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00:00Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques éloigné le
00:21spectre d'une crise économique à la CEMAC. Le sujet était à l'origine du sommet extraordinaire
00:27des chefs d'État et de gouvernement de la sous-région, tenu le lundi 16 décembre 2024 ici
00:32à Yaoundé, à l'initiative du président de la République, son excellence Paul Biya, et de son
00:37homologue centrafricain Faustin-Archange Toit-Dérat. La sous-région présente des signaux d'alerte
00:43préoccupants consécutifs au non-respect des critères de convergence, à la baisse des réserves
00:50d'échanges, à des pratiques peu orthodoxes sur le marché des titres, ainsi qu'à la mise en
00:55oeuvre approximative des réformes issues des programmes économiques et financiers avec le
01:00Fonds monétaire international. L'économie de la sous-région est donc malade, d'où les résolutions
01:06et les engagements pris par la conférence des chefs d'État. Nous en parlerons au cours de
01:10cette édition. Également au menu de cette émission, l'avis défavorable de la Chambre
01:15des Comptes de la Cour suprême sur le rapport de la loi de règlement 2023, émis pour la deuxième
01:21fois de manière consécutive. Cet avis de la Chambre des Comptes fait suite à la non-exhaustivité
01:27de la comptabilité patrimoniale de l'État du Cameroun. Les causes de cette non-exhaustivité
01:33et les mesures envisagées seront abordées dans la deuxième partie de cette édition des questions
01:38économiques et nous recevrons alors M. Achille Basara qui est directeur de la comptabilité
01:44publique au ministère des Finances. Mais avant, parlons des défis qui interpellent l'ASSEMAC
01:49aujourd'hui et c'est avec le professeur Kelly Mwakingsley, ingénieur financier. Bonsoir et
01:54bienvenue sur le plateau. Bonsoir Lucrece. Alors face à ce qu'il est convenu d'appeler ou de
02:01qualifier de signaux d'alerte préoccupants concernant l'économie de la sous-région,
02:08un sommet s'est donc tenu, on l'a dit il y a quelques instants, mais on aimerait bien savoir,
02:13parlant de ces signaux d'alerte, quel est leur niveau de gravité ? Je pense que les
02:20signaux d'alerte sont assez critiques parce que ce n'est pas tous les jours qu'on voit les chefs
02:24d'État de la sous-région se réunir. S'ils ont décidé de se réunir, c'est parce que tous les
02:31signaux d'alerte qui peuvent être analysés à travers les critères de convergence montrent
02:37qu'il y a des efforts qu'il faut faire au niveau de tous les pays de la sous-région. Sinon,
02:45on pourrait arriver à une situation économique catastrophique. Alors il y a un certain nombre
02:51de résolutions qui ont été prises, un certain nombre d'engagements qui ont été pris,
02:57mais je voudrais quand même donner quelques chiffres. L'inflation, par exemple, est de 5,3,
03:05sinon 6, alors que les critères de convergence se situent à 3%. La croissance est certes en nette
03:15amélioration par rapport à l'année 2019, l'année du Covid, où elle était négative avec une taux
03:21de croissance de moins de 1,5%. Les projections même de croissance pour l'année 2024 sont à 3,7
03:30et 3% pour l'année 2025. Mais on continue de dire, et vous venez de le signaler, qu'il y a
03:37des signaux d'alerte du fait d'un certain nombre de dérives, disons-le ainsi. Alors il y a un
03:45certain nombre de résolutions qui ont été adoptées par les chefs d'État et de gouvernement de la
03:51sous-région, notamment l'application de la réglementation des changes, précisément le
03:56rapatriement des dévises par les États et les entreprises du secteur extractif. Mais comment
04:03inciter les uns et les autres à respecter cette application? Vous savez, l'augmentation du niveau
04:12de réserve passe forcément par le rapatriement de ces ressources du secteur extractif. La
04:19difficulté qui se pose ici aujourd'hui, c'est que le secteur extractif est quelque chose qui est
04:24de nouveau, qui est récemment en train d'être développé, et les exportations dans ce secteur
04:32ne sont pas véritablement captées. Parce que si c'est capté, il faut absolument que ce soit
04:38rapatrié. Mais la véritable difficulté se pose au niveau du respect de la réglementation des
04:43changes. Vous savez, la réglementation des changes a fait couler beaucoup d'encre, dans la mesure où
04:48les gens étaient habitués, les pays de la sous-région étaient habitués de fonctionner d'une
04:52certaine manière, qui était, on peut dire, un peu analogue ou bien hors de la loi. Aujourd'hui,
04:58avec la réglementation des changes, ça vient apporter une nette amélioration ou des strictes
05:05mesures qui vont permettre à ce que nous puissions, n'est-ce pas, raflouer notre compte de réserve.
05:13Mais la véritable difficulté, c'est dans son application. L'application, je ne sais pas si
05:18le challenge est au niveau de la vulgarisation ou bien de la compréhension, mais le flou fait
05:24bénéficier beaucoup de ceux qui sont dans ce secteur et qui pensent qu'ils peuvent continuer,
05:31n'est-ce pas, à bénéficier des ressources de ce secteur extractif. Mais je pense que le premier
05:36plus profond, il est structurel. Il faut mettre un peu plus de l'ordre dans ce secteur. Si vous
05:43regardez le rapport de l'ITI, le récent rapport, vous voyez que le Cameroun a été sanctionné.
05:52Le Cameroun a été classé dans la liste grise.
05:55Dans la liste grise, ce qui veut simplement dire qu'il y a un certain nombre de critères qui ne
05:59sont pas respectés. Et tout ce que nous devons essayer de faire, c'est de travailler pour voir
06:04dans quelle mesure on peut respecter ces critères, y compris, n'est-ce pas, le rapatriement des
06:09ressources qui vont nous aider à reconstituer notre réserve.
06:13Et ces réserves qui se situent aujourd'hui à deux mois, alors qu'on était déjà passé à
06:18presque quatre à six mois en 2023. Et en 2024, on voit que ça a chuté environ deux, trois mois,
06:27ce qui n'est pas quelque chose qui est réconfortant pour les pays de la sous-région.
06:31Alors je voudrais que vous insistiez sur cet aspect-là. Je rappelle que selon une étude de
06:36l'ABAQ, rapatrier les fonds dédiés à la restauration des sites menés ferait gagner
06:403 658 milliards de Francifa à la CEMAC. Ça, c'est une étude qui a été menée.
06:48Parfois, quand on parle de ces réserves-là, les gens ne comprennent pas pourquoi il est
06:53important d'avoir quatre mois, cinq mois, six mois de réserve. Est-ce que vous pouvez nous expliquer?
06:59Vous savez que toutes les opérations que nous faisons à l'extérieur, on fait un dévis.
07:03Oui, ça veut dire que ce n'est pas comme si le Cameroun ou bien un Camerounais lambda veut
07:10faire une opération à l'étranger. C'est le montant d'argent en CEFA qui est exporté à l'étranger.
07:17C'est nos réserves, n'est-ce pas, qui sont constituées, qui permettent de financer l'opération
07:22à l'extérieur. Donc, ça veut simplement dire que si on n'a pas de réserve, on n'a pas de commerce
07:28extérieur. Et nos causes économiques qui sont extraversées vont sombrer. Évidemment. Alors,
07:35il y a une autre résolution qui a été faite par les chefs de l'État et apporte notamment sur
07:41l'épinouse question des programmes avec le Fonds monétaire international. Pour ce qui est du
07:47Cameroun, on sait que notre pays s'attelle à mettre en oeuvre un certain nombre de réformes
07:53et d'autres pays également le font, notamment la République centrafricaine, le Congo également.
