Au programme de ce nouveau numéro de « Et Maintenant ! » : Emmanuel Macron en fait-il trop sur la menace russe ? C’est une question qui s’est imposée dans le débat depuis l’intervention du chef de l’état lors d’une allocution la semaine dernière. Cette semaine, les oppositions sont montées au front, en l’accusant d’en rajouter pour des raisons de petite politique. Autre sujet : les relations de Donald Trump avec la presse, des relations pour le moins compliquées puisque le locataire de la Maison Blanche se fait un malin plaisir à s’en prendre à eux. Depuis son retour au pouvoir en janvier il semble encore plus virulent que par le passé. Aussi, y a-t-il un problème au sein du mouvement féministe ? La semaine dernière, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes des dizaines de personnes ont participé à des manifestations à Paris et ailleurs en France, journée pour l’égalité des salaires, mais aussi contre les violences faites aux femme et c’est à ce titre qu’une organisation intitulée « Nous Vivrons » entendait défiler pour dénoncer les exactions commises par le Hamas sur les femmes juives. Or, cette organisation et quelques autres ont été tenues à l’écart du cortège, les manifestants membres ont été parqués dans une rue adjacente pendant trois heures pour éviter d’être attaqués par des hommes cagoulés issus du cortège principal. Du côté des socialistes, les candidatures se multiplient à quelques mois du Congrès qui élira un nouveau premier secrétaire, deux candidats étaient déjà connus, Olivier Faure et Nicolas Mayer Rossignol le maire de Rouen, et cette semaine le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud ainsi que Philippe Brun ont annoncé se lancer également. Enfin, toujours à gauche, Anne Hidalgo sort un livre bilan sur ses années à la tête de la capitale, la maire ne briguera pas de troisième mandat a l’occasion des élections municipales de 2026 a décidé de raconter sa décennie au pouvoir et tente d'expliquer les raisons de son "bashing". Année de Production :
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00:00Amis, téléspectateurs, bonjour, j'espère que vous allez bien, c'est l'heure de votre émission préférée et maintenant l'émission qui revient avec plaisir avec vous sur l'actualité politique de la semaine.
00:20Hashtag et maintenant si vous souhaitez réagir plus que quelques jours avant le printemps, chers amis,
00:26mais nous avons décidé de passer directement à l'été dans cette émission, ils sont les soleils de l'analyse politique, je vous présente
00:32ma joyeuse bande avec en tête Jean-Luc Manot. Bonjour Jean-Luc.
00:36Bonjour.
00:37Vous êtes un soleil, vous êtes conseiller en communication, fondateur du cabinet ONLY, conseil ravi de vous accueillir, bonjour Alexandra Schwarz-Brod.
00:44Bonjour.
00:44Vous êtes directrice adjointe de la rédaction de Libération, vous êtes aussi
00:48romancière, vous avez publié Éclat, c'est à retrouver au Mercure de France.
00:51Autre soleil.
00:52Autre soleil, évidemment, et un autre soleil dans cette émission, c'est Charles Consigny. Bonjour maître.
00:57Bonjour Steve Jourdin.
00:57Avocat et essayiste.
00:58Je fais comme les politiques.
00:58Vous avez signé Le Grand Amour que l'on peut lire aux éditions Plon. On salue également Virginie Rivab. Bonjour Virginie.
01:06Bonjour.
01:06Vous êtes journaliste politique chez Contexte, ravi de vous accueillir.
01:11Dans cette émission, on se demandera pourquoi Anne Hidalgo fait l'objet de tant de haine, elle qui sort un livre cette semaine et qui ne sera plus maire de Paris dans quelques mois.
01:19On reviendra sur les bisbis à gauche dans la perspective des prochaines élections.
01:23On parlera des ratés de la manif du 8 mars et on se demandera si Donald Trump est un président normal.
01:29Mais d'abord Emmanuel Macron en fait-il trop sur la menace russe ?
01:35C'est une question qui s'est imposée dans le débat depuis l'intervention du chef de l'État lors d'une allocution la semaine dernière.
01:41Cette semaine, les oppositions sont montées au front.
01:44Elles s'en sont prises à Emmanuel Macron en l'accusant d'en rajouter pour des raisons de petite politique.
01:51Tout le monde a vu qu'il jouait avec les peurs.
01:53Merci de m'accorder autant d'audience et d'influence sur la vie des Français.
02:00Il n'y a pas un Français qui n'a pas compris qu'Emmanuel Macron,
02:08avec un ton très martial, nous explique quasiment qu'il faut transformer les usines de Kleenex en usines d'armement parce que la guerre est pour demain.
02:19Beaucoup de mauvais esprits qui ont quelques lettres, qui auront lu du Jean Jaurès ou même de l'Anatole France,
02:26ancien bibliothécaire au Sénat, lui il disait on croit qu'on fait la guerre pour la patrie, on la fait pour les industriels.
02:31C'était au moment de la première guerre mondiale.
02:34Et à la fin, tout le monde avait dit plus jamais ça, vous ne nous aurez plus jamais.
02:38On ne marche plus dans votre combine.
02:40Comme disait l'autre, il dit la guerre c'est des gens qui ne se connaissent pas qui s'entretuent au profit des gens qui se connaissent et qui ne se tuent pas.
02:47Eh bien, voyez-vous ces formules-là, qu'il soit permis de les prononcer sans être aussitôt requalifié de raiseur ou de pacifiste.
02:59La réponse du chef de l'État n'a pas tardé, Emmanuel Macron a tenté de justifier ses positions, écoutez.
03:07J'entendais dans les débats ces derniers jours des gens qui en quelque sorte remettaient en cause la menace géopolitique.
03:13Le président de la République inventerait la menace russe.
03:16La vraie menace, c'est le terrorisme.
03:19Parfois, ils ont d'autres obsessions même.
03:21Une grande nation, elle n'a pas à choisir, elle a à répondre.
03:25Et elle n'a pas à décider de lutter contre les menaces géopolitiques qui s'imposent à elle ou contre les menaces sur son sol projetées par les terroristes.
03:36Elle a affaire les deux en même temps.
03:38Emmanuel Macron en fait-il trop avec la menace russe ?
03:42Est-ce que le chef de l'État abuse ?
03:44Nous avons un duel de haut de volée sur ce plateau.
03:47D'un côté Charles, de l'autre Jean-Luc.
03:49Charles, vous allez commencer.
03:50Vous allez me dire pourquoi selon vous Macron en fait un peu trop avec cette menace russe.
03:54Vous avez 45 secondes, c'est un duel.
03:56Je vais vous décevoir.
03:59En réalité, je ne pense pas tout à fait qu'il en fasse trop.
04:03Je pense qu'il y a un problème de leadership sur ce dossier puisque les Américains se désengagent et s'alignent sur les positions russes.
04:13Dans ces conditions, il faut que l'Europe prenne sa place et défende l'Ukraine.
04:18En réalité, au risque de décevoir le principe de ce duel, je pense qu'Emmanuel Macron est plutôt dans son rôle.
04:25Après, il y a peut-être une tentation cynique de récupérer ce conflit pour des raisons de popularité personnelle.
04:33Il y a une forme d'hystérie qui me rappelle un peu le Covid où tout à coup, du jour au lendemain, on se met peut-être à surréagir.
04:41Je pense qu'il faut quand même attendre le résultat de la négociation américaine.
04:46Somme toute, je le trouve dans son rôle.
04:49Jean-Luc, tu nous as tué le duel.
04:52Jean-Luc, vous allez peut-être réagir à cette dramatisation du chef de l'État pour des raisons peut-être aussi politiques, c'est ce que dit Charles.
04:58Je vais faire synthèse, il en fait beaucoup.
05:01Je trouve qu'il n'en fait pas trop.
05:03En politique, le pire, de mon point de vue, c'est l'hyrénisme.
05:08C'est l'idée, c'est loin, ce n'est pas si grave que ça.
05:12Et cette espèce de tranquillité municoise qu'on peut avoir en se disant, finalement, vous allez voir, on ne s'inquiète pas, ça va bien se passer.
05:23Donc non, il fait le job, il se bat, il essaye d'alerter.
05:27Et je pense qu'il y a un moment dans la vie politique, dans ces moments-là, il faut toujours choisir entre Churchill et Daladier.
05:34Moi, j'ai choisi Churchill depuis longtemps.
05:36Il vous reste dix secondes, vous les donnez au public.
05:39Et donne à qui veut.
05:40Moi, je veux bien.
05:41Alexandra, vous allez réagir également.
05:44Alors, qui vous a convaincu entre nos deux amis ?
05:48De manière plus abrupte, en quelque sorte, est-ce qu'Emmanuel Macron est en train de nous pousser à la guerre ?
05:54Non. Alors, deux choses.
05:55D'abord, ceux que vous avez présentés avant ce sujet.
05:58Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
06:00Voilà. Ils n'ont aucune crédibilité parce qu'on connaît leur indulgence vis-à-vis de la Russie.
06:06Donc sur ce sujet-là, moi, je pense qu'ils n'ont aucune crédibilité.
06:09Emmanuel Macron, bien sûr, il ne rêve que d'une chose, c'est de restaurer son image abîmée par la dissolution, ratée, totalement ratée.
06:17Ça a été un des plus gros échecs politiques de ces dernières années.
06:20Et donc là, c'est vrai qu'il a trouvé le moyen, vu que c'est son domaine.
