Les deux députés Antoine Léaument (LFI) et Ludovic Mendes (EPR) ont mis sur la table plusieurs propositions dans un rapport sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, dont la légalisation du cannabis. En déplacement à la prison de Condé-sur-Sarthe, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a vivement réagi à cette proposition.
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00:00C'est un discours de défaite et c'est un coup de poignard donné, me semble-t-il, à toutes ces femmes seules qui élèvent leurs enfants dans des conditions très difficiles.
00:08Je pense à cette infirmière de l'hôpital de Tourcoing que j'ai vue il n'y a pas si longtemps que ça, à la fin du mois de décembre,
00:15et qui m'expliquait qu'avec trois gamins, dont un de 15 ans qui était tombé dans la drogue, dans le cannabis,
00:20parce que c'est une drogue avec des taux de THC extrêmement importants, qui poussent à la dépression, qui peuvent pousser au suicide, à la déscolarisation.
00:27Quand on a des élus nationaux, des parlementaires qui proposent la dépénalisation, on donne des coups de poignard à l'éducation que donne cette dame
00:34qui courageusement, malgré ses difficultés de femme seule, essaie de remettre des règles et de l'ordre.
00:39La drogue, c'est extrêmement mauvais pour la santé, chacun le sait, mais c'est aussi un coup de poignard donné à la société.
00:46Il n'y a pas, on peut regarder les comparaisons autour de nous, il n'y a pas de sociétés qui ont réussi à légaliser ou à dépénaliser la drogue
00:54sans d'énormes augmentations de la consommation, puisque en plus de la consommation cachée, qu'on utilise, qui existe quand vous consommez de la drogue
01:04parce que c'est quelque chose d'interdit, vous rendez un marché légal supplémentaire.
01:09Ne croyez pas que ceux qui aujourd'hui vendent du shit vont demain parce que des parlementaires ont décidé d'égaliser, d'ouvrir une petite boutique,
01:19en appelant les impôts pour leur demander comment on déclare leur revenu, puis en appelant l'URSSAF aussi, puis en payant leur loyer,
01:24et puis en ayant des employés, puis en considérant qu'il faut évidemment les voir les prud'hommes quand ça ne va pas.
01:28Ce n'est pas comme ça que ça se passe.
01:30Si demain, des personnes considèrent qu'il faudra vendre du cannabis, mais ils le vendront dans des shops classiques,
01:36comme on l'a vu aux Pays-Bas, comme on l'a vu en Belgique, comme on l'a vu aux Etats-Unis, comme on l'a vu en Suède,
01:40tous ces pays qui d'ailleurs connaissent désormais des questions extrêmement fortes sur la légalisation.
01:44Regardez ce qu'il se passe aux Etats-Unis, avec la première cause de mortalité désormais américaine, c'est la drogue,
01:49notamment le fentanyl, et beaucoup d'États qui reviennent en arrière, et la Suède qui revient en arrière, et les Pays-Bas...
01:54— Le fentanyl, il y a une notion de santé publique. On le prend en charge si c'est utilisé.
01:57— Non, monsieur. Je ne suis pas du tout d'accord. Aujourd'hui, le taux de THL n'a jamais été aussi élevé.
02:01Donc ce que vous vendrez dans des boutiques ne sera pas du niveau de THL qu'utilisent les consommateurs aujourd'hui,
02:06parce qu'il y aura une autre autorité de santé qui regardera le taux de THL. Et vous irez chercher la drogue, du coup, là où elle est la plus forte.
02:14Ils nous mettront une taxation. Il n'y a aucune raison que la drogue soit moins taxée que le tabac, par exemple, 80% de taxation.
02:19Donc vous irez acheter un taux de THL plus important et vous irez acheter un produit beaucoup moins cher, qui ne sera pas taxé.
02:24Et troisièmement, vous ne remplacerez pas le marché légal par le marché illégal, puisque ceux qui vendent la drogue ne croient pas en leurs produits.
02:30Ils ne sont pas aujourd'hui les pourfendeurs d'un produit auquel ils croiraient particulièrement pour pouvoir gagner des marchés,
02:38comme le serait un vendeur d'automobiles ou un producteur de vins. Non. Aujourd'hui, ils vendent un produit qui rapporte de l'argent liquide.
02:45Et s'ils ne peuvent pas vendre ce produit qui rapporte de l'argent liquide, ils iront vers d'autres drogues plus dures.
02:48C'est pour ça qu'elles font tanner les États-Unis, notamment. C'est parce qu'on a légalisé dans beaucoup d'États des Amériques le cannabis.
02:54Il suffit de se balader désormais dans les rues de New York pour s'en apercevoir. Et puis quand on ne peut plus vendre du cannabis,
03:00parce que manifestement, les gens ont trouvé un lieu légal pour l'acheter, on va vers la cocaïne, vers l'héroïne ou vers la drogue de synthèse.
03:06Donc on va dans des drogues encore plus dures qui tuent encore plus de gens. C'est donc un discours totalement déresponsabilisant.
03:11Et au moment où on s'aperçoit tous que le narcotrafic est une menace pas simplement de santé publique, mais une menace pour la sécurité intérieure,
03:20je vais m'inscrire évidemment totalement en faux de ces propositions. Je terminerai par dire – c'est un point très important – que si vous dépénalisez le cannabis
03:28ou si vous légalisez le cannabis, vous n'avez pas répondu à la grande question de la production de cette drogue.
03:34Aucun pays qui a légalisé ou dépénalisé n'a par ailleurs organisé la production de cette drogue. C'est-à-dire que vous avez donc acheté en gros
03:40de la drogue à des trafiquants à l'extérieur de notre pays qui, avec cet argent, financent le terrorisme, financent la prostitution,
03:47financent l'achat de sociétés mafieuses qui répondent à des appels d'offres, qui commandent des assassinats. Et donc vous contribuez,
03:55que vous passiez dans un monde dépénalisé ou dans un monde pénalisé, vous contribuez à votre consommation de drogue, à tout ce que nous voyons
04:02comme division, les assassinats d'enfants, des tortures, des règlements de comptes, des quartiers mis sous l'autorité du plus fort.
04:09Donc évidemment, c'est une faiblesse de l'esprit, pour ne pas dire une trahison de l'esprit, que de proposer la dépénalisation.
04:16Je m'inscris entièrement en faux.