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00:00Il est 8h16, les inondations de Grabel, c'était il y a pile dix ans, on en parle avec l'invité qui fait l'actu à 8h et Karane.
00:07C'était les 6 et 7 octobre 2014, heureusement pas de victimes mais des dégâts impressionnants pour rappeler quelques chiffres.
00:13574 foyers sinistrés, 31 personnes élitreuillées, des aménagements ensuite pour éviter que ça se reproduise.
00:21Alors on vous pose une question ce matin, faites-vous attention et faites-vous confiance aux alertes météo.
00:28Vous pouvez nous appeler pour réagir 0467 58 6000 pour témoigner aussi.
00:32Vous avez peut-être vécu des épisodes sévenoles un petit peu violents dans le département, n'hésitez pas à nous appeler pour témoigner.
00:40Bonjour René Revol.
00:41Bonjour.
00:41Vous, vous étiez déjà maire de Grabel à l'époque en 2014, est-ce que vous vous souvenez quand tout a démarré pour vous ?
00:50Ces inondations, comment vous avez été prévenu, comment ça a commencé ?
00:54Oui je m'en souviens et puis je crois que je vais m'en souvenir longtemps.
00:57C'est à mon avis la pire nuit de tout mon mandat.
01:01Vers 9h du soir, il n'y avait pas d'alerte spécifique à l'époque, depuis on s'est beaucoup amélioré.
01:07Je vois la pluie qui tombe de manière très intense et je décide avec deux de mes adjoints au téléphone
01:11d'aller à la mairie pour déclencher les processus d'alerte.
01:14Qui étaient quoi à l'époque ces processus ?
01:16On avait tout un système organisé, on avait une télé-alerte par laquelle on pouvait téléphoner à 3000 numéros de téléphone.
01:24Et donc je me suis rendu à la mairie et sur le chemin, mon parapluie a explosé sous la violence de la pluie.
01:30Et quand je suis arrivé à la mairie, j'ai failli être emporté par le torrent qui était dans la rue principale.
01:35Il a fallu que je m'accroche au gris pour pouvoir rentrer dans la mairie.
01:37Une fois rentré, les amis qui étaient aux quatre coins, les membres de mon équipe me disent que ça prenait une allure catastrophique.
01:45Donc immédiatement, j'appelle la société Prédict.
01:48Vous savez qu'aujourd'hui toute la métropole est couverte par cette société, à l'époque on était une ou deux communes.
01:53Et donc je discute avec eux, ils me disent que l'épisode est terrible, parce que c'est un épisode méditerranéen qui se fixe et qui ne bouge plus.
02:00Ce n'est donc pas l'épisode Sevnol classique.
02:02Il n'est pas tombé une goutte à Vendade par exemple.
02:05Donc ça s'est vraiment fixé sur nous.
02:07Et à ce moment-là, j'ai lancé un appel par la télé-alerte.
02:11Pour évacuer les gens ?
02:13Non, pour leur dire de rester chez eux justement.
02:15C'était trop tard.
02:17Il ne fallait surtout pas qu'ils sortent pour aller mettre à l'abri leur voiture parce qu'ils se mettaient en danger.
02:22Il fallait qu'ils se réfugient sur les parties hautes de leur domicile,
02:27et qu'ils téléphonent à tous leurs proches qui devaient rentrer pour qu'ils restent là où ils sont.
02:31Je pense que ce message, qui a duré 40-50 secondes, a sauvé des vies.
02:36Et puis après, on a fait face, les centraux téléphoniques ont sauté,
02:40parce que l'eau était montée jusqu'à des hauteurs importantes, 1m80 dans certaines maisons.
02:44Au total, il y a eu 192 maisons ou appartements inondées dans leurs pièces de vie.
02:51L'inondation, c'est quelque chose qui détruit.
02:54Ça a commencé à 9h et à 1h30, il y a eu la décrue.
02:58Et c'est là qu'on a mesuré l'ampleur de la catastrophe.
03:02J'étais à la salle polyvalente et j'ai vu arriver des gens en pyjama.
03:06Ils avaient tout perdu.