06:24Et sur ce domaine-là, il a une grosse qualité, c'est que c'est un vrai Européen.
06:29Et donc là, il a trouvé le moyen de monter et de restaurer son image.
06:34Les sondages montrent d'ailleurs qu'il a réussi.
06:36Et moi, je trouve qu'il n'en fait pas trop parce qu'en effet, on vit une période extrêmement dangereuse.
06:41Et on voit bien que le lâchage américain montre qu'il faut, nous, Européens, qu'on soit à nouveau autonomes.
06:47En revanche, là où il faut qu'il fasse très attention, c'est que je pense que le réarmement de la France et surtout de l'Europe,
06:54ne peut se faire qu'avec l'adhésion des populations.
07:00Et il aurait totalement tort, et je pense que ce serait vraiment dommage,
07:04d'opposer le modèle social et le réarmement. Et ça, ce serait une grave erreur.
07:08Vous avez parlé des sondages. Je vais vous montrer ce sondage.
07:10Une semaine après son allocution sur l'Ukraine, la cote de confiance d'Emmanuel Macron progresse de 6 points en un mois
07:15dans le baromètre élable pour le journal Les Echos.
07:1727% des Français lui accordent leur confiance pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays.
07:23C'est l'une des hausses les plus importantes depuis le début du premier quinquennat en 2017.
07:28Vous lui faites confiance, Virginie ?
07:30Oui, plutôt. Je suis assez d'accord avec tout le monde.
07:32Je pense qu'il n'en fait pas trop. En revanche, il a peut-être, puisqu'on parle de la bataille de l'opinion,
07:35au-delà des choix budgétaires à faire plus tard, je pense qu'il a peut-être sous-estimé ce que ça allait provoquer.
07:41La une du JDD dimanche dernier.
07:43En France, c'est ce qui allait provoquer dans l'opinion publique française.
07:45Dans l'opinion publique, exactement. Parce qu'il a besoin, effectivement, du soutien de l'opinion.
07:48Et on voit que, que ce soit les médias bollorés, avec cette une sur un président qui fait peur,
07:54que ce soit Marine Le Pen également, il a dû un peu rétro-pédaler.
07:58Dans la rhétorique, en tout cas, pas dans son action.
08:00Son action, elle est déterminée.
08:02Il a fait la réunion le 11 mars avec les chefs d'État-major.
08:04Il n'a pas du tout reculé.
08:06Mais il a dû mettre un peu d'eau dans son vin.
08:08La porte-parole du gouvernement, Sophie Prima, mercredi, nous disait
08:11non, non, on ne prépare pas la guerre, on prépare la paix, mais avec de la force.
08:15Sébastien Lecornu, qui a eu des mots pareils,
08:17nous ne sommes pas totalement en guerre, mais nous ne sommes pas vraiment en paix.
08:21– On a l'impression que le débat se cristallise actuellement,
08:24Jean-Luc, entre les pro-paix, entre guillemets, et les votes en guerre.
08:27C'est un peu ça, on assiste à ça depuis une dizaine de jours maintenant.
08:30– Il n'y a pas de votes en guerre, pas plus que les autres, d'ailleurs, sont pro-paix.
08:36Ce que je veux dire, c'est que le débat sur est-ce que ça profite à Macron,
08:40honnêtement, j'en ai pas grand-chose à faire, quoi.
08:45On doit s'en foutre, c'est pas le problème, ok, on peut le commenter,
08:49mais vu l'amplitude du problème devant lequel on est,
08:52devant ce qui se passe dans une nouvelle période mondiale,
08:56savoir si Macron va gagner deux points parce qu'il a été bon
08:59et qu'il a été au bon endroit, franchement, c'est dérisoire.
09:03– Et vous pensez qu'il n'y a pas d'arrière-pensée ?
09:05– Il y en a sans doute, il y a toujours des arrière-pensées.
09:08Quand vous allez faire un truc, vous dites toujours
09:10je préfère être bon et que ça me profite,
09:12mais après, est-ce que c'est ce qu'il faut faire ou pas ?
09:15C'est quand même ça, la première question qu'il faut se poser
09:18et c'est vrai que c'est une question qui doit être traitée
09:20parce que c'est pas la presse Bolloré.
09:22Dans la presse Bolloré, c'est l'idée, comment je lui nuis ?
09:25Nous, globalement, on doit avoir comme attitude de regarder
09:29est-ce qu'il fait le bon diagnostic, est-ce qu'il a le bon comportement,
09:33est-ce qu'il a les bons mots et le bon vocabulaire ?
09:36Et donc, il n'y a pas un débat entre qui est pro-paix ?
09:40Tout le monde est pro-paix.
09:42Le problème, il n'est pas entre pro-paix et pro-guerre,
09:45il est entre européens avec les valeurs de l'Europe
09:48et pro-russes avec les valeurs de Poutine.
09:51Et ça, c'est une sacrée différence et un sacré gap.
09:54– Comment vous expliquez ce clivage, vous Charles ?
09:56– Non mais, je pense qu'il est dans son rôle,
10:00mais je pense qu'en fait, ça ne lui fait pas plus mal
10:03d'être un peu recadré par ceux qui ne sont pas forcément
10:07très jouasses à l'idée d'envoyer des soldats français sur place.
10:12Je vous rappelle des confidences qui étaient sorties dans Le Monde
10:17où le président Macron, un verre de whisky à la main,
10:21expliquait d'un ton désinvolte qu'il allait peut-être être contraint
10:26d'envoyer des gars sur le terrain, etc.
10:28– C'est-à-dire qu'il prend ça un peu à la légère ?
10:30– Je n'oserais pas le penser, j'étais troublé
10:34par ce qui était rapporté par Le Monde à cette occasion.
10:38Et j'espère que ça n'est pas le cas, mais je me demande
10:42si le moteur de la peur qui a souvent commandé son action
10:48et qui marche tellement bien auprès de nos boomers dépolitisés,
10:53si ça ne l'a pas un peu tenté de repartir là-dessus,
10:57étant donné que ça avait tellement bien fonctionné avec le Covid
11:01et pendant la présidentielle de 2022, déjà avec la guerre en Ukraine.
11:04Donc je pense qu'il a raison de reprendre un leadership
11:07que lui laisse Trump, de celui qui défend des valeurs.
11:11Je rappelle que Trump, il négocie en plus à Riad,
11:14sur le territoire de quelqu'un qui a démantelé son prochain.
11:18– On va reparler de Trump après.
11:19– Donc l'Europe, elle a quand même quelques valeurs à faire valoir
11:22dans cette espèce d'échange complètement fou entre un dictateur
11:27qui déporte des enfants et un homme d'affaires
11:31qui ne veut simplement que s'approprier les terres rares.
11:34L'Europe, elle a autre chose à dire et c'est pas mal que Macron le dise.
11:37– Laissez parler votre voisine.
11:38– Voilà, excusez-moi.
11:39– Alexandra.
11:40– Non, juste sur ce sujet, je crois qu'il faut bien faire
11:42la différence entre le fond et la forme.
11:44Sur la forme, on sait qu'Emmanuel Macron a toujours tendance à en faire trop.
11:47Il cabotine, il adore ça, il adore la lumière,
11:50il adore être au centre du jeu.
11:51Donc c'est vrai que là, en ce moment, il kiffe, ça c'est clair.
11:55Mais sur le fond, il y a un leadership à prendre en Europe absolument impératif.
12:00Il faut un leader, toujours.
12:01La France a un pouvoir énorme, c'est qu'elle a la dissuasion nucléaire.
12:06Donc là, il y a un rôle, un costume à endosser.
12:09Pour le coup, et pourtant Dieu sait que je n'ai pas été tendre
12:12avec Emmanuel Macron ces dernières années,
12:13mais là, je pense qu'il y a un costume à endosser
12:15et qu'il endosse plutôt pas mal.
12:16– Cette semaine, une résolution prévoyant notamment la saisie
12:19des avoirs russes était examinée à l'Assemblée nationale
12:22pour aider, pour venir en aide à l'Ukraine.
12:24Le Rassemblement national s'est abstenu au moment du vote.
12:28Écoutez les explications.
12:31– Mais parce qu'aujourd'hui, la question des avoirs russes
12:34est une fois plus un mensonge fait aux Français.
12:37Nous, on a demandé des informations sur ces avoirs,
12:39mais surtout sur les avoirs français en Russie.
12:41Si aujourd'hui, il y a plus d'avoirs français en Russie
12:46qu'à due proportion d'avoirs russes en France.
12:49– Virginie, cette question des avoirs russes s'impose de plus en plus
12:52dans le débat public.
12:53Pourquoi ? Et pourquoi le RN s'est abstenu sur un sujet
12:56qui a l'air de plus en plus important, fondamental,
12:59dans le débat public ?
13:00– Oui, en réalité, disons que le RN et le gouvernement
13:04sont un peu sur la même ligne sur ce point,
13:07puisque le gouvernement sur les avoirs russes est plutôt réservé.
13:11Emmanuel Macron a fait savoir qu'il avait demandé
13:13à son ministre de l'économie de travailler ultérieurement
13:16parce que ça pose des problèmes juridiques,
13:18parce que ça pose des problèmes ensuite pour des investissements
13:21qui seraient faits en Europe si, comme ça,
13:23on pouvait, du jour au lendemain,
13:24d'un coup de baguette magique, utiliser des avoirs gelés.
13:27– Alors là, la résolution, c'était plutôt une résolution macroniste ?
