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Transcription
00:00Mais d'abord, Charlotte Dornelas est avec nous sur Europe 1. Bonjour Charlotte.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05On va parler avec vous de l'affaire Louise. Le procureur d'Evry nous en a appris davantage hier sur le profil du meurtrier présumé de la petite fille.
00:13Ce qui serait le mobile de ce Owen a de quoi étonner.
00:17Et c'est le moins qu'on puisse dire. Ce garçon avait des parents, une petite amie, un toit, une formation en cours.
00:22Et le procureur explique, il joue aux jeux vidéo, il perd, il est moqué pour cela.
00:26Il s'écharpe avec un joueur en ligne et ressent alors le besoin d'aller raqueter quelqu'un pour se calmer.
00:32Il croise la route d'une toute petite innocente, décide que ce sera elle, l'accompagne dans le bois voisin et la tue parce qu'elle se met à hurler avec l'opinel qu'il a dans sa poche.
00:42Comment ne pas être sidéré par un récit aussi banalement terrible ?
00:46Peut-être Owen ment-il, l'enquête débute, mais nous nous trouvons tous un peu démunis devant un profil pareil.
00:52On retrouve pourtant chez lui deux traits d'une part de notre population, l'addiction et l'incapacité à gérer ses frustrations.
00:59L'addiction est terriblement répandue, qu'elle soit aux écrans, aux jeux, à la pornographie, à la drogue ou même aux divers médicaments
01:05qui tentent d'apaiser un inquiétant désordre psychique.
01:08Or l'addiction est l'autre nom de la perte de sa liberté et de la fuite de la réalité.
01:13Elle est ici doublée d'une incapacité dramatique à gérer ses frustrations.
01:17On en a tous des frustrations, des pulsions, des accès de colère, tous pourtant ne répondent pas en semant la mort.
01:23Mais certains, oui. Car après tout, quelle différence avec ses coups de couteau, données pour un portable, une cigarette, un regard,
01:30une entrée refusée en boîte de nuit ou une remarque sur sa tenue, ses cheveux ou sa copine ?
01:35La France additionne désormais les victimes de frustrations dérisoires devenues pulsions agressives que plus rien ne semble pouvoir contenir.
01:43Emmanuel Macron avait parlé de décivilisation sans trop s'attarder sur le sens de ce mot.
01:47Pourtant, l'addition du temps long, de l'héritage, de l'éducation, de la culture et de la spiritualité forment une civilisation
01:54qui accouche de gens civilisés, c'est-à-dire capables de trouver un sens à leur vie
01:59et d'épuiser la force de dépasser leurs frustrations justement et de réguler leurs passions.
02:04Certains y échappent désormais, l'addiction comble le vide, la virtualité efface la réalité,
02:09l'insulte remplace la discussion, la violence répond à la frustration, décivilisation en effet.
02:14Or, que répond le dictionnaire lorsqu'on l'interroge sur l'état d'un peuple considéré comme non-civilisé ?
02:20Il répond, barbarie.
02:22Et pourtant, contrairement à d'autres affaires, on a l'impression qu'avec Owen,
02:26il était impossible de prévenir un tel passage à l'acte, Charlotte.
02:30Cet ensauvagement est diffus en effet et mérite une réponse de très très très longue haleine.
02:35Et vous avez donc raison, il y avait la main courante de sa sœur bien sûr,
02:39dans un pays qui accumule 3 millions de plaintes non encore traitées.
02:43Il y avait les accès de colère décrits par quelques amis, mais qu'aurions-nous dû faire collectivement ?
02:47Ses parents auraient sans doute pu tenter, peut-être l'ont-ils fait d'ailleurs, mais nous ?
02:51Qui pouvait honnêtement imaginer une suite pareille ?
02:54Soyons humbles, dans ce cas précis, dans l'état actuel de nos connaissances
02:57et avec notre chaîne pénale ensevelée de dossiers, un tel drame n'était pas immédiatement prévisible.
03:03En tout cas moins que d'autres cas qu'Owen ne peut faire oublier.
03:06Elias n'est pas mort il y a très longtemps, sous les coups d'autres mineurs au parcours délinquant déjà conséquents,
03:11et ses parents encourageaient hier l'Assemblée nationale à durcir la justice des mineurs pour la rendre plus efficace.
03:17Eux font partie des parents de victimes dont l'agresseur aurait pu être empêché et aurait donc dû l'être.
03:23Car tous ces Français nous rappellent que dans un monde normal, ce sont les enfants qui enterrent leurs parents.
03:28Quand l'inverse devient aussi récurrent, ils signent un échec dramatique et dessinent une responsabilité collective.
03:33Ces enfants sont notre avenir, ils doivent donc devenir notre priorité.

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