08:02Et ces trois pays-là étaient en attente d'un certain nombre d'appuis budgétaires. Sauf qu'à
08:08côté, tout à côté, d'autres pays peinent ou alors freinent à mettre en oeuvre ces différentes
08:14réformes. Et certains de ces pays seront engagés dans des opérations électorales.
08:23L'année prochaine, est-ce qu'il est possible d'engager les trois États manquants dans ces
08:29chantiers-là, de les amener à signer de nouveaux engagements avec le Fonds monétaire international?
08:35Vous savez, tout est possible. Ça dépend de votre point de vue ou bien de là où on se place pour
08:40apprécier. Il faut dire que le programme économique et financier avec le Fonds monétaire international,
08:48c'est un programme qui a pour objectif d'accompagner les États à faire des réformes. C'est vrai,
08:56on dit que ça accompagne d'un appui budgétaire, mais on voit que la valeur de l'appui budgétaire
09:01n'est pas grand-chose. Si on prend par exemple une économie comme le Cameroun, l'appui budgétaire
09:06pour le premier programme était environ 360 milliards. Si on divise 360 milliards fois 3,
09:12ça ne représente pas grand-chose pour un budget de plus de 6 ou 7 000 milliards,
09:16comme nous l'avions aujourd'hui. Ça veut dire que même sans cet appui, on peut vivre. Mais le
09:22véritable souci, c'est quoi? Le véritable souci, c'est de voir comment est-ce qu'on peut amener des
09:27réformes qui peuvent, à long terme ou bien à très court terme, nous rendre indépendants sur le plan
09:33financier. Les économies de la sous-région, à un moment donné, pour certains pays qui dépensent
09:38sur le pétrole, avaient eu un boom. Le boom a fait en sorte qu'ils aient un niveau de vie qui est
09:44quand même assez élevé. Du jour au lendemain, avec la chute des prix des matières premières,
09:49ils ont perdu à quoi financer ce niveau de vie qu'ils avaient dans le temps. La solution,
09:57c'était quoi? C'était de trouver des alternatives. La première question qu'il faut se poser,
10:01c'est qu'est-ce qu'en trois ans, si on signe un programme économique avec le Fonds monétaire,
10:05on peut réellement changer l'économie de sorte que ça permet de financer, de créer les activités
10:13qui peuvent financer ces gains? C'est la première chose qu'il faut regarder. Mais en même temps,
10:17ce programme permet, n'est-ce pas, de voir dans quelle mesure on peut mener quand même des réformes
10:24qui peuvent stabiliser l'économie et lui mettre un bon chemin qui peut permettre à l'économie
10:32de ces pays de se relever. Mais en même temps, on sait que les autres pays de la sous-région n'ont
10:40pas la capacité de diversification de l'économie que le Cameroun a. Et c'est justement l'un des
10:47problèmes. Il y a certains États qui ont une économie, on va dire, unijambiste, il n'y a que
10:52le pétrole. Une fois sorti du pétrole, il n'y a rien. Et ça, c'est un problème, pas seulement
10:56pour ces pays, mais c'est un problème pour l'ensemble de la sous-région. Oui, c'est pour
11:01l'ensemble de la sous-région, mais pas le Cameroun. Et c'est ça le problème, parce que le Cameroun,
11:05nous avions une économie qui est quand même assez diversifiée. Qui lui permet d'être résilient. Qui
11:09permet d'être résilient, parce que quand vous regardez la structure de nos budgets, vous voyez
11:13qu'en recette, la plupart des révenus viennent, c'est les révenus fiscaux, non fiscaux et non
11:19pétroliers. Les révenus pétroliers ne comptent pas pour grand chose. Donc ça veut dire que nos
11:23économies peuvent évoluer sans les ressources pétrolières. Mais quand cela ne tient, les autres
11:29pays de la sous-région n'ont pas le même problème, la même vision. Et ça fait que même s'ils veulent,
11:36entrer dans le programme avec le Fonds monétaire international, il faut véritablement négocier pour
11:42voir dans quelle mesure le Fonds peut les accompagner en tenant compte de leur contexte
11:47particulier. Professeur, je voudrais m'assurer que je vous ai bien compris. Est-ce que vous êtes
11:53en train de dire que ces programmes économiques et financiers ne sont pas nécessaires ? Non,
12:00je dis que c'est nécessaire parce que ça amène les réformes. Mais il faut les adapter au contexte
12:05de chaque État. Parce que le contexte du Cameroun n'est pas le même contexte que
12:11celle de la Guinée équatoriale. C'est pas comme le même contexte. C'est vrai qu'on a les dénominateurs
12:16parce qu'on est dans une même zone monétaire. Mais en même temps, il faut aussi regarder la
12:20capacité. On ne fabrique pas un nombre d'affaires du jour au lendemain. Les Camerounais de rien
12:25peuvent créer et fabriquer beaucoup de choses qui peuvent générer des révenus. Cette capacité
12:30n'est pas donnée à tous les États. Parmi les résolutions prises à Yaoundé, il y a la
12:37consolidation budgétaire réclamée, demandée aux États. Mais cette consolidation budgétaire
12:43passe par quoi concrètement ? La problématique avec la consolidation budgétaire, c'est les plaintes
12:47des partenaires bilatéraux qui se plaint de la surveillance multilatérale. Pour eux, les
12:54données financières, économiques et monétaires ne sont pas assez fiables. Donc il est question ici
12:59de voir dans quelle mesure il peut y avoir une régularité dans la production déjà de ces données,
13:06s'ouvrir à des réformes qui sont déjà en cours et mises en place pour essayer d'améliorer la
13:12gestion budgétaire, la structure du budget pour qu'elle soit un peu plus réaliste. Vous savez,
13:16aujourd'hui tout ce que nous avons comme résultat qui nous a amenés à l'organisation de ce sommet
13:24extraordinaire, c'est le fait que les résultats des observations des différents signaux sont
13:31négatifs. C'est négatif parce que dans un temps, en premier temps, la situation réelle est là,
13:36la vérité qui est objective, qui démontre qu'il y a une crise, mais en même temps aussi on se dit
13:43qu'on pouvait peut-être ne pas arriver à ce niveau si on avait une régularité dans la production des
13:49informations financières, des informations économiques, des informations budgétaires pour
13:54permettre à être mieux suivi, mieux accompagné pour réaliser les réformes dont nous sommes en
14:01train de travailler. Professeur, vous avez parlé des partenaires tout à l'heure. C'est vrai que la
14:06question que je vais vous poser n'a pas un lien direct avec la réponse que vous venez de me
14:10donner, mais nous sommes dans une zone, dans une sous-région en quête de développement,
14:17en quête de croissance d'abord, mais également en quête de développement. Et l'une des possibilités
14:23d'avoir des moyens pour pouvoir financer ce développement-là, c'est les IDE, les investissements
14:31directs étrangers. Or, la sous-région ne brille pas par ses sources de financement. On a l'impression
14:40que malgré son potentiel, elle peine cette sous-région à attirer les IDE. Je vais vous
14:46donner quelques chiffres. On l'a dit, à la hausse, ces IDE reçoivent 2%, mais on est toujours loin de
14:525,3% de l'année 2000, des années 2010-2016, par exemple. Qu'est-ce qu'il faut faire à ce niveau-là?
