Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l’invité du Face-à-Face de ce lundi 10 février sur BFMTV et RMC. Il est interrogé sur le droit du sol, qui fait l'objet d'une proposition de loi restreignant son application à Mayotte.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00C'est-à-dire, est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez qu'il faudrait restreindre le droit du sol ?
00:06Non, pas du tout.
00:07Pas du tout ? En aucune manière ?
00:09Mais justement, si on parle d'identité de la France,
00:12pardon, mais enfin, ça fait cinq siècles que le droit du sol,
00:15bien avant même la révolution française, était déjà la règle.
00:19Tout à fait, depuis 1515 même, pour être tout à fait précis.
00:22Voilà, exactement.
00:23Et donc, on a là un des éléments constitutifs de ce que nous sommes,
00:27qui a été consolidé ensuite par la révolution, par la République.
00:29Mais ensuite, il y a eu des contours, c'est-à-dire, il y a la question de l'automaticité,
00:34ou non, de la nationalité française avec le droit du sol.
00:38Et il y a désormais cette question, vous évoquiez vous-même l'idée
00:41qu'être français, c'est partager un certain nombre de valeurs,
00:46et même un projet commun.
00:48Est-ce qu'il faut que ce soit exprimé ?
00:50Ma question, c'est, est-ce que partager ce projet,
00:53c'est automatique quand vous naissez en France,
00:55et donc que vous devenez français à 18 ans,
00:58ou est-ce que, comme certains au gouvernement
01:01commencent à le laisser entendre,
01:02il faudrait exprimer la volonté de partager ce projet,
01:06c'est-à-dire demander cette nationalité ?
01:09À peine de ma l'herbe.
01:10Vous, vous avez demandé à quel moment votre nationalité française,
01:15à quel moment allez-vous exprimer votre adhésion au projet ?
01:18Moi non plus, je ne l'ai pas fait.
01:20Oui, mais c'est la question, je ne sais pas si vos deux parents...
01:22Pourquoi le demanderais-je ?
01:23Olivier Faure, votre question est un peu étrange,
01:25parce que vous-même, vous le savez,
01:26en France, il y a deux manières de devenir français.
01:27Oui, bien sûr.
01:28Il y a le droit du sang et le droit du sol.
01:30On ne vous a pas demandé, parce qu'effectivement,
01:33vous rentrez dans la première catégorie.
01:35La question, c'est la deuxième.
01:36Est-ce qu'effectivement, Olivier Faure,
01:38vous considérez aujourd'hui, et ça, ça a évolué,
01:40ça a évolué y compris récemment.
01:41Parfois, il faut encore faire la démonstration
01:44d'y avoir vécu cinq ans.
01:45Est-ce que ça doit être moins ?
01:46Est-ce que ça doit être plus ?
01:47Je ne vous dis pas forcément qu'il faut le durcir.
01:49Est-ce qu'il faut changer ces règles-là ?
01:51Non, il ne faut pas les changer.
01:52Et ce que je dis simplement, c'est que,
01:54je disais effectivement, la France est un projet,
01:56au sens où ça n'est pas simplement une histoire,
01:59un patrimoine, une langue,
02:00mais c'est aussi un projet partagé.
02:02Mais ce projet, c'est à nous de le faire partager,
02:05à celles et ceux qui vivent sur notre sol.
02:07Et quand vous avez un enfant qui est né en France,
02:09qui ne connaît que la France,
02:10vous voulez lui refuser vraiment
02:12la capacité à devenir français à 18 ans ?
02:15Mais pour quelle autre nationalité ?
02:17Pour quel autre pays qu'il ne connaît pas ?
02:19La vérité, c'est qu'on est là où on vit.
02:23On est là où on vit.
02:24Et la réalité, elle est celle-là.
02:26Et donc, je ne vois pas très bien
02:28quelle est la vision exprimée aujourd'hui.
02:30Il n'y a pas besoin d'exprimer le partage
02:31de ces valeurs dont vous parliez.
02:33Il n'y a pas besoin de les exprimer.
02:35Mais l'expression, elle doit être quotidienne
02:38et elle doit d'abord venir de celles et ceux
02:41qui ont la charge du pays
02:42de faire partager un projet,
02:43de fédérer l'autre d'un projet.
02:45Voilà ce que moi je crois.
02:46Et je ne comprends pas très bien
02:49comment on irait demander à un jeune de 16 ans
02:51de lui demander de partager un projet
02:53qu'il ne connaît pas.