Ce mercredi 12 février, une grenade a été jetée dans un bar associatif de Grenoble, en Isère, avant d'exploser, faisant une douzaine de blessés. L'explosion est survenue vers 20h15 dans le quartier du Village olympique, classé prioritaire de la politique de la ville. La piste terroriste est écartée.
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00:00Avec nous, Brice Gageant, secrétaire départementale de l'ISER, Unité Police, merci d'être là.
00:07Damien Charton est en direct de Grenoble devant ce bar associatif dans lequel une grenade a donc été jetée hier soir, peu après 20h.
00:15On est dans le quartier du village olympique, le quartier sensible du village olympique à Grenoble.
00:20D'abord, Mélanie Bertrand, le tout dernier bilan.
00:23Effectivement, de sources concordantes, il y a toujours 12 blessés mais 2 ont un pronostic vital engagé ce matin, cela nous est confirmé par des sources concordantes.
00:3212 blessés donc 2 pronostics vitals engagés.
00:35Brice Gageant, est-ce que vous pouvez essayer avec nous de refaire la chronologie des faits ?
00:41Tout a commencé aux alentours de 20h15.
00:44Effectivement, au niveau de ce bar associatif où visiblement il y avait pas mal de personnes à l'intérieur, un local plutôt petit, un individu qui se présente.
00:58D'emblée, pour le moment, on a le signalement d'un individu.
01:03Est-ce qu'il y en a plusieurs ? L'enquête nous le démontrera.
01:05Et cet individu dégoupille une grenade qu'il jette à l'intérieur du local.
01:09La grenade explose. Evidemment, il a le temps de sortir du local.
01:14La déflagration est considérable.
01:16On est au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation, je crois, de 4 étages.
01:20Et là, les dégâts sont importants.
01:22Beaucoup de blessés également, vous confirmez tout ça, et une déflagration très impressionnante.
01:28Alors, une déflagration très impressionnante d'après le voisinage.
01:32Surtout au niveau des vibrations, l'ensemble du quartier a ressenti la déflagration.
01:38Effectivement, beaucoup de blessés.
01:40Ce type d'engin, dans un endroit plutôt fermé, a un phénomène de blast
01:45qui crée beaucoup de dégâts tant sur le matériel que sur les personnes qui s'y trouvent.
01:49On devine que des vitres de l'immeuble au-dessus du bar ont dû exploser sous cet effet de blast.
01:54Est-ce que vous nous confirmez que l'individu portait une kalachnikov ?
01:59Écoutez, c'est les premiers éléments que nous avons.
02:02Il y a déjà des éléments qui sont diffusés dans la presse.
02:05Et le procureur de la République s'est exprimé.
02:07Donc, dans un premier temps, c'est effectivement le premier son de cloche qui est parvenu aux enquêteurs.
02:12C'est que l'individu était également porteur d'une arme automatique sur lui.
02:18Est-ce qu'il a dit quelque chose au moment de jeter cette grenade ?
02:22Alors, on n'a pas cet élément à notre niveau.
02:27Il n'y a aucun élément qui va dans ce sens-là.
02:31On a simplement cet individu qui se présente avec un mobile criminel.
02:36Étant donné qu'il y a un acte préparatoire, le fait de venir armé d'une grenade
02:41et potentiellement d'une arme semi-automatique, ce qui sera confirmé.
02:44Donc, il y a un mobile criminel et cet individu se sert de la grenade en l'achetant dans le local.
02:48Est-ce que ce bar est considéré par vos services comme un point de deal ?
02:53Difficile à établir.
02:55Ce n'est pas un point de deal répertorié de l'agglomération comme on l'entend.
03:00Si à l'intérieur, il y avait du trafic, c'est également l'enquête qui le déterminera.
03:05De toute façon, il y a forcément un mobile qui sera à établir.
03:09Étant donné la motivation criminelle de la personne,
03:12ce n'est pas anodin de jeter un engin explosif dans un local
03:16où on sait pertinemment que ça va faire beaucoup de victimes.
