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00:00Cette initiative qui fait polémique, des détenus de la maison d'arrêt de Seyss, c'est non loin de Toulouse, ont bénéficié de massages et d'activités bien-être pour la Saint-Valentin,
00:09suscitant la colère des surveillants qui dénoncent un laxisme carcéral, un club med carcéral, ai-je envie de dire.
00:16On écoute Jérôme Combel, secrétaire du syndicat pénitentiaire FO à Seyss.
00:20Imaginez quelqu'un qui, voilà, sur un violeur, sur un meurtre, sur une séquestration, si les familles des victimes apprenaient qu'au final en prison,
00:29ce genre de personnes hébergées puissent bénéficier gratuitement. Si les citoyens français le savaient, c'est-à-dire qu'en fait, c'est plus une prison, comme vous dites.
00:37Oui, ça pourrait effectivement être catalogué comme un centre de vacances. Pour les personnels, non, non, on ne nous propose pas, on nous dit qu'il n'y a pas d'argent,
00:45et puis voilà, qu'il faut travailler. Et non, il n'y en a pas. Pour nous, il n'y en a pas. On n'a pas la chance, si vous voulez, de pouvoir bénéficier d'une gratuité,
00:54notamment sur des soins de visage et avec du massage, effectivement.
00:57Voilà, la colère de Jérôme Combel, secrétaire du syndicat pénitentiaire FO à Seyss. Olivier d'Artigolle, une réaction ?
01:03Est-ce qu'on comprend la colère des représentants des agents de la pénitentiaire ? J'ai regardé, tous les Seyss sont nés en densité carcérale à 200%,
01:11pour une moyenne de 130%. Il y a donc un surveillant pour 100 détenus. Vous imaginez donc les conditions de travail, combien dégradées pour le personnel pénitentiaire à tous les Seyss.
01:21Bien sûr, ce type d'informations, d'actualité peut faire lever le fait tâche, mais ça ne doit pas faire oublier que la prison n'est pas un centre de vacances avec un tel taux de densité carcérale.
01:37Je précise juste que ces prestations avaient été signées avec des intervenants extérieurs, gratuitement, on l'a dit, avant l'arrivée de l'actuel ministre de la Justice.
01:46Nous sommes aujourd'hui à 62 000 places dans notre pays pour 80 000 détenus. Donc la prison française n'est pas un centre de vacances.
01:55Mais ce type d'activité, d'initiative n'est pas opportune pour les familles, pour les agents.
02:01C'est gratuit parce qu'on leur demande, on l'a entendu effectivement, eux ils n'ont droit à rien, les surveillants, on ne leur a pas proposé cette prestation offerte par une école toulousaine à ces détenus.
02:10Et surtout la question qu'on peut se poser c'est est-ce que c'est utile pour leur réinsertion ? Parce qu'on entend effectivement parler Bruno Retailleau qui dit
02:17il vaudrait mieux, ou Gérald Darmanin plutôt dire, il faudrait mieux leur apporter du soutien scolaire, l'apprentissage de la langue française, mais pas des soins de bien-être.
02:24Non, c'est évidemment inutile, c'est un manque de discernement, c'est une faute de la part du directeur de la prison, je pense qu'il devrait avoir des comptes à rendre.
02:32Mais en effet je suis d'accord pour dire que naturellement la prison ce n'est pas un club med, on connaît maintenant les taux de suroccupation de ces prisons-là avec parfois des matelas par terre.
02:44Donc il ne faut pas non plus exagérer, ce n'est pas un club med.
02:47Mais malgré tout cette initiative est révélatrice d'abord de la dérive des bons sentiments où on prétend vouloir être humaniste à tout prix et donc on en arrive à ces aberrations où on marche à nouveau sur la tête, ça c'est une évidence.
03:01Il devait s'adonner à un atelier yoga la semaine prochaine, je pense que du coup il risque d'être annulé.
03:06Et puis surtout cela révèle que nous ne sommes pas posé la question de savoir à quoi servait la prison, est-ce que la prison sert à punir, oui ou non, si ça sert à punir dans ce cas-là c'est encore plus extravagant d'avoir à dispenser des soins de visage ou des massages ou je ne sais quoi.
03:23Des cours de danse country aussi.
03:26Donc on voit bien qu'il n'y a pas de réflexion qui a été faite sur la prison, il n'y a pas de réflexion qui a été faite sur l'exemplarité de la peine et il n'y a pas de réflexion du tout qui a été faite même sur la place du délinquant par rapport à la victime.