14:58Vous savez, pour bénéficier de ce type d'investissement, il faut démontrer
15:05cette crédibilité. La crédibilité passe par la particularité, n'est-ce pas, des conditions
15:11qui doivent être mises en place par les différents États. Il y a des risques à évaluer avant d'accepter
15:18ou bien de décider de pouvoir investir dans un pays. La première règle de l'investissement, c'est
15:23que je vais être sûr que les ressources que j'investis, je vais les avoir. Et quand on voit
15:29que le niveau de réserve est ce qu'elle est, quand on voit qu'il y a des risques politiques,
15:32quand on voit qu'il y a des risques économiques, quand on voit qu'il y a des chocs qui ne sont pas
15:37bien gérés dans certains pays, quand on voit qu'il y a un défaut des États au niveau du marché des
15:45capitaux, quand les agences de notation notent 2, 3, 4 ans consécutifs des pays, n'est-ce pas,
15:54avec des notes qui ne sont pas très encourageantes, ça devient un problème. C'est vrai qu'il y a
15:59certains investisseurs qui ont de l'appétit et le goût pour le risque, mais ils ne sont pas
16:02beaucoup. Parce qu'il faut savoir que quand le risque est élevé, le coût de l'emprunt ou bien
16:08le coût de l'investissement aussi devient assez élevé. Maintenant, au-delà de ça,
16:13il y a l'utilisation des ressources. Aujourd'hui, la plupart de ces investisseurs veulent savoir
16:21qu'il y aura les infrastructures pour lesquelles les ressources ont été, n'est-ce pas, mobilisées,
16:30sont utilisées effectivement pour la réalisation de ces infrastructures-là. C'est le cas notamment
16:36des financements islamiques et beaucoup d'autres structures sont en train, n'est-ce pas, d'adopter
16:44cette approche. Ce qui fait que si aujourd'hui vous prenez de l'argent pour acheter des banques,
16:49et que demain on constate que vous n'avez pas acheté des banques, ça a des conséquences
16:52lourdes, notamment avec les agences de notation. Et on sait ce que c'est.
16:57Le Cameroun est passé par là, mais le problème du Cameroun était un peu différent. C'est un
17:08défaut de paiement ou un retard de paiement ? Ce n'était pas un défaut. Ils ont interprété ça
17:13comme un retard, mais l'opération de remboursement avait été initiée. C'est tout ce que nous on peut
17:19faire au niveau du Cameroun. Mais vous savez que tous nos paiements passent par la Banque de France,
17:23les processus en interne, ou bien le mal fonctionnement du système, nous on a écoupé,
17:29parce qu'on avait initié l'opération à temps, et puis le bailleur n'a pas reçu les fonds à la
17:38date où il attendait, et puis c'est apparu comme si c'était un défaut. Donc c'est des problèmes
17:43techniques qui sont arrivés. Voilà aussi d'autres problèmes que nous avions, parce que comment vous
17:48nous blâmez pour quelque chose qui ne dépend pas de nous ? Vous avez parlé tout à l'heure des fonds
17:55qui sont de la dette, de prendre de l'argent pour faire quelque chose, pour pouvoir financer
18:01un projet. Il faut que ce projet soit effectivement réalisé, mais surtout qu'il soit intégré dans le
18:08circuit de production. Tant que ce n'est pas fait, on ne peut pas véritablement dire qu'on a utilisé
18:15de manière efficace une dette qui a été contractée. Donc il y a de bonnes, et il y a
18:19également de mauvaises dettes. Évidemment, il y a de bonnes et de mauvaises dettes, mais ce qui est
18:25important, vous savez, dans la gestion d'un État, le retour sur investissement peut être économique,
18:30mais peut être financier. Maintenant, ça dépend de ce sur quoi on a contracté la dette. Si c'est
18:35une dette pour des besoins sociaux, au moment où les ressources sont injectées, il y a un changement
18:40de même, on peut dire qu'il y a croissance, parce que ce n'est plus le même montant. Si on
18:44injecte le milliard et que 10 personnes, ce milliard passe entre les mains des 10 différentes
18:49personnes ou structures, ça devient 10 milliards. On peut donc évaluer la croissance en disant qu'elle
18:54a évolué. Mais si c'est pour un investissement où le retour doit être financier, il faut que
19:00l'infrastructure pour laquelle on investit puisse être en mesure, n'est-ce pas, premièrement d'être
19:06réalisée et à temps, et soit en mesure, n'est-ce pas, de financer, de faire le service de la dette
19:13de ces ressources qui ont été mobilisées. On va revenir, si vous le permettez, on a extrapolé,
19:18on va revenir sur le sommet extraordinaire des chefs d'État en parlant de la dette,
19:24en parlant, concernant justement la sous-région, en parlant des risques de sur-endettement. Mais
19:29en même temps, on se demande, lorsqu'on regarde certains critères de convergence qui sont dépassés
19:35par certains pays, notamment en ce qui concerne la dette, concernant principalement le Congo,
19:39on va bien constater que malgré ce sur-endettement-là, le Congo a, ou alors,
19:46grâce à ce sur-endettement, le Congo a quelque peu retrouvé le chemin de la croissance. Du coup,
19:50on se demande, alors, ces critères de convergence sont-ils bons ? Faut-il les revoir ? Qu'est-ce
19:56que vous en pensez ? Vous savez, les critères de convergence, on les avait mis en tenant compte
20:03d'un certain nombre de critères, donc on se dit que c'était mis en place pour des moments de
20:10fonctionnement normal, où il n'y avait pas de crise, où il n'y avait pas de problème. Tu rappelles
20:14que pour la dette, c'est 70 % du PIB. En principe, donc, tous les États de la sous-région,
20:19selon les critères de convergence, peuvent s'endetter à hauteur de 70 % du PIB. Le Cameroun
20:24se situe à peu près à 40 %. Oui, à 40 % aujourd'hui, et c'est raisonnable. Ça veut dire
20:29qu'on peut continuer à s'endetter, mais malgré cela, notre souci, c'est la soutenabilité des
20:33dettes, ce n'est pas la capacité de pouvoir s'endetter, parce que si ce n'est que la capacité,
20:37on peut s'endetter même à hauteur de 200 %. Mais le véritable problème aujourd'hui,
20:43la question qu'on se pose, c'est celle dont vous m'avez posé, est-ce qu'il ne faut pas revoir ces
20:48critères pour s'assurer que, n'est-ce pas, pour une période, les pays puissent véritablement
20:54investir ? Parce que la plupart des prêts ou bien des ressources que nous mobilisons,
21:00ce sont les coûts au moyen terme. Est-ce que, dans les coûts et au moyen terme, on peut
21:04véritablement investir et changer une économie ? C'est ça la difficulté. Mais comme je vous disais
21:10tantôt, le problème de l'endettement n'est pas la capacité de s'endetter, c'est la soutenabilité
21:16de la dette, c'est-à-dire la capacité de pouvoir rembourser. Une autre résolution qui a été prise
21:21par les chefs d'État porte sur la solidité et la stabilité du système bancaire. Comment
21:30éviter une crise bancaire ? Il faut simplement que les banques respectent les ratios prudentiels.
21:36Malheureusement, les ratios prudentiels sont liés aux critères de convergence. Parce que,
21:40quand on regarde, l'un des critères de convergence, c'est la non-accumulation des
21:44aérés. Ça veut dire quoi ? Ça suppose simplement que, si les banques, n'est-ce pas, à partir de
21:49leurs fonds propres, ont financé des SME qui ont presté pour l'État et que l'État cumule,
21:57les aérés ne les payent pas, ça diminue leurs fonds propres. Et selon les ratios prudentiels
22:02des banques, ils ne peuvent qu'investir, n'est-ce pas, leurs fonds propres. S'il y a une diminution
22:07des fonds propres et qu'on doit construire l'économie, comment est-ce qu'on peut donc
22:11trouver ce juste équilibre ? Donc, il est question ici de s'assurer que les ratios prudentiels des
22:17banques soient respectées. Et pour qu'elles soient respectées, il faut que tous les acteurs,
22:20y compris l'État en premier lieu, puissent jouer son rôle véritablement.
