus clamer leur volonté de sortir de l'Europe.
00:10:42...
00:10:44Boris Johnson, le porte-parole des conservateurs,
00:10:47accompagne de port en port de la mer du Nord à la Manche.
00:10:51Il promet de redorer ce floron symbolique
00:10:54de la grandeur britannique
00:10:56en reprenant le contrôle des eaux du Royaume.
00:10:59...
00:11:06Je me rends à Hastings,
00:11:08petit port de pêche traditionnel situé sur la Manche,
00:11:11en face de la France.
00:11:13Retour matinal des pêcheurs après 6 heures passées en mer.
00:11:17Séduit par les promesses du Brexit,
00:11:20la très grande majorité avait voté pour quitter l'Union européenne.
00:11:24Mais 8 ans plus tard, leur déception est immense.
00:11:28...
00:11:39Pas terrible, hein ?
00:11:41Vous avez pêché quoi ?
00:11:44Quelques carrelets, 4 sols,
00:11:48une demi-caisse de rais
00:11:51et une caisse de roussettes.
00:11:53C'est pas grand-chose.
00:11:56Ça m'a rapporté 50 livres.
00:11:59Impossible de faire vivre 2 pêcheurs plus moi à terre avec ça.
00:12:05Ils ont pas de salaire cette semaine.
00:12:08Retour au pain sec et à l'eau.
00:12:11...
00:12:16Cabillaud et Sol, les 2 espèces que consomment le plus les Britanniques,
00:12:21ont quasiment disparu de leur zone de pêche.
00:12:24Les bateaux rentrent systématiquement à vide.
00:12:29Ils ne sont plus que 5 à prendre la mer.
00:12:32Ils étaient encore 40, il y a 8 ans.
00:12:35...
00:13:03En 2018, le ministre de l'Environnement, Michael Gove,
00:13:07allié de Boris Johnson, était venu à Hastings rencontrer les pêcheurs
00:13:12pour confirmer les promesses du Brexit.
00:13:16Les représentants syndicaux l'avaient reçu.
00:13:21Oui, Michael Gove est venu.
00:13:24Dans ce bureau ?
00:13:26Oui, ici même.
00:13:28Et comment ça s'est passé ?
00:13:30Très bien.
00:13:32J'avais mis un gâteau au centre de la table.
00:13:36Je lui en ai donné une part tellement fine qu'elle s'est cassée.
00:13:41Je lui ai dit que ça représentait la part
00:13:44des pêcheurs britanniques dans les eaux britanniques.
00:13:50Il a été surpris que ce soit aussi peu.
00:13:54Et qu'est-ce qu'il a répondu ?
00:13:57Il fallait faire en sorte que les pêcheurs britanniques
00:14:01puissent pêcher le poisson qui est ici,
00:14:04qu'il n'y avait aucun problème, qu'il allait faire appliquer
00:14:08la ligne des 12 000 qui délimite les eaux britanniques.
00:14:12Vous considérez qu'il y a eu trahison ?
00:14:15Oui, c'est une trahison.
00:14:17Parce que pour moi, une promesse, c'est une promesse.
00:14:24La zone des 12 miles promise par Michael Gove et les Brexiteurs
00:14:28n'a jamais été respectée.
00:14:29Pire, la situation s'est aggravée avec l'augmentation
00:14:33des bateaux de pêche industriel.
00:14:36Plus de 1 700 vaisseaux,
00:14:38qui, avec leurs immenses filets de fond, raflent tout.
00:14:43Là, on a tous les gros chalutiers qui pêchent dans la zone
00:14:47des 12 000 au large de New Haven.
00:14:50La plupart sont aujourd'hui sous pavillon britannique.
00:14:54Mais ils appartiennent en fait à des sociétés néerlandaises.
00:14:59Ce sont des bateaux très, très modernes
00:15:02qui attrapent beaucoup de poissons comparés à nos petits chalutiers.
00:15:06Et ils ne s'arrêtent jamais.
00:15:08Ils pêchent par tous les temps, en continu.
00:15:11Ça montre bien à quel point vous vous êtes fait avoir par le Brexit.
00:15:15Oui, exactement.
00:15:19Exactement ça.
00:15:21Si c'était à refaire, tout le monde ne serait pas d'accord.
00:15:25Mais moi, je voterais pour rester dans l'Union européenne.
00:15:28Et je connais beaucoup de pêcheurs qui feraient la même chose.
00:15:32L'industrie de la pêche n'a pas obtenu ce qu'on lui avait laissé entendre
00:15:36qu'elle obtiendrait avec le Brexit.
00:15:38Et ça s'explique en partie par son poids économique.
00:15:41La pêche est un secteur très important sur le plan politique
00:15:44parce que les zones côtières constituent un réservoir
00:15:47de votes potentiellement décisifs.
00:15:49Mais ce n'est pas un secteur très important pour l'économie britannique.
00:15:53Dans le contexte commercial, on se concentre surtout
00:15:56sur les points importants pour l'économie du pays.
00:16:01De toutes les négociations pour finaliser l'accord avec l'Europe,
00:16:05celles sur les zones de pêche ont été parmi les plus difficiles.
00:16:09Elles auraient pu entraîner un retrait sans accord.
00:16:12Une catastrophe aussi bien pour le Royaume-Uni que pour l'Union européenne.
00:16:17On a finalement obtenu un accord avec les Britanniques
00:16:20au tout dernier moment, le 24 décembre.
00:16:22Et M. Johnson a compris qu'il n'y aurait pas d'accord de commerce.
00:16:26Il y aurait un rétablissement immédiat le 31 décembre
00:16:29des tarifs douaniers, des quotas sur tous les échanges.
00:16:32Et que c'était catastrophique pour son pays.
00:16:36La colère est profonde.
00:16:38Les petits pêcheurs de tout le pays vivent l'accord
00:16:41comme une trahison de leur propre gouvernement.
00:16:47Réunis autour de Jeremy Percy, écologiste de longue date,
00:16:51les pêcheurs d'Eastings refusent de baisser les bras.
00:16:54Leur but, transmettre leur savoir-faire ancestral
00:16:57respectué de l'environnement aux jeunes générations.
00:17:03Le pourquoi de cet accord ne m'intéresse pas.
00:17:06Tout ce que je sais, c'est que ça a causé la disparition
00:17:09de beaucoup d'entreprises de pêche et de communautés de pêcheurs.
00:17:12Et ça, c'est inacceptable.
00:17:14Parce qu'on a une histoire locale qui remonte à 1000 ans.
00:17:17C'est notre histoire, notre tradition, notre culture, notre patrimoine,
00:17:21notre sécurité alimentaire.
00:17:23C'est tout ça qui nous définit en tant que pêcheurs
00:17:26et en tant que communauté.