13:30– Non, la résolution, le gouvernement est très clair là-dessus.
13:33Évidemment, la résolution, il l'a soutenue, bien sûr,
13:35mais avec une réserve sur les avoirs russes.
13:37C'est ça la nuance, quand même.
13:39Et sur les avoirs russes, Marine Le Pen, d'ailleurs,
13:41a dit sur son interview cette semaine à Europe 1C News
13:44qu'elle partageait un peu les réserves d'Emmanuel Macron,
13:46notamment sur les questions internationales.
13:48Sauf qu'elle, elle met effectivement en avant
13:50la question des avoirs français en Russie.
13:52Elle citait précisément Total et sa présence en Russie.
13:55Voilà, c'est ça le...
13:56Mais il faut quand même bien préciser qu'Emmanuel Macron,
13:59lui-même, a des réserves sur l'utilisation des avoirs russes.
14:02En disant, oui, tout le monde dit, effectivement,
14:04on a des milliards devant nous, ça serait génial...
14:06– 210 milliards, je crois, d'euros.
14:08– Voilà, 210 milliards.
14:09On peut les utiliser pour financer les efforts de guerre.
14:12On utilise déjà les intérêts.
14:14Là, ça parait une somme énorme, mais en fait,
14:17nous ne précipitons pas puisque ça pourrait avoir
14:20des conséquences systémiques, dit-il, sur l'économie.
14:22– Ce jeudi, tous les responsables de l'opposition
14:24ont été conviés à une opération porte ouverte.
14:27L'opération est inédite.
14:29Rendez-vous a été donné au ministère des Armées
14:31en compagnie du chef d'état-major des armées,
14:33des chefs de la DGSE et de la DGSI,
14:35des patrons du renseignement.
14:37À l'ordre du jour, un point sur la menace russe,
14:39des chiffres, des exemples concrets ont été montrés
14:42aux chefs des partis politiques.
14:44Pas sûr que ça ait vraiment servi à quelque chose.
14:46On va vous écouter.
14:48– C'est resté à un niveau intéressant, mais assez général.
14:52Après, en tant qu'écologiste,
14:54on regrette très fortement qu'il y ait un tabou.
14:56La question de notre dépendance énergétique à la Russie
14:59n'est pas abordée.
15:01– Donc, on a un sentiment, à la sortie de cette réunion,
15:04d'avoir une France et une Union européenne
15:07qui sont finalement sorties du jeu
15:09et que Donald Trump et l'OTAN restent les maîtres à bord.
15:13– Tout ça laisse le sentiment quand même
15:16d'un gouvernement qui n'est pas très au clair
15:19sur la direction à prendre,
15:21qui n'a pas une stratégie non plus très affinée.
15:25– Jean-Luc, on a l'impression qu'il y a deux camps aujourd'hui.
15:28Il y a, grosso modo, LFI, communistes, RN
15:31et tout le cran du ce qu'on appelle le bloc central
15:34sur cette question de l'Ukraine et de la menace russe.
15:38– Oui, pour des raisons différentes,
15:41comme on s'est dit, ça a été esquissé tout à l'heure,
15:44les deux formations, le Rassemblement national
15:48a toujours été avec les yeux de chimène pour Poutine.
15:52On se souvient de déclarations hallucinantes de Marine Le Pen
15:56disant qu'elle avait de l'admiration pour Vladimir Poutine.
15:59Et puis, il y a une règle,
16:01c'est qu'on n'insulte jamais son banquier historique,
16:04c'est quand même eux qui ont payé la première campagne, etc.
16:09Donc, il y a des précautions et on peut imaginer qu'ils pourraient parler
16:12si le ton de Marine Le Pen montait.
16:15De l'autre côté, il y a cette espèce de réflexe monomaniaque anti-américain
16:21qui est comme ça et qui fait que tout ce qui n'est pas l'Amérique
16:24est bon à prendre, surtout que ça se propose.
16:27Alors c'est un peu plus compliqué aujourd'hui pour LFI
16:30qui donne là aussi lieu à un truc quand même…
16:33Si on m'avait dit un jour que LFI,
16:37après avoir chanté l'international,
16:39faisons du passé table rase, nationalisons les banques,
16:42prenons les entreprises, je dirais qu'on ne peut pas faire ça
16:46car il y a quand même le droit financier international.
16:49C'est extraordinaire.
16:51– On parlait des avoirs russes.
16:53– Sur les avoirs russes, Mélenchon a un langage de trader.
16:57C'est quand même très surprenant, cette espèce d'affection.
17:02Et en réalité, il y a quand même une passion délirante à LFI
17:06pour les pouvoirs rudes, pour les pouvoirs virils,
17:09pour les pouvoirs illibéraux.
17:11– Changeons de sujet.
17:12Donald Trump est-il un président normal ?
17:14Je vois déjà poindre vos réponses,
17:16mais alors je vous pose une autre question.
17:18La presse doit-elle couvrir ce président pas normal de manière normale ?
17:22C'est-à-dire comme les autres présidents ?
17:24Les relations entre Trump et les journalistes sont pour le moins compliquées
17:27puisque le locataire de la Maison Blanche
17:29se fait un malin plaisir à s'en prendre à eux.
17:31Et depuis son retour au pouvoir en janvier,
17:33il semble encore plus virulent que par le passé.
17:35Il choisit désormais les journalistes autorisés
17:37à pénétrer dans la Maison Blanche.
17:39Du coup, les conférences de presse maintenant, ça donne ça.
17:42Regardez.
17:46– Vous voyez ça ?
17:48Trump a raison depuis le début.
17:50On vient de nous les apporter.
17:52Ça a été envoyé par un fan.
17:54J'ai dit, je pense qu'on devrait en fabriquer d'autres.
17:58Vous en voulez une ?
18:00Est-ce que vous avez le droit d'en prendre une ?
18:03Monsieur le Président, j'en prends une.
18:05Je vous le dis depuis le premier jour que vous avez raison.
18:07J'en veux bien une.
18:09– Ça a complètement changé l'ambiance à la Maison Blanche.
18:12Il choisit en fait qui l'interroge,
18:14les questions, les réponses, c'est affligeant.
18:17– Oui, c'est toujours la tentation effectivement des populistes.
18:20Mais c'est vrai qu'il y avait des règles du jeu au moins depuis 1950
18:24avec une association de la presse très structurée
18:27qui régulait elle-même l'entrée des correspondants à la Maison Blanche.
18:31Et là, oui, il choisit.
18:33C'est vrai que la question c'est,
18:35est-ce qu'on continue malgré tout ?
18:37Est-ce que les journalistes doivent continuer ?
18:38Bien sûr que oui.
18:39Ils sont saturés de nouvelles, d'infos.
18:42C'est la course, un peu toute chose égale par ailleurs
18:45comme en 2017 avec Emmanuel Macron.
18:47Vous savez, la presse française était vraiment
18:49à suivre n'importe quelle annonce.
18:51Et puis c'était tambour battant, il était hyper réformiste.
18:53Donc on était saturés.
18:55Mais là, le sujet c'est,
18:57il ne faut pas se laisser divertir
18:59par toutes ces annonces qui peuvent être les unes,
19:02d'ailleurs, un peu contradictoires avec les autres,
19:04les menaces, les insultes.
19:06La presse ne doit pas se laisser, évidemment, divertir
19:09et doit continuer à une couverture.
19:11Mais quelle est la solution ?
19:13On a l'impression qu'il est encore plus agressif vis-à-vis de la presse
19:16que lors de son premier mandat, Charles.
19:18Je sais que vous avez bien donné à Trump,
19:19mais est-ce que vous allez le défendre encore une fois ?
19:21Mais voyez comment vous présentez les choses.
19:23Au contraire, pendant son premier mandat,
19:26la presse a été odieuse avec lui.
19:29Et dans l'ensemble,
19:31tous les pouvoirs rétablis aux États-Unis
19:33ont été odieux avec lui.
19:35C'est-à-dire qu'il y a eu
19:37une espèce de déni démocratique
19:39de la part des élites américaines
19:41qui n'ont pas supporté la victoire de Trump
19:43et qui lui ont fait payer pendant tout son mandat
19:45en essayant de l'empêcher de gouverner.
19:47Maintenant, il se venge.
19:49Il se trouve qu'à leur nez et à leur barbe,
19:51alors qu'ils ont tout fait pour l'en empêcher,
19:54il a réussi à se faire réélire.
19:56Moi, je trouve déjà ça...
19:58Je trouve que c'est une prouesse extraordinaire.
20:00Et donc, effectivement,
20:02il se venge en disant
20:04maintenant, oui, je vire
20:06tout ce que je peux virer
20:08pour mettre Mega à la place.
20:10Et le New York Times...
20:12Je parle là de l'administration, etc.
20:14Il tire les leçons de son précédent mandat
20:16en mettant vraiment que des gens
20:18qui le soutiennent.
20:20Et effectivement, ça déborde aussi sur les journalistes.
20:22Les journalistes, à mon sens, honnêtement,
20:24c'est de leur faute à eux.
20:26C'est de leur faute à eux.
20:28C'est eux qui ont été odieux
20:30avec lui depuis toutes ces années.
20:32Il vaut mieux entendre ça
20:34que d'être sourd.
20:36On dirait que Charles Consigny parle
20:38d'une cour de maternelle
20:40avec des petits garçons qui disent
20:42non, non, c'est moi qui suis le plus fort, etc.