22:25Cette question qui nous a été proposée par un confrère, le fait que la COBAC accorde des
22:31pondérations zéro, c'est-à-dire nulles, n'est-il pas à l'origine de la propension des banques à
22:36détenir les bons et obligations du trésor des États ? C'est ce qui leur pose problème aujourd'hui.
22:41Je pense que c'est deux questions parallèles parce que la pondération nulle vient comment ? Elle
22:46vient parce que la COBAC a déjà sanctionné pour dire, OK, les États n'arrivent pas à respecter
22:54les critères de convergence, surtout celles de la non-accumulation des aérés. Et pour cela,
22:59toutes les opérations envers ce pays sont pondérées à 65 %. Ça veut dire quoi ? Ça veut
23:06simplement dire que pour que vous prêtez 100 000 au Cameroun, il faut que vous ayez constitué des
23:13garanties de 65 %, c'est-à-dire de 65 000. Aujourd'hui, les banques disent, OK, à cause
23:20de ces critères, nous, on ne peut pas respecter ou bien accompagner les États véritablement comme
23:24il se doit. Surtout que si on prend le cas du Cameroun, on voit que toutes nos opérations,
23:29que ce soit sur le marché national ou international, au-delà des critères de
23:33convergence, nous avons mis, n'est-ce pas, en place un système de sécurisation de ces opérations à
23:40travers un compte séquestre qui est ouvert au niveau de la banque centrale où le douzième du
23:44montant qui devait être remboursé en fin d'année est constitué progressivement. C'est-à-dire
23:51que vous nous donnez 100 000 pour ne pas faire défaut à la fin d'année. On divise les 100 000,
23:57par exemple, fois 12 et chaque mois, le Trésor public met un petit peu pour qu'à la fin du
24:03douzième mois, on puisse avoir les 100 000 et on vous rembourse. Cette disposition qui est mise
24:10en place rassure les investisseurs et ça permet de pouvoir mobiliser les ressources dont nous
24:16avons besoin pour pouvoir accompagner les divers projets de développement malgré la crise ou bien
24:23la situation qui est assez difficile et malgré le non-respect des critères de convergence jusqu'à
24:28ce que nous puissions nous puissions sortir de là. Alors la relance économique, professeur de la
24:33SEMA, selon vous, passe par quoi au niveau du fonctionnement des états ? Est-ce que ça
24:37passe par la réduction des dépenses ou l'augmentation des recettes fiscales notamment ?
24:42Ça passe par des réformes vraiment structurelles. Il faut que les pays de la sous-région soient
24:47intentionnels. Aujourd'hui, nous sommes dans un monde digital où on dit que nous sommes Global
24:54Village. C'est-à-dire qu'on n'a pas besoin de réinventer certaines solutions que nous cherchons.
25:00Moi, personnellement, je vais dire que les états sont souverains et crédibles. Si on prend par
25:05exemple la solution d'identifier tous les grands projets structurants qui vont permettre à ce que
25:10les pays de la sous-région se mèchent. Pour le Cameroun, c'est 2035. Pour le Gabon, c'est 2040.
25:16Pour les autres, je ne sais pas trop. Et puis, on entre dans les partenariats public-privé. Vous
25:22voyez que ça va apporter une gestion privée dans la chose publique. Première chose, on aura les
25:28ressources qu'il faut. Deuxième chose, on aura l'expertise qui va venir accompagner les états.
25:34La troisième chose, c'est qu'il y aura la transparence, il y aura l'accountability. Comme
25:38on dit en anglais, les problèmes de gouvernance vont baisser. Quatrième chose, si moi et toi,
25:42on met notre argent dans un projet, on va tout faire pour qu'il marche. Parce que si il ne marche,
25:47on ne va pas récupérer notre argent. Cinquième chose, c'est que dans la structuration de ces
25:53partenariats public-privé, vous allez voir qu'il y a les taxes et certains parties du revenu qui
26:00vont aller à l'état, qui vont augmenter même les recettes budgétaires de l'état. Donc, ça va
26:04permettre à l'état de se focaliser sur la réingénierie de l'économie et en même temps la
26:13réingénierie même des services parce que ça va créer des emplois et puis ça va amener beaucoup
26:19d'autres choses. C'est très difficile de dire que c'est l'état qui peut seul faire tout. C'est le
26:26secteur privé qui doit tirer la croissance. C'est le secteur privé qui doit tirer la croissance. Et
26:30nos états ont besoin, n'est-ce pas, d'une dose, n'est-ce pas, de la gestion privée dans la chose
26:36publique. On accuse également des trésors des différents pays de saturer le marché des titres
26:43publics. On les accuse même de pratiques peu orthodoxes sur le marché des titres publics.
26:50Vous qui êtes de la Direction générale du Trésor au Cameroun, dites-nous, est-ce que dans les
26:56actuelles choses, vous pouvez vous passer de ce marché ? Je ne suis pas ici en tant que
27:02représentant de la Direction générale du Trésor, mais je vais vous donner une opinion technique.
27:08Vous savez, en 2017, quand on a fait le premier programme avec le Fonds monétaire international,
27:15c'est eux qui nous ont conseillé, n'est-ce pas, de minimiser l'empreinte extérieure pour se
27:26focaliser à l'empreinte intérieure, parce qu'on se disait que l'empreinte extérieure est trop chère.
27:31Il y a beaucoup de risques, risques de change, et tout ce que ça a donné. Ça nous a permis,
27:37dans un premier temps, de travailler de manière acharnée pour développer le marché sous-régional.
27:43Et fort heureusement, c'est ce marché sous-régional qui a soutenu les pays de la sous-région pendant
27:49la période de crise, notamment la période de crise Covid. Parce que si ce n'était pas ce marché,
27:55on n'allait véritablement pas tenir. Ils nous ont dit stop à tout ce qui était empreinte extérieure,
27:59même les projets qui avaient déjà été contractés, notamment le projet de la Cannes,
28:03et c'est un grand projet où le financement devait venir de l'extérieur. On a dit non,
28:09parce que ce n'est plus soutenable. Il faut se concentrer sur les réformes. C'est tout cela
28:14qui a fait que, dans un... Bon, ça c'est dans un premier temps. Dans un deuxième temps,
28:18la Banque centrale a arrêté les avances de trésorerie qu'elle donnait aux États. Tous
28:25les États qui avaient tiré au seuil qui était défini au niveau de la Banque centrale avaient
28:30été convertis. C'était 550 milliards, je crois. Tout ce qui avait été tiré, on a converti,
28:36on a échelonné ça à une dette de 14 ans. Je crois que le Conseil des ministres a révu cela,
28:42je crois, c'est à 20 ans ou 22 ans, pour permettre aux États d'avoir un bouffet d'oxygène sans trop
28:46se soucier de rembourser cet argent. Il n'y avait que le marché. Maintenant, le marché qui,
28:53auparavant, dans la période où les pays de la source d'énergie avec un boom pétrolier et les
28:59produits pétroliers, sont tous revenus au niveau du marché. La demande a augmenté. La demande est
29:06devenue élevée. Le montant d'argent qui s'est fait n'a pas augmenté, mais tout le monde en
29:10voulait. Et on a commencé à puiser jusqu'au moment où les taux même ont commencé aussi à
29:16augmenter. La règle du marché, c'est la règle de tous les marchés, c'est la demande qui définit
29:24le coût de l'offre. Si la demande est élevée et que l'offre est petite, les conséquences sont là.