03:40Au moins s'il y a une sorte de réflexe qui est maintenant connu, qui voudrait que le délinquant soit plus important que la victime.
03:49On en est là, c'est-à-dire qu'on s'intéresse davantage au confort du délinquant, aux indignations notamment des surveillants mais également de toute l'opinion et des mères et pères de famille quand il s'agit d'agresseurs d'enfants.
04:02Et je précise que dans le profil des détenus qui ont été sélectionnés pour bénéficier de ces soins, il y a au moins un homme qui est un DPS, donc un détenu particulièrement surveillé et une femme qui a été incarcérée pour des faits de terrorisme en lien avec l'islam.
04:15La prison c'est la privation de la liberté, c'est payer sa faute vis-à-vis de la société, c'est aussi protéger la société.
04:23Et il y a un troisième volet qui est celui d'un travail de réinsertion. Le travail de réinsertion il doit bien évidemment se faire, être réalisé pour que quand la personne sort après avoir piogé sa peine, ça ne soit pas une sortie sèche ou qui expose après avec de la récidive.
04:40Et donc le travail de réinsertion passe très certainement par une série d'activités qui ne sont pas les soins du visage, avec des choses qu'il faudrait en effet faire qui parfois ne sont pas réalisées.
04:51Mais je suis assez d'accord sur le fait qu'on doit reconsidérer le sens de la prison aujourd'hui.
04:55Il y a eu le pique-nique organisé à Versailles, souvenez-vous, l'été dernier. Il y a eu également cet épisode à la prison de Fresnes, une partie de Koh-Lanta appelée Koh-Lantaise qui a été tournée sur Youtube à l'époque des règles Pondoretti.
05:09Mais ça n'est pas le quotidien dans la prison française.
05:12Ça fait quand même plusieurs fois que cela se produit et alors on se demande comment ça peut passer effectivement.
05:17La question est celle-ci en effet de savoir comment est-ce qu'un directeur de prison, j'imagine que c'est lui malgré tout qui donne à la fin son aval, n'a pas vu qu'il y avait là quand même une sorte d'aberration à vouloir ouvrir sa prison, son propre établissement à ces genres d'activités.
05:31Donc il y a chez certains directeurs de prison, de centres pénitentiaires, en tout cas chez celui-ci, un manque de réflexion sur son propre travail, sur sa propre mission.
05:40Et sur cette prise d'évocation aussi parce qu'on le sait, ce n'est pas simple. Effectivement c'est une profession ou une corporation qui a été très touchée par des rames absolues.
05:47Si la tête commence à ne pas savoir à quoi sert sa propre mission, quand je dis la tête je parle de ce directeur de prison en particulier, tout le reste s'effondre naturellement, le poisson pourrit par la tête si je puis dire.
06:03Donc s'il n'y a pas de réflexion sur les buts de ce métier, il n'y a pas de réflexion non plus sur les buts de la prison elle-même.
06:10Et donc tout ceci est à remettre à plat et à être réévalué dans sa motivation politique sociale.
06:19La question du message qu'on envoie à la fois, vous l'avez dit, aux familles des victimes de ces détenus, mais aussi à la corporation des surveillants de prison qui ont des conditions difficiles et à qui on dit en gros vous, vous travaillez, les conditions sont difficiles, vous n'avez droit à rien et les détenus eux ont des soins offerts gratuitement.
06:43Le témoignage de ce représentant des agents de la pénitentiaire c'est aussi un cri concernant leurs propres conditions en disant qu'en ce qui nous concerne il y a une dégradation des conditions de travail dans la fonction publique pénitentiaire alarmante.
07:03On en a parlé sur des moments dramatiques quand bien sûr il y a eu la mort de leurs collègues mais depuis rien ne s'est arrangé. Nous avons des niveaux de rémunération qui sont indignes pour le travail qui est fait, nous avons des pressions faites par le grand banditisme, les narcotrafiquants sur les agents et sur leurs familles, donc c'est des conditions très dures.
07:25La priorité serait aussi de penser à eux et de prendre des mesures dans cette direction.
07:29On retrouve toujours ce même travers qui parcourt notre société sur ce qu'est aujourd'hui le relativisme, c'est-à-dire qu'on ne sait plus faire de hiérarchie entre les fautes, entre les délinquants et les victimes etc.
07:38Et donc toute cette confusion intellectuelle atteint maintenant les plus hautes sphères de la vie pénitentiaire.
07:45C'est ça qui est dramatique mais encore une fois on marche sur la tête sur beaucoup d'autres sujets qu'on déclinera peut-être tout à l'heure.