«On aurait pu éviter 340 meurtres», selon Christophe Eoche-Duval, essayiste et juriste, donnant le chiffre de 340 auteurs de meurtre récidivistes ces dix dernières années, dans La Matinale sur CNEWS ce vendredi 7 février.
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00:00D'abord, un instant d'hommage à François, il faut le nommer.
00:04Il faut nommer les êtres humains qui sont assassinés,
00:07à qui on applique la peine de mort,
00:09alors qu'elle a été antérieurement abolie depuis 1981.
00:12François, après Johanne, qu'on appelait Jo,
00:16ont été tous les deux assassinés par la même personne.
00:18Ça pose deux questions.
00:20La récidive dans l'homicide.
00:22L'auteur, Soufiane, de ce terrible meurtre,
00:26effectivement abominable sur le plan des faits,
00:29fait partie des 340 auteurs d'homicides récidivistes
00:34sur les dix dernières années.
00:36On aurait pu éviter 340 meurtres,
00:40je le dis tout fort et tout haut ce matin.
00:44Et deuxièmement, ça pose la question de la responsabilité pénale.
00:48Effectivement, je ne vais pas refaire un cours de droit
00:50à cette heure-ci du café et du croissant.
00:52C'est un principe civilisationnel.
00:55Mais une question se pose, c'est la place de la victime
00:59dans l'appréciation de cette irresponsabilité.
01:03On ne fait pas partager la victime de ce choix, de cette décision,
01:06qui est pourtant fondamentale, parce qu'elle privera d'un procès.
01:09Je dirais que Johanne avait deux enfants mineurs.
01:12Johanne, qui a été tuée en 2015,
01:17et alors que l'auteur des faits avait lui-même déjà commis
01:20une alerte, si je puis dire, pour les services de police et de justice
01:22en 2012, avec des violences graves qui ont également donné lieu
01:26à une irresponsabilité pénale.
01:27Donc, les deux enfants de Johanne, je ne sais pas si François en avait,
01:31je ne crois pas, n'auront jamais connu de procès
01:36de la responsabilité ou pas de cette personne et n'auront jamais connu
01:39le suivi de cette personne.
01:41Parce que c'est ça où je veux en venir.
01:42La faute de l'État, le dysfonctionnement d'État,
01:46c'est le sous-titre de mon livre, c'est un sous-titre grave,
01:48mais il faut parler de choses graves.
01:50Eh bien, le dysfonctionnement d'État, c'est que les victimes n'étant
01:54pas associées, parce que n'étant pas une partie égale à toutes les phases
01:59du procès, depuis l'enquête préliminaire jusqu'à la fin,
02:03c'est-à-dire jusqu'au suivi post-décision d'irresponsabilité,
02:07est-ce que les enfants de Johanne étaient au courant peut-être
02:12des décisions qui avaient été prises par les psychiatres ou pas ?
02:14Peuvent-ils les mettre en cause ?
02:16Peuvent-ils demander une troisième expertise ?
02:19La réponse, c'est non.
02:20Il y a un vrai vide juridique.
02:21Moi, je suis sûr que Gérard Damanin et Bruno Rotailleau sont sensibles
02:25à la question de la place de la victime en France dans le droit pénal,
02:29dans le droit de procès pénal.