00:17:28Absolument personne n'a le droit de détruire ni de brader tout ça.
00:17:32C'est tout simplement honteux.
00:17:51...
00:18:10Je suis en colère, dégoûtée, mais surtout triste.
00:18:14J'ai l'impression que les choses allaient bien mieux avant
00:18:17et je ne vois pas comment elles pourraient s'améliorer.
00:18:20Cette année, dans le cadre de ma formation,
00:18:23j'ai beaucoup travaillé à l'hôpital
00:18:25et je n'ai vu aucun financement supplémentaire accordé
00:18:28au système de santé depuis le Brexit.
00:18:30A mon avis, le NHS ne tiendra pas 5 ans.
00:18:35Deuxième grande promesse du Brexit,
00:18:38sauver le NHS, la Sécurité sociale britannique.
00:18:41Pendant toute la campagne de 2016,
00:18:43Boris Johnson sillonne le Royaume-Uni
00:18:46en scandant un des slogans les plus influents du Brexit.
00:19:16...
00:19:27C'était un mensonge de dire qu'on payait 350 millions de livres
00:19:30par semaine à l'Union européenne.
00:19:32Mais c'était un très bon argument de campagne
00:19:34parce qu'en disant 350 millions,
00:19:36ça obligeait l'opposition à dire « c'est faux ».
00:19:39Ce n'est que 250 millions,
00:19:41ce qui semblait déjà énorme à l'électeur moyen.
00:19:43Ça a donc joué en faveur du Brexit.
00:19:46...
00:19:52Depuis la promesse, pas une saison sans piqué de grève
00:19:55devant les hôpitaux de tout le pays.
00:19:58Le NHS vit une crise qui ne cesse d'empirer.
00:20:01Dégradation des infrastructures,
00:20:04manque de financement et de personnel,
00:20:07stagnation des salaires.
00:20:09...
00:20:13Aujourd'hui, les gens ont vraiment du mal à s'en sortir.
00:20:16Certains hôpitaux ont même mis en place
00:20:18des banques alimentaires pour leur personnel
00:20:20parce que les salaires ne sont plus suffisants pour vivre.
00:20:23...
00:20:27Beaucoup d'infirmières venaient d'Espagne,
00:20:29du Portugal, d'Italie et même de France
00:20:31parce qu'on a toujours eu énormément de postes à pourvoir
00:20:34vu que le travail est difficile et que personne ne veut le faire.
00:20:38Mais après le vote en faveur du Brexit,
00:20:41le nombre de ces infirmières s'est réduit comme peau de chagrin.
00:20:44...
00:21:15...
00:21:19Située en face de Westminster,
00:21:22même le prestigieux hôpital Saint-Thomas
00:21:24est frappé de plein fouet par la crise.
00:21:27Pour Jane Anderson, grande spécialiste des épidémies virales,
00:21:31le non-respect des promesses du Brexit
00:21:33produit des effets pervers qui vont bien au-delà
00:21:36du seul problème de financement du NHS.
00:21:39...
00:21:43La promesse de donner plus d'argent au NHS
00:21:47a été un argument décisif.
00:21:49Et lorsqu'une telle promesse n'est pas tenue,
00:21:52ça constitue une rupture très importante.
00:21:54Les gens se sont sentis abandonnés
00:21:56parce que ça touche au cœur même
00:21:58de notre capacité à prendre soin les uns des autres.
00:22:01Et si cette capacité se détériore
00:22:03ou n'est pas à la hauteur de ce qu'on espérait,
00:22:06ça provoque de la colère.
00:22:09...
00:22:11Il y a moins de personnel, et lorsque les gens sont malades,
00:22:14ils ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin.
00:22:17Mais la vraie question de fond que ça soulève,
00:22:20c'est dans quel type de société vit-on
00:22:22si on ne prend pas soin les uns des autres
00:22:24comme on estime qu'il faudrait le faire ?
00:22:27...
00:22:34Romford, ville de la grande banlieue Est de Londres.
00:22:38Elle a voté pour le Brexit
00:22:40avec près de 70 %, frôlant le record national.
00:22:44Sa population est modeste et vieillissante,
00:22:47la pauvreté est croissante
00:22:49et l'immigration a doublé en dix ans.
00:22:52...
00:23:00Nous avons rendez-vous au club social
00:23:03avec Hilary Webster, professeure de danse.
00:23:06Comme beaucoup de ses élèves, elle regrette son vote.
00:23:10...
00:23:17J'ai voté pour le Brexit.
00:23:19Mon mari a voté contre.
00:23:21On s'est écharpés sur le sujet.
00:23:23Je disais, il faut quitter l'Union européenne.
00:23:27Il disait, il faut y rester.
00:23:30Et quel était son principal argument ?
00:23:33C'est très intéressant.
00:23:36Un jour, on s'est disputés sur ce sujet crucial.
00:23:40J'ai une maison de vacances en Europe.
00:23:43Personne ne nous avait dit
00:23:45que si on quittait l'Union européenne,
00:23:48on perdrait le droit de rester à l'année
00:23:51dans notre maison de vacances.
00:23:54Ça a été une erreur monumentale.
00:23:57Depuis, j'ai changé d'avis, j'ai commis une grosse erreur
00:24:01et je m'excuse auprès de tous les Européens.
00:24:04J'aurais dû voter pour rester dans l'Union européenne.
00:24:08Here we go now, kick, step, touch, step.
00:24:13Beaucoup de gens dans le pays ont commencé
00:24:16à s'inquiéter de l'immigration.
00:24:18Mais c'est un mot qu'il faut manier avec précaution.
00:24:21Immigration venue d'où ?
00:24:23On s'est tous fait embobiner
00:24:25par cette grande idée que plus personne ne viendrait chez nous.
00:24:29Mais quelle stupidité ! Ça n'a pas du tout été le cas.
00:24:38Troisième promesse du Brexit ?
00:24:40Reprendre le contrôle des frontières.
00:24:43Pendant toute la campagne de 2016,
00:24:45Nigel Farage, le leader de la droite nationaliste,
00:24:48est aux avant-postes du combat contre l'immigration.
00:24:51Son affiche fait immédiatement polémique.
00:25:08Reprendre le contrôle est clairement un concept populiste.
00:25:12Oui, il a séduit les gens
00:25:14parce qu'il sous-entend que la cause de leurs problèmes économiques,
00:25:18sociaux et d'emploi
00:25:20réside dans le fait qu'ils ne sont pas maîtres de leur destin.
00:25:24Et qu'en quittant l'Union européenne,
00:25:26ils auraient plus de contrôle sur leur vie
00:25:29et notamment sur l'immigration,
00:25:31qui était un grand sujet de préoccupation.
00:25:38La région des Cotswolds, à l'ouest d'Oxford,
00:25:41est une des préférées de la jet set londonienne,
00:25:44aussi bien politique que médiatique.