20:44Ça n'a aucun sens.
20:46Là, on parle quand même
20:48de président qui dirige le monde,
20:50voilà, ça n'a pas de sens.
20:52Objectivement,
20:54s'il s'agit de contester
20:56parce qu'on ne fait pas partie
20:58de cette conférence de presse
21:00qui n'est pas une conférence de presse,
21:02c'est un exercice d'auto-célébration
21:04avec des gens qui sont totalement acquis à sa cause,
21:06c'est pas des journalistes qui sont là.
21:08Ce sont des adulateurs, des idolâtres,
21:10il vaut mieux que les journalistes
21:12soient sur le terrain ou dans leur bureau
21:14à écrire des reportages, des éditos,
21:16je ne sais quoi.
21:18Donc, ce n'est pas très grave
21:20si les journalistes ne sont pas
21:22invités à ces soi-disant conférences de presse.
21:24Il vaut mieux, encore une fois,
21:26faire le boulot, décrypter, enquêter.
21:28Et c'est vrai que
21:30on le ressent. Nous, à l'IB,
21:32on est un quotidien, on est un site,
21:34on doit réagir à chaque seconde
21:36à ce qui se passe dans le monde
21:38et c'est vrai que c'est compliqué, c'est épuisant.
21:40Et c'est compliqué de suivre
21:42toutes les annonces de Donald Trump.
21:44Ça participe peut-être d'une stratégie,
21:46c'est cette phrase, Jean-Luc,
21:48de l'ancien conseiller de Trump, Steve Bannon,
21:50qui disait la chose suivante,
21:52les démocrates n'ont pas d'importance,
21:54la véritable opposition, c'est les médias
21:56et la façon de les gérer,
21:58c'est d'inonder l'espace de M.R.D.E.
22:00d'absurdité, je ne sais pas
22:02comment vous voulez le traduire.
22:04C'est une stratégie qui est pensée, réfléchie.
22:06C'est après qu'il a crié Zygeil
22:08en faisant le signe nazi, sans doute.
22:10Steve Bannon.
22:12On est dans la foulée.
22:14Je ne suis pas d'accord avec ce qu'a dit
22:16Charles tout à l'heure, parce que
22:18qu'on ait un regard critique
22:20sur la manière dont la presse,
22:22les institutions américaines ont géré
22:24le premier mandat de Trump,
22:26c'est possible, on a le droit de le faire.
22:28Mais on ne peut pas choisir
22:30les journalistes quand on est un homme politique
22:32qui vous interview, parce que
22:34faire rentrer 30 personnes
22:36dans le bureau Oval, c'est interdire
22:38aux autres de venir, qui ont quand même
22:40une légitimité, par
22:42leur éthique,
22:44par la puissance de leurs médias, etc.
22:46Donc on ne peut pas
22:48justifier une interdiction.
22:50Encore une fois, le regard critique
22:52sur la manière dont la presse
22:54peut gérer un moment historique,
22:56fort bien,
22:58mais on ne peut pas
23:00accepter, approuver, je suis sûr qu'ils ne l'approuvent
23:02pas réellement, la logique qui dit
23:04vous avez été méchant, vous êtes puni.
23:06La presse, ça ne peut pas se gérer
23:08avec vous êtes méchant,
23:10vous avez été puni, vous êtes gentil,
23:12vous serez récompensé.
23:14Et c'est vrai que le journaliste qui dit
23:16je vous ai toujours soutenu dans le bureau
23:18Oval ou dans une salle
23:20de conférences,
23:22il a appris le journalisme
23:24dans le
23:26Reader's Digest.
23:28Parce que vous trouvez, Jean-Luc,
23:30que par exemple, les journalistes français
23:32vous les trouvez, vous, très indépendants
23:34du pouvoir politique français.
23:36Vous ne pensez pas qu'il y a un certain nombre de journalistes
23:38en France qui pourraient faire exactement la même chose
23:40avec notre personnel politique ?
23:42Vous trouvez que les interviews du Président de la République
23:44en France, elles sont particulièrement
23:46difficiles pour lui ?
23:48Vous pensez que ce n'est pas lui qui choisit
23:50qui l'interview, où ça se passe et à quelle date ?
23:52Au moins, il y a moins d'hypocrisie.
23:54Je suis d'accord.
23:56Qu'il y ait de la connivence, c'est possible.
23:58Il ne faudrait pas qu'il puisse
24:00choisir les journalistes à qui il était
24:02à la Maison Blanche.
24:04L'Ibé n'est pas interdit de séjour dans une conférence de presse.
24:06L'Ibé n'interdit pas le Président de la République.
24:08Ça leur arrive.
24:10Jamais, en l'occurrence.
24:12On aimerait bien.
24:14Ça n'a pas lieu.
24:16Il y a un certain nombre de conférences de presse.
24:18Il n'y a pas d'interdiction
24:20pour un certain nombre de journalistes.
24:22Et les journalistes ne sont pas instrumentalisés
24:24pour insulter et humilier Zelensky.
24:26Vous voyez, on est quand même
24:28à un degré un peu exagéré
24:30et un peu supérieur
24:32de l'instrumentalisation de la presse.
24:34La Maison Blanche choisit donc
24:36désormais les journalistes qui sont autorisés
24:38à pénétrer dans le sein des seins dans la Maison Blanche.
24:40On va écouter les explications
24:42et je vous fais réagir.
24:44Un groupe restreint
24:46de journalistes à Washington
24:48ne devrait plus avoir le monopole
24:50du privilège de l'accès de la presse à la Maison Blanche.
24:52Tous les journalistes, tous les médias
24:54et toutes les voix méritent de s'asseoir
24:56à cette table très convoitée.
24:58Ainsi, en décidant au jour le jour
25:00quels médias composent le pool de presse restreint,
25:03la presse restreinte rendra le pouvoir
25:05au peuple américain que le président Trump
25:07a été élu pour servir.
25:09On voit les explications.
25:11Ce qui m'intéresse, ce n'est pas seulement
25:13les journalistes.
25:15Il y a aussi une importance
25:17pour la démocratie, pour les citoyens.
25:19Que ce ne soit pas juste un débat entre journalistes
25:21où on n'est pas content parce qu'on ne peut pas
25:23interviewer un président.
25:25Il y a aussi vraiment une implication démocratique
25:27dans le fait de ne pas pouvoir poser
25:29les questions au chef de l'État, en l'occurrence Donald Trump.
25:31Oui, totalement, effectivement.
25:33Si les questions ne peuvent pas être posées,
25:35les citoyens n'auront jamais les réponses.
25:37Mais au-delà de ça, je pense qu'il y a
25:39une question qu'on doit commencer
25:41à préparer, même en France, réfléchir dessus.
25:43Alors, je fais juste une incise.
25:45Je suis d'accord sur la question de la sélection
25:47des journalistes. C'est l'éléphant dans la pièce.
25:49Oui, il peut y avoir...
25:51Pour ne pas les liser, vous les dites.
25:53Ou en général.
25:55Certains ministres, même sous certains
25:57gouvernements, oui,
25:59certains ne veulent pas s'adresser
26:01à un groupe de journalistes où il y a Mediapart.
26:03C'est des choses qui existent, vous avez raison.
26:05Mais il y a toujours
26:07des journalistes qui luttent
26:09et qui se font entendre, et en général,
26:11la démocratie a toujours fini par triompher
26:13en France, donc il n'y a pas d'atteinte.
26:15Il y a eu des sujets avec la salle de presse et l'Élysée,
26:17puisque l'Élysée ne voulait pas que les journalistes
26:19voient qui arrivait à l'Élysée.
26:21Mais là encore, l'association de la presse présidentielle
26:23a lutté et a obtenu gain de cause.
26:25Je suis d'accord, il y a des remises en question,
26:27mais il n'y a pas eu l'opportunité de choisir ces journalistes.
26:29Mais là, on parle d'un sujet qui, pour moi,
26:31est fondamental, et par rapport aux citoyens aussi,
26:33c'est dans un régime comme ça,
26:35avec un président qui instaure un tel
26:37rapport de force, comment être sûr
26:39de la protection de ses sources, puisque c'est ça, en fait.
26:41Comme le dit Alexandra,
26:43le travail du journaliste, c'est peut-être pas de couvrir,
26:45d'être saturé, mais ça va être d'investiguer.
26:47Et pour investiguer, il faut avoir
26:49ses sources protégées, sauf que si vous êtes dans un tel
26:51rapport de force, moi, c'est ça qui m'inquiète.
26:53C'est ça qui m'inquiète pour les journalistes américains
26:55et pour les citoyens, c'est ça qui m'inquiète en France
26:57si, effectivement,
26:59on passe à un régime populiste.
27:01Autre sujet, y a-t-il un problème au sein du mouvement
27:03féministe français ? La semaine dernière,
27:058 mars, à l'occasion de la journée internationale
27:07des droits des femmes, des dizaines de personnes
27:09ont participé à des manifestations
27:11à Paris et ailleurs en France.
27:13Journée pour l'égalité des salaires, mais aussi
27:15contre les violences faites aux femmes.
27:17C'est à ce titre qu'une organisation
27:19intitulée Nous Vivrons entendait défiler
27:21pour dénoncer les exactions commises par le Hamas
27:23sur les femmes israéliennes,
27:25sur les femmes juives. Or, cette organisation
27:27et quelques autres ont été tenues à l'écart
27:29du cortège. Les manifestants
27:31ont été parqués dans une rue adjacente
27:33pendant trois heures pour éviter
27:35d'être attaqués par des hommes
27:37cagoulés issus du cortège principal.