29:30Donc, je ne peux pas me prononcer sur les pratiques peu orthodoxes, mais ça revient à ce que les
29:37chefs d'État ont dit, qu'il faut une publication, n'est-ce pas, des informations financières,
29:45budgétaires, économiques, et on en passe. Alors, on va sortir par là. Le Cameroun était
29:54à l'œuvre à la manette pour l'organisation de ce sommet extraordinaire de la CEMAC,
30:02en concertation avec la Centrafrique, notamment le président de la République centrafricaine.
30:09Mais le Cameroun, qui est la locomotive de la sous-région, a, selon une certaine opinion,
30:15un rôle primordial à jouer dans la relance économique de la sous-région. Quel est ce rôle
30:21de votre point de vue ? Je rappelle que le président de la République a dit exactement ceci.
30:26Si rien n'est fait selon diverses expertises, nous pourrions faire face à des conséquences
30:30désastreuses, à la fois pour nos pays et pour notre sous-région. Que peut faire le Cameroun
30:35pour éviter ce désastre-là à la sous-région ? Je pense que c'est un rôle de leadership. Et le
30:41rôle de leadership passe par ce que nous venons de vivre avec la convocation par le chef de l'État
30:47de ce sommet extraordinaire. C'est à son initiative pour dire aux autres que, tiens,
30:51si on continue à TGVC, à gérer comme nos gérants, il y a un danger qui est... Mais qu'est-ce qu'on
30:57peut faire pour que les autres tiennent leurs engagements ? Il faut simplement, pour ceux qui
31:02sont déjà sous programme, par exemple avec le Fonds monétaire international, voir comment ce
31:06programme peut être implémenté jusqu'à la fin. Pour ceux qui ne sont pas encore là, voir comment
31:13on peut les encourager parce que c'est des réformes structurelles et qui mieux placer que
31:19le Fonds monétaire international d'accompagner et de mettre la pression pour que ces pays-là
31:24puissent se conformer à toutes les résolutions qui ont été prises. Maintenant, au niveau
31:29sous-régional, il faut aussi voir dans quelles mesures les engagements qui ont été pris,
31:33que ce soit en termes de règlements de change, que ce soit en termes de commerce,
31:39que ce soit en termes d'intégration, que ce soit en termes même, n'est-ce pas,
31:43de reconstitution de notre compte de réserve soit respecté par tous les États. Et il faut
31:49que tout ce qui concerne l'industrie extractive, qui est vraiment l'industrie pépandérante qui
31:55peut véritablement nous ramener les devises, puisse être respecté et adopté par tous les
32:01pays de la sous-région. Je pense qu'il faut simplement multiplier ces efforts-là.
32:05Merci Professeur Kelly, moi et avec vous, nous allons marquer notre arrêt dans cette édition
32:11des questions économiques pour écouter justement le Président de la République,
32:15son Excellence Paul Biya, qui, on l'a dit il y a quelques instants, a appelé les Africains et ses
32:22pairs de la sous-région à prendre des mesures fortes pour éloigner le spectre de la crise
32:28économique à la CEMAC. Nous écoutons le Président de la République, on se retrouve juste après.
32:33Comme vous le savez, l'environnement international, particulièrement difficile
32:44ces dernières années, a eu un impact non négligeable sur nos finances publiques. Selon
32:54les données récentes, nos avoirs extérieurs nets se sont considérablement amoindris. Cette
33:05situation est préoccupante et appelle à une action urgente de notre part pour inverser cette courbe.
33:14Vous vous souviendrez qu'il y a trois ans, nous nous sommes réunis par visioconférence à l'occasion
33:24d'un sommet similaire pour permettre à nos économies de se relever des effets néfastes
33:32de la pandémie du Covid-19. J'ai le sentiment que nous y sommes parvenus au prix de nombreux
33:42efforts et sacrifices. Cette dynamique positive ne semble cependant pas avoir fait long feu.
33:51Les nombreux défis auxquels nos États font face et l'impérieuse nécessité de répondre
34:01efficacement aux attentes de nos populations nous ont parfois conduit à adopter des mesures
34:10urgentes mais inadéquates pour préserver les grands équilibres macroéconomiques de nos pays,
34:18ainsi que la stabilité financière de la sous-région. Si rien n'est fait, selon diverses
34:28expertises, nous pourrions faire face à des conséquences désastreuses à la fois pour nos
34:36pays et pour notre sous-région. Il s'agit là, à mon sens, d'une éventualité que nous devons
34:45absolument éviter. Je suis confiant qu'au cours de ce sommet, nous saurons prendre les décisions
34:55nécessaires et urgentes pour remettre nos économies sur les rails afin de nous prémunir d'une
35:05éventuelle crise économique et financière.
35:13Voilà, on vient d'en écouter le Président de la République. Retour sur ce plateau, le Président de
35:19la République qui donnait son avis sur la situation de la sous-région, la situation
35:26de l'ASSEMAC, qui présente des signaux préoccupants. La suite de cette édition des
35:31questions économiques, nous parlons d'un autre sujet, nous parlons du rapport défavorable de la
35:39Chambre des Comptes. On l'a dit à l'interme de cette émission, nous recevons donc M. Achille
35:47Basara, qui est directeur de la comptabilité publique au ministère des Finances. Bonsoir
35:53et bienvenue. Bonsoir, Lucrèce. Alors, on l'a dit, la Chambre des Comptes de la Cour
35:57suprême a récemment émis un avis défavorable sur les comptes de l'État au titre de l'exercice
36:052023. Avant que nous n'entrions dans le vif du sujet, je voudrais vous entendre sur deux ou trois
36:14expressions pour pouvoir fixer nos téléspectateurs. On a parlé de la loi de règlement. Quelles sont
36:22les caractéristiques de la loi de règlement ? Oui, merci, Lucrèce, pour cette question. Avant
36:30de parler des caractéristiques de la loi de règlement, vous me permettrez peut-être de
36:34dire c'est quoi la loi de règlement. Je pense que pour appréhender la loi de règlement, au-delà de
36:42ce qu'en disent les manuels des finances publiques, il faudrait nécessairement convoquer les
36:48dispositions de la loi de 2018 portant un régime financier de l'État et rentrer à l'intérieur de
36:53cette loi pour convoquer d'autres lois similaires qui, par essence, s'opposent à la loi de règlement,
37:01plus précisément la loi de finances initiales et la loi de finances rectificatives. Alors,
37:07que dit la loi de 2018 sur la loi de finances initiales ? Il est simplement dit qu'elle prévoit
37:13et autorise au titre d'une année civile l'ensemble des ressources et l'ensemble des charges au niveau
37:22de l'État. Donc voilà globalement ce qui est dit. Généralement, dans le cadre de notre calendrier
37:27budgétaire, il y a une session entre mi-novembre et mi-décembre consacrée au vote de la loi de
37:33finances initiales. Au titre de cette année, nous sortons fraîchement d'une session parlementaire
37:38consacrée au vote du budget de l'exercice 2025. L'enveloppe globale, c'est 7377 milliards. Donc,
37:46en début d'année, voilà les autorisations qui sont données par les parlementaires pour exécuter
37:51le budget de l'État. À côté de la loi de finances, n'est-ce pas, quand on commence à l'exécuter,
37:56il peut s'avérer que du fait de certaines raisons conjoncturelles en cours d'année, des raisons
38:01externes ou bien des raisons internes, on soit appelé à ajuster le budget de l'État. Dans le
38:06cadre de nos pratiques, le chef de l'État le fait toujours par voie d'ordonnance. En fin d'année,
38:13il est question de se réunir pour rendre compte de l'exécution des autorisations budgétaires,
38:18tant de la loi de finances initiales que de la loi de finances rectificatives. Le gouvernement,
38:24dans le cadre de cet exercice, est donc appelé à déposer à l'Assemblée nationale un projet de
38:29loi. Le projet de loi de règlement qui, lorsqu'il est discuté et voté, devient donc la loi
38:37de règlement. Vous avez parlé des caractéristiques. Les caractéristiques, en réalité, sont organisées
38:44par les articles 20 et 21 de la loi portant régime financier de l'État. Je parlerai ici de
38:51composantes qui sont deux. Il y a le corps de la loi bâti autour d'une dizaine d'articles et les
38:56annexes. Donc, concernant la première partie, le corps de la loi, nous allons rendre compte de
39:02l'exécution des recettes, recettes des impôts, recettes de douanes, recettes pétrolières, recettes
39:08non fiscales et emprunts. Voilà, nous allons dire voilà ce qui a été autorisé, voilà ce qui a été
39:13mobilisé, voilà les restes à recouvrir. La deuxième composante, toujours au niveau de la première
39:19partie, c'est les dépenses. Voilà l'enveloppe en dépenses qui a été autorisée aux divers
39:24départements ministériels, voilà ce qui a été engagé et payé, voilà ce qui reste à payer.