00:25:47Le directeur de communication et bras droit de Nigel Farage
00:25:51nous reçoit dans son cottage.
00:25:56Andy Wigmore a été le stratège de sa campagne du Brexit.
00:26:08Bienvenue.
00:26:09Bienvenue.
00:26:10Bienvenue.
00:26:11Bienvenue.
00:26:12Bienvenue.
00:26:13Bienvenue.
00:26:14Bienvenue.
00:26:15Bienvenue.
00:26:16Bienvenue.
00:26:17Bienvenue.
00:26:18Bienvenue.
00:26:19Bienvenue.
00:26:20Bienvenue.
00:26:21Bienvenue.
00:26:22Bienvenue.
00:26:23Bienvenue.
00:26:24Bienvenue.
00:26:25Bienvenue.
00:26:26Bienvenue.
00:26:27Bienvenue.
00:26:28Bienvenue.
00:26:29Bienvenue.
00:26:30Bienvenue.
00:26:31Bienvenue.
00:26:32Bienvenue.
00:26:33Bienvenue.
00:26:34Bienvenue.
00:26:35Bienvenue.
00:26:36Bienvenue.
00:26:37Bienvenue.
00:26:38Bienvenue.
00:26:39Bienvenue.
00:26:40Bienvenue.
00:26:41Bienvenue.
00:26:42Bienvenue.
00:26:43Bienvenue.
00:26:44Bienvenue.
00:26:45Bienvenue.
00:26:46Bienvenue.
00:26:47Bienvenue.
00:26:48Bienvenue.
00:26:54Oui, on est allés voir Trump, on a été ses premiers visiteurs.
00:26:57Il a avoué à Nigel qu'il avait gagné
00:26:59car il avait adopté le principe du Brexit
00:27:01et du vote émotionnel.
00:27:02Il avait appliqué ça puissance dix.
00:27:05Andy, Aaron et Nigel, les BrexPistols comme ils aimaient se nommer, racontent les aventures de leur croisade menée tambour battant au nom du Brexit.
00:27:17Personne ne s'attendait au Brexit.
00:27:20Donc ça veut dire qu'il existe une façon de monter un programme politique pour qu'il plaise aux gens et qu'ils y adhèrent.
00:27:27C'était bien vous le directeur de communication.
00:27:30Je vais vous poser une question.
00:27:32Vous êtes français, donc prenez Marine Le Pen.
00:27:36Qu'est-ce qui fait sa popularité ?
00:27:38Quand une personnalité politique est en campagne, elle relaie les mécontentements et met l'accent dessus pour que les électeurs se disent « ah oui, cette personne parle en mon nom ».
00:27:50Vos slogans ne disaient pas la vérité, mais d'après vous c'est pas grave.
00:27:55C'est une campagne électorale.
00:27:58Quelle que soit l'élection ou le pays, les gens réagissent à un certain nombre de choses.
00:28:02Une grande partie du discours électoral n'est qu'un bruit de fond.
00:28:06Ça n'est pas pris en compte, ça n'imprime pas.
00:28:09Les gens ne comprennent pas et ça ne les intéresse pas.
00:28:12Mais il y a une ou deux choses qui vont les faire réagir.
00:28:15La fiche de Farage sur le point de rupture a hystérisé le débat.
00:28:18Beaucoup de gens étaient révoltés, mais ça a réveillé les peurs de certains.
00:28:22Ça a renforcé leurs préjugés et ils se sont retrouvés dans ce slogan.
00:28:27Est-ce que c'est bien ? Est-ce que c'est mal ? C'est une campagne.
00:28:31Et une campagne, c'est comme une guerre.
00:28:34Je veux vendre mon produit le mieux possible parce que je veux que vous l'achetiez.
00:28:37Et pour ça, je suis prêt à dire n'importe quoi.
00:28:41Farage doit être perçu comme un politicien qui réussit.
00:28:45Mais c'est un pyromane.
00:28:48En d'autres termes, il est prêt à tout faire brûler pour voir le Royaume-Uni redevenir le pays dans lequel il a grandi
00:28:55et qu'il aimerait peut-être retrouver.
00:28:58Avec notamment une souveraineté politique.
00:29:01Il est prêt à tout faire brûler pour voir le Royaume-Uni redevenir le pays dans lequel il a grandi
00:29:07et qu'il aimerait peut-être retrouver.
00:29:09Avec notamment une souveraineté nationale absolue.
00:29:16Donc oui, Nigel Farage a une grande part de responsabilité dans la façon dont les choses se sont déroulées.
00:29:26Le cœur de cible de la campagne de Nigel Farage était l'Est agricole de l'Angleterre.
00:29:32Après l'élargissement de l'Union Européenne en 2004, avec l'entrée de dix pays d'Europe centrale,
00:29:38certaines petites villes ont vu leur population doubler avec l'arrivée de travailleurs d'Europe de l'Est.
00:29:44Ce sont ces régions qui ont massivement voté pour la sortie de l'Union Européenne.
00:29:52La promesse était qu'en quittant l'Union Européenne, moins d'immigrés viendraient.
00:29:56Mais ce qui s'est passé, c'est que les gens en provenance d'Europe ont été remplacés par des personnes venant du sud de l'Asie et d'Afrique.
00:30:06Les Britanniques continuent à refuser les emplois sous-payés que les migrants acceptent volontiers.
00:30:11Dans l'agriculture, le bâtiment et la santé.
00:30:15Résultat, depuis 2021, l'immigration légale a plus que doublé.
00:30:21Elle est passée de 300 000 migrants légaux par an à près de 700 000.
00:30:26Soit l'exact inverse de la promesse du Brexit.
00:30:30Une combinaison de facteurs essentiellement internationaux a entraîné une pénurie de main-d'œuvre dans l'ensemble du monde occidental.
00:30:37Le Brexit a modifié la composition de notre immigration à un moment où nos besoins en main-d'œuvre étrangère étaient très forts.
00:30:44Donc l'immigration a augmenté.
00:30:48L'augmentation du flux migratoire au Royaume-Uni est dû à un problème démographique commun à tout le continent européen
00:30:55qui n'a rien à voir avec l'appartenance à l'Union européenne.
00:30:59Or, en huit ans, le discours des Brexiteurs à l'encontre des migrants n'a pas évolué.
00:31:05Député de Romford, Andrew Rosindell fait partie du noyau dur du Parti conservateur.
00:31:17Bonjour. J'étais là-bas. J'étais là-bas tôt le matin. J'étais là-bas, mais ça va.
00:31:23Oh mon Dieu, c'est froid. C'est un autre jour, n'est-ce pas?
00:31:25Un peu de glace, oui.
00:31:26Il a un verre de matcha devant lui, n'est-ce pas?
