"The Brutalist", de Brady Corbet, raconte un homme et son siècle dans un maelström de scènes inoubliables. "Un événement cinématographique" et une incroyable performance d'Adrian Brody.
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00:00C'est rare de partager un tel enthousiasme au sujet d'un film,
00:02c'est-à-dire presque que j'ai envie d'avoir une trompette pour vous dire
00:05« tu tu tu tu tu tu, allez voir The Brutalist ».
00:30C'est un film qui dure 3h35,
00:59c'est un film monde, c'est un choc absolu.
01:01C'est-à-dire que moi, des films comme ça, j'en vois un tous les 10 ans et encore.
01:04La dernière fois où j'avais vraiment ressenti cette impression de grande,
01:09voilà, de film phénomène, de monument du cinéma,
01:13c'était There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson, ça remonte à 2007.
01:16Vous voyez, je dis 10 ans, je suis presque trop gentil.
01:20C'est vraiment un film impressionnant, d'autant plus impressionnant
01:22que le réalisateur de ce film, il n'a pas 40 ans,
01:24ce n'est que son troisième film et il l'a fait pour une poignée de cerises en fait.
01:28C'est 10 ou 12 millions de dollars.
01:303h35, un film comme ça, je ne sais pas comment il a fait, c'est irréel.
01:33Pour tenir un budget comme ça, avec une ambition pareille,
01:37il faut avoir des idées de mise en scène formidables et c'est que ça.
01:39Le film est une succession de coups de force de mise en scène,
01:41mais dont aucun n'est gratuit.
01:43Tout est vraiment en rapport avec ce que ça raconte.
01:46Voilà, il n'y a pas des pattes, mais c'est vraiment du coup de force en permanence
01:51dans la qualité de la mise en scène,
01:52donc des très longs plans séquences, hyper élaborés, hyper sophistiqués,
01:56mais sans que ça paraisse ostentatoire.
01:57C'est quand même vraiment prodigieux ce qu'il arrive à faire.
02:00C'est vraiment un événement, un événement cinématographique.
02:03C'est-à-dire que tout à coup, on se dit « Ah, mais en fait, ça peut être ça, le cinéma ? »
02:07C'est un peu comme sortir de la caverne de Platon et de se dire
02:11« Ah, mais donc, toutes ces formes qui bougent, ça peut aussi être comme ça,
02:15à la fois impressionnant, sans vous écraser, magnifique, complexe. »
02:19Le film a été tourné en pellicule.
02:20Alors, Brady Corbett, qui est donc américain, je le répète,
02:23il aime bien répéter qu'en anglais, le mot « film », ça veut dire « pellicule ».
02:26Donc, lui, il a l'impression de revenir aux sources de quelque chose,
02:29de revenir aux sources du cinéma.
02:30Tourné en 35 mm, avec une sorte de patchwork.
02:33Il y a un peu de vidéo, il y a un peu de 16 mm.
02:36Il y a surtout un format qui s'appelle la VistaVision,
02:39qui est un procédé, en réalité, qui date du mi-temps des années 50.
02:43C'est un procédé de défilement de la pellicule 35 mm.
02:47Un défilement horizontal au lieu du procédé qu'on connaît, c'est-à-dire vertical.
02:52Ça veut dire quoi ?
02:52Ça veut dire des plans qui ressemblent davantage à des photographies.
02:56C'est le même format qu'un appareil photo, des plans larges, merveilleux.
03:00Mais comme on n'est pas obligé d'utiliser une lentille particulière,
03:03il n'y a pas de distorsion, il n'y a pas de déformation de l'image.
03:07Et puis, il y a même la dimension narrative et le fond du film.
03:12On raconte la vie d'un homme, on raconte un siècle aussi, et on raconte un pays.
03:16Tout ça en 3h35.
03:17Le personnage de la Zlotote, c'est un survivant des camps d'extermination.
03:22Pendant 3h35, il y a l'ombre portée de la Shoah qui plane sur le film.
03:27Le mot n'est jamais prononcé, ou pratiquement jamais, mais c'est tout le temps là.
03:31On le sent tout le temps.
03:31Ça, c'est une des grandes qualités du film, des grandes forces du film,
03:34c'est de faire sentir ça, cette menace, ce poids du passé qui est toujours là.