39:28Nous avons des comptes d'affectation spéciales qui sont ouverts également. Cette première partie
39:33va rendre compte de l'exécution des comptes d'affectation spéciale et depuis 2013, puisque
39:38nous sommes engagés dans l'exécution d'un budget par objectif, le budget programme, nous allons
39:44également rendre compte du niveau d'atteinte des divers indicateurs dans le compte de cette
39:51première partie. Maintenant, la deuxième partie, elle va être constituée des annexes qui accompagnent
39:56le projet de loi de règlement. Au rang de ces annexes, nous avons par exemple la situation de
40:00l'exécution du budget d'investissement public, nous avons les rapports annuels de performance qui
40:06sont produits par les responsables de programmes disséminés au niveau des divers départements
40:10ministériels. Nous avons d'autres situations au rang desquelles le rapport de la Chambre des Comptes,
40:16tant sur l'exécution de la loi de finances que sur la certification des comptes de l'État.
40:22Alors, quel est le rôle de la Chambre des Comptes par rapport à cette loi de règlement ?
40:26Je dirais que la Chambre des Comptes, dans le cadre de ce rapport, vise simplement à éclairer
40:36les parlementaires sur l'utilisation des moyens qu'ils ont autorisés dans le cadre de la loi de
40:42finances. Les parlementaires ne sont pas toujours férus des techniques, des contraintes, des
40:48subtilités qui encadrent l'exécution des finances publiques. Il leur faut donc un coup d'œil
40:54externe constitué d'un corps formé, qualifié, les magistrats de la juridiction financière qui
41:01vont donc travailler, je le disais tantôt, sur ce rapport-là, à l'effet de le soumettre aux
41:06parlementaires. Les parlementaires vont donc se fonder sur ce qui est contenu dans le dit rapport,
41:14autant pour moi, pour poser des questions, interpeller le gouvernement et voter ou pas
41:19le projet qui est soumis à leur disposition. Et je dirais donc, tel que le prévoit la loi,
41:26nous avons ce rapport de la juridiction financière qui est composé de deux parties. Nous allons
41:33certainement développer tout à l'heure la première partie qui porte sur l'exécution de la loi de
41:37finances, c'est-à-dire l'exécution du budget, et la deuxième partie qui porte sur les comptes
41:42de l'État. Et là, j'en viens à la question que vous veniez de poser, c'est quoi la comptabilité
41:47patrimoniale et où est le lien ? Le deuxième rapport qui est récent, il va porter sur les
41:55comptes de l'État, étant entendu que depuis 2022, nous avons basculé dans la tenue de la
42:03comptabilité patrimoniale. La comptabilité patrimoniale, de quoi s'agit-il ? C'est une
42:09comptabilité de patrimoine inspirée de la comptabilité des entreprises et sanctionnée en
42:14fin de période par la production d'États financiers à l'image des États financiers qu'on trouverait
42:20dans la comptabilité des entreprises, c'est-à-dire le bilan de l'État, un compte de résultat de
42:26l'État qui va nous dire si l'exploitation de l'État est déficitaire ou excédentaire,
42:31d'un tableau de flux de trésorerie et de l'État annexé. En fin de période donc, ces comptes doivent
42:38faire l'objet de certifications par la juridiction financière à l'image de ce que les comptes
42:44d'entreprise font dans les entreprises privées. Donc pour faire simple, je dirais que la Chambre
42:50des comptes est le commissaire aux comptes de l'État, il travaille pour le compte des
42:55parlementaires. La comptabilité patrimoniale, qu'est-ce qui rentre à l'intérieur ? Ce qui
43:01rentre à l'intérieur, une comptabilité de patrimoine, ce qui signifie quoi ? Que désormais,
43:06les comptes de l'État devront être à même de restituer l'information sur ce que l'État
43:12possède et ce que l'État doit. Nous avons tous un patrimoine, qu'est-ce que je possède ? Je peux
43:19posséder une maison, je peux posséder un terrain, je peux posséder un véhicule, je peux avoir un
43:23compte en banque fourni ou pas fourni. Désormais, il pèse sur l'État la même obligation que pour
43:29une personne privée ou bien une personne morale. Donc l'État, en fin de compte, va produire la
43:34situation de toutes ces immobilisations. Ça va être ça le haut du bilan. Nous avons des
43:39immobilisations bâties, nous avons des immobilisations non bâties, nous avons du matériel
43:43au roulant. Nous allons devoir produire les stocks, tout ce que l'État détient en stock. Nous allons
43:47produire tous les actifs financiers de l'État. Vous savez, l'État a des participations, par
43:52exemple, au niveau des entreprises privées, telles que les banques aujourd'hui. Dans les
43:56entreprises publiques également, l'État a des participations. Il est donc question, pour ne
44:00citer que ces quelques postes de l'actif de bilan, déployer des missions de recensement sur le terrain,
44:05évaluer tous ces actifs et les intégrer dans le compte de l'État. Mais nous, nous ne nous arrêtons
44:10pas uniquement au niveau des postes... Avant que vous ne nous disiez ce que vous avez l'intention
44:14de faire ou ce que vous faites, je voudrais qu'on s'arrête sur cet avis défavorable,
44:19cette opinion défavorable de la Chambre des Comptes. La Chambre des Comptes révèle un
44:27problème d'exhaustivité du patrimoine de l'État. Qu'en est-il exactement ? Je dirais
44:33que la comptabilité patrimoniale, c'est un univers qui est nouveau. Voilà, je le disais tantôt. Nous
44:40devons être à même d'intégrer dans les comptes de l'État l'ensemble du patrimoine. Et maintenant,
44:45vous n'allez pas uniquement déclarer ce que vous possédez, mais également ce que vous devez,
44:49l'ensemble de vos dettes et bien d'autres engagements encore. Donc, c'est en réalité
44:55cela que la juridiction financière, entre autres, nous a reproché. Et quand vous rentrez dans le
45:03rapport... Elle vous a reproché de n'avoir pas été exhaustif ? Effectivement. J'en viens,
45:07madame. Donc, quand vous rentrez justement dans ce rapport-là, ils ont bâti leurs réserves. Moi,
45:13je parlerai de réserves sur dix points, pas plus. Dix points. Je vais les citer. Ils nous
45:18disent, par exemple, quand il y a des créances que vous ne recouvrez pas parce qu'ils pèsent un
45:23risque sur leur non-recouvrement, vous devez constituer une provision, comme c'est le cas
45:27en comptabilité des entreprises. Pour le moment, nous n'avons pas encore assis la comptabilité des
45:32provisions. Ils nous disent, quand vous avez acheté une immobilisation, si elle a une durée
45:37de vie de cinq années, vous devez pouvoir l'amortir dans le temps. La comptabilité des
45:41amortissements, nous ne l'avons pas encore mise en place. Ils nous disent, les stocks, tous les
45:48stocks de l'État, il doit faire l'objet de suivi en comptabilité patrimoniale. La comptabilité des
45:53stocks, nous ne l'avons pas encore mise en place. Ils nous disent, et maintenant j'en viens, le plus
45:56important, c'est le recensement de toutes les immobilisations de l'État. Ils nous disent,
46:02ces immobilisations ne sont pas encore recensées, elles ne sont pas encore valorisées, elles ne sont
46:07pas encore intégrées dans les comptes, et c'est ça la remarque la plus importante que la juridiction
46:11des comptes a effectuée. Et là, permettez-moi de vous dire, je le disais tantôt, il faut descendre
46:17dans les dix régions du Cameroun, les 58 départements que compte notre pays et les
46:21360 arrondissements, pour voir tous les terrains qui appartiennent à l'État, toutes les constructions
46:27qui appartiennent à l'État, toutes les immobilisations financières, toutes les immobilisations incorporelles,
46:32permettez-moi de parler des logiciels par exemple, et la question de recenser tout ça,
46:36d'aller dans les missions diplomatiques du Cameroun à l'étranger et faire ce travail.