00:31:31Donc, on parle juste du Brexit.
00:31:35Et on est tellement heureux qu'on l'ait.
00:31:37Mais on doit en faire quelque chose maintenant et ne pas laisser tomber.
00:31:42On a tellement d'opportunités et on ne veut pas les perdre.
00:31:45On a lutté pour ça et on doit s'assurer que ça marche.
00:31:48Surtout sur l'immigration.
00:31:50Oui, c'est ça.
00:31:52Parce qu'ils ne font rien, n'est-ce pas?
00:31:54Pensez à ça.
00:31:56Les gens viennent toujours.
00:31:59On doit reprendre le contrôle.
00:32:01C'est pour ça que les gens ont voté pour que le gouvernement s'assure de tout ça.
00:32:04Et si on ne le fait pas, ils vont être très déçus à l'élection.
00:32:08Bien sûr qu'ils le feront.
00:32:10Je ne pense pas qu'il y ait personne...
00:32:11Aujourd'hui, à Romford, personne ne vous dira que tout va bien en matière d'immigration.
00:32:16Et l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement conservateur est en la tourmente,
00:32:21c'est parce qu'il n'a pas su régler cette question essentielle du contrôle de l'immigration.
00:32:26Les bateaux, c'est un autre problème.
00:32:28On essaie aussi d'empêcher cette immigration illégale.
00:32:31Au cours des deux dernières journées, plus de 1 100 personnes sont entrées dans ces bateaux.
00:32:3730 000 migrants illégaux ont traversé la Manche en 2023.
00:32:41Une situation que les idéologues du Parti conservateur,
00:32:44comme ceux de Reform UK, le nouveau parti de Nigel Farage,
00:32:48continuent à dénoncer dans tous les médias,
00:32:51entretenant la confusion avec l'immigration légale.
00:32:59De manière totalement cynique,
00:33:01je pense qu'au Royaume-Uni, comme dans toute l'Europe,
00:33:04les débats politiques houleux autour de l'immigration illégale
00:33:07sont en partie destinés à détourner l'attention de la hausse de l'immigration légale.
00:33:14Parce que tous les pays sont confrontés aux mêmes problèmes de main-d'oeuvre,
00:33:18et aucun gouvernement, à l'exception peut-être de celui de l'Allemagne,
00:33:22n'a de discours honnête à ce sujet.
00:33:26Des années après le référendum,
00:33:28je n'entends que regrets et sourds de colère
00:33:31face aux mensonges de ces trois premières promesses.
00:33:40Quatrième promesse, restaurer la souveraineté,
00:33:44une idée portée par le rêve d'un nouveau Commonwealth.
00:33:48Les idéologues du Brexit lui ont donné une idée
00:33:52Un Royaume-Uni émancipé du marché commun,
00:33:55délivré de toutes contraintes européennes,
00:33:58capable de commercer sans entrave avec les partenaires historiques de l'Empire colonial,
00:34:02et avec le reste du monde.
00:34:05Le Brexit, c'est un acte de libération.
00:34:08Un acte de libération,
00:34:10un acte de libération,
00:34:12un acte de libération,
00:34:14un acte de libération,
00:34:16un acte de libération,
00:34:19Un acte de libération,
00:34:22un acte de libération.
00:34:48Mais les gains sont très faibles.
00:34:50On nous avait promis un accord commercial avec les Etats-Unis.
00:34:53On nous avait dit qu'il serait facile à obtenir.
00:34:56Non seulement cet accord n'existe toujours pas,
00:34:59mais huit ans après le Brexit, il n'est même plus en négociation.
00:35:08Derrière ce modèle de dérégulation à l'américaine,
00:35:11une poignée d'ultralibéraux et de financiers qui rêvent de puissance et de grandeur.
00:35:17Leur référence s'appelle Singapour,
00:35:19une ancienne colonie britannique devenue paradis fiscal.
00:35:24Londres alias Singapour sur Tamise,
00:35:27capitale d'un nouveau monde souverain où règnerait la finance sans contrôle.
00:35:33Mais depuis, le monde a changé.
00:35:37Au cours des sept dernières années,
00:35:39la Grande-Bretagne a découvert que la souveraineté absolue n'existait pas.
00:35:43Un pays qui ne fait pas partie du bloc économique et commercial
00:35:47constitué par ses principaux voisins
00:35:49a encore moins de souveraineté que lorsqu'il en faisait partie.
00:35:53Parce que lorsqu'on veut conclure des accords de libre-échange
00:35:56ou établir des réglementations,
00:35:58on constate que le Royaume-Uni n'a pas assez de poids pour imposer des règles
00:36:02que les autres accepteront
00:36:04afin de négocier des accords de libre-échange réellement bénéfiques.
00:36:10On se retrouve à devoir accepter des réglementations,
00:36:13des accords et des normes établies par des partenaires plus importants.
00:36:20C'est une découverte qui ne fait pas plaisir.
00:36:23Et je suis sûr qu'on n'est pas encore au bout de nos surprises.
00:36:28Donc l'idée qu'on allait avoir plus de marge de manœuvre pour agir s'est révélée fausse.
00:36:39J'ai écrit cette chanson en 2016-2017.
00:36:44Et c'était mon réaction à l'époque au sujet du Brexit.
00:36:50Dieu sait ce qui s'est passé depuis.
00:36:53Donc cette chanson est toujours vraie.
00:36:55Elle s'appelle « England is falling apart ».
00:37:10You can't be a movie star
00:37:13England is falling apart
00:37:22With cracks in the Ferris wheel
00:37:25Dog shit that litters the park
00:37:30Where we go
00:37:33We hold hands in the snow
00:37:39England
00:37:42Oh, England is falling apart
00:37:50Les Britanniques sont assez fatalistes.
00:37:53On a voulu le Brexit et on l'a eu.
00:37:57C'est comme quand on a fait un mauvais mariage.
00:38:00Au lieu de se dire « Non, on peut divorcer, ce sera mieux pour tout le monde. »
00:38:04Nous, on se dit « On a fait un choix et on s'y tient, sinon on va passer pour des imbéciles. »
00:38:09Mais c'est déjà le cas, de toute façon.
00:38:13Oh, our England
00:38:16England is falling apart with division
00:38:22And nobody knows where to start
00:38:36Après le Brexit, Stanley Johnson, le père de Boris et de Rachel,
00:38:41a renoué avec ses lointains cousins français.
00:38:44Et il a même choisi de devenir français.
00:38:47Il rend visite à sa cousine, qui habite toujours le château de famille.
00:38:52Vous vous souvenez de votre grand-père, quand même.
00:38:57Ça, c'est notre grand-père commun.
00:39:00Je ne pensais pas que le Brexit existerait.
00:39:02Non, alors pour moi, c'était un choc total.
00:39:05Même si Boris était un peu impliqué.