03:08Il était 9h du soir, ça a été très brutal, ça a été très rapide.
03:11Ça s'est passé en pleine nuit.
03:14A l'époque, il n'y avait pas d'aménagement suffisant pour contenir cet épisode ?
03:18Il y avait un aménagement qu'on avait fait en 2010 qui correspondait aux règles de l'époque.
03:23Mais souvenez-vous, on a trop peu de mémoire.
03:25A l'époque, certains contestaient encore le changement climatique.
03:28Contestaient le fait que l'épisode allait devenir de plus en plus dense, et ils peuvent le devenir.
03:32Nous avons eu deux étés très secs les précédents, et celui-ci est très humide.
03:37Ça peut arriver à n'importe quel moment, partout.
03:39On a vu qu'y compris dans le nord de la France, ça se produit.
03:42Ce changement climatique, il faut en prendre conscience.
03:44A l'époque, nous avions quelques dispositions de protection dans la ville, mais pas suffisantes.
03:50D'abord, il a fallu s'occuper des gens.
03:54Parce qu'il fallait faire à manger, il fallait les héberger, etc.
03:58Ça, c'était l'urgence sur le moment.
03:59Ensuite, il fallait retaper leur maison, trouver les financements, les accompagner auprès des experts, etc.
04:05Ça a été un travail incroyable.
04:06Et puis aussi une solidarité très forte dans la ville, auprès des sinistrés qui nous ont soudés,
04:11et qui a donné à tous une vraie culture du risque.
04:14Ce qui fait que tous les nouveaux Gravelois qui arrivent, on essaye de leur donner tous les documents,
04:20de les avertir, leur expliquer.
04:22Il faut d'abord beaucoup de prévention, en faisant des équipements chez soi,
04:27en étant prêt à écouter les alertes.
04:29Par exemple, la télé-alerte, qu'aujourd'hui j'ai plus de 6000 numéros de téléphone,
04:33que je peux appeler en 5 minutes avec ce dispositif,
04:36eh bien, on ne l'utilise pas tout le temps.
04:39On l'utilise vraiment dans les moments d'urgence, pour que les gens s'habituent à réagir.
04:43C'est ce que disent parfois les gens à force de crier au loup.
04:45Voilà, exactement.
04:46Si vous l'utilisez, tout le monde entend les messages.
04:49Orange, crue, inondation, ils comprennent, ils suivent les messages des médias.
04:54Mais nous, pour les dispositifs locaux, quand il faut les mettre en place, on l'utilise.
04:59Je l'ai utilisé peut-être depuis 2014, 4 fois.
05:03Mais à chaque fois, c'est pour la prévention.
05:06Puis deuxièmement, il y a des travaux qu'il fallait engager.
05:09Dont on va parler et que vous allez effectivement inaugurer ce matin.
05:120467586000, vous nous appelez pour nous dire si vous faites attention
05:16et si vous faites confiance plus généralement aux alertes météo.
05:190467586000
05:21Travaux, une digue, notamment un élargissement du bassin,
05:24vous allez inaugurer tout ça ce matin.
05:25Ça intervient 10 ans après, c'est long quand même, non ?
05:28Terriblement long, en 2014.
05:31On n'était pas prévus dans les plans.
05:33Tout le monde se disait qu'il ne se passerait rien à Grabel.
05:35Nous, on ne pensait pas ça, parce qu'on connaît bien notre territoire.
05:38Mais bon, il a fallu du temps.
05:39Il a fallu notamment qu'on trouve les financements,
05:4240% de l'État, 40% de la métropole et 20% de la région Occitanie.
05:49Tout ça dans un plan qui s'appelle le PAPI,
05:51le plan d'aménagement et de prévention des inondations.
05:53Et on n'était pas inscrits dedans.
05:55Donc il a fallu pendant deux ans se battre pour être inscrit.
05:57Et puis ensuite, d'avoir les autorisations.
05:59Et puis ensuite, il a fallu faire des acquisitions foncières.
06:02Ce n'est pas négligeable, puisque le rieux Massel,
06:05l'affluent de la Mosson chez nous,
06:07traverse une zone très urbanisée,
06:09qui a été urbanisée dans les années 80-90,
06:11dans une période où on avait oublié les épisodes de ce type,
06:15parce que le village traditionnel n'est pas du tout implanté
06:18dans ces zones dangereuses.