46:40Vous voyez, ça c'est uniquement un poste, celui relatif aux immobilisations. Il faut toutes les
46:46disponibilités en termes de comptes des entités publiques qui sont dans les banques commerciales,
46:50faire également ce recensement et intégrer dans les comptes. Donc vous vous rendez compte,
46:54c'est un travail, Madame Mbenga, qui est titanesque, qui ne peut pas être fait en deux ans, parce que
46:59ce n'est qu'il y a deux ans que nous avons basculé. Oui justement, parce que la question que j'allais vous poser, c'est celle de savoir, ça va faire deux ans que cet avis est émis,
47:06que cet avis défavorable est émis, et vous revenez aujourd'hui, vous dites, ils nous attendent sur
47:12tel ou tel point, on n'a pas encore fait ceci, ils nous attendent sur tel ou tel point, on n'a pas encore fait ceci,
47:16on n'a pas encore, on n'a pas encore. Ça fait deux ans, du coup, on se demande quel est le
47:22problème, où est-ce que ça coince, est-ce que c'est un problème de moyens, vous disiez par exemple que
47:25pour le recensement, il faut aller dans les 360 arrondissements du Cameroun, les différentes
47:30représentations diplomatiques, est-ce que c'est ça le problème ? Oui, je dirais que, je le disais
47:35tantôt, c'est titanesque. Voilà, donc nous avons planché sur un programme pluriannuel, étalé sur
47:41une dizaine d'années, à l'effet de nous permettre, n'est-ce pas, de balayer toutes les régions, les
47:45arrondissements, les départements de notre pays. Donc au-delà de cette volonté, il faudra bien
47:50évidemment, vous avez évoqué le sujet tantôt, beaucoup de moyens, notamment financiers, pour
47:57pouvoir couvrir toutes les charges relatives à l'exécution d'une telle activité. Mais je dirais
48:03que la volonté est là. Le ministre des Finances a déployé toutes les équipes sur le terrain pour
48:09qu'il y ait amorce de toutes ces activités. Tenez par exemple, à date, nous avons quasiment bouclé
48:15le recensement et la valorisation de tous les passifs financiers de l'État. Quand je dis passifs
48:21financiers, ce sont toutes les dettes en relation avec la caisse autonome d'amortissement. Aujourd'hui,
48:26nous avons tout le stock de la dette de l'État, intérieur, bilatéral, multilatéral, qui a été
48:32valorisé et intégré dans les comptes de l'État. Nous avons fini également avec le recensement de
48:38tous les actifs financiers. Entendons par là, toutes les participations, toutes les actions que
48:45l'État détient aussi bien au niveau des entreprises privées que des entreprises publiques. Nous avons
48:50fini également avec le recensement de tous les passifs conditionnels, c'est-à-dire les avals,
48:54les garanties que l'État peut accorder. Maintenant, concernant le gros du poste, les immobilisations
48:59corporelles, bâties et non bâties. Quand je dis bâties, c'est les constructions. Quand je dis non
49:04bâties, c'est les terrains nus. Nous avons amorcé dans le département d'une fondue. Les travaux ont
49:10été exécutés à quelque chose comme 60%. Et quand je dis département d'une fondue, on descend au niveau
49:15de toutes les mairies et j'en passe. Nous avons travaillé dans le Voury et actuellement nous sommes
49:21dans le Sud et dans la région de l'Est Cameroun. Mais je dirais que le travail est titanesque. Nous
49:29avons commencé sur la base d'une orientation ferme du ministre des Finances. Et d'ailleurs,
49:34en liaison avec la juridiction financière, nous sommes tombés d'accord sur le calendrier
49:39pluriannuel. Mais le certificateur nous dit oui, je note la démarche, je l'apprécie,
49:44mais tant que l'entièreté, la globalité du patrimoine ne va pas figurer dans les comptes
49:49de l'État, mon avis va être défavorable. Et ce n'est pas une particularité du Cameroun.
49:53Le député général du Trésor relevait par exemple cette semaine qu'aucun pays au monde ayant
49:59implémenté la comptabilité patrimoniale n'a obtenu l'opinion favorable au terme des premières années
50:05de certification. Oui, même ceux qui ont une expérience, bon je dirais pas séculaire, mais
50:10décennales de pays comme la France aujourd'hui, on les certifie avec beaucoup de réserves. Ils
50:17vous diront que dans le cadre du rapport de certification de la Cour des comptes de 2023,
50:22il y a une quinzaine de réserves. Et maintenant dans notre espace, au niveau de l'espace CIMAC,
50:28nous sommes l'un des rares, sinon le seul pays qui s'est engagé véritablement dans le cadre de
50:33cette réforme-là. Quand vous allez au niveau de la zone UEMO en Afrique de l'Ouest, c'est également
50:38la même chose. Donc la dynamique est là, le ministre des Finances y tient, les équipes sont
50:44mobilisées et nous pensons qu'il faudra être patient. Parce que le basculement dans cet univers,
50:50comme je disais tantôt, ne va pas se faire en un claquement de doigts. Et en attendant, il faudra
50:55qu'on s'habitue soit à une opinion défavorable de la juridiction financière, soit à terme à une
51:01certification mais accompagnée de beaucoup de réserves. Est-ce que cette opinion défavorable a
51:06des conséquences ? Des conséquences, oui. Déjà vous avez vu des débats au niveau de l'Assemblée
51:14nationale, qui ont fait l'objet de beaucoup d'interprétations, surtout dues par une absence
51:20de bonne compréhension des enjeux. D'aucuns ont estimé que les comptes n'étaient pas bien libelés,
51:26ils ne se sont pas situés dans le contexte de la réforme, qui appelle donc une mise en place,
51:32je le disais tantôt, pluriannuelle. Ça c'est déjà la première chose. La deuxième chose,
51:36c'est des partenaires de développement qui de plus en plus accordent beaucoup d'importance à
51:40la qualité de nos comptes, qui, il faut le dire, doivent satisfaire aux exigences de régularité,
51:45de sincérité, d'exhaustivité et d'image fidèle. Voilà, donc il y a les marchés également qui
51:52regardent et la qualité de nos comptes peut avoir un impact sur la crédibilité de la signature de
51:57l'État. Mais je voudrais déjà ici rassurer ceux qui nous écoutent pour dire que les comptes de l'État
52:03au niveau des marchés sont plutôt bien appréciés. Déjà, nous avons ces dernières années exécuté
52:10plusieurs programmes en liaison avec des partenaires de développement, le Fonds monétaire
52:14international, la Banque mondiale. Nous recevons assez régulièrement les missions de surveillance
52:20multilatérale de la CEMAC et tout le monde jusqu'à présent est assez satisfait par
52:28la qualité des comptes de l'État. Maintenant, concernant la réforme, nous sommes généralement
52:32évalués et il salue également la dynamique qui est mise en place. Nous nous sommes accordés,
52:37aussi bien avec la Banque centrale que les partenaires de développement dont je faisais
52:41mention, d'une mise en œuvre progressive de cette réforme. Alors dans la même donne, je rappelle que