27:39Regardez ces images de la journaliste
27:41Nora Bussini.
27:54On leur reproche quoi, ces femmes, Jean-Luc ?
27:56D'être juives ?
28:00Voilà, on est dans
28:02la gangrène
28:04antisémite
28:06et philo-antisémite,
28:08c'est-à-dire de la dérive,
28:10la dérive éléphie,
28:12la dérive d'une part de l'extrême-gauche
28:14qui, à l'occasion
28:16de Gaza, a fait sa mue
28:18et clairement
28:20sur l'exclusion
28:22de toute personne
28:24en raison de sa judaïté
28:26ou de son judaïsme.
28:30Ça ne concerne pas l'ensemble
28:32du mouvement féministe,
28:34ça concerne une fraction du mouvement
28:36féministe qui, après avoir
28:38des dérivés, dégénère,
28:40est en dégénérescence profonde
28:42puisqu'en réalité,
28:44on est dans un choix
28:46de ses victimes,
28:48dans le choix des gens
28:50qu'on défend
28:52et dans l'idée, là,
28:54de faire que ce mouvement
28:56a refusé de se prononcer
28:58sur la part
29:00sexiste, sexuelle
29:02des massacres
29:04et de l'action
29:06du ramasse,
29:08en dit long sur
29:10leur conscience,
29:12si c'est toutefois, conscience,
29:14un concept qui ne leur échappe pas totalement.
29:16Elles ont été autorisées ensuite à marcher
29:18c'est gentil de leur part, oui.
29:20sous surveillance policière.
29:22Qu'est-ce que ces images vous inspirent,
29:24Virginie ?
29:26C'est vrai que pour la journée internationale
29:28des droits des femmes,
29:30on imaginait, on pensait
29:32voir un combat universel.
29:34C'est ça le féminisme, c'est quand même
29:36un combat qui défend un certain universel
29:38contre toutes les atteintes,
29:40contre les femmes dans le monde. Et Dieu sait qu'il y a du travail
29:42dans n'importe quel régime.
29:44Et là, encore une fois, parce que c'est pas la première fois,
29:46c'est vrai que là, c'est à l'encontre
29:48des femmes juives, mais le mouvement féministe
29:50s'est déjà brisé sur cette question-là,
29:52c'était sur le port du voile.
29:54Donc, en fait,
29:56ça affaiblit, ça affaiblit
29:58ce combat qui doit être universel.
30:00Et qui ne peut pas
30:02exclure du combat, sous prétexte
30:04d'un combat qu'on nomme l'intersectionnalité,
30:06vous le savez, la dénonciation
30:08de tous les mécanismes de domination,
30:10donc à la fois genrée,
30:12de communauté, bon là, en l'occurrence,
30:14parce qu'elles appartiennent à la communauté juive,
30:16on ne peut pas exclure d'un combat
30:18universel qui n'appartient pas à un groupe
30:20en particulier. Et c'est vrai que sur le boulevard Voltaire,
30:22vous me promeniez, j'ai été frappée
30:24par les tags. – Vous avez participé à la manifestation ?
30:26– Non, non, j'ai regardé en tant que journaliste,
30:28non, non, j'ai pas participé, je suis allée me balader
30:30pour voir, et effectivement,
30:32j'ai vu, oui, la moitié
30:34des tags concernaient Gaza.
30:36Donc, l'intrication des combats
30:38fait qu'elles en ont été exclues,
30:40et ça, c'est inadmissible. – Et dans le cortège principal, pourtant,
30:42il y avait des organisations, des partis politiques,
30:44le parti socialiste, des syndicats, la CFDT,
30:46et d'autres organisations
30:48plus radicales. Ça vaut
30:50acceptation, le fait que ces organisations
30:52n'aient pas réagi à ce moment-là, Alexandra ?
30:54– Mais tout cela est extrêmement
30:56compliqué, totalement déplorable,
30:58et ça dessert
31:00toutes les causes qui sont censées être défendues,
31:02évidemment, les causes
31:04des droits des femmes en premier lieu,
31:06puisque c'était en effet la journée
31:08des droits des femmes.
31:10La cause des
31:12otages du 7 octobre
31:14et de toutes celles et tous ceux
31:16qui ont subi dans leur chair
31:18ce qui s'est passé ce jour-là
31:20est la cause palestinienne,
31:22la cause palestinienne qui a besoin
31:24d'être brandie, elle aussi,
31:26haut et fort, mais pas comme ça,
31:28pas en mélangeant tout et pas
31:30en montant des communautés
31:32les unes contre les autres.
31:34Je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit,
31:36c'est un combat, les droits
31:38des femmes c'est un combat qui doit être universel
31:40et donc il ne devrait pas
31:42y avoir…
31:44C'est le problème
31:46des sociétés d'aujourd'hui, c'est ce
31:48clivage, cette impossibilité
31:50de communiquer, cette
31:52radicalité qui fait qu'on
31:54monte les uns contre les autres et ça c'est extrêmement…
31:56– C'est de la concurrence victimaire, c'est ça Charles ?
31:58– Je ne sais pas, moi je pense
32:00que beaucoup de mouvements féministes
32:02aujourd'hui en France sont
32:04complètement
32:06ivres de radicalité
32:08et animés
32:10par des gens qui sont des Khmers rouges
32:12je pense que
32:14toutes ces luttes,
32:16cette espèce
32:18de carnaval qu'on voit
32:20à Sciences Po, ces gens qui…
32:22ces mouvements
32:24sur les causes LGBT,
32:26transphobie, féminisme, etc.
32:28ces étudiants
32:30à cheveux bleus si vous voulez
32:32qui finissent par basculer effectivement
32:34dans l'antisémitisme
32:36parce qu'ils s'ennuient, je pense que c'est
32:38un peu ridicule honnêtement.
32:40– Vous parlez de certaines organisations
32:42– Oui, oui, mais je…
32:44– Mais je ne suis pas à l'ensemble des organisations féministes.
32:46– Non, mais enfin j'en observe
32:48souvent une radicalité
32:50que je trouve très excessive
32:52et effectivement ce qui est intéressant
32:54c'est de voir à quel point
32:56il peut y avoir une erreur 404
32:58quand leur islamo-gauchisme
33:00rencontre leur féminisme
33:02et que les deux ne marchent pas.
33:04Ah bah oui, désolé, par exemple quand on va en Iran
33:06il faut choisir entre être
33:08pro-islamique ou être féministe.
33:10Quand effectivement
33:12il s'agit de tolérer la présence
33:14d'un mouvement
33:16anti-hamas israélien
33:18bah oui il faut choisir
33:20entre les deux, donc
33:22on voit bien la limite
33:24de ce militantisme
33:26et les angles morts de ce militantisme
33:28quand il y a ces causes-là
33:30qui se percutent.
33:32– Alexandra peut-être en réaction à ça
33:34il y a combien de mouvements
33:36féministes aujourd'hui, c'est très vaste
33:38c'est une galaxie, il y a ce qu'on appelle
33:40le néo-féminisme, qu'est-ce que c'est ?
33:42Quelle est la différence avec le féminisme traditionnel ?
33:44– Moi je ne veux pas me prononcer là-dessus
33:46moi j'attendais que Charles Consigny
33:48prononce le mot « wow » qu'il n'a pas fait
33:50parce qu'en général il y en a toujours un
33:52autour de cette table.
33:54– Il ne m'est pas venu mais c'est tout à fait ce que je voulais dire effectivement.
33:56– Je l'attendais
33:58et donc c'est cette grande bataille
34:00d'ailleurs qui a été entreprise
34:02par votre idole Donald Trump.
34:04– Il a raison là-dessus.
34:06– Moi j'en ai assez de tout ça.
34:08Moi je suis plutôt sur la ligne
34:10Jeanne Fonda
34:12qui a eu un super discours en disant
34:14« Walk » ça veut dire être réveillé.
34:16– Qui s'est perdu dans le walkisme.
34:18Le fils d'Elon Musk qui a changé de sexe
34:20et qui a sombré dans la depression.
34:22Non mais parce que
34:24le combat par exemple de Musk contre le walkisme
34:26il vient du drame personnel
34:28du fait que son fils s'est perdu
34:30dans un changement de sexe
34:32qu'il a plongé dans une dépression.
34:34On n'est pas dans Jeanne Fonda
34:36– Mais il s'est perdu vous n'en savez rien.
34:38– C'est quelqu'un qui est maintenant
34:40dans une dépression absolument totale.
34:42– Mais là vous mélangez tout.
34:44– C'est ça le walkisme.
34:46– On change de thème, vous mélangez tout
34:48dit Alexandra, on va parler d'autre chose.
34:50Il n'en restera qu'un Charles,
34:52quoi qu'avec les congrès socialistes
34:54On ne peut pas se méfier.
34:56Au mois de juin, le PS élira un nouveau premier secrétaire.
34:58Deux candidats étaient déjà connus.
35:00Olivier Faure et Nicolas Maillard-Rossignol
35:02le maire de Rouen.
35:04Cette semaine, le chef de file des députés socialistes
35:06est à son tour sorti du bois.
35:08Écoutez.
35:10Je donne un rendez-vous à toutes et à tous
35:12pour que nous nous retrouvions.