00:39:09Un peu beaucoup, quand même.
00:39:12Un peu beaucoup, beaucoup, non ?
00:39:14Quand même, je peux être français et faire un petit geste symbolique.
00:39:19Mais là, qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
00:39:22République française.
00:39:24Et voilà, look at that.
00:39:26C'est ma carte d'identité française.
00:39:29J'en suis très fier et très heureux.
00:39:32Pour moi, c'était un choix de cœur, mais aussi un acte politique.
00:39:38Puisque quelques mois après le Brexit,
00:39:41j'ai au moins pu dire que j'avais un lien personnel avec l'Union européenne.
00:39:51Aucune des promesses du Brexit ne s'est concrétisée,
00:39:55alors que quatre premiers ministres se sont succédés pour les appliquer,
00:39:59sans y parvenir.
00:40:08Pour comprendre comment un tel chaos politique s'est emparé du pays,
00:40:12suivons pas à pas les rebondissements de cette tragique comédie
00:40:16qui, en définitive, n'a plus rien de drôle.
00:40:26Tout commence le 20 février 2016,
00:40:29lorsque le premier ministre David Cameron
00:40:32annonce le référendum et ouvre la boîte de Pandore.
00:40:38Nous approchons l'une des plus grandes décisions
00:40:41que ce pays affrontera dans sa vie,
00:40:44soit pour rester dans une Union européenne réformée, soit pour partir.
00:40:48Cameron a décidé d'organiser ce référendum
00:40:51parce qu'il a eu peur que le UKIP ne rafle 10 à 12%
00:40:55des votes conservateurs aux élections de 2015.
00:40:58Mais pour moi, sa peur était totalement infondée.
00:41:03David Cameron propose le référendum pour barrer la route au UKIP,
00:41:07le parti de la droite extrême de Nigel Farage.
00:41:11Tout en déclarant qu'il est contre la sortie de l'Europe,
00:41:14il espère qu'une majorité de députés conservateurs le soutiendra.
00:41:18Mais cela ne se passe pas comme prévu.
00:41:21Quand il a fini par dire,
00:41:23mais évidemment qu'il faut rester dans l'Union européenne,
00:41:26les conservateurs l'ont regardé incrédule.
00:41:29Si bien qu'au lieu d'avoir une fronte de 70 députés soutenant le Brexit
00:41:32comme il le pensait, il s'est retrouvé avec 130 Brexiteurs.
00:41:36Cela a déclenché une sorte de réaction instinctive et émotionnelle
00:41:40au sein du parti conservateur,
00:41:42qui a vu là une occasion rêvée de protester
00:41:45contre tout ce qu'il n'avait pas aimé dans l'Union européenne depuis 25 ans.
00:41:49Donc Cameron s'est fait complètement déborder.
00:41:59Nigel Farage triomphe.
00:42:03Alors que David Cameron,
00:42:05qui a tout fait pour lui barrer la route, échoue.
00:42:18Exit le premier Premier ministre du Brexit.
00:42:22Il tourne les talons et oublie que son micro est allumé.
00:42:29Right.
00:42:38Brexit means Brexit and we are going to make a success of it.
00:42:47Il aura fallu un an de palabres internes pour que Theresa May se rende enfin à Bruxelles,
00:42:52pour mettre en place les négociations de sortie de l'Union européenne.
00:42:58C'est à partir du moment où il a fallu mettre en œuvre le Brexit
00:43:02que tous les problèmes internes ont commencé à se manifester,
00:43:05parce que personne ne savait quoi faire ni comment le faire.
00:43:12Un négociateur britannique officiel, ministre des Affaires européennes,
00:43:16David Davis, dit qu'on pourrait très bien garder les agences européennes à Londres,
00:43:20l'agence du médicament, très importante, l'agence des banques, très importante.
00:43:24Et il dit une chose qui est complètement impossible.
00:43:27C'est même pas discutable, on va même pas ouvrir la discussion là-dessus.
00:43:30Les agences européennes sont dans l'Union.
00:43:33Si vous n'êtes pas dans l'Union, vous n'avez plus d'agences européennes, donc elles partent.
00:43:36Et nous, on lui dit, on s'en discute pas, les agences partent.
00:43:40C'est une déconséquence de ce que vous avez décidé.
00:43:43Et ils n'avaient pas mesuré ça.
00:43:51Il n'y avait pas de plan.
00:43:54Je pense que c'est très intéressant parce que ça montre les dangers des référendums.
00:44:02Theresa May aurait dû former une commission nationale
00:44:05et réunir toutes les parties autour d'une table pour leur demander
00:44:08alors que fait-on de ce vote ?
00:44:10Quelle Grande-Bretagne veut-on devenir ?
00:44:13Quel type de relation veut-on avec l'Union européenne ?
00:44:16Élaborons un plan et ensuite seulement on déclenchera la période de négociation
00:44:20qu'il appartenait au Royaume-Uni de déclencher.
00:44:23Mais elle ne l'a pas fait.
00:44:30L'absence totale de plans pour appliquer le Brexit
00:44:33pousse à l'improvisation permanente.
00:44:36Trois ans de bagarres et de déchirements.
00:44:41Theresa May présente trois fois son projet d'accord de sortie
00:44:44durement négocié à Bruxelles.
00:44:46Et il est à chaque fois rejeté par sa propre majorité.
00:44:51Encore une fois, nous n'avons pas pu soutenir
00:44:53la quittation de l'Union européenne de manière ordinaire.
00:44:58Les implications de la décision du Parlement sont graves.
00:45:02On va partir, mais sans vraiment partir.
00:45:06Ça n'avait de Brexit que le nom.
00:45:09Dans les faits, on serait restés liés à tous les autres pays
00:45:12et à tous les accords.
00:45:15En fin de compte, c'est ça que Mme May a essayé de faire.
00:45:20Elle a été désavouée par le vote final.
00:45:26Exit la deuxième Premier ministre du Brexit.
00:45:45Deux mois avant la chute de Theresa May,
00:45:48Najal Farage avait profité de sa débâcle
00:45:50pour en tirer le meilleur profit.
00:45:53Il avait remporté haut la main les élections européennes de mai 2019,
00:45:57les dernières auxquelles participeront le Royaume-Uni.
00:46:0929 députés élus pour le Brexit Party qu'il venait de fonder.
00:46:14Une gifle pour le Parti conservateur
00:46:16qui doit choisir un nouveau Premier ministre
00:46:19pour succéder à Theresa May.
00:46:25Le Parti conservateur est en chute libre.
00:46:27Il accuse un retard de 20 à 30 points dans les sondages.
00:46:30Et il doit réagir.
00:46:33Il a besoin de quelqu'un qui ait le même charisme que Farage,
00:46:36la même capacité de communication,
00:46:38et qui soit capable de dire n'importe quoi pour convaincre les gens.
