Dans son édito du 07/02/2025, Paul Sugy revient sur la possible tenue d'un référendum.
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00:00Le Président de la République semble de plus en plus déterminé à annoncer, très bientôt nous dit-on, la tenue d'un référendum.
00:07Est-ce que ça permettrait de sortir de la crise politique dans laquelle nous sommes ?
00:11Disons que si le référendum ne le permet pas, on ne voit plus ce qui pourra nous extraire de cette crise politique.
00:17L'ensemble des institutions démocratiques aujourd'hui sont paralysées, réduites au bavardage ou à l'immobilisme,
00:22ce qui est la pire des choses en vue de l'état du pays bien entendu.
00:24Le Président de la République d'abord, qui est la clé de voûte du régime politique de la Ve République,
00:28et qui, on le sait, est très affaibli, sans doute aussi parce que les présidences de Nicolas Sarkozy puis d'Emmanuel Macron
00:33ont voulu mettre le Président plus que jamais au cœur du système.
00:37La défiance, c'est un peu l'hyper-présidence qui vous revient à la tête comme un boomerang.
00:40Si vous êtes responsable de tout, alors les Français mécontents ne vous pardonnent plus rien.
00:44Et puis pour le Parlement, bien sûr, il est neutralisé par l'équilibre des forces contraires
00:48et incapable de soutenir les vraies réformes dont le pays a pourtant besoin.
00:51Donc dans ce contexte, retourner au peuple, c'est la seule logique qui s'impose.
00:55Si ni nos dirigeants ni nos représentants n'ont les moyens de débloquer la situation,
00:58alors seul le peuple a encore les clés dans les mains.
01:00Alors reste à savoir ce qu'on demande au peuple, ce qu'on demande aux Français.
01:04Bien vu, et c'est là pourtant que le bas blesse.
01:06Il semble désormais clair que la Constitution verrouille en partie l'exercice du référendum
01:10et prive donc le chef de l'État et le Premier ministre de la possibilité de consulter les Français sur des politiques majeures du moment.
01:17Première d'entre elles évidemment, l'immigration, dont on a bien compris que cette politique ne pouvait pas rentrer dans le champ d'un référendum,
01:24obstruée par les articles de la Constitution qui verrouillent le champ des sujets sur lesquels le peuple peut être consulté.
01:32Pourtant, un référendum sur l'immigration serait plus que jamais nécessaire.
01:34On sait bien que l'action de la France sur ce domaine, malgré une volonté populaire assez claire
01:38et qui s'exprime encore élection après élection, est empêchée par nos engagements internationaux à travers les traités
01:44et aussi par les garde-fous constitutionnels.
01:46Donc seul un référendum pourrait lever ces freins et pourtant nous en sommes empêchés,
01:50à moins de poser une question microscopique sur tel ou tel volet de la politique sociale à l'égard des immigrés, des étrangers.
01:56Mais enfin, même cela, ce n'est pas si sûr puisqu'on avait vu par exemple les Républicains se faire empêcher par le Conseil constitutionnel l'an dernier
02:03sur leur projet de référendum d'initiative partagée au motif que certaines des mesures sociales qu'ils entendaient supprimer ou diminuer
02:09contreviendraient de façon trop importante aux droits fondamentaux des étrangers.
02:14Vous voyez, même là, la Constitution permet finalement d'empêcher de consulter les Français sur des questions majeures.
02:19Il n'y a aucune question fondamentale que le Président de la République pourrait poser ?
02:23Dans le champ qui lui est imparti, alors le chef de l'État pourrait poser des questions de politique économique.
02:27Mais enfin, ça fait maintenant une centaine de jours qu'on a débattu du budget,
02:30on ne le voit pas très bien vouloir rouvrir encore une fois la boîte de Pandore
02:33et donc la foire aux comptes publics où l'on passe en revue l'ensemble des subventions et des taxes de l'État.
02:37Reste la politique sociale, mais y-a-t-il une véritable question fondamentale en matière de politique sociale ?
02:42Alors on pourrait atomiser le référendum, poser tout un ensemble de questions
02:47et les Français, à la manière d'une votation suisse, répondraient par oui ou par non à chacune d'entre elles.
02:50Ce serait pratiquement un QCM.
02:51Pas sûr que cet exercice de consultation redonne beaucoup d'emphase à la vie politique.
02:56Et viennent enfin les institutions.
02:58Et là, ça devient sérieux.
02:59Dans les couloirs du pouvoir, on murmure qu'un référendum pourrait, par exemple,
03:02proposer l'instauration d'un vote à la proportionnelle, notamment aux élections législatives.
03:07Politique à laquelle François Bayrou, on le sait, est très attaché.
03:09Et le Parti socialiste d'une part, ou le Ration nationale d'autre part, applaudiraient des deux mains.
03:14Mais croyez-moi, le risque serait tellement important de donner à Marine Le Pen la possibilité
03:18de remporter l'ensemble de l'Assemblée nationale en 2027,
03:22que si jamais le président de la République va sur ce terrain, il le fera avec beaucoup, beaucoup de précautions.
03:26Le risque pour Emmanuel Macron, oui, de donner les clés du pouvoir à Marine Le Pen.
03:31Bon, on va suivre ça.
03:33Annonce dans quel...
03:34Le président de la République parlera sur le journal télévisé de France 2 dimanche soir.
03:37Est-ce que ça serait l'occasion pour lui d'en parler ?
03:39Ah, je pense qu'il va parler.
03:40Il y a alors.
03:41Il y a.
03:41Vous pensez qu'il peut annoncer un référendum dimanche soir ?
03:43Non, c'est un peu tôt, je pense que c'est plus le début mars.
03:45En tout cas, ce qu'on dit, c'est que le président de la République veut faire des annonces bientôt,
03:48et surtout, il veut enfouir définitivement maintenant la séquence budgétaire pour passer à autre chose.