35:14Je pense que je peux être ce lien
35:16entre des socialistes qui prétendent ne pas s'entendre
35:18mais dont je sais qu'ils peuvent travailler ensemble.
35:20Je ne suis pas une candidature de plus
35:22collective pour créer ce collectif
35:24qui nous manque mais qui est indispensable
35:26compte tenu de la période.
35:28Il se joue quoi actuellement au Parti Socialiste ?
35:30Il se joue d'abord
35:32une question
35:34de ligne.
35:36Le PS est en voie de désincarcération.
35:38La question c'est
35:40est-ce que le congrès sera la levée des croûts ?
35:42C'est-à-dire ?
35:44Est-ce qu'ils vont se libérer
35:46de l'alliance, de la domination,
35:48de l'impérialisme mélenchoniste
35:50sur le Parti Socialiste ?
35:52Dès lors,
35:54c'est incarné par des hommes
35:56et c'est vrai que c'est compliqué pour Olivier Faure
35:58puisque chaque pas de côté
36:00qu'il a fait, il l'a fait sous la menace,
36:02il l'a fait sous la pression,
36:04qu'il a été l'artisan de cet
36:06asservissement,
36:08le mot est peut-être exagéré,
36:10de cette mise en ligne du Parti Socialiste
36:12sur les thèses
36:14de la France insoumise, y compris
36:16dans des moments où la France insoumise
36:18développer des thèses inacceptables,
36:20le flirt avec l'antisémitisme,
36:22le compagnonnage
36:24idéologique,
36:26en tout cas la justification idéologique
36:28du ramasse, un certain nombre
36:30de choses
36:32comme ça
36:34et donc c'est compliqué.
36:36Ce qui se joue
36:38pour Olivier Faure, puisque c'est ça
36:40qui est en cause, après ils sont plusieurs
36:42mais ils peuvent faire un front uni,
36:44c'est comment les socialistes vont réagir.
36:46Quand j'arrive à l'hôtel, j'aime bien
36:48que les draps soient propres et je pense
36:50que les militants socialistes
36:52ont sans doute à peu près la même
36:54logique, ils veulent nettoyer
36:56et qu'on change les draps.
36:58Ils veulent de la clarté,
37:00disons.
37:02C'est l'avenir du Parti Socialiste
37:04qui est en jeu, l'avenir en tant que parti politique.
37:06Alors c'est la clarté
37:08sur la stratégie, effectivement
37:10et c'est 2027.
37:12On est déjà dans l'élection présidentielle.
37:14On sait très bien que Boris Vallaud
37:16comme Olivier Faure ont des ambitions présidentielles.
37:18Pourquoi Boris Vallaud se présente-t-il ?
37:20Parce qu'il a des ambitions personnelles.
37:22C'est ça qui est...
37:24Est-ce que c'est bien, est-ce que c'est pas bien ?
37:26On sait pas très bien ce que va créer sa candidature
37:28parce qu'il n'a pas de différence avec Olivier Faure.
37:30Ils ont la même ligne. Il est président du groupe
37:32parlementaire socialiste, ils avaient la même
37:34vision sur la non-censure
37:36que Olivier Faure.
37:38Effectivement, lui en fait un enjeu de rassemblement.
37:40Il dit, je veux pas revivre
37:42ce qu'on a vécu au congrès de Marseille en 2023
37:44où Olivier Faure et Nicolas Maillard-Rossignol
37:46se sont en train de tuer.
37:48Mais il n'y a pas de différence de ligne.
37:50Alors est-ce que Boris Vallaud va réussir
37:52à aligner, effectivement ?
37:54Oui, mais est-ce que ça tranche la ligne ?
37:56Non, parce qu'en fait, moi je sais toujours pas
37:58quel est le rapport de Boris Vallaud
38:00à LFI, parce qu'il a fait
38:02ce qu'Olivier Faure a décidé, ils avaient les mêmes
38:04points de vue, donc pour moi ça ne clarifiait rien
38:06à ce stade.
38:08Pendant ce temps-là, un ancien chef de l'État
38:10fourbi ses armes, François Hollande,
38:12lui, joue l'indifférence totale.
38:14Écoutez-le.
38:16Non, moi je ne soutiens personne.
38:18Vous ne prendrez pas position ?
38:20Je ne prendrai pas position.
38:22Je vais dire ce que j'attends du congrès.
38:24Parce que c'est ça qui compte.
38:26Ce que j'attends du congrès, c'est qu'il prenne
38:28pour le Parti Socialiste la dimension
38:30du changement du monde dans lequel
38:32nous sommes entrés. Il ne peut pas avoir le même
38:34programme. Donc c'est tranché sur la ligne.
38:36Ça se joue avec le choix d'une personne.
38:38Mais on ne peut pas avoir
38:40le même programme
38:42aujourd'hui, et a fortiori demain,
38:44que celui qu'on a présenté hier.
38:46Vraiment soutenir personne, François Hollande,
38:48Alexandra ?
38:50Il faut être lucide.
38:52Il faut être lucide.
38:54Il a des ambitions personnelles.
38:56Il rêve d'y retourner.
38:582027, lui aussi, il joue de l'élection présidentielle.
39:00Tout le monde est dedans.
39:02Ça fait un an, deux ans
39:04qu'on est repartis, qu'on est entrés en campagne présidentielle.
39:06Au moins un an qu'on est entrés en campagne présidentielle.
39:08Ils ne pensent tous qu'à ça.
39:10Il faut bien se le dire et il faut prendre
39:12toute déclaration à l'aune
39:14de cette élection présidentielle.
39:16Moi, là,
39:18où je ne suis pas tout à fait d'accord avec
39:20Jean-Luc Manot, c'est que
39:22le NFP...
39:24Vous aimez bien les drapales.
39:26Je ne déteste pas.
39:28Le NFP, le Nouveau Front Populaire,
39:30ça a quand même permis aux socialistes
39:32de revenir en force à l'Assemblée.
39:34Et quand ça a été fait,
39:36c'était quand même un truc intéressant.
39:38Après, il y a la longue descente...
39:40Une précision. Le Nouveau Front Populaire,
39:42il a permis ça dans un rapport de force
39:44imposé par Glucksmann
39:46au moment des élections européennes.
39:48Parce que s'il n'y avait pas eu Glucksmann,
39:50il n'aurait pas eu la partie
39:52qu'ils ont eue dans la négociation,
39:54la part qu'ils ont eue dans la négociation.
39:56C'est quand même l'autonomie du Parti socialiste
39:58qui l'a fait davantage progresser
40:00que la gentillesse de Jean-Luc Mélenchon.
40:02En tout cas, je pense que pour moi,
40:04il n'y a plus, contrairement à tout ce qui se dit
40:06autour de cette table,
40:08il n'y a plus d'ambiguïté.
40:10Le Parti socialiste est totalement déconnecté
40:12de LFI et je pense que Jean-Luc Mélenchon,
40:14de toute façon, est totalement démonétisé.
40:16Il s'est décrédibilisé, c'est fini.
40:18Après, Olivier Faure,
40:20le problème, c'est que je pense qu'il est cramé.
40:22Il est cramé, il n'y a plus de...
40:24Ça y est, il n'a pas pris,
40:26il n'est plus audible.
40:28Et donc, Boris Vallaud,
40:30du coup, c'est une figure nouvelle.
40:32C'est intéressant.
40:34Ils sont tous cramés, j'ai entendu.
40:36Pour moi, ils ne sont pas dans le match,
40:38mais il faut être lucide.
40:40Moi, ça me fascine, ces bisbilles.
40:42J'ai un peu connu l'intérieur de LR,
40:44donc j'ai bien vu.
40:46Vous avez des 15e couteaux
40:48qui sont là à grenouiller dans le Parti
40:50et qui pensent que,
40:52parce qu'ils vont être désignés
40:54par leur appareil partisan
40:56qui n'intéresse plus personne,
40:58je suis désolé de dire qu'à mon sens,
41:00en tant qu'observateur qui ne votera pas à gauche,
41:02ni Mayer-Rossignol, ni Brun,
41:04ni Boris Vallaud, ni Olivier Faure,
41:06pour moi, ne sont dans le match
41:08du leadership à gauche.
41:10Le match, il se joue entre, éventuellement,
41:12Hollande, qui, malgré tout, garde
41:14beaucoup de talent et de sympathie,
41:16Glucksmann, qui incarne quelque chose,
41:18une espèce de boboserie,
41:20l'Europe, etc., et ça plaît
41:22à beaucoup d'électeurs de gauche,
41:24et, éventuellement, de l'autre côté,
41:26Jean-Luc Mélenchon, et peut-être
41:28un jeune, genre Clémence Guettet,
41:30qui ferait une espèce de percée inattendue.
41:32Mais je suis désolé de dire,
41:34pour ces gens, qui sont sans doute respectables,
41:36mais c'est des apparatchiks,
41:38et notre époque n'est plus aux apparatchiks.
41:40Notre époque, elle est à est-ce que
41:42vous imprimez ou pas médiatiquement,
41:44et je suis désolé de dire qu'ils n'impriment pas du tout médiatiquement.
41:46Pendant ce temps-là, Jean-Luc Mélenchon multiplie
41:48les déplacements à l'étranger.
41:50Il y a une dizaine de jours, il était au Mexique,
41:52et il semble s'y plaire. Écoutez-le.