03:19Instinctivement, vous dites que ce mobile est sans doute lié au trafic de stupéfiants ou pas ?
03:24C'est difficile à dire.
03:26Visiblement, on s'oriente vers du grand banditisme vu les moyens employés.
03:30Par contre, tout de suite faire un lien avec le produit stupéfiant ou la matière stupéfiante, c'est un peu tôt.
03:36Première réaction ce matin sur le plateau de première édition d'une ministre du gouvernement de François Bayrou.
03:41C'était Juliette Méadel qui était notre invitée tout à l'heure.
03:43Ministre chargée de La Ville, écoutez-la.
03:45Je pense aux victimes parce que non seulement il y a six personnes en état d'urgence absolue,
03:50donc ça veut dire entre la vie et la mort, il y a probablement plus de blessés.
03:53Je pense à tous les traumatisés autour.
03:55Ils sont en train de boire un café et on leur met une bombe dans les pieds.
03:59Il y a beaucoup d'actes qui sont des actes de règlement de compte dans le cadre du trafic de drogue.
04:04Je ne sais pas si c'est le cas, mais ça commence à être plus qu'invivable et insoutenable.
04:09En particulier dans les quartiers dont je m'occupe, la vie devient insupportable.
04:13J'étais à Marseille, j'étais à Montfermeil.
04:16Ça devient extrêmement difficile pour ces habitants.
04:19J'ai recherché les chiffres.
04:21Bataille pour les points de deal à Grenoble.
04:2310 morts, 55 fusillades et 49 blessés depuis avril 2023.
04:28On a fait une rapide petite recherche ce matin, Mathieu, dans ce quartier où se trouve ce bar, place Claude Cogan.
04:35Il y a des histoires.
04:37C'est le quartier du village olympique qui était un des villages olympiques de 1968 à Grenoble
04:40et qui a été ensuite plutôt laissé de façon un peu délabrée.
04:45Les habitants s'en plaignent.
04:46C'est vrai qu'en 2022, il y a un article de presse qui racontait que des habitants se plaignaient de l'installation d'un point de deal dans cette rue.
04:53Qu'est-ce qu'on a comme informations, Mme Bertrand, autour de cette zone ?
04:58C'est une zone, effectivement, on est au sud de Grenoble.
05:00C'est une zone sensible.
05:02Une source policière nous disait hier soir qu'il y avait effectivement du trafic de stupéfiants dans ce quartier.
05:06On entend que le policier à l'antenne est très prudent parce que c'est une des pistes qui est étudiée par les enquêteurs,
05:11mais sans doute pas la seule.
05:12Le procureur adjoint hier soir est venu sur place, bien sûr.
05:15Il y avait la préfète, il y avait la maire adjointe.
05:17Tous sont très prudents.
05:18Le procureur disait que toutes les pistes sont à l'étude.
05:20Aucune n'est écartée à ce stade, sauf a priori la piste terroriste, et c'est important de le dire.
05:26Le mobile terroriste a priori est écarté.
05:28Le parquet national antiterroriste, d'ailleurs, n'est pas saisi.
05:31Alors, est-ce que pour autant, on peut faire le lien tout de suite avec le trafic de stupéfiants ?
05:35Ce sont les enquêteurs de la PJ de Grenoble qui sont sur cette affaire.
05:37Brise Gageant, vous avez été surpris en apprenant cette information hier soir.
05:42Quand on parle de règlement de compte dans le milieu de la drogue, on parle de fusillade.
05:46Là, c'est une grenade.
05:48C'est une première ?
05:50Alors, dans le passif criminel grenoblois, dans les années 90,
05:54il y a déjà eu l'emploi d'explosifs pour des règlements de compte.
05:58Et paradoxalement, ce matin, très tôt, quand je suis venu à l'hôtel de police,
06:02ce qui m'a frappé, c'est la banalité de la prise en compte des collègues
06:07qui prenaient ça malheureusement comme quelque chose d'habituel.