00:46:42Et ce quelqu'un, c'est Boris Johnson.
00:46:47Applaudissements
00:46:55J'avais une piètre opinion de M. Johnson.
00:46:59Donc la perspective de le voir devenir Premier ministre
00:47:02était potentiellement de nature à me faire quitter le Parti conservateur.
00:47:08Parce que, comme je l'ai dit,
00:47:10j'estimais que M. Johnson était un charlatan et un menteur pathologique.
00:47:14Et je ne voulais pas qu'il soit à la tête de mon parti.
00:47:18Lorsqu'il est devenu chef des conservateurs en juillet 2019,
00:47:21puis Premier ministre,
00:47:23on a été nombreux à s'inquiéter des conséquences qui en découleraient.
00:47:32Le chaos parlementaire monte encore d'un cran.
00:47:36Boris Johnson fait planer la menace d'un retrait de l'Europe sans accord.
00:47:41Un groupe de députés conservateurs se désolidarise.
00:47:45Parmi eux, Dominic Grieve, un baron du parti.
00:47:49Il ose proposer un second référendum.
00:47:53Il est expulsé illico du parti avec 21 de ses collègues.
00:47:58Le Parlement britannique s'est transformé en jardin d'enfants,
00:48:01avec des gens qui se jetaient leurs jouets à la tête en se hurlant dessus.
00:48:06Je n'avais jamais vu de comportement aussi consternant d'un côté comme de l'autre.
00:48:10Avec des députés furieux et ulcérés qui en venaient parfois aux mains dans les couloirs du Parlement.
00:48:15Le tout avec un vocabulaire, des divisions et une haine incroyable.
00:48:20Ça a vraiment fait ressortir les pires facettes de tout le monde.
00:48:41Boris Johnson tente un coup de poker.
00:48:43Un accord avec l'Union Européenne arraché,
00:48:45il appelle à des élections générales anticipées et repart en campagne.
00:48:57Les électeurs se sont détournés de Farage
00:48:59et ont voté massivement pour Boris Johnson et les conservateurs.
00:49:02Il a tenté un coup de poker et ça a marché.
00:49:06Boris Johnson triomphe.
00:49:09Il remporte la victoire avec 44% des voix et obtient une majorité absolue au Parlement.
00:49:17Galvanisé, il parvient, une semaine plus tard,
00:49:20à faire adopter par le Parlement britannique le premier accord de retrait du Royaume-Uni.
00:49:26L'heure est venue pour les députés britanniques de quitter le Parlement européen.
00:49:31Et c'est encore le populiste Nigel Farage qui donne le ton et s'érige en maître de cérémonie.
00:49:55Il est très important de comprendre que le terme populisme n'est pas forcément un gros mot dans la bouche des populistes,
00:50:23parce qu'ils l'associent à popularité.
00:50:40Deux jours plus tard, alors que Nigel Farage exulte dans les rues de Londres,
00:50:48Boris Johnson reste cloîtré au 10 Downing Street.
00:50:52Il se contente d'une allocution télévisée.
00:51:03Boris Johnson n'a jamais su ce qu'il voulait faire du Brexit.
00:51:07Et il n'a jamais vraiment su non plus ce qu'il voulait faire une fois devenu Premier ministre.
00:51:14À la suite de la signature du retrait de l'Union européenne,
00:51:17s'ouvre une année dite de transition.
00:51:20Une année d'aller-retour entre Londres et Bruxelles pour négocier les 600 traités commerciaux remis en cause par l'accord de sortie.
00:51:28Face à Boris Johnson, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
00:51:34et le négociateur pour l'Europe, Michel Barnier.
00:51:37Il négocie pied à pied ce nouvel accord avec nous, à la virgule près, phrase par phrase, ardemment, précisément.
00:51:46On signe l'accord, ça devient un accord international, avec la force juridique qui s'attache à un accord international.
00:51:53Et deux, trois mois après, il dit, sur l'Irlande, on ne va pas respecter.
00:51:58Et ce jour-là, moi j'ai perdu toute forme d'estime et de respect pour l'équipe qui était en face de nous.
00:52:04Ces hommes et ces femmes qui négociaient là n'étaient pas à la hauteur,
00:52:08Johnson et David Faye, ils ne sont pas à la hauteur de l'enjeu qu'ils ont eux-mêmes provoqué,
00:52:13et qui exigent, au minimum, du respect vis-à-vis des autres négociateurs,
00:52:20de ceux qu'ils ont en face d'eux, et puis du respect de leurs propres signatures.
00:52:26Boris Johnson perd la confiance de Bruxelles, et les négociations piétinentes.
00:52:31Les tractations autour de la pêche et de l'épineux problème de l'Irlande du Nord s'éternisent.
00:52:36La menace d'un retrait de l'Europe sans accord plane plus que jamais.
00:52:41Des difficultés qui marquent la fin de l'e-deal avec son électorat.
00:53:12La grande quête de Boris Johnson, parcourant le monde en franc-tireur
00:53:15à la recherche d'accords de libre-échange, a fait chou blanc.
00:53:18Tous les rêves qui soutendaient le vote en faveur du Brexit
00:53:21se sont révélés irréalisables dans la pratique.
00:53:27Westminster est paralysé.
00:53:30Boris Johnson est même mis en cause par les ultras de son propre parti.
00:53:41La crise du Covid est le coup de grâce.
00:53:44Avec 220 000 morts, le pays est l'un des plus endeuillés d'Europe.
00:53:49L'affaire du Partygate éclate.
00:53:53Le Daily Mirror publie des images de Boris Johnson
00:53:56fêtant un pot de départ le 13 novembre 2020 au 10 Downing Street,
00:54:01alors qu'il venait d'interdire tout regroupement familial.
00:54:12...
00:54:27...
00:54:33...
00:54:42C'est ce mensonge prononcé devant les parlementaires
00:54:45dans l'enceinte même du Parlement qui provoque sa chute.
00:54:48Exit, le troisième Premier ministre du Brexit.
00:54:54J'ai été écœuré, et je le suis toujours,
00:55:00par la façon dont les parlementaires du Parti conservateur ont traité
00:55:04l'homme qui leur avait apporté une très large majorité
00:55:07grâce à une campagne très bien pensée et des messages forts.
00:55:13Mais ce qui me semble plus intéressant,
00:55:16c'est de savoir si, le moment venu,
00:55:19Boris pourra se rendre compte de l'impérieuse nécessité de reconstruire les liens.
00:55:25Il sera sans doute difficile pour lui de prendre la tête d'un mouvement
00:55:29pour reconstruire ces liens, d'autant qu'il n'est plus en politique.
00:55:33Mais il y aura peut-être quelqu'un dans un parti qui le fera.