41:54Ce matin a lieu,
41:56sur la place centrale de Mexico,
41:58qui s'appelle Socalo, la place du socle,
42:00une cérémonie
42:02tout à fait incroyable.
42:04Il s'agit d'une cérémonie officielle
42:06à la mémoire de Cuauhtémoc,
42:08qui est l'empereur mexicain,
42:10qui a succédé à Montezuma
42:12après que les Espagnols l'aient assassiné.
42:14Et donc, cette forme
42:16extraordinaire de créolisation
42:18m'a paru assez intéressante.
42:20Il a besoin de soigner son image à l'international,
42:22Jean-Luc Mélenchon ?
42:24Non, mais guide touristique,
42:26c'est un débouché tout à fait respectable.
42:28On est démonétisé
42:30sur le plan politique.
42:32Plus sérieusement,
42:36il n'y a pas d'espace
42:38dans le débat politique français
42:40pour Mélenchon aujourd'hui.
42:42Le leadership
42:44a été perdu
42:46dans une certaine mesure.
42:48Donc, il est sur ce qu'il aime le plus
42:50en réalité,
42:52c'est l'international,
42:54parce qu'il est dans cette idée,
42:56cette vieille idée de Trotskyiste,
42:58que rien ne se joue dans les frontières nationales,
43:00que tout se joue à l'échelle mondiale
43:02et internationale.
43:04Le problème, c'est que
43:06sur le plan international,
43:08la ligne de Mélenchon, c'est caramba,
43:10encore raté.
43:12Virginie, là-dessus, il n'y a pas d'espace
43:14pour Jean-Luc Mélenchon,
43:16nous dit notre camarade.
43:18Si, effectivement,
43:20il est détesté, les sondages le montrent,
43:22mais son espace,
43:24personne à gauche aujourd'hui n'est capable
43:26de faire son score plancher.
43:28Si Glucksmann et Hollande...
43:30Plus de 20%.
43:32Il faut être réaliste.
43:34On n'en sait rien pour le moment.
43:36On a un sondage, le dernier,
43:38sur des législatives, en tout cas,
43:40qui dit que PS, plus PC,
43:42plus les Verts,
43:44ça fait aux alentours
43:46de 20-21%.
43:48Quand elle est faite,
43:50il fait 10.
43:52Donc, le socle de Jean-Luc Mélenchon,
43:54je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui,
43:56il soit plus fort
43:58qu'un Glucksmann candidat,
44:00qui n'est pas le candidat de la boboïtude,
44:02mais peut-être d'un truc qui s'appelle
44:04la social-démocratie, qui a montré
44:06son utilité, cher Charles.
44:08Restons à gauche, mais revenons en France,
44:10plus précisément à Paris.
44:12Anne Hidalgo sort un livre-bilan sur ces années
44:14à la capitale. La maire, qui, vous le savez,
44:16ne briguera pas de 3e mandat
44:18à l'occasion des élections municipales
44:20de 2026, a décidé de raconter
44:22sa décennie au pouvoir. Mais d'où
44:24vient le Hidalgo bashing ?
44:26Pourquoi la maire de Paris
44:28suscite tant de haine ? On lui a posé la question
44:30cette semaine. Écoutez.
44:32Une femme de gauche, féministe,
44:34née à l'étranger de milieux très modestes,
44:36ça faisait beaucoup pour des gens
44:38qui considèrent que Paris, c'était
44:40leur propriété, et que quand même,
44:42tout ça devait
44:44être envoyé à l'illégitimité.
44:46Et là, ce
44:48combat-là sur la question
44:50de la légitimité, je l'ai mené
44:52avec beaucoup de force et de conviction.
44:54Le Hidalgo bashing est-il
44:56justifié, ou en tout cas un peu
44:58justifié ? Deux invités ne sont pas
45:00d'accord. Quelle surprise. D'un côté,
45:02on va retrouver Alexandra, de l'autre,
45:04charge. Alexandra, vous allez commencer.
45:06Vous allez nous dire pourquoi, selon vous, le Hidalgo
45:08bashing n'est pas justifié. Vous avez
45:1035 secondes. Moi, j'en peux plus du Hidalgo
45:12bashing. Je sais par avance ce que va dire
45:14Charles. Je n'en peux plus
45:16de ces gens qui, par
45:18réflexe, tapent sur Hidalgo.
45:20Je trouve que
45:22cette femme est assez courageuse.
45:24Elle a fait pas mal de choses.
45:26Je trouve que quand on se balade dans Paris,
45:28elle a fait de Paris quelque chose
45:30d'un endroit formidable.
45:32Moi, de toute façon, j'adore Paris.
45:34Les Jeux
45:36Olympiques, quand même, auxquels elle a beaucoup participé,
45:38ont été une réussite.
45:40C'est vrai, elle n'imprime pas.
45:42Contrairement à Rachida Dati, qui a plein
45:44d'autres défauts, mais qui, elle, imprime.
45:46Mais c'est une femme
45:48courageuse. Elle aurait pu s'effondrer,
45:50après avoir fait un et quelques pourcents
45:52à la dernière présidentielle, où elle a été, en effet,
45:54très mauvaise. Elle n'a pas été bonne.
45:56Elle aurait pu s'effondrer. Non. Elle s'est relevée.
45:58Elle a continué. Elle a avancé.
46:00Moi, je trouve qu'elle ne mérite pas toute cette haine.
46:02Elle ne mérite pas toute cette haine, Charles.
46:04Je ne sais pas.
46:06Je ne sais pas. Elle explique
46:08que c'est parce qu'elle serait une femme de gauche,
46:10etc., etc.,
46:12qu'elle serait stigmatisée
46:14et que certains considèrent Paris comme leur propriété.
46:16C'est elle qui considère
46:18Paris comme sa propriété
46:20et qui, à mon sens, a très largement abusé
46:22de son pouvoir. Je pense, d'ailleurs,
46:24qu'on ne devrait pas laisser autant de pouvoir
46:26à une municipalité.
46:28Je pense, moi, qu'elle a détruit
46:30sa ville. Je pense que Paris
46:32est devenue beaucoup plus difficile
46:34à vivre qu'avant, sous son
46:36mandat. Je constate qu'elle
46:38persécute maintenant même ceux
46:40qui se plient à ses dictates, puisque, figurez-vous,
46:42on l'a vu récemment,
46:44les vélos, maintenant, reçoivent des amendes
46:46pour excès de vitesse. Il fallait quand même
46:48le faire. Donc, même ceux qui se plient
46:50à la pion-guinguisation de Paris
46:52reçoivent des amendes.
46:54Et moi, je suis désolé, mais cette ville qui est
46:56devenue juste un centre pour les touristes
46:58et un reste invivable,
47:00je trouve ça horrible.
47:02Est-ce qu'un homme aurait été traité
47:04de la même façon qu'Anne Hidalgo ?
47:06C'est ce qu'elle nous dit un peu dans ce sonore.
47:08Elle nous dit, je suis une femme.
47:10Si ça avait été un homme, on l'aurait traité
47:12de la même façon, Virginie.
47:14Je ne m'étais pas posée la question, mais je pense que...
47:16C'est vrai qu'elle a beaucoup de courage.
47:18Est-ce que si elle avait été un homme ?
47:20Je ne sais pas.
47:22Moi, ce que je me dis, c'est surtout
47:24qu'elle a découragé
47:26beaucoup de candidats, en fait, quand on y réfléchit.
47:28Vu la violence des attaques, la difficulté de la tâche,
47:30parce qu'être maire de Paris, c'est très compliqué,
47:32et on voit Rachida Delti...
47:34Là, on entend que sa candidature pourrait se dégonfler.
47:36Même Anne Hidalgo, elle-même,
47:38le dit, elle dit, je prends le pari
47:40qu'elle ne sera pas candidate. On voit les macronistes
47:42Clément Bonne, Gabriel Attal, plus personne ne veut Paris.
47:44Donc, je pense que...
47:46C'est de quoi ? Elle fait peur ?
47:48C'est pas elle, c'est Paris.
47:50C'est gérer Paris qui fait peur, je pense.
47:52Moi, je suis d'accord. Beaucoup de courage.
47:54Est-ce que c'est parce que c'est une femme ?
47:56Non, je pense que c'est aussi parce que c'est quelqu'un de compliqué.
47:58Tout le monde le décrit, sectaire.
48:00Autoritaire.
48:02Brutale.
48:04Elle a eu des retours de bâton.
48:06C'est pas du tout comme Donald Trump.
48:08C'est Grégoire lui-même qui l'a dit.
48:10C'est Donald Trump.
48:12Il n'y aura pas les mêmes décisions,
48:14mais ce débat...
48:16Mais non, il n'y a pas de...
48:18L'idée,
48:20c'est parce que c'est une femme,
48:22est un argument trop facile,
48:24d'autant plus que, sur le plan politique,
48:26c'est un homme.
48:28C'est un homme politique.
48:30Elle s'est comportée...
48:32Il n'y a pas de féminité
48:34dans l'attitude, dans le style,
48:36dans l'action d'Anne Hidalgo.
48:38Elle est d'une violence infinie.
48:40Tout le monde explique
48:42qu'il y a un comportement très sectaire,
48:44très clanique,
48:46qui, en général, semble être l'apanage des hommes.
48:48Donc, il n'y a pas de...
48:50Comment dire ?
48:52C'est un animal politique, disons.
48:54L'attaque, là, n'existe pas.
48:56Je pense, une deuxième chose,
48:58c'est que le reproche,
49:00dans les bilans, il y a forcément...