06:11Pour les policiers grenoblois, certes, c'est une grenade.
06:14Certes, il y a beaucoup de victimes.
06:16Mais on a une telle récurrence de faits similaires violents et criminels
06:20que je n'ai pas trouvé des collègues plus surpris que ça.
06:23Et je vous dirais qu'à mon niveau, je ne le suis pas non plus.
06:25Effrayant, la banalisation des actes et surtout des méthodes employées.
06:30Damien Charton, vous avez rencontré sans doute des riverains de ce quartier populaire ce matin.
06:35Que disent-ils ?
06:38Écoutez, ils sont surpris.
06:40Ils me disent aussi que ce quartier, il y a des problèmes.
06:43Un des riverains que j'ai interrogé hier soir m'a dit,
06:46quand il a entendu l'explosion chez lui,
06:48il a cru que c'était encore, entre guillemets, une voiture qui explosait.
06:51Donc, il y a des problèmes évidemment.
06:54De l'autre côté, ce quartier était assez populaire.
06:57Quasiment toutes les personnes à qui j'ai parlé ce matin m'ont dit
07:00qu'elles passaient prendre le café le matin ou le soir.
07:05Il y avait à peu près 25-30 personnes quand c'était plein.
07:08Une personne m'a dit que c'était ouvert jusqu'à 22h30 la semaine,
07:1123h, 23h15 le week-end.
07:13Donc, un endroit très populaire, en tout cas, dans cet endroit du village olympique.
07:18On est sur une place au niveau plus 1,
07:20l'architecture des années 70,
07:22mais un bar associatif, en tout cas,
07:24qui était vraiment très connu ici.
07:27Ça choque tout le monde.
07:29L'enquête dira exactement ce qu'il s'est passé.
07:33C'était vraiment un lieu très connu pour les habitants du village olympique.
07:38Et ici, là, depuis ce matin, ça bouge.
07:41Il n'y a pas de problème particulier.
07:43Les gens vivent ici.
07:45Ce n'est pas non plus un endroit abominable pour vivre tous les jours.
07:49En tout cas, ça vit ce matin.
07:51Après, évidemment, s'il y a des points de deal, l'enquête le dira.
07:54Mais moi, je n'en ai pas constaté hier soir et ce matin.
07:57– Damien, on voit des rubalises derrière vous.
08:00Le quartier, la zone du bar est bouclée.
08:02Des effectifs de police sont encore présents, ils font des relevés ?
08:07– Alors, dans le bar, il y a la police qui est présente.
08:11Là, je ne vois pas la police scientifique opérée pour l'instant,
08:15mais ils sont peut-être de l'autre côté.
08:16Là, je suis sur la place à l'intérieur des immeubles.
08:21Hier soir, par contre, il y avait pas mal d'effectifs de police.
08:26Évidemment, il y avait la préfète qui est passée,
08:28le procureur.
08:30Jusqu'à minuit, minuit et demi, il y avait du monde.
08:32Et puis, c'est vrai qu'il y a quelques policiers
08:34avec des engins pour tirer des LBD ou autre,
08:38qui étaient là en patrouille avec les lampes torches.
08:41Ce matin, quelques voitures en faction.
08:43Mais le périmètre est fermé, vous le voyez, derrière moi.
08:45Il y a une rubalise à peu près de 100 mètres par 100 mètres.
08:48On ne peut pas accéder au café, on voit juste les chaises qui sont tombées
08:53et puis les petits plots jaunes avec les numéros
08:55pour montrer les marques à la police.
08:58– Merci, merci à tous les trois.
08:59Merci à Brice Gageant, merci à Mélanie Bertrand également.
09:02Et je rappelle le bilan que vous nous donniez.
09:03Donc, 12 blessés, 6 très gravement touchés
09:06et 2 entre la vie et la mort.