Dans son édito du 12/12/2024, Paul Sugy revient sur la nomination d'un nouveau Premier ministre.
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00:007h53, Paul Sujet avec nous, ça va Paul ?
00:03Oui bonjour Romain.
00:04On va parler du pacte de non-censure.
00:06Est-ce qu'on se dirige vers la création, la composition d'un gouvernement pour rien ?
00:11Emmanuel Macron a promis un Premier ministre avant ce soir,
00:15mais reconnaît qu'il n'a pas vraiment su élargir ce qu'on appelle le socle commun, en clair le centre.
00:21Que ce soit, quel que soit ce Premier ministre, il ne tiendra, ce Premier ministre,
00:27il ne tiendra que si le Rassemblement National ou une partie de la gauche s'engage cette fois à ne pas voter la censure.
00:34Oui Romain, en clair, il tiendra avec la même épée de Damoclès que Michel Barnier avait depuis le premier jour de son poste à Matignon.
00:40Au-dessus de la tête, à ceci près, et c'est probablement beaucoup moins confortable que Michel Barnier avait au moins une certitude,
00:46c'est qu'il avait toute la gauche contre lui et qu'il serait censuré par la gauche quoi qu'il arrive.
00:49Il savait donc que là où il avait un challenge à relever, c'était du côté du Rassemblement National.
00:53Cette fois, si les écologistes et les socialistes laissent planer le doute sur le vote ou non d'une motion de censure dans les mois à venir,
01:00c'est une incertitude de plus qui se rajoute.
01:02Et s'il s'engage sur un pacte de non-censure, peu probable, mais enfin pourquoi pas, c'est encore pire.
01:07Au fond, ça voudrait dire que tous les faits et gestes du futur Premier ministre seront surveillés,
01:12chacun d'eux pouvant constituer une remise en cause de cet accord, autorisant cette fois le coup près de la censure à lui tomber sur la tête.
01:20Et s'ILR, par exemple, ne participait pas à ce gouvernement de non-censure,
01:25eh bien ça serait encore pire là aussi, puisque par exemple François-Xavier Bellamy
01:29dit ce matin dans le Figaro que lui aussi considère que les Républicains peuvent actionner le levier de la censure
01:34si jamais le gouvernement fait une politique qui ne leur convient pas.
01:37Bon, dans de telles conditions, qu'est-ce que peut faire un tel Premier ministre ?
01:40Bah rien évidemment, ou enfin durer, ce qui serait déjà pas mal, et ce sera d'ailleurs tout ce qu'on lui demande.
01:46C'est le problème de ce gouvernement de non-censure, l'expression est d'ailleurs extrêmement malheureuse,
01:50mais enfin il n'en existe aucune de bonne, un gouvernement technique ou un gouvernement d'intérêt national,
01:55qu'est-ce que ça veut dire ? Ca veut dire que les précédents gouvernements étaient incompétents
01:58ou qu'ils ne cherchaient pas l'intérêt de la nation.
02:00Bon, qu'est-ce que peut faire un gouvernement qui effectivement n'a que pour objectif de durer politiquement ?
02:05Peut-être une petite loi par-ci par-là sur le handicap, ça fait toujours plaisir,
02:09alors peut-être qu'il en faut, mais c'est quand même pas ça qu'on lui demande en priorité.
02:13Évidemment il pourra dépenser, Agnès Verdi-Moligny aura beaucoup de grains à moudre dans ses éditos,
02:17parce que lorsque personne n'est d'accord sur rien, la seule chose qui fait des consensus politiques,
02:21c'est de distribuer de l'argent public, et éventuellement, alors sauf si François Bayrou
02:26a été Premier ministre parce que lui est opposé, mais éventuellement une loi sur la fin de vie,
02:29dont on a bien vu que c'était l'un des rares sujets, l'euthanasie,
02:32qui pouvait réunir ensemble les forces politiques d'un bord à l'autre de l'échiquier.
02:37L'allégorie, le présage même serait terrible, ne se mettre d'accord sur rien en matière d'avenir,
02:41si ce n'est éventuellement de préparer le chemin d'une mort douce,
02:44c'est plus qu'une métaphore d'une nation qui va vers son suicide politique.
02:48Est-ce que le pays peut se permettre un tel immobilisme ?
02:51Romain, la réponse est dans votre question, le niveau ahurissant de la dépense publique,
02:55le niveau scolaire dont on parlait aussi hier dans cette matinale,
02:58le niveau de l'insécurité dans le pays commandent évidemment des mesures politiques fortes,
03:02c'est-à-dire décidées et qui ne peuvent pas tenir compte du bon vouloir de chacun,
03:07puisqu'on est dans une situation politique bloquée par l'impasse dans laquelle on est,
03:12face à la divergence des points de vue.
03:14Par exemple, prenez simplement la drogue, c'est la une du Figaro ce matin,
03:18la drogue qui arrive jusque dans les moindres campagnes françaises.
03:22Comment est-ce que vous pouvez faire un gouvernement de consensus
03:24qui tient compte d'un équilibre entre la position de certains écologistes
03:27qui veulent légaliser le cannabis ou multiplier les salles de shoot,
03:30comme le réclament les écologistes à Marseille,
03:32ou la ligne de Bruno Retailleau sur le sujet ?
03:34On voit bien que dans un tel contexte,
03:36essayer de contenter tout le monde est strictement impossible
03:38et nous condamne une fois encore à l'immobilisme.