03:38Puis il y a là, ce que ça raconte des États-Unis, c'est très, très violent.
03:41Marie l'a dit, il y a vraiment la dimension anticapitaliste très forte.
03:44Ça dit aussi, le mythe des États-unitaires d'accueil,
03:48il en prend un sacré coup quand on voit le film,
03:50parce qu'on ne peut pas dire qu'il est très, très bien accueilli, le garçon,
03:52quand il arrive aux États-Unis.
04:14Laszlo a une épouse, Erzbet, qui est jouée par Felicity Jones,
04:17qui est absolument remarquable.
04:19L'intelligence, la sensibilité avec laquelle ont été écrites leurs relations,
04:23qui est une relation très puissante, intellectuelle, mais aussi sensuelle.
04:27Il est aussi question de comment ça se passe, le sexe au sein d'un couple traumatisé.
04:32Tout ça, on sent bien que c'est écrit avec beaucoup de modernité,
04:35avec un véritable souci féministe,
04:37mais en même temps qui ne serait pas un message féministe.
04:40C'est vraiment dans la matière, dans la chair du film.
04:44Il y a vraiment des acteurs formidables dans le film,
04:45donc Felicity Jones en particulier,
04:47qu'on connaît surtout pour sa participation à la saga Star Wars.
04:50Alors là, c'est un rôle radicalement différent.
04:52Il y a Guy Pearce, qui est vraiment la figure qu'on devine un peu débonnaire,
04:56puis en fait vraiment ordurière du capitalisme américain.
04:59Il est remarquable aussi.
05:00Et puis, au milieu de tout ça, au sommet de tout ce prestigieux casting,
05:04il y a Adrien Brody.
05:05C'est le deuxième rôle de sa vie, après le pianiste.
05:07Encore un survivant de la Shoah, il y est abonné,
05:10mais bon, ça va lui permettre d'avoir un deuxième Oscar, très probablement.
05:13C'est incroyable ce qu'il arrive à faire,
05:14puisqu'il est de quasiment tous les plans pendant 3h35,
05:18dans une composition, un personnage assez chargé, très douloureux à incarner.
05:21Et il arrive, malgré tout, dans ce personnage-là,
05:24qui est vraiment marqué par un passé atroce et un présent qui ne l'est pas moins,
05:28à vous montrer une espèce de pulsion de vie qui est là.
05:31Malgré la tentation de la drogue, la tentation de lâcher prise,
05:35il y a quand même la pulsion de vie qui est là,
05:36qui l'incarne magnifiquement.
05:37Une immense performance d'Adrien Brody,
05:40qui est vraiment à la hauteur de l'immense talent de ce jeune cinéaste.
05:44Il a fait à 36 ans le film d'une vie, j'espère qu'il arrivera à faire encore mieux,
05:49en tout cas réussir à faire un film aussi fou que celui-là.
05:52C'est un bonheur fou, c'est-à-dire on est hors des codes télévisuels,
05:55on est hors des codes, des algorithmes, on est hors du tout venant,
05:59pour découvrir, sur grand écran,
06:02quelque chose de totalement romanesque, imprévisible,
06:06en même temps allié à l'histoire.
06:09C'est un miracle qu'un film comme ça puisse se faire aujourd'hui à Hollywood.
06:13Ce qui est miraculeux, c'est que le film a trouvé son public aux Etats-Unis,
06:16j'espère qu'il le trouvera aussi en France,
06:18et peut-être qu'il va aussi gagner plein de Scars,
06:20ce qui serait la meilleure chose qui pourrait arriver à Hollywood,
06:22qui aujourd'hui est sous le règne des franchises, des suites en permanence.
06:25Et voilà, il y a encore de la place pour un cinéma de prototype
06:28complètement fou comme ça, qui trouve son public,
06:30et c'est une des meilleures nouvelles qui pouvaient arriver en ce début d'année.
06:33Le verdict, c'est bravo !
06:34Je brutalise, bravissimo, bravissimo.
06:37...to join me in looking forward, toward the future.
06:44What do you think ?
06:46It's unusual, even for you.
06:50Your English is impressive.
06:53Perhaps you can help your husband sound less like he shines shoes for a wage.
07:00I'm sorry, will you please pass that back ?
07:04They do not want us here.
07:06Who do you mean ?
07:06The people here, they do not want us here.