00:55:37Je ne sais pas qui ce sera, parce qu'ils sont tous absolument terrifiés
00:55:41à l'idée même d'utiliser le terme Union européenne.
00:55:46En tant que Premier ministre, je poursuivrai trois premières priorités.
00:55:50Je réduirai les impôts pour rembourser le travail dur
00:55:53et améliorer la croissance et l'investissement dirigé par le business.
00:55:57Je suis convaincue que, ensemble, nous poursuivrons le Brexit.
00:56:02Je suis convaincue que, ensemble, nous poursuivrons le Brexit.
00:56:05Je suis convaincue que, ensemble, nous poursuivrons le Brexit.
00:56:08Je suis convaincue que, ensemble, nous poursuivrons le Brexit.
00:56:12Je suis convaincue que, ensemble, nous poursuivrons le Brexit.
00:56:17Nous poursuivrons le Brexit.
00:56:20Nous poursuivrons le Brexit.
00:56:26De nombreux conservateurs regardent du côté de Trump
00:56:31et se disent que c'est le modèle à suivre pour le parti conservateur.
00:56:35Elise Truss est en quelque sorte l'incarnation de ce courant.
00:56:43Dès son arrivée au pouvoir,
00:56:45Elise Truss annonce vouloir appliquer la souveraineté promise
00:56:48lors de la campagne du Brexit.
00:56:51Mettre en place une économie néolibérale à l'américaine,
00:56:54réduire drastiquement toutes les taxes et les impôts.
00:56:57Un programme qui provoque un début de panique sur les marchés financiers,
00:57:01cela même qu'elle tentait de séduire.
00:57:05Le programme économique proposé a été totalement rejeté
00:57:09par les marchés internationaux.
00:57:12Et comme la Grande-Bretagne est un pays
00:57:15qui commerce au niveau international,
00:57:18elle doit tenir compte de la vie des marchés.
00:57:21Donc, après avoir fait exploser l'économie britannique,
00:57:24les conservateurs ont déclaré que leur échec
00:57:27était la faute de l'élite de gauche britannique.
00:57:30Mais la raison de leur échec, c'est que les marchés internationaux
00:57:33ont dit 1 plus rien n'est pas égal à 2.
00:57:36Et si vous proposez un grand nombre de réductions d'impôts
00:57:39sans réduction de dépenses en face,
00:57:42vous allez vous retrouver avec un gros problème.
00:57:45Donc ça a été l'ultime point d'orgue
00:57:48de cette politique populiste.
00:57:55Les tablouïdes jubilent.
00:57:58Qui de la laitue ou de l'istreuse durera le plus longtemps ?
00:58:03Réponse, la laitue.
00:58:06L'istreuse est poussée à la démission
00:58:09après 49 jours de pouvoir.
00:58:12Exit, la quatrième premier ministre du Brexit.
00:58:19On a vu défiler toute une série de premiers ministres
00:58:22avec des approches différentes sur le Brexit.
00:58:25Ils ont tous essayé de faire de cette sortie de l'Union européenne
00:58:28une réussite.
00:58:31Mais aucun n'y est parvenu.
00:58:34On pourrait logiquement en conclure
00:58:37que l'entreprise n'avait aucune chance de réussir.
00:58:40Mais tout le monde n'est pas de cet avis.
00:58:55Le Parti conservateur implose.
00:58:58Les chiffres des sondages donnent le Parti travailliste victorieux
00:59:01avec plus de 20 points d'avance.
00:59:04L'inflation galope.
00:59:07La pauvreté finit.
00:59:10La pauvreté finit.
00:59:13La pauvreté finit.
00:59:16La pauvreté finit.
00:59:19La pauvreté finit.
00:59:22L'inflation galope.
00:59:25La pauvreté flambe.
00:59:28La colère sociale croit.
00:59:31Mais les touristes ne baissent jamais les bras.
00:59:53Une des toutes premières annonces de Rishi Sunak,
00:59:56rétablir le contrôle des frontières
00:59:59et maîtriser l'immigration illégale.
01:00:02Il annonce la mise en place d'un accord avec le Rwanda,
01:00:05pays du Commonwealth, pour y déporter les migrants illégaux
01:00:08entrés au Royaume-Uni après janvier 2022,
01:00:11quelle que soit leur nationalité.
01:00:14Une mesure qui s'appliquerait à 52 000 demandeurs d'asile.
01:00:17J'apprends qu'à Portland, sur la Manche,
01:00:21un navire caserne les recevra en attendant leur expulsion.
01:00:38Les gens ont l'impression qu'on leur a menti dans les grandes largeurs
01:00:41et ça divise le pays.
01:00:44Le BB Stockholm en est un très bon exemple.
01:00:47Il symbolise à lui seul une grande partie de nos difficultés.
01:00:50Et c'est ça, la solution qui a été trouvée.
01:00:53C'est quand même ahurissant.
01:00:56Ahurissant qu'au XXIe siècle,
01:00:59on n'arrive pas à apporter une réponse plus humaine
01:01:02et plus civilisée.
01:01:05Et en plus, on voit qu'ils en ont honte.
01:01:08Il faut vraiment chercher pour le voir.
01:01:12En place depuis avril 2023,
01:01:15le BB Stockholm peut héberger jusqu'à 506 migrants
01:01:18en attendant leur expulsion vers le Rwanda.
01:01:21La Ligue internationale
01:01:24et la Cour européenne des droits de l'homme
01:01:27condamnent le projet.
01:01:34Je ne sais pas où ça va s'arrêter.
01:01:37Je ne sais pas combien d'immigrés vont encore dépasser
01:01:40dans ce pays.
01:01:43On n'arrive déjà plus à obtenir de rendez-vous
01:01:46à l'hôpital ou chez le médecin.
01:01:49Beaucoup d'infrastructures sont dans un état lamentable.
01:01:52Et malheureusement, je n'ai plus confiance
01:01:55en aucun parti politique pour régler ce problème correctement.
01:01:58Je ne vois qu'une seule personne en qui je puisse avoir confiance.
01:02:01Nigel Farage.
01:02:05Nous avons rendez-vous avec le politologue Matthew Goodwin
01:02:08au prestigieux Legatum Institute,
01:02:11un think tank particulièrement conservateur
01:02:14dont il est le conseiller principal.
01:02:17S'il se présente comme professeur en sciences politiques,
01:02:20il est surtout l'une des éminences grises de Reform UK,
01:02:23le nouveau parti de Nigel Farage.
01:02:26Il participe activement à l'élaboration
01:02:29de sa nouvelle idéologie souverainiste.
01:02:33Bonjour. Enchanté. Moi de même.
01:02:36Je ne connaissais pas GB News.