52:45dans le cadre de cette loi de règlement 2023, deux rapports, vous l'avez dit il y a quelques
52:50instants, deux rapports ont été faits. L'un sur l'exécution de la loi de finances 2023 et ce rapport
52:57a été particulièrement salué. L'exécution de la loi de finances 2023 et donc l'autre rapport
53:04porte sur les comptes et c'est là que les chantiers restent ouverts. C'est à ce niveau-là que les
53:10chantiers restent ouverts et vous venez de les dire, la Chambre des comptes vous attend également
53:14sur la régularité, la sincérité et les masses fidèles des enregistrements des comptes. Oui,
53:19vous parlez de deux rapports bien évidemment. Le premier rapport, je dirais, c'est un rapport
53:23traditionnel. C'est un rapport traditionnel que nous produisons depuis les indépendances. Voilà,
53:30toujours en appui à la loi de règlement pour essayer, n'est-ce pas, d'expliquer aux parlementaires
53:38ce qui est contenu dans la dite loi. Et vous le disiez tantôt aussi, la juridiction financière
53:43a salué des efforts qui ont été faits dans le cadre de la présentation de ce rapport et elle
53:51a dit que les parlementaires pouvaient voter la loi de règlement en l'état. Donc déjà,
53:59nous nous satisfaisons du travail qui a été fait en ce qui concerne l'exécution de la loi de
54:07finance. Mais nous ne dormons pas pour autant sur nos lauriers, étant entendu qu'elle a fait à
54:14côté également certaines observations dans l'optique d'améliorer l'exécution du budget de
54:18l'état, notamment en ce qui concerne beaucoup plus de pertinence qu'il faudrait apporter dans
54:23la prévision de certaines recettes, l'optimisation de l'exécution du budget d'investissement public
54:28et l'accroissement des moyens mis à la disposition des collectivités territoriales décentralisées
54:34dans le cadre de la dotation générale de la décentralisation qui leur est versée. Donc voilà
54:39quelques pistes d'amélioration qu'ils nous ont suggérées en ce qui concerne l'amélioration de
54:44l'exécution de la loi de finance. Maintenant, concernant les comptes publics, c'est également
54:50les mêmes perspectives. Ils nous encouragent à mettre en rail tous les chantiers dont je
54:55venais de parler tantôt, c'est-à-dire poursuivre avec le recensement, le valoriser, intégrer dans
55:00les comptes de l'état ce que nous sommes en train de faire ainsi que tous les autres postes. Voilà,
55:06ils nous encouragent véritablement à le faire afin que les comptes de l'état soient le plus
55:12exhaustif et le plus sincère possible. Pour arriver à cet objectif, le ministre des finances a donné
55:20des instructions fermes afin que nous puissions disposer d'un plan pluriannuel de mise en oeuvre
55:25de cette réforme. Le plan est disponible depuis l'année placée et c'est ce plan qui est
55:31progressivement mis en oeuvre. Tout à l'heure, je vous disais que les recensements ont été amorcés
55:37dans le Fondy, dans l'Ouvourie, dans le Sud et à l'Est. C'est dans le cadre justement de la mise
55:43en oeuvre de ce plan d'action qui a été prescrit par le ministre des finances. Donc nous y allons
55:47sereinement, nous y allons sûrement. Il faudrait peut-être, je pense, accentuer les séances et les
55:57rendez-vous de vulgarisation à l'adresse de l'opinion, à l'adresse des hommes de médias,
56:01à l'adresse des hommes politiques, notamment les parlementaires, pour que les uns et les autres
56:05comprennent qu'en réalité, la démarche qui est la nôtre aujourd'hui est le résultat d'une
56:10programmation, que nous ne sommes pas en retard. Il faudra donc que chacun soit dans ce moule-là
56:15pour comprendre la dynamique qui est impulsée aujourd'hui par les soins du chef de département
56:19ministériel. Alors l'avis favorable de la Chambre des comptes, on peut l'envisager pour quand ? Cinq
56:26ans ? Dix ans ? Quinze ans ? L'avis, je ne vais peut-être pas répondre en disant dans deux ans,
56:34dans trois ans, dans cinq ans, mais avec ce que je viens d'expliquer, je pense que vous pouvez
56:39convenir avec moi que nous avons beaucoup de choses à faire. Nous avons beaucoup de choses
56:43à faire. Recenser le patrimoine d'un État, le valoriser, ce n'est pas le patrimoine d'une
56:49personne privée, qu'elle fût-ce physique ou bien morale. Ce n'est pas le patrimoine d'une
56:59petite entité, non. C'est un pays avec ce que ça comporte comme contraintes, notamment sur le
57:06plan de la gestion des paradoxes, notamment sur le plan des moyens. Permettez-moi déjà de revenir
57:12sur le plan des moyens. Vous savez qu'actuellement, nous sommes engagés sur divers fronts, notamment
57:17en ce qui concerne le financement de notre stratégie nationale de développement. Ça fait
57:21que parfois, des marges de trésorerie ne sont pas toujours faciles pour nous permettre de financer
57:26tout cela. C'est donc pour cette raison, je pense, et je l'ai dit tantôt, qu'on en appelle à la
57:31patience de tous. Cinq ans, c'est ça qui a été initialement prévu, mais il faudra des moyens
57:38subséquents. Pour réaliser cela, je voudrais saluer ici l'implication de certains bailleurs qui nous
57:44accompagnent, mais je voudrais dire quand même que les moyens sont toujours insuffisants. Je fais
57:49allusion à l'Agence française de développement, qui est le seul bailleur qui accompagne l'opération
57:54de recensement et de valorisation, qui, il faut le dire, revêt une importance capitale. Parce qu'à
58:00terme, je n'ai pas répondu très exactement, cinq ans, dix ans, mais la fourchette c'est un peu cela,
58:05à terme, quand les comptes de l'État vont gagner en termes d'images fidèles pour intégrer toute
58:13l'information relative au patrimoine de l'État, on pourra donc se fonder là-dessus pour asseoir la
58:18politique d'endettement, pour jouer sur les coûts d'intérêt, par exemple quand nous émettons sur
58:22le marché et beaucoup d'autres choses. Donc c'est une réforme que nous menons. Les pouvoirs
58:28publics ont saisi à sa pleine mesure cette réforme et ils sont en train de l'amener, certainement de
58:34façon mesurée, mais de façon sûre, quant à l'objectif qui devra être atteint à terme.
58:40Merci beaucoup M. Achille Basarak. Je rappelle que vous êtes le directeur de la comptabilité
58:46publique au ministère des finances. Avec vous, nous avons parlé de cet avis défavorable de la
58:51chambre des comptes sur la loi des règlements plus le 6 2023. Avant vous, nous avons parlé des
58:59menaces qui pèsent sur la sous-région, menaces en termes de crise économique du fait d'un certain
59:04nombre de dérapages et de dérives observées ces derniers temps. C'était donc le menu de ce soir,
59:11le menu des questions économiques. Madame, Monsieur, merci d'avoir été honnête. Merci
59:16d'être fidèle à questions économiques. Votre émission sur CRTV et CRTV News. A très bientôt sur
59:25ces mêmes antennes.