Les règles d'indemnisation des arrêts maladie sont sur le point de changer, annonce faite par le ministère du Travail. Ça commence le 1er mars pour le public et le 1er avril pour le privé. Qu'est-ce qui va changer concrètement ? Écoutez Alain Gautron, président du CTIP, le Centre technique des institutions de prévoyance, en quelque sorte, leur porte-parole.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 20 février 2025.
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00:00Il est 18h45, bonsoir Alain Gautreau, vous êtes vice-président du CTIP, c'est le centre technique des institutions de prévoyance, en quelque sorte leur porte-parole.
00:12Les règles d'indemnisation, donc des arrêts maladie, sont sur le point de changer, annonce faite par le ministère du Travail, ça commence donc le 1er mars pour le public et le 1er avril pour le privé.
00:22Expliquez-nous, qu'est-ce qui va vraiment changer concrètement ?
00:26Oui, bonsoir, ce qui va changer concrètement, c'est une baisse de 20% de l'indemnisation des avis d'arrêt de travail par la sécurité sociale,
00:41qui va frapper un salarié sur deux, ce qui est bien sûr particulièrement important et qui est particulièrement injuste,
00:54puisque encore une fois un salarié sur deux va être concerné, mais de surcroît encore plus concerné par exemple les contrats à durée déterminée ou les plus jeunes qui rentrent dans le monde du travail.
01:12C'est une mesure qui, par exemple à titre individuel, va coûter au pouvoir d'achat d'un salarié 360 euros par mois, ce qui est bien sûr énorme.
01:30Donc c'est à nouveau un désengagement de la sécurité sociale qui pèse sur les salariés, mais qui va peser aussi sur la compétitivité des entreprises,
01:41puisque au début de l'indemnisation, l'entreprise a, j'allais dire, non pas la possibilité mais l'obligation de maintenir pendant une certaine durée, je ne vais pas rentrer dans le détail, le salaire de son employé.
02:01Dans le privé ?
02:03Je parle uniquement du privé, puisque le CTIP que vous avez cité couvre l'ensemble des salariés privés et ne s'occupe pas du domaine public.
02:18Donc je parle du salaire privé.
02:20Le gouvernement espère économiser presque 1 milliard d'euros, 900 millions très exactement Alain Gautron, ça veut dire quoi ? Qu'actuellement il y a des abus ?
02:31Non, ce n'est pas du tout ce problème-là et je vais y revenir, c'est simplement un transfert de charge du régime obligatoire de l'assurance maladie vers les complémentaires.
02:47Donc il n'y a pas aucune action visant à réduire les indemnités journalières.
02:56C'est pour ça que c'est une mesure qui est injuste mais inefficace.
03:01Et donc les partenaires sociaux que je représente, qu'ils soient employeurs comme salariés au niveau du CTIP, ont fait des propositions au gouvernement de lutte contre la fraude, y compris pour les indemnités journalières.
03:15Mais il faut savoir que dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le gouvernement n'a pas donné les moyens d'échange de données entre la sécurité sociale et les complémentaires santé pour justement lutter contre la fraude.
03:35Mais surtout la fraude, il faut bien sûr s'y attaquer.
03:39Mais je pense que ce que nous devons faire, et le Premier ministre s'y était engagé dans sa déclaration de politique générale, c'est de faire le diagnostic, c'est-à-dire les raisons réelles de l'augmentation des indemnités journalières.
03:57Et à partir de ce diagnostic-là, on peut avoir, comme en matière de santé, un certain nombre de remèdes.
04:05Et je pense en particulier à la prévention, que ce soit auprès des jeunes, auprès des cadres, auprès de l'ensemble des salariés.
04:13Donc cette mesure est une mesure purement comptable, purement comptable, qui est injuste et inefficace, parce qu'elle ne lutte pas justement contre l'augmentation des avis d'arrêt de travail.
04:27Est-ce que vous nous confirmez que cette mesure concernerait près de 13 millions de salariés, et si tel est le cas, ce serait des économies majeures, en tout cas du point de vue gouvernemental, et purement comptables ?
04:37Alors, je confirme ces chiffres-là, puisque c'est ce que l'on publie au niveau de ces types.
04:46C'est une mesure comptable, et il faut savoir que ces avis d'arrêt de travail ne représentent que 4,6% du budget de la Sécurité Sociale.
04:56Alors bien sûr, quand on parle de 800 millions ou 900 millions, c'est important, mais ce gouvernement ne prend aucune mesure structurelle de l'évolution des dépenses de santé.
05:10Parce que, comme vous le savez, le déficit de la Sécurité Sociale continue à augmenter, malgré les transferts de charges.
05:19Alors, au total, ces transferts de charges seront supérieurs à 2 milliards, parce qu'il faut se rappeler que dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale,
05:31maintenant qui a été, comme vous le savez, approuvé, mais par un 49-3, donc aucune concertation et aucun débat public sur ce transfert de charges que l'on peut évaluer à 2 milliards d'euros,
05:47et qui va peser sur les salariés et sur les entreprises.
05:52Donc, si vous me permettez cette expression-là, c'est un tour de passe-passe.
05:56On dit qu'on fait des économies, mais on les transfère en fait sur les ménages et sur les entreprises.
06:02On entend bien que vous n'êtes pas d'accord avec ces nouvelles règles, Alain Gautron.
06:07En revanche, est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'effectivement, les arrêts de travail ont fortement augmenté ces derniers temps ?
06:14Alors, je suis d'accord avec cela, mais avec quand même modération, je veux dire.
06:22C'est parce que l'ensemble des dépenses de santé augmente.
06:26Mais où je suis d'accord avec vous, c'est que nos différentes études démontrent que les avis d'arrêt de travail touchent désormais, j'allais dire, toutes les catégories de la population.
06:39Jusque maintenant étaient principalement concernés, je vais dire, les plus âgés dans les salariés.
06:46Et on comprend, j'allais dire, pourquoi c'est l'usure du travail et puis la santé qui peut se dégrader, je pense, au cancer avec l'âge.
06:58Mais ce que l'on constate désormais, c'est qu'il y a une augmentation aussi pour les plus jeunes et aussi pour les cadres.
07:08Donc, ce que nous disons, c'est que nous devons travailler ensemble, les pouvoirs publics, l'assurance maladie et les régimes complémentaires,
07:16sur les réelles causes de l'augmentation de ces avis d'arrêt de travail et donc sur les remèdes.
07:26Et on va parler à ce moment-là de conditions de travail et de prévention au sein de l'entreprise.
07:37Et les institutions de prévoyance que nous représentons proposent déjà maintenant un certain nombre d'actions de prévention
07:47adaptées à chaque branche professionnelle, voire à chaque entreprise.
07:55Merci beaucoup Alain Gautron, vice-président du CTIP, le centre technique des institutions de prévoyance.
08:00Dans un instant, un homme extrêmement prévoyant, il prend en charge notre bonne humeur tous les soirs, Marc-Antoine Lebray, pour son Breaking News.