01:02:39Oui, c'est une nouvelle grande chaîne de télévision
01:02:42qui est là pour répondre à certaines préoccupations
01:02:45apparues avec le Brexit,
01:02:48comme la volonté d'avoir des médias alternatifs
01:02:51pour les personnes qui ne se sentent pas représentées
01:02:54par la BBC ou d'autres chaînes.
01:02:57Le soir, GB News a plus de téléspectateurs que Sky News
01:03:00et même que la BBC à certaines heures.
01:03:03Donc elle est très regardée.
01:03:06Et Farage y participe ?
01:03:09Oui, il a son émission.
01:03:16Fondée début 2020,
01:03:19GB News se définit comme la chaîne d'information de la Grande-Bretagne.
01:03:22Nigel Farage en est la vedette.
01:03:25Dans ses émissions, il critique le Parti conservateur
01:03:28et sa capacité de mettre en place les promesses du Brexit.
01:03:31Plus une semaine sans qu'il n'apparaisse en campagne
01:03:34contre l'immigration et pour la sortie du Royaume-Uni
01:03:37de la Cour européenne des droits de l'homme.
01:03:40Les idéologues Brexit du Parti conservateur,
01:03:43comme Rhys Mogg, ont aussi leur émission.
01:03:46Boris Johnson a même annoncé fin 2023
01:03:49qu'il présenterait la sienne.
01:03:54Nigel Farage a autant de poids
01:03:57qu'avant le référendum sur le Brexit.
01:04:00Il est passé dans les médias grands publics.
01:04:03Il a participé à des émissions de télévision très populaires
01:04:06regardées par 7 ou 8 millions de personnes.
01:04:09Il a amélioré son image.
01:04:12Il a plus d'argent.
01:04:15Et les faits lui ont donné raison.
01:04:18On a perdu le contrôle de nos frontières
01:04:21et on a une immigration qui atteint les 700 000 personnes.
01:04:24Absolument pas. Au contraire.
01:04:27Il a placé les gens comme Nigel Farage
01:04:30à un niveau encore plus élevé,
01:04:33les rendant beaucoup plus importants qu'auparavant.
01:04:36Une fois encore, la propagande de l'ultra-droite
01:04:39fait l'amalgame entre immigration légale et immigration illégale.
01:04:42Le projet Rwanda est également soutenu
01:04:45par la ligne la plus dure du Parti conservateur.
01:04:48Pour mettre en place les charteurs pour le Rwanda,
01:04:51ils sont également prêts à quitter
01:04:54la Cour européenne des droits de l'homme.
01:04:57Les migrants n'entreront plus au Royaume-Uni.
01:05:00Ils seront envoyés directement dans un pays tiers.
01:05:03On espère que ça aura un effet dissuasif.
01:05:06C'est une bonne décision de M. Sunak et de son gouvernement ?
01:05:09Oui, mais la Cour européenne des droits de l'homme s'y oppose.
01:05:12Donc il va falloir la quitter.
01:05:15Je pense que la plupart des Britanniques soutiendraient ça
01:05:18et je pense que c'est une bonne décision.
01:05:31Certains conservateurs très à droite
01:05:34veulent quitter la Cour européenne des droits de l'homme.
01:05:37Elle n'a rien à voir avec l'Union européenne.
01:05:40Les tribunaux internationaux ont été créés par la Grande-Bretagne
01:05:43et d'autres nations après la Seconde Guerre mondiale.
01:05:46Certains conservateurs veulent aller encore plus loin
01:05:49et prendre le contrôle de tout, de toutes les lois.
01:05:52Je n'ai aucun problème avec la Cour européenne des droits de l'homme.
01:05:55Je ne veux pas la quitter. Pourquoi on ferait ça ?
01:05:58C'est débile.
01:06:01Le Brexit a libéré
01:06:04ou plutôt a provoqué une désinhibition.
01:06:07Les gens n'hésitent plus à critiquer
01:06:10les instances juridiques internationales.
01:06:13Le Brexit a été considéré comme un défenseur-clé
01:06:16du système de droit international
01:06:19et avait l'habitude de dire de pays comme la France
01:06:22« eux, ils sont moins rigoureux ».
01:06:25Mais notre réputation a été considérablement ternie
01:06:28par la façon dont on s'est comporté.
01:06:31On a menacé d'enfreindre le droit international
01:06:34ce qui est, je crois, sans précédent.
01:06:37L'ensemble du système constitutionnel britannique
01:06:41est basé sur le respect des obligations
01:06:44découlant des traités internationaux.
01:06:47Et je trouve particulièrement préoccupant
01:06:50qu'on soit prêt à envisager de les violer
01:06:53parce que ça nous arrange.
01:06:594 juillet 2024, le Parti conservateur perd les élections
01:07:02après 14 ans au pouvoir.
01:07:05Le Parti travailliste obtient haut la main la majorité.
01:07:10Le projet Rwanda est abandonné
01:07:13mais Nigel Farage entre à Westminster.
01:07:21On se dirige sans doute vers une longue guerre idéologique
01:07:24pour redéfinir le conservatisme.
01:07:27Et cette guerre opposera d'un côté
01:07:30les conservateurs nationalistes
01:07:33qui donnent la priorité à la baisse de l'immigration,
01:07:36qui sont contre le wokisme,
01:07:39qui sont sceptiques à l'égard des grandes entreprises
01:07:42et de l'autre les conservateurs de l'establishment.
01:07:45Et à mon avis, d'ici un an ou deux,
01:07:48les britanniques vont comprendre qu'ils ont été trahis
01:07:51et c'est là que les choses vont vraiment devenir intéressantes.
01:07:59Le basculement des conservateurs vers les thèses souverainistes
01:08:02les plus extrêmes.
01:08:05Le ministre du Brexit l'adopte à son tour.
01:08:11Elle réapparaît l'une des premières fois depuis sa démission
01:08:14aux Etats-Unis, où elle accorde une interview télévisée
01:08:17à Steve Bannon, le sulfureux directeur de campagne
01:08:20de Donald Trump.
01:08:35...
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01:09:02...
01:09:05...
01:09:08Je trouve extrêmement dangereux
01:09:11que des personnalités politiques de la droite
01:09:14prétendument classiques parlent en ces termes.
01:09:21Parce que ça déplace le centre de gravité
01:09:24du système politique vers la droite.
01:09:28Et dans une société multiculturelle et multiethnique
01:09:31comme la nôtre, ce genre de discours
01:09:34peut mettre le feu aux poudres,
01:09:37provoquer une polarisation accrue,
01:09:40voire amener certains individus isolés
01:09:43à commettre des actes violents.
01:09:46Donc c'est très inquiétant.
01:09:52...
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01:10:40...
01:10:43Vous avez raison.
01:10:46Et ce que j'espère, c'est que le nouveau gouvernement
01:10:49va réussir à améliorer la situation
01:10:52et de reconstruire des ponts avec l'or.
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