06:19Et donc, il y a eu depuis une prise de conscience.
06:22Il fallait acquérir les terrains, respecter les gens.
06:24Et aujourd'hui, la quasi-totalité des terrains sont acquis,
06:29par négociation.
06:30Il en reste deux, et on va aller devant le tribunal.
06:32Mais l'essentiel, c'était de faire ce barrage en amont,
06:35qui permet de multiplier par six
06:37la capacité de rétention de l'eau dans ce bassin.
06:41Et qui, par là même, diminue la présence de cette eau dans les autres endroits.
06:45Donc aujourd'hui, une fois ces aménagements faits,
06:47nous sommes protégés.
06:49Vous êtes protégés, ou il y a encore autre chose ?
06:51Vous êtes sur d'autres projets,
06:53il y a encore d'autres aménagements où on se dit,
06:55oui, si on avait ça, y compris technologique,
06:57peut-être dans les systèmes d'alerte ?
06:59On va améliorer encore notre système d'alerte.
07:01Chaque année, on prévient la population.
07:04Je fais toujours des publications.
07:06On voit les gens.
07:07Toute personne nouvelle qui vient acquérir un bien sur Grabel
07:10reçoit les documents d'avertissement, etc.
07:13Mais les gens s'habituent à ce qu'il ne se passe rien,
07:16et il faut être très vigilant.
07:17Par contre, l'aménagement,
07:19ce n'est pas simplement faire une digue et protéger.
07:21Il faut changer notre façon d'habiter le territoire.
07:24Autrefois, quelqu'un pouvait créer une maison,
07:27il n'avait pas envie de passer la tondeuse à gazon,
07:29donc il bétonnait tout autour.
07:30Maintenant, c'est fini, c'est terminé, on empêche que ça soit fait.
07:33Il faut développer les zones perméables,
07:35il faut renaturer les zones urbaines,
07:38pour qu'elles puissent...
07:40Il faut se préparer, de la même manière qu'on prépare...
07:42– Et c'est le travail de tout un chacun,
07:44au même titre qu'en prévention à incendie,
07:46on débroussaille son terrain et on l'entretient.
07:49– Exactement, par exemple, avec le syndicat de bassins, le Cible,
07:52il y a des diagnostics qui ont été faits sur énormément de maisons,
07:55avec des conseils précis.
07:57Il faut savoir qu'il y a un élément aussi important,
07:59c'est que la moitié des maisons qui ont été inondées
08:04n'ont pas été par la crue de la rivière,
08:06ils l'ont été par le ruissellement dans les rues,
08:09parce que la maison a été construite de manière à ce que
08:11la porte d'entrée ou la fenêtre donnent dans le sens inverse de la pente.
08:15Ils ont reçu la vague, la maison a été traversée par les...
08:18Donc ça signifie qu'il faut, y compris l'aménagement des voiries,
08:21l'aménagement des maisons doivent être pensées.
08:24Maintenant on a un schéma hydraulique important sur le village,
08:27d'ailleurs il va s'appliquer à toutes les villes de la métropole,
08:30puisque nous on l'a depuis 2018,
08:33et avec le nouveau PLU, il va s'appliquer partout.
08:35Il faut qu'on conçoive notre façon d'habiter
08:38en tenant compte de cette évolution,
08:40parce que le changement climatique ne va pas s'arrêter.
08:42– Et en urbanisant autrement.
08:44Merci beaucoup René Revol, on va vous libérer,
08:46vous avez un ruban à aller couper
08:48pour l'inauguration de ces nouveaux aménagements,
08:50dix ans après les inondations agrabelles.
08:52Résultat du sondage, puisqu'on vous demandait
08:54est-ce que vous faites confiance, est-ce que vous faites attention
08:56aux prévisions météo, vous êtes oui,
08:58enfin vous êtes 75% à nous répondre,
09:0077 même, à nous répondre oui,
09:02et 23% non, qui sont un peu dubitatifs.