49:02Il n'y a pas tout bien, tout mal, tout nul.
49:04Bon, il y a beaucoup de reproches
49:06qu'on peut lui faire. Moi, je vais lui en faire un.
49:08C'est une politique antisociale.
49:10C'est-à-dire que le moment...
49:12Je veux dire, c'est tout pour
49:14les plus riches, les bobos,
49:16et rien pour les banlieusards
49:18qui crèvent,
49:20qui soient sur le périphérique pendant des heures.
49:22Rien pour eux.
49:24Donc, c'est une politique de classe, en réalité.
49:26Voilà une socialiste qui a fait
49:28une politique de classe à Paris.
49:30Puis, la dernière chose, c'est que les Parisiens,
49:32ils sont dans une ville capitale.
49:34Donc, ils aiment être fiers de leur maire.
49:36Et quand vous faites cette campagne présidentielle
49:38aussi effroyable, vous en avez
49:40des conséquences. Je n'aurais pas dit
49:42la même chose d'Anne Hidalgo si, après la présidentielle,
49:44elle avait fait comme ça se fait
49:46dans le reste du monde.
49:48Elle avait dit, je m'en vais.
49:50Il est tellement fort à Paris
49:52que j'en tire les conséquences
49:54et que je m'en vais
49:56ces quelques années de trop
49:58dont j'hésite à donner le nombre.
50:00Une proposition de loi
50:02macroniste est actuellement dans les tuyaux du Parlement.
50:04Elle prévoit de changer le mode de scrutin
50:06à Paris, Lyon et Marseille.
50:08En gros, il s'agit de rendre l'élection du maire de ces villes
50:10plus directe. Le texte sera examiné
50:12normalement début avril,
50:14mais Anne Hidalgo y est fermement opposée.
50:16Écoutez-la.
50:18C'est un tripatouillage, ce qu'ils sont en train de faire,
50:20partant de gros mensonges.
50:22Expliquez, mais vraiment, les yeux
50:24dans les yeux, aux Français,
50:26que le maire de Paris, la maire de Paris
50:28ne serait pas élue comme les autres
50:30maires de France, mais c'est un mensonge éhonté.
50:32Pourquoi on a besoin de mentir
50:34pour justifier un tripatouillage électoral ?
50:36Parce que ce sont des gens
50:38qui n'ont pas réussi à s'implanter,
50:40qui n'ont pas réussi à gagner. Le maire de Paris
50:42est élu, comme tous les maires de France,
50:44par son conseil municipal.
50:46Un gros tripatouillage à droite ne peut pas
50:48remporter Paris, c'est ce que dit Anne Hidalgo.
50:50Elle est d'une mauvaise foi.
50:52Pardon, c'est d'une mauvaise foi incroyable.
50:54C'est-à-dire qu'il y a un système
50:56qui est une espèce d'usine à gaz
50:58avec le système du collège électoral,
51:00des élus d'arrondissement, etc.
51:02Personne ne comprend rien à ce système.
51:04On propose un système très simple
51:06et le plus démocratique qui soit.
51:08À un an de l'élection, quand même.
51:10Mais parce qu'il fallait le faire avant.
51:12C'est l'élection au suffrage universel direct,
51:14un électeur, une voix.
51:16C'est quand même difficile de contester
51:18un tel mode de scrutin.
51:20Et Mme Hidalgo est d'une telle mauvaise foi
51:22que même ça, elle le qualifie
51:24de tripatouillage électoral.
51:26Orwell aurait été ravi d'entendre ce discours.
51:28Il en aurait fait quelques pages.
51:30Les arguments sont entendables,
51:32à un an d'un scrutin aussi important.
51:34Le tripatouillage est clair.
51:36L'idée de base, je suis d'accord avec vous,
51:38Sylvain Maillard et David Damiel
51:40voulaient faire un maire, une voix,
51:42à l'origine de la proposition de loi.
51:44Sauf que c'est plus du tout ça.
51:46J'ai suivi le psychodrame cette semaine.
51:48On m'a envoyé l'amendement de la nouvelle mouture.
51:50On est allés chercher,
51:52dans le droit du scrutin,
51:54Guyanais.
51:56Parce que personne n'en veut, de cette loi.
51:58Les sénateurs n'en veulent pas.
52:00Gérard Larcher l'a dit. Les socialistes n'en veulent pas.
52:02Les Marseillais n'en veulent pas.
52:04Personne n'a compris, dans la majorité,
52:06pourquoi François Bayrou
52:08veut absolument inscrire cette loi
52:10parce que tout le monde dénonce le timing.
52:12C'est vrai qu'on est à un an de l'élection,
52:14on ne peut pas changer les règles du jeu
52:16et aller chercher un scrutin Guyanais
52:18parce qu'on n'arrive pas à écrire cette loi.
52:20Comme chaque semaine,
52:22on termine par un top flop.
52:24Une question simple
52:26qui a marqué l'actualité de la semaine
52:28en bien et ou en mal.
52:30Jean-Luc, le top de la semaine, c'est qui ?
52:32C'est Claude Maluret.
52:34C'est très rare
52:36qu'un discours d'un parlementaire français
52:38fasse le tour du monde.
52:40C'est le cas de son discours
52:42sur Trump,
52:44la cour de Néron,
52:46Elon Musk
52:48discours d'un bouffon
52:50sous kétamine.
52:52Les Américains eux-mêmes se demandent
52:54pourquoi ils n'ont pas chez eux
52:56la ressource pour dire ce genre de choses.
52:58Le flop de la semaine.
53:00Marion Maréchal-Le Pen,
53:02les comptes de campagne
53:04recalés à 400 000 euros,
53:06ça fait quand même pas mal
53:08d'argent pour des dépenses inconsidérées,
53:10dont certaines sont sans doute discutables
53:12pour des agences de communication,
53:14d'autres le sont moins
53:16sur la qualité des hôtels.
53:18Là, les draps devaient être très propres.
53:20Alexandra, le top de la semaine, c'est quel livre ?
53:22Le top, c'est ce livre
53:24d'une bibliothèque à l'autre qui sort la semaine prochaine.
53:26C'est un bibliothécaire
53:28qui en a eu l'idée,
53:30du Lotte et Garonne, Romain Boissier,
53:32qui a demandé à plusieurs auteurs,
53:34Mathieu, Brigitte Giraud,
53:36Soeur Chalondon et moi,
53:38d'écrire un texte en hommage aux bibliothèques
53:40et tous les droits seront reversés
53:42à Bibliothèques sans frontières.
53:44Et le flop de la semaine ?
53:46Le flop, c'est ce qui s'est passé,
53:48on n'en a pas beaucoup parlé,
53:50Sam Altman, le patron de OpenAI,
53:52a raconté que son...
53:54Comment il s'appelle ?
53:56Son Chachupiti,
53:58était maintenant capable
54:00d'écrire un roman.
54:02D'écrire une nouvelle.
54:04Et on a sondé, on a montré cette nouvelle
54:06à quatre intelligences artificielles.
54:08Figurez-vous que trois intelligences artificielles
54:10sur quatre ont dit
54:12que cette nouvelle a été écrite par un humain.
54:14Je trouve ça extrêmement flippant.
54:16Charles, le top de la semaine.
54:18J'aurais dû l'apporter, c'est le dernier livre
54:20de Frédéric Beigbeder qui s'appelle
54:22Un homme seul, peut-être qu'on va avoir l'image.
54:24Qui est le récit
54:26par Frédéric Beigbeder de l'histoire de son père
54:28qui a été dans un pensionnat un peu comme
54:30Bétharame, qui a beaucoup souffert
54:32enfant et qui ensuite,
54:34dont il s'est aperçu tardivement qu'il était
54:36un agent américain. Je trouve que c'est
54:38un livre très bien écrit, très intelligent et très touchant.
54:40Et le flop de la semaine.
54:42Et mon flop, c'est pas très original, c'est un rapport
54:44de la Cour des Comptes, pardon, c'est un peu
54:46rabat-joie, sur le Conseil économique, social
54:48et environnemental qui fait
54:50n'importe quoi avec l'argent public.
54:52Virginie, le top de la semaine.
54:54Mon top, c'est un livre, Clément Tonant, au conseil d'Edouard Philippe,
54:56qui propose un super livre,
54:58Gouverner l'avenir.
55:00On parlait de la course des petits chevaux, 2027.
55:02Là, on a une vraie réflexion d'un conseiller d'Etat
55:04sur plein de sujets,
55:06l'adaptation au changement climatique, une pensée
55:08de droite, mais appliquée à l'écologie.
55:10Donc ça vaut vraiment le coup de le lire.
55:12Et mon flop, c'est Donald Trump, évidemment,
55:14et sa menace d'augmenter les droits de douane sur le vin
55:16et le champagne de 200%.
55:18On est en pleine brutalité, sur un chair protectionniste
55:20et on voit pas très bien comment on s'en sort.
55:22Et on en reparlera, me semble-t-il,
55:24la semaine prochaine, j'imagine. C'est la fin de cette émission.
55:26Merci à tous les quatre.
55:28Salut à vous et à votre écran.
55:30Faut-il vous rappeler que cette émission est disponible en podcast.
55:32Vous pouvez aussi, évidemment, la voir en replay
55:34sur public-sénat.fr.
55:36On se retrouve la semaine prochaine, même jour, même heure
55:38et même endroit. Bye bye.