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La directrice de l’IFRAP, Agnès Verdier-Molinié, parle d’une potentielle crise financière en France : «95% de nos compatriotes pensent que la France est en déclin».

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00:00On ne sait pas, peut-être en septembre prochain, on peut avoir tout d'un coup un manque de
00:05confiance des marchés pour la dette de la France, parce que vous savez qu'on doit
00:09avoir 340 milliards de dettes à placer cette année, donc on emprunte 340 milliards en
00:16France et c'est vrai qu'à un moment tout peut basculer, c'est-à-dire qu'on l'a
00:21vu ces derniers mois, tout d'un coup il y avait une hausse des taux sur la dette
00:26à 10 ans et puis ça rebaisse et puis ça remonte, donc la question aussi c'est comment
00:31faire les agences de notation par rapport au fait qu'en fait on ne fait rien véritablement
00:36pour assainir nos comptes publics.
00:37Alors 340 milliards, sur combien pour faire tourner l'Etat ?
00:41Pour faire tourner l'ensemble de la dépense publique, c'est 1 600 milliards d'euros
00:45par an, c'est bientôt 1 700 milliards cette année, en 2025 on va toucher les 1 700 milliards,
00:51on a 3 300 milliards de dettes, on est dans une situation où en fait on refuse, on est
00:56dans le déni.
00:57J'ai l'impression que tout le monde sait comment il faut faire, mais que les politiques
01:02n'ont pas le courage de se lancer, de craindre de la réaction des Français.
01:08En fait 95% de nos compatriotes pensent que la France est en déclin, et notamment à
01:13cause de la dette, de la désindustrialisation, des normes, de la bureaucratie.
01:17Il y a des moyens de plus l'être en déclin.
01:18Mais bien sûr, mais en fait il y a un décalage entre ce que la plupart de nos compatriotes
01:22pensent qu'il faudrait faire, et d'ailleurs souvent ils votent pour des candidats qui
01:26proposent la retraite à 65 ans, qui proposent de baisser la dépense publique, qui proposent
01:31de réduire le nombre de fonctionnaires, mais on fait finalement beaucoup moins que
01:35ce qui avait été annoncé, et forcément ça ne peut pas marcher, parce qu'en réalité
01:39on ne baisse pas la dépense publique, et de l'autre côté on dit il faudrait baisser
01:43les impôts, et en réalité derrière qu'est-ce qu'on fait ? On les augmente, donc on continue
01:46à augmenter les impôts, on continue à augmenter les dépenses.
01:49Agnès, c'est souvent assez abstrait ce qu'on se dit, il y a un manque de confiance des
01:55investisseurs pour la France, le FMI pourrait prendre la main, bon très bien, mais demain
02:01le soleil se lèvera, et puis on continue comme ça, ça veut dire quoi très concrètement
02:05si le FMI devait prendre la main ? Si demain, après-demain, en septembre, les investisseurs
02:12ne nous font plus confiance, ils ne nous prêtent plus d'argent, qu'est-ce qui se passe très
02:16concrètement ?
02:17À ce moment-là, justement, on est obligé de faire appel au FMI, à une sorte de troïka
02:21avec la Commission Européenne, dire aidez-nous, permettez-nous d'emprunter quand même de
02:26l'argent, prêtez-nous de l'argent, et là c'est…
02:29À quel prix ?
02:30Oui, à quel prix ? Et puis le prix, en fait, en face, c'est des réformes accélérées,
02:35c'est-à-dire que toutes les réformes qu'on n'a pas voulu faire pour l'instant, où
02:37on est quand même dans des débats où on se dit qu'on pourrait travailler moins,
02:41alors qu'il faudrait travailler plus.
02:42Les retraites à 67 ans, on ferme quoi ? Quelles sont les aides qu'on ne touchera plus ?
02:47C'est ce que le FMI a fait dans d'autres pays, en Grèce, au Portugal, qu'est-ce
02:51qu'ils ont fait ? Ils ont baissé les retraites, ils ont augmenté le temps de travail, ils
02:55ont baissé les rémunérations des agents, ils ont supprimé des postes publics partout,
02:58ils ont supprimé des agences, etc., etc., c'est ça la réalité.
03:02Et en réalité, ce qui moi me choque beaucoup en ce moment, c'est que beaucoup de personnes
03:08disent mais de toute façon on sait qu'il va y avoir besoin du FMI à un moment en France,
03:12mais finalement, comme on ne sait pas faire les réformes, il n'y a plus qu'à attendre.
03:16Et ça, je trouve ça extrêmement choquant et de plus en plus de personnes me disent
03:21ça finalement.
03:22C'est qu'une question de temps, on ne sait pas, est-ce que ce sera dans six mois ? Est-ce
03:25que ce sera dans deux ans ? Alors d'autres disent finalement, ce ne sera peut-être pas
03:29le FMI, mais ce sera un déclassement de plus en plus important de la France où on aura
03:33une richesse par habitant qui va baisser de plus en plus et on sera dans une situation
03:38finalement de moins en moins confortable.
03:40Mais moi, ce que j'aimerais dire avec ce livre, c'est qu'il y a des solutions pour
03:45s'en sortir avant d'avoir finalement cette arrivée du FMI en France.
03:51Et ces solutions, d'autres pays les ont appliquées, elles ne sont pas si compliquées.
03:56C'est décentraliser, c'est dédoublonner, c'est réduire en fait la dérive administrative
04:02de la France où finalement on a un ministère de la Santé qui est pléthorique, 13 000
04:07agents.
04:08Mais de l'autre côté, on a aussi la Caisse nationale d'assurance maladie qui est pléthorique
04:11aussi.
04:12Donc en fait, on a quasiment deux ministères de la Santé pour nous tous seuls où chaque
04:15fois qu'on regarde finalement ce que font les autres pays par rapport à nous, on se
04:19rend compte qu'il y a beaucoup moins de personnes pour faire le même travail.
04:22Et on se dit, ça pourrait très bien fonctionner avec des meilleurs services publics, moins
04:26chers, moins d'impôts derrière, plus d'entreprises qui seraient créées.
04:30Et ce qui est un peu, finalement, compliqué aujourd'hui, c'est que nos entrepreneurs
04:37aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils se disent ? Ils voient qu'il n'y a pas d'effort sur
04:40la dépense publique.
04:41Ils voient qu'en fait, l'ajustement, il se fait toujours par l'impôt.
04:44On l'a vu avec les surtaxes sur l'impôt sur les sociétés, pour les entreprises,
04:47etc.
04:48Et qu'est-ce qu'ils disent ? On va arrêter d'investir en France, on va arrêter d'embaucher
04:51en France.
04:52On se pose la question de partir à l'étranger et il n'y a pas que Bernard Arnault qui le
04:55dit.
04:56Moi, j'appelle nos concitoyens, mais aussi les dirigeants de ce pays, avec ce livre, à
05:02regarder la réalité, à sortir du déni par rapport à ce qui se passe véritablement
05:07dans notre pays aujourd'hui, c'est-à-dire un déclassement, un déclin qui est lié
05:12à une incurie de gestion des finances publiques et au fait que finalement, on fait porter
05:17toujours sur les mêmes le coût du modèle social sur les entreprises, les entrepreneurs
05:23et qu'à un moment, ça ne peut pas durer.

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